• « Les descendants de victimes unis dans la condamnation d’un hommage au fondateur de l’OAS en France »

     

    «  Les descendants de victimes unis

    dans la condamnation d’un hommage

    au fondateur de l’OAS en France »

    Jean-Philippe Ould Aoudia *** Jean-François Gavoury

     

    «  Les descendants de victimes unis dans la  condamnation d’un hommage au fondateur de l’OAS en France »

     

     

    Extrême droite

    « Une nouvelle action propagandiste » :

    à Perpignan la place Pierre-Sergent

    indigne les victimes de l’OAS

    Voulu par le maire RN, Louis Aliot, le lieu commémore une figure de l’Algérie française. Sans réaction de la préfecture et au grand chagrin des descendants des personnes assassinées par le mouvement terroriste.

    «  Les descendants de victimes unis dans la  condamnation d’un hommage au fondateur de l’OAS en France »

    Des hommages à Maurice Audin, militant de l'indépendance algérienne, lors des manifestations contre l'esplanade Pierre Sergent à Perpignan, le 29 octobre. (Idhir Baha/Hans Lucas.AFP) 

    « Une fois de plus les assassins sont honorés, et les victimes méprisées et ignorées.» Au téléphone, la voix de Jean-Philippe Ould Aoudia tremble presque de colère quand on lui demande ce qu’il pense de la création par le maire RN, Louis Aliot, à la fin 2022, d’une esplanade Pierre-Sergent à Perpignan. Ce dernier, ancien député du Front national, décédé en 1992, vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie, était aussi l’un des chefs de l’organisation terroriste d’extrême droite OAS en métropole. C’est un commando de cette même organisation qui a tué le père de notre interlocuteur, Salah Ould Aoudia, le 15 mars 1962 à El Biar, près d’Alger, dans un centre social éducatif. Cinq autres inspecteurs de l’Education nationale y ont également été assassinés : Marcel Basset, Robert Eymard, Max Marchand, Mouloud Ferraoun et Ali Hammoutène.

    La décision de créer cette place a été prise par le conseil municipal de la ville RN, le 22 septembre dernier, provoquant la colère des associations antiracistes et de victimes de l’OAS. Sur la petite esplanade située boulevard Jean Bourrat, en centre-ville, la plaque mentionnait « Pierre Sergent 1926-1992 écrivain, homme politique ». Elle a été escamotée fin février par un collectif perpignanais, et remplacée par une plaque en hommage au mathématicien Maurice Audin, torturé à mort par des parachutistes en 1957, à Alger. Celle-ci y est restée cinq jours avant d’être retirée. Depuis, l’esplanade reste dans l’attente d’une nouvelle plaque.

    « Inversion des valeurs de la France »

    « J’ai l’habitude de telles outrances », se désespère Jean-François Gavoury. Son père, Roger Gavoury, commissaire central d’Alger, a été assassiné par l’OAS le 31 mai 1961, quelques semaines après le plasticage de son appartement. « J’ai malheureusement affaire à des provocations de cette nature depuis 1974, date à laquelle une première stèle a été érigée en mémoire des assassins de mon père. Cette esplanade, voulue par Louis Aliot, relève d’une nouvelle action propagandiste qui consiste à faire droit à toutes les possibilités de révision de l’histoire de la guerre d’Algérie », explique cet ancien fonctionnaire du ministère de l’Intérieur.

    « Nous ne pouvons pas oublier les assassinats de nos pères car leur mémoire est régulièrement diffamée et salie, déplore Jean-Philippe Ould Aoudia. Cela nous oblige à livrer une guerre des mémoires que nous ne voulons pas, et à défendre l’honneur de ceux qui sont morts pour défendre les valeurs de la République française, alors qu’elles étaient salies et foulées aux pieds par ces gens de l’OAS. » Et d’ajouter : « Pierre Sergent est aussi complice d’avoir soutenu la tentative d’assassinat au couteau d’Yves Le Tac [président du Comité de soutien au général de Gaulle, ndlr] sur son lit d’hôpital du Val-de-Grâce, alors qu’il avait déjà été victime d’une tentative d’assassinat à Alger. Honorer Sergent par une place, c’est l’inversion des valeurs de la France. C’est au nom du gendarme Camille Gros, tué au cours de cette opération, qu’on aurait dû baptiser cette place.»

    Une « faute » du préfet

    « Si Pierre Sergent a un passé de résistant, comme le rappelle régulièrement Louis Aliot, c’est aussi le cas de plusieurs victimes de l’OAS, poursuit Jean-Philippe Ould Aoudia. Marcel Basset était, par exemple, engagé dans le réseau Voix du Nord, et Robert Eymard s’est engagé à 17 ans dans la Résistance dans le Vercors. » Ludovic Eymard et Thierry Basset, fils de, confient également une souffrance teintée de colère. « Cette esplanade ravive des souvenirs douloureux », explique Ludovic Eymard, précisant « qu’il a toujours du mal à évoquer ce sujet ». Même son de cloche chez Thierry Basset : « Ça a été très difficile de se construire après l’assassinat de mon père, c’est toujours une souffrance. »

    En outre, « une forme de complaisance s’ajoute de la part des autorités préfectorales qui semblent indifférentes à la démarche de Louis Aliot », tient à souligner Jean-François Gavoury. La préfecture des Pyrénées-Orientales, pourtant saisie par SOS Racisme, n’a pas souhaité s’opposer à la délibération du conseil municipal de Perpignan. « C’est au mieux du mépris », tempête Jean-Philippe Ould Aoudia, selon qui le préfet « n’a aucun courage ». Jean-François Gavoury préfère parler « d’une carence préfectorale », tout en dénonçant, lui aussi, une « faute » du préfet. Contactée, la préfecture des Pyrénées-Orientales n’a pas été en mesure de nous répondre dans les délais proposés.

    Deux poids, deux mesures

    Sur la question de la mémoire des victimes de l’OAS, les deux hommes s’accordent sur le fait qu’elle est « éclipsée, mise de côté », et considèrent que la classe politique est « composée de pleutres » qui évitent le sujet. « Certes l’OAS est une organisation terroriste, explique Jean-François Gavoury, mais elle ne doit pas être réduite à cela : il faut qu’elle soit reconnue comme faisant partie des belligérants de ce conflit. C’est très important car les presque 2 700 victimes qu’elle a assassinées pourront être reconnues comme mortes pour la France. » Ce qui, à de rares exceptions, n’est pas le cas.

    A Perpignan, pour compenser la « carence préfectorale », l’association SOS Racisme a déposé, fin février, un recours contentieux auprès du tribunal administratif contre l’esplanade au motif que celle-ci « heurte la sensibilité du public ». La procédure est toujours en cours. Plusieurs de nos sources s’indignent également d’un « deux poids, deux mesures ». Le 11 mars, Journée européenne des victimes du terrorisme, la mairie de Perpignan a rendu hommage aux victimes du terrorisme en présence d’Edouard Gebhart, conseiller municipal délégué aux anciens combattants, qui représentait Louis Aliot. Les victimes des attentats de l’OAS n’ont pas été évoquées. Quant à Louis Aliot, il n’a pas répondu à nos sollicitations.

    SOURCE : «Une nouvelle action propagandiste» : à Perpignan, la place Pierre-Sergent indigne les victimes de l’OAS – Libération (liberation.fr) 

     

     

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  • Commentaires

    1
    Danièle Ponsot
    Mercredi 22 Mars 2023 à 17:52

    La présence de cette plaque est inqualifiable!

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