• A la suite de diverses protestations Des historiennes et historiens expriment leur solidarité avec l’auteur d’une tribune parue dans « Le Monde » dont l’Elysée avait demandé le retrait

     

    A la suite de diverses protestations

    des historiennes et historiens
    expriment leur solidarité avec l’auteur
    d’une tribune parue dans « Le Monde »
    dont l’Elysée avait demandé le retrait

     

      A la suite de diverses  protestations  Des historiennes et historiens expriment leur solidarité avec l’auteur d’une tribune parue dans « Le Monde » dont l’Elysée avait demandé le retrait

    Paul Max Morin 

    Emmanuel Macron a déclaré le 26 août 2022, lors de son voyage en Algérie, qu’entre la France et l’Algérie, « c’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Le politiste Paul Max Morin, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde le 2 septembre 2022, a estimé que cette « réduction de la colonisation à une “histoire d’amour” parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle ». Après des protestations provenant de l’Élysée, la tribune a été supprimée par le journal de son édition en ligne. Notre site l’a publiée tout en rappelant quelques faits relatifs à la violence de la colonisation de l’Algérie. A son tour, un collectif d’universitaires, dans une tribune parue dans Le Monde le 20 septembre 2022 qu’on retrouvera ci-dessous, écrit que l’analyse de Paul Max Morin ne pouvait être qualifiée d’erronée, qu’elle pouvait être contestée mais ne méritait pas d’être retirée, et ils ont exprimé à ce chercheur leur respect et leur soutien.

     

    Tribune

    « Nous, chercheurs, assurons Paul Max Morin de notre soutien

    Texte collectif, publié dans Le Monde le 20 septembre 2022.
    Source

    Un collectif d’universitaires réagit, dans une tribune au « Monde », à la dépublication par le quotidien de son texte qui analysait l’évolution du discours d’Emmanuel Macron sur les mémoires de la guerre d’Algérie.

    Le 1er septembre, Paul Max Morin, docteur en science politique et auteur du livre Les Jeunes et la guerre d’Algérie. Une nouvelle génération face à son histoire (PUF, 430 pages, 22 euros), publiait une tribune dans le journal Le Monde, offrant une analyse critique de l’évolution du discours d’Emmanuel Macron sur les mémoires de la guerre d’Algérie. Quelques heures plus tard, la version en ligne de ce texte était retirée par le quotidien. Cette dépublication, qui nous semble inédite dans la vie du journal, était accompagnée d’un court texte présentant les « excuses » du journal à ses lecteurs et lectrices et… au président de la République !

    Le motif de la dépublication était, selon cette première explication et des déclarations suivantes, la conséquence d’une « erreur » commise par Paul Max Morin, qui aurait affirmé à tort que la phrase du chef de l’Etat récemment prononcée en Algérie (« Une histoire d’amour qui a sa part de tragique ») qualifiait la colonisation alors qu’il fallait l’entendre comme renvoyant aux « relations franco-algériennes ».

    Face à cette situation, nous tenons à affirmer plusieurs points.

    Tout d’abord, Paul Max Morin n’a commis aucune « erreur » dans la tribune qu’il propose aux lecteurs du journal Le Monde. Lorsque Emmanuel Macron, qui faisait mine il y a peu de s’interroger sur l’existence d’une nation algérienne avant sa colonisation par la France, parle d’une « histoire d’amour qui a sa part de tragique », il tient des propos qu’il est loisible à un chercheur (et à tout autre citoyen) d’analyser pour peu qu’il présente des arguments à l’appui de sa démonstration.

    Surinterprétation ?

    Or, dans un tchat ouvert mardi 13 septembre pour s’expliquer devant ses lecteurs et lectrices, le quotidien écrit ceci : « Si vous reprenez les propos d’Emmanuel Macron, il est très clair que l’expression “histoire d’amour” évoque les relations franco-algériennes dans leur ensemble, la “part (…) tragique” de cette histoire désignant plus spécialement la part coloniale. La tribune de Paul Max Morin nous semble tordre ces déclarations dans un sens qui ne correspond pas à ces propos. »

    Cette réponse mérite que l’on s’y attarde.

    A rebours de l’affirmation du quotidien, rien n’indique de façon définitive qu’ « il est très clair que l’expression “histoire d’amour” évoque les relations franco-algériennes ». En effet, l’expression « relations franco-algériennes » n’est prononcée ni par le journaliste qui pose la question, ni par le président de la République qui y répond. Au-delà, les propos prononcés par des chefs d’Etat sont fréquemment décortiqués, analysés, soupesés, commentés. La tribune de Paul Max Morin ne déroge à cet égard à aucune règle habituelle de l’exercice de la tribune.

    En parlant d’« histoire d’amour qui a sa part de tragique », le chef de l’Etat a-t-il voulu romantiser l’histoire coloniale tout en concédant cette « part de tragique » ? Sa langue a-t-elle fourché en un acte manqué ? S’est-il mal fait comprendre ? Est-il victime d’une surinterprétation de ses propos ? Pour peu qu’il argumente, chacun est libre de la réponse apportée à ces questions. La réponse fournie par l’Elysée aux journalistes dans les instants qui ont suivi l’énonciation de la phrase litigieuse est, au mieux, un élément du débat. Certainement pas une sentence à laquelle chacun devrait se conformer.

    Un point de vue forcément subjectif

    Au-delà de cet éclaircissement sur le fond, le retrait de la tribune – pourtant sollicitée par le quotidien, qui l’avait relue, validée, et en avait choisi le titre – représente une atteinte au libre débat intellectuel. Une tribune n’est pas un article de presse, ni une publicité. Elle est un point de vue argumenté, forcément subjectif.

    Paul Max Morin, à travers l’analyse des propos et des gestes d’Emmanuel Macron, a rédigé un texte qu’il était loisible aux uns et aux autres de critiquer ou de rejeter. Mais, en retirant cette tribune, Le Monde a porté atteinte à l’expression d’opinions divergentes en empêchant la mise en débat de l’orientation politique du président sur un sujet particulièrement essentiel : celui du passé algérien de la France et de ses héritages politiques et mémoriels.

    Par cette décision regrettable, le journal a mis en cause publiquement et de manière répétée la probité d’un chercheur ; en l’occurrence Paul Max Morin, que nous, ses pairs, assurons de notre soutien et de notre respect.


    Liste des signataires : Linda Amiri, maîtresse de conférences (université de Guyane) ; Nicolas Bancel, professeur, (université de Lausanne) ; Emmanuel Blanchard, maître de conférences (université Versailles-Saint-Quentin, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye) ; Loïc Blondiaux, professeur des universités (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Raphaëlle Branche, professeure des universités (université Paris-Nanterre) ; Karima Direche, directrice de recherche (CNRS) ; Giulia Fabbiano, maîtresse de conférences (Aix-Marseille Université) ; Muriam Haleh Davis, professeure (université de Californie à Santa Cruz/UCSC, Santa Cruz, Californie) ; Bastien François, professeur des universités (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Samuel Hayat, chargé de recherche (CNRS, Cevipof) ; Patrick Le Bihan, professeur assistant (Sciences Po, Cevipof) ; Rémi Lefebvre, professeur des universités (Lille-II) ; Gilles Manceron, historien ; Vincent Martigny, professeur des universités (université Nice-Côte d’Azur) ; Frédérique Matonti, professeure des universités (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche émérite (CNRS, Cevipof) ; Sébastien Ledoux, chercheur associé (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Anne Muxel, directrice de recherche (CNRS, Cevipof) ; Janie Pélabay, chercheuse (Fondation nationale des sciences politiques, Cevipof) ; Christelle Rabier, maîtresse de conférences (Ecole des hautes études en sciences sociales/EHESS) ; Fabrice Riceputi, historien ; Alain Ruscio, historien ; Frédéric Sawicki, professeur des universités (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Réjane Sénac, directrice de recherche (CNRS, Cevipof) ; Thomas Serres, chercheur (UCSC, Santa Cruz, Californie) ; Todd Shepard, professeur à l’université Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland) ; Aude Signoles, maîtresse de conférences (IEP d’Aix-en-Provence) ; Isabelle Sommier, professeure des universités (Paris-I-Panthéon-Sorbonne) ; Sylvie Thénault, directrice de recherche (CNRS).
     

    SOURCE : Des historiennes et historiens expriment leur solidarité avec l'auteur d'une tribune parue dans « Le Monde »dont l'Elysée avait demandé le retrait - Histoire coloniale et postcoloniale 

      A la suite de diverses  protestations  Des historiennes et historiens expriment leur solidarité avec l’auteur d’une tribune parue dans « Le Monde » dont l’Elysée avait demandé le retrait

    Cette censure sollicitée par Macron parachève sa droitisation

    sur la question mémorielle... les 89 députés d'extrême droite

    l'applaudissent

    Il y a 5 ans ils étaient 8 aujourd'hui ils sont 89 et en 2027 ?

      A la suite de diverses  protestations  Des historiennes et historiens expriment leur solidarité avec l’auteur d’une tribune parue dans « Le Monde » dont l’Elysée avait demandé le retrait

    https://twitter.com/i/status/1544775957235617793

     

    « Tramor Quemeneur, historien répond aux questions du quotidien algérien « L’Expression » « Il faut aborder les vrais sujets historiques » La revue « Jeune-Afrique » nous annonce le décès de Renaud de Rochebrune : de la guerre d’Algérie au cinéma africain, vies et passions d’un journaliste »

  • Commentaires

    3
    soulet Gilbert
    Mercredi 21 Septembre 2022 à 15:35

    Je ne comprends pas cette censure de Notre Président de La République et espère qu'il apportera une réponse pour expliquer son point de vue. Je soutien totalement la publication de Monsieur Max Morin.

    Gilbert aux 82 printemps qui a passé là-bas plus de 27 mois de ses 20 ans ...

    2
    Jacques Lambour
    Mercredi 21 Septembre 2022 à 11:51

    Pour être plausible cette idylle devrait être contée par l'amoureuse Algérie. En attendant je vous renvoie à cette maxime : "Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs (Howad Zinn)"

    1
    Cros Jacques
    Mercredi 21 Septembre 2022 à 11:25

    Je ne suis pas historien mais la tribune de Paul Max Morin publiée dans Le Monde correspondait très exactement à ce que je pense à propos de l'ambiguïté des positions successives de Macron sur le colonialisme et la guerre menée en Algérie pour tenter de le perpétuer. Je considère moi aussi qui ne suis pas un spécialiste de la question, qui a toutefois été en tant qu'appelé du contingent un acteur de cette phase peu glorieuse de notre histoire qu'il y a effectivement droitisation de Macron sur ces questions. Je pense moi aussi que c'est le résul.tat de manoeuvres politiciennes en direction d'un électorat qui a conservé une idéologie ringarde qui refait surface par ces temps de crise

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