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Obsèques de Robert Hébras : le ministre de l'Éducation Nationale et la secrétaire d'État aux anciens combattants rendront hommage vendredi au dernier survivant d'Oradour-Sur-Glane
Obsèques de Robert Hébras : le ministre de l'Éducation Nationale et la secrétaire
d'État aux anciens combattants rendront hommage vendredi au dernier survivant d'Oradour-Sur-Glane
Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation Nationale et Patricia Mirallès, secrétaire d'État aux anciens combattants, feront le déplacement à Oradour-Sur-Glane vendredi 17 février à l'occasion de l'hommage national qui sera rendu à Robert Hébras.
Retenu à Munich pour la conférence sur la sécurité, le président de la République ne pourra se rendre ce vendredi 17 février 2022 à Oradour-Sur-Glane, où un hommage national sera rendu à Robert Hébras. Décédé à l'âge de 97 ans, il était le dernier survivant du massacre perpétré le 10 juin 1944 par les nazis.
Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation Nationale, ainsi que Patricia Mirallès, secrétaire d'État aux anciens combattants, représenteront Emmanuel Macron, selon Philippe Lacroix, maire d'Oradour-Sur-Glane. Le chef de l'Etat a écrit un message qui sera lu au moment des discours.
François Hollande, ancien Président de la République, sera lui aussi présent.
Le déroulement des obsèques
Une messe d'obsèques est prévue ce 17 février à 9 h 30 à l'église qui se situe dans le nouveau village. Elle sera réservée aux proches de Robert Hébras, aux familles des martyrs d'Oradour-Sur-Glane ainsi qu'aux habitants du village.
Les deux ministres sont attendus à 14 h 30. Le cercueil de Robert Hébras passera une dernière fois dans les rues du village martyr. Il s'arrêtera devant les lieux qui ont compté pour le défunt : sa maison détruite, le champ de foire, l'église du village martyr et la grange Laudy où il a été fusillé et incendié avant de parvenir à s'échapper.
Les discours seront prononcés sur l'esplanade qui se situe entre le village martyr et le cimetière.
Enfin, un moment de recueillement est prévu devant le tombeau des 643 martyrs. Le cercueil de Robert Hébras sera déposé à terre, pour être le plus proche possible de ceux qu'il a tant aimés.
Disparition de Robert Hébras dernier survivant du massacre d'Oradour - Camille Senon : "je n'arrive pas à imaginer comment nous pouvons être sans Robert"
Camille Senon, 97 ans, était dans le tramway en direction d'Oradour le 10 juin 1944 • ©Franck Petit, Noëlle Vaille, Nicolas Stil
Camille Senon n'était pas dans son village natal d'Oradour-sur-Glane au moment du massacre. Elle faisait partie des passagers du tramway qui reliait Limoges au village martyr. Sa vie n'a tenu qu'à un fil. Aujourd'hui, après la disparition de Robert Hébras, elle compte sur les jeunes pour porter le devoir de mémoire.
Camille Senon est née en juin 1925 à Oradour-sur-Glane, tout comme Robert Hébras.
Le 10 juin 1944, elle venait de fêter ses 19 ans.
Par chance, ce jour-là, elle n'était pas dans son village natal.
Elle travaille alors à Limoges et comme chaque samedi, ce 10 juin, elle prend le tramway pour passer le week-end chez ses parents. Alors que le train chemine, la vingtaine de passagers qu'il transporte voit au loin les fumées du village en flammes. Un soldat allemand fait alors stopper le tram et descendre les passagers dans un champ. Elle parvient à s'enfuir.
Notre destin a été différent de celui de Robert [Hébras], nous n’avons pas été sous la fusillade, nous n’avons pas été sous les flammes. Mais notre vie n’a tenu qu’à un fil.
Camille Senon
À son arrivée à Oradour, les SS ont massacré les habitants du village. Les hommes ont été fusillés, les femmes et les enfants brulés dans l'église. 643 morts.
Camille Senon a perdu toute sa famille. Vingt-cinq personnes, la plus jeune était un bébé de douze jours.
Robert Hébras, elle le connaissait depuis son enfance. Ensemble, ils ont œuvré pour le devoir de mémoire, et pour la paix.
Je n’arrive pas à imaginer comment on peut être sans Robert. Il tenait une telle place.
Camille Senon
Mais Camille Senon a confiance, en Agathe Hébras, la petite fille de Robert, et en Benoit Sadry, président de l’association des martyrs.
C’est un réconfort pour moi qui vais partir bientôt, de voir des jeunes de la troisième génération qui reprennent les choses en mains.
Camille Senon
Camille Senon assistera aux obsèques de Robert Hébras, vendredi 17 février 2023, à Oradour-sur-Glane.
Hommage à Robert Hébras :
au-delà de la mémoire
Robert Hébras avec François Hollande et Joachim Gauck dans l'église d'Oradour-sur-Glane, le 04-09-2013. • © Jean-Pierre Muller / AFP
Rescapé du massacre perpétré par les SS à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944, Robert Hébras a consacré toute sa vie et toute son énergie à témoigner de la barbarie nazie. Mais au fil des années, si le devoir de mémoire n’a jamais faibli, il s’est accompagné d’une volonté de réconciliation avec le peuple allemand dans une Europe en paix.
L’image est forte. Le symbole est immense. Le 4 septembre 2013, dans les ruines de l’église d’Oradour-sur-Glane, là où 69 ans plus tôt sa mère et ses deux sœurs ont été brûlées vives par les SS, Robert Hébras se tient debout, face à l’autel, tenant la main du président français, François Hollande et du président allemand, Joachim Gauck.
Ce jour-là, Robert Hébras ne cache pas son émotion. Il dira que c’est pour lui presque un aboutissement.
C’était l’Allemagne et la France qui se donnaient la main à travers moi. Les deux présidents me tenaient entre eux deux, comme pour me protéger. Ça m’a beaucoup ému.
Robert Hébras
Au fil des années, Robert Hébras n’a jamais cessé de témoigner pour honorer un devoir de mémoire qu’il s’est fixé bien avant que le terme ne devienne une expression courante. Mais peu à peu, la haine qu’il dit avoir ressentie à la fin de la guerre s’est muée en réflexion puis en volonté de dépasser l’émotion première pour aller vers une vraie réconciliation avec l’Allemagne et les Allemands.
Ne jamais oublier, témoigner toujours, mais aussi, surtout, éviter que les générations suivantes ne connaissent un jour un nouvel Oradour.
Je ne me suis pas dit le lendemain matin, ça y est ils sont gentils, je vais les embrasser. Il a fallu du temps, beaucoup de temps. Dans ma tête, c'est parti de la haine jusqu’à l’amitié, avec un long parcours et beaucoup de réflexion.
Robert Hébras
Durant des années, Robert Hébras a tenu à rencontrer tous les jeunes Allemands qui venaient à Oradour, à parler avec eux. En 1985, il se rend en Allemagne, à l’invitation du chancelier Willy Brandt.
Je me suis rendu compte que le peuple allemand, que les Allemands étaient des gens comme moi. Si ce n’est la langue qui nous sépare, on est des individus faits de chair et de sang. Ça m’a ouvert les yeux.
Robert Hébras
En 2012, très ému, Robert Hébras a reçu la médaille du mérite de la République Fédérale d’Allemagne. En 2013, il nous avait accordé un long entretien pour exprimer le chemin parcouru.
Je sais que je ne fais pas plaisir à tout le monde. Mais aujourd’hui, je ne parle plus de réconciliation, je parle d’amitié franco-allemande.
Robert Hébras
Faces aux tentations nationalistes, Robert Hébras ne cachait plus son sentiment d’être devenu un européen.
Ceux qui sont contre l’Europe, je voudrais leur dire qu’ils viennent voir à Oradour et que je leur explique ce qui s’est passé. Tout simplement. Je leur ferai comprendre ce que l’Homme a été capable de faire, et aujourd’hui, il faut dépasser tout ça. L’Europe s’est construite à la suite d'événements comme Oradour.
Robert Hébras
« Tramor Quemeneur, historien spécialiste de la guerre d’Algérie au quotidien l’Expression « L’extrême droite est une internationale de la haine »Avant qu'il ne soit trop tard *** Nouvel appel à témoigner sur la guerre d’Algérie *** Nouveau projet de documentaire »
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