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Gisèle Halimi au Panthéon : ce que cache la polémique
ll était une fois Gisèle Halimi
Le 24 juillet 2020, disparaissait la célèbre avocate. France 5 diffuse un documentaire retraçant l’histoire de cette femme de combat et de convictions.
Quand Gisèle Élise Taïeb vient au monde, sous le soleil tunisien en 1927, son père tarde à annoncer sa naissance. Pour cet homme aux valeurs traditionalistes, la naissance d’une fille est difficile à encaisser. Dès ses premiers instants, la condition de femme pèse de tout son poids sur les épaules de cette enfant que l’on connaît aujoued’hui sous le nom de Gisèle Halimi, avocate de combat.
La naissance d’une conscience révoltéeLe poids étouffant de sa condition de femme fait naître très tôt en elle un sentiment de révolte. À l’âge de 13 ans, la jeune Gisèle mène une grève de la faim pour n’être plus contrainte à servir ses frères. Un premier coup d’éclat qui s’avère payant. Cette victoire acte la naissance d’une conscience révoltée. Quand la peste noire de Vichy gagne la Tunisie, à la tête d’un commando, elle escamote le portrait du vieux maréchal. Poussée par l’envie de devenir avocate, elle quitte sa terre natale et débarque à Paris en 1945. Si son arrivée dans la capitale lui ouvre des horizons nouveaux, le rêve se retrouve terni. Racisme, antisémitisme et sexisme quotidien exacerbent au fond de sa chair sa condition de femme juive venue d’un autre pays.
Légalisation de l’avortement, criminalisation du viol, parité
Le temps des études est également celui des premières amours et du premier avortement clandestin. Quand se déclare la guerre d’Algérie, Gisèle Halimi prend fait et cause pour l’indépendance, et embrasse une carrière d’avocate politique. Pour elle, « la défense de l’indépendantisme et la cause des femmes sont un seul et même engagement ». Au cœur de ses plaidoiries, les crimes de guerre dont sont victimes les femmes algériennes. Les décennies suivant la fin du conflit verront l’avocate s’engager dans tous les combats féministes : légalisation de l’avortement, criminalisation du viol, parité. Mais également pour la dépénalisation de l’homosexualité, contre la guerre et le libéralisme.
Jusqu’à son dernier souffle
Si ce documentaire s’avère un bel hommage rendu à une femme dont le courage ne peut que susciter l’admiration, il souffre de quelques lacunes. Sa courte durée, d’à peine plus d’une heure, l’oblige à faire certains choix éditoriaux et à ne pas aborder certains combats menés par Gisèle Halimi. Il est par exemple dommage de le faire se terminer sur l’adoption du projet de loi sur la parité, début de couronnement d’un long combat mené sur plus d’une vingtaine d’années. En effet, loin de déposer les armes, Gisèle Halimi ne cessa jamais de combattre jusqu’à son dernier souffle, en écrivant des livres, en donnant des conférences et en intervenant dans les médias. Il n’aborde pas non plus ses engagements auprès de l’association altermondialiste Attac, dont elle fut l’une des cofondatrices, ou encore son engagement en faveur de la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Un considérable héritage de lutte
À sa mort, le 24 juillet 2020, A lire également également l’avocate militante laissa derrière elle un considérable héritage de lutte. Celui d’une lutte à la croisée des oppressions, née de sa conscience d’être femme, juive et colonisée, au sein d’une société corsetée par le racisme et l’antisémitisme, et dominée par les hommes. Le souvenir de sa vie ne cessera jamais d’être une intarissable source d’inspiration et d’espoir.
Si vous souhaitez visualiser le documentaire de France 5 disponible jusqu’au 6 mai 2022
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Mais peut-être vous faudra-t-il créer un compte
c'est ce que j'ai fais
Célèbre avocate, Gisèle Halimi s'est éteinte le 28 juillet 2020, à l'âge de 93 ans. Rebelle et féministe, elle fut de tous les combats du XXe siècle : la lutte contre la colonisation, le patriarcat, les traditions et la domination des hommes. De la défense des indépendantistes algériennes à la parité, en passant par le droit à l'IVG et la pénalisation du viol, Gisèle Halimi a initié et accompagné la plus grande révolution sociale et culturelle de la seconde moitié du XXe siècle : l'émancipation des femmes.
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https://www.france.tv/france-5/la-case-du-siecle/3116019-gisele-halimi-la-cause-des-femmes.html
Gisèle Halimi au Panthéon : ce que cache la polémique
Gisèle Halimi au Panthéon : ce que cache
la polémique
Nous les anti colonialistes
Nous les appelés
Contre notre volonté
A la guerre d’indépendance
De l’Algérie
N'en déplaise à Madame
Fatima Besnaci Lancou
nous demandons toujours
l'entrée au Panthéon
de Gisèle Halimi !!!
Envisagée un temps par le président Emmanuel Macron, l’entrée au Panthéon de l’avocate Gisèle Halimi, figure anticolonialiste autant que féministe, serait désormais compromise. Et pas forcément pour les raisons que l’on imagine.
En janvier dernier, lors de la remise du rapport Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, on avait enregistré de vives réactions des deux côtés de la Méditerranée. Si, officiellement, les autorités algériennes semblaient rejeter en bloc ce texte – notamment parce que, à leurs yeux, il n’incitait pas suffisamment l’État français à la repentance – , en France, en revanche, l’accueil avait été plus contrasté mais en général assez favorable.
Ainsi, la plupart de ses préconisations pour apaiser les relations entre Paris et Alger et calmer les douleurs toujours vives des divers acteurs de la guerre près de soixante ans après les accords d’Évian, avaient plutôt été considérées par la grande majorité des commentateurs comme des mesures symboliques ou pratiques de bon sens. Avant qu’on oublie quelque peu le travail de Benjamin Stora au fil des semaines.
Dénoncer l’ensemble du rapport
Quatre mois après, alors qu’elle n’avait suscité que très peu de commentaires, l’une de ces mesures symboliques fait étonnamment l’objet d’une vive polémique en France. Il s’agit de « l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie », pour reprendre les mots de Benjamin Stora saluant l’avocate récemment disparue et qui avait courageusement défendu des militants et surtout des militantes du Front de libération nationale (FLN) risquant de lourdes peines pendant le conflit.
Certes, l’idée de lui accorder cet honneur peu commun – seules quelques dizaines de « grands hommes » sont inhumés au Panthéon – avait été critiquée dans une tribune signée par une cinquantaine de femmes se présentant comme « femmes et filles de harkis », et publiée par le Figaro. Mais le texte n’avait guère attiré l’attention. Il avait d’ailleurs pour principal but affirmé de dénoncer l’ensemble du rapport supposé « obéir à des considérations politiques et non historiques, au préjudice de la vérité sur les harkis ».
En clair, voulait-on dire, le texte de Stora ne prenait pas suffisamment en considération les revendications des descendants des soldats supplétifs de l’armée française pendant la guerre, injustement traités des deux côtés de la Méditerranée à l’issue du conflit.
Des dizaines de milliers de signatures
Mais voilà qu’à la mi-mai, un journaliste de la radio France Inter a déclaré à l’antenne avoir appris de bonne source – auprès d’un conseiller de l’Élysée, peut-on supposer – que l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi ne ferait plus partie des gestes envisagés par le président Emmanuel Macron pour continuer à suivre les préconisations de Benjamin Stora (reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans l’assassinat de l’avocat nationaliste lié au FLN Ali Boumendjel, ouverture facilitée d’archives concernant la guerre, etc.).
Ce qui, jusque là, n’avait guère fait problème est alors devenu tout à coup une « affaire » très commentée dans les médias. Paradoxalement, non pas pour une raison directement liée à la mémoire de la guerre d’Algérie, mais parce que ce recul « probable » de l’Élysée a choqué… des militantes féministes.
Que s’est-il passé ? Il semble que le président français ait reçu récemment des représentants des harkis et qu’il les a entendus répéter les critiques émises dans la tribune du Figaro. De quoi l’inciter, peut-être, à ne pas se précipiter, à moins d’un an de l’élection présidentielle, pour honorer Gisèle Halimi, et, par là même, mécontenter les descendants des harkis, et peut-être aussi les « pieds-noirs », bien que ces derniers ne se soient pas exprimé sur le sujet.
Et c’est ce que la source élyséenne du journaliste de France Inter lui aurait confié. Ce qui n’a pas conduit avant tout, comme on aurait pu le supposer, les défenseurs des harkis à se féliciter. Mais qui a suscité une immense colère dans les rangs des organisations féministes françaises, lesquelles ont lancé une pétition qui a recueilli non pas une cinquantaine de signatures, comme la tribune du Figaro, mais des dizaines de milliers.
La raison en est simple. Gisèle Halimi est avant tout en France une figure du combat pour la défense des femmes : elle fut, grâce au célèbre procès de Bobigny en 1972, une pionnière parmi les défenseurs du droit à l’avortement et à la libre disposition de leur corps par les femmes. Elle fut également, à la suite d’un autre procès, en 1980, la principale responsable de la criminalisation du viol dans le droit français.
D’où l’importance, aux yeux des pétitionnaires, que revêt son entrée au Panthéon, indépendamment de son combat anticolonialiste. Une panthéonisation qui n’est peut-être même pas remise en cause, en tout cas pas définitivement, puisque Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l’Égalité des chances, a tenu à faire savoir qu’elle soutenait cette initiative, sans être contredite.
Petit « guide »
Ainsi, il apparaît que le rapport Stora, loin d’être simplement oublié, est désormais devenu, non seulement, un petit guide permettant au gouvernement français de prendre certaines des mesures préconisées, mais aussi, un outil susceptible d’être utilisé par des groupes de mémoire et des chercheurs. Cette utilisation, tout en la détournant de son objet, dans le cas présent pour servir la cause féministe, mais aussi, en s’appuyant sur son contenu, tente d’infléchir la position des autorités des deux côtés de la Méditerranée.
C’est en effet ainsi qu’on peut interpréter les récentes revendications d’historiens algériens qui ont réclamé – notamment à la faveur d’une tribune publiée fin mars dans la presse d’Alger puis au cours d’un récent séminaire lors de la commémoration des massacres de Sétif en mai 1945 – que l’on ouvre plus largement l’accès, non seulement, aux archives françaises comme le demande Stora, mais aussi aux archives algériennes.
Loin d’être un simple rapport quasi-inoffensif, il est bien possible qu’il agisse implicitement à la manière d’une bombe à retardement. À suivre, donc.
« Soutenir les Ukrainiens et refuser les logiques de puissancesMERCI à Viviane Candas qui m’annonce le décès d’une femme d’exception : Madame Anne Beaumanoir »
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Commentaires
La question des harkis est effectivement fort délicate.J'ai tenté d'expliquer ma position à Mme Fatima Benaci Lancou au cours d'un échange que nous avions eu par internet. En gros j'étais plus disposé à plaindre les harkis qu'à les blâmer. Il reste que je comprends l'animosité qui perdure en Algérie par rapport aux exactions que certains ont pu commettre. Que n'ai-je dit ! J'avais eu mille fois tort de ne pas déserter quand on m'a appelé pour aller faire la guerre en Algérie. J'avais fait preuve de lâcheté ! Venant d'une fille de harki la critique, annoncée de manière violente, m'avait paru cocasse ! J'ai donc cessé tout échange avec cette dame.
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Tout à fait d'accord. J'avais déjà signalé sir ce blog l' incompréhension de Mme Besnaci-Lancou à admettre que des appelés aient pu avoir un regard à la fois lucide et sans haine envers les harkis. Lorsque j'ai quitté la harka dont j'avais la charge début 1962 j'ai du procéder à un "confessionnal" pour mesurer le risque de ne pas les ramener en France. Tous n'avaient pas été des enfants de chœur. Mais je les avaient préparé à l'évolution politique en leur évitant par exemple tout agressivité vis à vis de la population..et j'ai appris depuis qu'aucun n'avait payé de sa vie le retour dans son village. Mais d' autres officiers les ont leurrés jusqu'au bout.
Lorsque j'ai tenu ce langage à Mme Besnaci-Lancou, j'ai provoqué aussi cette réaction épidermique dont parle Jacques. Il ne faut désormais donner aucune importance à ce genre d'interlocutrice toujours "énervée" et sectaire ! Il est regrettable que France 5 lui ait encore offert cette tribune après d'autres médias.