• PIERRE DAUM, MON ALGERIE A MOI

    PIERRE DAUM, MON ALGéRIE A MOI

    PIERRE DAUM, MON ALGERIE A MOI

    Pierre Daum 

    Journaliste / Chercheur

    Bravo une fois encore pour ce témoignage remarquable et chapeau bas au journaliste et historien, digne de ce nom, Pierre Daum qui a fait un travail de fourmi pour mettre à bas tant de mensonges qui pourrissent les relations franco-algériennes depuis 60 ans. Merci pour cet éclairage si nécessaire à la réconciliation. Et merci surtout à Samia ARHAB auteur d’innombrables témoignages dans des vidéos ayant le titre « Mon Algérie à moi » sur Youtube.

    Michel Dandelot

    J’ai mis en ligne, sur mon blog une quinzaine d’articles concernant Pierre Daum, je souhaite vous commenter le plus récent :

     

    Les harkis restés en Algérie demeurent les oubliés

     de Macron

     

    Lundi 20 septembre 2021, lors d'une cérémonie très solennelle organisée au palais de de L’Élysée, le président Emmanuel Macron a demandé "pardon" aux harkis et à leur famille, et leur a promis une loi de "reconnaissance et de réparation".

    Il existe en France une telle résistance à reconnaitre les méfaits de la colonisation et les souffrances que ses crimes ont engendrées qu’on ne peut qu’accueillir avec bienveillance la promesse du président Macron d’une loi de reconnaissance et de réparation des injustices commises envers les harkis et leurs familles. Mais de quels harkis parle-t-on ? Des quelques 30 000 hommes qui réussirent à s’enfuir en France en 1962 – 80 000 personnes en tout en comptant leurs femmes et leurs enfants ? Ou bien de l’ensemble des harkis dont le nombre, si on prend le terme au sens large de tous les Algériens qui portèrent l’uniforme français pendant la guerre, s’élevait à environ 400 000 hommes, soit environ un million et demi de personnes en comptant leurs femmes et leurs enfants ? Encore une fois, tout porte à croire que ces derniers demeurent les grands oubliés de cette nouvelle politique mémorielle.

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    Cérémonie à L'Elysée 20 septembre 2021

    Et pourtant, cette loi de reconnaissance et de réparation va s’articuler autour de trois grandes injustices déjà reconnues par le président Hollande :  la décision délibérée du gouvernement du général de Gaulle en mai 1962 de tout mettre en œuvre pour que ce un million et demi de Musulmans ne viennent pas en France ; la part de responsabilité de la France, au vu de cet abandon, dans les représailles (exécution sommaire, torture, relégation sociale) que subirent plusieurs milliers d’entre eux au moment du retrait des troupes françaises d’Algérie ;  l’accueil ignoble que fut réservé aux 80 000 personnes qui débarquèrent en métropole. Or, sur les deux premiers points, l’abandon et les représailles, les harkis restés en Algérie peuvent évidemment prétendre à une reconnaissance et à des réparations, et depuis l’annonce du président Macron, des milliers d’enfants de harkis vivant en Algérie tentent de joindre l’ambassade de France à Alger pour savoir s’ils vont enfin être reconnus, et indemnisés. Il y a malheureusement très peu de chance qu’ils le soient, et cela pour plusieurs raisons.

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    Harkis dans un village, vers 1960

    Pour les associations d’enfants de Harkis en France, qui se battent depuis des années pour cette loi de reconnaissance et de réparation, l’existence de ces familles de harkis restés en Algérie ne cadre pas avec un point essentiel de leur discours : à savoir que si leurs parents n’avaient pas réussi à fuir en 1962, ils auraient été forcément tués. Ce qui historiquement est faux, le nombre d’assassinats de harkis pendant la période des représailles, même s’il demeure inconnu dans ses détails, reste dans une fourchette de plusieurs milliers à deux ou trois dizaines de milliers. Du côté du ministère du budget, toujours très inquiet dès qu’un président de la République prononce le mot réparation, passer de l’indemnisation des seules familles en France à l’ensemble des familles de harkis signifierait changer d’échelle et atteindre un coût qu’il se refuse catégoriquement d’envisager.

    Enfin, imaginons un instant que le président Macron accepte d’indemniser aussi les harkis restés en Algérie. Concrètement, cela signifierait que la France, ancienne puissance coloniale, distribue de l’argent à des Algériens, en Algérie, parce qu’ils ont pris les armes contre leur peuple et son désir d’indépendance. On n’ose imaginer la réaction du gouvernement algérien, alors que la France, qui vient de dire « pardon » aux Harkis, n’a toujours pas dit pardon aux Algériens pour les injustices qu’ils ont subies en 132 années d’occupation coloniale.

     


     

    « TÉMOIGNAGE. « Mes souvenirs de la guerre d’Algérie sont aigres »Parler de l’usage du napalm par la France durant la guerre d’indépendance, c’est revenir sur un déni d’État »

  • Commentaires

    2
    Jacques Lambour
    Mardi 24 Mai 2022 à 11:45

    C'est avec émotion et intérêt que je viens d'écouter Pierre Daum dont je connaissais juste le nom sans trop savoir qui c'était. Avant de le réécouter et le lire. Je livre m'a première impression. Ancien appelé en Algérie, de 59 à 61, je suis retourné deux fois en Algérie travailler avec le statu "droit commun" (non coopérant). Au printemps 1963 comme ajusteur dans une usine de boîtes à conserves. Puis de 1966 à 1971 comme moniteur d'ajustage dans un petite école de rattrapage. Les conclusions de Pierre Daum me confortent dans le sentiment que j'ai retenu de ma modeste expérience :

    Je ne supporte pas l'idée de réconciliation entre le peuple algérien et le peuple français pour seule raison que n'ai jamais constaté que le peule algérien nous en voulait. Je n'affirmerai pas que la réciproque soit de mise de ce côté de la Méditerranée.

    Il est complètement illusoire d'imaginer que nous puissions écrire (Algérie-France) en commun notre histoire. Il faudra d'abord que chacun puisse d'une manière apaisée écrire sa propre histoire. Rien qu'en ce qui nous concerne nous n'y sommes pas encore. Pour les algériens cela me semble plus douloureux et plus complexe.

    Infime détail, ma mère me parlait souvent de l'exode (seconde guerre mondiale). Elle était partie (dans de très mauvaises conditions, car avec une amie grande brûlée sur un brancard) parce que tout le monde partait. Je ne souviens pas que ce phénomène de contagion, sans doute abordé par ailleurs soit évoqué ici.

    S'il le désire, je me tiens à la disposition de cet historien pour évoquer mon expérience "Boîte à conserve" très particulière car l'entreprise ou je travaillais continuait de tourner apparemment comme si de rien était avec les mêmes productions et surtout le même personnel et ses clivages "professionnels" d'avant l'indépendance. J'exagère il y avait tout de même un changement, avant l'indépendance il y avait deux circuits de ramassage du personnel, l'un en car pour le personnel "européen" et un autre en camion. Quand j'y étais il n'y n'avait qu'un seul ramassage commun en car.

    Merci à cet historien, et merci à Michel pour tes diffusion, et plus particulièrement celle-ci

    Jacques Lambour 02 41 34 18 85 

     

     

     

       

    1
    Mardi 24 Mai 2022 à 09:19

    Oui, une vision originale de Pierre Daum sur les Pieds Noirs et les harkis présentée par Samia Arhab dans sa série "Mon Algérie à moi" !

    C'est complexe er assez contradictoire. Il me parait que la faute première de la France est d'avoir incorporé les harkis pour se battre contre leurs frères plus conscients qui avaient décidé de prendre les armes contre la puissance coloniale.

    Pour ce qui est des Pieds Noirs il est exact que l'immense majorité était hostile à l'idée d'une Algérie indépendante. Cela a généré leur impopularité auprès de l'opinion publique française et en particulier chez les appelés du contingent.

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