• À 71 ans, José vit dans moins d'un mètre carré et la loi Carrez à Paris n'est pas respectée.

     

    À 71 ans, José vit dans moins d'un mètre carré

    (loi Carrez à Paris ?)

    La Fondation Abbé Pierre, qui a visité la chambre, dénonce les marchands de sommeil. Elle tire la sonnette d'alarme sur le mal-logement à Paris.

    À 71 ans, José vit dans moins d'un mètre carré loi Carrez à Paris

    José habite dans un logement de moins de un mètre carré loi Carrez pour 250 euros par mois.

    Dormir à même le sol, se déplacer à quatre pattes, ou encore se doucher à la piscine municipale : José, 71 ans, locataire d'une chambre de moins d'un mètre carré habitable à Paris, s'y est résigné pendant 25 ans. Mais il se bat aujourd'hui pour un logement décent. Dans sa minuscule chambre où tout est méticuleusement rangé de façon à ne perdre aucun espace, cet ancien « bibliothécaire-chercheur », qui ne souhaite pas préciser son nom, reproduit les différents gestes qui font son quotidien. « C'est dans ce coin que je déplie tous les soirs mon lit portatif [un simple sac de couchage, NDLR] », explique-t-il en montrant un coin sous la mansarde entouré de livres. « Et là, c'est mon bocal qui récupère l'eau de pluie qui s'infiltre par ce trou », poursuit-il.

    Son logement, le plus exigu de cet immeuble du 14e arrondissement, ne peut en théorie être loué. Avec 0,9 mètre carré « loi Carrez » qui ne comptabilise que les surfaces d'une hauteur supérieure à 1,80 m, il est dix fois plus petit que le seuil de neuf mètres carrés fixé par la loi. José loue cette chambre insalubre qui fait 5 mètres carrés au sol pour 250 euros par mois. Cette dernière est à l'image de la dizaine de « micro-logements », allant jusqu'à six mètres carrés, loués par le même « marchand de sommeil ». « Il n'y a qu'une toilette à la turque pour toutes les chambres de l'étage et c'est dégueulasse. Du coup, moi, je vais aux toilettes du KFC à côté », témoigne Thérèse, une locataire à l'autre extrémité du couloir. Pour se laver, José se rend trois fois par semaine à la piscine municipale.

    Cet ancien bibliothécaire avait pourtant les moyens de se payer un département décent. Mais il y avait toujours quelqu'un avec un plus gros salaire qui passait devant lui. Concernant le logement social, le retraité avait fait plusieurs demandes, mais la Ville ne l'a jamais considéré comme prioritaire. José qui vit avec ses livres s'était résigné.

    « Propositions ridicules »

    Le septuagénaire et ses voisins, avec l'aide de la Fondation Abbé Pierre, ont porté l'affaire devant la justice et des services de la Ville de Paris, qui sont venus constater l'insalubrité des logements. Entre juin et septembre 2018, trois arrêtés d'interdiction d'occupation concernant les appartements de l'immeuble, dont celui de José, ont finalement été publiés, mais une seule personne a pour l'instant été relogée par la préfecture, selon la Fondation Abbé Pierre. « Mon propriétaire est dans l'obligation de me reloger, mais il ne me fait que des propositions ridicules », assure José, qui déplore le manque d'empathie de son bailleur. « Il n'est même pas capable de comprendre que l'on ne peut pas vivre avec des fuites sur la tête. »

    Cette situation est emblématique des « abus commis par les marchands de sommeil » qui continuent de « faire leur beurre sur le dos des étudiants, des retraités et des travailleurs pauvres », affirme Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Saluant le renforcement de la lutte contre les marchands de sommeil dans le projet de loi Elan, il réclame toutefois davantage de moyens au gouvernement pour déceler les situations d'habitat indignes. Le projet de loi Elan (Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) prévoit notamment des peines complémentaires de confiscation des biens et d'interdiction d'acquisition de nouveaux biens immobiliers pendant cinq ans.

    « S'attaquer au portefeuille des marchands de sommeil ne suffira pas. C'est tout un sous-marché de logements dégradés qui s'est développé en France et il n'y a pas assez de logements sociaux », dénonce M. Robert. Quelque 5 000 signalements de logements insalubres sont recensés chaque année aux services de la Mairie de Paris, selon des représentants de la mairie du 14e arrondissement. La Ville a également comptabilisé plus de 7 000 chambres de moins de neuf mètres carrés dans la capitale, selon la Fondation Abbé Pierre. 

    SOURCE : http://www.lepoint.fr/societe/a-71-ans-jose-vit-dans-moins-d-un-metre-carre-loi-carrez-a-paris-28-09-2018-2258603_23.php 

     

    Le Parisien écrit :

    Paris : José, 71 ans, 25 ans de vie

     dans moins de 1 m2

    À 71 ans, José vit dans moins d'un mètre carré loi Carrez à Paris

    Paris, ce jeudi. José habite dans un logement de moins de 1 m2 loi Carrez pour 250 € par mois. LP/Olivier Lejeune

     

    La fondation Abbé Pierre a organisé ce jeudi une opération coup de poing chez un marchand de sommeil. Elle tire la sonnette d’alarme sur le mal logement à Paris.

    Ça fait vingt-cinq ans que José, 71 ans, habite un 0,9 m2 en loi Carrez. La chambre de bonne qu’il loue 250 € est si pentue et petite (5 m2 au sol mais à peine 1 m2 où la hauteur de plafond est à 1,80 m) qu’il est obligé de se déplacer « à quatre pattes. On se sent comme une tortue. C’est une souffrance morale et physique ».

    Ce jeudi matin, la Fondation Abbé Pierre a fait une opération coup de poing chez un marchand de sommeil, multipropriétaire avenue Jean-Moulin, au carrefour Alésia (XIVe). Et convoqué la presse.

     

    Ils vivent dans moins de 6m² à Paris 

     

    Mission ? Immortaliser les images des douze chambres ou plutôt « placards », d’une surface de 0,9 à 6 m2, toutes illégales, louées pourtant officiellement entre 250 et 480 € et entendre les locataires victimes. La fondation — dont le slogan de l’Abbé Pierre était « La misère ne se gère pas, elle se combat » — entend braquer la lumière sur le mal logement et… Interpeller le gouvernement Macron.

    Pourtant, côté rue, l’immeuble incriminé donne le change avec ses airs faubouriens, sa façade blanche, sa porte cochère verte et ses commerces coquets en bas. En revanche, le dernier étage a des parfums de roman de Zola.

    « Dans ma vie, au travail, souffle le pudique retraité, personne ne suspecte ma situation ». En guise de fenêtre, le septuagénaire a une petite lucarne de toit très XIXe « où l’eau ruisselle les jours de pluie », ce qui l’empêche d’avoir un matelas. « Le soir, je déplie une couverture ». Pour les toilettes, c’est sur le palier. « Et pour me laver, je vais trois fois par semaine à la piscine municipale. »

    «Il y avait toujours quelqu’un avec un plus gros salaire

     qui me passait devant »

    José, bibliothécaire en CDI, avait pourtant les moyens d’un appartement décent. « Pour ce qui est du logement social, la Ville ne m’a jamais considéré comme prioritaire. Et pour ce qui est du privé, il y avait toujours quelqu’un avec un plus gros salaire qui me passait devant. »

    José qui vit entre ses livres — son seul mobilier — s’était résigné « On devient philosophe ». Mais c’était avant que la Fondation Abbé Pierre ne mette son nez dans cette « sinistre réalité »…

    « Un locataire a frappé à notre porte en mars dernier », se souvient Samuel Mouchard, responsable de l’Espace solidarité habitat à la Fondation.

    Le représentant de la Fondation à Paris a alors débarqué avenue Jean-Moulin, visité la « chambre », parlé aux voisins. Et… déclenché la procédure. « On a fait un signalement à la mairie de Paris », précise Samuel. « Nos agents se sont déplacés, poursuit Ian Brossat (PCF), l’adjoint au logement d’Anne Hidalgo, la maire PS de Paris. Ils ont mesuré et fait les constats ». La Fondation a saisi le procureur en charge de la lutte contre l’habitat indigne qui a lancé une enquête. Des policiers ont débarqué. L’enquête est toujours en cours. « Nous allons demander, comme la justice en a le pouvoir dans les cas de marchands de sommeil que le propriétaire soit expulsé », insiste Ian Brossat.

    Depuis mars, par arrêt préfectoral, les locataires sont protégés de l’expulsion. Ils ne paient plus de loyer.

    Avenue Jean-Moulin, à côté de José, il y a aussi une étudiante en archéologie, un ancien cuisinier, trois salariés de la célèbre brasserie Zeller d’Alésia. L’un d’eux, Jamel, 54 ans se veut lui aussi « philosophe » et lâche « on fait avec ». Pourtant le Parisien aimerait faire sa toilette ailleurs que dans l’arrière-cuisine du Zeller et surtout « pouvoir inviter un jour quelqu’un chez moi ».

     

    En chiffres 

     

    7 000 chambres de bonnes de moins de 9 m2, donc illégales, sont louées.

    5 000 signalements d’habitat insalubres sont faits chaque année auprès des services de la DLH (Direction Logement et Habitat) de la mairie de Paris.

    4 527 contrôles ont été faits dans des logements à Paris par la DLH en 2017.

    350 nouveaux arrêtés préfectoraux sont pris chaque année obligeant les propriétaires à réaliser des travaux.

    SOURCE : http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-jose-71-ans-25-ans-de-vie-dans-moins-de-1-m2-27-09-2018-7905066.php

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Septembre 2018 à 15:20

    Les marchands de sommeil sont capables de se justifier en mettant en avant la liberté ! Ce ne serait pas tout à fait faux à condition de compléter d'un liberté d'exploiter la misère des gens !

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