• L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est mort. Il se trouve que nous avions parlé de lui concernant la guerre d’Algérie

    L'ancien champion de Formule 1 est mort à 77 ans des suites d'un accident cérébral.

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est décédé lundi matin à Dakar à l'âge de 77 ans des suites d'un accident cérébral, a-t-on appris auprès d'une source proche de sa famille. 

     Il avait débuté sa carrière par la moto avec onze titres de champion de France, avant de passer à l'auto, jusqu'à la Formule 1, où il signa trois victoires, dont deux hors-Championnat. Le point d'orgue de sa carrière intervint avec son succès au Grand Prix de Monaco de Formule 1 en 1972, au volant d'une BRM. Il participa à 14 éditions des 24 Heures du Mans, ainsi qu'à des compétitions de voitures de tourisme.

    "Suite à un AVC le 31 décembre 2014 au matin et une hémorragie cérébrale le 2 janvier 2015 le plongeant dans le coma, Jean-Pierre Beltoise, hospitalisé à Dakar depuis 6 jours, est décédé ce lundi 5 janvier 2015", a indiqué sa famille dans un communiqué. 

    Jean-Pierre Beltoise avait débuté sa carrière par la moto, avant de passer à l'auto, jusqu'à la Formule 1, où il signa trois victoires, dont deux hors-Championnat.

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est mort. Il se trouve que nous avions parlé de lui concernant la guerre d’Algérie

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise à Monaco, le 12 mai 2012. (MAXPPP)

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est mort. Il se trouve que nous avions parlé de lui concernant la guerre d’Algérie

    Jean-Pierre Beltoise apparaît dans ce livre :

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est mort. Il se trouve que nous avions parlé de lui concernant la guerre d’Algérie

    Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d'Algérie

    L'ancien pilote de Formule 1 Jean-Pierre Beltoise est mort. Il se trouve que nous avions parlé de lui concernant la guerre d’Algérie

    26 mois difficile en Algérie  de Jean-Pierre Beltoise 

    Quand les photographes mitraillent le visage heureux de Jean-Pierre Beltoise victorieux du Grand prix de Formule1 de Monaco en 1972, y en a-t-il un qui décèle dans son objectif, la colère que cet homme a emmagasinée contre l'armée qui lui a volé sa jeunesse en l'envoyant en Algérie? 

    Qui, ne serait-ce qu'un instant, peut envisager que cet homme ceint de la couronne de lauriers, qui se plie à toutes les sollicitations des officiels, a refusé 13 ans auparavant d'obéir à l'autoritarisme stupide de ses supérieurs? "Des gars du FLN avaient attaqué notre poste, dit Beltoise, en passant par un champ de mines. Beaucoup sont morts, l'un d'eux blessé est resté accroché aux barbelés, dans le champ. Un sous-off m'a demandé d'aller le décrocher, j'ai refusé. C'est ce dont je suis le plus fier de cette guerre. Il m'a gueulé dessus, je n'ai pas cédé. Il a décidé d'y aller lui-même. Il a sauté sur une mine."

    Vous pouvez revoir notre article en cliquant sur le lien ci-dessous :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/ils-avaient-20-ans-ils-ont-fait-la-guerre-d-algerie-a112538342

     

     



     


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  • René Vautier. Le résistant et cinéaste engagé est décédé à 86 ans

    René Vautier mérite bien un deuxième article sur notre blog, je n’ai rien vu et entendu sur les chaînes TV… elles préfèrent parler de Zemmour ?

    René Vautier | Photos Ouest-France / David Ademas

    René Vautier mérite bien un deuxième article sur notre blog, je n’ai rien vu et entendu sur les chaînes TV… elles préfèrent parler de Zemmour ?

    http://www.ouest-france.fr/rene-vautier-le-resistant-et-cineaste-rene-vautier-est-decede-3096023?utm_source=of_newsletter-generale&utm_medium=email&utm_campaign=of_newsletter-generale&utm_content=20150105&vid=043052043055049042061053035042047042021042033053040053036096037055 

    René Vautier, résistant et cinéaste engagé, auteur du film "Avoir 20 ans dans les Aurès", est décédé dimanche matin. Il résidait à Cancale (Ille-et-Vilaine).

    René Vautier, cinéaste engagé et anticolonialiste, réalisateur du film sur la guerre d'Algérie Avoir 20 ans dans les Aurès, est mort dimanche matin à 86 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.

    Il est mort à l'hôpital, en Bretagne, a annoncé sa femme Soazig Chappedelaine Vautier. René Vautier résidait  à Cancale.

    René Vautier mérite bien un deuxième article sur notre blog, je n’ai rien vu et entendu sur les chaînes TV… elles préfèrent parler de Zemmour ?

    Cinéaste français « le plus censuré »

    Ce réalisateur à la vie mouvementée, qui a connu la fuite, la prison, la grève de la faim, les menaces et les condamnations, se revendiquait comme « le cinéaste français le plus censuré ».

    Né à Camaret (Finistère), il rejoint la Résistance à 15 ans. Il sera décoré de la Croix de guerre à 16 ans.

    Il était notamment l'auteur de « Afrique 50 », court-métrage réalisé à 20 ans, devenu le premier film anticolonialiste du cinéma français. L'oeuvre a été censurée pendant quarante ans et lui a valu une condamnation à un an de prison.

    Son regard s'est beaucoup porté sur la guerre d'Algérie, avec notamment « une Nation l'Algérie » (1954), pour lequel il a été poursuivi pour « atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat », « Algérie en flammes » (1958)

    Prix à Cannes et grève de la faim

    Il est surtout le réalisateur de « Avoir 20 ans dans les Aurès », son oeuvre la plus connue, prix de la critique internationale au festival de Cannes en 1972.

     En janvier 1973, le cinéaste a mené une grève de la faim d'un mois pour protester contre « le jugement sur le contenu politique des films porté par la commission de censure », après l'interdiction du film « Octobre à Paris » de Jacques Panijel, sur la répression sanglante, le 17 octobre 1961, d'une manifestation pour l'indépendance des Algériens à Paris.

    René Vautier, diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques en 1946, a également porté son regard sur les luttes ouvrières, s'intéressant notamment en 1973 dans « Transmission d'expérience ouvrière », aux ouvrières licenciées des forges d'Hennebont (Morbihan).

    En 1997, le ministère des Affaires étrangères lui remettait officiellement la copie confisquée d'« Afrique 50 » désormais projeté à l'étranger, avait-il raconté à l'AFP. À la télévision française, le film n'a été diffusé qu'en 2008.

    Hommages

    « René Vautier était un cinéaste engagé s'il en fut, à une période où la censure veillait. C'était un juste », a déclaré à l'AFP Gilles Jacob, ex-président du Festival de Cannes.

    Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll lui a rendu hommage :

     René Vautier mérite bien un deuxième article sur notre blog, je n’ai rien vu et entendu sur les chaînes TV… elles préfèrent parler de Zemmour ?Stéphane Le Foll         @SLeFoll  

     

    René Vautier nous a quittés, et avec lui un grand cinéaste, une âme de l'anticolonialisme, un résistant, et un breton passionné. Hommage.

    De même que Cécile Duflot, qui a écrit : ses « yeux grands ouverts sur le monde » vont manquer :

     René Vautier mérite bien un deuxième article sur notre blog, je n’ai rien vu et entendu sur les chaînes TV… elles préfèrent parler de Zemmour ?Cécile Duflot         @CecileDuflot  

    Les yeux grands ouverts sur le monde et l'engagement de René Vautier, grand cinéaste, vont manquer. Ses films continueront de nous nourrir.

    (PS) Le court passage du film "Avoir 20 ans dans les Aurès" n'a pas fonctionné dans cette vidéo de l'INA.


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  • TOULOUSE : Un rabougri décati vient de se prendre « un rateau » par le nouveau maire

    RABOUGRI : «  J’ai écrit à Jean-Luc MOUDENC pour lui demander de restituer son nom au PONT BAYARD que son prédécesseur avait remplacé par celui de la date ignominieuse du "19 mars 1962", il m’a répondu qu’il ne le ferait pas pour ne pas raviver la polémique, mais qu’il n’assisterait pas aux cérémonies commémoratives de cette date ».

    Alors profitons-en pour nous rappeler les âneries d’un autre braillard, c’était le 2 juin 2014  :

    TOULOUSE : Pont du 19 mars : Moudenc tergiverse, Karim agit ! « Et le canard était toujours vivant »  

    TOULOUSE : Un rabougri décati vient de se prendre « un rateau » par le nouveau maire

      (Photo : BRAILLARD) 

    Ce matin j’ai reçu cet étrange commentaire d’un braillard anonyme qui regrette le Pont Bayard à Toulouse devenu Pont du 19 Mars 1962, je ne sais pas pourquoi mais cela me fait penser à ce vieux et savoureux sketch de Robert Lamoureux «Et le canard était toujours vivant…»  dans lequel l’humoriste racontait les mésaventures d’une famille de Français moyens ayant acheté un canard vivant et qui, pendant toute une semaine, avait tenté de l’abattre pour le cuisiner, sans autre succès que la démolition partielle de leur appartement. Oui le pont du 19 Mars 1962 dans la 4e ville de France : Toulouse... la ville rose... existe toujours…  

    TOULOUSE : Un rabougri décati vient de se prendre « un rateau » par le nouveau maire

    Le braillard qui a écrit : la plaque " 19 mars 1962 – fin de la guerre d’Algérie "  est un menteur car le vrai intitulé est celui-ci : « 19 Mars 1962 – Cessez-le-feu officiel de la guerre d’Algérie » 

      

    Le commentaire reçu aujourd’hui 2 juin 2014 : 

    Pont du 19 mars : Moudenc tergiverse, Karim agit ! 

    La plaque « 19 mars 1962 – fin de la Guerre d’Algérie » apposée par l’ancien maire de Toulouse Pierre Cohen sur l’historique Pont Bayard a été démontée le 19 mars dernier aux aurores par Karim. Elle a tout de suite été remplacée. Quelques jours après l’élection de Jean-Luc Moudenc, j’ai interrogé Ghislaine Delmond, Présidente du Cercle algérianiste de Toulouse et élue sur la liste du nouveau Maire, sur les intentions de la nouvelle Municipalité. Elle m’a répondu qu’il fallait la laisser « se poser » avant de prendre une décision, sans préciser si celle-ci serait conforme aux vœux des Patriotes toulousains favorables au retour de l’ancienne plaque à la gloire du héros très français Bayard.   

    Il y a une quinzaine de jours, « quelqu’un » a badigeonné cette plaque de peinture noire pour cacher la mention « fin de la Guerre d’Algérie ». J’ai alors renouvelé ma demande à Madame Delmond par mail et j’ai essayé de l’avoir au téléphone. En vain ! J’attends toujours sa réponse. Il me semble que deux mois suffisaient largement à prendre une décision conforme aux promesses du candidat Moudenc. Mais, honnêtement, je ne suis pas étonné par ce silence ni ne serais surpris que la plaque de la honte soit conservée ». 

    Je dédie cette vidéo à tous ces braillards revanchards en espérant  que ça les rendra peut-être  moins arrogants mais je crains qu’ils soient irrécupérables :

    TOULOUSE : Un rabougri décati vient de se prendre « un rateau » par le nouveau maire

     


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  • Décès du cinéaste français René Vautier réalisateur du film " Avoir 20 ans dans les Aurès"Décès du cinéaste français René Vautier réalisateur du film " Avoir 20 ans dans les Aurès"

     

     

     

     

     

     

    Décès du cinéaste français René Vautier réalisateur du film " Avoir 20 ans dans les Aurès" 

    Décès du cinéaste français

    René Vautier

     René Vautier, réalisateur du film sur la guerre d'Algérie Avoir 20 ans dans les Aurès, est décédé ce dimanche matin 4 janvier 2015 à 86 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.

    Un artiste engagé disparaît. Le cinéaste breton René Vautier est mort ce dimanche à l'âge de 86 ans. Il est notamment connu pour son film Avoir 20 ans dans les Aurès, charge anticolonialiste sur la guerre d'Algérie. Il s'est éteint dans un hôpital en Bretagne, a indiqué à l'AFP sa femme Soazig Chappedelaine Vautier. 

    Une oeuvre victime de la censure

    Ce réalisateur à la vie mouvementée, qui a connu la fuite, la prison, la grève de la faim, les menaces et les condamnations, se revendiquait comme "le cinéaste français le plus censuré". 

    Il était notamment l'auteur de Afrique 50, court-métrage réalisé à 20 ans, devenu le premier film anticolonialiste du cinéma français. L'oeuvre a été censurée pendant quarante ans et lui a valu une condamnation à un an de prison. 

    Son regard s'est beaucoup porté sur la guerre d'Algérie, avec notamment Une Nation l'Algérie (1954), pour lequel il a été poursuivi pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", Algérie en flammes (1958). Il est surtout le réalisateur de Avoir 20 ans dans les Aurès, son oeuvre la plus connue, prix de la critique internationale au festival de Cannes en 1972. 

    Avec AFP

    " AVOIR 20 ANS DANS LES AURES "

    Décès du cinéaste français René Vautier réalisateur du film " Avoir 20 ans dans les Aurès"

      


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  • Cérémonie d’hommage à la mémoire

    d’Alfred Locussol le 3 janvier 2015 à Alençon

    (Compte rendu de Jean-François Gavoury)

    Alençon, 3 janvier 2015 : hommage à la mémoire d’Alfred Locussol à l'occasion du 53e anniversaire de son assassinat

    À la mémoire d’Alfred LOCUSSOL Fonctionnaire assassiné par l’O.A.S. le 3 janvier 1962

    [JFG - 3-I-2015]

    Le samedi 3 janvier 2015, à 11 h 00, quelque 35 personnes se sont réunies autour de la stèle commémorative érigée depuis le 6 octobre 2012 à proximité de la maison où Alfred Locussol a été lâchement assassiné, à Alençon, le 3 janvier 1962, sous les yeux de sa sœur, par deux membres de l’OAS : des tueurs à gages qui, six mois après, ont répondu de ce crime odieux devant la cour d'assises de l'Orne.

    L’hommage s’est déroulé en présence notamment de M. François Tollot, maître de cérémonie, et a comporté un double dépôt de gerbes (cf. photo ci-dessus), suivi de plusieurs prises de parole :

    - celle de Mme Annie Pollet, qui a présenté les excuses, en particulier, de la famille, dont l’un des messages a été lu, émanant le 31 décembre de Mme Alexandrine Brisson. Faisant allusion aux actes de vandalisme et profanation ayant frappé la stèle, la petite-nièce d’Alfred Locussol y déclarait : « Je salue tous ceux qui ne désarment pas devant l'imbécilité et la haine. J'espère qu’ils se portent le mieux possible malgré ce monde injuste qui bafoue les humains … à l'heure où nous devrions danser sur le malheur. ».

    - celle de M. Pierre Frénée, qui a souligné la difficulté de progresser dans l’écriture de la biographie d’Alfred Locussol, à défaut d’accès à l’ensemble des archives publiques ou privées le concernant.

    - celle de Mme Sylvie Gourlaouën-Couton, qui, au nom de la Ligue des droits de l’Homme, a rappelé les mécanismes de la montée des extrémismes.

    - celle, enfin, reproduite ci-après (extraits), de Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS :

     Alençon, 3 janvier 2015 : hommage à la mémoire d’Alfred Locussol à l'occasion du 53e anniversaire de son assassinat

    Alençon, 3 janvier 2015 : hommage à la mémoire d’Alfred Locussol à l'occasion du 53e anniversaire de son assassinat

    « Rappelons d’abord ce qu’évoque cette stèle, si juste et si nécessaire, au-delà même du courage et de la détermination de celles et de ceux qui en ont conçu, réalisé et sans cesse recommencé le projet. Ce que représente ce morceau de granit, c’est la mémoire : la mémoire d’une victime d’une organisation idéologiquement criminelle, barbare et d’une extrême lâcheté dans ses actes. Une organisation instigatrice d’un coup d’État, d’une insurrection, d’actes de sédition armée dirigés contre un Gouvernement légitime et contre la Nation elle-même.

    « Françoise Nordmann, membre du conseil d’administration de l’association "Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons", et moi, nous sommes venus vous accompagner dans cette démarche du 53e anniversaire au nom de la mémoire d’un fonctionnaire de l’État assassiné à deux pas d’ici par une OAS étendant sa violence depuis l’Algérie jusqu’à la métropole. Au nom, aussi, de la mémoire de milliers de victimes directes et indirectes d’agissements criminels ineffaçables qui ont tué, mutilé, traumatisé. Parmi ces victimes indirectes, celles de Paris, le 8 février 1962, dont je porte également le souvenir en tant que membre du conseil d’administration du "Comité Vérité et Justice pour Charonne".

    « Sachons rappeler que l’OAS a enfanté, et que la bête immonde du fanatisme s’incarne dans des actes de gestion municipale qui ne doivent rien au seul symbolisme : c’est le cas à Béziers, avec Robert Ménard, qui a profité du calendrier de l’Avent pour opposer la célébration du putsch à celle de la paix.

    « Merci, Alfred Locussol, de réunir aujourd’hui, autour de vous, des femmes et hommes de paix. »

    Alençon, 3 janvier 2015 : hommage à la mémoire d’Alfred Locussol à l'occasion du 53e anniversaire de son assassinat

    La presse locale (Ouest France, L’Orne Hebdo) devrait rendre compte de l’événement.


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    Pieds-noirs, le retour en Algérie

    Alors que l'Algérie a fêté en 2012 le demi siècle de son indépendance, que la guerre des mémoires se poursuit, des Français décident de retourner sur les traces de leur vie antérieure. Dans la nostalgie, ou dans l'acceptation d'une page définitivement tournée.

     

    Raymond Aldeguer et Youcef El Mecherfi organisent des voyages pour pieds-noirs sur les traces de leur vie passée

    Raymond Aldeguer et Youcef El Mecherfi organisent des voyages pour pieds-noirs sur les traces de leur vie passée
    Elodie Crézé

    SOURCE : http://www.marsactu.fr/culture-2013/pieds-noirs-le-retour-en-algerie-29470.html

    Envoyée spéciale en Algérie. Cinquante ans après leur exil soudain, certains pieds-noirs réalisent un nouvel exode dans le temps. Le souvenir des files interminables, de l'anarchie régnant en attendant le bateau ou l'avion, des nuits passées dans un hangar avec un ou deux sacs pour seuls bagages, Raymond Aldeguer ne l'oubliera jamais. Lui-même pied-noir, il organise depuis des années des "retours" dans le cadre de l’association l’heureux tour.

     

    "Au départ, dans les années 70, on m’a ri au nez quand j’ai expliqué que je comptais ramener des pieds-noirs en Algérie. J’ai même reçu des menaces de mort de ceux qui votent extrême droite"

    Marie-Rose et Clément Massot ont attendu longtemps avant de franchir le cap de ce que Clément Massot appelle "son pèlerinage". Venu une première fois en 1979 dans son pays natal, le couple Massot n'y est resté qu’une seule journée. "L’Algérie sortait du régime de Boumediene, les Algériens avaient peur de parler. Nous sommes repartis le soir même." Marie-Rose raconte, exaltée, le sourire accroché aux lèvres "lorsque j’ai dit que je retournais en Algérie, on m’a dit que j’étais folle. Mais, quand je suis arrivée à l’aéroport, je me suis dit enfin, je suis chez moi ! Tout comme lorsque je suis rentrée dans la maison de ma jeunesse, et que j’ai retrouvé le carrelage. Je peux mourir tranquille maintenant, je me sens mieux !"

    "Elle a porté le deuil"

    Les anecdotes émouvantes sur l'accueil des Algériens foisonnent. Alors que le couple a débarqué sans prévenir, dans le village de Hassiane Ettoual, autrefois appelé Fleurus, il ne se passe pas une seule journée sans qu'ils soient invités chez les uns ou les autres. "L'actuelle propriétaire de ma maison d'enfance m’a prise dans ses bras, a pleuré avec moi alors que je ne la connaissais pas. Lorsque j’ai dit en rigolant que j’avais été privée de pâtisseries durant toutes ces années, elle est allée m’en chercher. J’ai revue une vieille femme, une Algérienne qui était l’amie de ma mère. Quand je suis revenue la première fois et que je lui ai appris le décès de ma mère, elle s'est griffé le visage et a porté le deuil."

    Raymond Aldeguer, visiblement ému ajoute : "L'un des souvenirs qui m'a poussé à continuer, c'est ce couple de pieds-noirs, invités à manger dans leur ancienne maison. La femme algérienne a amené la femme pied-noir dans une pièce au fond de la maison où une armoire avait été laissée à l'identique du temps de la colonisation, sans qu'un seul bibelot n'ait été déplacé. On aurait dit un musée, tout était dépoussiéré quotidiennement. Elle a dit "je savais qu'un jour vous reviendriez". Elle lui a donné un vase qui a été brisé à l'aéroport, comme s'il ne devait pas quitter l'Algérie".

    Côté Algérien, l'écho résonne avec la même intensité, laissant croire, le temps d'un récit, à une possible réconciliation entre les deux peuples. Ameziane Ferhani, l'un des rédacteurs en chef du quotidien El Watan était issu d'une famille algéroise dite privilégiée, habitant dans le quartier chic de Belcourt, à majorité européenne. "J'ai assisté à des manifestations de solidarité entre Algériens et pieds-noirs. Une fois, mon père qui était instituteur a reçu une lettre de menace de mort de l'OAS. C'était des propos injurieux du genre "on sait que tu es un bougnoule, etc." Sans un mot, très calme, il a attrapé un stylo rouge et s'est mis à souligner toutes les fautes, puis il a noté, en bas de la feuille, 4/10. Eh bien c'est dans ce contexte tendu que nos voisins nous ont sauvé la vie. Ils ont alerté mon père qu'un colis suspect avait été déposé devant notre maison par l'OAS. C'était une bombe. Des années plus tard, j'ai accompagné une dame pied-noir dans la Casbah où elle vivait avant l'indépendance. J'ai servi d'interprète car la famille algérienne nouvellement propriétaire ne parlait pas français. C'était des gens très pauvres qui nous ont pourtant invités à manger un couscous. Là aussi, à la fin du repas, l'hôte a apporté à la vieille dame une boîte remplie de courrier qu'il avait conservé au cas où elle reviendrait."

    Crédit : E.C. Certains pieds noirs ne reconnaissent pas les façades des bâtiments qui ont changé avec le temps.

    Des déracinés

    Youcef El Mecherfi est devenu guide local pour ces voyages mémoriels. Il était trop jeune au moment de la guerre d'Algérie pour bien en comprendre le sens. "A l'école on me racontait que tous les pieds-noirs étaient des grands colons, mais ça ne correspondait pas à ce que j'entendais chez moi à travers les récits de mes parents et de mes grands parents. A l'époque il n'y avait qu'une seule chaîne de télévision, on vivait une période d'endoctrinement. On appelait les pieds-noirs "les Français", c'était tous "les ennemis". Ceux que j'ai rencontrés, ceux qui reviennent ne sont pas les grands colons dont on me parlait, qui eux ne reviennent pas. Ce sont des gens qui ont réellement été déracinés et qui aiment cette terre."

    Mais la mémoire de la guerre n'est jamais loin, elle affleure, assombrit les visages, ranimée parfois, par des crispations réciproques entre les deux rives, tel récemment, le bras d'honneur d'un sénateur mal élevé, Gérard Longuet. A l'évocation de cette période, les visages se ferment, les langues se dénouent, se mettent à énoncer des horreurs. Raymond Aldeguer s'emporte contre la violence de ses propres souvenirs, devant, sans, doute, l'impuissance éprouvée à cautériser les plaies. "Je ne raconte pas tous ces souvenirs atroces autour de moi, parce que sinon nous ne finirons jamais de compter nos morts. Ma démarche va à l'opposé de tout cela." Trace désuète du passé, la guerre d'indépendance redevient "les événements", au détour de la conversation. "A l’époque, on ne comprenait rien. Maintenant oui. Les Algériens ont eu raison. Ils étaient quand même exploités. On n’était pas égaux", affirme Marie-Rose Massot. Clément Massot précise : "on ne parlait pas de racisme à l’époque. On jouait ensemble, on allait à l’école ensemble. Mais on ne se mariait pas ensemble…"

    Crédit E.C. Dans les rues d'Oran, les drapeaux rappellent les 50 ans de l'indépendance.

    "Morts de peine"

    Parfois on perçoit une frustration, palpable dans les récits des pieds-noirs, face à un changement de lieu, de certains bâtiments laissés à l'abandon ou totalement disparus pour laisser la place à d'autres, notamment face à la démographie galopante du pays. Certains ressentent une nostalgie face à un monde qui n'existe plus, qui a poursuivi sa marche sans eux. Une pincée d’amertume se décèle à peine, comme du givre finement déposé. On a déconseillé  au couple pied-noir de visiter le cimetière, anticipant leur déception à la vue des saccages, perpétrés durant la guerre civile. "Ce n’était pas un acte de vengeance contre les pieds-noirs. Les rebelles se planquaient là de l’armée parce que celle-ci n'y venait jamais", explique Raymond Aldeguer, soucieux de ne pas propager des idées erronées.

    Et puis il y a ceux qui ne sont jamais revenus, rappelle Marie-Rose Massot. "Beaucoup sont morts de peine. Comme ma mère, qui ne cessait de dire comme une obsession "je veux retrouver mon matelas ! Quand nous sommes arrivés en France, nous nous sommes retrouvés à six ou huit dans un deux pièces. Je me suis dit "les Français ne nous aiment pas." Clément enchérit : "On se sent plus Algériens que Français". "Mon accent, je veux le garder", achève sa femme avec fierté, avant de s'en retourner vers la France, sa patrie bien malgré elle.

    Pour la transparence que nous devons à nos lecteurs : c'est par le biais de l'association l’heureux tour que nous nous sommes rendus en Algérie.

    Par Elodie Crézé, le 26 novembre 2012


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  • Amis Harkis croyez aux valeurs de la République française qui finira par exhausser vos voeux et rejetez toujours les voix islamophobes des haineux extrémistes

    Fatima Besnaci-Lancou, fille de harki et présidente de l'association "Harkis et droits de l'homme" (AFP/Boyan Topaloff)

    La difficile reconnaissance des harkis et de leurs familles

    Le passage à l’année 2015 marque l’entrée en vigueur en France d’une série de dix mesures destinées à assurer une meilleure reconnaissance aux harkis et à leurs familles. L'occasion de se pencher sur un chapitre difficile de l’histoire de la France et de l’Algérie.

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour visualiser une remarquable vidéo où vous entendrez successivement les représentants : des Harkis, de la République française, de la Ligue des Droits de l'Homme  :

    http://www.boursorama.com/actualites/france-algerie-6b79c5c9be6345b8a6829e8281023984


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  •  Message de vœux de l'ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire  des victimes de l’OAS)

    Message de vœux de l'ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire  des victimes de l’OAS)  

    Et l’avenir, pour l’Anpromevo, c'est dès demain 3 janvier 2015, à Alençon, avec l’hommage à Alfred Locussol, premier fonctionnaire de l’État assassiné par l’OAS sur le sol métropolitain le 3 janvier 1962. (Ici dévoilement de la plaque le 6 octobre 2012) 

     

    - à l’attention de Mesdames et Messieurs les adhérents, amis et correspondants

    de l’Association nationale pour la protection de la mémoire

    des victimes de l’OAS (Anpromevo) -

     

    2 janvier 2015.

    Commençant l’écriture de ce message, je m’apprêtais à dire : « L’année 2014 s’est effacée pour faire place à la suivante ». Mais l’effacement n’est pas de mise au regard de ce double travail que nous avons entrepris pour la mémoire et sur la mémoire des victimes que l’OAS a faites avant le cessez-le-feu en Algérie et, plus massivement encore, à partir du 19 mars 1962.

    L’année 2014 ne risque pas de disparaître de nos souvenirs car elle a vu partir des personnes dont la vie même et les témoignages ont constitué des vecteurs de transmission, nous apprenant à œuvrer pour toujours plus de justice et de vérité : le 23 février, Giselle Ould Aoudia, la dernière veuve de victime que comptait l’association ; le 22 mars, l’historien et militant citoyen Jean-Luc Einaudi ; le 4 septembre, Gilbert Bergeron, un adhérent discret, mais au passé éloquent ; le 14 septembre, l’ancien résistant, commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale et historien Jacques Delarue ; le 1er novembre, Guy Fischer, qui, alors sénateur du Rhône, manifesta son soutien - exceptionnel de conviction - à la cause de la mémoire des victimes de l’OAS en leur dédiant rien de moins qu’une proposition de loi le 7 juillet 2010 et rappela, lors de sa déclaration devant la Haute Assemblée le 8 novembre 2012, la démarche entreprise par notre association « pour que ne soit pas occultée la responsabilité de l’OAS dans les événements de l’après-19 mars et pour que les nostalgiques, revanchards et autres tenants de l’Algérie française ne réécrivent pas impunément l’histoire et n’érigent pas des mausolées aux bourreaux. ».

    Hommage soit ici rendu à ces femme et hommes de bien.

    2014 aura heureusement été, par ailleurs, une année fructueuse, dont le bilan justifie quelques espérances.

    ***

    Parmi les acquis de l'année 2014, retenons :

    - la décision, longtemps attendue, du ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants, en date du 28 mars 2014, qui a fait de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS la cinquantième association d’anciens combattants et victimes de guerre habilitée à ester en justice en application de l'article 2-11 du code de procédure pénale et de l'article 48-3 de la loi du 29 juillet 1881 modifiée sur la liberté de la presse ;

    - les multiples et fructueuses interventions tendant à déjouer le projet d’installation, dans une commune de la province d’Alicante (Espagne), d’une stèle ayant pour objet d’ériger Dovecar, Piegts, Degueldre et Bastien-Thiry en martyrs et héros de l’Algérie française (« Les causes défendues par les terroristes nous importent peu : leurs actes restent des faits criminels, qui tuent, mutilent, traumatisent », devait, pour sa part, écrire le directeur général de l’Association française des victimes du terrorisme à l’intention du maire de Polop en sorte qu’il révoque définitivement son autorisation initiale) ;

    - le dévoilement, le 6 octobre, par Mme Laurence Théry, maire du Touvet (Isère), d’une plaque apposée sur le monument aux Morts du cimetière communal en l’honneur et à la mémoire des victimes des actes terroristes commis par l’OAS, cérémonie organisée en présence notamment de M. Georges Bescher, vice-président du conseil général de l’Isère, de M. Daniel Wojkowiak, secrétaire national de la FNACA, de M. Gérard Raynaud, président du comité de Grenoble de la FNACA, de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association "Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons", de M. Marcel Favel, président de la section Crolles-Grésivaudan de la Ligue des droits de l’Homme, de M. Yvon Sellier, représentant "Ras l’Front Grenoble", et d’amis de l’Anpromevo, parmi lesquels quatre descendants de victimes de l’OAS.

    ***

    « Qui n'a pas de mémoire, n'a pas d'avenir » : c’est par ces mots que Mme le maire du Touvet, citant Primo Levi, concluait son allocution lors de cette belle manifestation.

    Et l’avenir, pour l’Anpromevo, c’est dès demain, à Alençon, avec l’hommage à Alfred Locussol, premier fonctionnaire de l’État assassiné par l’OAS sur le sol métropolitain le 3 janvier 1962.

    2015, c’est également une rencontre, dès ce mois-ci, avec le Secrétaire d'État chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, auprès du ministre de la Défense, M. Jean-Marc Todeschini : un nouveau signe de considération à l’égard d’une catégorie de victimes de la guerre d’Algérie rarement accueillie et a fortiori invitée rue de Bellechasse et l’occasion d’en évoquer la reconnaissance par des actes forts, réglementaires ou symboliques.

    2015, ce seront également des colloques historiques, des rassemblements mémoriels, d’ores et déjà programmés, et, par ailleurs, une initiative à définir à l’effet de créer l’événement qui marquera le quatrième anniversaire, le 6 octobre prochain, de l’inauguration du monument dédié à nos victimes par la Ville de Paris dans l’enceinte du cimetière du Père Lachaise.

    2015, ce seront enfin des actions personnelles, auprès des cours et tribunaux administratifs, de descendants de victimes du terrorisme de l’OAS lorsque le respect dû à la dignité et à la mémoire de l’une ou plusieurs d’entre elles aura été violé par une collectivité publique.

    ***

    L’année 2015, en conclusion, sera une année aussi dense que les précédentes, au cours de laquelle la vigilance ne devra connaître aucun relâchement, tant les acquis sont fragiles (par exemple à Alençon), tant les provocations sont nombreuses (Béziers en est la sombre et plus récente illustration).

    Et parce que l’Anpromevo est attachée aux symboles de paix davantage qu’à tous autres, son assemblée générale annuelle devrait avoir lieu le 18 mars, jour anniversaire des Accords de cessez-le-feu en Algérie, ce dans le voisinage de l’administration centrale en charge du monde combattant et des victimes de guerre (Paris-7e).

    Que vive 2015 !

     

    Jean-François Gavoury

    Président de l’Association nationale

    pour la protection de la mémoire

    des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)


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  • Trois jours à Oran de Anne Plantagenet

    Si on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas davantage ses origines et son histoire familiale, on se construit avec elles, elles font partie de nous qu'on le veuille ou non.  

    J'en sais quelque chose,  née en France d'une mère française et d'un père kabyle arrivé à Paris à l'âge de 15 ans et laissant derrière lui sa famille et son pays en guerre, la colonisation, la guerre d'Algérie et l'exil font partie de mon inconscient transgénérationnel, de mon passé... un passé que je n'ai pourtant pas vécu.  

    Anne Plantagenet est petite fille de pieds-noirs Algériens, elle a hérité de cette histoire là ! 

    Trois jours à Oran est le récit d'un retour sur une Terre qui lui est familière sans la connaitre, une Terre empreinte de culpabilité, de souffrance, de tristesse et de nostalgie, autant de sentiments dont elle souhaite se délester pour pouvoir enfin avancer . 

    Ce voyage, elle le fera avec son père, comme un cadeau.  

    Dès les premières pages, l'émotion est au rendez-vous, on sent que ce roman est important, qu'elle attend beaucoup de ces trois jours à Oran. 

    Il y a très peu de romans écrits sur ces sombres heures de l'Histoire de notre pays, combien de romans sur la seconde guerre mondiale (encore en cette rentrée littéraire, presque 70 ans après !) pour combien sur la guerre d'Algérie ? Est-ce dû au fait que l'une s'est passée chez nous et l'autre ailleurs, loin, de l'autre côté de la méditerranée ? Est-ce parce qu'on a gagné la première et perdu la seconde ? Où y aurait-il des degrés dans le traumatisme qui marqueraient plus ou moins la mémoire collective ? 

    Autant d'interrogations auxquelles je n'ai pas de réponses mais qui m'interpellent d'un point de vue littéraire et politique. 

    Alors voilà, Anne Plantagenet veut lever le voile sur les non-dits, sur ce sentiment de honte et cette culpabilité qu'elle se traine depuis toujours alors qu'elle n'était même pas née pendant la guerre. 

    Un roman qui m'aura touchée par sa justesse, sa pudeur et sa sincérité et qui aurait mérité qu'on en parle un peu plus.

    Trois jours à Oran de Anne Plantagenet

     Anne Plantagenet : Algérie, émotion

     en voyage retour

    Dans un livre très sensible, « Trois jours à Oran » (Stock, janvier 2013), l’écrivain Anne Plantagenet fait oeuvre de mémoire sur l’Algérie qui, pour elle, « est un héritage». Née en « métropole » issue d’une longue lignée de pieds-noirs, cet auteur a été bercée par sa grand-mère qui, « rapatriée » d’Algérie à l’âge de 50 ans, « nous racontait des tas d’anecdotes croustillantes, exotiques, et cela me faisait rêver ». À son adolescence, Anne Plantagenet s’est rebellée contre « la nostalgérie » et surtout contre le racisme anti-arabe d’une partie de sa famille. Bien plus tard, en 2005, il y a eu « un grand déclic » raconte-t-elle dans cet entretien : « lorsque ma grand-mère est morte, tout un monde ancien, de repères, s’est effondré. Maintenant, je le dis : j’adorais ma grand-mère, ma grand-mère était raciste. Mais ces deux phrases ont mis des années à se frayer un chemin, l’une à côté de l’autre. Il était impossible pour moi de les associer. Plus aujourd’hui ». Entretien. 

    La REVUE CIVIQUE : Vous n’êtes pas née en Algérie mais vous êtes fille, petite-fille et arrière petite- fille de pieds-noirs. Pourquoi avez-vous ressenti le besoin irrépressible de plonger dans votre passé, familial et culturel, au point d’aller voir, avec votre père, cette ville d’Oran que vous ne connaissiez pas directement ?
    Anne PLANTAGENET : L’Algérie, c’est pour moi un héritage. Je ne suis pas née en Algérie mais j’ai grandi avec elle. L’Algérie m’a été transmise par deux personnes différentes, représentant deux générations différentes : ma grand-mère et mon père. Ma grand-mère est née dans la région d’Oran, un village nommé Misserghin. Son père est né là-bas aussi. Ce sont des gens qui étaient en Oranie depuis les années 1870. Ma grand-mère avait 52 ans quand elle est rentrée en France comme « rapatriée », l’Algérie représentait une très grande partie, l’essentiel, de sa vie. Elle n’a d’ailleurs cessé, jusqu’à sa mort à l’âge de 93 ans en 2003, de parler de l’Algérie. Elle ne prononçait pas le mot « Algérie », elle disait : « là-bas », « chez nous »…

    Elle nous racontait toujours des tas d’anecdotes croustillantes, exotiques et, moi, j’avoue que petite fille, cela me faisait rêver. C’est une identité qu’elle m’a transmise même si je ne suis pas née « là-bas ». Il y avait beaucoup de traditions dans cette génération là, ceux que j’appelle « les vieux de ma famille », avec tendresse, dans mon livre. Quand j’étais petite, au temps où ils vivaient tous encore, on se retrouvait à certains moments de l’année dans le sud de la France, les dames avec leur éventail, l’anisette pour les hommes, etc. J’ai grandi avec ce folklore-là qui m’a beaucoup nourrie. L’autre personne qui m’a transmis l’Algérie, d’une manière plus indirecte, c’est mon père. Il avait 16 ans et demi quand il a quitté Oran. Il était beaucoup moins bavard sur le sujet…

    Une blessure terrible

    A-t-il été plus écorché, plus meurtri par les « événements » et le départ précipité ? Je pense que s’il n’en a pas parlé, c’est parce que cela a été pour lui, à cet âge encore tendre, une blessure terrible. Il avait 16 ans lorsqu’ il a quitté Oran pour se retrouver à Dijon, en plein hiver, sous la neige, accueilli de manière froide, pour ne pas dire hostile. Je pense que pour lui un mécanisme de défense a consisté à tenter d’effacer son identité pied-noir. De la cacher pour se protéger, éviter d’être tout de suite étiqueté comme un « colon » ou « fils de colon », même si les gens ne connaissaient pas son histoire et que, dans ma famille, nous étions loin d’être de grands propriétaires, j’ai même découvert que mes grands parents étaient des gens très modestes. Mais peu importe, on les a tous mis dans le même sac.

    Il y a eu une sorte de grand amalgame, après la guerre d’Algérie, à la fois sur les événements et sur les personnes qui ont dû quitter ce pays…
    Oui. Mon père a donc plutôt effacé cette identité pied-noir, qui ressortait seulement quand on l’interrogeait. Il n’a pas l’accent, il ne parle ni fort ni avec les mains, il ne possède pas les attributs folkloriques du pied-noir traditionnel, contrairement à ma grand-mère qu’on repérait à cent mètres. Dans le livre, je raconte cela et c’est important pour moi de faire cette distinction, pour arrêter les amalgames. Aujourd’hui encore, le mot « pied-noir », pour les gens, désigne encore uniquement un certain pittoresque qui a été popularisé au cinéma, par les films d’Alexandre Arcady entre autres. Et puis par certains artistes pieds-noirs, qui ont joué de cette identité pour faire rire, pour peut-être faire rire avec leur chagrin parce qu’ils savaient que, sinon, on ne leur témoignait aucune empathie. Donc finalement, il fallait être dans l’autodérision pour peut-être dépasser la douleur.

    Encore aujourd’hui quand on dit « pied-noir », il y a aussi très souvent une connotation péjorative dans l’esprit populaire, cela renvoie à de gens racistes, grandes gueules, «réacs»… Moi, j’ai mis du temps à comprendre les éléments composites, contrastés, de cette histoire pied-noir. Petite fille, mon parcours c’est d’abord une sorte d’enchantement, grâce aux histoires de ma grand-mère. J’adorais ma grand-mère, mes grands-parents, j’ai beaucoup séjourné chez eux à Dijon. Je pense que c’est grâce à ma grand-mère que je suis devenue écrivain, c’est quelqu’un qui m’a transmis le goût des histoires et, peut-être, de la sublimation du réel.

    Cette déchirure m’a construite

    Et vous racontez aussi que vous êtes partagée entre une mémoire enchantée ou enchanteresse et quelque chose de distancié, qui a été même du rejet à un moment donné, à votre adolescence.
    Oui, à un moment j’ai éprouvé de la honte. C’est un texte dans lequel je suis très sincère, même si la vérité que je livre est juste la mienne. En effet, à cet orgueil des premières années, à cet enchantement qui était vraiment lié à la figure de ma grand-mère, a succédé à l’adolescence, tout à coup, une autre version de l’histoire, que j’ai découverte au collège, et par des réflexions aussi. Je me souviens vraiment avoir été marquée. Moi qui était assez fière, je racontais souvent que mon père, ma grand-mère étaient nés en Algérie, que j’étais d’une famille qui venait d’Afrique. Et soudain je me souviens de quelqu’un qui me dit à l’adolescence : « ah les pieds-noirs, je ne peux pas les supporter, c’est tous des grandes gueules racistes, des geignards ! » Et là cela a été un effondrement pour moi.

    Je n’ai pas rejeté ma famille mais j’ai ouvert les yeux autrement. J’ai découvert que mes grands-parents étaient racistes, ce qui ne m’avait pas forcément frappée jusqu’à l’adolescence. J’entrais dans les années « SOS racisme » avec le petit badge, que je portais sur mon Perfecto. Je découvrais qu’avec ma grand-mère, dès qu’il était question des Arabes, la discussion devenait difficile. Mon grand-père disait des mots épouvantables que je ne supportais pas. Je me suis donc vraiment opposée à eux tout en les aimant très fort. C’est sur cette déchirure, je pense, que je me suis construite. J’ai compris qu’il fallait que j’écrive ma propre histoire. Il fallait que je prenne ma place dans la photo (de famille) parce qu’effectivement, à chaque fois que je m’opposais à ma grand-mère sur ces questions, elle répliquait sèchement : « mais tu ne peux pas comprendre, toi, tu n’es pas née là-bas, ce n’est pas ton histoire, ça ne te regarde pas ! » Or, je pense que c’est aussi mon histoire. Elle m’a été transmise et il fallait qu’un jour cette histoire passe par ce voyage de quelques jours à Oran. J’ai mis des années à le comprendre et surtout à le décider. Il a fallu la mort de ma grand-mère.

    Partage entre honte et orgueil

    Ce fut le déclic ?

    Oui, il y a eu ce grand déclic, parce que lorsque ma grand-mère est morte, c’est tout un monde ancien, un monde de repères, qui s’est effondré. Maintenant, je le dis très simplement : j’adorais ma grand-mère, ma grand-mère était raciste. Mais ces deux phrases là ont mis des années à se frayer un chemin l’une à côté de l’autre. Il était impossible pour moi de les associer, c’était inconcevable. Plus aujourd’hui. Car je suis apaisée, je ne porte aucun jugement sur mes grands-parents. Quand ma grand-mère est morte, cela a été pour moi un immense chagrin, avec elle tout un monde s’effondrait, comme moi-même dans ma vie personnelle et amoureuse : je le raconte dans le livre, j’étais dans une période de total bouleversement personnel.

    Vous décidez donc d’aller à Oran. C’était en quelle année?

    Le voyage date de septembre 2005, et il a duré en réalité un peu plus de « trois jours », mais c’est un livre que j’ai écrit, avec une certaine distance par rapport aux faits. Un livre difficile à écrire, que j’ai abandonné plusieurs fois. Je n’y arrivais pas. J’ai toujours voulu écrire « mon histoire algérienne », j’ai essayé différentes formes de fiction et ça ne marchait pas. Il m’a fallu des années pour comprendre que je devais l’écrire comme un récit, en racontant ce voyage que j’ai effectué avec mon père en 2005. Mais il y a eu plusieurs versions. Après avoir lu l’une d’elle, mon éditeur à qui je dois tant, Jean-Marc Roberts, m’a alors dit : « on est en Algérie, on est avec ton père, mais toi tu n’es pas vraiment là, il manque quelque chose. Ce voyage, tu ne l’as pas fait par hasard, qu’est ce qui s’est passé dans ta vie à ce moment là? » Il avait vu juste. Il fallait que je me livre. Mon effondrement personnel, du coup, je l’ai mis en scène. Cela fait sens parce que cette déchirure, ce partage des eaux finalement entre la honte et l’orgueil, et ce partage entre deux hommes, c’est exactement ce que je vivais à ce moment là dans ma vie. J’ai compris, quand ma grand-mère est morte, qu’il fallait que j’aille en Algérie pour être apaisée par rapport à mon passé, être en paix avec moi-même, être en cohérence avec mon histoire. Et ne pas avoir peur de désobéir à ma grand-mère non plus – car elle ne serait jamais retournée en Algérie et n’aurait sans doute pas voulu que j’y aille – tout en acceptant, d’une certaine façon, son héritage ; sans le juger.

    SOURCE : http://revuecivique.eu/articles-et-entretiens/europe-et-monde/anne-plantagenet/#.VKY1lsl9c3l

    SOURCE : http://3bouquins.over-blog.com/2014/09/trois-jours-a-oran-de-anne-plantagennet.html

     


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  • Robert Ménard, de la crêche à l'Algérie française

    Ce premier article de l'année 2015 vous propose les péripéties d'un personnage dont on va encore beaucoup parler prochainement

    SOURCE : http://forget.e-monsite.com/pages/les-scandales/robert-menard-de-la-creche-a-l-algerie-francaise.html 

    Où comment les médias font semblant de diaboliser Robert Ménard, en mettant en avant des polémiques futiles le concernant (ce qui le rend populaire), et en occultant ses vrais réformes qui devraient choquer.

    Dernièrement, on a fait tout un foin, parce que Robert Ménard, tout nouveau maire de Béziers, avait installé une crèche dans le hall de la mairie. De fervents défenseurs de la laïcité, ont dénoncé la chose et ont largement été relayés par les médias locaux, nationaux, voire internationaux.
    En tous cas,  pour un fait qui existe depuis la nuit des temps (une crèche en période de noël en lieu public), Robert Ménard et les médias qui font semblant de s’acharner sur lui, ce qui le rend au final beaucoup plus apprécié, ont réussi à diviser la population, sur les sujets religieux ou racistes. Comme si on avait besoin de celà en ce moment …

    Si  la médiatisation des lumineuses idées de Robert Ménard, s’était cantonnée à cela, je ne m’alarmerais point. Mais, c’est qu’avant l’histoire de la crèche, toute personne, un minimum en contact avec les médias, a obligatoirement entendu parler de :

    •  Avril 2014 : il prend un arrêté municipal qui prévoit un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans de 23 heures à 6 heures en période estivale
    •  En mai 2014, il cible les incivilités en instaurant une verbalisation de 35 euros pour les déjections canines et des sanctions accrues contre le stationnement illicite.
    •  Mai 2014 : Il prend également un arrêté interdisant d'étendre en journée le linge aux balcons et fenêtres donnant sur les rues du centre-ville.
    •  Juin 2014 : Dans la continuité de son prédécesseur Raymond Couderc, il met en place un plan visant à mettre fin à « la pollution visuelle que constituent les paraboles dans le périmètre du secteur sauvegardé de la ville »
    •  En septembre 2014, il prend un « arrêté anti-crachat dans l'espace public ».
    •  L'extension du port de la blouse obligatoire, déjà mis en place dans une école privée, à toutes les écoles publiques de la ville.
    •  L’interdiction des manifestations anti-corrida, qui a beaucoup fait parler la presse locale cet été lors de la féria de Béziers, et qui risque de le faire encore souvent.

    Ce premier article de l'année 2015 vous propose les péripéties d'un personnage dont on va encore beaucoup parler prochainement

    Tout ceci, la France entière le sait, vu que ce fut relayé partout : des réformettes stupides, populaires (populistes), qui plaisent aux actuels et potentiels futurs électeurs du camp bleu marine, qui plaisent, bizarrement aussi à des gens de vrai ou fausse gauche (oui, oui, je vous jure, des amis ou des fréquentations personnelles, qui m’ont dit, je cite « sur ce sujet là, il a raison », parlant du linge aux fenêtres, et d’autres, sur d’autres sujets, comme le port de la blouse obligatoire ; la palme d’or revenant à un anarchiste qui m’a dit que « le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans était une bonne chose »).
    Ca fait peur quand même, le populisme et le pouvoir des médias à le propulser !

    Donc, nous, peuple hyper informé, nous croyons tout savoir des réformes appliquées ou en cours de Monsieur Ménard, vu que les médias en parlent sans cesse. Mais, j’espère en surprendre quelques-uns, sans toutefois chercher à les convaincre (tout comme les médias dominants ne me convaincront que très rarement, voire jamais), en vous révélant juste deux informations d’actualité, habilement cachées derrière celles qu’on vous a fait ingurgiter, et qui me paraissent beaucoup plus graves, et révélatrices de qui est vraiment le personnage sujet de cet article ; je vous laisse juger …

    •  En novembre 2014, le journal Midi libre (le dernier journal libre ?) fait le point sur le renforcement en cours de la police municipale : une brigade canine a vu le jour ; des revolvers 38 spécial, des tasers et des caméras embarquées ont été commandés ; la création d'une brigade équestre, l'armement des policiers et l'élargissement de leurs horaires à 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 sont prévus pour la fin de l'année, engendrant le doublement de l’effectif de la police municipale.

    Source : (http://www.midilibre.fr/2014/11/16/police-la-ville-presente-sa-convention-avec-l-etat,1082690.php)

    Le saviez-vous ?

    •  Presque jour pour jour, en même que la médiatisation de la crèche en mairie, le conseil municipal se voyait proposer quelque chose d’assez révélateur du personnage du nouveau maire de Béziers :

    Le maire de Béziers, va rebaptiser la rue du "19 mars 1962", date des accords d'Evian, en rue du "Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc", un militaire ayant participé au putsch des généraux. Le changement de nom de cette rue proche du quartier de la Devèze, celui où Robert Ménard, né à Oran, s'était installé avec ses parents à son arrivée à Béziers, sera présenté lors du prochain conseil municipal, le 11 décembre. "Ce choix est un hommage au courage et à l’héroïsme, contrairement à la date du 19 mars 1962", affirme Robert Ménard dans les colonnes de Libération :

    Ce premier article de l'année 2015 vous propose les péripéties d'un personnage dont on va encore beaucoup parler prochainement

    « Robert Ménard refait l’histoire. Le maire de Béziers entend rebaptiser la rue du «19 mars 1962», date marquant le cessez-le-feu en Algérie, en rue du «commandant Hélie Denoix de Saint-Marc», un militaire ayant participé au putsch des généraux contre l’indépendance de l’Algérie... L’argumentaire de Ménard est habituellement utilisé par les partisans de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), organisation clandestine qui s’opposait à l’indépendance de l’Algérie par tous les moyens, y compris terroristes. D’ailleurs, la décision de débaptiser cette rue résonne avec une célébration qu’a organisée le maire d’extrême droite cet été, en l’honneur du massacre d’Oran du 5 juillet 1962 – des centaines de civils européens et des harkis ont été sauvagement tués. Robert Ménard avait décidé de prononcer son discours commémoratif devant une stèle érigée en hommage à quatre membres fusillés de l’OAS, dont Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat raté du Petit-Clamard contre De Gaulle… En débaptisant la rue du «19 mars 1962», le maire, né à Oran, se dit satisfait d’avoir pu réaliser cette promesse faite aux harkis et aux pieds-noirs. Et refuse de passer pour un provocateur. «Je veux juste montrer que la colonisation française a eu aussi des effets positifs. Cela a permis aussi de construire des hôpitaux, des ports… et même de faire naître le sentiment national algérien.»

    Source : (http://www.liberation.fr/politiques/2014/12/05/robert-menard-refait-la-guerre-d-algerie-dans-les-rues-de-beziers_1157270)

    Le saviez-vous ?


    Une fois de plus, donc : soyons vigilants, car on ne nous dit pas tout, et le choix des infos qu'on nous divulgue est loin d'être le fruit du hasard ; tout comme la façon dont on nous les présente. Méfiance, vigilance et curiosité doivent être les trois mamelles de notre intégrité de jugement.

    Mes meilleurs voeux à tous ceux qui me liront

    Bien cordialement, Chien Gué

     

     


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