• DES CROIX GAMMÉES SUR DEUX PORTRAITS DE SIMONE VEIL


     

    DES CROIX GAMMÉES SUR DEUX PORTRAITS DE SIMONE VEIL

    DES CROIX GAMMÉES SUR DEUX PORTRAITS DE SIMONE VEIL

    Le visage de Simone Veil barré d’une croix gammée. Photo Jacques DEMARTHON/AFP

    "Salir Simone Veil, c'est salir chacun d'entre nous. Et chacun d'entre nous doit réagir face à la bête immonde" 

    Deux portraits de Simone Veil dessinés par l’artiste C215 sur deux boîtes aux lettres, situés sur la façade de la mairie du 13e arrondissement, ont été recouverts d’une croix gammée. Ces dessins avaient été réalisés lors de la panthéonisation à l’été 2018 de Mme Veil, ancienne ministre et rescapée de la Shoah. La mairie, qui a découvert les tags ce lundi matin, va déposer plainte.

    DES CROIX GAMMÉES SUR DEUX PORTRAITS DE SIMONE VEIL

     

    Simone et Antoine Veil sont entrés

     au Panthéon le 1er juillet 2018

    Antoine et Simone Veil en 1974.

    © Jean-Pierre BONNOTTE/GAMMA / GAMMA-RAPHO


    SIMONE VEIL SAUVA DE NOMBREUX PATRIOTES ALGéRIENS 

    Ce que les Médias français ont occulté : 

     Simone Veil, cette rescapée 

     d’un camp de concentration 

      qui sauva les condamnés à mort  

     algériens. 

    Femme très engagées en France et en Europe, Simone Veil rescapée d’un des plus horribles camps de concentration nazi, Auschwitz en l’occurrence, alors qu’elle n’avait que 16 ans lorsqu’elle a été déportée avec sa mère et sa sœur aînée, Simone s’en sort avec force de caractère.  

    Sa relation avec l’Algérie, Simone Veil l’a marquée durant la Guerre de libération 1954/1962. Une époque où elle était haut fonctionnaire au ministère français de la justice, s’occupant des établissements pénitenciers.  

    Assurément très marquée par les atrocités qu’elle avait subies au camp d’Auschwitz, Simone prend une part importante dans le sauvetage des prisonniers algériens.  

    Affectée, en sa qualité de magistrat chargée des prisons, à s’occuper du très délicat dossier des prisonniers en Algérie, Simone Veil marque par son passage dans les prisons algériens sous le colonialisme français, une emprunte qui lui reste gratifiante.  

    Se rendant dans les prisons, elle fut très mal accueillie par les responsables pénitenciers. Simone Veil doit résoudre un problème très compliqué, puisque tous les condamnés à mort devraient y passer à la guillotine. Bien que le général De Gaulle ait décidé de suspendre leur exécution en 1958 pour pouvoir mener sa politique de « la Paix des braves », une farouche résistance des militaires français présents sur le sol algérien s’est mise en place. Les colons étaient galvanisés par « le sans pitié » de François Mitterrand, alors ministre de la justice depuis 1955 qui en exécuta une quarantaine sur les 150 algériens condamnés à mort.  

    Pour Simone Veil qui débarque alors en 1959, devrait trancher sur un dossier très complexe, celui de savoir s’il faut garder prisonniers des centaines de personnes condamnées à mort alors que le général De Gaulle a suspendu leur exécution.  

    Elle finit par trouver un compromis, celui de les transférer en métropole pour leur éviter le couperet. Pour ce qui concerne les femmes algériennes prisonnières, elle avait demandé qu’elles soient regroupées dans le même centre pénitencier et qu’elles puissent bénéficier de cours. 

    L’Algérie, par la voix de Bouteflika, rend  

    hommage à Simone Veil qui sauva 

     de la mort 110 prisonniers algériens 

    Dans une émouvante lettre de condoléances, le président algérien s’adresse à la famille Veil :  «  le peuple algérien (…) n’oublie pas aussi la proximité et la solidarité que cette grande dame lui a témoignées » 

    Les hommages suite au décès de Simone Veil, en voie de panthéonisation, ont afflué de toutes parts. Et c’est un hommage vibrant, venu d’Algérie, qui rappelle une nouvelle fois qui était Simone Veil, cette femme qui avant de prendre à bras le corps le dossier brûlant de l’avortement, avait croisé le fer avec François Mitterrand, alors impitoyable ministre de la Justice pour sauver des condamnés à mort algériens.  

    “C’est avec une immense tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès de Simone Veil dont la vie passionnante aura été marquée autant par ses propres souffrances de la barbarie nazie, que par son engagement personnel admirable et inlassable contre toutes formes de déni de justice“ a écrit le président algérien Abdelazziz Bouteflika dans son message.  

    “Le peuple algérien a compté Simone Veil parmi les amis de ses justes causes. Il n’oublie pas aussi la proximité et la solidarité que cette grande dame lui a témoignées durant la terrible tragédie nationale qu’il a vécue“ a-t-il ajouté. 

    Bouteflika fait ici référence au sort des prisonniers algériens durant la sanglante guerre de Libération ou d’Indépendance algérienne (1952/1962). Condamnés à la guillotine, leur sort est suspendu depuis le processus entamé par le général de Gaulle, appelé la « Paix des braves ». 

    Mais les militaires et directeurs d’établissement pénitentiaires français présents en Algérie n’entendent pas faire preuve de clémence à l’égard de ceux qu’ils considèrent comme de farouches ennemis coupables de tortures et de terrorisme. François Mitterrand, alors ministre de la Justice, abonde en leur sens, et leur refuse sa clémence. Il en fait exécuter une quarantaine sur les 150 condamnés à mort. 

    Simone Veil est alors magistrate chargée des prisons, se souvient La Voix de l’Algérie. 

    « Se rendant dans les prisons [en 1959], elle fut très mal accueillie par les responsables pénitenciers, explique le journal algérien. Simone Veil doit résoudre un problème très compliqué, puisque tous les condamnés à mort devraient passer à la guillotine ». 

    « Elle finit par trouver un compromis, celui de les transférer en métropole pour leur éviter le couperet. » 

    Une action qui scellera une amitié éternelle entre Simone Veil et l’Algérie. 

    Source : http://fr.timesofisrael.com/lalgerie-par-la-voix-de-bouteflika-rend-hommage-a-simone-veil-qui-sauva-de-la-mort-110-prisonniers-algeriens/ 

     

    Pourquoi l’Algérie rend, elle aussi, hommage

    à Simone Veil

    Pourquoi l’Algérie rend, elle aussi, hommage à Simone Veil

    La députée Khalida Messaoudi (debout) s'entretient avec les anciennes ministres Simone Veil (à gauche) et Yvette Roudy, le 9 mars 2000 à Alger, lors d'une réunion publique organisée par les féministes algériennes sous le thème «Alger, capitale-symbole de la résistance des femmes». © HZ / AFP 

    «C’est avec une immense tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès de Simone Veil». Au-delà des convenances internationales, en Algérie, le président Bouteflika a adressé un message de condoléances très chaleureux à l’occasion de la mort de Simone Veil. Il est vrai que celle-ci a eu un rôle non négligeable pendant la guerre d’Algérie, en s’investissant dans le sort des prisonniers du FLN.

    «Le peuple algérien a compté Simone Veil parmi les amis de ses justes causes. Il n’oublie pas aussi la proximité et la solidarité que cette grande dame lui a témoignées durant la terrible tragédie nationale qu’il a vécue», a souligné le président Bouteflika. Le numéro Un algérien faisait ici référence à l’action menée par Simone Veil pour les prisonniers algériens durant la guerre d’Algérie (1954-1962). 

    Cet épisode, peu souligné en France, de la vie fort riche de Simone Veil a visiblement laissé des souvenirs positifs en Algérie. «Sa relation avec l’Algérie, Simone Veil l’a marquée durant la Guerre de libération 1954-1962. Une époque où elle était haut fonctionnaire au ministère français de la Justice, s’occupant des établissements pénitenciers», écrit ainsi le journal
    La Voix de l’Algérie. 

    Pourquoi l’Algérie rend, elle aussi, hommage à Simone Veil

    Titre de la Voix d'Algérie du 30 juin 2017 sur la mort de Simone Veil © DR


    Simone Veil ne fut pas «porteur de valises» ou militante engagée dans le combat du peuple algérien. Mais assurément très marquée par les atrocités qu’elle avait subies au camp d’Auschwitz, Simone Veil prend une part importante dans le sauvetage de prisonniers algériens. Simone Veil connaissait bien le dossier algérien grâce à ses contacts avec Germaine Tillon. «Elle m’ouvrait les yeux sur la réalité du fait colonial» et «les légitimes revendications des Algériens», raconte Simone Veil dans ses mémoire (Une Vie, Editions Stock d'où sont tirées les citations de Simone Veil dans cet article).
    Au moment de la Guerre d'Algérie, Simone Veil n'est pas encore connue. Avant d’être une femme politique, elle fut d’abord une magistrate.  A ce titre, elle fut affectée à la pénitentiaire. Sa personnalité est repérée par le cabinet du ministre de la Justice de de Gaulle, Edmond Michelet, qui entend surveiller l'application des règles de droit sur le sol algérien dans un climat où l'armée fait régner l'ordre. «Il y a une jeune femme qui a été déportée qui est magistrat à l’administration pénitentiaire (…), vous avez qu’à l’envoyer là-bas. Je suis donc partie seule pour l’Algérie.»

    « Des militaires extrémistes projetaient

    de pénétrer en force dans les prisons »


    Simone Veil est donc envoyée visiter les prisons où sont enfermés les détenus algériens du FLN. «Je mentirais en disant que j’ai été accueillie à bras ouverts. Partout, j'ai été si mal reçue par les responsables que j'ai préféré rédiger moi-même mes rapports plutôt que de faire dactylographier par un agent local de la pénitentiaire», raconte-t-elle. On imagine la méfiance qui régnait contre l’envoyée de Paris. Rapidement, Simone Veil se retrouve face à un problème concret. «Fallait-il maintenir dans les prisons algériennes les cinq ou six cents personnes condamnées à mort mais dont le Général avait suspendu l'exécution en 1958? Le bruit courait que des militaires extrémistes projetaient de pénétrer en force dans les prisons pour y "faire justice", comme on dit. Je pris cela très au sérieux.» Les prisonniers furent donc transférer en métropole «et les inquiétudes sur leur sort purent être levées».

     Pourquoi l’Algérie rend, elle aussi, hommage à Simone Veil

    Titre d'«El Watan» sur Simone Veil, le 1er juillet 2017. © DR


    «Des conditions ignobles et non justifiées»

    Elle s’intéresse aussi aux conditions de détention. «Autres souvenirs pénibles, la rencontre de jeunes terroristes à juste titre détenus mais dans des conditions ignobles et non justifiées», note-t-elle avant d’obtenir le transfert de certains d’entre eux vers la France. Dans le même état d’esprit, «à mon retour, je me suis investie dans la situation de ces Algériens transférés en métropole et plus particulièrement dans celle des femmes. La tâche était difficile. Je m'en suis acquittée de mon mieux, améliorant ce qui pouvait l’être, sensibilisant les directeurs et les gardiens. En particulier j'ai obtenu qu’elles soient regroupées au sein d'un même établissement et puissent y poursuivre des études.»
    En Algérie, ces épisodes n'ont pas été oubliés. Le journal
    El Watan, qui revient sur les rapports entre l'Algérie et Simone Veil, rappelle ce que Gisèle Halimi, avocate pendant la Guerre d'Algérie, disait d'elle: «Au ministère de la Justice, Simone Veil, une petite magistrate déléguée à l'époque, nous a aidés à faire transférer Djamila Boupacha car on voulait l'abattre, là-bas dans sa cellule, pour qu'elle ne parle pas. On l'a arrachée aux griffes de ses assassins.» Du cas de Djamila Boupacha, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir firent des sévices subies par la militante un cas retentissant.

    SOURCE : http://geopolis.francetvinfo.fr/pourquoi-l-algerie-rend-elle-aussi-hommage-a-simone-veil-148739

    ELLE VA ENTRER AU PANTHEON LE 1ER JUILLET 2018  SIMONE VEIL SAUVA DE NOMBREUX PATRIOTES  ALGéRIENS

    Hommage d’un ancien prisonnier politique FLN

    à Madame Simone Veil

    Hommage d’un ancien prisonnier politique FLN à Madame Simone Veil


      Madame Simone Veil

    Les deux fils, Jean et Pierre-François Veil, de Mme Simone Veil qui vient de disparaître, ont parlé des activités de leur mère en ces termes : «Elle passe sept ans à l’administration pénitentiaire (AP) où elle se passionne pour le sort des prisonniers algériens et l’amélioration de la santé des détenus» (Le Monde du 20 mars 2010).

    Cette phrase émanant de ses deux fils m’a incité à vous écrire pour vous exposer succinctement ce que cela évoque pour moi, ancien militant FLN et prisonnier à Fresnes et à Loos les Lille de 1957 à 1962. J’ai découvert précisément l’ampleur de l’activité débordante et bienveillante de Mme Veil à l’égard des prisonniers politiques que nous étions, pendant les deux grèves de la faim, les plus longues et les plus dures de juin (12 jours) et juillet (18 jours) 1959 déclenchées par l’ensemble des prisonniers FLN à Fresnes et à La Santé pour faire reconnaître enfin de manière définitive le régime politique que nous demandions depuis déjà plus de deux ans.

    Non seulement nous refusions d’être assimilés aux détenus de droit commun, mais nous refusions en même temps les motifs juridiques invoqués dans nos inculpations, tels que celui de «rebelles», de «fellagas», de «hors-la-loi», de «racketteurs» ou encore de «banditisme», le tout accompagné de l’inculpation infamante d’«association de malfaiteurs».

    La grève de la faim devait en particulier nous permettre de sortir de ce régime dégradant que nous n’avions jamais reconnu au demeurant. Dans nos têtes, nous étions avant tout des prisonniers politiques, ce qui non seulement nous singularisait des «droits communs», mais aussi nous incitait à refuser toutes les mesures vexatoires, répressives ou à visée dégradante focalisées sur nous en permanence pour nous soumettre.

     

    Solidarité efficace de la directrice de l’Administration pénitentiaire 

    C’est lors de ces deux grèves de la faim illimitées que nous avons découvert avec nos délégués, MM. Bachir Boumaza et Moussa Kebaïli, la bienveillance du ministre de la Justice nommé depuis janvier 1959, M. Edmond Michelet dans le gouvernement du général de Gaulle, et la solidarité efficace de Mme Simone Veil, en tant que directrice de l’administration pénitentiaire au ministère de la Justice. Elle assumait un rôle prépondérant avec un esprit de justice affirmé et concret.

    Tous les deux étaient d’anciens déportés pendant la deuxième guerre mondiale dans les camps de concentration de l’Allemagne nazie. Nous savions, pendant la détention et les grèves de la faim, grâce à la médiation de nos avocats conduite par Me Mourad Oussedik, responsable du collectif des avocats du FLN, que le ministre E. Michelet et Mme Veil étaient proches de nos points de vue et étaient ouverts à l’organisation de négociations en présence de nos avocats et de nos délégués de prison.

    Les discussions avec les envoyés du ministère aboutirent seulement au 12e jour de la grève, car du côté du cabinet du Premier ministre, Michel Debré, s’exprimait une position dure, anti-négociations, répressive à l’égard des grévistes. D’ailleurs, sur ordre du cabinet du Premier ministre, l’eau fut coupée au robinet de chaque cellule, totalement à partir du 8e jour de la grève de la faim. De manière pernicieuse, une distribution de lait fut substituée à l’eau ostensiblement de manière provocatrice dans le but de casser le mouvement de grève qui était illimité et massif.

    Là encore, au bout de quelques jours, et grâce aux bonnes volontés et à l’efficacité de certains journalistes, les retombées médiatiques et politiques de cette grève finirent par faire bouger le rapport des forces en faveur du ministère de la Justice, et donc au détriment des visées répressives et jusqu’au-boutistes du Premier ministre. Des discussions furent ouvertes par l’équipe du ministère de la Justice où Mme Veil jouait un rôle incitatif positif, pour faire aboutir les négociations avec les délégués des prisonniers.

    Régime politique «A» pour 5000 détenus algériens 

    Pour la première fois, nous obtenions un régime politique dit «A» pour plus de 5000 détenus algériens FLN en France qui nous permettait : 1- de pouvoir organiser dans des salles, des cours d’alphabétisation en arabe et en français ; 2- de nous abonner aux journaux de notre choix ; 3- de recevoir des livres sans censure et sans être sanctionnés pour la lecture de livres comme ceux de Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau, Emile Zola, etc.

    Encore une fois, les remises en cause incessantes au stade de la mise en pratique des accords conclus émanaient toujours du cabinet du Premier ministre, ce qui d’ailleurs donna lieu à une deuxième grève de la faim de 18 jours, dès le mois suivant, avec cette fois-ci, une nouvelle répression, plus vicieuse encore puisqu’il s’est agi de procéder à un transfert de nuit de l’ensemble des grévistes sous bonne garde, vers une quarantaine de prisons autour de Paris. Cette dissémination par petits groupes de l’ensemble des grévistes devait entretenir l’isolement pour chacun afin de fragiliser et diviser les grévistes.

    A l’issue de cette deuxième grève de 18 jours, les négociations réussirent à imposer la volonté du ministère de la Justice qui était décidé à respecter les résultats des accords conclus à l’issue de la première grève. Là encore, le ministre de la justice Edmond Michelet et Mme Simone Veil, directrice de l’administration pénitentiaire, ont assumé un rôle positif pour mettre fin au calvaire des grévistes et entériner le principe d’un canal de contact permanent entre le ministère de la Justice et nos deux délégués, Bachir Boumaza et Moussa Kebaïli, qui avaient par ailleurs le soutien des chefs historiques emprisonnés dans le secteur de l’infirmerie de Fresnes.

    Sauvegarde de la dignité des militantes FLN emprisonnées en France 

    Les avocats des militantes emprisonnées en Algérie, notamment Me Nicole Dreyfus et Me Gisèle Halimi, avaient entrepris une vaste campagne de presse, d’information et de sensibilisation pour extraire les dizaines de militantes FLN des dures conditions d’incarcération dans les prisons en Algérie où elles étaient exposées davantage aux maladies et à l’insécurité.

    Il était de notoriété publique que la torture était pratiquée massivement en Algérie, ainsi que les exécutions extralégales à la suite de simulacres d’évasion et de «corvées de bois», le viol et le chantage sur les familles, etc. Seul le transfert de ces femmes vers les prisons en France pouvait leur garantir des conditions décentes de détention, préservant le respect de leurs droits et leur intégrité physique et morale.

    Mme Veil, en tant que directrice de l’AP, déploya avec ténacité une activité inlassable en invoquant toute une série d’arguments, allant des plus juridiques aux plus subtils, pour convaincre le ministre E. Michelet et le cabinet du général de Gaulle d’obtenir le plus rapidement possible le transfert de ces prisonnières afin de les soustraire aux dangers multiples auxquels elles étaient exposées dans les prisons en Algérie. Toutes furent transférées en France, notamment vers les prisons de Rennes, Pau, la Roquette, etc. Mme Veil poursuivit alors son action humanitaire pour assurer la sauvegarde de la dignité et des droits de ces femmes même pendant leur emprisonnement en France.

    Me Nicole Dreyfus me raconta que Mme Veil interrompait souvent ses vacances en famille pour visiter à l’improviste ces prisonnières, aussi bien celles de Rennes que celles qui étaient détenues dans différentes prisons en France. Elle allait donc au-delà des rapports périodiques et des enquêtes diligentées par le ministère pour se rendre compte elle-même de l’état sanitaire et de salubrité de la détention de ces militantes.

    Elle agissait aussi pour favoriser l’envoi de livres en prison et permettre à celles qui le désiraient de suivre un cursus d’études universitaires, ce qui permit à plusieurs d’entre elles de devenir avocates après leur libération. D’ailleurs, plusieurs années après, ces ex-prisonnières lui manifestèrent leur immense reconnaissance par un accueil enthousiaste lors de sa visite à Alger en tant que présidente du Parlement européen, suivi d’une fête chaleureuse et très amicale le lendemain.

    Plusieurs condamnés à mort sauvés grâce à Simone Veil 

    Pendant la Guerre d’Algérie, il fallait différer au maximum les exécutions des condamnés à mort, dont plusieurs centaines attendaient avec angoisse le jour fatal. A partir de 1959, pour gagner toujours et encore du temps et repousser au maximum l’exécution, le ministère de la Justice, avec E. Michelet à sa tête et Mme Veil, freinaient avec détermination, par tous les moyens possibles, et souvent avec succès, les décisions d’exécution.

    Ils étaient toujours disponibles pour accueillir tous les recours déposés par les avocats, donner suite autant qu’ils le pouvaient à tous les moyens de procédure, en retardant les délais de transmission des dossiers et du recours en grâce pour gagner du temps. Ils donnaient suite aux efforts des avocats pour surseoir à la fixation de la date d’exécution de leurs clients respectifs.

    A l’époque, l’attitude ferme et la bienveillance de Mme Veil devenaient, avec celle du ministre de la Justice, une des clefs de l’espoir pour sauver le maximum de vies, dans l’attente des négociations qui se profilaient à l’horizon. Pour nous, prisonniers, et nos avocats dévoués et courageux, malgré la terreur de l’OAS, je peux le dire aujourd’hui : «Le temps gagné, grâce à ces stratagèmes, c’est assurément une vie sauvée». La dernière exécution fut celle de Salah Dehil, à Lyon, le 31 janvier 1961.

    Ensuite, toute exécution fut suspendue grâce aux efforts du ministère de la Justice auprès du général de Gaulle pour faire prévaloir, sans annonce publique ni officielle, le gel de fait de toute exécution de condamné à mort. Cette décision de fait renforça les perspectives ouvertes par l’exigence politique de la négociation avec le GPRA qui aboutit aux Accords d’Evian et au Cessez-le-feu le 19 mars 1962, et, finalement, à l’Indépendance.

    Pour toutes ces raisons, je pense que c’est un devoir de vérité historique que de rendre un vibrant hommage à cette grande dame, amie de l’Algérie, pour son action silencieuse, inlassable, en faveur du respect de la dignité et du triomphe des droits des prisonniers FLN pendant les dures années de la Guerre de Libération.

    Sa haute fonction officielle à la tête de l’administration pénitentiaire n’a nullement freiné sa volonté d’être du côté de la justice et de la dignité humaine dont elle avait été privée pendant son horrible déportation à l’adolescence dans les camps de l’Allemagne nazie. Elle était au contraire plus motivée et tenace dans sa participation particulièrement efficace menée avec une grande discrétion pour atténuer les souffrances des prisonniers politiques algériens.

    C’est ainsi que, à l’écoute de nos avocats en lutte, elle prenait avec la plus grande modestie une part invisible pour le grand public, dans la lutte des intellectuels, des journalistes, des scientifiques, comme Jean-Paul Sartre, Pierre Vidal-Naquet, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Françoise Giroud, Jean Daniel, Michel Rocard, Laurent Schwartz et tant d’autres militants anticolonialistes français qui rejoignaient la lutte pour l’indépendance et la liberté du peuple algérien. Ils ont sauvé l’honneur de la France et de la République pendant la Guerre d’Indépendance et rendu possible l’espoir d’un rapprochement futur des peuples algérien et français.

    SOURCE : http://www.elwatan.com/contributions/hommage-d-un-ancien-prisonnier-politique-fln-a-madame-simone-veil-11-07-2017-348810_120.php

     

    Mais Simone Veil est plus connue 

     pour avoir défendu et fait adopter la loi 

     sur l’IVG. 

    Insultée, calomniée par une partie de la droite et toute l’extrême-droite, Simone Veil, contre vents et marées a gagné son combat en faveur de l’IVG grâce à la gauche et les centristes unanimes. 

    Insultée, elle dit avoir ressenti 

    "un immense mépris" 

    Dans les tribunes du public, à l'inverse de l'hémicycle, ce sont les femmes qui dominent, venues en masse écouter la ministre. Suivent plus de 25 heures de débats durant lesquelles Simone Veil affronte insultes et propos de "soudards", racontera-t-elle, pendant qu'à l'extérieur, des militants anti-avortement égrènent leurs chapelets. Trois jours et deux nuits de combat contre les tenants de sa propre majorité. Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, voit dans ce texte "une monstrueuse erreur historique". Les députés de droite René Feït et Emmanuel Hamel diffusent dans l'hémicycle, à tour de rôle, les battements d'un cœur de fœtus de quelques semaines. Le premier affirme que si le projet était adopté "il ferait chaque année deux fois plus de victimes que la bombe d'Hiroshima". Jean Foyer, ancien garde des Sceaux du général de Gaulle, lance : "Le temps n'est pas loin où nous connaîtrons en France ces avortoirs, ces abattoirs où s'entassent des cadavres de petits hommes." 

    Le pire reste à venir. Hector Rolland reproche à Simone Veil, rescapée des camps de la mort, "le choix d'un génocide". Jean-Marie Daillet évoque les embryons "jetés au four crématoire". Jacques Médecin parle de "barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis".

    « Joyeux anniversaire Serge Lama : les appelés et rappelés de la guerre d’indépendance de l’Algérie n’oublieront jamais sa chanson « Algérie »Une société malade »

  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Février 2019 à 19:16

    Cette femme d'état hors du commun mérite le plus grand respect pour toute sa carrière et son action inlassable pour la paix et la justice..

    L'extrême-droite la hait et se défoule dans ces actes ignobles.

    Des tags odieux ont dû être effacé à Nice devant son ancien lycée qui ne porte pas son nom, ce qui implique un véritable acharnement de la part des coupables.

    La bête immonde se réveille et agit au grand jour: comme en février 1934, l'extrême-droite a tenté d'investir l'Assemblée Nationale, attaqué des parlementaires...

    Soyons vigilants!

     

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