• FOUROULOU ET LE 19 MARS

    FOUROULOU ET LE 19 MARS

    « Le mal qu’on sème, ce sont les enfants qui le récoltent »
    Mouloud Feraoun

    Il y a 55 ans, l’histoire commençait à dessiner l’aube d’un nouveau jour à l’horizon. « La nuit coloniale » pleurait « l’Algérie française » qu’elle allait perdre. Hélas ! « La nuit coloniale » n’a de larmes que le sang de ses victimes. L’aube d’un pays libéré qui lui faisait peur, elle venait de l’éteindre dans les yeux du Fils du pauvre.

    Le 15 mars 1962, l’auteur de La Terre et le sang a été victime de la bêtise humaine, incarnée par l’OAS, en compagnie d’autres consciences lumineuses, françaises et algériennes. Ce jour-là, Mouloud Feraoun, Max Marchand, Ali Hammoutène, Marcel Basset, Robert Eymard et Salah Ould Aoudia sont tombés sous les balles de la haine.

    Pourtant, ces enfants de leurs rêves, ces tisseurs du merveilleux compte de l’intelligence humaine voulaient juste montrer qu’au plus fort d’une « guerre fratricide », « le sauvetage de l’enfance algérienne » était possible. Car, comme l’expliquait la résistante et ethnologue Germaine Tillion, dans un témoignage de mots en larmes publié par Le Monde, le 18 mars 1962, cet objectif était celui « des Centres Sociaux » qu’elle avait lancés.

    Ces espaces de construction d’une conscience fraternelle portaient le rêve de  » permettre à un pays dans son ensemble, et grâce à sa jeunesse, de rattraper les retards techniques qu’on appelle « sous-développement ». Dans un langage plus simple cela veut dire : vivre. »

    Au grand regret de toute âme consciente, de tout cœur intelligent et de tout esprit sensible, ce rêve a été brisé par les fanatiques du maintien de l’ordre colonial.

    Fous du sang qu’ils étaient, ils haïssaient particulièrement tout ce que représentait Fouroulou Menrad.

    Dos au mur face à l’histoire, ils avaient choisi de la quitter les mains entachées du sang de ceux qui figuraient parmi les meilleurs porteurs des promesses d’un avenir humainement citoyen entre deux pays, l’Algérie et la France.

    Pour aller jusqu’au bout de leur sale besogne, il était hors de question pour eux de rater celui qui avait pris l’habitude d’arpenter Les chemins qui montent vers la plénitude de l’amour de tout ce qui est humain : Mouloud Feraoun.

    « Cet honnête homme, cet homme bon, cet homme qui n’avait jamais fait de tort à quiconque, qui avait dévoué sa vie au bien public, qui était l’un des plus grands écrivains de l’Algérie, a été assassiné… Non pas par hasard, non pas par erreur, mais appelé par son nom, tué par préférence, et cet homme qui croyait à l’humanité a gémi et agonisé quatre heures – non pas par la faute d’un microbe, d’un frein qui casse, d’un des mille accidents qui guettent nos vies, mais parce que cela entrait dans les calculs imbéciles des singes sanglants qui font la loi à Alger… » pleurait des larmes de tous les justes, de tous les résistants au déni du droit des peuples colonisés d’avoir des droits, l’inoubliable Germaine Tillion.

    En assassinant Mouloud Feraoun, les criminels de l’OAS croyaient avoir tué Menrad Fouroulou.

    Ils avaient pitoyablement tort ! Car, au moment où Mouloud quittait ce bas monde, Foulourou venait d’accueillir l’éternité dans les bras de sa bonté.

    UN MAUVAIS PRÉSAGE 

    A quatre jours de l’annonce du cessez-le-feu du 19 mars 1962, concluant des pourparlers du 7 au 18 mars à Evian, l’attentat du Châteaux-Royal à Alger était une giclée de sang jetée à la face d’une histoire qui venait de sourire au peuple algérien après 132 ans d’une colonisation abjecte.

    Avant que l’Algérie ne recouvre effectivement son indépendance, les criminels de l’OAS voulaient empêcher ses enfants de lui offrir les moyens d’exercer sa souveraineté dans les différents domaines de son organisation.

    En ce sens, l’attentat du Château-Royal était un avertissement envoyé à toutes les consciences qui œuvraient à ouvrir une nouvelle page de l’histoire liant le peuple algérien au peuple français.

    Ses auteurs voulaient donner le goût du sang à l’histoire d’un pays dont la libération du joug colonial était inéluctable. Ils voulaient tuer l’espoir d’une intelligence de complicité permettant aux peuples des deux pays de se réapproprier leur passé commun, de transcender les douleurs de leur présent et de construire un avenir libéré de la loi des raisons d’Etat.

    Ils ne voulaient pas d’une intelligence algérienne côtoyant une intelligence française, affranchie du conditionnement politique de l’histoire, dans la construction citoyenne de leur espace commun, de l’espace nord-africain et de l’espace méditerranéen.

    Or, cet espoir, Mouloud Feraoun le portait dans toutes les dimensions de son être dont il a offert le meilleur à Fouroulou.

    « J’ai écrit Le Fils du pauvre pendant les années sombres de la guerre, à la lumière d’une lampe à pétrole. J’y ai mis le meilleur de mon être. » écrivait Dda L’Mulud At-Chaâbane (Féraoun) à propos de Fouroulou Menrad.

    Fouroulou aimait la lucidité du pauvre qui lui permettait de « toujours » finir « par comprendre que la pauvreté n’est pas un vice. Ce n’est pas un vice mais un état qu’il faut remplir,tout comme un autre. Il a ses règles qu’il faut accepter et ses lois auxquelles il faut obéir pour ne pas être un mauvais pauvre. » C’est que chez-lui, la pauvreté recèle des richesses qui, loin de corrompre l’âme, invite l’être à s’élever au-delà de sa condition sociale par l’harmonisation de sa vie intérieure avec celle des siens et de tout ce qui vit autour de lui, son inscription dans une perspective historique de réappropriation de toutes les dimensions de l’être collectif auquel il appartient et de son renouvellement.

    Dda LMulud At-Chaâbane avait offert sa sensibilité et son intelligence à sa plume. Ses mots, ses rêves, il les mettait au service des siens. Ses sourires, ses larmes, ses espoirs et ses silences étaient les rimes de la poésie tourmentée qu’il faisait vivre en lui.

    Sa vie était l’incarnation assumée de la leur. Elle l’était au point où la violence d’une réalité hostile avait fini par le prendre à ses propres mots . « Je préfère mourir parmi les miens plutôt que de les regarder souffrir . Pourquoi mourir en traître puisqu’on peut mourir en victime …du moins je ne serai pas envahi par un silence plus coupable encore . » écrivait-il, en effet, dans son Journal.

    La réalité offrant sa force aux mots, l’assassinat de l’intelligence visée par l’attentat du Château-Royal est indissociable de la remise en question de la période de transition vers la construction de la République algérienne telle que définie par les Accords d’Evian.

    55 ANS APRèS… L’ESPOIR DEMEURE ! 

    Que d’occasions ratées de permettre au peuple algérien d’exercer sa souveraineté après la signature du cessez-le-feu ! Que de rêves brisés ! Que de machinations orchestrées pour construire et consolider un régime conçu contre la République Algérienne Démocratique et Sociale ! Que de guerres menées contre tout ce qui constitue la conscience du cœur battant de l’être algérien!

    La violence de l’OAS et les dérapages au sein du FLN ont fini par inscrire la période transitoire post-indépendance dans la violence.

    Il y a juste une année, les historiens Mohammed Harbi et Gilles Manceron appelaient à « Dépasser le ressassement des mémoires meurtries « , via un article paru dans le Monde.

    Ils rappelaient ainsi qu’« Un processus de transition graduelle vers l’indépendance était prévu par les Accords d’Evian. Un «Exécutif provisoire » – comportant des Européens d’Algérie, disposant d’une « Force locale» composée à la fois de militants nationalistes et d’anciens militaires et supplétifs algériens (les harkis) de l’armée française – devait favoriser une période transitoire jusqu’à l’établissement d’une République algérienne. La violence de l’OAS, comme les débordements au sein de la Résistance algérienne, où la maîtrise des événements a échappé aux négociateurs d’Evian, ont rendu ce scénario impossible. »

    Depuis, les deux pays sont tenus en otage des non-dits de leur histoire commune. Des non-dits qui maintiennent le primat des deux raisons sécuritaires d’Etat, algérienne et française, sur la nécessité de permettre à l’Algérie et à la France de dépasser leurs conditions historiques d’ancien colonisateur et d’ancien colonisé.

    En ce sens, une consécration officielle commune du 19 mars comme journée inaugurale d’une nouvelle histoire entre les deux pays peut offrir les possibilités de l’émergence d’une conscience d’appartenance à un destin commun, indissociable du destin de l’humanité.

    Malheureusement, comme le regrettaient les deux historiens, « Rien n’a été fait durant les cinquante-quatre ans après la signature des accords d’Evian pour solder le « contentieux historique » entre l’Algérie et la France. Depuis un demi-siècle, une guerre des mémoires s’est poursuivie. On a assisté à la résurgence de haines anciennes. Ce n’est pas le choix de la date du 19 mars qui entretient la guerre des mémoires, c’est le fait que ce choix ne soit pas intervenu plus tôt. »

    En ce qui concerne l’Algérie, la clanocratie a tout fait pour empêcher le peuple algérien de renouveler sa construction citoyenne, de construire une République réalisant la mise en place d’un système politique défini par une constitution émanant d’une Assemblée nationale constituante. Une assemblée traduisant l’exercice de la souveraineté par le peuple.

    Le combat à mener est celui de l’ouverture de nouveaux espaces de libération de la parole et de promotion de la culture de l’écoute.Des espaces à même de préparer le terrain à un Novembre de la métamorphose démocratique. L’idée n’est pas d’œuvrer à l’avènement de l’acte II de Novembre 1954. Une telle conception est historiquement un NON-SENS et politiquement une aventure suicidaire. Il s’agit de réunir les conditions d’une métamorphose individuelle nourrissant une dynamique collective et se nourrissant d’elle

    Car, comme l’a expliqué l’une des consciences de notre temps, le penseur de la complexité, Edgar Morin, dans son « Éloge de la métamorphose », « L’idée de métamorphose, plus riche que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures). »

    Cet espoir, les enfants du peuple algérien peuvent en faire le printemps du rêve de leurs illustres aînés dans le combat du peuple algérien pour sa liberté. Ils le peuvent pour peu qu’ils accompagnent Fouroulou sur les Chemins qui montent…

    Dda L’Mulud de Tasga invitait Dda L’Mulud d’ Ighil Nezmen à lui donner la main pour aller cueillir la promesse du rêve de notre libération de l’olivier de notre existence. Il lui disait :

    « Donne-moi la main, Mouloud…Le havre est maintenant tout près, juste par-delà la bêtise et la haine, à un jet d’espoir d’ici » . 

    Alors, donnons-nous la main les uns aux autres et allons ensemble à la rencontre d’un nouveau printemps…
    Az.O.
     

    SOURCE : https://lavoixdalgerie.com/fouroulou-et-le-19-mars/ 

     


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    Les oubliés de la guerre d’Algérie 

    A l’issue du scrutin présidentiel historique qui a tranché entre deux thèses : 

    - d’un côté, la vue Frontiste d’une France du passé qui rappelle celle de Vichy et plus tard de l’O.A.S. des généraux de la guerre d’Algérie en rébellion contre la République, marquée aujourd’hui par un repli identitaire avec le renoncement à l’Europe,  

    - et de l’autre, par un projet d’une France réconciliée tournée vers l’avenir sans oublier les leçons du passé, 

    qu’il me soit permis d’interpeler notre jeune président, Emmanuel Macron, à propos des sacrifices du contingent dans la guerre d’Algérie.  

    Oui, la France de Vichy, celle dont Jacques Chirac Président a rappelé en 1995 toute la responsabilité dans la rafle du Vel d’Hiv en 1942 qui a permis aux forces de gendarmerie de livrer aux nazis 13 000 innocents. A ceux qui aujourd’hui encore falsifient l’Histoire en disqualifiant la portée mémorielle du geste de Jacques Chirac, il est bon de signifier que si pour Churchill la France était à Londres avec de Gaulle, pour les Américains, elle était à Vichy avec Pétain. 

    A notre jeune Président de la République qui dans un discours de campagne à l’occasion de sa visite en Algérie a qualifié la guerre d’Algérie de crime contre l’humanité, je m’autorise à lui signifier mon incompréhension de ne pas avoir évoqué le sacrifice des jeunes appelés et rappelés qui à peine plus vieux de vingt ans ont laissé leur vie au combat pour une cause, l’Algérie Française, qui n’était pas la leur. Contrairement à la revendication de la France colonisatrice, les départements d’Algérie et des espaces sahariens n’étaient pas la France.  

    Ils furent ainsi 30000 morts pour la France entre 1954 et 1962. Leur mémoire est conservée grâce encore au Président Jacques Chirac, ancien combattant en Algérie, au Mémorial National de la guerre d’Algérie, quai Branly à Paris. Ce monument inauguré le 5 décembre 2002, rend hommage aux 1,5 millions de jeunes appelés contraints de gré ou de force à servir en Algérie. Que notre jeune Président complète la résonance qu’il a voulu donné de la responsabilité de la France en Algérie par l’évocation des souffrances subies par toute cette jeunesse qui pour la plupart avait connu une enfance marquée par les affres de l’Occupation pendant la seconde guerre mondiale.  

    L’Algérie me fut chère car mon père est né à Alger et sans avoir combattu, j’ai servi entre 1961 et 1962 sur la base des essais nucléaires d’In Amguel-In Ekker dans le Hoggar. 

    Louis Bulidon 

    Source : https://blogs.mediapart.fr/louis-bulidon/blog/080517/les-oublies-de-la-guerre-d-algerie

     

    La fin de la guerre d'Algérie

    Nicolas Sarkozy a eu tord de contester la date du 19 mars pour commémorer la fin de la sale guerre d'Algérie. Cette date mémorielle appartient à l'Histoire pour rappeler les sacrifices imposés aux soldats du contingent.

     A tout homme politique, serait-il ancien président de la République, il est demandé de réfléchir avant toute communication. Ce propos, je l’adresse à Nicolas Sarkozy lorsqu’il s’est prononcé publiquement contre le choix de la date du 19 mars pour commémorer le souvenir de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, après sept années d’opérations militaires dictées par la répression contre le soulèvement du peuple algérien. Le soldat du contingent, la troupe à laquelle j’ai appartenu de 1960 à 1962 ont salué les accords d’Evian signés le 18 mars 1962 entre la France et la délégation algérienne comme le deus ex machina d’une aventure coloniale dont ils n’étaient pas partie prenante. Ces hommes, appelés ou rappelés comme en 1957 ont vu de près ou de loin tomber au combat dans des embuscades vingt mille d’entre eux. Cette jeunesse qui avait connu les angoisses et les privations sous l’Occupation allemande fut mobilisée pour une guerre qui ne portait pas son nom et, contrairement à celles de leurs pères et grands-pères, n’avait rien de patriotique.

       Nous étions des colonisateurs en Algérie depuis 1830. Cette terre avait accueilli des générations de petits Français appelés déjà par le service militaire pour servir dans des opérations de conquête et de maintien de l’ordre et qui, une fois libérés de leurs obligations, choisissaient de s’établir en Algérie car bénéficiaires pour les plus humbles de conditions de vie bien meilleures qu’en France métropolitaine. Tel fut le cas de mon grand-père qui, après avoir servi comme zouave, oublia sa misère auvergnate en trouvant un emploi à l’hôpital Mustapha à Alger où naquit mon père. Ce dernier passa son enfance dans la Ville blanche avant d’être contraint, devenu orphelin, à un retour dans une Auvergne toujours aussi déshéritée et inhospitalière. Ce fut la vie algérienne que connurent Albert Camus et son instituteur, mais qui ne justifiait pas pour autant de s’approprier le statut de français d’Algérie. La nationalité algérienne revenait d’emblée au peuple arabo-musulman autochtone et à ses racines numides remontant à la guerre de Jugurtha contre l’envahisseur romain.

       Si les accords d’Evian ne mirent pas fin aux tueries en Algérie entre extrémistes des deux camps, ils suscitèrent un immense soulagement pour les hommes du contingent, les appelés qui comprirent que leurs sacrifices, bien inutiles mais acceptés sous la contrainte, avaient trouvé la conclusion qui s’imposait avec la fin de cette sale guerre. Pour la majorité d’entre eux, les combats cessaient et leur rapatriement en métropole s’organisait avec une réduction progressive de leur temps de service ramené de 28 à 18 mois, la durée légale. A eux seuls revient le droit de se prononcer sur la commémoration du 19 mars.

       Nicolas Sarkozy, mal conseillé et mal instruit sur ce que furent les sacrifices de ma génération, aurait dû réserver son jugement sans en faire une déclaration politicienne. La commémoration du 19 mars 2016 devant le Mémorial du quai Branly en présence du chef de l’Etat est très honorable, mais François Hollande aura attendu la cinquième année de son mandat pour se décider à ce geste symbolique. Nous devons le Mémorial du quai Branly à l’initiative du président de la République Jacques Chirac qui lui, contrairement à ses deux successeurs, avait de solides raisons pour rappeler le sacrifice de ces jeunes appelés morts pour la France dont les noms défilent en bleu, blanc, rouge sur les trois colonnes du monument. Jacques Chirac avait servi comme sous-lieutenant pendant la guerre d’Algérie.

       L’Histoire n’est pas réservée aux hommes politiques de notre pays, quelle que soit leur stature, mais aux citoyens qui en ont été les témoins directs. Nos deux présidents de la République, Sarkozy et Hollande, auraient été mieux dans leur rôle en dénonçant les conséquences des campagnes d’essais nucléaire conduits par la France en Algérie et dont la catastrophe du tir Béryl dans le Hoggar, le 1er mai 1962, témoigne encore par ses retombées radioactives et son coût humain non assumé par notre pays.

     

    Merci à Emmanuel Macron d’avoir confirmé

     les propos de Jacques Chirac

    Que notre jeune Président complète la résonance

    qu'il a voulu donné de la responsabilité de la France

    en Algérie


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  • Le plaidoyer pour la paix d'Albert Camus après Hiroshima le 8 août 1945

    Le plaidoyer pour la paix d'Albert Camus après Hiroshima le 8 août 1945

    Camus a été le seul intellectuel occidental à dénoncer l'usage de la bombe atomique au lendemain du bombardement d'Hiroshima dans son célèbre éditorial de "Combat".Alors que l'ONU vient d'adopter un traité interdisant les armes nucléaires (boycotté par la France, la Corée du Nord, Israël etc ...) et alors que guerres et conflits ensanglantent la planète, son message est plus que jamais d'actualité.

    " Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique.

    On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

    En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.

    Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont, annoncées au monde pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d'une littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.

    Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.

    Au reste, il est d'autres raisons d'accueillir avec réserve le roman d'anticipation que les journaux nous proposent. Quand on voit le rédacteur diplomatique de l'Agence Reuter annoncer que cette invention rend caducs les traités ou périmées les décisions mêmes de Potsdam, remarquer qu'il est indifférent que les Russes soient à Koenigsberg ou la Turquie aux Dardanelles, on ne peut se défendre de supposer à ce beau concert des intentions assez étrangères au désintéressement scientifique.

    Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons.

    Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.

    Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. "

    Albert Camus 

    éditorial de "Combat", journal clandestin de la Résistance, du 8 août 1945 

    Quel impact peut avoir le vote par l’ONU

    sur l’interdiction des armes nucléaires ?

    Le vote à l’Assemblée Générale de l’ONU, vendredi 7 juillet 2017, d’un traité interdisant les armes nucléaires reste purement symbolique du fait du boycott des puissances détentrices de l’arme atomique. Il donne cependant espoir aux pro-désarmements.

    Le plaidoyer pour la paix d'Albert Camus après Hiroshima le 8 août 1945

    Membre de l’équipage du sous-marin français « Le terrible », armé de seize missiles nucléaires mer-sol, le 5 décembre 2016. / Fred Tanneau / Afp

    « C’est une avancée historique ! » Au bout du fil, Patrice Bouveret, directeur de l’observatoire des armements, se montre optimiste. «La première Assemblée Générale des Nations unies en 1946 prévoyait la mise en place d’une commission en charge d’étudier les problèmes liés à l’énergie atomique. 71 ans après, nous avons fait un pas symbolique, mais important avec ce traité», se satisfait le co-fondateur de ce centre d’expertise indépendant.

    Le traité interdisant les armes nucléaires a été adopté vendredi 7 juillet par 141 États. Il doit désormais être ratifié par 50 pays membres de l’ONU pour entrer en vigueur.

    Mais l’application de cette interdiction reste improbable pour les neuf puissances nucléaires de la planète (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord), et pour cause : aucune d’entre elles n’a accepté d’y participer, invoquant « le réalisme » face à la situation mondiale. Seul pays victime d’attaques nucléaires dans le passé à Hiroshima et Nagasaki en 1945, le Japon n’a pas non plus souhaité prendre part aux négociations du traité.

    Des précédents encourageants

    Un motif d’espoir cependant : au cours des dernières années, les conventions interdisant les armes à sous-munitions ou encore les mines antipersonnel n’ont pas été sans suite, malgré le silence des grandes puissances, dont les États-Unis, la Chine et la Russie.

    La baisse des stocks et des usages de ces armes inspire Patrice Bouveret, qui espère des conséquences similaires sur les bombes atomiques : « Il faut maintenir la pression sur les puissances pour garantir au moins le non-emploi des armes atomiques. Après plus de 2 000 explosions, il n’y a plus d’essais nucléaires à l’air libre sur la planète depuis des décennies, et c’est déjà un progrès énorme ». 

    Malgré la baisse du nombre d’armes atomiques depuis la signature en 1968 du Traité de Non-Prolifération par la quasi-totalité des pays du monde, on estime à près de 15 000 les têtes nucléaires sur la planète. Détenues en majorité par la Russie et les États-Unis, 4 000 d’entre elles seraient fonctionnelles, et auraient plusieurs dizaines de fois la puissance des bombes utilisées au Japon, à la fin de la seconde guerre mondiale.

    En dépit de son enthousiasme, Patrice Bouveret modère ses espoirs : « Les pays concernés sont dans une logique de renforcement militaire, donc nous n’étions pas surpris de leur boycott. Sachant que leur puissance s’appuie sur leur possession de l’arme nucléaire, le désarmement complet prendra encore beaucoup de temps ».

    Noé Michalon

    SOURCE : http://www.la-croix.com/Monde/Quel-impact-vote-lONU-linterdiction-armes-nucleaires-2017-07-07-1200861313 

    Le plaidoyer pour la paix d'Albert Camus après Hiroshima le 8 août 1945

    A Jacques CROS et ses amis qui, tous les ans organisent "Une Marche de la Paix"

     

    Les pacifistes sont-ils devenus inaudibles ?

    Publié le 06/08/2017 à 07:52 par cessenon
     
    Les pacifistes sont-ils devenus inaudibles ?

     

     

    J’ai écouté en podcast  l’émission de France Culture « Du grain à moudre » du jeudi 3 août (lien Réécouter l'émission) qui avait pour thème « Les pacifistes sont-ils devenus inaudibles ? ».

    Il y avait trois intervenants dont Edith Boulanger pour le Mouvement de la Paix. Le mot « pacifisme » a été l’objet d’un échange. Peut-être parce qu’il évoque les Accords de Munich où sous couvert de paix on a laissé se développer tout un processus qui a conduit à la guerre.

    La représentante du Mouvement de la Paix a mis l’accent sur la nécessité de justice comme élément de culture de paix. En fait la situation économique, avec les revendications sociales non satisfaites, est en soi un facteur qui tourne le dos à ce qui est nécessaire. Elle contribue  à l’augmentation des tensions et peut déboucher sur la guerre.

    La non-violence ne saurait être l’acceptation de l’injustice. Ici Gandhi a été cité par un intervenant qui s’est exprimé au titre du MAN (Mouvement d’Action Non-violente) qui avait déclaré en substance : entre la violence et la résignation je choisirais la violence.

    La signature le 7 juillet 2017 du Traité d’interdiction des armes nucléaires obtenue dans le cadre des travaux de l’ONU a été l’objet d’approches différentes. L’aspect positif c’est que le Traité a été voté. L’aspect négatif c’est que les puissances nucléaires, comme la France, continuent à moderniser leur armement atomique.

    On continue à engloutir des sommes faramineuses qui font défaut pour la satisfaction des besoins sociaux. On s’interroge : on espère dissuader qui avec de tels arsenaux ? Sûrement pas les terroristes qui vont continuer leurs crimes sans se considérer concernés par la menace.

    En 1982 les opposants à la course à l’armement nucléaire, SS 20 et fusées Pershing, avaient mobilisé 200 000 personnes. En 2003 les manifestations contre la deuxième guerre du Golfe avaient rassemblé des foules importantes. On a l’impression qu’aujourd’hui on est un peu au point mort.

    Pourtant des actions se déroulent qui intéressent jeunes et moins jeunes, le livre blanc pour la paix notamment. C’est vrai qu’on ne trouve pas toujours le relais qu’on espère auprès des médias.

    Vers la fin de l’émission la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) a été présentée par un responsable du MAN comme une action non-violente susceptible de faire avancer la cause des Palestiniens.

    La visite du président de la République dans un sous-marin nucléaire a été par contre jugée anachronique. Macron s’est enfermé dans la logique d’équilibre de la terreur qui est une impasse. En fait une impasse dangereuse et hors de prix par ces temps où on prône l’austérité !.

    Les horreurs de 14 / 18 avaient fait naître et se développer un courant qui refusait la guerre et le règlement des contentieux par le recours à la force armée. Les pacifistes tels Jaurès s’étaient montrés impuissants à organiser la volonté de paix entre les peuples. Ils étaient pourtant dans une position juste et là aussi on regrettera que les médias n’aient pas aidé à populariser les initiatives prises pour l’anniversaire de son assassinat.

    Le rôle passé et présent des religions à l’égard de la guerre a été rappelé. En règle générale les belligérants se sont efforcés de mettre Dieu dans leur camp. Evidemment, un humoriste avait conclu qu’il jouait double jeu !

    Pourtant la domination militaire ne règle jamais durablement les choses. Elles peuvent faire illusion en donnant un moment répit. Cela conditionne le vaincu pour préparer sa revanche. On l’a vu après la guerre de 70 comme après le Traité de Versailles. Il y a donc tout un chantier à ouvrir et à occuper, comme l’indique le titre de l’émission « Il y a du grain à moudre » !

    Présentement ce dimanche 6 août 2017 nous allons faire notre 18ème Marche de la Paix à Lézignan-la-Cèbe. Le ciel est peut-être avec nous, en tout cas nous n’avons pas la canicule que nous avions les jours précédents. Certes c’est un peu humide !

    Le ciel avec les pacifistes ?

    Publié le 07/08/2017 à 07:29 par cessenon
    Le ciel avec les pacifistes ?

      Photos Paul Barbazange et Martine Ragonnet

    On pourrait le penser tant les journées de canicule qui avaient précédé la Marche de la Paix prévue pour le 6 août à Lézignan-la-Cèbe avaient été l’objet d’inquiétude de la part des organisateurs. Et puis le 5 au soir il avait fait un orage qui avait sensiblement abaissé la température.

    Nous serons presque une trentaine sur le parking situé devant l’école de la Salsepareille vers 10h 15 quand Clara, qui s’est un peu égarée en cherchant le lieu de rendez-vous, nous aura rejoints.

    Ah une voiture de gendarmes de Pézenas vient s’assurer que tout se passe bien ! Mais oui, les pacifistes n’ont rien à voir avec les terroristes !

    Nous allons donc sous la conduite de Ramon Capdevila entreprendre notre marche. Il nous présente Lézignan-la-Cèbe. Le nom de Lézignan viendrait de Licinius  suivi du suffixe anum qui signifie « domaine de ». La Cèbe désigne l’un des productions de la commune réputée également pour ses navets. Tiens justement voici une parcelle sur laquelle des oignons, trop petits pour être commercialisés ont été abandonnés en plein champ.

    On suit le même itinéraire que pour la reconnaissance. Ramon se montre très compétent et très pédagogue. On passe d’abord devant la station de pompage qui alimente Lézignan-la-Cèbe.

    On continue jusqu’à la carrière, aujourd’hui désaffectée où l’on a droit aux explications sur les éruptions volcaniques ainsi que sur la faune qui peuplait cet espace. On a des précisions sur les outils en pierre découverts dans une coulée de boue. Correction effectuée ils dateraient de un million cent-mille ans et sont les plus anciens vestiges d’hominidés recensés en France.

    On avance jusqu’à l’étang qui s’est formé devant un front de taille. Pas très loin niche une colonie de grands-ducs. La proposition de s’approcher n’est pas retenue, c’est qu’il n’est pas sûr qu’ils nous offriraient l’apéritif tandis que nous sommes attendus à la salle polyvalente pour le boire.

    Ah, Ramon nous montre des pierres de basalte incrustées d’olivine qui comporte dans sa variété que couvre ce terme générique des péridots. Plus loin devant un neck il nous explique le mécanisme du volcanisme de type Stromboli.

    On revient sur nos pas et on redescend à Lézignan-la-Cèbe où nous sommes attendus par le premier magistrat de la commune. Il nous dit sa satisfaction de nous accueillir à Lézignan-la-Cèbe. Il souligne l’intérêt que présente pour lui nos préoccupations en matière de paix mise à mal par le contexte que nous connaissons. Raymond Cubells remercie pour l’accueil. Il n’oublie pas d’adresser ses remerciements à Claude et Ramon qui ont contribué au bon déroulement de cette journée. Il offre au maire de Lézignan-la-Cèbe un exemplaire du livre blanc de la paix.

    Un apéritif copieux est présenté sur des tables. Après l’avoir pris nous choisissons de prendre notre pique-nique dans la salle polyvalente. Nous sommes bien là n’ayant pas à déplacer le matériel.

    Naturellement circulent des tas de denrées, solides et liquides, cependant que Raymond fait une analyse détaillée de ce qu’a apporté le Traité signé à l’ONU le 7 juillet dernier. Il y a un échange d’informations et d’appréciations qui circulent  l’occasion de cette 18ème édition de notre traditionnelle Marche de la Paix. Cette initiative a eu lieu encore cette année, longue vie à ce genre d’action.

    Marianne a animé avec son accordéon la fin du pique-nique, jouant notamment « La butte rouge », ‘Gloire au 17ème », « Se Canta »… Il était un peu plus de 15 h quand nous nous sommes quittés, contents d’avoir pu mener à bien cette année encore cette forme originale d’action pour la paix et le désarmement.

    Ah, on ne vous a pas parlé de Misty, la petite chienne de nos amis vosgiens. Elle s’est roulée dans des gafaròts et en a tout le pelage couvert !

    Dernier point, notre photographe a tiré le portrait d’une tourterelle perchée sur un réverbère. Ben oui, elle participait à sa façon à la Marche de la Paix en tant que Colombe de service !

    Jacques CROS

     


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  • À quand la restitution des crânes

     des résistants algériens ?

    Des crânes de résistants algériens détenus au musée de l’Homme, à Paris. © D.R.

     

    Les autorités françaises estiment que le dossier doit être traité dans le cadre d’un règlement général des questions mémorielles. La mobilisation autour de cette affaire n’a, pour l’heure, pas donné de résultats. 

    Le corps d’un soldat français, dont les restes ont été rapatriés en juin dernier d’Algérie, a reçu les honneurs militaires au cours d’obsèques officielles organisées hier dans sa région natale des Pyrénées-Orientales. Les autorités algériennes ont autorisé le transfert de sa dépouille, à la demande de ses proches. En France, on s’attend à ce que de nombreuses autres familles de soldats engagés pendant la guerre d’Algérie et enterrés sur place (plusieurs centaines) expriment la même revendication.
    Quelle sera dans ce cas la réponse du gouvernement algérien, surtout qu’il a lui-même entrepris une démarche similaire pour la restitution des crânes de résistants algériens de la révolte des Zaâtchas, encore détenus au musée de l’Homme, à Paris ?
    Le ministre des Moudjahidine a réitéré cette exigence le 5 juillet à l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’Indépendance, estimant que la France doit passer des paroles aux actes concernant le règlement des dossiers qui relèvent du contentieux mémoriel avec l’Algérie. Tayeb Zitouni avait espéré que l’élection d’Emmanuel Macron, qui a fait, selon lui, des déclarations “audacieuses” sur la colonisation, apporte des réponses claires aux demandes algériennes. Pour le moment, le président français, qui doit se rendre bientôt en Algérie en visite officielle, préfère garder le silence. Après avoir qualifié, lorsqu’il était candidat à l’Élysée, la colonisation de crime contre l’humanité, Macron semble avoir pris du recul sur la question en affirmant dans une lettre envoyée a Bouteflika récemment qu’il faut “assumer la mémoire commune dans sa vérité et son intégrité” et l’“héritage partagé dans un esprit de lucidité et d’apaisement”.  
    En somme, le locataire du palais de l’Élysée, qui, comme ses prédécesseurs, ne veut pas entendre parler de repentance, estime que la solution de tous les points d’achoppement qui polluent les relations bilatérales depuis la fin de la guerre d’Algérie doit emprunter une voie pragmatique qui arrange les affaires des deux pays.
    Cette façon de voir les choses était aussi celle de son prédécesseur, François Hollande, qui, durant son mandat, a autorisé l’ouverture de pourparlers sur certaines questions litigieuses, comme les archives de l’armée française sur la guerre d’Algérie, les disparus et les victimes des essais nucléaires.
    Le dossier de la restitution des crânes des résistants a également été pris en compte. Le quai d’Orsay avait indiqué, toutefois, que cette question devait être traitée dans un cadre global, qui énumère l’ensemble des sujets de conflit mémoriel, dont ceux défendus par la France, comme par exemple le rapatriement des dépouilles de ses soldats enterrés en Algérie. Alerté par le premier transfert opéré en juin, Brahim Senouci, enseignant à l’université de Cergy-Pontoise, craint l’existence d’un deal. En clair, l’Algérie aurait peut-être accepté une espèce de troc : les ossements de ses martyrs contre ceux des soldats français inhumés sur son sol. “Si deal il y a, ce serait contraire à l'intérêt de notre pays qui doit faire de cette restitution une exigence absolue”, s’élève-t-il.
    En 2016, l’enseignant avait lancé une pétition en ligne demandant à ce que les crânes des martyrs des Zaâtchas soient rapatriés en Algérie afin de leur offrir une sépulture.
    Cette pétition a recueilli presque 3 000 signatures. Elle a été relayée par de nombreux intellectuels dont Benjamin Stora, Gilles Manceron et Olivier Le Cour Granmaison. Une copie a été envoyée à l’Élysée. Mais il n’y a jamais eu de réponse.
    De son côté, le président du Muséum national d’histoire naturelle, Bruno David, a déclaré en décembre dernier que “le processus de restitution des crânes en question est très complexe”.

    S. L.

    SOURCE : http://www.liberte-algerie.com/actualite/a-quand-la-restitution-des-cranes-des-resistants-algeriens-274933 

     


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    Les obsèques officielles de Jean Vilalta

    ont eu lieu ce samedi matin 5 août 2017

    six décennies après sa mort

    en juillet 1956

    pendant la guerre d'Algérie

     

    A Alger, le 20 mars 1962, au lendemain de la fin de la guerre d'Algérie afp.com/

    Argelès-sur-Mer (France) - Six décennies après sa mort pendant la guerre d'Algérie, un soldat français a été exhumé du sol algérien, rapatrié et enterré samedi à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), une première en France, selon l'armée. 

    Les honneurs militaires ont été rendus au sergent Jean Vilalta, tombé en juillet 1956 à l'âge de 22 ans, ce samedi matin à la cathédrale d'Elne, devant 300 à 400 personnes, a constaté un correspondant de l'AFP. 

    L'opération d'exhumation et de rapatriement d'un soldat français mort en Algérie est une première en France. "C'est une première et certainement une dernière", a déclaré le lieutenant-colonel Christophe Corréa, délégué départemental des armées dans les Pyrénées-Orientales. "Cela a pu se faire car le corps a été exhumé d'une nécropole française. Il faut obtenir l'autorisation de l'Etat Algérien et de l'Etat Français", a-t-il expliqué, évoquant également les difficultés des démarches et le coût très lourd pour les familles.

    Il reste, selon le lieutenant-colonel Corréa, environ 400 soldats français enterrés en Algérie, tandis que plus de 15.000 sont morts au combat de 1954 à 1962 pendant le conflit. 

    Le gouvernement algérien a accepté en juin dernier l'exhumation et le rapatriement des restes de Jean Vilalta, enterré à Oran, après "plus de quatre ans de négociations menées par les familles soutenues par le Souvenir français ainsi que l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre", selon le délégué départemental des armées. 

    Samedi 5 août 2017, dans la cathédrale d'Elne, les restes de Jean Vilalta reposaient dans un cercueil d'enfant couvert d'un drapeau tricolore. Les honneurs militaires lui ont été rendus par un détachement du 3e Régiment parachutiste d'infanterie de marine de Carcassonne (3e RPIMa). Le défunt appartenait au 2e régiment d'infanterie coloniale. 

    Les obsèques officielles ont eu lieu dans une cathédrale comble en présence de la famille originaire d'Argelès-sur-Mer, de la sous-préfète des Pyrénées-Orientales Hélène Girardot, d'élus locaux et de représentants d'une cinquantaine d'associations d'anciens combattants et de rapatriés d'Algérie.

    Afp

     

    Le corps d'un soldat argelésien  mort en Algérie, rapatrié 61 ans  après sa mort


    Pyrénées-Orientales : un soldat tué en Algérie inhumé 60 ans après sa mort


    Le corps d'un soldat français rapatrié d'Algérie, 61 ans après sa mort


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  • Emmanuel Macron écrit au Président Bouteflika  et s’engage à assumer ses convictions  contre la colonisation

    Le président français Emmanuel Macron, élu en mai dernier, effectuera prochainement sa première visite en tant que chef de l’État français en Algérie, ont annoncé des sources proches de la présidence française. Selon ces mêmes sources, la visite d’Emmanuel Macron en Algérie est prévue pour le 13 du mois d’octobre prochain, soit presque une année après la visite qu’il a effectuée en tant que candidat à l’élection présidentielle française. La date annoncée attend toutefois la confirmation de la partie algérienne. À noter que si cette date se confirme pour la visite du président français, il est probable qu’il sera le premier dirigeant européen à être reçu par le chef de l’État Abdelaziz Bouteflika depuis l’annulation au début de l’année en cours de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel. 

     

    Cette information est à prendre avec prudence, notamment sur la rédaction de l’article car deux seuls journaux algériens l’ont signalée et bien sûr aucuns journaux français… 

    Emmanuel Macron écrit au Président Bouteflika

    et s’engage à assumer ses convictions

    contre la colonisation

    DIA-02 août 2017: Le Président français Emmanuel Macron s’est engagé dans un message adressé au président de la République, Abdelaziz Bouteflika à «assumer ses convictions contre à la colonisation française» en Algérie, rappelant qu’il avait déjà qualifié cette colonisation de «crime contre l’humanité». 

    Le président français qui avait omis de transmettre un message de félicitation au chef de l’Etat à l’occasion de la fête nationale du 5-Juillet, s’est racheté en, louant la « vision et l’engagement décisif » du Président Bouteflika tout en évoquant avec enthousiasme «le projet de grande visite officielle» en Algérie. 

    En ce sens, Macron a salué la « vision et l’engagement décisif » du président de la République Abdelaziz Bouteflika pour « le développement du partenariat d’exception » qui unit l’Algérie et la France, dans un message de remerciement, suite au message adressé par le chef de l’Etat à son homologue français à l’occasion de la fête nationale de son pays le 14 juillet. 

    « Je vous remercie pour votre courrier à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet et je saisis cette occasion pour vous transmettre, au nom de la France et en mon nom personnel, un message chaleureux d’amitié et de respect », a écrit le président français dans son message. 

    Dans son message Macron écrit: « je salue votre vision et votre engagement décisif dans le développement du partenariat d’exception qui unit la France et l’Algérie. Votre impulsion dans la refondation engagée en 2012 avec mon prédécesseur a permis des avancées spectaculaires dans tous les domaines. Jamais dans l’histoire les liens entre nos deux pays n’ont atteint un tel niveau d’excellence et de densité ». 

    Le président français souhaite renforcer cette dynamique avec son homologue algérien et donner aux relations bilatérales « une dimension supplémentaire ». 

    « Ce travail a commencé dès lendemain de mon élection. Il consiste à assumer notre mémoire commune dans sa vérité et son intégrité. Vous connaissez mes convictions et ma détermination à assumer cet héritage partagé dans un esprit de lucidité et d’apaisement », a encore souligné le Président français. 

    « Il nous faut faire de ce regard sur notre passé le point d’appui d’un nouvel élan vers l’avenir pour notre partenariat bilatéral. Plus que jamais, celui-ci doit se construire sur des projets concrets, structurants et mutuellement bénéfiques, il doit aussi se construire sur la scène internationale alors que nos deux pays sont en première ligne face à la menace terroriste et à l’instabilité régionale notamment au Sahel et en Libye », a-t-il ajouté. 

    Pour M. Macron, « beaucoup de travail a déjà été effectué, et les prochains mois seront marqués par une série de rendez-vous majeurs qui permettront de préparer le projet de grande visite officielle que je serais très heureux et honoré d’effectuer en Algérie, au moment qui vous conviendra ». 

     « Je vous adresse mes vœux de paix et de prospérité pour l’Algérie, le peuple algérien et vous-même et vous prie de croire, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération », a conclu M. Macron dans son message.

    SOURCE : https://dia-algerie.com/macron-ecrit-president-bouteflika-sengage-a-assumer-convictions-contre-colonisation/ 

     

     SOUVENONS-NOUS : ACTE 1

     

    RAPPELONS-NOUS : Sur Médiapart 5 mai 2017, conclusion d'Emmanuel Macron sur la guerre d'Algérie ***

    Emmanuel Macron s’engage, s’il est élu, à porter un « discours fort » sur la responsabilité de la France dans la guerre d’Algérie.

     

    Emmanuel Macron s’engage, s’il est élu, à porter un « discours fort » sur la responsabilité de la France dans la guerre d’Algérie

     

    •   -   samedi, 06 mai 2017 17:3 Juste avant la clôture officielle de la campagne des élections présidentielles françaises, vendredi soir, Emmanuel Macron a répondu durant plus de deux heures aux questions des journalistes de Mediapart.

      Parmi les sujets de fond qui ont été abordés, Edwy Plenel, président de Mediapart, a rappelé les profonds stigmates que la Guerre d’Algérie a laissée dans la société française et a demandé à Emmanuel Macron, s’il est élu ce dimanche Président de la République, s’il s’engage à se prononcer officiellement, à l’image du discours de Jacques Chirac qui avait reconnu officiellement la responsabilité de la France dans la déportation de 13 000 Juifs, suite à la Rafle du Vel d’Hiv, menée en juillet 1942 par la police et la gendarmerie françaises.

      Edwy Plenel : Si vous êtes élu président, quel va être votre acte, votre moment, votre discours solennel pour qu’il n’y ait plus la concurrence des mémoires et que la France se réconcilie en regardant en face tous ses drames ?

      Emmanuel Macron : De fait, je prendrai des actes forts, je porterai des discours forts sur cette période de notre histoire. Parce que ma conviction profonde, au-delà du rapport à la vérité et à l’histoire que Benjamin Stora défend admirablement, il y a une fracture dans la société qui s’est construite sur cet événement. Et qui touche les Français d’origine algérienne, les binationaux, les Algériens vivant en France, qui touche aussi les Harkis, les Rapatriés, les appelés, les anciens soldats, plusieurs millions de personnes, qui nourrissent du ressentiment, et qui structure un ressentiment politique qui aujourd’hui paralyse la France. Et paralyse nos quartiers.

      Si on croit à la diversité d’un peuple et qu’on veut le réconcilier, qu’on veut lutter contre ce qui, dans la notion de multiculturalisme appelle au communautarisme, on doit prendre des actes forts. Donc je le ferai.

    Extrait d'un article de Gilles Manceron  historien

    Extrait d'un article

    de Gilles Manceron

     

    Historien

    Pour la reconnaissance des crimes de la colonisation : questions à Emmanuel Macron. Mais aussi pour la Paix des Mémoires.

    Les déclarations d’Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » ont suscité de violentes critiques de Marine Le Pen. De fait, ce débat s’est introduit dans le second tour de la présidentielle.

    Le président du Cercle algérianiste national a déposé à Perpignan, le 27 février dernier, une plainte pour « injures » contre Emmanuel Macron.

    En 2017, la principale initiative est un colloque international à Paris, le 2 mai. Une table ronde aborde le problème de la reconnaissance par la France de la répression de mai-juin 1945 et des autres crimes qui ont ponctué son histoire coloniale. Mais, d’abord, des historiens algériens et français tentent de reconstituer les faits. Abdelmadjid Merdaci, de l’université de Constantine, souligne que la répression de mai-juin 1945 a constitué un tournant dans l’histoire du mouvement national algérien, puisqu’il a alors pris conscience qu’une véritable insurrection nationale impliquait une meilleure organisation pour éviter des violences spontanées inadmissibles et contreproductives. Car, le 8 mai 1945 à Sétif, à la répression coloniale initiale du défilé de manifestants arborant le drapeau algérien ont répondu de la part d’Algériens du Nord-Constantinois, ruraux pour la plupart, des meurtres d’Européens qui ne faisaient pas partie des milices de civils armés criminels. C’est le mérite du livre d’un autre intervenant venant d’Algérie, Kamel Beniaiche, responsable du bureau de Sétif du quotidien El Watan, La Fosse commune, massacres du 8 mai 1945 (El Ibriz, 2016), d’aborder pour la première fois ce qui s’est produit précisément dans les différentes localités autour de Sétif, sans occulter ces cent trois morts européens ; il montre aussi que certains Européens ont protégé des Algériens de la répression et que des nationalistes algériens ont empêché que des Européens soient victimes de violences aveugles.

    Ouvrir les archives pour permettre le nécessaire travail des historiens

    C’est le travail des historiens qui, près de trois quarts de siècle après les faits, doivent pouvoir accéder librement à toutes les archives. Et il faut aussi que les programmes et les manuels scolaires français restituent honnêtement cette tragédie. Qu’ils montrent que cette répression de mai-juin 1945 est liée à l’adhésion très majoritaire de la France libre et des principales forces politiques françaises de l’époque, y compris à gauche, au maintien de l’empire colonial.

    Cette question est doublement importante. Pour les relations franco-algériennes d’abord, car la reconnaissance par la France des crimes de sa colonisation est une condition au dépassement du passé colonial et à l’établissement de relations apaisées entre les deux pays. Mais elle est importante aussi pour la société française, afin d’en finir avec toutes les mentalités et les comportements hérités de l’époque coloniale. La reconnaissance de la part d’histoire dont les descendants de l’immigration algérienne sont les héritiers est liée à celle de leur place pleine et entière dans la société française et à la fin des discriminations à leur égard. Elle est indispensable pour que la société française assume, enfin, l’héritage de l’époque coloniale.

    Le fait que, depuis 2015, plusieurs villes françaises ont adopté des résolutions en faveur de la reconnaissance par la France de cette répression de mai-juin 1945 – la Ville de Paris, à l’unanimité de son conseil municipal, plusieurs communes de la banlieue parisienne, les villes de Rennes et de Givors – témoigne d’une évolution de l’opinion par rapport à la question du passé colonial, notamment dans les jeunes générations, qui ont une perception différente de celle de leurs aînés. En atteste également la déclaration d’Emmanuel Macron, qui appartient à une génération regardant cette page d’histoire autrement que les précédentes.

    Les gouvernements de Jacques Chirac et de François Hollande ont fait de petits pas dans le sens de la reconnaissance nécessaire, mais sans oser être clairs ni avoir le courage d’être un pas en avance sur l’opinion moyenne des Français. C’est à la partie anticolonialiste de la société française, aux médias, qui sont avec l’école l’un des principaux moyens d’information de l’opinion, qu’il revient de contribuer aux prises de conscience nécessaires, et de pousser les nouveaux président et gouvernants à prendre courageusement leurs responsabilités. Il ne s’agit absolument pas de « repentance » – vocable imbécile inventé par les nostalgiques de l’ère coloniale pour discréditer les partisans de la vérité historique –, car les Français d’aujourd’hui ne sont pas responsables des crimes des générations qui les ont précédés. Ils n’ont pas à s’en « repentir », mais ils doivent les connaitre, prendre conscience des idéologies racistes qui les ont rendus possibles, les condamner et demander aux responsables politiques de réviser les lois qui font obstacle à cette reconnaissance.

    Dans une vidéo postée le 16 février 2017 sur son site Web, Emmanuel Macron a déclaré à propos de la colonisation de l’Algérie : « Sommes-nous aujourd’hui condamnés à vivre à jamais dans l’ombre de ce traumatisme pour nos deux pays ? Il est temps de clôturer ce deuil. Il faut pour cela avoir le courage de dire les choses et de ne céder à aucune simplification. » En le prenant au mot, nous lui demandons de s’adresser directement aux Français, de préciser ses déclarations d’Alger et d’en tirer toutes les conséquences. En prévoyant, par exemple de faire évoluer la législation.

     
    Colonisation en Algérie : Emmanuel Macron s... par LeNouvelObservateur

     

     

     


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  • Le corps d'un soldat argelésien

     mort en Algérie, rapatrié 61 ans

     après sa mort

    Par Jeanne-Marie Marco, France Bleu Roussillon et France Bleu mardi 1er août 2017

     

    Le corps d'un soldat argelésien  mort en Algérie, rapatrié 61 ans  après sa mort

    Le Sergent Jean Vilalta Mort pour la France en 1956 en Algérie -

    C'est une première en France et ça se passe dans les Pyrénées-Orientales. Le corps d'un soldat argelésien mort pour la France en Algérie en 1956 a été rapatrié par sa famille, soit 61 ans après son décès.

    La sœur du Sergent Jean Vilalta est tellement émue qu'elle n'arrive pas à témoigner au micro de France Bleu Roussillon. C'est sa petite fille qui raconte l'histoire incroyable de son grand-oncle. Après sa mort pendant la guerre d'Algérie, le jeune Sergent a été enterré au cimetière militaire d'Oran. Sa famille espérait un jour rapatrier son corps, c'est chose faite depuis quelques jours.

    Une première en France

    Selon Christophe Corréa, délégué militaire départemental, c'est la première fois que le corps d'un soldat français mort en Algérie est rapatrié en France. Entre 300 et 400 soldats français seraient inhumés en Algérie selon le représentant de l'armée.

    C'est la sœur du Sergent Jean Vilalta qui avait promis à sa mère, aujourd'hui décédée, de rapatrier le corps de son fils. Sa petite-fille, Marielle Auriach raconte la suite "en 2015 elle a retrouvé une lettre dans un coffre qui disait exactement où est-ce qu'il était enterré [...] nous avons alors contacté l'Ambassade de France à Oran. Nous leur avons demandé si la tombe était toujours là-bas [...] le consulat français et les autorités algériennes nous ont donné toutes les autorisations nécessaires".

    Ma grand-mère s'est effondrée sur le cercueil, elle a regardé le ciel et a dit "Maman je t'ai ramené ton fils" — Marielle Auriach 

    Le rapatriement du corps, le 21 juin dernier, a été entièrement pris en charge par la famille de la victime "entre 6 et 7.000 euros" selon Christophe Corréa, délégué militaire départemental. Certes le coût est très élevé mais ce premier rapatriement autorisé par les autorités algériennes pourrait entraîner de nombreuses demandes de familles.

    TÉMOIGNAGE I Marielle Auriach raconte comment sa grand-mère a retrouvé le corps : 

    Mort pour la France en 1956

    Le Sergent Jean Vilalta n'aura passé que quelques mois en Algérie. Arrivé en mars 1956 sur le front, il meurt le 12 juillet 1956 d'une décharge de chevrotine. Jean Vilalta n'avait que 22 ans.

    À la demande de sa famille, le Sergent Vilalta, Mort pour la France, recevra les honneurs militaires. Honneurs rendus par un détachement du 3ème Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine de Carcassonne, le cercueil sera recouvert du drapeau tricolore.

    RÉACTION I Christophe Corréa explique que les démarches ne sont pas évidentes : 

    Ses obsèques officielles auront lieu ce samedi 5 août à 9h45 à la cathédrale d'Elne. La cérémonie est ouverte à tous.

    SOURCE : https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-corps-d-un-soldat-argelesien-mort-en-algerie-rapatrie-61-ans-apres-sa-mort-1501605162 

     


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  • A lire - "France-Algérie du côté des deux rives" de Serge Pautot : une volonté farouche de maintenir

    le dialogue

    A lire - "France-Algérie du côté des deux rives" de Serge Pautot : une volonté farouche de maintenir le dialogue

     

    Mardi 1er août 2017

    A vos clics ! pour ce coup de projecteur sur un homme attachant, Serge Pautot, avocat au Barreau de Marseille, diplômé de droit et d’économie des pays d’Afrique (Paris-Panthéon) mais également vice-Président de la fédération française de boxe et Président de la ligue régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui est fondateur de surcroît du site référence legisport.

    Depuis toujours, Me Serge Pautot, fait partie de ceux qui participent à la construction de l’Algérie post-indépendance. Il vient de publier un ouvrage « France-Algérie : du côté des deux rives », aux éditions L’Harmattan qui fait échos de l’autre côté de la Méditerranée puisque presque toute la presse algérienne a rendu compte de la conférence qu’il a donnée pour présenter le livre le 12 juillet à Alger à l’initiative de la revue Salama. Dans cet ouvrage, il balaie avec sérieux ce qu’ont été les relations entre une ancienne colonie, fière de son indépendance acquise au prix du sang et le pays colonisateur. La France et l’Algérie sont deux grands pays méditerranéens, condamnés à entretenir des relations constructives. Tout au long de la présentation on découvre un ouvrage qui recense l’état des relations entre les deux rives depuis 1830, c’est dire le vaste panorama qui est décrit et qui donne encore plus envie d’œuvrer à consolider les rapports entre ces deux pays. Ce qu’il faut souligner, c’est que le livre, va bien au-delà d’une simple chronologie de faits qui appartiennent à l’Histoire commune de nos deux peuples, on perçoit dans la démarche, une volonté farouche de maintenir le dialogue car, il y a bien là, un riche travail d’apaisement, une sorte d’exercice de haute couture, un sur mesure qui prend à contre-pied le prêt-à-porter diplomatique. A en croire nos confrères de la presse algérienne, El Watan, Liberté, El Moudjahid, le temps, El-Djazair.com, ils soulignent tous l’importance de « maintenir le contact » à partir de notre Histoire commune tout en faisant cheminer la réflexion sur le présent et bien-sûr, l’avenir, la démarche est quelque peu singulière. Serge Pautot parle aux Algériens avec son cœur, c’est sans doute pour cela, qu’ils accueillent avec autant de hauteur les points de débat qui nous rassemble comme ceux qui semble nous diviser. Au travers des 18 chapitres, l’auteur met en exergue, notamment « la France et le monde arabe », « la conquête de l’Algérie et l’organisation du système colonial », « les accords d’Evian et leur application », « les essais nucléaires au Sahara et les victimes », « la France, l’Islam et la laïcité »... Dans les colonnes de EL Watan, Serge Pautot explique sa démarche : « C’est peut-être en arrivant au crépuscule de ma vie que j’ai voulu laisser une trace et peut-être aussi, apporter un témoignage sur ce que doivent être les rapports entre nos concitoyens français et algériens. » « Le but de ce livre, poursuit-il, est de passer un message de fraternité et d’espoir. C’est pour dire, également, que nos deux communautés ont presque 200 ans d’existence et que cela explique pourquoi nous entretenons des relations « passionnelles. » Et de conclure sa conférence à Alger : « Il va sans dire qu’il est de l’intérêt de nos deux pays de développer des relations humaines, fraternelles, culturelles, politiques, et économiques sur un pied d’égalité, dans l’intérêt mutuel de nos deux peuples. » Un mois plus tôt, le 11 juin, l’Ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié avait adressé un courrier à l’auteur pour lui signifier : « Votre ouvrage sonne comme un heureux bilan de tout ce qui a pu être fait et je vous invite à continuer votre action dans cette région Provence-Alpes-Côte d’Azur et d’abord à Marseille où il y a tant d’acteurs de cette relation stratégique ».

    Jean PRIMAIRE
    "France-Algérie : du côté des deux rives" de Serge Pautot (avril 2017) aux éditions L’Harmattan - 298 pages

    SOURCE : https://destimed.fr/A-lire-France-Algerie-du-cote-des-deux-rives-de-Serge-Pautot-une-volonte

     

     

    A lire - "France-Algérie du côté des deux rives" de Serge Pautot : une volonté farouche de maintenir le dialogue

    France-Algérie. Du côté des deux rives

    de Serge Pautot : Conforter la relation

    L’ouvrage, qui vient tout juste de paraître en France aux éditions l’Harmattan, cumule près de 300 pages qui traitent, par le récit autobiographique truffé d’histoires anecdotiques qu'il restituent.

    L’ouvrage, qui vient tout juste de paraître en France aux éditions l’Harmattan, cumule près de 300 pages qui traitent, par le récit autobiographique truffé d’histoires anecdotiques qui restituent — grâce à un itinéraire exaltant, une profession et des rencontres qu’a faites l’auteur dans sa jeunesse alors qu’il était en poste en Algérie — des vérités souvent tues et méconnues par la population sur l’histoire des premières années de l’Indépendance et des relations algéro-françaises actuelles dans leurs aspects les plus controversés.

    Maître Serge Pautot est un coopérant français qui a bien connu notre pays à l’orée de sa constitution en Etat souverain qui a nécessité des efforts colossaux de la part de tous, ceci sans compter cette précieuse aide pour l’édification de notre jeune nation, apportée par la petite communauté pied-noire et les instances chrétiennes ayant pris fait et cause pour la libération du joug colonial et participé à la révolution algérienne et à la lutte armée dans les rangs de l’ALN et du FLN. Il faut voir en cet écrivain un ami de l’Algérie qui reste soucieux d’établir un pont solide entre les deux pays à l’histoire tragique, qui reste cependant passionné puisqu’il a tenu, mardi dernier, au Sofitel d’El Hamma lors d’une conférence, à présenter son livre en Algérie avant même qu’il ne soit édité par nos maisons d’édition. Cet ancien amoureux d’Afrique noire, devenu instituteur d’abord en Kabylie puis à Bab El Oued, se souvient bien de ses nombreux séjours en Algérie où il a gardé dans sa mémoire des souvenirs indélébiles et attendrissants qui ont fait de lui le témoin de certains événements politiques qui se sont déroulés juste après l’Indépendance. Il aura donc pensé avec la force de la conviction et de l’action, étant sur le terrain proche des uns et des autres, le rapport souvent tabou et houleux entre les deux rives qui entretiennent à travers la mer méditerranée un lien historique qui dure aujourd’hui depuis presque deux siècles. Cet avocat au Barreau de Marseille, Docteur en droit et diplômé de droit et d’économie des pays d’Afrique, garde les yeux rivés sur les hauteurs de la Casbah et semble connaitre notre pays sur le bout des doigts, et a surtout à cœur, à travers ce livre en étudiant l’histoire commune, de recenser l’état des relations tantôt compliquées, tantôt au beau fixe car elles restent prioritairement tributaires de la chronologie historique : « Les relations entre une ancienne colonie, fière de son indépendance acquise au prix du sang, et le pays colonisateur ne sont jamais simples. Depuis les Accords d’Evian du 18 mars 1962, des pas en avant ont été accomplis avec parfois des reculs. La France et l’Algérie sont deux grands pays méditerranéens, ils ont toujours de nombreuses raisons d’entretenir des relations constructives, aussi bien sur le plan politique, économique que culturel. Lorsque celles-ci sont fluctuantes, nous ressentons le besoin de les conforter, car le développement d’un lien solide entre les deux pays est nécessaire», est-il mentionné au verso du livre. Si l’intention reste sincère, il faut, pour notre auteur, accomplir un saut du côté de l’histoire depuis le début de la colonisation pour dévoiler un vaste panorama entre le fait colonial imposé par la force et la différenciation cultuelle qui se lit dans l’histoire des religions musulmanes et catholiques. L’auteur, qui apparait comme un fervent défenseur de l’Union France-Algérie, nous fait rebondir après cette plongée dans le passé qui pourrait être une fenêtre qui éclairerait nos lanternes sur un présent entaché par les injustices commises par la France, comme la conquête de l’Algérie et l’organisation du système colonial, les accords d’Evian et leur application, les essais nucléaires au Sahara et les victimes et enfin, aujourd’hui, les concepts de laïcité et d’Islam qui constituent un sérieux frein à la poursuite d’un bon rapport entre les deux communautés. Mais le collaborateur au magazine promotionnel de l’Algérie El Djazair ne baisse pas les bras et veut adopter une attitude optimiste, lui qui s’investit corps et âme auprès des clubs de la ville de Marseille dans les quartiers nord en direction de la jeunesse issue de l’immigration : «Des jeunes  m’ont souvent dénoncé les pratiques des contrôles d’identité, dans la rue, en dehors d’indice d’infraction, ces fameux ‘’contrôles au faciès’’ (…). Comprenons bien que le problème de l’intégration et de l’assimilation de cette jeunesse est une condition indispensable pour éliminer les trafics de drogues dans les cités, la violence, la délinquance et le spectre du djihad. Nous avons la fierté d’y contribuer», écrit-il à la fin de l’ouvrage en guise de conclusion.
    Lynda Graba

    SOURCE : http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/111282


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  • Ces français ayant refusé de faire la guerre en Algérie  «  Choisir à 20 ans » projeté à Locarno (Suisse)

     

    Ces français ayant refusé de faire la guerre en Algérie

    «  Choisir à 20 ans » projeté à Locarno (Suisse)

     

     

    Ces français ayant refusé de faire la guerre en Algérie  «  Choisir à 20 ans » projeté à Locarno (Suisse)

     

    Le film documentaire « Choisir à 20 ans » sera projeté en

    première mondiale lors de la 70e édition du Festival

     de Locarno, qui se tiendra du 2 au 12 août 2017

    Ce film, produit et réalisé par Villi Hermann est le fruit d’une collaboration algéro-suisse impliquant les sociétés RSI Radiotelevisionesvizzera, RTS Radiotélévision suisse et Cirta films de Constantine. Il raconte l’histoire peu connue de jeunes Français non violents, ou anticolonialistes, qui, entre 1954 et 1962, désertent l’armée française et se font juger pour trahison de la France, alors que beaucoup sont contraints de fuir leur pays pour s’installer en Suisse. Leur seul tort est d’avoir refusé de porter les armes et l’uniforme de l’armée colonialiste face aux Algériens. Par conviction, ils choisissent de subir l’exil et l’anathème que de tuer et violer en Algérie. Mieux.

    Dès l’indépendance, certains embarquent vers l’Algérie pour participer humblement à la reconstruction de notre pays. Avant de devenir une personnalité du monde cinématographique en Suisse, Villi Hermann a fait partie de ces «réfractaires» (protagonistes du film), qui ont alors une vingtaine d’années, l’âge de l’insouciance, des premiers amours, des découvertes, est-il expliqué dans le synopsis. «En 1962, quelques mois après l’indépendance, Villi Hermann se rendit dans une région dévastée par la guerre et proche de la frontière algéro-marocaine, afin d’aider à la reconstruction d’une école. En 2016, il est retourné en Algérie et a retrouvé ses anciens élèves. Il a aussi rencontré des réfractaires français, habitant aujourd’hui en France ou en Suisse», peut-on lire encore.

    Le dossier de presse indique aussi que Choisir à 20 ans s’appuie sur des témoignages entrecoupés de documents photographiques, cinématographiques et sonores d’aujourd’hui et d’hier, de dessins et de lettres personnelles, que le réalisateur, alors étudiant à Paris puis volontaire en Algérie comme instituteur, envoie à sa mère et à sa petite amie, et qui font revivre cette période, volontairement ou involontairement un peu oubliée. Les témoignages des réfractaires, déserteurs et insoumis, et les témoignages des personnes qui les ont aidés à passer la frontière, ou qui les ont accueillis en Suisse, s’entremêlent, se complètent, se nuancent. En attendant de voir ce film qui dévoile l’un des aspects les moins connus de la Révolution algérienne, sur les écrans algériens, Choisir à 20 ans, qui dure 100 mn, sera projeté mardi 8 août 2017 à Locarno, en présence du réalisateur et de l’équipe de tournage.

    SOURCE : http://www.elwatan.com/culture/choisir-a-20-ans-projete-a-locarno-31-07-2017-350087_113.php

    Il y a eu 60 ans, René Romanet était condamné

    pour anticolonialisme

    Ces français ayant refusé de faire la guerre en Algérie  «  Choisir à 20 ans » projeté à Locarno (Suisse)

    Henri Romanet, 85 ans, fils de René Romanet, a lui même été appelé en Algérie. © Julien RAPEGNO

    Le 7 mai 1956, il y a 60 ans, des rappelés en partance pour l’Algérie, ont manifesté leur refus d’une guerre coloniale, à La Villedieu en Creuse. La population locale a soutenu cette manifestation pacifique et pacifiste et trois hommes ont été lourdement condamnés, dont le maire de La Villedieu.

    Ce dernier, René Romanet, a été révoqué en 1956 pour avoir soutenu des rappelés du contingent qui refusaient de partir en Algérie. Son fils, Henri Romanet, se souvient, à l’occasion de l’hommage organisé, soixante après les "évenements de La Villedieu" par l’association Mémoire à vif.

    Il y a soixante ans, un maire creusois révoqué et condamné pour ses idées anti-colonialistes

    Par Julien Rapegno, La Montagne le 9 mai 2016

    « Il n’aurait jamais dû dire à ceux qui sont venus l’arrêter : je prends mes responsabilités ». Soixante ans plus tard, dans la famille Romanet, quatre générations de menuisiers et charpentiers à La Villedieu, on estime que René Romanet a été injustement sanctionné. Pour Henri Romanet, 85 ans et fils de l’ancien maire révoqué : « Ici, 90 % des gens étaient contre la guerre d’Algérie ».

    Romanet, Fanton et Meunier : ces trois hommes du plateau de Millevaches ont fait la Une de l’actualité dans les jours qui ont suivi le 7 mai 1956. S’ils ont été présentés en « résistants » par la presse communiste et anticolonialiste de l’époque, il ne fait jamais bon diverger lorsque la France est en guerre, quand bien même ce conflit est officiellement qualifié de simple « pacification ».

    Le 7 mai 1956, un convoi militaire s’arrête à La Villedieu. Il transporte une vingtaine de « rappelés » de la classe 1952, en route pour l’Algérie. « Ils sont allés boire un coup au café du bourg. Ensuite, ils ont braillé qu’ils ne voulaient plus partir. Les habitants les ont cachés dans des granges. Les CRS sont arrivés dans la nuit », relate Henri Romanet.

    Le 8 mai, des habitants de Faux-la-Montagne, de Nedde ont investi le bourg de La Villedieu en soutien aux rappelés insoumis. Le maire, René Romanet, l’instituteur de Faux, Gaston Fanton et Antoine Meunier, un ancien combattant, sont arrêtés durant la manifestation.

    «  Mon père a été relâché dès le lendemain sur ordre du préfet », se souvient Henri Romanet, qui était lui-même appelé sous les drapeaux. « Je suis arrivé le lundi en permission. Des copains avaient écouté la radio et m’avaient lancé -Tu es bien de la Creuse ? Ton père est en taule  ». Henri Romanet a raconté tous ses souvenirs d’Algérie dans de grands cahiers avec son écriture soignée de petit gars de la communale. « Finalement, sur 25 mois de service, j’ai passé 21 mois en Algérie, dont quinze sous les ordres du colonel Bigeard. […] Un jour, j’ai voulu me planquer pour ne pas repartir là-bas. C’est mon père qui m’en a empêché ».

    « Georges Guingouin venait à la maison

     la nuit » 

    René Romanet a été très affecté par les sanctions dont il a fait l’objet. Même si ses convictions communistes l’avaient déjà amené précédemment à refuser de se soumettre au pouvoir en place : « Quand j’étais gamin, Georges Guingouin est venu plus d’une fois, la nuit, à la maison », glisse Henri. Le chef de la Résistance communiste en Limousin s’est en effet replié plusieurs semaines à La Villedieu, alors qu’il était traqué en Haute-Vienne. Les faits de Résistance de René Romanet ne lui ont pas épargné la révocation, une peine de trois ans de prison avec sursis, et la déchéance, durant cinq ans, de ses droits civiques.

    L’instituteur Fanton lourdement sanctionné 

    Le maire de la Villedieu a été jugé au fort du Hâ, à Bordeaux, avec ses deux compagnons d’infortune. Si la peine a été plutôt symbolique pour l’ancien combattant (et mutilé de guerre) Meunier, l’instituteur Gaston Fanton a été lourdement sanctionné : « Il a été emprisonné huit mois à Fresnes, puis frappé d’une interdiction d’exercer durant cinq ans. Il s’est fait bûcheron, à Faux, pour survivre, puis il est parti dans l’Allier ».

    Au niveau national, l’affaire de La Villedieu est ensuite complètement tombée dans l’oubli. « Mon père n’en parlait plus », souligne Henri, qui ne cache pas que les « événéments » du 7 et 8 mai 1956 et leurs conséquences ont suscité durant quelques décennies des points de vue divergents, voire « des clans » sur la commune.

    Ces français ayant refusé de faire la guerre en Algérie  «  Choisir à 20 ans » projeté à Locarno (Suisse)

    La Villedieu
    Creuse
    "plateau insoumis"

    La Villedieu, 50 habitants, pays des maires insoumis 

    Samedi, Danièle Restoin, présidente de l’association Mémoire à vif, arborait un dessin de Siné sur son tee-shirt.
    Le dessinateur, qui vient de disparaître et qui « était très engagé contre la guerre d’Algérie », l’avait créé spécifiquement pour cette association limousine. Soixante ans jours pour jour après l’acte d’insoumission de soldats du contingent à La Villedieu, un hommage a réuni une cinquantaine de personnes à la mairie, prélude à une journée d’échanges de l’association Mémoire à vif à Tarnac.

    « Au début des années 2000, nous venions tous les ans rendre hommage à Romanet, Fanton et Meunier le temps d’une conférence », rappelle Danièle Restoin. C’est cette prof d’histoire de Limoges, aujourd’hui retraitée, qui a exhumé les faits de La Villedieu, à l’occasion d’un film pédagogique, réalisé avec ses élèves, en 2001. Le producteur radiophonique Daniel Mermet (alors sur France Inter) s’est emparé de cette histoire et lui a donné un écho national. Le soutien de plusieurs personnalités n’a pas suffi à engager le processus de réhabilitation des trois « boucs émissaires ». C’est toujours Simone de Bollardière, épouse du général qui a dénoncé la torture en Algérie, qui est présidente d’honneur de Mémoire à vif.

    L’association, qui a déjà abordé « d’autres sujets qui dérangent comme les femmes tondues », s’inscrit dans cette grande ligne anti-guerre qui traverse le plateau de Millevaches : Les mutins de La Courtine en 1917, le monument pacifiste de Gentioux, et le 7 mai 1956 à la Villedieu…

    Thierry Letellier, digne héritier de René Romanet 

    Samedi, Danièle Restoin a évoqué aussi la mémoire de Jehan Mayoux, cet inspecteur du primaire d’Ussel, suspendu de ses fonctions en 1960 durant cinq ans pour avoir signé le manifeste des 121.

    Non seulement René Romanet a une place à son nom à La Villedieu, mais il ne peut se sentir trahi par celui qui est assis actuellement sur le fauteuil de maire.
    Le discours de Thierry Letellier envoyait du bois : « La République française a complètement raté la décolonisation […] à force de nier son passé colonialiste, à force de refuser d’en débattre, à force de laisser infuser le racisme, la violence et l’ignorance la classe politique française est en train de forger un projet de société détestable […] Chaque résistance, si minime soit-elle, chaque grain de sable inséré dans le système en place, chaque nuit debout passée à se rencontrer, à débattre et à rêver ; doivent nous aider à tourner un peu plus le dos à ce présent exécrable. […] pour des lendemains plus fraternels, solidaires et joyeux ». La Villedieu, moins de cinquante habitants aujourd’hui… pays des maires insoumis.

    _______________________________

    Le discours de Thierry Letellier, maire de La Villedieu, prononcé le 6 octobre 2001 lors de l’inauguration d’une plaque rendant hommage à René Romanet, est repris sur le
    site 
    Mémoire à vif. 

    SOURCE : https://ldh-toulon.net/il-y-a-60-ans-Rene-Romanet-etait.html

    7 mai 1956/7 mai 2016 : Retour sur une résistance inaperçue...Pour réfléchir à notre présent

    Le 7 mai 2016, il y a eu 60 ans que des rappelés en partance pour l’Algérie, ont manifesté leur refus d’une guerre coloniale, à La Villedieu en Creuse. La population locale a soutenu cette manifestation pacifique et pacifiste et trois hommes ont été lourdement condamnés.
    Ces faits, longtemps occultés, sont à l’origine de Mémoire à Vif qui vous propose un retour sur mémoire à La Villedieu et Tarnac.

     

     

     

    Pourquoi ce retour sur mémoire ?

     

    Nous sommes le 7 mai 1956. Guy Mollet, président du Conseil, a fait voter les pouvoirs spéciaux. Tandis que des dizaines de milliers d’hommes s’apprêtent à partir pour des « opérations de pacification » en Algérie, un camion militaire s’arrête dans la petite localité de La Villedieu en Creuse*. A bord du véhicule, vingt-quatre réservistes rappelés manifestent leur opposition à la guerre coloniale. La population du village les soutient. Au matin du 8 mai, gendarmes et CRS envahissent le bourg et trois hommes de la région subiront des peines exemplaires : René Romanet, le maire de La Villedieu, Gaston Fanton, l’instituteur de Faux-La-Montagne, Antoine Meunier, un vétéran invalide de la guerre de 39/45, originaire de Tarnac.


     

    Mémoire à Vif est née, 45 ans plus tard, de la résurgence de cette résistance longtemps occultée, grâce à l’enquête réalisée par des élèves du Lycée Marcel Pagnol de Limoges et au soutien de Daniel Mermet qui a consacré à ces événements trois émissions sur France Inter, avec le désir de poursuivre ce travail de mémoire retrouvée.



    Simone de Bollardière, veuve du Général Jacques de Bollardière démis de ses fonctions en 1957 pour avoir osé dénoncer la torture en Algérie, est présidente d’honneur de l’association.

    Soixante ans après, rappeler ces faits a été l’occasion de décoloniser nos mémoires sur un passé qui alimente aujourd’hui encore le racisme, la xénophobie, les discriminations, et de s’interroger sur les dangers d’une politique sécuritaire.

    *Terre de résistance depuis le 19ème siècle où les maçons, qui partaient à pieds vers la capitale pour construire le Paris d’Haussmann, mouraient aussi sur les barricades de la Commune et ramenaient au pays leur révolte et leur conscience politique. Une terre qui paya de lourds tributs humains à la Première Guerre Mondiale avant de nourrir l’un des plus puissants Maquis de France.

     

    L'un des films présentés

    « Guerre et Bâillon » Documentaire, 2001 - 30 mn.
    Voix off : Denis Lavant

    A partir du texte de René Romanet extrait de son livre « Le chemin d’un prolétaire » et des témoignages de ceux qui ont vécu cet événement, « Guerre et bâillon » choisit de montrer comment un acte symbolique et spontané de soutien à une protestation pacifiste de rappelés déclencha les foudres de l’armée et de la justice françaises, comment la « Grande Muette » décida d’écraser la manifestation en condamnant pour l’exemple ceux qui, sur place, l’avaient soutenue, comment la population vécut cette manipulation de la vérité et la condamnation des trois accusés destinée au rétablissement de l’ordre républicain par la force.

    SOURCE : http://www.memoireavif.info/spip.php?article179

     

    Danièle Restoin : passeuse de mémoire

    Discrète, la Présidente de Mémoire à vif n’aime guère se mettre en avant. Pour une fois, elle a dérogé à ses principes pour faire connaître l’association Mémoire à Vif qu’elle a créée en 2001.

    Danièle Restoin : passeuse de mémoire« J’ai fait tout ce que j’ai voulu en tant qu’enseignante».

    Résistante, militante, femme de conviction, Danièle Restoin a mis sa passion pour le cinéma et la littérature au service de la mémoire et des causes oubliées. Pour ouvrir les esprits et forger les consciences, cette enseignante retraitée n’a pas vraiment décroché depuis qu’elle a cessé les cours au lycée Marcel Pagnol en 2001. Quelques mois après, elle fondait Mémoire à vif à La Villedieu (Creuse) pour défendre les victimes des guerres coloniales. Lorsqu’elle animait l’atelier cinéma de son établissement, elle s’évertuait à intéresser les élèves à l’histoire en leur faisant découvrir des faits locaux, non relatés dans les livres officiels, comme cet épisode de la guerre d’Algérie qui eut pour cadre cette bourgade.
    Le 7 mai 1956 des rappelés qui devaient rallier l’Algérie suite aux événements en cours firent stopper leur convoi pour manifester leur opposition. « Ils ont alerté la population car ils étaient contre cette situation raconte Danièle Restoin, des villageois les ont soutenus. Ce fut une petite résistance contre cette guerre au fin fond du Limousin qui ne rencontra pas d’écho national. Les gardes mobiles ont cerné le village, repris les rappelés et arrêté trois habitants, le maire René Romanet, l’instituteur de Faux-la-Montagne Gaston Fanton tous deux communistes et un mutité de guerre de Tarnac Antoine Meunier. Deux ans après, ils furent jugés à Bordeaux, dans la salle où s’était déroulé le procès des Malgré nous d’Oradour-sur-Glane. Ils furent privés de leurs droits civiques, Romanet et Fanton perdirent leur poste. Ce procès avait divisé le village et on préféra occulter cette histoire ». Celle-ci fut dévoilée par les élèves qui, en 2000, menèrent un travail de recherche afin de tourner un documentaire vidéo. Seule la secrétaire du maire témoigna, les autres protagonistes étaient décédés. « Comme j’étais accro de Daniel Mermet, je lui ai envoyé la vidéo et moins d’une semaine après, il m’a téléphoné et a consacré trois émissions de « Là-bas si j’y suis » à cette affaire, en avril 2001, en venant à La Villedieu se souvient-elle. Et cette fois-ci, elle eut un retentissement national, puis il me suggéra de continuer ce travail de mémoire en créant une association ce que je fis en octobre ». Durant les premières années, des films sur la guerre d’Algérie sont projetés au Lido suivis d’une conférence et, une fois par an, une fête à La Villedieu réunissait des cinéastes et écrivains qui avaient abordé ce thème. D’autres mémoires occultées ont été ensuite révélées, les mutineries de 1917, la révolution espagnole, les femmes tondues, les combats féministes, les luttes ouvrières… « Nous apportons un regard critique sur notre société avec une programmation à la sensibilité progressiste dans le but de se projeter dans l’avenir ». Cette année, le thème est Visages de femmes avec le 10 mars, le film « Mimi » en présence de la réalisatrice Claire Simon.
    Danièle Restoin a choisi d’enseigner par vocation et s’est formée sur le tas, débutant en 1962 comme institutrice remplaçante. Professeur de français et d’histoire géographie, elle souhaitait exercer en lycée professionnel. « Ces élèves sont souvent en rupture, je trouvais intéressant d’apporter un petit quelque chose à des jeunes qui considéraient l’enseignement comme rébarbatif, ennuyeux, sans intérêt. Ce fut positif pour certains mais pour moi également. Éduquer ce n’est pas remplir un vase mais allumer un feu comme disait Montaigne. Il faut savoir résister, j’ai eu la chance de faire à peu près tout ce que j’ai voulu au cours de ma carrière grâce au soutien de mon inspecteur. Je ne sais pas si ce serait le cas aujourd’hui ».

    Corinne Mérigaud
    Photo © Yves Dussuchaud



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