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Commémorations du 17 octobre 1961 dans le Gard
Commémorations
du 17 octobre 1961 dans le Gard
Oucine Benchouyeb, Président de France-El Djazaïr dénonça le crime d'Etat commis par la France le 17 octobre 1961 à Paris.
L'allocution d'Oucine Benchouyeb :
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l'époque dont le premier ministre Michel Debré était partisan de l'Algérie française.
Ce jour- là et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent, arrêtés, emprisonnés, torturés notamment par la force de police « auxilliaires » ou, nombre d'entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes des forces de la police parisienne aux ordres du Préfet Maurice Papon.
Plus d'un demi-siècle après, la vérité est partiellement en marche. Cependant la France n'a toujours pas reconnu totalement sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées en particulier la guerre d'Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elles ont entrainées, comme ce crime d'Etat que constitue 17 octobre 1961.
Nous demandons aux autorités de la République une parole claire, au moment ou certains osent encore aujourd'hui continuer de parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux d'Alger contre la République, à ”honorer” les criminels de l'OAS.
-Que la lumière soit faite sur des algériens survivants du 17 octobre envoyé en fait dans des camps de la mort de l'Algérie coloniale.
-Que la création d'un lieu de mémoire voué à cet événement, soit rapidement mise en oeuvre par les autorités de l'Etat, de la ville de Paris et la région Ile-de-France.
-Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens des deux rives ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échaper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression.
-La vérité doit être dite sur l'organisation criminelle de l'OAS que certains au sein de la droite et extrême droite politique veulent réhabiliter.
-Faute d'une telle reconnaissance, le système de ce type de violence policière se reproduit.
Ce n'est qu'a ce prix que pourra disparaitre la séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie à savoir le racisme, l’antisémitisme, l'islamophobie et les discriminations dont sont victimes aujourd'hui nombre de citoyennes et de citoyens, ressortissants d'origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.
On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations.
Il est temps:
-Que le président de la République, au nom de la France, confirme par un geste fort la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat, comme il l'a fait en septembre 2018 pour l'assassinat de Maurice Audin et en mars 2021 pour celui de maitre Ali Boumendjel par l'armée française et pour l'existence d'un système de torture généralisé.
-Que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire de population civile pendant la guerre d'Algérie dans des camps.
-Que la liberté d'accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.
-Et qu'une loi de réparation soit mise en oeuvre.
Oucine BENCHOUYEB
Comme il a raison Oucine Benchouyeb lorsqu’il écrit : « Nous demandons aux autorités de la République une parole claire, au moment ou certains osent encore aujourd'hui continuer de parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux d'Alger contre la République, à ”honorer” les criminels de l'OAS. »
Comme il a raison le président de France-El Djazaïr lorsqu’il écrit : « La vérité doit être dite sur l'organisation criminelle de l'OAS que certains au sein de la droite et extrême droite politique veulent réhabiliter ». « On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations ».
En effet le président Macron a surtout omis de rendre hommage aux victimes de l’OAS au contraire il a honoré les descendants de cette organisation terroriste responsable de 2700 victimes en Algérie et en France le 26 mars 2021. Rappelons-nous :
Michel Dandelot
Le 1er juin 2021 – 10h30
Jean-François GAVOURY écrit
sur sa page Facebook
Il y a soixante ans jour pour jour, heure pour heure, ma mère et moi apprenions par une radio périphérique l’assassinat de mon père à Alger, dont il était le commissaire central : il avait été tué la veille à 23h30.
Nous vivions à Charleville, dans les Ardennes ; je venais d’avoir onze ans.
En même temps, à titre associatif, que celui de l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France, je porte avec fierté le souvenir de ce père.
Alger a pu compter sur Roger Gavoury de février 1960 à mai 1961, parfois dans des circonstances d'extrême tension, en particulier lors des manifestations musulmanes du 11 décembre 1960 au cours desquelles il s’est physiquement interposé pour éviter que leur répression par des parachutistes désireux d’en découdre ne se solde par un véritable carnage.
Dès hier, l'Algérie, au travers de son quotidien "El Watan", a tenu à rendre hommage à sa mémoire en lui donnant et en me donnant la parole.
La France n'en a pas fait autant, dont j'avais sollicité en vain le chef d'État à cette fin.
Entre victimes et partisans de l’OAS, il a fait le choix d’honorer ostensiblement ces derniers le 26 mars : deux mois après, ses conseillers le lui ont fait assumer.
En d’autres termes, l’Algérie reconnaît les victimes de l’OAS cependant que la France les ignore.
L’article dont il s’agit a occupé une pleine page de l’édition papier du journal.
Voici, infra, la reproduction de sa version en ligne.
Jean-François Gavoury
Pupille de la Nation
Orphelin de guerre
Officier de l’Ordre national du Mérite
Médaille d’honneur de la police
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EL WATAN
[Source : https://www.elwatan.com/.../60e-anniversaire-de...]
C O N T R I B U T I O N
JEAN-FRANÇOIS GAVOURY 31 MAI 2021
60e ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT
DE ROGER GAVOURY :
Le premier fonctionnaire français tué par l’OAS
Je vous le rappelle au nom du droit des morts
à la parole et à la mémoire : l’OAS m’a tué !
C’était il y a soixante ans, jour pour jour.
C’était surtout quarante jours après le putsch d’Alger : Alger, où j’avais la charge du maintien de l’ordre et de la sécurité publique.
Sur le moment, les autorités civiles, militaires et judiciaires ont fait les choses en grand
- j’ai bénéficié d’une cérémonie d’obsèques solennelle en l’École de police d’Hussein-Dey ;
- on a déposé sur mon cercueil, outre la croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent qui m’avait été attribuée à la date du 21 avril 1961 (!), la médaille de chevalier de la Légion d’honneur et la médaille d’honneur de la police, décernées ces dernières à titre posthume ;
- j’ai été cité à l’ordre de la Nation ;
- on m’a promu contrôleur général de la sûreté nationale ;
- une fois ma dépouille transférée en métropole, le ministre de l’intérieur, Roger Frey, s’est rendu sur le lieu de ma sépulture et a assisté à mon inhumation ;
- les participants à mon assassinat ont été identifiés, recherchés, interpelés, traduits en justice et, pour trois d’entre eux, condamnés à mort et exécutés ;
- mon nom est inscrit sur une stèle présente depuis juin 2005 dans l’enceinte de l’institution qui forme les commissaires de police à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or ;
- il est également gravé sur deux monuments aux morts, car mon acte de décès a été revêtu en novembre 1961 d’une mention marginale : « Mort pour la France ».
Nombre de mes collègues, de hauts fonctionnaires, de journalistes, d’historiens m’ont consacré quelques pages de leurs ouvrages, contribuant ainsi à l’entretien de mon souvenir, au détriment cependant de la considération due à tant d’autres policiers de tous grades et membres des forces de l’ordre abattus par l’OAS et soumis à la loi de l’oubli.
Le sort particulier qui m’a été réservé, je le dois à la date de mon assassinat davantage qu’à l’émotion suscitée par les circonstances dans lesquelles il a été commis.
J’ai en effet été la première victime causée par cette organisation dans les rangs de la fonction publique de l’État.
Mais que reste-t-il, aujourd’hui, de tout cela ?
Je laisse au plus jeune de mes fils, devenu orphelin de guerre à l’âge de onze ans, le soin de vous l’exposer, investi qu’il est depuis une quinzaine d’années dans la défense, contre vents mauvais et marées brunes, de la mémoire de l’ensemble des victimes de l’OAS.
Roger Gavoury
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Il y a soixante ans jour pour jour, deux des membres du "quarteron de généraux en retraite", Maurice Challe et André Zeller, étaient condamnés par le Haut Tribunal militaire à quinze ans de détention criminelle pour s’être rendus « coupables l'un et l'autre d'avoir en avril 1961, et notamment les 21 avril et jours suivants, en tout cas depuis temps non prescrit, sciemment dirigé et organisé un mouvement insurrectionnel».
Il y a soixante ans jour pour jour, l’OAS assassinait à coups de poignard de parachutiste le commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, faisant de mon père le premier fonctionnaire de l’État tué par cette organisation. Celle-ci s’était signalée quatre mois auparavant en poignardant dans le dos un avocat libéral algérois, Me Pierre Popie : c’était le 25 janvier 1961, quelques jours avant l'acte de naissance officiel de ce groupe armé qui ne tardera pas à s’ériger en authentique partie belligérante dans le cadre de ce conflit entre la France et sa colonie algérienne.
Dans les quarante-huit heures suivant la mort de mon père, Le Monde écrira : « Commissaire central à Casablanca et, après l'indépendance marocaine, principal conseiller français du gouvernement chérifien pour les questions concernant la police, M. Roger Gavoury avait pu attirer sur lui, au Maroc ou à Paris, la haine d'éléments extrémistes. »
En poste au Maroc d’août 1955 à février 1959, il aura connu, en effet, le changement de statut de ce pays et en aura techniquement assisté les responsables pour ce qui concerne l’organisation de la direction générale de la sûreté nationale (fondée le 16 mai 1956 et confiée à M. Mohammed Laghzaoui) ainsi et surtout que pour la mise en place de la relève des fonctionnaires de police français (3822 au 2 mars 1956) par des personnels marocains (1774 à la même date).
Mais il ne connaîtra pas l’indépendance de l’Algérie alors même qu’en prenant ses fonctions de commissaire central le 23 mai 1961, il s’était adressé à ses collaborateurs en ces termes : « L’horizon commence à blanchir et bientôt, je l’espère, luira sur l’Algérie l’aube de la paix. Je voudrais, de toute mon âme, être le Central de la pacification, la vraie cette fois, celle des esprits. Je rêve d’une Alger où les hommes s’entr’aiment enfin, sans plus être séparés par des races, des religions ou des mers. »
Survivant à une blessure contractée lors d’une opération de maintien de l’ordre au Maroc grâce à l’un de ses collaborateurs secouriste, payant de sa personne en se portant constamment aux endroits où la violence des manifestations algéroises de décembre 1960 prenait la forme la plus dangereuse, afin de limiter les heurts entre les communautés, visé par un attentat au plastic commis dans son studio le 14 avril 1961, mon père se croyait protégé par le sort. Mais la baraka ne vaut pas assurance contre la mort.
Privé dès l'enfance du droit à la vie ou à la vue, privé d'un bras, d'une jambe ou du membre le plus proche de leur famille, tel a été le sort des victimes de la guerre d'Algérie.
Respectueux de leur devoir filial de mémoire, les descendants de victimes civiles et militaires de l'OAS ont dû assister, impuissants, à l'absence de devoir de mémoire de l'État et se résoudre à se passer de la reconnaissance officielle par la Nation de leur souffrance si singulière.
C’est en vain que j’ai attendu, quatre longues semaines durant, l’annonce par le Président de la République d’un geste à l’occasion du 60e anniversaire de l’assassinat de mon père : cf. infra le texte de la correspondance dont je l’ai rendu destinataire le 1er mai (extraits).
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Pour l'honneur retrouvé de l'État face aux nostalgiques du putsch d'Alger.
Dans le cadre d'une cérémonie associative encadrée par des partisans du putsch des généraux et d'anciens jusqu'au-boutistes de l'Algérie française, Madame la ministre Geneviève Darrieussecq a déposé en votre nom, le vendredi 26 mars, une gerbe de fleurs devant le Mémorial national des "Morts pour la France" en AFN, quai Branly à Paris.
Dans le prolongement immédiat de ce geste en leur direction, un ancien officier de gendarmerie ayant appartenu au "SO" du Front national et un général radié des cadres de l'armée à titre disciplinaire par décret du 23 août 2016 se sont attelés à la rédaction d'un pronunciamiento, puis à la recherche de soutiens y compris parmi les militaires d'active, et ils ont fait publier leur texte dans un hebdomadaire le jour même du 60e anniversaire du putsch d'Alger le 21 avril 1961.
Dans l'exercice de ses fonctions à la tête des services de maintien de l'ordre républicain dans le Grand Alger, mon père, Roger Gavoury, commissaire central adjoint puis commissaire central, a dirigé la lutte contre l'OAS, dont il a été la première victime dans les rangs de l'État, le 31 mai 1961 : il a été cité à l’ordre de la Nation et la mention "Mort pour la France" a été apposée sur son acte de décès. Trois des dix participants à son assassinat ont été condamnés à mort et exécutés.
Il me paraît y avoir lieu de lever toute ambiguïté sur le sens à donner à votre contribution à la commémoration de la manifestation algéroise du 26 mars 1962 intervenue sur appel de l'OAS à l’insurrection ; il importe également d’exprimer votre désapprobation à l'égard de ceux qui, aujourd'hui, déshonorent la République en rompant ce pacte de neutralité et de loyauté auquel ils sont légalement tenus.
C’est dans cette double perspective que je vous propose de bien vouloir vous recueillir avec moi, le 31 mai, devant la première stèle érigée par une collectivité publique « EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE L'OAS EN ALGÉRIE ET EN FRANCE, CIVILS, MILITAIRES, ÉLUS, MAGISTRATS, FONCTIONNAIRES, DÉFENSEURS DES INSTITUTIONS ET DES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE » : elle a été dévoilée le 6 octobre 2011, au cimetière du Père-Lachaise, par M. Bertrand Delanoë, alors maire de la capitale.
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Rien n’est venu, alors même que sa présence en ce lieu et à cette date aurait pu consacrer sa conception conciliatrice des mémoires de la guerre d’Algérie en en élargissant le champ.
La proposition que je m’étais permis de lui soumettre ne tendait pas à obtenir un geste compensatoire ou de réparation de l'erreur ayant consisté à honorer le souvenir d'alliés objectifs de l'OAS sans s'être soucié au préalable des quelque 2.700 victimes de cette partie belligérante dans le conflit entre la France et l'Algérie.
Il s'agissait, en effet, d'une demande positive, visant à ce que soit posé un acte ayant valeur de symbole d'un sursaut mémoriel au bénéfice des serviteurs loyaux des institutions de la République à l'époque où celle-ci vacillait.
Bien entendu, l’intervention entendait également montrer à Monsieur Emmanuel Macron l’état de vigilance et le niveau d’exigence des familles de victimes de l'OAS au regard du respect du principe de pluralité dans la gestion de la politique publique de mémoire concernant la guerre d’Algérie.
Que M. Benjamin Stora reçoive ici l’expression de ma vive gratitude, puisqu’il était disposé à prendre part à cet hommage aux côtés du chef de l’État et de représentants de deux associations de victimes.
Ci- dessous :
Immeuble 4, rue du docteur Trolard à Alger.
Vue extérieure du studio n° 515 (côté impasse du docteur Trolard) occupé par une voisine de M. Roger Gavoury, commissaire central adjoint, locataire de l’appartement n° 513, après l’explosion, survenue le 14 avril 1961 [l’attentat, revendiqué par l’OAS, a été commis à l’aide d’une charge de plastic déposée devant la porte du logement faisant face à celui du commissaire Gavoury, dévastant les deux appartements].
7 commentaires
Ô combien je partage avec vous Jean-François Gavoury cette mémoire de nos pères assassinés, ainsi que votre déception devant l'absence de réponse présidentielle à votre demande.
Toutes mes pensées, amitiés fidèles
Cet anniversaire ne doit pas être facile à vivre pour toi, cher jean François. Bien amicalement
Mon amical et fraternel soutien ton ami Jean.
Je comprends la souffrance d'une telle situation, cependant il faut avoir confiance dans l'avenir, car les cause justes triomphent toujours.
Georges Eretzian Merci beaucoup de votre intervention. Je suis moi-même convaincu que les causes justes finissent toujours par triompher. S'agissant de celle que mon association et moi portons, j'avoue préférer la voir s'imposer ... de mon vivant ! Bien cordialement.
Cher Jean-François, merci de ce rappel, bien nécessaire en ce temps où la bête immonde est à nos portes.
Une nouvelle fois le président Macron à choisi son camp... la mémoire des factieux plutôt que le souvenir de grands démocrates.
Mon soutien fraternel et amical.
Ils ont osé… Ils ont occulté l’OAS !!!
Aucun président de la République avant M. Macron avaient osé envoyer (son, sa ministre) en l'occurrence pour le 26 mars 2021 la Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq participer à la Commémoration de la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962 au mémorial du Quai Branly, c’est une honte !!!
Auprès de Geneviève Darrieussecq et Arnaud Ngatcha, Hugues Renson commémorait le 26 mars dernier la fusillade de la rue d’Isly.
SOURCE : https://huguesrenson.fr/commemoration-de-la-fusillade-de-la-rue-disly-au-memorial-du-quai-branly/
**************************************************************Chaque année, le 26 mars, des groupuscules extrémistes organisent des commémorations pour les victimes de la fusillade rue d'Isly à Alger qui ne sont pas « Mortes pour la France », mais tombées pour soutenir l’OAS qui les a manipulées et les noms de ces victimes n’auraient jamais dû avoir leur place au Mémorial National du Quai Branly à Paris, qui devait demeurer le lieu d’hommage aux militaires français « Morts pour la France » durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc, sans oublier les victimes des jusqu’au-boutistes de l’Algérie française agissant au sein des commandos de la mort de l’OAS : c’est-à-dire les civils, les représentants des forces de l’ordre, les magistrats, les fonctionnaires de l’éducation nationale restés fidèles à la République jusqu’au sacrifice de leur vie.
RAPPELS HISTORIQUES
Suite à la proclamation du cessez-le-feu entre la France et le FLN (accords d'Évian), le 19 mars 1962, qui marque officiellement le cessez-le-feu de la guerre d'Algérie, le Haut-Commandement de l'OAS (général Raoul Salan) lance un appel aux Français d'Algérie le 22 mars 1962.
Les troupes du contingent sont déclarées comme une force d'occupation. Un combat fratricide, la bataille de Bab El Oued, débute le 23 mars 1962. Elle oppose l'Armée Française (général Charles Ailleret) aux Commandos Delta dans le quartier européen d'Alger.
Le dénouement de ce siège est la fusillade de la rue d'Isly, le 26 mars 1962. Le bilan officiel fait état de dizaines de morts et de centaines de blessés, pourtant la guerre d'Algérie est censée être terminée...Le 18 mars 1962, des accords sont signés à Evian par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA). Ces accords qui allaient pouvoir mettre fin à la guerre d’Algérie stipulaient, dans leur Article 1, que le cessez-le-feu serait proclamé le 19 mars 1962 à midi sur le terrain par les Etats-majors de l’Armée française et de l’Armée de Libération Nationale Algérienne.
Le même 18 mars, l’OAS présente publiquement les accords d’Evian de façon tronquée.
Le 19 mars les suppléments hebdomadaires des journaux algériens « La Dépêche quotidienne » et « Le Journal d’Alger » se font largement l’écho de l’OAS et annoncent « l’abandon complet de la minorité européenne livrée aux tueurs du F.L.N. »
Le 19 mars, alors que le général Ailleret proclame le cessez-le-feu, une émission pirate de l’OAS diffuse une déclaration du général Raoul Salan – chef de l’OAS – qui condamne le cessez-le-feu et donne l’ordre de « commencer immédiatement les opérations de harcèlement dans les villes, contre les forces ennemies », c'est-à-dire l’armée, le contingent, les CRS, les gendarmes, les policiers, etc.
Le 20 mars :
A Oran l’OAS règne et multiplie – depuis des jours déjà – fusillades, ratonnades et hold-up sous les ordres de Jouhaud et de ses adjoints.
Une édition spéciale OAS est tirée à « l’Echo d’Oran » et diffusée à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires Des commandos OAS, en uniforme, parcourent la ville et un affrontement avec l’armée fait 10 morts et 16 blessés.
A Alger Un commando « Delta » de l’OAS assassine, dans la cellule du commissariat de police d’Hussein-Dey où ils sont détenus, 4 algériens arrêtés, tandis que d’autres ultras lâchés en ville « ratonnent » dans les quartiers européens qu’ils veulent interdire complètement aux Algériens.
- Un détachement OAS tire au mortier sur l’un des endroits des plus populeux d’Alger, la place du gouvernement au bas de la Casbah. Bilan : 24 morts et 60 blessés, tous algériens.
Le 22 mars à Oran l’OAS s’empare de tout l’argent liquide de la Banque d’Algérie située Bd Galliéni – Butin : 2 milliards 200 millions de francs de l’époque !
Nuit du 22 au 23 mars, Alger
Les commandos « Z » de l’OAS s’installent à Bab-el-Oued. Au matin, une patrouille d’appelés du contingent tombe dans leur embuscade : bilan, 3 morts et 3 blessés graves.
Les gendarmes mobiles bouclent le quartier. L’OAS tire des balcons, des terrasses, transformant les rues en terrain de guérilla. Malgré l’appui de l’aviation, l’OAS tire à la mitrailleuse sur les gendarmes. Bilan : 15 morts, 70 blessés.
Bab-el-Oued est alors bouclée, coupée d’Alger et fouillée durement de fond en comble.
Briser le blocus de Bab-el-oued telle est sa dernière chance, estime l’OAS, pour réussir à Alger, et faire oublier aux « pieds noirs » l’échec de la bataille de Bab-el-Oued et l’arrestation de Jouhaud à Oran par le général Katz. et désarmer l’armée en lui opposant une masse de civils désarmés, pour recréer au centre d’Alger une zone insurrectionnelle.
- Le Préfet de police d’Alger, Vitalis Cros, interdit la manifestation, fait diffuser toutes les demi-heures un communiqué, tandis que des voitures haut-parleurs militaires sillonnent la ville pendant toute la matinée, répétant inlassablement – tout au long des rues – la « mise en garde officielle » qui avertit que « les forces du maintien de l’ordre les dispenseront (les manifestations), LE CAS ECHEANT, AVEC LA FERMETE NECESSAIRE ».
Le 26 mars à Alger
Un cortège de 3000 à 4000 européens, descendus du plateau des Glières (au centre d’Alger), se dirige vers Bab-el-Oued pour « affirmer leur solidarité avec le quartier martyr ».
À partir de 14 h 30, la foule est immense, et son audace croît. Des injures partent en direction des tirailleurs : « Espèce de fellaghas ! » Les chefs de l’OAS sentent qu’ils sont peut-être sur le point de faire sauter le verrou et poussent en avant la foule surexcitée. Le jeune lieutenant algérien et ses hommes sont roulés comme une vague. À 14 h 45, une rafale de fusil-mitrailleur claque en direction de la troupe, du balcon du 64 de la rue d’Isly. « On nous tire dessus !, lance dans son émetteur-récepteur le lieutenant Ouchene Daoud, dois-je riposter ? » Le PC du régiment donne le feu vert. Et c’est la mitraillade aveugle entrecroisée, sauvage. Puis ces cris de « Halte au feu ! Halte au feu, je vous en supplie, mon lieutenant ! », que l’on entend comme des SOS de noyés, poussés par des voix blanches et déjà perdues.
Le carnage ne devait pas durer plus de quelques minutes. Mais ces minutes-là ont fait quarante-six morts et deux cents blessés, dont une vingtaine n’ont pas survécu, presque tous du côté des civils algérois. L’irrémédiable est accompli, les forces de la République ont tiré sur la foule - ce que chacun, d’ailleurs, pressentait depuis des mois, le tenant pour inévitable, tant du côté du pouvoir que de celui de l’OAS. Pour horrible que soit le massacre, et graves les responsabilités de ceux qui n’ont pas su éviter l’engagement des forces les moins préparées à un tel affrontement, c’est l’OAS qui devait pâtir surtout de la tuerie : non seulement parce que ses responsabilités dans le déclenchement du feu sont lourdes, mais aussi parce que, ayant voulu engager l’épreuve de force après sa défaite de Bab-el-Oued, elle a perdu.
Les centaines de victimes de la rue d’Isly, le 26 mars 1962 jettent sur les accords d’Évian une tache de sang, une de plus. Mais cet « holocauste » marque le déclin décisif de ceux qui ont voulu éviter l’inévitable par l’émeute et la terreur. À dater du 26 mars 1962, l’OAS n’est plus qu’un fantôme qui sera réduit, moins de trois mois plus tard, à tenter de négocier pour son compte avec le FLN, non sans avoir poussé au pire sa politique du « retour à 1830 » et de la terre brûlée.
Le pouvoir joue-t-il double jeu ?
C’est la question que nous nous posons quand nous avons appris la présence de Madame Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée de la mémoire des Anciens Combattants, lors de la cérémonie organisée le 26 mars 2021 devant le Mémorial du Quai Branly.
Ce Mémorial qui recense les noms de ceux qui ont laissé leur vie en Afrique du Nord est déjà source d’ambiguïté puisqu’une escroquerie intellectuelle en fait des « Morts pour la France » alors qu’ils étaient au service de la pérennité du colonialisme. Mais le pire c’est que sont inscrites les victimes d’un drame qui s’est déroulé à Alger quelques jours après l’entrée en application du cessez-le-feu du 19 mars 1962, ce qui au niveau de l’escroquerie atteint son maximum !
Rappelons que le 26 mars 1962, obéissant à un mot d’ordre irresponsable de l’OAS, laquelle se livrait à des provocations, des dizaines d’Européens d’Algérie ont trouvé la mort dans la rue d’Isly et d’autres plus nombreux ont été blessés. On peut plaindre ces malheureuses victimes mais en aucune façon dédouaner ceux qui refusaient les Accords d’Evian et la perspective d’en finir avec une guerre qui durait depuis plus de sept ans causant des souffrances indicibles.
Une telle cérémonie est habituellement suivie par les nostalgiques de l’Algérie française. A Béziers Robert Ménard ne manque pas d’y participer. En 2021 il a selon son habitude, prononcé un discours musclé devant la stèle rendant hommage à quatre criminels de l’OAS dont l’un avait fomenté un attentat contre le chef de l’Etat.
Mais cette année nous apporte son lot de surprises puisqu’un membre du gouvernement a participé à une commémoration traditionnellement fréquentée par des associations qui n’ont rien appris de ce qu’étaient le colonialisme et la guerre d’Algérie. Ils sont toujours dans l’idée de l’Algérie française et cultivent le souvenir de cette époque qu’ils regrettent.
Au passage, et c’est tout-à-fait cohérent avec leur idéologie, ils s’en sont pris à Benjamin Stora qui avait été chargé d’un travail mémoriel sur ce pan de notre histoire. Oui mais l’incohérence est du côté de Macron qui d’une part a commandé le rapport et d’autre part se compromet avec des personnes qui tournent le dos à cette recherche de vérité historique.
En voilà une contradiction !
Jacques CROS
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En conclusion voici le remarquable article d’Henri Pouillot
Monsieur le Président : un traité d’amitié
avec l’Algérie est nécessaire,
pas des insultes.
En recevant le jeudi 30 septembre 2021 18 jeunes - des descendants d’acteurs de la Guerre de Libération de l’Algérie (dont l’arrière petit fils du Général Salan, ce Général qui tenta un putsch pour tenter de renverser la République) – Monsieur le Président de la République vous continuez de vouloir instrumentaliser la question de la mémoire sur cette période.
Comment se fait-il que des descendants de victimes de l’OAS ont été « oubliés » (???) quand des descendants de principaux responsables de cette association criminelle, eux, ont été conviés ???
Après la question des Harkis voici les « héritiers » des « acteurs » de cette Guerre qui sont instrumentalisés.
Monsieur le Président, comment pouvez-vous oser dire : « Nos générations n’ont pas vécu cette guerre, ça nous libère de beaucoup de choses ». C’est scandaleux. Parce que près de 60 ans se sont écoulés depuis la fin, le cessez-le-feu, la France, que vous êtes censé représenter, peut s’exonérer de reconnaître ses responsabilités et de condamner les crimes d’état, crimes contre l’humanité, crimes de guerre... commis en son nom dans cette période ? Quel mépris pour le peuple algérien !!! Parce que vous êtes né après cette période, vous osez donc sous-entendre : « passons à autre chose ? ».
A l’occasion de cette réception/diner vous auriez déclaré, qu’en Algérie, il s’agit d’une "histoire officielle" ... "totalement réécrite qui ne s’appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui, repose sur une haine de la France". Avant de conclure : "La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France." Oui, le problème, pour une part importante, c’est la France. C’est la France qui a colonisé l’Algérie en y multipliant les crimes. C’est la France qui, pendant la Guerre de Libération de l’Algérie a commis d’innombrables crimes : crimes d’état (17 octobre 1961, 8 février 1962...), crimes de guerre (utilisation du napalm -entre 600 et 800 villages rasés-, utilisation du gaz VX et Sarin, essais nucléaires...), crimes contre l’Humanité (camps d’internement pudiquement appelés de regroupement -plusieurs centaines de milliers de morts-, torture, viols, corvées de bois, crevettes Bigeard...). Et tant que la France n’aura pas reconnu sa responsabilité, ne les aura pas condamnés (pas une simple demande de pardon), comment notre pays peut s’exonérer d’un tel passé ?
Répondant à Nour, une jeune femme ayant grandi à Alger qui vous explique que la jeunesse algérienne n’a pas de "haine" envers la France, vous expliquez : "Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur". Quelle ingérence, quel mépris pour le peuple algérien.
Ces types de propos sont profondément insultants pour le peuple Algérien. Cette démarche est très inspirée du colonialisme : elle voudrait continuer de dicter à l’Algérie sa façon dont elle devrait analyser ses rapports entre le peuple et ses gouvernants, et avec la France.
En 2018, vous vous étiez engagé devant Josette Audin à permettre plus largement l’accès aux archives sur cette période, contrairement à cette promesse, c’est un recul notoire qui est appliqué...
Non, Monsieur le Président, il ne suffit pas de reconnaitre un jour le crime commis à l’encontre de Maurice Audin, puis de celui d’Ali Boumendjel, puis de demander « pardon » aux harkis (lesquels ?), peut-être de réagir dans quelques jours à l’occasion du 60ème anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Ce sont, certes des pas positifs, mais combien insuffisants. Au lieu d’insultes, de mépris, il est urgent, indispensable, de reconnaître le plus rapidement possible, tous ces crimes, et de les condamner, tous, très clairement. C’est à ce prix, et lui seul, qu’un véritable traité d’amitié entre l’Algérie et la France permettra aux familles algériennes et françaises que tant de liens rapprochent qu’un réel apaisement pourra s’opérer. L’occasion de ce 60ème anniversaire de la fin de cette guerre devrait imposer, enfin, un tel geste.
Henri Pouillot
« Paris : Commémorations du massacre du 17 octobre 1961 (Suite)17 octobre 1961 : un acte de guerre »
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Commentaires
Une analyse fidèle du drame du 17 octobre 1961 dans l'allocution du président d'e Franc-El djazaïr complétée par une rétrospective instructive de la situation que nous vivons présentement avec les ambiguïtés du pouvoir.