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    Rendre accessibles les archives

    de la guerre d’Algérie

    PAR GILLES MANCERON 

    Algérie-France: rendre "librement accessibles" les archives de la guerre d’Algérie

    Il serait temps que la France cesse de se distinguer parmi les démocraties par des entraves à la liberté d’accès à ses archives. Si les obstacles longtemps opposés à l’accès à celles de la Seconde Guerre mondiale ont été peu à peu levés, il en persiste d’importants concernant l’accès à celles d’une autre page de son histoire, celle des guerres coloniales, en particulier de la guerre d’Algérie.

     

    La France n’a pas à rougir de son histoire. Nombreux sont les épisodes qui sont pour ses citoyens d’aujourd’hui des motifs de fierté, de la proclamation des droits de l’homme en 1789 à sa contribution à la déclaration universelle de 1948, en passant par le « moment de la conscience humaine » qu’a été la dénonciation, en 1898, de l’injustice faite à Dreyfus, ou par la loi qui a imposé, en 1905, au prix d’un important débat de société, la séparation des Eglises et de l’Etat. Forte de cette histoire, la France n’a pas lieu de dissimuler d’autres pages moins glorieuses qui, elles aussi, appartiennent à son passé. Celle de la Seconde Guerre mondiale, où « il n’y a pas eu beaucoup de Jean Moulin » et où ses institutions ont collaboré avec l’occupant, a longtemps été tenue dans l’ombre. Et aujourd’hui celle des guerres coloniales, où de nombreux crimes ont été commis en son nom, reste difficile à aborder en raison de la non communicabilité d’un certain nombre d’archives d’Etat.

    Les archives doivent être librement accessibles aux citoyens. Une loi de la Première République, du 24 juin 1794, a créé les « Archives nationales », elle stipule que « Tout citoyen peut demander communication des documents qui sont conservés dans les dépôts des archives, aux jours et heures qui sont fixés ». Elle pose le principe selon lequel l’accès aux archives est un droit civique.

    La dérogation générale pour les archives

     de la Seconde Guerre mondiale 

    L’ouverture complète des archives relatives à la Seconde Guerre mondiale a été obtenue au prix d’une démarche collective des historiens. Jusque-là, par exemple, selon les responsables des différentes Archives départementales, les lettres de dénonciation de Juifs ou de résistants reçues par les préfectures entre 1940 et 1944 étaient, selon les cas, accessibles ou non aux lecteurs. Une inaccessibilité totale était maintenue dans tel département sur des fonds d’archives indiquant qu’un personnage qui y avait fait après-guerre une carrière politique fondée sur une réputation d’ancien résistant était loin d’avoir eu ce comportement durant l’Occupation.

    A l’approche du soixante-dixième anniversaire du 8 mai 1945, une pétition demandant l’ouverture complète des archives françaises de la Seconde Guerre mondiale a été préparée par des chercheurs, notamment par le président de l’Association des usagers des Archives nationales, l’historien Gilles Morin. A la veille du 8 mai 2015, ils ont contacté les conseillers du président de la République d’alors, François Hollande, pour l’en informer. La réaction a été immédiate. « Hou-là-là…, vous avez 121 signataires ! », a lâché au téléphone un conseiller de l’Elysée, qui leur a assuré immédiatement qu’il était inutile de rendre publique leur demande et que le président de la République allait la satisfaire. Aussitôt, un arrêté de dérogation générale portant ouverture des archives de la Seconde Guerre mondiale a été promis. Celui-ci a été publié le 24 décembre 2015 et a été suivi d’effet, progressivement, dans les différents centres d’archives concernés.

    Mais, en dehors de cette période de l’histoire, comme l’a fait remarquer l’archiviste Marion Veyssière, conservateur en chef du patrimoine, responsable d’un service important au sein des Archives nationales, dans un article de la revue 20 & 21. Revue d’histoire, d’avril-juin 2019, l’outil de la dérogation générale reste peu utilisé, et ce malgré les demandes émanant des chercheurs et les préconisations des rapports successifs traitant de l’accès aux archives qui incitent à y avoir davantage recours. Tel celui du conseiller d’Etat Guy Braibant, publié en 1996 par la Documentation française sous le titre Les Archives en France ou encore celui de Christine Nougaret, paru en 2017, intitulé Une stratégie nationale pour la collecte et l’accès aux archives publiques à l’ère du numérique.

    Il découle des principes fondateurs de la République que les archives de tous les services de l’Etat et administrations publiques n’appartiennent pas à telle ou telle institution ou service administratif qui les a produites mais à la nation. La consultation des archives est un droit des citoyens, non un privilège à accorder individuellement. Le rôle des archivistes est de conserver, c’est-à-dire classer, protéger, inventorier, numériser et dupliquer les archives afin de, tout en les préservant, permettre aux citoyens d’y accéder. Ils sont les aides et les guides de ceux-ci dans l’exercice de leur droit à consulter librement les traces de notre histoire.

    Une journée d’études sur les archives

     de la guerre d’Algérie 

    Le besoin se fait sentir aujourd’hui d’un arrêté de dérogation générale portant ouverture des archives de la guerre d’Algérie, comparable à celui de décembre 2015 concernant celles de la Seconde Guerre mondiale. Le président Macron a rendu publique, le 13 septembre 2018, lors de sa visite à la veuve de Maurice Audin, Josette Audin, une déclaration disant que son mari avait été tué par les militaires qui le détenaient et que sa mort avait été rendue possible par un système autorisant l’armée à détenir et interroger tout suspect. Ce système a conduit à des milliers d’autres disparitions d’Algériens, et, afin d’aborder leur sort, une journée d’études a été organisée le 20 septembre 2019, sous l’égide de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans une salle de l’Assemblée nationale, sur les disparus de la guerre d’Algérie du fait des forces de l’ordre françaises. Elle a été soutenue par les grandes organisations pour la défense des droits de l’homme et contre la torture. Il y a eu, bien sûr, d’autres disparus durant cette guerre, mais ceux qui ont disparu du fait des forces de l’ordre françaises, puisque celles-ci dépendaient des autorités de la République, concernent directement notre nation et notre Etat d’un point de vue historique, mémoriel, juridique et archivistique. Lors de cette journée, comme le montrent les cinq montages vidéo rendant compte des débats que nous présentons ici, la question du libre accès aux archives de cette période y est apparue comme une question centrale.

    Rendre accessibles les archives  de la guerre d’Algérie  · PAR GILLES MANCERON

    De gauche à droite, Céline Guyon, présidente de l'Association des archivistes français, Isabelle Neuschwander, ancienne directrice des Archives nationales, Gilles Morin, président de l'Association des usagers des Archives nationales, et Caroline Piketty, archiviste aux Archives nationales.

    Caroline Piketty, archiviste aux archives nationales, a souligné qu’à la fin des années 1990, les deux temps noirs de l’histoire récente que sont l’Occupation et la guerre d’Algérie se sont télescopés quant à l’accès aux documents les concernant. Les responsabilités de Maurice Papon, dans la déportation des Juifs de Bordeaux entre 1942 et 1944 lorsqu’il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde, puis dans la répression des Algériens, alors « Français musulmans », de la région parisienne dès 1958 lorsqu’il était préfet de police à Paris, l’ont mis au centre de deux procès entre 1997 et 1999. Et deux archivistes en poste aux Archives de Paris, Brigitte Laîné et Philippe Grand, qui ont eu le courage de questionner l’accès aux archives de la répression à Paris du 17 octobre 1961 lors du procès intenté par Maurice Papon à Jean-Luc Einaudi, ont défendu la justice, la mémoire et la vérité tout en payant de leur personne du fait des mesures qui les ont frappés ensuite. François Gasnault a mis en quarantaine les deux archivistes avec l’appui de la mairie de Paris. C’est seulement en 2004 qu’un jugement du tribunal de Paris rétablit Brigitte Laîné dans les fonctions qu’elle occupait en 1999. Lorsqu’elle décède en novembre 2018, l’Ecole des chartes salue ses qualités professionnelles, mais ne fait aucune allusion au rôle qu’elle joua à la fin des années 90. Hommage doit être rendu aux qualités professionnelles et à la conscience citoyenne de ces deux archivistes.

    Faisant partie en 1997 de la mission sur la spoliation des Juifs de France sous l’Occupation présidée par Jean Mattéoli, Caroline Piketty, a rapporté qu’elle a rencontré à ce titre, le 22 octobre 1997, le directeur des Archives de Paris, François Gasnault : « Je sors de ma sacoche le journal Libération acheté en sortant du métro. La Une présente un extrait d’un registre d’information du Parquet de la Seine avec pour titre “17 octobre 1961, les premiers documents”. On y voit la trace d’individus morts, parfois anonymes, parfois avec leurs noms, avec la mention FMA, Français musulmans d’Algérie, suivies du nom du magistrat instructeur et de l’indication qu’une information a été ouverte. Pour certains il est mentionné que le corps a été repêché dans la Seine, à telle ou telle hauteur du fleuve. A peine arrivée dans le bureau de François Gasnault je lui demande à voir ce registre. Il refuse en me disant “tu connais la loi sur les archives”. J’apprendrai peu après que l’article était paru grâce à David Assouline, historien et membre de l’association Au nom de la mémoire, à qui Philippe Grand avait communiqué et reproduit des extraits de ce registre. Philippe Grand s’était appuyé sur la décision que venait de prendre la ministre de la Culture, Catherine Trautmann, demandant l’ouverture des archives sur la journée du 17 octobre 1961. » Celle-ci a été immédiatement recadrée par le premier ministre Lionel Jospin, celui-ci l’ayant été précédemment par le président de la République, Jacques Chirac. Philippe Grand a fait l’objet d’une enquête administrative à la demande de son directeur et été écarté du travail qu’il effectuait. Caroline Piketty a ajouté qu’à l’époque, elle travaillait souvent, pour la mission Mattéoli, aux Archives de la préfecture de police où elle avait accès à tous les documents, y compris ceux entreposés dans la cave de la rue des Carmes, et lorsqu'elle posait des questions sur les archives relatives au 17 octobre 1961, un haut fonctionnaire de ce service s’est plaint alors devant elle en lui disant : « Après les Juifs, les Arabes… ».

    Heureusement, des choses bougent dans le monde des archivistes. La présidente de l’Association des archivistes français (AAF), Céline Guyon, qui animait le débat sur les archives, a affirmé qu’elle pensait que les archivistes ne devaient pas être « les gardiens de secrets d’Etat ». Cette association travaille depuis plusieurs années sur l’enjeu citoyen que constitue l’accès aux archives. Par ailleurs, lors de cette journée le juriste Emmanuel Decaux, ancien président du Comité des disparitions forcées des Nations Unies, a expliqué que, dans cette question gravissime des disparitions forcées, le droit international a fait d’importantes avancées ces dernières décennies. Que toutes les victimes de disparitions forcées, quelles qu’elles soient dans le monde, doivent bénéficier des « principes Joinet » reconnus par les Nations Unies : « vérité, justice, réparation ». Et pour cela l’accès aux archives est un élément essentiel.

    C’est une archive conservée aux Archives nationales d’outre-mer, à Aix-en-Provence, le reste d’un fichier tenu par la préfecture d’Alger en 1957 pour noter les demandes de renseignements des familles, qui a permis aux historiens Malika Rahal et Fabrice Riceputi (1), en la rendant publique sur internet, d’ouvrir au lendemain de la déclaration d’Emmanuel Macron de septembre 2018, un site intitulé 1000autres.org. Il tente de faire sortir de l’anonymat les autres disparus de la « bataille d’Alger », des Algériens, dont les identités sont restées jusque-là largement inconnues. La consultation d’autres archives, notamment celles des deux Commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels qui ont existé successivement de mai 1957 à 1962, conservées mais non librement accessibles aux Archives nationales, qui contiennent de nombreuses demandes des familles et les réponses mensongères qui leur ont été faites, devrait permettre, quand cessera l’interdiction d’accès à ces archives ou à une partie d’entre elles, d’avancer dans la documentation par ce site de bien d’autres cas de disparitions.

    Sur la mise en œuvre de la déclaration présidentielle de septembre 2018 sur l’accès aux archives concernant les disparus de la guerre d’Algérie, Jean-Charles Bedague, du Service interministériel des archives de France, a annoncé un arrêté à venir sans pouvoir encore être en mesure d’apporter à son sujet des éléments précis. Quant à l’historienne Sylvie Thénault, elle s’est interrogée sur la levée de la règle du silence qu’Emmanuel Macron a mentionnée dans sa déclaration de septembre 2018, sur l’impact d’un éventuel appel aux témoignages de militaires français de l’époque venant des plus hautes autorités de l’Etat et de l’armée qui se substitueraient à la consigne de silence imposée depuis les faits, ainsi que sur un appel qui leur serait adressé au dépôt d’éléments d’archives qu’ils auraient conservées.

    Un arrêté a été publié au Journal officiel du 10 septembre 2019, mais il se limite à des documents concernant l’affaire Audin déjà communiqués depuis plusieurs années à la famille. Il n’apporte rien de neuf. Tout en se félicitant de cette mesure, on ne pouvait qu'être inquiet à propos de ce qui allait suivre. Des mesures beaucoup plus larges d’ouverture des archives de cette période sont nécessaires. Sans que l’Etat cherche à sélectionner des « morceaux choisis » qu’il remet aux familles et qu’il autorise les historiens à regarder, comme François Hollande l’a fait à trois reprises : concernant le meurtre du syndicaliste tunisien Ferhat Hached, le massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye et l’assassinat de Maurice Audin. Le président de la République n'est pas le « directeur de recherche » des historiens. Le rôle de l’Etat en la matière, c’est de leur ouvrir largement l’accès aux archives de cette période pour qu’ils y consultent librement les différents fonds qui leur paraissent utiles à leur recherche, et non pas qu’ils les « oriente » et faisant sa propre sélection.

    Pour sa part, Gilles Morin a comparé l’ouverture des archives de la Seconde Guerre mondiale permise par l’arrêté intergouvernemental du 24 décembre 2015 à celle qui devrait advenir à la suite de la déclaration d’Emmanuel Macron de septembre 2018, concernant cette fois les archives de la guerre d’Algérie. Nombreux sont les chercheurs et les archivistes qui pensent qu’une interpellation publique du président de la République pourrait y contribuer.

    L’« IGI 1300 », le « culte des tampons » et l'invocation abusive du « respect de la vie privée » 

    D’autres obstacles s’opposent encore à la recherche. Comme l’a fait remarquer Maurice Vaïsse, dans son article « Un historien face au secret des archives, dans 20 & 21. Revue d’histoire de septembre 2019 : depuis près de dix ans « un nouveau verrou à la recherche » existe : l’instruction générale interministérielle adoptée le 30 novembre 2011, à la fin de la présidence de Nicolas Sarkozy, qui n’est ni une loi ni un texte réglementaire, auquel les archivistes ont souvent tendance à obéir, en respectant au pied de la lettre une sorte de « culte des tampons ». En contradiction avec la loi en vigueur (du 15 juillet 2008) qui allait globalement dans le sens d'une ouverture, cette IGI, dite « IGI 1300 », impose que, lorsque des documents sont classifiés « secret défense » ou « très secret défense », quelle que soit la date des documents ou le sujet concerné, il faut attendre la déclassification de ces documents qui ne peut se faire que pièce par pièce par l'institution héritière de celle qui les a émis. En attendant, les documents classifiés sont placés dans une enveloppe fermée sur laquelle il est indiqué que des sanctions disciplinaires, professionnelles ou des condamnations pénales seront appliquées contre celui qui divulguera un tel document. Des chercheurs ont ainsi dû attendre des mois la déclassification de documents datant de l’Occupation et concernant des questions aussi banales que le prix du pain ou les fêtes foraines. On ne sait si des archivistes ont cherché à écrire au commissariat général aux questions juives de la France occupée en raison d'un tampon « secret » apposé par lui sur un document… En tout cas, pour la guerre d'Algérie, beaucoup constatent qu’en application de cette IGI de 2011 (entrée en vigueur en 2013) — sans valeur de loi ou de règlement, répétons-le —, l’invocation abusive de la notion de « secret défense » à des documents portant le moindre tampon « secret », même s’il a été apposé par les chefs de tortionnaires pour dissimuler leurs pratiques, aboutit ainsi à l’inaccessibilité encore pour de longues années de documents importants.

    Responsable les sept dernières années de la salle de lecture des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, Caroline Piketty n’avait théoriquement pas le droit de voir ces documents classifiés, car elle n’était pas « habilitée secret défense ». Dès lors, comment les archivistes peuvent-ils faire leur métier qui consiste à aider sur place et à distance tous les chercheurs qui s’adressent aux Archives nationales ? Le moindre carton peut contenir des documents sur lequel un tampon « secret défense » a été apposé, et ils n’auront jamais le temps de vérifier leur existence avant d’envoyer ces documents en salle de lecture. Nous sommes dans une situation ubuesque. Selon elle, sans mettre en question les nécessités du secret de la Défense nationale et des délais de communicabilité, elle estime qu’il est dérisoire de protéger indéfiniment des documents tamponnés « secret défense » quelle que soit la nature des informations citées. Ces classifications sont absurdes au-delà d’un délai maximum de cinquante ans, c’est-à-dire à l’expiration des délais du Code du patrimoine. Par ailleurs, de nombreux dossiers de la période de l’Occupation ou de la guerre d’Algérie sont encore dans les administrations qui les ont produites, alors qu’ils devraient être versés aux Archives, et sont inaccessibles. Ajoutons que lorsque des destructions ont eu lieu, comme cela a été le cas d’une partie des sources sur la répression de la manifestation d’octobre 1961, comme l’a montré Fabrice Riceputi (2), un effort particulier doit être réalisé pour établir la documentation existante aussi précisément que possible en faisant l’état des lacunes constatées. Le guide des recherches sur les disparus de la guerre d’Algérie annoncé par les Archives de France pour la fin de cette année devra faire état de ces lacunes et de ces destructions.

    Enfin si une seconde dérogation générale est prévue pour tous les disparus de la guerre d’Algérie, il est important de réfléchir à la création d’un bureau d’accueil pour les familles qui sont à la recherche de leurs proches : trop souvent elles se heurtent à des difficultés liées à la langue et à la complexité des archives. Les archives publiques sont pourtant destinées à tous les citoyens, quelle que soit leur nationalité. On pourrait concevoir l’ouverture d’un service sur les disparus d’Algérie qui orienterait les personnes à la recherche de traces sur ces exactions qi ont été enfin reconnues par le président de la République.

    On constate aussi que c’est abusivement que la notion de « protection de la vie privée » est invoquée pour empêcher la connaissance historique de tel ou tel acte criminel commis pendant l’Occupation ou les guerres coloniales : au nom de la « protection de la vie privée » de ceux qui les ont commis ou de leurs descendants. Au prétexte que ne doit pas être communiqué un « document qui révèle un comportement dans des conditions dont la divulgation pourrait nuire à son auteur ». Ce qui revient à dire que les pièces d’archives qui montraient la complicité de Maurice Papon dans des crimes contre l’humanité commis à Bordeaux en 1942 auraient dû être tenues secrètes pour « protéger la vie privée » de ce haut fonctionnaire devenu ministre et celle des membres de sa famille. En dehors des dispositions prévues par les lois d’amnistie, certains actes gravissimes n’ont pas lieu d’être dissimulés au nom de la « vie privée » de leurs auteurs ou de leurs descendants. Ces derniers n’en sont en rien responsables. L’argument du « respect de leur vie privée » ne doit pas servir d’alibi à une Raison d’Etat qui cherche à dissimuler certains faits, comme les actes de torture pratiquée par certains membres de l’armée française durant la guerre d’Algérie ou les crimes terroristes commis par des membres de l’OAS.

    Le secret de la défense nationale ou les intérêts fondamentaux de l’Etat n’effacent pas pour autant les droits de l’homme et de tout citoyen. L’historien Jean-Yves Mollier a fait un bel éloge de Brigitte Laîné au lendemain de sa mort : « Brigitte Lainé n’était pas seulement l’archiviste en chef chargée du patrimoine aux Archives de Paris que beaucoup d’entre nous ont connue, mais une sorte d’Antigone des temps modernes (3) ».

    Il s’agit d’un enjeu concernant la connaissance historique d’une période de l’histoire contemporaine de la France, mais c’est aussi un enjeu civique. Car la question n’est pas sans lien avec le fait qu’aujourd’hui en France existent des forces politiques qui se sont nourries des silences et des dénis d’histoire relatifs à la période coloniale. Le libre accès aux archives est aussi une des conditions pour que ce pays puisse espérer mettre fin à leur triste rôle.

    La table ronde qui a eu lieu le dimanche 13 octobre de 9h30 à 11h à l'université dans le cadre des Rendez-vous de l'Histoire, à Blois, a été l'occasion de débattre de ces questions.

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    (1) Malika Rahal, historienne, Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS) et Fabrice Riceputi, enseignant et historien, auteur de La bataille d’Einaudicomment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République, préface de Gilles Manceron, Le passager clandestin, 2015.

    (2) Fabrice Riceputi, ouvrage cité, p. 144.

    (3) Jean-Yves Mollier, « Hommage à Brigitte Laîné (1942-2018), une juste parmi les justes », Actualité du XIXe siècle, revue en ligne de la Société d’histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, 19 novembre 2018. 

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/gilles-manceron/blog/121019/rendre-accessibles-les-archives-de-la-guerre-d-algerie
      

     


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    Alban Liechti, l'insoumis mais aussi Joyeux anniversaire à Vincent son fils, sans oublier Yolande sa maman

    Vincent Liechti mon ami, quel courage de te dénoncer comme radicalisé...

    Alban Liechti, l'insoumis mais aussi Joyeux anniversaire à Vincent son fils, sans oublier Yolande sa maman

    Tu écris : 

     

    « Devenu barbu l'année des attentats, partisans des repas sans viande à l'école et du port du poil intégral, en plus on a vu souvent son épouse porter le foulard ces derniers temps. Vincent Liechti ne se serait-il pas dangereusement radicalisé ? »

     

    Vincent Liechti mon ami : Ton humour qui se moque de M. Macron et de sa bande de godillots m’a fait retrouver un article de mon blog, daté de 2017 où je vois que tu as eu 1 an de plus le 13 octobre, je renouvelle ici cette date, je l'ai déjà fait sur Facebook...

     

    Alban Liechti, l'insoumis mais aussi Joyeux anniversaire à Vincent son fils, sans oublier Yolande sa maman

     

    Mais cela me permet de remettre en ligne cet article qui date donc de 2017 parlant aussi de ton papa et de ta maman. Peux-tu m’informer, en public ou en privé, si tes parents sont encore de ce monde. Merci d’avance. 

     

    Alban Liechti, l'insoumis mais aussi Joyeux anniversaire à Vincent son fils, sans oublier Yolande sa maman

     

     

    Alban Liechti, l'insoumis

    Alban Liechti, l'insoumis

    C’était le 6 octobre 2013 lors de la commémoration en hommage aux victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise à Paris, de gauche à droite nous reconnaissons : (2e) Jean-Philippe Ould Aoudia (Marchand-Feraoun), Alban Liechti (ACCA), Gilles Manceron (LDH) et Georges Morin (Coup de Soleil) 

    Le documentaire «  le Refus » retrace le combat anticolonial d’Alban Liechti qui refusa en juin 1956 de prendre les armes contre le peuple algérien. Alban Liechti fut incorporé dans l’armée le 5 mars 1956 comme jeune soldat du contingent. Lorsque son contingent est envoyé en Algérie à l’automne 1956, il écrit au président de la république qu’il refuse de faire la guerre au peuple algérien. Il sera condamné à la prison. 

    Après 4 années passées dans les prisons d’Algérie et de France, le 17 mars 1961, il est envoyé de force en Algérie dans un commando de Chasse d’un régiment de tirailleurs algériens. Dans le Djebel, de la région de Blida, il patrouille, tout en refusant de mettre les balles dans son arme. Son refus déterminé était celui d’un jeune qui reconnaissait au peuple algérien le droit à l’indépendance. Et ce n’est qu’avec la fin de la Guerre d’Algérie qu’il est libéré, le 8 mars 1962. 

     

    Quatre ans de prison et deux ans d'armée, le prix d'un refus, celui de participer à la répression colonialiste. Rencontre.

    Début 1956, les premiers appelés partent pour l'Algérie. Quelques mois après les manifestations qui avaient ponctué le départ des rappelés (dans une ville comme Limoges, il fallut trois jours de charges de police pour dégager la gare et permettre le départ du train). Parmi les jeunes de vingt ans ainsi expédiés outre-Méditerranée, un certain Alban Liechti.

    Né le 24 avril 1935, celui-ci est incorporé le 1er mars 1956 dans le cinquième régiment du génie, et, après ses quatre mois de classes, affecté en Algérie. Le 2 juillet, il cosigne avec une trentaine de soldats de son unité une pétition adressée au président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, et appelant au cessez-le-feu. Le même jour, il rédige une lettre au président René Coty pour signifier son refus de prendre part à la guerre d'Algérie. Le 19 novembre, il est condamné à deux ans de prison par le tribunal militaire d'Alger. Il purge sa peine au centre pénitentiaire d'Alger, au centre de Berrouaghia, à la prison de Carcassonne (où il restera treize mois au régime cellulaire : pas de contact avec les autres détenus et interdiction aux gardiens de lui adresser la parole).

    À sa première sortie de prison, Alban Liechti est affecté au troisième régiment de chasseurs alpins à Barcelonnette. Nouveau départ en Algérie le 3 mars 1959 ; nouveau refus de combattre et nouvelle lettre au président de la République, Charles de Gaulle. Deux ans de prison (Alger, les Baumettes, Casadianda en Corse). Mars 1961, troisième départ en Algérie. Après deux mois d'opérations durant lesquels il refuse de porter une arme chargée, il est affecté à l'administration et achèvera ses " obligations militaires " en février 1962.

    Alban Liechti a aujourd'hui soixante-cinq ans (c'était en 2001) et une énergie à vivre visiblement intacte. Quel regard porte-t-il sur cette époque et comment analyse-t-il ses motivations ?

    " J'avais des parents communistes, épris d'internationalisme et très anticolonialistes ", commence Alban Liechti. " J'avais participé avec eux à la campagne pour la libération d'Henri Martin, qui, soldat, avait refusé la guerre d'Indochine. Avec ces idées, je me refusais de tirer sur des gens en lutte pour leur droit à l'indépendance. Mon initiative a été individuelle, mais j'en avais parlé à mes parents, aux camarades du Parti, à Yolande qui deviendra ma femme. Je savais que, le moment venu, je serais soutenu "...

    Durant cette " guerre sans nom ", pour reprendre le titre du film de Tavernier, ils furent une trentaine de soldats à choisir l'insoumission et son corollaire, la prison. Quelques dizaines d'autres désertèrent pour les mêmes motifs. Un nombre peu élevé, mais qu'Alban Liechti relie à d'autres formes de combat pour la paix en Algérie. " Chaque refus en nourrissait d'autres. Sur place, les refus de partir en opérations, la révolte contre la torture, le napalm, les corvées de bois " (terme désignant les exécutions sommaires camouflées en tentatives d'évasion). " En fait, chacun de ces refus contribuait à la convergence de toutes les actions pour la paix. Celles-ci furent de plus en plus nombreuses, jusqu'au combat d'une large partie du contingent contre les putschistes de l'OAS. "

    Alban explique de cette façon son changement de comportement début 1961. " Je voulais alors témoigner sur la guerre elle-même, prévenant que je refusais de combattre. Et puis le contexte était devenu très différent : nous n'étions pas loin du putsch et de l'OAS. Tout un état d'esprit qui se radicalisait des deux côtés. "

    Affecté à un régiment disciplinaire de tirailleurs algériens (à ne pas confondre avec les harkis, supplétifs volontaires des forces de répression françaises), Alban est, pendant deux mois, placé systématiquement en avant-garde des patrouilles. " Bien qu'ayant un fusil je n'ai jamais tiré un coup de feu. Il n'en reste pas moins que, pour les Algériens, je portais l'uniforme de l'armée française et qu'il n'était pas écrit sur mon front que je ne tirerais pas "... La solidarité des autres militaires de base et les dénonciations en France de cette ultime tentative pour le briser (ou le liquider ?) contraignent finalement la hiérarchie à le retirer de la zone d'opérations.

    Lorsqu'on lui demande quel sens il donnait à son insoumission, Alban Liechti cite sa lettre de 1956 au président Coty : " C'est l'amitié entre Français et Algériens que je veux défendre. C'est aussi la Constitution française que je respecte puisqu'il est dit dans son préambule : "La République française n'entreprendra aucune guerre de conquête et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple"... Et plus loin : "Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s'administrer et de gérer démocratiquement leurs propres affaires"... C'est pour ces deux raisons que je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance. "

    Une autre citation pour conclure. Extraite de sa lettre au général de Gaulle de mars 1959 : " Dans les prisons d'Algérie, j'ai vu les victimes de la répression ; j'ai senti son arbitraire, sa sauvagerie, son inutilité. Malgré toutes les souffrances que cette guerre inflige aux Algériens, j'ai compris que des possibilités d'amitiés demeurent, surtout quand nous savons leur prouver la nôtre. "

    censure

    Sorti de la prison de Carcassonne, Alban Liechti met à profit sa (brève) liberté pour épouser Yolande Toublanc (avec qui il n'a cessé de correspondre les deux années précédentes), en octobre 1958. " Ce fut l'occasion d'une grande manifestation de solidarité du PCF ", se souvient-il. Le lendemain, l'Humanité est saisie par les autorités. Motif : avoir publié des photos du mariage...

    Ma conclusion

    Alban Liechti, l'insoumis

    D’abord je souhaite un heureux anniversaire au fils d’Alban Liechti qui a pris une année de plus aujourd’hui 13 octobre 2017, mon ami sur Facebook Vincent Lietchi, auteur-compositeur-interprète, poète, conteur, slameur, cadre des collectivités locales et militant de la transformation sociale. Eh oui c’est son anniversaire aujourd’hui mais Vincent écrivait le 8 octobre 2017, il y a 5 jours : « 91 ans. Bon anniversaire à ma maman ».

    En octobre 1958 Yolande Toublanc, 33 ans, épousait Alban Lietchi, voici donc Yolande 59 années après, à qui, bien sûr j’avais souhaité un heureux anniversaire.

    Alban Liechti, l'insoumis

    Pour conclure cette histoire passionnante qui finit bien Vincent Lietchi interprète pour son papa et sa maman sans oublier tous ses nombreux amis dont je suis fier de faire partie "Refus d'obéissance".

    Michel Dandelot

     

     


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  • Banalisation de l’extrême droite.

    Nous sonnons l’alerte !

    Banalisation de l’extrême droite. Nous sonnons l’alerte !

    Après avoir soigneusement rebâtit ses fondations depuis quarante ans, l’extrême droite s’attèle à construire le dernier étage de la fusée. Elle le fait sous le regard complaisant des puissances financières et de leurs actuels commis politiques qui croient ainsi pouvoir conserver les manettes. Elle le fait en provocant stupeur et sidération grâce à une rhétorique ouvertement haineuse, raciste, homophobe, sexiste, islamophobe, de nature fascisante. La convention dite « de la droite » réunie sous les auspices de Mme. Maréchal, nièce Le Pen, en a apporté la preuve par une succession de discours d’une violence inouïe, dont celui tenu par M. Zemmour.

    Jamais, depuis la Libération, n’avait aussi clairement été appelé à en finir avec la République. Dans le plus pur style maurassien et collaborationniste, celle-ci est déclarée impotente et cosmopolite, fourrier d’une « anti-France » digne des ligues antisémites de la fin du 19ème siècle et du régime de Vichy. Jamais ne fut prononcé et si complaisamment relayé un aussi net appel à la guerre civile et religieuse. En l’occurrence contre l’Islam et les musulmans, cibles d’une vindicte délirante et visages d’une modernité haie, désignés en bloc comme les agents d’une « guerre d’extermination de l’homme blanc hétérosexuel catholique » et, par conséquent, à exterminer.

    Le premier fait d’une grande gravité tient à la perméabilité nouvelle de ces discours néofascistes et appels à l’épuration ethnique au sein d’un certain monde médiatique. Un cran nouveau dans la standardisation du discours d’extrême droite vient d’être franchi, avec tout ce que cela suppose de travail sur les consciences. La responsabilité des médias est immense qui promeuvent, en France comme ailleurs, ces clowns tristes qui, de Trump à Zemmour en passant par Salvini ou Bolsonaro, sont les produits d’une société du spectacle, fabriqués sur petit écran. Voici que pour se justifier, les porte-micros invoquent « la liberté d’expression ». Or, nous parlons ici de discours dont quasiment chaque phrase tombe sous le coup de la loi et relève donc des tribunaux.

    Au-delà de son illégalité, le discours zemmourien instaure la grande confusion par la trituration des faits historiques. Il promeut l’équivalence aussi ridicule qu’odieuse entre nazisme, progressisme, néolibéralisme, islam et communisme, entre autres délires qui font basculer le propos dans l’irrationnel. On n’oubliera d’ailleurs pas les belles âmes qui, se réclamant du progrès, osèrent les néologismes absurdes « fascislamisme » ou « islamo-gauchisme », adoptant d’un seul coup le sabir zemmourien. Au jeu de la propagande bornée, tel est pris qui croyait prendre ! La thèse du « grand remplacement » cache-sexe d’une volonté épuratrice et d’une conception ethniciste de la nation, est brandie alors qu’elle ne résiste à aucune étude sérieuse, aucun chiffre, aucun fait.

    Zemmour et Maréchal ne sont en cela que l’expression de l’obscurantisme qui s’ébroue dans le monde entier, des anti-Lumières forcenés, jumeaux contrariés du fondamentalisme qu’ils prétendent honnir. Ce qu’ils présentent comme Histoire n’est au fond qu’un récit tragique détaché de toute forme de rigueur scientifique qui fait de la France une personne menacée. Le peuple français essentialisé se serait ainsi fait voler son identité profonde par la Révolution française. Aucune construction politique n’est permise, aucun libre arbitre n’est laissé à l’être humain, intrinsèquement lié à une tradition et à un peuple fantasmés. Au nom du « bon sens » et du « réalisme », le duo Maréchal-Zemmour s’affranchit de toute recherche de la vérité et de toute approche rationnelle.

    La grammaire de ces discours identitaires oppose un « nous » aux « eux », et permet d’inverser les rapports dominants-dominés. La lutte des classes est troquée pour une lutte des races, telle qu’elle est professée par tous les obsédés de la pureté identitaire.

    La brutalité de ce bavardage puise ses racines dans les traditions antihumanistes qui récusent toute forme d’universalisme. Une tradition portée en France par le « Rassemblement national », mais qui, dans le monde entier, force les portes des régimes dits démocratiques. L’offensive est globale et coordonnée pour tourner la page de l’épopée démocratique. Elle est violente et décidée pour donner une place centrale aux courants et idées d’extrême droite à la faveur des recompositions politiques à l’œuvre depuis l’effondrement du bloc soviétique. Les apprentis-sorciers libéraux, et les politiciens qui, par calcul, laissent faire ou encouragent – tout en prétendant combattre – cette nouvelle bipolarisation portent une très lourde responsabilité. Espérant, par tous les moyens, épargner le capital d’une critique radicale, ils préparent le terrain des forces réactionnaires, racistes, antidémocratiques qui prêchent la mort et la violence.

    Cette convention est en effet le paravent d’une opération politique de plus ample envergure. Les chevau-légers de la mouvance identitaire sonnent la charge pour étendre le champ des bataillons du Rassemblement National, élargir le lit de l’extrême-droite, essaimer des idées et tenter de rendre présentable Mme Le Pen pour la rapprocher de fractions de la droite républicaine. Pour définir son projet d’emprise néofasciste, Mme Maréchal s’est livrée sans vergogne au vol du concept d’hégémonie culturelle, soustrait à Antonio Gramsci, et qui subit une triple pression à froid jusqu’à être vidé de toute sa substance révolutionnaire, progressiste et émancipatrice. Il ne désigne plus, dans sa bouche, qu’une guerre de position idéologique déclinée dans tous les secteurs de la société. Associations, médias, entreprises, écoles : c’est là que se joue l’offensive pour contourner l’Etat, jugé trop solidement ancré sur ses bases républicaines. Ce n’est donc pas à une prise de pouvoir immédiate ou imminente que s’emploie Mme Maréchal, trop lucide sur ses faiblesses et sur les résistances sociales à ses idées obscurantistes. Ce travail idéologique d’ampleur a vocation à secouer les plaques tectoniques du débat politique pour préparer une offensive cinglante.

    Le monde des médias est ainsi spectaculairement investi par de nouveaux magazines en papier glacé qui sont autant d’écuries où se forme et s’exprime la fine fleur de la réaction brune. Légitimés par l’écrit, les voici propulsés sur les plateaux de télévisons, invités à donner leur point de vue sur tous les sujets d’actualité, à promouvoir dans le débat public leurs thèses de guerre civile. Le crédit qui leur est ainsi apporté instaure une normalisation d’idéologies mises au tapis en 1945. Cette entreprise doit être méditée par chaque démocrate, chaque républicain à l’heure où le pluralisme de la presse se meurt dans l’indifférence ; à l’heure où dans certains cercles on s’acharne à pousser L’Humanité à l’agonie ou à l’effacer du débat public. L’extrême droite a bien saisi que la presse, malgré ses difficultés, reste le fer de lance du combat idéologique.

    Cette offensive au long cours produit déjà des effets désastreux. Plus de la moitié des électeurs de droite se disent prêt à faire sauter les digues avec l’extrême droite. Se resserre donc dangereusement la tenaille entre les forces national-capitalistes et libérale-capitalistes qui espèrent chacune tirer leur épingle d’un jeu malsain où les alternatives sociales, progressistes, communistes, sont réduites au silence. Les peuples et les travailleurs sont ainsi laissés sans défense face à des propositions politiques qui, si elles diffèrent sur bien des points, promeuvent chacune l’inégalité sociale et politique.

    La redéfinition du rôle de l’Etat amputé de ses fonctions sociales, la mise à disposition du capital de ses prérogatives, les violences policières et les abus judiciaires, les politiques discriminatoires, les attaques contre les libertés publiques, contribuent à fertiliser le terreau de la réaction. L’Etat néolibéral, refusant tout compromis social, suscite le glissement de la société vers l’extrême droite. Il le suscite d’autant plus qu’il concentre son action sur ses fonctions régaliennes, une à une durcies jusqu’à rogner les libertés chèrement conquises.

    Une union de la contre-offensive, portant des propositions progressistes, post-capitaliste neuves est à fédérer urgemment. C’est bien de la misère sociale que se nourrit la réaction haineuse. Face aux lignes de fractures idéologiques créées par l’extrême droite, il est temps d’opposer la critique radicale du néolibéralisme et du jeu de dupe qu’il joue avec les extrêmes droites en unissant toutes celles et tous ceux qui subissent leur oppression, à commencer par les travailleurs. Nous ne pourrons très longtemps faire l’économie d’une action résolue contre l’ultralibéralisme qui ressuscite partout les démons fascistes. C’est bien à la construction d’une réponse politique unitaire, qui tisse le fil du progressisme à la française, des révolutions et des traditions philosophiques et politiques rationnelles, émancipatrices et internationalistes qu’il faut d’urgence s’atteler. L’heure est trop grave pour temporiser.

    Patrick Le Hyaric 

     


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    Affaire Zemmour : "On ira tous les jours jusqu'à

    ce que Cnews cède", Pierric Annoot,

    responsable communiste

    Pierric Annoot,responsable du Parti communiste français dans les Hauts-de-Seine (92). Photo : DR 

     

    Pierric Annoot est responsable du Parti communiste français dans les Hauts-de-Seine (92). Il est l'un des initiateurs du rassemblement qui a eu lieu ce jeudi 10 octobre devant les locaux de Cnews. Rassemblement pour exiger que la chaîne d'information en continu revienne sur sa décision.  

    Eric Zemmour deux fois condamné par la justice pour ses propos incitant à la haine raciale sera à l’antenne de Cnews du lundi au vendredi, une heure durant, à partir de 19 heures dans une émission intitulée "Face à l’info" présentée par Christine Kelly, à compter de ce lundi, le 14 octobre. Pierric Annoot appelle à un nouveau rassemblement devant Cnews ce lundi.

     

    LCDL : Vous êtes allé devant Cnews ce jeudi soir. Et vous avez l'intention d'y retourner ce lundi...  

     

    Pierric Annoot : Oui. Nous demandons l’annulation immédiate de l’émission quotidienne de Zemmour. Pour le moment, la direction de la chaîne, qui appartient pour rappel à Vincent Bolloré, milliardaire français, maintient cette émission. Si elle le fait, c’est d’abord pour faire de l’argent.

    L’irruption des chaines d’infos en continu au début des années 2000 a fortement contribué à transformer le débat politique. L’historien Gérard Noiriel démontre très bien dans son dernier ouvrage, que le venin de Zemmour n’est pas nouveau, qu’il le distillait depuis le début des années 90, mais que sa diffusion dans la société française tient pour beaucoup au bouleversement du champ médiatique avec l’arrivée de ces chaines d’infos en continu.

    Le clash permanent pour faire monter l’audimat est recherché à la fois par ces chaines et par des individus comme Zemmour pour faire parler d’eux et faire de l’argent.

    Il faut rappeler que Zemmour occupait déjà les micros de I-télé de 2003 à 2014, qu’il a fait ses premières armes télévisées chez Ardisson et Ruquier, plusieurs fois déprogrammé, condamné par la justice, mais toujours de retour grâce au jeu de la concurrence entre les chaines. Il y a donc une responsabilité particulière du système médiatique tel qu’il fonctionne aujourd’hui.

     

    Vous dites qu'on a franchi un cap avec la diffusion en direct sur LCI du discours xénophobe d'Eric Zemmour lors de la Convention de la droite... 

     

    Effectivement. Jamais depuis la libération, nous n’avions entendu, sur un grand média, de discours aussi violents avec un appel à peine dissimulé à la guerre civile et religieuse, en l’occurrence contre l’Islam et les musulmans. Donc, je crois que l’on passe d’une stratégie du buzz à un véritable choix politique de toute une partie de la classe dominante, pour légitimer les discours racistes et la stigmatisation des musulmans.

     

    Certains disent qu'empêcher Éric Zemmour de parler est contraire à la liberté d'expression. Qu'en pensez-vous ?

     

    La déclaration des droits de l'homme et du citoyen dit: "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi." Or, Zemmour a été condamné par la justice pour incitation à la haine religieuse et raciale à deux reprises. Quasiment chaque phrase de son discours lors de la Convention de l’extrême droite tombe sous le coup de la loi.

    Et encore une fois, plus que de me référer à la loi, je veux insister sur la responsabilité immense de ces médias. Par exemple, quand Zemmour brandit la thèse fumeuse du grand remplacement, il relaie le discours des néofascistes et appelle implicitement à l’épuration 

    ethnique. Nous sommes là dans l’atteinte à la dignité humaine, dans l’appel à la haine. En le laissant éructer sur les plateaux télé, cela banalise son discours et le légitime. Cette légitimation peut pousser à l’acte, comme le drame que nous venons de vivre en Allemagne devant une synagogue, ou le mois dernier en France où une femme voilée a été poignardée parce que musulmane. La liberté d’expression ne peut être invoquée lorsqu’elle est utilisée pour libérer la parole et les actes racistes.

     

    Pour l'affaire Dieudonné-Soral, Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait pris les devants pour leur interdire de s'exprimer. Comment expliquez-vous le silence d'Emmanuel Macron ou des ministres pour l'affaire Zemmour ?

     

    Il y a un deux poids deux mesures. Et c’est un drame. L’islamophobie et l’antisémitisme sont issus de la même matrice idéologique d’extrême droite. Or, il est indéniable qu’en France l’un et l’autre ne sont pas traités de la même manière. Une insulte antisémite en publique à l’hiver dernier a provoqué à juste titre l’indignation nationale.

    Une femme voilée qui se fait poignarder ou une mosquée taguée, ça fait au mieux deux lignes dans la rubrique faits divers de la presse régionale. Cette injustice est dévastatrice. Cette hiérarchisation vise à désigner un nouvel ennemi de l’intérieur : le musulman.

    Les derniers discours de Macron et Castaner sont d’ailleurs très graves. Ils nous invitent non pas à identifier des signes distinctifs d’appartenance à des réseaux terroristes, mais à identifier et dénoncer des signes d’appartenance religieuse avec ce tryptique insupportable : immigration/Islam/terrorisme.

    On nous demande en filigrane de dénoncer le musulman, comme hier on nous demandait de dénoncer le juif. La prochaine étape c’est quoi ? Après le port de l’étoile jaune, celui du croissant vert ?

    L’instrumentalisation des religions, le concept inique de la guerre des civilisations sert un seul projet : la survie d’un capitalisme en crise profonde et des rapports de domination sexistes et racistes.

     

    SOURCE : https://www.lecourrierdelatlas.com/medias-affaire-zemmour-on-ira-tous-les-jours-jusqu-a-ce-que-cnews-cede-pierric-annoot-responsable-communiste-22772#.XaCnO0-40TE.facebook

     

    Visualisez la vidéo de France Inter Vous saurez tout sur la chaine poubelle CNews et l’arrivée du délinquant islamophobe Zemmour. 

     


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    "Pendant la guerre, j'ai tué"

     

    Gilles et Bernard sont des anciens de la guerre d'Algérie... Dans leur jeunesse, l'un comme l'autre ont été entraînés, disent-ils, sur la pente de l'irréparable. Ils ont tué ou ont été responsables de la mort d'un autre homme, malgré eux.

    "Pendant la guerre, j'ai tué"

    Les parachutistes du colonel Bigeard interrogent, le 14 mars 1957, Omar Merouane, soupçonné d’avoir commis de nombreux attentats, qu’ils viennent d’arrêter à Saint-Eugène en Algérie, pendant la guerre d’Algérie.• Crédits : Jacques Grévin/Intercontine – AFP

     

    Ils ont tué ou ont été responsables de la mort d’un autre homme, malgré eux. Depuis, ils ont adhéré à l'association 4ACG pour Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre qui s'engagent à verser leur pension de guerre à des bonnes œuvres en Algérie.

    Gilles est envoyé en Algérie alors qu'il a tout juste vingt ans. Il arrive dans ce "département français" qu'il connait mal, sans vraiment comprendre les raisons du conflit. Etant une toute jeune recrue, il écoute les ordres, ou du moins il tente jusqu'à ce qu'on lui demande d'attacher un homme, défiguré par les coups, à un piquet. Il assiste à l'exécution de l'homme en question, complètement impuissant et traumatisé pour le reste de son existence.  

    « Nos regards se sont croisés. J’ai vu dans ses yeux qu’il demandait de la compassion. »

    « Pour moi c’était un attentat, on venait de tuer un homme sans défenses, sans justice, sans arme. »

    Bernard, lui, se positionne par rapport à la guerre d'Algérie, il n'est pas question qu'il y participe, d'une part parce qu'il ne veut pas aller à la guerre, d'autre part parce qu'il est contre cette guerre puisque pour lui, l'Algérie a droit à son indépendance. Il demande à partir à Madagascar, mais il est envoyé en Algérie, malgré lui. Une fois sur place, il arrête de penser, accepte la situation et devient sergent et finit par tuer un prisonnier au cours d'une "corvée de bois"

    « Sans m'en rendre compte, je suis entré dans la guerre et j'ai épousé les objectifs de l'armée française. »

    «On faisait croire aux prisonniers qu'on les emmenait chercher du bois, on les conduisait dans la forêt et on leur tirait dans le dos. »

    « Le prisonnier avait été récupéré par les responsables du bataillon et puisque c'était un chef, ils l'ont forcé à donner des renseignements sur ses camarades et les activités de son groupe. Et un beau jour, on nous l'a ramené pour qu'on l'exécute. C'était une pratique générale de l'armée française, on exécutait les prisonniers une fois qu'on leur avait soutiré tout ce qu'on pouvait, quand ils ne mourraient pas sous la torture. »

    « Il y avait autant de manières d’exécuter les gens que la barbarie humaine peut imaginer.»

    Si vous souhaitez écouter l'émission de France Culture d'une durée de 28 mn. 45 sec. cliquez sur le lien ci-dessous :

     


     


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    Cyclisme : Raymond Poulidor hospitalisé depuis fin septembre   "va mieux"

    Cyclisme : Raymond Poulidor hospitalisé depuis fin septembre "va mieux". Lui aussi a perdu de longs mois de sa jeunesse dans la très sale guerre d'Algérie

    Raymond Poulidor, sur le podium d'arrivée à Pau, le 18 juillet 2018, avec le vainqueur de l'étape du jour, Arnaud Démare 

    DAVID LE DÉODIC 

    L’ancien champion cycliste est toujours hospitalisé à Saint-Léonard de Noblat, mais les dernières nouvelles sont plutôt rassurantes.

    Raymond Poulidor, 83 ans, est toujours hospitalisé à Saint-Léonard de Noblat (Haute-Vienne), où il réside, mais son état se serait amélioré ces dernières heures, selon le journaliste Bernard Verret, proche de l’ancien coureur, qui lui a rendu visite ce jeudi, en compagnie de son ancien coéquipier Claude Mazeaud. "Raymond se remet d’un gros coup de bambou, reçu cet été, mais son état s’est nettement amélioré" a-t-il expliqué sur France Bleu Haute-Vienne. 

    En début de semaine, Gisèle, l’épouse de "Poupou" n’avait pas caché son inquiétude auprès du Parisien. " Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Les médecins nous ont dit qu’ils allaient faire des tests mais que nous devions nous préparer à ne pas recevoir de bonnes nouvelles. Cela fait quelques jours qu’il ne parle presque plus. Il répond juste par « oui » ou « non » quand on lui demande s’il a mangé ou dormi. Je suis évidemment très inquiète. » Raymond Poulidor était sorti du Tour de France (où il joue un rôle d’ambassadeur très populaire pour la banque sponsor du maillot jaune) très usé. Souffrant d’un œdème pulmonaire, il avait dû subir deux ponctions au moins d’août à Limoges, avant d’être rapatrié à Saint-Léonard de Noblat dans un état de grande fatigue.

    Ils avaient vingt ans.

    Ils ont fait la guerre d'Algérie

    "L'absurde parenthèse"

    Raymond Poulidor aussi…  

     

     

    L'incorporation, la traversée, les patrouilles, la peur, le combat, la torture, les paras, la démobilisation... 

    Pour évoquer ces thèmes, Dominique Paganelli a rassemblé des témoignages d'appelés aujourd'hui connus : Cabu, Jean-Claude Carrière, Raymond Poulidor, Jean-Pierre Beltoise, Jacques Barrot, Gilles Perrault, Jacques Higelin, Pierre Santini. Tous ont été en Algérie et racontent leur guerre, leur quotidien d'alors. Ils font partie des 1 343 000 appelés qui, entre 1954 et 1962, ont débarqué à Alger ou ailleurs, avec des idées politiques ou l'insouciance de la jeunesse, et ont découvert un conflit qui en était bien un, rythmé par les attentes interminables en caserne, les moments d'horreur et les désillusions, qui, une fois qu'ils seront revenus en métropole, les empêcheront longtemps de parler de leur guerre. 

    Oublier, effacer, fermer l'absurde parenthèse... Quel que soit le mot choisi ou l'expression utilisée, tous les appelés à leur retour d'Algérie, se sont cognés au mur du silence, à celui de l'indifférence. Il leur a fallu vivre avec leurs tourments, leurs cauchemars algériens, sans parvenir à s'en délester. A défaut de les écouter, ils auraient aimé qu'on les entende, ça les aurait apaisés. "Oui ca a été le grand silence, dit Jean-Pierre Farkas ancien grand reporter à RTL, Paris Match... Moi c'est vrai je n'ai rien dit, mais on ne m'a rien demandé. Pourtant ça m'aurait soulagé, mais était-ce utile? Notre guerre à nous c'est une guerre qui pue, une guerre qui ne disait pas son nom et dont les Français avaient le sentiment qu'elle était illégitime La guerre de 14-18, on en discutait dans les familles, devant le cadre où étaient accrochées les médailles du grand-père qui avait été dans les tranchées. C'était un héros, comme celui qui, dans les années 40, avait fait de la résistance ou était à Londres ou dans la deuxième DB, pour repousser l'envahisseur allemand. Mais nous?" 

    Alors ils ont tout gardé pour eux, tout ravalé, tout dissimulé. Et pour certains, ça a fait un drôle de mélange à l'intérieur, parfois détonnant. Les autres ont dû faire avec. 

    Quand Raymond Poulidor devient champion de France cycliste sur route en 1961, comme tous les vainqueurs, il se plie au protocole. Il accepte tous les bouquets de fleurs qu'on lui tend, il enfile son maillot tricolore et sur la plus haute marche du podium, il se redresse quand La Marseillaise retentit. Ne pense-t-il qu'à sa victoire? Le cessez-le-feu vient d'être signé. Lui était là-bas, il n'y a pas si longtemps. Quel supporter admiratif peut imaginer à cet instant que derrière le sourire du cycliste se cachent les souvenirs d'un appelé, qui au volant de son camion conduisait les légionnaires au combat ? 

     

    Saint-Lary : Poulidor quarante ans après sur

    le terrain de son exploit

    Saint-Lary. Quarante ans après, Raymond Poulidor est revenu sur le terrain de ses exploits. Il a inauguré une stèle dédiée à sa victoire dans l’étape du Tour de France au Pla d’Adet, en 1974, à l'endroit même où il avait décramponné le grand Eddy Merckx.  

    PHOTO T. L./ « SO » 


     


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    TOUS MOUCHARDS ?

    TOUS MOUCHARDS ?

     

     

    Les assassinats perpétrés à la Préfecture de police de Paris, au sein même du dispositif policier, sont d’une extrême gravité et il est urgent de connaître les conditions dans lesquelles ils ont été commis et de prendre les dispositions nécessaires pour s’en prémunir à l’avenir. La police ne manque pas de moyens pour cela. Elle l’a montré en d’autres circonstances. En tout état de cause, cela ne doit en aucune façon servir de prétexte à une stigmatisation des Musulmans où à un appel à la délation. Nous y perdrions notre âme. 

    Ecoutant le discours de Macron à la télévision, je pensais avoir mal compris. Ce n’était pas possible ! Je consultai le texte écrit de son  discours. Voici ce qu’il a déclaré : « Une société de vigilance, voilà ce qu'il nous revient de bâtir. La vigilance, et non le soupçon qui corrode, la vigilance, l'écoute attentive de l'autre, l'éveil raisonnable des consciences : c'est tout simplement savoir repérer à l'école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République".

    J’avais malheureusement bien entenduLa formule de faux-cul « non le soupçon qui corrode », caractéristique du promoteur du « en même-temps », ne peut nous abuser : le Président de la République appelle les Français, dans un discours officiel, à se transformer en délateurs. 

    Les petits gestes ? La barbe de mon voisin? Le voile des mamans qui accompagnent un voyage scolaire ? Le tapis de prière de mon ami Fouad ? Cet article que des mouchards potentiels vont trouver complaisant ? 

     Dans le climat actuel d’islamophobie, j’imagine les dégâts que va provoquer cet appel irresponsable du chef de l'Etat aux relents vichystes. 

    Je suis athée, et j’affirme une nouvelle fois  que  je me refuse à combattre la foi religieuse quelle qu’elle soit. Je me reconnais dans la pensée de Marx : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. » que l’on réduit trop souvent à cette dernière phrase en faisant abstraction du début du paragraphe. 

    Les mêmes – parfois de gauche aux côtés de l’extrême-droite - qui dénoncent le port du voile et les prières dans la sphère publique, ne s’insurgent pas contre les processions chrétiennes et la tenue vestimentaire des prêtres et des religieuses qui, pas plus que le voile,  ne me gênent. Je suis pour la liberté, et quand en Algérie, où je vais souvent, je croise des jeunes femmes, les unes voilées, les autres cheveux au vent, bras-dessus, bras-dessous, cela me fait chaud au cœur. 

    Macron dans son mano a mano avec les Le Pen nous prépare une société  dangereuse. Résistons ! 

    Bernard DESCHAMPS 

    ancien député

    09/10/2019 

    SOURCE : http://www.bernard-deschamps.net/2019/10/tous-mouchards.html


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    Face à l'Histoire : la guerre d'Algérie

    Face à l'Histoire : la guerre d'Algérie au cinéma

     

    La Bataille d’Alger, Muriel, Les Parapluies de Cherbourg, RAS, Avoir 20 ans dans les Aurès… Frédéric Bas fait le point sur la représentation de la guerre d’Algérie au cinéma.

     

     

     


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    Deux histoires de mes meilleurs adversaires (le mot est

    faible, mais nous ne sommes pas en guerre civile

    qu'ils espèrent) : Zemmour, Ménard

    Et tous les sbires à leurs acabits haineux…

     

    Nutella ne veut plus voir sa publicité associée

    à l'émission d'Eric Zemmour 

    Deux histoires de mes meilleurs adversaires : Zemmour, Ménard... et tous les sbires à leurs acabits haineux…

    Eric Zemmour lors de la "Convention de la droite"

     le 28 septembre dernier

    ©Sameer Al-Doumy / AFP 

     

    La marque Ferrero a indiqué sur Twitter avoir demandé à la chaîne Paris Première de ne plus voir sa publicité pour Nutella diffusée avant l'émission du polémiste.
    Les 
    récentes sorties d'Eric Zemmour continuent de provoquer des remous. Après le média RTLqui a indiqué prendre ses distances avec le polémiste, c'est au tour d'une célèbre marque d'agroalimentaire de ne plus vouloir voir son image liée à l'écrivain.

    Le groupe Ferrero a indiqué, par l'intermédiaire de son compte Twitter officiel, avoir demandé à Paris Première ne plus diffuser le spot publicitaire pour Nutella avant l'émission "Zemmour et Naulleau". L'entreprise répondait à une question posée par un groupe se présentant comme un "collectif citoyen de lutte contre le financement du discours de haine".

    "En aucun cas nous ne cautionnons les propos et prises de position de M. Zemmour. Nous avions effectivement un spot avant l'émission", explique Ferrero. "A la vue des récents événements, nous avons demandé à Paris Première d'exclure ce programme de notre liste de diffusion", a ainsi indiqué le groupe agroalimentaire, qui commercialise la célèbre pâte à tartiner Nutella.

    Lors de la "Convention de la droite" organisée le 28 septembre dernier par les proches de l'ancienne députée d'extrême droite Marion Maréchal, Eric Zemmour s'en était pris dans un violent discours, aux immigrés "colonisateurs" et cité l'écrivain Renaud Camus, théoricien du "grand remplacement" de la population blanche et chrétienne par une population immigrée musulmane. Ce discours a entraîné l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris pour "provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence" et a suscité de nombreuses réactions dans le monde politique, associatif et dans les médias.


    SOURCE : https://actu.orange.fr/france/nutella-ne-veut-plus-voir-sa-publicite-associee-a-l-emission-d-eric-zemmour-magic-CNT000001k1YSs.html

     

    Ménard j’ai le plaisir de déguster

    une assiette kebab par semaine

    j’adore et toi je te déteste…

    Deux histoires de mes meilleurs adversaires : Zemmour, Ménard... et tous les sbires à leurs acabits haineux…

    Chaouch Express : y a-t-il trop de kebab à Béziers ?

    Pour certains responsables, le kebab est devenu un argument politique : symbole du « grand remplacement » ou du «communautarisme» pour les uns, symbole de diversité pour les autres. À Béziers, le maire d’extrême-droite Robert Ménard a même décidé d’entrer en guerre contre ces restaurants. Azzeddine Ahmed-Chaouch s’est rendu sur place pour son Chaouch Express.

    Désolé vous devez supporter 1 mn de pubs pour visionner la vidéo. Merci de cliquer sur le lien ci-dessous :

     https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/chaouch-express-y-a-t-il-trop-de-kebab-a-beziers-56022972.html


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    58ème Anniversaire  du 17 octobre 1961 PAR HILLEL ROGER

     

    58ème Anniversaire

    du 17 octobre 1961

         PAR HILLEL ROGER

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie.

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la "force de police auxiliaire" ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

    58 ans après, la vérité est partiellement en marche

    Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n'est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l'OAS.

    Prendre des mesures significatives

    Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :
    - Que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des algériens survivants du 17 octobre envoyés en fait dans des camps de la mort de l’Algérie coloniale.
    - Que la création d'un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l'Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.
    - Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs collègues algériens.
    - La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme au sein de la droite et extrême droite politique veulent la réhabiliter.

    La séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie

    Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l'islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières. On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations.

    Après plus d'un demi-siècle, il est temps :

    - Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat. Comme il vient de le faire pour l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé. Cette reconnaissance doit s’étendre aux milliers d’Algériens qui en ont été victimes (voir le site www.100autres.org)

    - Que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire, pendant la Guerre d'Algérie, d'Algériens dans des camps ;

    - Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;

    - Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

    A l'occasion de ce 58ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

    Rassemblement le jeudi 17 Octobre 2019 à 18 h. au Pont Saint-Michel à PARIS

    Liste arrêtée au 02 octobre à 11h

    Associations, Organisations Syndicales : 17 octobre contre l’Oubli, 4ACG (Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), 93 au Cœur de le République, Amis de l'Algérie Rennes, Les Amis de Max Marchand de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, ACCA (Association contre le Colonialisme Aujourd’hui), ANPNPA (Association Nationale des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Amis), APCV (Association pour la Promotion de la Culture et du Voyage), ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), Au Nom de la Mémoire , CRLDHT (Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie), FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Fondation Frantz Fanon, Les Oranges, LDH (Ligue des Droits de l’Homme), Liaison de la fédération Anarchiste pour le lot/ Aveyron, MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) RMCP (Réseau Mémoires de Combat Politiques), UJFP (Union Juive Française pour la Paix) ,
    Partis Politiques : Ensemble !, NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), PCF (Parti Communiste Français
     

     


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    HOMMAGES AUX VICTIMES

    DU TERRORISME DE L’OAS

    LE 6 OCTOBRE 2019

    Cimetière du Père-Lachaise

    Paris

     

    HOMMAGES AUX VICTIMES   DU TERRORISME DE L’OAS LE 6 OCTOBRE 2019  Cimetière du Père-Lachaise  Paris

     

    Le huitième anniversaire de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France a donné lieu à des cérémonies tant à Paris (cimetière du Père-Lachaise) qu’à Alençon (place de la Résistance).

     

    Rappel de notre article concernant la cérémonie d’Alençon : http://www.micheldandelot1.com/alencon-la-stele-en-hommage-a-alfred-locussol-deplacee-devant-la-gare-a173597914 

     

    C’est donc le même jour à la même heure qu’ont eu lieu les hommages d’Alençon et de Paris.

     

     

    HOMMAGES AUX VICTIMES   DU TERRORISME DE L’OAS LE 6 OCTOBRE 2019  Cimetière du Père-Lachaise  Paris

     

    Le président de l’association "Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons" Jean-Philippe Ould Aoudia a pris en charge l’organisation du rassemblement parisien et prononcé le discours reproduit ci-après :

     

    Chères amies,

    Chers amis,

     

    Nous nous réunissons devant cette stèle tous les ans, depuis le 6 octobre 2011, date de son inauguration par l’ancien maire de Paris, Monsieur Bertrand Delanoë.

    L’aide de Madame Catherine Vieu-Charier, adjointe chargée de la Mémoire et du Monde Combattant, a été déterminante dans l’édification de ce mémorial.

    Qu’ils soient l’un et l’autre chaleureusement remerciés.

     

    Plusieurs personnes m’ont chargé d’excuser leur absence :

    ·      M. François Vauglin, maire du 11e arrondissement.

    ·      M. Guy Le Néouannic, ancien membre du Conseil d’État et ancien président de l’association Marchand-Feraoun.

    ·      M. Guy Basset, directeur des publications de la Société des Études camusiennes.

    ·      M. Michel Lambart, qui a fini par tenir compte des raisons de santé.

    ·      plusieurs adhérents, dont Mme Monique Stengel qui réside à Metz ou M. Henri Bosch très âgé.

     

    Aujourd’hui, à la même heure, une stèle à la mémoire d’Alfred Locussol, assassiné par l’OAS à Alençon, est inaugurée en présence des autorités. Sont présents Jean François Gavoury, président de l’ANPROMEVO, et Françoise Nordmann, qui représente l’association Marchand-Feraoun, et qui ne peuvent donc pas être avec nous.

     

    J’ai dit stèle, mais pour être plus précis, je devrais dire la sixième stèle car depuis son inauguration en 2012, ce monument a été profané à six reprises, si ce n’est davantage ! Ce qui m’amène à exprimer quelques observations.

    Sous couvert de neutralité, un courant de pensée prospère insidieusement autour de la guerre d’Algérie. Il est devenu de bon ton d’affirmer que deux mémoires symétriques s’affronteraient aujourd’hui :

    ·       d’une part celle des défenseurs de l’Algérie française même dans son aspect le plus brut, à savoir celle des criminels de l’OAS ;

    ·      et symétriquement celle des descendants de victimes de cette organisation-là.

     

    Lors d’un colloque tenu l’an dernier à la mairie de Paris, un orateur, se prévalant d’impartialité, a mis clairement sur le même plan la mémoire de ceux qui ont utilisé la force des armes pour imposer leurs idées, et la mémoire de ceux qui en ont été les victimes. Et les représentants de ces deux mémoires, selon cette personne, se livreraient aujourd’hui un combat mémoriel.

     

    Ce type d’argumentation, qui renvoie dos à dos l’agresseur et sa victime, est toujours largement utilisé pour tenter de justifier les crimes de la répression française pendant la guerre, parce qu’ils constitueraient des réponses légitimes aux crimes commis en premier par le FLN. C’est oublier, bien sûr, que la violence venait d’abord de la guerre de conquête particulièrement barbare, mais aussi de l’inégalité du Statut de 1947, et du double collège et de la fraude électorale et de toutes ces discriminations racistes auxquelles l’insurrection algérienne fut la seule réponse possible.

     

    Renvoyer aujourd’hui dos à dos la mémoire des anciens de l’OAS et celle de leurs victimes ressort d’un même refus de voir qui étaient les vrais responsables de la révolte des Algériens et qui sont aujourd’hui les vrais responsables de la guerre mémorielle.

    Trois exemples suffiront à le démontrer

     

    Alfred Locussol est assassiné le 3 janvier 1962 à son domicile d’Alençon. Le tueur de l’OAS est venu spécialement d’Alger pour commettre son forfait, à la demande de Jacques Achard, l’ex sous-préfet des Ouadhias et dont on sait aujourd’hui que c’est lui qui a maintenu le nom de Feraoun sur la liste des hommes à abattre à Château royal le 15 mars 1962.

    Le 10 janvier 1962, une semaine après le meurtre, la tombe est déjà profanée : les rubans sont arrachés et les bouquets de fleurs encore fraîches piétinés. 

    Cinquante ans plus tard, en 2012, inauguration d’une stèle à la mémoire de la victime. Eh bien, six années de suite, le monument est cassé.

    Qui sont les premiers agresseurs de la mémoire des victimes de l’OAS ?

    Ceux qui hier comme aujourd’hui approuvent les crimes de ces terroristes-là.

     

     

    Deuxième exemple

     

    À l’occasion du décès de l’un des six participants au massacre du 15 mars 1962, et qui fut pendant deux mandatures adjoint au maire de Cagnes-sur-Mer, l’hommage de cet individu est publié dans une revue subventionnée et on lit parmi ses mérites :

    « …en mars 1962, il neutralisa six fonctionnaires dont Max Marchand, suppôt notoire du FLN…qui avec quelques autres indicateurs signalaient aux terroristes FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer ».

    Six fonctionnaires de l’Éducation nationale sont ainsi ouvertement accusés de « complicité d’assassinat par fourniture de renseignements ».

    Qui sont les agresseurs de la mémoire des victimes ?

    Ceux qui hier comme aujourd’hui approuvent les crimes de l’OAS.

    Parce que les descendants des six victimes défendent la mémoire diffamée de leur père lâchement assassiné, ils participeraient à un combat mémoriel.

    Que les nostalgiques de l’OAS ne salissent pas la mémoire de leurs innocentes victimes et il n’y aura pas de conflit de mémoire !

     

    Dernier exemple

     

    Sur un site Internet d’anciens partisans de la colonisation, on a pu lire le texte suivant : « Monsieur GAVOURY fils, s'il était un homme d'honneur, ferait mieux de rester dans l'ombre et de laisser oublier qu'il est le fils d'un traître à la patrie. Il est patent et parfaitement établi que Monsieur GAVOURY était convaincu de complicité avec le FLN en accord naturellement avec le pouvoir de l'époque ».

    Ces faits sont constitutifs du délit de diffamation publique dirigée contre la mémoire des morts, prévus et réprimés par la loi. Les prévenus ont d’ailleurs été finalement condamnés après avoir interjeté appel jusqu’à la Cour de Cassation.

    Qui sont les agresseurs de la mémoire de victimes de l’OAS ?

    Ceux qui, hier comme aujourd’hui, approuvent l’organisation terroriste et ses procédés terroristes.

    On ne peut pas, surtout lorsqu’on prétend faire preuve d’objectivité, mettre sur le même plan le combat :

    ·      de ceux qui profanent les mémoriaux,

    ·      de ceux qui diffament la mémoire des morts,

    ·      de ceux qui insultent leurs enfants,

    ·      et ceux qui tentent de répondre à ces agressions d’une rare violence en faisant appel à la justice, ce qui est le moindre des devoirs filiaux, pour obtenir la juste condamnation de ceux qui profanent, diffament et insultent.

    Mettre sur le même niveau de responsabilité les revanchards de la colonisation et les descendants des victimes de l’OAS :

    ·       c’est refuser de désigner les assassins d’hier pour ce qu’ils étaient, et qu’ils sont toujours malgré les lois d’amnistie : à savoir  des criminels ;

    ·      c’est refuser d’admettre qui sont aujourd’hui les vrais et les seuls responsables  de ce conflit mémoriel : à savoir les extrémistes de l’Algérie coloniale.

    Je vous remercie.

    Jean-Philippe Ould Aoudia

     

     


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    Eric Zemmour et la haine télévisée

    ÉDITORIAL 

    Le Monde

    Eric Zemmour et la haine télévisée

    La retransmission sur LCI du discours du polémiste, pourtant déjà condamné pour « incitation à la haine raciale », est une infamie. Une enquête a été ouverte contre lui par le parquet de Paris pour « injures publiques » et « provocation à la haine ».

    A Paris, s’est tenu le 28 septembre a première édition de la « convention de la droite », organisée par des proches de Marion Maréchal Le Pen, avec des invités comme Gilbert Collard, Eric Zemmour, ou encore Candace Owens. CYRIL BITTON POUR LE MONDE.

     

    On le sait depuis 1945 : les crimes contre l’humanité ont commencé par des mots. Ceux qui ont présenté les juifs comme un peuple inassimilable et menaçant dont la seule présence compromettrait une identité nationale immuable. Stigmatisation, exclusion, expulsion, extermination. « Au bout de la chaîne, il y a le camp », a écrit l’auteur italien Primo Levi, à son retour d’Auschwitz.

    Ces mots, cette rhétorique qui montre du doigt une partie de la communauté nationale, normalise une distinction fondée sur l’origine, la culture ou la religion, enferme dans une identité fantasmée et transforme « l’autre » en bouc émissaire, constituent le fonds de commerce du polémiste Eric Zemmour. Manipulant et attisant des peurs réelles de tout temps liées à l’immigration, qu’il mêle à ses propres fantasmes postcoloniaux, il présente les musulmans installés en France comme l’avant-garde revancharde des ex-colonisés venus « remplacer » les « Français de souche ». Comme si la France n’était pas un vieux pays d’immigration riche de sa diversité, comme si « les musulmans » formaient une communauté uniforme au bord de la prise du pouvoir.

    Un nouveau palier dans l’inacceptable

    Son discours, prononcé au cours d’un meeting d’extrême droite organisé samedi 28 septembre par des proches de Marion Maréchal ex-Le Pen, est d’une violence insensée. Il appelle ouvertement à « se battre » contre « une armée d’occupation » dont « l’uniforme » serait « la djellaba », assimile explicitement les musulmans aux nazis. Il franchit un nouveau palier dans l’inacceptable en proclamant la mort de la République et en appelant à la guerre civile afin de repousser « l’invasion » et de « restaurer » la France catholique éternelle.

    M. Zemmour, condamné pour « incitation à la haine raciale » pérore dans plusieurs médias dont Le Figaro et Paris Première. Mais samedi, il a eu droit à trente-deux minutes de haine sans contradicteur en direct sur la chaîne LCI, filiale de TF1 et propriété du groupe Bouygues. C’est une infamie. Comme l’a montré l’historien Gérard Noiriel, le polémiste utilise une rhétorique et des techniques étonnamment similaires à celles d’Edouard Drumont, figure française de l’antisémitisme de combat. L’un a nourri la haine antijuive dans les années 1930 et à Vichy ; l’autre revendique désormais le parallèle avec les années 1930, qualifiant la prétendue alliance entre le « libéralisme droits-de-l’hommiste » et l’islam de « nouveau pacte germano-soviétique ».

    En diffusant sans le moindre recul un discours hostile à la démocratie et d’inspiration fasciste, en admettant du bout des lèvres une simple erreur de « format », LCI s’est faite la complice d’une démarche politique anti-républicaine. La course aux propos enflammés et au buzz sur les réseaux sociaux ne peut nourrir ceux qui rêvent de nouvelle croisade. Eric Zemmour doit cesser d’être un « bon client » pour les journalistes et les médias qui les emploient. Il doit être traité pour ce qu’il est : un délinquant et un pyromane.

    A son projet de guerre civile, de banalisation du racisme et de destruction des acquis de l’après-1945 – le refus de toute discrimination, l’unicité de l’humanité –, il faut opposer non pas des leçons de morale ou des anathèmes mais une alternative : une France fière d’attirer depuis des siècles des travailleurs étrangers et des persécutés, un pays riche de la diversité de ses cultures, à l’avant-garde de la défense de l’universalité des droits humains.

    Le Monde 

     

    SOURCE : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/01/zemmour-et-la-haine-televisee_6013769_3232.html

     

    Morandini Live : Eric Zemmour bientôt

     sur Cnews ? La mise au point de Canal +

    Merci d'arrêter la vidéo après le sujet concerné

    de nombreuses vidéos suivent... sans rapport

     



     


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    Algérie : la Casbah, gardienne de la mémoire d’Alger

    Algérie : la Casbah, gardienne

     de la mémoire d’Alger

    Des maisons blanches, des ruelles étroites qui descendent en cascade jusqu'à la Méditerranée... La Casbah d'Alger a toujours attiré des milliers de touristes venus du monde entier. Ils sont moins nombreux toutefois à l'explorer cette année, les rues d'Alger étant livrées deux fois par semaine aux manifestants. Nos reporters se sont rendus dans la Casbah, incarnation de la splendeur du patrimoine algérien comme des maux de sa société.

    Habitée depuis l’Antiquité, la Casbah a longtemps été la capitale de l’Algérie, avant d’être colonisée par les Français en 1830 puis marginalisée au profit de la nouvelle ville. Avec son dédale de ruelles étroites, ce quartier d’un kilomètre carré réputé impénétrable est propice à la clandestinité.

    En 1957, la Casbah est le théâtre de la Bataille d’Alger. La dixième division des parachutistes français, dirigés par le Général Massu, y affronte les indépendantistes du Front de libération nationale (FLN) menés par Yacef Saadi. Grève générale, guérilla urbaine et attentats… L’un des épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie se déroule dans ses ruelles.

     

    Relancer le tourisme

    Après l’indépendance, en 1962, la Casbah est délaissée par ses habitants qui profitent du départ des "pieds-noirs" pour s’installer dans des quartiers plus chics. Les maisons, palais et autres édifices parfois millénaires commencent à se dégrader... En 1992, l’UNESCO réagit et fait entrer la Casbah au patrimoine mondial de l’humanité. Mais nous sommes en pleine décennie noire, et ses ruelles sombres sont alors la planque des militants extrémistes qui combattent le gouvernement. Une nouvelle fois, les habitants de la Casbah vivent au rythme du couvre-feu, des rafles policières et des attentats terroristes.

    Aujourd’hui, la Casbah a tourné le dos à la violence. Les autorités comme les habitants s’investissent pour restaurer et redonner vie au quartier. Partout, de grands échafaudages soutiennent les murs et enveloppent les façades. Le plan de restauration de la Casbah couvre une dizaine de monuments historiques et 200 maisons pour un budget de 170 millions d’euros. L'enjeu est de sauver un patrimoine en péril, mais aussi de développer le tourisme en Algérie, alors que l’économie a été ébranlée par la chute des prix du pétrole.

    SOURCE : https://www.france24.com/fr/20191004-billet-retour-algerie-casbah-alger-patrimoine-unesco-tourisme-bataille-independance-fln


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    DÉBAT PRÉSIDENTIEL

     

    SUR L’IMMIGRATION, LES DANGEREUX

     

    CALCULS DU PRÉSIDENT

     

    DE LA RÉPUBLIQUE

     

    Communiqué LDH 

    Après avoir échoué à faire, en plein mouvement des « gilets jaunes », de l’immigration l’un des thèmes majeurs de son « grand débat », le président de la République est revenu à la charge. En décidant d’organiser dès la rentrée un débat au Parlement sur la politique migratoire et sous couvert de regarder ce sujet « en face », il a repris à son compte les plus folles rumeurs et les lieux communs les plus éculés de la xénophobie. Ce faisant, il alimente les peurs au mépris d’études validées, d’informations vérifiées, de vérités établies mais qui peinent à franchir le mur des préjugés et des haines.

    Des derniers discours prononcés par le président de la République, on retiendra ainsi que « la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien » et qu’elle « ne doit pas être un pays trop attractif ». L’air de rien, ces banalités instituent « les migrants », notion que l’on ne prend pas la peine de définir, comme un problème, voire une série de problèmes. Transformant les victimes en coupables, les malades en profiteurs, les mineurs non accompagnés en menteurs majeurs, une telle grille de lecture aboutit, au plus grand mépris des tragédies vécues par des dizaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, à légitimer les procédures de refus et d’expulsion, à accentuer leur « efficacité ». Ainsi, loin d’améliorer quelque situation que ce soit, il s’agit de refuser plus systématiquement, de raccompagner plus vite, de diminuer sensiblement l’aide médicale d’Etat, de mieux fermer les frontières, quel qu’en soit le prix à payer en vies humaines.

    La Ligue des droits de l’Homme (LDH) tient donc à exprimer sa plus vive inquiétude. Avec un tel cadre de présentation, la mise en garde du président de la République contre « les débats simplistes » prend les allures d’une farce dangereuse.

    Dangereuse d’abord pour les femmes, les hommes et les enfants directement concernés, tant les situations qu’ils vivent sont effroyables, désespérantes, d’un mot : inhumaines.

    Dangereuse au-delà, pour les valeurs de la République. En subordonnant l’accès à des droits aussi fondamentaux que l’asile, la santé ou l’éducation à un tri entre bons et mauvais migrants, vrais et faux malades, entre enfants eux-mêmes, le gouvernement sape la notion même de droit fondamental et arme une mécanique de discrimination dangereuse pour toutes et tous, Français et étrangers.

    Dangereuse, car cette mise en cause des droits fondamentaux vient renforcer de la pire des façons les campagnes de haine menées par l’extrême droite et les forces politiques gagnées aux thématiques d’exclusion, soit pour raisons électorales, soit pour dissimuler le vide de leurs propositions politiques face aux problèmes réels qui sévissent. Il sera toujours plus facile de désigner des boucs émissaires que d’assumer ses propres responsabilités.

    Dangereuse, enfin, parce que les mesures de rétorsion et de répression prises à l’encontre des « migrants » entraînent des agressions contre les droits et les libertés de toutes et tous, quel que soit leur statut, quelle que soit leur nationalité. La fabrication et la traque de sans-droits entraîne la criminalisation de celles et ceux qui les aident et les protègent ; le déni de leur accès aux droits amène à nier la nature inaliénable de ces droits, à restreindre les libertés qui en sont le garant. Enfin, désigner «les migrants» comme responsables de tout ce qui va mal permet de ne pas nommer les problèmes économiques, sociaux et politiques – nationaux, européens ou mondiaux – réellement en cause.

    C’est donc d’un tout autre débat dont la France et sa population a besoin. Un débat qui soit délibérément tourné vers l’objectif de promouvoir des politiques d’accueil solidaires, un débat qui tourne le dos aux peurs et aux fantasmes identitaires en s’appuyant résolument sur les travaux et l’investissement des chercheurs et des acteurs de la solidarité et de la défense des droits.

    C’est pour un tel débat que la LDH poursuivra ses efforts.

    Paris, le 4 octobre 2019 

     

    SOURCE : https://www.ldh-france.org/debat-presidentiel-sur-limmigration-les-dangereux-calculs-du-president-de-la-republique/?utm_medium=push&utm_source=notifications 

     

     

     


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    Les propos diffamatoires de Zemmour, ces condamnations à répétitions, son licenciement de I-Télé l'ancêtre de CNews datent de loin, voici un article que j’avais mis en ligne en décembre 2015 lorsqu’il parlait de déporter 5 millions de musulmans, rappelez-vous : 

     

    Eric Zemmour condamné à 3 000 euros d'amende

    pour provocation à la haine envers les musulmans

    Le polémiste avait soutenu, dans un entretien avec le "Corriere della Sera", que les musulmans avaient "leur code civil, (...) le Coran". 

    Eric Zemmour condamné à 3 000 euros d'amende pour provocation à la haine envers les musulmans

    Eric Zemmour au palais de Justice de Paris, le 6 novembre 2015.  (BERTRAND GUAY / AFP)

    L'interview par laquelle le scandale est arrivée avait été publiée en octobre 2014, dans le journal italien Corriere della Sera (en italien). Près d'un an plus tard, le jeudi 17 décembre, Eric Zemmour a été condamné à 3 000 euros d'amende pour provocation à la haine raciale en raison de ses propos sur les musulmans. 

    Interrogé par le quotidien, il avait notamment soutenu que les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran", qu'ils "vivent entre eux, dans les périphéries" si bien que "les Français ont été obligés de s'en aller". "Cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile", avait-il ajouté. 

    Une référence polémique à la déportation

    Au cœur du futur scandale, un mot précis : "déporter", qui n'a pas été prononcé par Eric Zemmour, mais auquel il a réagi. Dans l'article, à la question du journaliste : "Mais alors, que suggérez-vous de faire : déporter 5 millions de musulmans français ?", le polémiste répond : "Je sais, c'est irréaliste, mais l'histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu'un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ?" 

    Cet entretien, passé inaperçu en France jusque-là, avait été exhumé par le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait relayé sur son blog le 15 décembre 2014. 

    Dans la foulée de la polémique, la chaîne d'information en continu i-Télé avait annoncé la fin de sa collaboration avec son chroniqueur Eric Zemmour.

    SOURCE : http://www.francetvinfo.fr/societe/eric-zemmour-condamne-a-3-000-euros-d-amende-pour-provocation-a-la-haine-envers-les-musulmans_1227227.html#xtor=EPR-51-[eric-zemmour-condamne-a-3-000-euros-d-amende-pour-provocation-a-la-haine-envers-les-musulmans_1227227]-20151217-[bouton]

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    Voici l'article que nous avions mis en ligne en décembre 2014

    Pendant que François Hollande s'élève contre l'islamophobie, Eric Zemmour songe à déporter 5 millions de musulmans français

    Discours sur l'immigration : François Hollande s'élève contre l'islamophobie

    VIDÉO. Il appelle aussi à ne pas laisser "la place vide pour des discours qui instrumentalisent la peur de la dissolution, de la dislocation" du pays.

     Une fois visualisée cliquez sur le sigle "son" en haut à droite de la vidéo pour arrêter la publicité


    François Hollande: "L'immigration fut toujours l'objet... par BFMTV

    Lutter contre l'islamophobie

    Le président s'est également élevé contre "la peur sciemment installée d'une religion, l'islam, qui, d'une façon inacceptable, est présentée par certains comme incompatible avec la République". "Le fait nouveau, ce sont des vents mauvais qui soufflent de plus en plus, pas seulement en France, mais partout en Europe", a-t-il déploré, estimant qu'il fallait "une fois encore reprendre le combat". Dans "la lutte contre le racisme et l'antisémitisme" érigée en "grande cause nationale", la France "ne peut tolérer qu'un citoyen soit agressé pour sa religion, sa couleur de peau, ses origines", a-t-il souligné, avertissant que "rien ne doit être passé sous silence, rien ne doit rester impuni, rien ne doit être toléré".

    Pendant que François Hollande s'élève contre l'islamophobie, Eric Zemmour songe à déporter 5 millions de musulmans français

    Eric Zemmour songe à déporter 5 millions de musulmans français

    Dans un entretien passé inaperçu en France au "Corriere della Sera", le « polémiste » de droite extrême envisage une manière radicale de stopper un « grand remplacement » fantasmé.

    Pendant que François Hollande s'élève contre l'islamophobie, Eric Zemmour songe à déporter 5 millions de musulmans français

    Déporter 5 millions de musulmans français ? Réponse de Zemmour, nostalgique : "Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante."Photo : AFP

    Le député européen Jean-Luc Mélenchon n’entend visiblement pas laisser le dernier mot au « polémiste » de droite extrême Eric Zemmour. Suite au vif débat qui les a opposés vendredi dernier sur RTL, Zemmour s’est arrangé avec les faits pour prouver, disait-il, la mainmise musulmane sur les villes de banlieue parisienne. Il s’est fait contrer, confondant bêtement (pour facile qu’il soit, le métier de journaliste implique de vérifier ses sources) Front de gauche et Parti socialiste.

    Poussant son avantage, l’élu européen est allé plus loin, exhumant un document plus que troublant qui était passé inaperçu à sa sortie outre-Alpes. Le 30 octobre, interrogé par le Corriere della Sera, Eric Zemmour « se lâche » en laissant entendre que les musulmans de France peuvent être déportés.

    Zemmour commence fort, suggérant un « remplacement de population » dans les « périphéries », comme il l’avait fait sur RTL pour Bagnolet (Seine-Saint-Denis) : « Les musulmans ont leur code civil, c'est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller. » A ce stade, le journaliste sursaute : « Mais alors que suggérez-vous de faire ? Déporter 5 millions de musulmans français ? » Réponse de Zemmour, nostalgique :  « Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu'après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? »

    Pour Éric zemmour : "Vivre à la française ? C'est donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple."

    L’évocation d’Eric Zemmour, qui prend bien garde de ne pas reprendre lui-même le terme de « déportation » mais ne nie pas l’expression, prend place dans son imaginaire personnel développé dans son succès (dans les milieux réactionnaires) de librairie Un suicide français. Car la France se dirige « vers le chaos », dit-il au journaliste italien. « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent vivre à la française. » C’est bien la théorie du « grand remplacement » chère à l’écrivain Renaud Camus et reprise depuis par les ténors de l’extrême droite qui est ici mise en avant. Suffira-t-il de « vivre à la française » pour éviter la « guerre civile », semble se questionner Zemmour ? Et d’ailleurs, lui demande son intervieweur, « que signifie : vivre à la française ? » Le polémiste BBR est catégorique : « donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple. Blaguer au café, faire la cour aux filles. Aimer l’Histoire de France et se sentir dépositaire de cette Histoire et vouloir la continuer, je cite ici Renan. »

    Rien à voir avec le Front national, promet Zemmour. Mais sur des paroles et une musique de Marine Le Pen, le même petit refrain lancinant chanté par l’omniprésente voie de la vraie droite nostalgique. Il accomplit là non pas une tâche d’idéologue – puisqu’il réfute le terme -, mais de répétiteur. Dernière pirouette, histoire de placer une référence italienne de gauche : « Je mène une guerre culturelle, comme le dirait Gramsci. » La guerre, on l’a vu, il la prévoit. Pour la culture, on repassera.

     


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    FORMIDABLE REBONDISSEMENT LES LOUPS NE RENTRERONT PAS DANS PARIS DEMAIN VENDREDI ***  Les loups se sont dégonflés

    FORMIDABLE REBONDISSEMENT

    LES LOUPS NE RENTRERONT PAS

     DANS PARIS DEMAIN VENDREDI

    Les loups se sont dégonflés

    précisant cette merveilleuse

    Information qui nous réjouit

    Attention les loups vont de nouveau entrer  dans Paris demain vendredi 4 octobre de 19 h à 20 h devant le siège du Figaro pour soutenir cet islamophobe

    Attention les loups vont de nouveau entrer  dans Paris demain vendredi 4 octobre de 19 h à 20 h devant le siège du Figaro pour soutenir cet islamophobe

    Annulation du rassemblement de soutien

     à Zemmour au Figaro

    Nous vous informons donc que le rassemblement de soutien à Eric Zemmour, prévu ce vendredi 4 octobre devant les locaux du Figaro, est annulé. Nous présentons toutes nos excuses à nos lecteurs et à ceux (dont nous faisons partie) qui s’étaient organisés pour être présents. Vous comprendrez, en écoutant la vidéo de Pierre, que nous regrettons vraiment cette décision…

    Attention les loups vont de nouveau entrer  dans Paris demain vendredi 4 octobre de 19 h à 20 h devant le siège du Figaro pour soutenir cet islamophobe

     

    FORMIDABLE REBONDISSEMENT LES LOUPS NE RENTRERONT PAS DANS PARIS DEMAIN VENDREDI ***  Les loups se sont dégonflés

     

     


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    Attention les loups vont de nouveau entrer

    dans Paris demain vendredi 4 octobre

    de 19 h à 20 h devant le siège du Figaro

    pour soutenir cet islamophobe

    Ils osent s’appeler Riposte Laïque et Résistance Républicaine.

    Ils n’ont rien de Laïque. Ils n’ont rien de Républicain. C’est la droite de l’extrême droite.

    Ils sont exclusivement islamophobes.

    Alors ils viennent soutenir leur grand copain Zemmour devant le siège du Figaro demain vendredi 4 octobre.

    Ecoutez l’un de leur sbire, le dénommé Pierre Cassen en espérant que cette manifestation de la droite de l’extrême droite sera interdite !!!

     

     


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    Une France qui regarde

     son Histoire en face

    par Henri POUILLOT

    Lettre à Monsieur Emmanuel MACRON - Président de la République,

    Monsieur le Président,

    Lors de l’hommage que vous avez rendu à Jacques Chirac à la télévision le 26 septembre vous avez déclaré : « Une France qui regarde son Histoire en face et dont il sut reconnaître, lors du discours du Vel d’Hiv, les responsabilités dans les heures les plus sombres... Une France qui assume son rôle historique de conscience universelle ».

    C’est effectivement une prise de position très positive que vous avez ainsi soulignée. Vous-même en avez pris une également, dans le même sens il y a juste un an, reconnaissant la responsabilité de la France, pendant la Guerre de Libération de l’Algérie quant à la pratique institutionnalisée de la torture. Et, comme témoin dans cette même période, puisque, appelé affecté à la Villa Susini (de juin 1961 à mars 1962), ayant eu l’occasion de constater alors les très nombreuses exactions commises par l’Armée Française (en particulier la torture), des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre, des crimes d’état commis au nom de la France, votre déclaration du 13 septembre 2018 m’avait apporté un très, très profond soulagement, et un immense espoir. Cet espoir que j’avais eu, c’est que vous alliez confirmer, dans cette logique, vos engagements pris lorsque vous étiez candidat à la Présidence de la République. En effet, lors de votre voyage en Algérie vous aviez évoqué, lors d’une émission à la télévision algérienne, que le colonialisme pouvait être considéré comme un crime contre l’humanité, tout en lui reconnaissant cependant quelques aspects positifs. Puis le 5 mai 2017, à la rédaction de Médiapart vous déclariez : « De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire... ». Mais, depuis, hormis la condamnation de la torture, c’est le silence assourdissant sur tous les autres crimes (crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes d’état...) commis au nom de la France dans cette période. Une liste à la Prévert peut en donner la nausée :
     

    Les massacres commis à Madagascar, au Cameroun, au Vietnam... lors des guerres de libération coloniale.

    Les massacres de Sétif, Guelma, Khératta... le 8 mai 1945 et les mois suivants.

    La torture, enfin reconnue, condamnée.

    Les viols, une forme de torture des plus violentes, compte-tenu de la culture arabo-musulmane où les questions sexuelles structuraient la société :

    Pour les hommes, l’homosexualité étaient interdite.

    Pour les femmes, non seulement elles étaient des victimes, mais considérées comme coupables et mises au banc de leur société.

    Les « crevettes Bigeard » : ces condamnés à mort, sans jugement, sauf celui de l’officier, jetés à la mer d’un avion ou d’un hélicoptère, les pieds scellés dans un bloc de ciment, pour être sûr qu’ils ne reviennent pas à la nage. Cette technique exportée en Amérique du sud par les spécialistes (Aussaresses, Trinquier....) de ces pratiques (propos de Pierre Mesmer).
     

    Les exécutions sommaires.

    Les « corvées de bois », ces autres exécutions sommaires, dont les archives militaires pouvaient dire que le prisonnier avait été abattu parce qu’il avait tenté de s’évader lors de l’exécution d’une corvée. 
     

    L’utilisation massive du napalm (déjà en Indochine). Les historiens estiment entre 600 et 800 villages rasés de cette manière. (1)

    Les essais nucléaires qui ont provoqué, qui provoquent encore aujourd’hui des dégâts considérables chez les militaires français qui avaient été exposés, mais aussi dans la population civile vivant dans cette région.

    Les camps d’internement, pudiquement appelés dans cette période des camps de regroupement, qui ont généré plusieurs centaines de milliers de morts (le rapport Rocard, établi avant la fin du conflit évaluait à plus de 200.000).

    Le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, principalement autour du Pont Saint-Michel, a fait plusieurs centaines de morts algériens sur ordre de la répression décidée en conseil des ministres.

    Le Massacre du 8 Février au Métro Charonne de manifestants réclamant la paix en Algérie

    Et cette liste n’est certainement pas exhaustive.

    Alors, Monsieur le Président, vous qui reconnaissez chez votre prédécesseur son rôle important pour que la « France assume son rôle historique de conscience universelle » ne croyez-vous pas urgent de traduire dans les faits vos engagements de candidat ? 

    Dans quelques jours, le 17 octobre prochain, nous serons au Pont Saint-Michel à Paris pour commémorer ce massacre, ce crime d’état, pourrons nous annoncer une déclaration de votre part à ce sujet ? 

    Henri POUILLOT

    Ancien Combattant, militant antiraciste, anticolonialiste

    (1) Je vous avais interpellé à ce sujet le 17 avril 2018 (voir ) à la suite de la « justification » de votre part de lancer des frappes en Syrie pour « punir » les utilisateurs, alors que la France porte une terrible responsabilité qu’elle n’a toujours pas reconnue ni condamnée. 

     


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    Les loups sont entrés dans paris

    Le piège d’Éric Zemmour

    Les loups sont entrés dans paris *** Le piège d’Éric Zemmour

    Au-delà du scandale (relatif) causé par les propos d'Eric Zemmour à la Convention de la droite, le rapport entretenu par le polémiste avec les médias témoigne d'une inquiétante normalisation de la parole réactionnaire dans la société française.

     

    Au fond, j'ai d'abord pensé que la retransmission, samedi dernier sur LCI, de ce que Sophia Aram considère (non sans raison) comme « l'élucubration la plus victimaire, haineuse, complotiste et délirante depuis les Protocoles des Sages de Sion » pouvait être une bonne chose. Après tout, quel meilleur moyen d'éclairer la réalité de ce que sont les Zemmour et autre Maréchal que de mettre à nu la vérité de leur discours en tombant le masque «télégénique» de Marine Le Pen et de la « droite décomplexée » ?

    Quel meilleur moyen de prévenir le danger que représentent ces gens qu'en les montrant pour ce qu'ils sont dans le cénacle de leurs meetings et de leurs conventions, libérés d'une « censure » qui pousse l'outrecuidance jusqu'à museler, sur les plateaux, les discours xénophobes et racialistes ? Diffuser Zemmour n'était-il pas, finalement, un mal pour un bien ?

    Et puis sont venues les réactions. Ou l'absence de réactions qui m'a convaincu de l'étendue de ma naïveté. La quotidienne de Cnews récemment promise à l'intéressé est (à ce jour) maintenue, comme si parler de « lutte à mort des races et des religions », promettre la « guerre civile », dresser des parallèles entre l'islam et le nazisme ou appeler à la fin de l'Etat de droit n'était qu'une banale « sortie » bien utile, en somme, à l'audience de chaînes privées dont la déontologie s'arrête où commence l'audimat et s'achète au tarif des publicistes. Idem au Figaro où, « s'il n'est pas d'éloge flatteur sans liberté de blâmer », il n'est désormais plus d'excuse possible à défaut de lâcheté.

    Il y a bien eu la dérision de France Inter, l'ironie de Guillaume Meurice et la lucidité (une fois n'est pas coutume) de François Hollande devant cette « banalisation du pire » ; mais le cynisme réactionnaire de notre temps, né dans la vague néolibérale, mûri par le sarkozysme, semble avoir contaminé les esprits jusqu'au point de non-retour. A tel point que les digues ont cédé, à tel point qu'il est possible dans la République française, 130 ans après Drumont, 80 ans après Brasillach, de défendre en direct, sous les applaudissements, la supériorité raciale sans autre conséquence qu'une saisine du CSA.

    Nous sommes dans une impasse mortifère. La guerre est un combat moral qui se gagne au temple avant de se battre or, Zemmour l'affirme, « c'est une guerre qui se profile » (surtout s'il la déclare) ; une guerre contre nos valeurs les plus cardinales et les plus élémentaires de tolérance et de respect, d'accueil et d'intégration : une guerre contre la démocratie. Qu'arrivera-t-il quand ce qui reste de nos élites dirigeantes, perdu le nez dans les chiffres, aveugle au mouvement des Gilets jaunes, aveugle au climat délétère qui ronge le pays, croulera sous l'inévitable usure du pouvoir ? Qui restera-t-il pour empêcher la France paupérisée, désabusée, de céder à la tentation des sirènes fascisantes de démagogues qui, de tout temps, ont exploité la misère pour nourrir le racisme, avec le pire en point de mire. Et la République tombera comme un fruit mûr.

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/damienrbt91/blog/011019/le-piege-d-eric-zemmour

    C News ne doit pas confier une émission

    à Eric Zemmour !

    C News ne peut pas confier une émission à Eric Zemmour, condamné pour provocation à la haine et théoricien du grand remplacement. 

     

    ·       LA PÉTITION 

     

    En 2011, SOS Racisme et d’autres organisations antiracistes faisaient condamner Eric Zemmour pour provocation à la discrimination envers les « noirs et les arabes » suite à des propos tenus sur France Ô et sur Canal+. Il y a quelques jours, le même personnage a été une nouvelle fois condamné pour provocation à la haine religieuse en raison de propos virulents tenus à l’endroit des musulmans.

    Alors que cette condamnation était annoncée, nous apprenions que C News entendait confier une émission à Eric Zemmour. Nous nous élevons contre cette décision qui consiste, par connivence idéologique ou par goût du « buzz », à offrir en toute conscience un espace d’expression et de propagation de la haine à un personnage engagé sur le chemin d’une violence verbale croissante à l’endroit des immigrés et de leurs enfants, des musulmans, des noirs et des arabes.

    D’ailleurs, la prestation d’Eric Zemmour lors de la « Convention de la droite » à Paris ce 28 septembre ne laisse place à aucun doute quant à la nature des propos qu’il serait amené à tenir sur un média télévisuel. En effet, à l’occasion de cet évènement organisé à la gloire de Marion Maréchal Le Pen, Eric Zemmour, tout à ses obsessions, a déroulé un discours d’une violence rarement égalée dans une prestation publique.

    Ainsi, agrémentant son propos de mises en garde contre l’« inversion de la colonisation », l’« extermination de l’homme blanc hétérosexuel catholique » ou l’« islamisation de la rue », appelant de ses vœux la « préférence nationale » dont on comprend qu’elle doit être plus particulièrement réservée aux « Français de souche », Eric Zemmour s’est lancé à cette occasion dans un appel explicite au passage à l’acte raciste, lorsqu’il déclare que « tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam (…) Les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Si oui, ils méritent leur colonisation, sinon ils devront se battre pour leur libération. »

    Voilà donc un individu qui, dans un discours relayé en direct avec une spectaculaire complaisance par LCI, appelle quasi ouvertement ses aficionados à se lancer dans des ratonnades, ajoutant encore de la haine en comparant les djellabas aux « uniformes des armées d’occupation » et rendant son propos particulièrement explicite en disant « aimer les formules de Renaud Camus », dont on sait, à travers le fumeux et complotiste concept du « grand remplacement », qu’il a inspiré le terroriste qui a récemment tué plus de 50 personnes dans une mosquée à Christchurch en Nouvelle-Zélande.

    Tout cela C News ne peut l’ignorer et ne peut en faire fi au nom de la pluralité des opinions. D’autant que confier une émission à Eric Zemmour, c’est le mettre dans une position de légitimité. Nous demandons donc à C News de renoncer à établir une relation avec Eric Zemmour car la haine, jamais, ne devrait devenir un commerce.

     

    Pour signer la pétition de sos racisme

    Cliquez sur le lien ci-dessous :

    http://nonazemmoursurcnews.wesign.it/fr 

     


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