• "En vie à Béziers" avec Pierre Daum, spécialiste de l'Algérie et auteur notamment de "Ni valise, ni cercueil"

    Entretien exclusif

    pour "En vie à Béziers"

    avec Pierre Daum, spécialiste

    de l'Algérie et auteur notamment

    de "Ni valise, ni cercueil", un livre consacré aux pieds noirs restés

    en Algérie après l'indépendance. 

    A propos de l'article paru

    dans le Journal municipal

    de Béziers concernant le 19 mars 1962, Pierre Daum déclare :

    "C'est un torchon ! " 

    Propos recueillis par Robert Martin  

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    Robert Martin : Pierre Daum bonjour. Vous êtes journaliste, collaborateur du Monde Diplomatique mais bien d'autres choses encore, vous pouvez nous en dire plus ? 

    "En vie à Béziers" avec Pierre Daum, spécialiste de l'Algérie et auteur notamment de "Ni valise, ni cercueil"

    Pierre Daum : J'écris aussi des livres, des enquêtes historiques sur le passé colonial de la France. J'ai écrit un premier livre sur le passé colonial au Vietnam, ce que l'on appelait l'Indochine, et un second livre sur l'Algérie. Le fait est que je connais très bien l'Algérie d'aujourd'hui puisque j'y effectue de nombreux reportages. Je vais très souvent dans ce pays et je connais aussi le passé colonial de la France en Algérie, avec sa phase finale, la guerre d'Algérie (que les Algériens appellent la guerre de Libération). J'ai écrit donc un premier livre sur les pieds noirs qui sont restés en Algérie après l'indépendance et là, je vais bientôt sortir un nouveau livre sur les Harkis qui sont restés en Algérie après l'indépendance. 

     

    RM : oui, votre livre sur les Pieds-noirs s'appelle "Ni valise, ni cercueil" et parle forcément de l'année 1962 mais surtout des pieds noirs qui sont restés en Algérie et pas de ceux qui sont rentrés en France dont on parlera tout à l'heure. 

    P. Daum : Absolument ! Avec mon livre "Ni valise, ni cercueil" qui est sorti en 2012, j'ai en quelque sorte détruit un des mythes, un des discours bétonné sur la guerre d'Algérie, à savoir que depuis 50 ans on nous explique que, au moment de l'indépendance, à l'été 62, tous les pieds noirs, tous les français d'Algérie, un million de personnes, de femmes, d'hommes et d'enfants avaient franchis la méditerranée, et qu’ils avaient été obligés de quitter leur pays. Or, c'est faux ! C'est faux puisque j'ai retrouvé dans différentes archives ce chiffre très important : au 1er Janvier 1963, il y avait encore 200000 pieds noirs en Algérie. 200000 sur 1 million, ça fait 20 %. Donc ça veut dire qu'il y a bien eu 800000 qui sont partis, c'est donc un exode très important. Il n'est absolument pas question de nier cet exode très important mais il y en a tout de même 200000 qui sont restés et qui n'ont pas du tout été zigouillés comme on nous le raconte. Donc ce n'était pas la valise ou le cercueil pour tout le monde ! 

     

    RM : Alors justement on va parler aujourd'hui de ceux qui sont venus en France et en particulier dans notre région, à Béziers, autour de Béziers. Je me suis permis de vous envoyer l'article qui a paru dans le journal de Béziers il y a quelques semaines et qui retrace justement ce fameux 19 mars 1962. L'auteur, anonyme d'ailleurs, de cet article parle d'une date « infâmante ». Quelle est votre réaction ? 

    P. Daum : Cet article est non seulement anonyme mais d'une très grande virulence. Cette date du 19 mars 1962 correspond au cessez-le-feu. Les négociateurs français et algériens s'étaient réunis depuis 10 jours dans la ville d'Evian pour essayer de trouver une solution de paix. Ils ont fini par la trouver le 18 mars. Ils ont signé ce texte de 93 pages qu'on appelle les accords d'Evian et qui prévoyait en préambule que le lendemain, à midi, donc le 19 mars, débuterait le cessez-le-feu. Des deux côtés, les armes cesseraient de tirer. Le fait est que ce cessez-le-feu a été largement respecté par les deux parties. Le problème c'est qu'il y a une troisième partie qui est venu mettre la pagaille, à savoir les tueurs de l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète). Donc ces centaines, ces quelques milliers d'hommes, pieds noirs et militaires français, ont refusé la paix, ils ont refusé que cesse cette guerre qui durait depuis 7 ans et demi. Car ils refusaient que l'Algérie devienne indépendante et que le peuple algérien puisse prendre en main son destin, comme toute démocratie le veut. En fait depuis 50 ans, cette date du 19 mars est une espèce d'épine qui est resté en travers de la gorge des nostalgiques de l'Algérie française et de leurs héritiers. Ce texte qui est paru dans le journal municipal de Béziers, est une caricature de ce discours qu'on entend depuis 50 ans qui est, sous couvert de rappeler les exactions qui ont lieu après le cessez-le-feu, une façon de contester (50 ans après !) l’indépendance de l’Algérie. En fait ce texte fait partie de ce discours qui continue, de façon complètement anachronique, à pleurer la perte de l'Algérie française et à regretter l'ancien temps, celui de l'empire colonial français. 

    RM : mais c'est donc le signe d'une grande souffrance ! 

    P. Daum : Absolument ! Je le dis chaque fois que je peux le faire. J'ai parfaitement conscience de la souffrance d'un grand nombre de pieds noirs, de rapatriés d'Algérie et aussi d'un grand nombre de harkis rapatriés en France. Et il n'est pas du tout dans mon esprit de nier ces souffrances. Le problème c'est que ces gens qui continuent à souffrir de la perte de leur pays, des lieux de leurs enfances, de la vie de leur enfance, une partie de ces gens n'ont jamais été capables de faire ce travail de deuil, ce travail de réparation, qui passe en définitive par une compréhension globale de leur histoire. Ce qui se passe, c'est que ces gens qui continuent à souffrir, c'est tout d'abord parce que ils refusent de comprendre qu'il fallait bien évidemment que l'Algérie devienne indépendante et que la situation coloniale était une situation profondément injuste. On entend encore des gens qui vous disent : "Oh non mais c'est pas vrai, c'était pas injuste ! Nous, avec les Arabes, avec les Juifs, on s'entendait comme des frères". C'est complètement faux ! La situation coloniale était une situation d'oppression d'un groupe sur un autre groupe. Un truc complètement anti-démocratique ! Cet article dans le journal de Béziers me fait finalement beaucoup plus rire, parce qu’il représente les dernières cartouches d'un groupe social qui est en voie de disparition complète. Aujourd'hui, lorsque vous parlez avec des jeunes (comme je le fais souvent, en intervenant dans des lycées), ils sont tellement beaucoup plus évolués que les gens qui continuent à pleurer la perte de l'Algérie française. Aujourd'hui en France la masse des Français est parfaitement d'accord pour penser que la colonisation était un scandale, une aberration et que c'est une chose heureuse et normale que l'Algérie soit indépendante. Maintenant pour revenir à cet article, on y voit comme d’habitude une manipulation des chiffres et une manipulation de la souffrance des hommes et des femmes qui vécurent en Algérie à cette époque-là. 

     

    RM : Sur le plan historique, il y a des contre-vérités ? 

    P. Daum : On trouve quelques contre-vérités mais surtout d'énormes silences. C'est caractéristique de ce discours-là qui se focalise sur les quelques centaines, voire les quelques milliers de pieds noirs qui ont perdu la vie pendant la guerre d'Algérie. Tous les historiens sérieux estiment le nombre de pieds noirs morts entre 3000 et 4000, sur 1 million de personnes. C'est évidemment 3000 ou 4000 de trop ! Mais il faut évidemment mettre en balance le nombre d'Algériens qui sont morts à cette même période (les 7 années et demi de guerre, de 1954 à 1962), et là les chiffres n'ont plus rien à voir ! Le nombre de civils algériens morts pendant cette même période, c'est de l'ordre de 400000 personnes, 500 000 personnes ! Ces pieds noirs nostalgiques refusent de regarder la souffrance des Algériens, ils refusent de regarder ce nombre de morts d'algériens. Des pieds noirs sont morts sous les bombes du FLN, à Alger, placées souvent par des militantes dans certains cafés fréquentés par les Européens. Mais la bombe artisanale, c'est l'arme du faible dans un combat. Au même moment où cette bombe faisait 4 ou 5 morts au Milk Bar à Alger, l'aviation française lâchait plusieurs tonnes de bombes sur des villages algériens qui faisaient 300 ou 400 morts en quelques minutes ! Ça, il faut en parler, il faut mettre les choses en parallèle. On avait un combat complètement inégalitaire entre une des armées les plus puissantes du monde à l'époque contre un peuple qui n'avait que quelques mitraillettes et quelques bombes artisanales pour se défendre. 

    RM : Au-delà de la souffrance, n'y a t-il pas aussi la sentiment de la trahison ? Ils reprochent à De Gaulle de les avoir bernés ! 

    P. Daum : Je dois dire que sur ce point-là, je ne peux pas leur donner complètement tort ! Il est vrai que De Gaulle les a bernés. Ils en portent d’ailleurs une blessure terrible. J'ai beaucoup interviewé de pieds noirs, et lorsque vous prononcez le nom de De Gaulle, ils vous répondent que c'est le pire criminel que l'humanité ait porté ! De Gaulle est arrivé au milieu de la guerre, en mai 1958, quand vraiment la situation était explosive de partout et c'est justement le groupe de pieds noirs qui voulait absolument conserver l'Algérie française qui a fait en sorte de remettre De Gaulle au pouvoir. Naturellement, ils étaient sûrs que de Gaulle allaient être de leur côté. D'ailleurs la première phrase de De Gaulle, c'est "Je vous ai compris !". Sauf qu'il s'est arrêté là. Lors de sa première tournée en Algérie, certains ont cru entendre qu'il avait dit "Vive l'Algérie française". Mais de façon très symptomatique, il ne l'a jamais dit dans aucun de ses discours à Alger et notamment le fameux discours où il lève les bras avec le V de la victoire et où il crie « je vous ai compris ». Il aurait dit éventuellement "Vive l'Algérie française" quelques jours plus tard lors de son discours à Mostaganem et encore ça n'a pas été filmé donc ce n'est même pas sûr ! En vérité De Gaulle a compris que c'était absolument impossible de conserver l'Algérie Française car ça devenait complètement anachronique, il y avait des pressions internationales très importantes, etc. Alors, est-ce que dès mai 1958, De Gaulle, le jour où il a pris le pouvoir, avait déjà compris que les carottes étaient cuites et qu'il allait lâcher l'Algérie ou bien s'en est-il aperçu dans les mois qui ont suivi ? Je ne sais pas. Bon, il n'empêche qu'à un certain moment De Gaulle s'est convaincu dans sa tête, en silence, que l'Algérie ne pouvait plus rester française. Il a été un stratège très rusé. Il avait en face de lui un pouvoir pied noir pro-Algérie française, qui était très solide, donc il n'allait pas leur dire tout de suite : "Ecoutez, mes cocos, ne vous faites plus d'illusions" ! Il a joué finement, c'était d’ailleurs chaud puisque cela a abouti au putsch militaire de 1961. Il savait qu'il avait en face de lui des mecs qui étaient prêts à tout. Il l'a joué fine et stratégique mais c'était pour berner les ultras de l'Algérie française. 

    RM : Pour revenir à l'article, comment réagissez-vous comme journaliste à la teneur de ce journal municipal donc financé par l'argent public ? 

    P. Daum : C'est un torchon ! Un article comme ça, c'est de la pure idéologie. Sous couvert de propos historiques, cet article n'a aucun sens historique quelconque, aucun désir d'approcher un peu finement, en nuances, les faits réels. Mais bon, toutes les villes, toutes les municipalités ont leur canard municipal. Ce sont des outils de propagande, de communication. Aucun des articles dans aucun journal municipal n'est là pour faire du journalisme, à savoir confronter les points de vue, pour essayer d'approcher la vérité. Là, on est dans la pure propagande ! Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est de voir qu'après plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, le sujet continue à pouvoir vous rapporter des voix ! Robert Ménard non seulement s'est fait confortablement élire à Béziers, mais il continue à avoir une certaine côte dans sa ville et je pense qu’avec cet article il est en phase avec son électorat. Il y a suffisamment de gens à Béziers pour non seulement être d'accord avec cet article mais pour se dire : « je vais encore au prochain tour lui apporter ma voix ». 

    RM : Quelle relation entre les pieds noirs et le Front National ? 

    P. Daum : Dans mes différents travaux, j'ai pu voir une filiation très nette entre certaines idées, un certain discours des ultras de l'Algérie Française et le discours anti-arabe du Front National – un discours qui déborde largement le Front National, d’ailleurs. Mais qu'on soit très clair : on dit « les pieds noirs », mais en réalité, les pieds-noirs ne forment pas du tout un bloc monolithique. Il y a des points de vue, des façons de voir l'histoire, de voir le présent qui sont très différentes parmi les pieds-noirs. On peut distinguer dans ce large éventail, une partie particulière, absolument minoritaire, mais très bruyante, ceux que j'appelle les héritiers des ultras de l'Algérie Française, ceux qui n'ont pas digéré la perte de la colonie algérienne. Le noyau dur, parmi eux, ce sont les anciens de l'OAS. Ces héritiers de l’Algérie française ont fait un mixte entre leur souffrance et une supposée barbarie arabe, comme si les Arabes étaient fondamentalement des gens qui ne pensaient qu'à prendre des couteaux et à égorger les chrétiens. Là réside la filiation idéologique. On la retrouve dans cet article puisque quand il parle des pieds noirs qui ont été tués, c'est tout de suite pour évoquer des crimes les plus barbares possibles, dans une sorte d’hyper exagération. Quand on pense à ces tonnes de bombes qui s'écrasaient sur les villages de Kabylie et tuaient 300 personnes en quelques minutes, les corps déchiquetés de ces 300 personnes valaient largement en horreur des mecs qui se faisaient égorger sur les routes. Et donc il y a une filiation entre, il y a cinquante ans, cette vision du militant algérien du FLN comme un type non pas mû par un désir de liberté et de libération de son pays, mais un type mû par une espèce de barbarie fondamentale, un type assoiffé de sang chrétien. Aujourd'hui, dans les milieux d'extrême droite, on retrouve cette idée que la France et l'Europe sont sous une menace d'une invasion terroriste islamiste. Il est vrai que les petits jeunes désaxés qui prennent une kalachnikov pour tirer sur les dessinateurs de Charlie Hebdo peuvent favoriser ce glissement idéologique... Ceci dit, une personne sensée sait très bien que l'immense majorité des personnes de confession musulmane qui vivent en France ou en Europe n'a pas plus de désir de sang et d'assassinat que vous et moi. 

    RM : Quel rôle a eu l'armée ? Ce n'est pas un hasard si à Béziers on débaptise la rue du 19 mars 1962 pour un militaire soi-disant héros national ! 

    P. Daum : C'est encore très récurrent dans les discours des nostalgiques de l'Algérie Française. Ça m'évoque un roman absolument extraordinaire, qui s'appelle "L'art français de la guerre " de Alexis Jenni, un roman qui a remporté le prix Goncourt en 2011 . Son personnage principal est sur le modèle de ce Hélie Denoix de Saint Marc dont parle l'article. Ancien résistant contre les nazis dans sa jeunesse, il va ensuite s'engager dans l'armée française, va combattre en Indochine pour essayer de sauver l'empire français, ça va être l'échec. Ensuite, il va essayer de faire la même chose en Algérie, ça va être encore l'échec et donc on comprend que ça peut vous déprimer un homme de s'être battu toute sa vie et d'avoir finalement toujours perdu ! Le roman est très fin car ce personnage d'officier fait preuve d’une très grande humanité, et on comprend bien que l'armée a été toujours très respectueuse de cet impératif républicain d'obéir au gouvernement. Face au peuple vietnamien qui, en 1945, a réclamé son indépendance, De Gaulle a eu une idée absolument effarante, alors que lui-même venait de se battre pour libérer son propre pays de l'occupation allemande. Quand c'est Ho Chi Minh et les Vietnamiens qui proposent la même chose en 1945, De Gaulle envoie l'armée française pour combattre les désirs d'indépendance du peuple vietnamien. Ces malheureux soldats français, ces officiers obéissent, dans un geste républicain vraiment très strict et très honorable, au gouvernement français. Et là, ils prennent une raclée ! C'est la fameuse défaite de Diên Biên Phu, en mai 1954. Tous ces officiers, on va les retrouver en Algérie, comme le célèbre Bigeard. Un aspect psychologique est très important : dans les représentations racistes en cours en France et en particulier dans l'armée française, le Vietnamien était un « sous-homme », un « indigène », il est physiquement petit. Par définition, notre grosse armée française doit faire une bouchée de pain de ces soldats vietnamiens ! Se faire battre à Diên Biên Phu, ça a été une gifle beaucoup plus grande que celle de 1940 face aux Allemands. Les Allemands, dans cette idéologie racialiste, appartenaient au même niveau de race que les Français. Quand ils arrivent quelques mois plus tard en Algérie, fin 1954, début 1955, ces soldats français viennent d’être humiliés par ces "niakoués", comme on appelait d'un terme péjoratif les Vietnamiens colonisés. Là, il n'est plus question de perdre. Pour le coup, les militaires français sont prêts à utiliser tous les moyens. Ils vont donc avoir un recours massif à la torture! Dans tous les coins de l'Algérie vont être organisées des salles gérées par des officiers de renseignements (OR), au sein du le 2ème bureau. Grâce notamment à la torture mais surtout à une hyper puissance matérielle et en hommes, ils vont gagner cette guerre. Vous savez que la France a envoyé 1,6 millions de soldats se battre en Algérie. En face, le FLN et son bras armé, l'ALN, n'ont disposé au mieux que de 300000 hommes. Quand au matériel, on l'a déjà évoqué, c'étaient des petites mitraillettes contre des avions bombardiers ! L'armée française a gagné la guerre au prix de centaines de milliers d'algériens tués mais De Gaulle a dit que ce n’est pas possible de garder l’Algérie. Vous imaginez le désarrois des officiers français ! 

    RM : Mais là, l'armée s'est révoltée contre le gouvernement ! 

    P.Daum : Oui, ce fut un mini coup d'Etat ridicule, et ce pauvre Hélie Denoix de Saint Marc a fait partie de ces officiers qui se sont finalement ridiculisés dans cette affaire. Le putsch a fait pschitt en 4 jours ! Ces militaires qui avaient beau être des grands officiers de l'armée, n'avaient absolument pas senti le terrain. Ils n'avaient pas compris qu'ils seraient très seuls et que personne ne les suivraient. Ce jour-là, le 21 avril 1961, en effet, ils sont allés jusqu'à rompre l’impératif républicain, et on désobéit au gouvernement . Mal leur en a pris, parce que non seulement ils se sont ridiculisés mais en plus ils se sont fait arrêter, ce qui est la moindre des choses, et ils ont fait de la prison. De façon assez incroyable aujourd'hui, ils ont finalement été non seulement amnistiés mais entièrement réhabilités dans leur grade d'origine et dans leur retraite de soldats. Et certains ont reçu même été décoré de la légion d'honneur . 

     

    "En vie à Béziers" avec Pierre Daum, spécialiste de l'Algérie et auteur notamment de "Ni valise, ni cercueil"

     

    RM : Revenons à cet article qui attise la haine et si on rajoute la fameuse affiche avec le pistolet, c'est la haine armée, c'est l'appel au meurtre, à la vengeance finalement ! 

    P. Daum : C'est en effet ce qu'il faut dénoncer dans ce genre de d’article. Lorsqu'on est élu de la république, comme Robert Ménard, la fonction devrait vous obliger à diriger vos actions politiques en faveur du bien vivre ensemble, de l'apaisement. Là, c'est tout le contraire, Robert Ménard essaye de réchauffer de vieilles braises de haine. Même si son action est plus ridicule que dangereuse (la nostalgie de l’Algérie française est en train de disparaitre inexorablement), il faut la dénoncer. Mais j’irais plus loin. Il y a un grand travail à faire en France de reconnaissance de l'histoire de la colonisation française vue du côté des colonisés. Une histoire et un point de vue dont sont porteuses les familles immigrées d'Algérie qui vivent en France depuis un demi-siècle, et qui appartiennent aujourd’hui au peuple français. On n'enseigne pas suffisamment la colonisation française et la guerre d'Algérie vu du côté algérien. Avant 1962, il y avait déjà une présence importante d'Algériens en France mais après l'indépendance, cette présence s'est accentuée. Il faudrait reconnaître l'histoire de ces gens-là et donc finalement lorsqu'on parle de la colonisation française, et de son épisode final, la guerre d'Algérie, il faudrait être capable, en France, d'avoir les deux regards : le regard algérien, on va dire, le regard du peuple colonisé, et le regard français, le regard du peuple colonisateur. 

    RM : Pierre Daum, merci pour cet entretien. Je rappelle l'ouvrage que vous avez écrit sur l'Algérie et l'année 1962 "Ni valise ni cercueil" aux éditions Actes Sud avec une préface de benjamin Stora. 

    P. Daum : merci à vous ! 

    "En vie à Béziers" avec Pierre Daum, spécialiste de l'Algérie et auteur notamment de "Ni valise, ni cercueil"

     

    Ecoutez la chronique de Robert Martin sur radio Pays d'Hérault : sur le 19 mars 1962

    "Je n'en reviens pas"

    Une fois sur le site cliquez sur la ligne défilante à droite

    http://www.rphfm.org/-J-en-reviens-pas-.html
     

     

     SOURCE : http://www.resistons.net/index.php?post/2015/03/05/Retour-sur-la-guerre-d-Alg%C3%A9rie-et-le-19-mars-1962%2C-entretien-avec-Pierre-Daum


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  • Le point sur la préparation du 14 mars 2015 en direct du Site de Jacques CROS

    Le point sur la préparation

    du 14 mars 2015 à Béziers

     

    Publié le 05/03/2015 à 00:39 par cessenon

     

    Une troisième réunion s'est tenue mardi 3 mars dans les locaux de la CIMADE. Un peu plus de vingt personnes y ont participé dont quelques nouveaux militants de la cause républicaine. Le point a été fait sur la mobilisation qui se poursuit et s'amplifie.

    L'assemblée a entendu un rapport d'Aimé Couquet et de Raymond Cubells qui avaient rencontré le sous-préfet de Béziers le matin même pour avoir des assurances sur la sécurité des manifestants. Il a été rappelé que nous ne cherchons pas l'affrontement mais que nous entendons exprimer notre opposition au projet de débaptiser la rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom d'un officier putschiste.

    Les atermoiements de la majorité présidentielle n'aident pas à clarifier les choses. Il faut en finir avec la deuxième journée de commémoration, celle du 5 décembre, qui continue à exister après que le Parlement ait adopté, avec juste raison, celle du 19 mars comme date de recueillement.

    Pourquoi n'a-t-on pas saisi la justice à propos de la stèle du cimetière neuf qui rend hommage à des assassins de l'OAS  condamnés et exécutés comme tels ? Pourquoi a-t-on permis la reconstitution de carrière des factieux qui s'étaient rebellés contre la République ?

    Nous continuons donc notre combat pour la paix et contre le colonialisme. Nous avons 2 600 signatures sur la cyber-pétition dont Raymond Cubells avait pris l'initiative. On peut encore signer, lien

    ttp://www.petitions24.net/sauvons_le_nom_de_la_rue_du_19_mars_1962_de_beziers 

    Nous avons appris que des cars ont été affrétés par des amis de Montpellier et de Perpignan. Des personnalités nationales seront présentes au contre-rassemblement.

    Le lundi 9 mars à 11 h nous tiendrons une conférence de presse dans la rue du 19 mars 1962. Pour l'occasion nous remplacerons la plaque à son nom qui est manquante.

    Des dispositions ont par ailleurs été prises pour la diffusion de tracts appelant au rassemblement du 14 mars à 14 h dans la rue du 19 Mars 1962.

    Jacques CROS

     

     


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  • "Le FN est un déni démocratique"


     

    front national,pierre laurent,beziers

    TOUJOURS PAS DE REPONSE

    MAIS CE N'EST PAS TRES ETONNANT

    ET LE 19 MARS LES DRAPEAUX

    SERONT MIS EN BERNE

    DANS UNE VINGTAINE DE VILLES

    DONT BEZIERS

    ET LA LOI DU 6 DECEMBRE 2012

    BAFOUEE UNE NOUVELLE FOIS

    "Le FN est un déni démocratique"

     

    Lettre au Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire

     

    Par Pierre Laurent / 26 février 2015

     

    Monsieur le Secrétaire d’Etat,

    Je me permets d’attirer votre attention sur l’intention du maire de la ville de Béziers de rebaptiser la rue du 19 mars 1962, date marquant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, en rue du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, un militaire ayant participé au putsch du quarteron des généraux du 21 avril 1961. Il est tout d’abord à noter que le 19 mars 1962 est référencé dans 8.000 communes de France et que cette date est inscrite au premier rang, suivant l’ordre chronologique, des onze journées nationales commémoratives répertoriées par les services du ministère de la défense dans le calendrier annuel des cérémonies officielles.

    Par ailleurs l’attribution d’un nom à une rue ou une modification de nom par un conseil municipal doit notamment être motivée par la poursuite de l’intérêt public local et ne pas constituer un trouble au regard de l’ordre public. Or, ce projet est inacceptable et ne peut qu’indigner tous ceux qui sont attachés au respect des institutions de la République, contre lesquelles les putschistes - dont le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, condamné par la justice française - et les membres de l’OAS ont recouru aux moyens les plus violents et les plus condamnables. Il constitue en outre un acte d’apologie de la colonisation qui a, notamment en Algérie, eu pour conséquence des crimes de masse, ce qui ne peut que choquer profondément l’ensemble de nos concitoyens et nuire aux relations entre le peuple français et les peuples issus des anciennes colonies.

    Pour toutes ces raisons, je vous serais reconnaissant, Monsieur le Secrétaire d’État, de m’indiquer quelles sont les mesures d’ores et déjà mises en œuvre ou envisagées par le Gouvernement pour faire obstacle à la réalisation de ce projet irresponsable et juridiquement contestable.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire d’État, l’expression de mes salutations les plus distinguées.

     

    SOURCE : http://www.humanite.fr/pierre-laurent-la-banalisation-du-fn-est-un-deni-democratique-567061


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  • Guerre d’Algérie, le long travail

    de mémoire

    Dans la nuit du 31 octobre au 1er  novembre 1954, la guerre d’Algérie débutait par des attentats revendiqués par le FLN. Allaient suivre huit années de violences et de passions qui aboutirent à l’indépendance de l’Algérie. Soixante ans après, l’apaisement de la mémoire de ce conflit semble en marche.

    Guerre d’Algérie, le long travail de mémoire

    Un militaire français à Alger. Pour les historiens, « la reconnaissance des vécus douloureux de la guerre » a permis l’apaisement des mémoires. (Nicolas Tikhomiroff / Magnum Photos)

    Il est 10 heures du matin, ce 14 juillet 2014, place de la Concorde à Paris. François Hollande vient de prendre place dans la tribune présidentielle où l’attendent de nombreuses personnalités. À ce moment-là, en prélude au défilé des troupes qui va descendre les Champs-Élysées, les délégations militaires (un porte-drapeau et trois gardes chacune) de 80 pays de la planète prennent position devant la tribune, pour rendre hommage aux millions de morts de la Première Guerre mondiale.

     

    Guerre d’Algérie, le long travail de mémoire

    Parmi elles, l’Algérie, dont la présence ne soulève pas véritablement de polémiques dans l’Hexagone, comme d’ailleurs à Alger. Quelques associations de pieds-noirs ont protesté, un mois auparavant, à l’annonce de cette participation. Mais c’est tout : il n’y a aucune manifestation spontanée dans les parages de « la plus belle avenue du monde » pour contester.

    « Le temps a malgré tout fait son oeuvre »

    Cela peut étonner, compte tenu du climat passionnel qui a prévalu jusqu’à présent en France à propos de tout ce qui peut rappeler la guerre d’Algérie. Ainsi, au début des années 1980, la visite en France d’Ahmed Ben Bella (premier président de l’Algérie indépendante) avait déclenché les polémiques. « Il n’est toutefois pas surprenant que la présence de militaires algériens le 14 juillet dernier n’ait pas eu le même effet », estime l’historienne Raphaëlle Branche, spécialiste de la guerre d’Algérie et de l’évolution de sa mémoire.

    « Le temps a malgré tout fait son œuvre, dit-elle. Si l’actuel président algérien Abdelaziz Bouteflika appartient encore à la génération qui a combattu les Français en Algérie, la plupart des responsables politiques sont désormais plus jeunes, des deux côtés de la Méditerranée. Les populations, surtout, sont beaucoup plus jeunes et beaucoup plus éloignées de la guerre. »

    Reconnaissance des vécus douloureux de la guerre

    Un pan d’histoire bascule, en quelque sorte. Cela n’explique pas tout, reconnaît implicitement Raphaëlle Branche en notant qu’en France, à propos de la mémoire de la guerre d’Algérie, « les convergences sont réelles » et permettent de parler d’« un apaisement en marche ». Ces convergences reposent sur « les progrès depuis plus de vingt ans des connaissances historiques et leur diffusion, notamment par le biais de l’enseignement secondaire et de documentaires télévisés »

    Il s’ensuit, dans l’opinion comme du côté des pouvoirs publics, une « reconnaissance des vécus douloureux de la guerre », celui des pieds-noirs, des harkis, des appelés et aussi des moudjahidins et des populations civiles algériennes.

    Cette évolution a pu également être encouragée par quelques initiatives fortes sur le plan politique, constate l’historienne. Et de citer celle prise, en 2006, par le président Jacques Chirac de faire supprimer la disposition décriée de l’article 4 de la loi sur les rapatriés de 2005 invitant les manuels scolaires à souligner les aspects positifs de la colonisation en Algérie.

    Ou, plus récemment, le discours tenu par François Hollande en décembre 2012 à Alger, dans lequel il s’est montré à l’écoute des revendications algériennes tout en s’attachant à construire l’avenir des relations entre les deux peuples.

    Une mémoire plurielle 

    « La mémoire de la guerre d’Algérie est plurielle », insiste Raphaëlle Branche. Il y a donc la mémoire des anciens appelés, celle des rapatriés, celle des harkis… Et chacune peut procéder à des rappels de sa spécificité, qui « ne sont pas nécessairement polémiques ». Car ces rappels s’inscrivent « de plus en plus dans des commémorations ritualisées, dont la dimension revendicative a diminué au fil du temps et des réponses apportées par l’État », notamment sous la forme de pensions et d’indemnisations.

    Pour l’historienne, les défenseurs de l’action de l’OAS peuvent « encore attiser quelques braises » comme l’ont montré l’une ou l’autre des manifestations publiques organisées ces dernières années. « Ces quelques incidents, cependant, ne sont que des exceptions, estime Raphaëlle Branche. Ce qui s’exprime dans l’espace public français aujourd’hui vis-à-vis de la guerre d’Algérie ne recueille pas l’assentiment de tous et témoigne de la pluralité d’interprétations. »

    ANTOINE FOUCHET  

     SOURCE : http://www.la-croix.com/Actualite/France/Guerre-d-Algerie-le-long-travail-de-memoire-2014-10-31-1230126

     

     


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  • Heureusement il n’y a pas un « Ménard » dans toutes les villes de France puisqu’à Foissac une rue du 19 Mars 1962 a été inaugurée.

    Encore faudrait-il que la FNACA défende officiellement et efficacement  ces lieux de Mémoires partout, lorsque des tentatives de suppressions sont envisagées par des extrémistes, contrairement à ce qui se passe à Béziers.

    Heureusement il n’y a pas des « Ménard » dans toutes les villes de France puisqu’à Foissac une rue du 19 Mars 1962 a été inaugurée

    Foissac : inauguration de la "rue du 19-Mars-1962"

    Heureusement il n’y a pas des « Ménard » dans toutes les villes de France puisqu’à Foissac une rue du 19 Mars 1962 a été inaugurée

    Départ du cortège

     SOURCE : http://www.midilibre.fr/2015/03/01/inauguration-de-la-rue-du-19-mars-1962-cessez-le-feu-en-algerie,1129947.php

     

    Les membres de la FNACA du Gard étaient nombreux pour inaugurer la rue du 19-Mars-1962.

    Depuis jeudi 26 février 2015, Foissac possède sa rue du 19-Mars-1962. C'est au cours d'une cérémonie empreinte d'une grande émotion que la plaque a été dévoilée. La manifestation était organisée par la Fnaca (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie-Maroc-Tunisie) en collaboration avec la commune. De nombreux élus, les membres de la Fnaca, une cinquantaine de porte-drapeaux et la population formaient le cortège accompagné de la Pena.

    Raymond Aparicio, président de la FNACA, précise que le 19 mars 1962 est une date historique au même titre que le 8 mai et le 11 novembre. Joël Amalric, maire de Foissac rappelle qu'à travers la dénomination de la nouvelle rue, le conseil municipal a voulu honorer la mémoire des militaires et des civils, français ou algériens qui sont morts sur le sol algérien.

    Fabrice Verdier, député de la quatrième circonscription, remercie la municipalité pour son initiative, "chaque localité devrait avoir sa rue du 19-Mars-1962". Ce devoir de mémoire est nécessaire pour maintenir la paix dans la liberté, l'égalité et la fraternité. Le cortège s'est reformé pour revenir vers la salle des fêtes. Une gerbe est déposée devant le monument aux morts. Avant que soit servi le verre de l'amitié, Raymond Aparicio a décoré deux anciens combattants : Marius Lévesque et Roland Dumas.

     

     


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  • Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    Pour le moment c'est la rue du 19-Mars-1962

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas

    les bienvenus !

    NON !!! NON !!! NON !!!  à une rue "Commandant-Elie-Denoix-de-Saint-Marc"

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    Messages de Jacques INREP

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    " Je suis bien sûr contre la réhabilitation de ce genre de personnage douteux, admirateur du colonialisme, mais en plus je suis une victime de l’OAS, ne devant d’être encore en vie au courage de mon copain Jeannot qui en arrachant le détonateur de la charge de plastique, nous sauva la vie. Au risque de se faire arracher la main et certainement la vie ! Comment peut-on oublier ces moments où les appelés du contingent risquaient leur peau simplement parce qu’ils portaient un uniforme de l’armée française ? Comment oublier ces tracts où l’OAS qui appelaient au meurtre des soldats du contingent ? "

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    http://ldh-toulon.net/Jacques-Inrep-le-probleme-ce-n-est.html

     

    Un témoignage

       de Jacques INREP

     

     “Le problème,

    ce n’est pas de raconter, c’est

    d’être entendu”

    Pourquoi tant d’anciens soldats en Algérie vivent-ils emmurés silencieusement dans leurs souvenirs de guerre ? Seule la parole permet de se libérer de tels traumatismes quand une oreille se fait attentive, comme c’est le cas en psychanalyse. C’est ce que Jacques Inrep, pychologue clinicien, devenu, au fil des décennies, un des spécialistes des problèmes liés à l’utilisation de la torture, expose dans cet article repris du N° 161, 4e trimestre 2011, de la revue Alternatives non-violentes.

    J’aurais pu écrire cet article à la manière des universitaires. Non. J’ai fait le choix de partir du vécu des soldats du contingent. Et je vais être obligé de parler de mon propre vécu si je veux être compris de mes lecteurs(trices). Ma démonstration ne peut qu’en passer par là.

    Guerre d’Algérie : le retour ? 

    Au passage du siècle et du millénaire, j’étais loin de la guerre d’Algérie et de ma participation à ce conflit ignoble. Cependant en juin 2000 un article de Florence Beaugé dans Le Monde allait me rattraper. Conséquence : un gigantesque retour du refoulé de l’ensemble de la société française.

    J’ai compris tout de suite qu’il y avait de fortes chances que je sois appelé à la barre des témoins. En effet, suite à l’Appel des 12 paru dans le journal L’Humanité, deux amis, par ailleurs historiens, Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet, insistèrent pour que je participe à une émission de France-Culture. J’étais très réticent, mais finalement, puisque j’étais censé avoir consulté des documents secrets importants, je me suis dit : « il faut assumer ». Et puis il fallait bien transmettre aux jeunes générations les horreurs de la guerre. Eh bien d’accord pour un travail de mémoire !

    Je croyais m’être assez bien préparé mentalement en vue de mon passage dans cette émission. Sur le plateau, la présence de plusieurs ex-appelés du contingent me rassura. Cependant lorsque je fus appelé à témoigner dans la troisième table ronde, il en fut tout autrement, et ce malgré la présence de mon épouse dans le studio, et malgré Pierre Vidal-Naquet assis à mes côtés. C’est la gorge nouée d’émotion que je répondis aux questions des deux journalistes. Quarante ans de silence !

    Heureusement du couple des deux interviewers, une femme et un homme, c’est surtout celui-ci qui me mit en rogne par son attitude, et cela me remit fort opportunément sur mes rails. En fait, il ne s’intéressait qu’à une seule question : « Comment j’avais fait pour dérober à l’armée française ces fameux documents secrets, ceux-ci s’étant retrouvés plus tard dans le livre de Pierre Vidal-Naquet La raison d’État ? Je lui répondis que je les avais photographiés clandestinement, et j’ajoutais que j’avais pris cette décision uniquement dans un but de témoignage. Malgré mon jeune âge, j’avais été capable de supputer qu’un jour, certainement lointain, des négationnistes nieraient la généralisation de la torture au cours de la guerre d’Algérie.

    À la fin de l’émission, spontanément les ex-soldats du contingent se retrouvèrent ensemble pour discuter de leurs expériences militaires. Diverses, mais également parfois si semblables. Ainsi je me souviens de cet instituteur normand racontant les cris des suppliciés algériens sous la torture, ces mêmes hurlements qui traversent parfois mes nuits.

    Ma rencontre avec ces témoins directs de la barbarie me fit un bien immense. Mon parcours, si atypique par rapport à d’autres soldats, m’avait laissé solitaire face aux anciens combattants. Ici, je retrouvais des frères, tous déserteurs ou insoumis. Des résistants à la connerie guerrière. Certains allaient devenir des amis par la suite.

    Des larmes, encore et toujours les larmes ! 

    Dès 2001, la France s’enflamma, chaque famille politique rejouant sa guerre d’Algérie. Les articles, conférences, colloques se multiplièrent. J’y participais parfois.

    En juillet, au festival d’Avignon, j’assistais à la pièce de théâtre de Bernard Gerland : Ma guerre d’Algérie. J’en sortis profondément remué. Des revues, des journaux étaient disposés près de l’entrée. Je les feuilletais. Un couple faisait de même. L’homme ayant à peu près mon âge, je tentais d’engager la conversation en disant que cela avait été dur et que j’avais fait partie d’un commando de bérets noirs. L’ex-soldat me répondit qu’il était un ancien D.O.P. et il fondit en larmes. Je n’eus pas le temps de réagir un tant soit peu, car son épouse l’avait agrippé par le bras et elle le traînait vers la sortie. J’étais abasourdi ! Ensuite les événements s’enchaînèrent rapidement.

    André Gazut, ex-parachutiste, mais néanmoins authentique déserteur, que j’avais connu lors de l’émission de France-Culture, vint me trouver pour m’interviewer. Il préparait une émission sur la guerre d’Algérie pour Arte. Nous allions devenir amis par la suite. C’est lors de la présentation de son émission à Lyon où j’avais été invité, que je fis la connaissance de Bernard Sigg. Après la projection, les invités allèrent dîner dans une brasserie. Le hasard voulut que je sois assis face à lui. La conversation roula bien sûr sur cette guerre, et au bout d’un moment je lui demandais quelle était sa profession, et là, surprise, il était psychanalyste comme moi. À cet instant, notre conversation prit une autre tournure. Ainsi je lui demandais s’il possédait des chiffres, glanés soit au ministère des Armées, soit au ministère de la Santé, sur le nombre d’ex-appelés souffrant de troubles psychiques. Il me répondit qu’il avait fait des démarches dans ce sens, mais que ces deux ministères ne possédaient aucun chiffrage des conséquences psychologiques de la guerre d’Algérie. Incroyable !

    Sur le coin de la table, nous fîmes un calcul en comparant les U.S.A. et la France. Les guerres d’Indochine et d’Algérie. Les Américains, dès la fin de la guerre du Viêtnam, avaient mis en place des Vet-Centers où les anciens combattants et leurs familles, pouvaient venir consulter. Rien de cela en France. En faisant un calcul rapide, nous arrivâmes, à la louche, sur un chiffre de 250 à 300.000 hommes souffrant de troubles psychiques, parfois sans s’en douter. Ce chiffre fut confirmé plus tard par un article paru dans Le Monde.

    Dans un premier temps, nous nous sommes remémorés les malheureux patients que nous avions tous les deux rencontrés dans nos hôpitaux psychiatriques respectifs.

    Mais les patients rencontrés dans nos H.P. n’étaient que la partie émergée de l’iceberg. Il fallait y rajouter tous les autres souffrant de maux divers, liés à la guerre d’Algérie. Le plus triste dans cette histoire, c’était que ces hommes en mal être, ne faisaient certainement aucun rapprochement entre leur souffrance et leur participation à cette guerre imbécile. Ainsi comme premier symptôme, le plus évident, il y avait l’alcoolisme chronique de certains. Mais ensuite comment relier la violence d’un homme vis-à-vis de sa femme ou de ses enfants avec ce conflit colonial ? Et puis les accidents de la route. Et encore l’instabilité de l’humeur, l’instabilité professionnelle. Sans oublier toutes les maladies somatiques, même si l’on n’est sûr de rien lors d’un diagnostic différentiel, on peut supposer qu’une partie au moins de la maladie organique trouve son origine dans cette participation à cette guerre maudite. Cancer. Troubles cardiaques. Problèmes intestinaux. La liste pourrait se révéler longue de ces désastres d’hommes partis en pleine forme à 20 ans et revenus cassés à jamais !

    De nombreuses rencontres 

    La sortie de mon livre : Soldat, peut-être … tortionnaire, jamais m’entraîna à parcourir la France pour des séances de dédicaces, mais aussi pour participer à des colloques ou pour donner des conférences. C’est lors de ces rencontres que j’eus l’occasion de discuter avec un grand nombre d’ex-appelés du contingent. Il arrivait parfois que certains d’entre eux en vinrent à m’agresser avec violence, souvent verbale, parfois frisant la violence physique. J’ai été couvert d’insultes, souvent les mots de ‘traître à la patrie’ revenaient dans la bouche de ces nostalgiques. J’ai toujours fait face avec calme à ces agressions, même si parfois il a fallu me faire violence devant la mauvaise foi de mes interlocuteurs.

    Et puis ces hommes véhéments, croyant détenir la Vérité sur la guerre d’Algérie, n’étaient-t-ils pas eux aussi, » malades » de leur vingt ans confisqués par une nation peu reconnaissante ?

    Les débats ne furent pas toujours pollués par ces militants haineux de l’extrême-droite. Il y eut aussi des échanges très enrichissants avec diverses salles.

    Mais le plus intéressant, la plupart du temps, se déroulait à la fin de la conférence. Les auditeurs sortaient de la salle mais je voyais aussi venir vers moi un ou plusieurs hommes. Un peu comme s’ils n’avaient pu dire leur angoisse devant toute une salle, ils venaient en colloque singulier, me raconter leur guerre d’Algérie. Ces moments privilégiés ont toujours été pour moi chargés d’une grande émotion. Ces grands-pères chenus et blanchis sous les aléas de la vie, tout à coup se mettaient à pleurer. Comment ne pas être bouleversé par ces hommes de 70 ou 75 ans, qui se lâchaient devant un de leur frère de combat, et justement peut-être parce qu’ils avaient compris que celui-ci ne les jugerait pas. Depuis dix ans maintenant, j’ai vu des dizaines d’hommes craquer nerveusement, après quarante ans de silence radio.

    Pendant toutes ces décennies, il y eut un consensus, au moins inconscient, entre toutes les formations politiques françaises, pour ne pas parler des « événements » d’Algérie. Il est vrai que la majorité d’entre elles eut une attitude - comment dire ? - pour le moins ambigüe face à cette guerre. Quand ce ne fut pas tout simplement de la lâcheté.

    Une formidable rencontre : 4 acg 

    C’est lors d’une conférence que je donnais à Nîmes qu’une surprise m’attendait. La salle se vidait et je vis venir vers moi une dame d’un certain âge que je connaissais vaguement de vue (une militante d’une association nîmoise). Elle commença par m’acheter mon livre. Je le lui dédicaçai. Puis elle me demanda si je connaissais les quatre paysans du Larzac qui avaient fait le choix de percevoir leur retraite de combattant, pour ensuite la reverser à des populations ayant souffert d’une guerre. Je lui répondis que je n’avais jamais entendu parler de cette initiative, mais que cela me paraissait fort intéressant. Elle me répondit qu’elle allait lire rapidement mon livre et qu’elle le transmettrait à un de ses amis, un des quatre fondateurs de cette association, et, me demanda : « Accepteriez-vous que je donne vos coordonnées à cet ami ? » ; « No problem » lui ai-je répondu.

    Effectivement, assez rapidement, un des quatre fondateurs de 4acg, Georges Treilhou, me téléphona et très rapidement le courant passa entre nous. Je lui dis que je trouvais leur idée merveilleuse et que j’adhérais à leurs principes fondateurs. Il m’invita alors à participer à l’Assemblée Générale fondatrice de l’association qui devait se tenir à Albi. J’y fis la connaissance des trois autres membres fondateurs : Michel Delsault, Rémi Serrés et Armand Vernhettes, ainsi que de la marraine de l’association : Simone de Bollardière, veuve du général Jacques de Bollardière. Nous n’étions que seize ou dix-sept à cette première A.G., mais tous remplis d’un espoir de camaraderie et de paix, avec le désir de renouer des liens d’amitié entre les peuples algérien et français.

    Ma première impression a été que j’avais rencontré là des « belles personnes ». Lors des A.G. suivantes, le nombre d’adhérents augmenta jusqu’à atteindre le nombre de plusieurs centaines. Là aussi, je vis des hommes qui témoignaient de leur guerre d’Algérie avec beaucoup d’émotion, comme si cette gale nous collait à la peau.

    Athée, je deviens confesseur 

    De ces dix dernières années, le plus étonnant a été ma rencontre avec d’anciens tortionnaires. Une dizaine environ, sept ou huit soldats du contingent, plus deux officiers supérieurs. Au début de ces diverses rencontres j’étais très méfiant. Pensez donc, j’étais considéré comme un traître puisque j’avais refusé de tourner la gégène ! Je me rendis compte assez vite que ces hommes me « connaissaient », parfois avaient lu mon livre, et puis … Il me fallut un certain temps pour comprendre qu’en fait c’était ma profession qui les amenait à me parler.

    Ils vieillissaient. Leur conscience, peut-être, mais je n’en suis pas sûr, les taraudait, et alors puisqu’ils n’avaient sans doute jamais parlé à personne des horreurs qu’ils avaient commises pendant cette guerre, ils s’adressaient à un drôle de « curé » laïque, un psychanalyste ! Je les ai écoutés avec attention, m’efforçant de rester calme, de ne pas porter de jugement, posant tout de même quelques questions qui m’intéressaient plus particulièrement : « la torture était-elle efficace au moins ? ». Tous me répondirent : « nenni ! » Ainsi j’avais un panel d’une vingtaine de tortionnaires avec ceux que j’avais rencontrés dans les Aurès. Je terminais souvent ces conversations en disant que « chacun avait fait avec ce qu’il avait », c’est-à-dire en fonction de son histoire familiale, de sa culture, de ses convictions religieuses ou politiques, etc …

    Pour conclure, un peu d’histoire 

    Lorsque j’étais encore en activité, pour expliquer le sens du terme refoulement à certain(e)s de mes patient(e)s, j’utilisais une métaphore : « lorsqu’on est enfant, parfois on a des mauvaises pensées, des désirs un peu étranges, ou l’on commet des actes répréhensibles, alors on range tout ça dans sa poche et l’on met son mouchoir par dessus ! En règle générale, cela ressort trente ans plus tard sous forme de névrose ».

    Il en est de même pour la guerre d’Algérie. À un niveau individuel, la souffrance des soldats, mais également au niveau de la nation. Un seul exemple. Il me semble, entre autres, que la montée du F.Haine est en partie due au fait que l’on n’a pas liquidé sérieusement l’histoire de ce conflit colonial.

    Le silence imposé aux soldats du contingent a eu pour effet de fabriquer de la souffrance. Le refus de toutes les forces politiques d’aborder ce douloureux problème a entrainé une névrose collective de l’ensemble du pays.

    Comme en Mai 68, « Libérons la parole ! ». Que les appelés puissent témoigner, s’ils n’ont pas été capables d’en parler avec leurs enfants, eh bien qu’ils le fassent avec leurs petits enfants. Et puis il y a d’autres lieux de paroles bien sûr, 4acg par exemple.

    Je rêve du jour où une Présidente, ou un Président de la République, dise solennellement que cette guerre n’aurait jamais dû avoir lieu et qu’ils se tiennent par la main avec un Président algérien dans un lieu symbolique (Sétif ?).

    Deux souvenirs pour terminer. Le premier, assez récent. Je déjeunais avec d’autres amis d’une association ayant un rapport avec la guerre d’Algérie. Face à moi, un ex-appelé. La conversation roulait sur ce conflit, et d’un seul coup, l’homme se mit à pleurer : « J’étais aux jeunesses communistes avant de partir là-bas, cela ne m’a pas empêché d’y commettre des saloperies ! ».

    Second souvenir beaucoup plus ancien. Fin des années soixante. Je travaillais à l’hôpital psychiatrique d’Alençon. J’étais de garde ce week-end là. Un alcoolique, ex-appelé et tortionnaire, se présenta, pour se faire hospitaliser pour la énième fois… J’en référais à mon supérieur hiérarchique, le médecin de garde. Celle-ci m’ordonna de le mettre dehors. J’essayais de tergiverser « Viens le voir au moins ! ». Rien à faire ! J’expulsais notre patient. Le lendemain, nous apprîmes qu’il s’était pendu !

    Jacques Inrep 

     

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    Jacques CROS nous parle de Jacques INREP

    Soldat, peut-être… tortionnaire, jamais !

    Béziers, samedi 14 mars 2015 : les nostalgiques de l’Algérie française ne sont pas les bienvenus ! Messages de Jacques INREP

    C’est le titre, insolite, d’un livre qui ne l’est pas moins, que l’on doit à Jacques Inrep. L’auteur y raconte son vécu de la guerre d’Algérie à laquelle il a participé en tant qu’appelé du contingent entre mai 1960 et août 1961. En fait il déborde des deux côtés de cette période, avant, pendant ses classes effectuées en France et après son retour.
    Mais parlons d’abord de Jacques Inrep. Un itinéraire peu banal. Il n’a que son certificat d’études et un emploi à la préfecture d’Alençon quand il est appelé pour effectuer ses « trois jours » à Guingamp. Les tests révèlent un Quotient Intellectuel supérieur à la moyenne. Après son service militaire il reprendra ses études et deviendra psychanalyste.
    Il commence sa « carrière » militaire en suivant à Toul le peloton des Elèves Officiers de Réserve. Il refusera de poursuivre sa formation dans cette voie. Cela lui vaudra des ennuis avec la hiérarchie et les petits gradés l’accableront de sanctions diverses.
    Il sera également victime de mutations disciplinaires et se retrouvera dans Les Aurès où il sera affecté à diverses tâches qui auront des points communs, patrouilles embuscades, tours de garde, opérations, accrochages, … et des spécificités. Il sera témoin d’un attentat qui à Batna fait huit morts et cinquante six blessés. Sa violence le marquera durablement et sera l’objet d’un retour lors d’une séance d’analyse chez une psychanalyste.
    Il est sur le terrain quand les généraux félons déclenchent le putsch d’Alger en avril 1961. L’auteur rend compte de manière très fidèle du rôle décisif qu’ont joué les appelés du contingent dans son échec.
    Jacques Inrep a refusé d’être intégré à l’équipe de tortionnaires embauchés pour « tourner la gégène ». Cela n’a pas facilité ses relations avec son supérieur !
    Lors de son dernier emploi comme secrétaire au 2ème bureau il sera confronté à la réalité de la torture pratiquée dans les locaux de son cantonnement. Outre les gémissements entendus il aura accès à des dossiers confidentiels confirmant que la torture n’est pas ici ou la une bavure mais que son recours est organisé, planifié par l’autorité militaire.
    Il prendra le risque de photographier ces documents compromettants et rapportera les négatifs en France. Ceux-ci seront exploités dans un livre de Pierre Vidal-Naquet « La Raison d’Etat » publié en 1962 et réédité en 2001.
    Le retour à la vie civile ne va pas sans difficulté. Comme tous ceux qui reviennent d’Algérie, l’ancien appelé est déphasé par une déconnexion de plusieurs mois. De plus c’est le temps où l’OAS sévit en France, la Normandie n’étant pas épargnée.
    Jacques Inrep s’engage et en fait sa vie durant, il aura toujours le souci de défendre les droits de l’homme mis à mal par une guerre qui pendant longtemps n’a pas voulu dire son nom.
    Une guerre coloniale au demeurant dont il serait juste de situer aujourd’hui les responsabilités de ceux qui l’ont engagée, continuée, permise !
    Un livre certes très personnel mais qui recoupe le sentiment d’inachevé qui occupe l’esprit de nombreux anciens d’Algérie devant l’absence d’analyse de ce qu’ils ont vécu là pendant de la part de divers organismes et qui a des retentissements dans le monde actuel.

    Jacques CROS

     


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  • Avec l’autorisation du président du Comité FNACA du Canton de Castries département de l’Hérault nous vous présentons son Edito

    Avec l’autorisation du président du Comité FNACA

    du Canton de Castries département de l’Hérault

    nous vous présentons son Edito

    Avec l’autorisation du président du Comité FNACA du Canton de Castries département de l’Hérault nous vous présentons son Edito

    BEZIERS LE 19 MARS 

    Le Maire de Béziers a pris la décision de débaptiser la rue du 19 mars  1962 pour lui donner le nom de Commandant Hélie de Saint Marc. Nous, appelés du contingent,  avons refusé l’aventure que proposaient certains militaires  félons. Aujourd’hui notre pays est en démocratie car des appelés et des militaires ont refusé de suivre cette voie. 

    Le 19 mars date du Cessez Le Feu représente pour notre génération une date historique lançant le processus d’une fin de guerre qui durait depuis plus de dix ans. Malheureusement  l’O A S allait s’opposer à la fin de la décolonisation  en prétextant défendre les intérêts des pieds noirs mais aussi de connivence avec  un quarteron de généraux cherchant à s’emparer du pouvoir en métropole. 

    Aujourd’hui un maire  débaptise cette rue en bafouant la loi du 6 décembre 2012 qui a fait du 19 mars une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et Maroc. Pour comble il la remplace par un commandant putschiste. 

    Il est prévu le 14 mars jour de ce baptême  une contre-manifestation à Béziers initiée par des Associations locales, départementales et nationales. 

    A Lignan-sur-Orb le 26 février le Président Départemental de la Fnaca au nom du Comité départemental et en accord avec le Comité de Béziers   a dit  « pas de drapeau, pas de pancarte le 14 mars, nous resterons  en dehors de toute organisation politique, d’opinion confessionnelle ou autre. Participer nuirait à notre unité. En revanche nous démontrerons par un grand 19 mars avec nos drapeaux à Béziers notre indignation ». 

    Toutefois Il a ajouté que « nous pouvions participer le 14 mars à titre individuel ». 

    Je tiens à rappeler que la rue du 19 mars était à l’initiative du regretté  Denis Lamartine  Président du Comité FNACA de Béziers. 

    En tant que Président du Comité FNACA du Canton de Castries j’ai voulu donner sur notre site un éclairage complémentaire. Enfin  il convient d’indiquer qu’un recours en excès de pouvoir vise le maire de Béziers, il est déposé par un conseiller municipal d’opposition et  par une Association du Monde Combattant. 

    En annexe  les pages de l’Ancien d’Algérie sur les attentats de Janvier. Un rappel historique sur la Guerre d’Algérie et une prise de position nationale sur la décision inique du Maire.

     

    Avec l’autorisation du président du Comité FNACA du Canton de Castries département de l’Hérault nous vous présentons son Edito

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour voir l’intégralité de la page de cet ami sur son site : 

    http://fnaca34.org/

     


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  • Sur la position de la FNACA

    Sur la position de la FNACA

    Publié le 01/03/2015 à 05:01 par cessenon

    J'ai eu l'occasion de donner les raisons que j'ai de ne pas adhérer à cette fédération d'anciens combattants. Il m'est arrivé toutefois de participer à quelques initiatives auxquelles elle m'avait invité. 

    J'ai toujours apprécié le combat de la FNACA pour que soit commémoré le 19 mars comme symbolisant le cessez-le-feu et, officiellement du moins, la fin des opérations militaires. 

    Le 19 mars 1962 j'étais sur le terrain. J'ai eu l'occasion de raconter ce à quoi j'ai assisté ce jour-là. L'armée française, les harkis plus spécialement, a tiré sur la foule qui manifestait à Géryville (aujourd'hui El Bayadh) sa joie de la fin de la guerre. Il y a eu onze morts et sans doute des blessés. 

    La violence ne s'est pas arrêtée ce 19 mars 1962. Ma classe, la 60 1 /A, a été avec ceux de la 59 2/C qui avaient effectué une partie de leur service militaire en métropole, la première a été libérée après cette date. Je l'ai déjà évoqué, nous n'avons pas pu embarquer dans le port d'Oran, la ville était alors à feu et à sang à cause de l'OAS. Cette situation n'était plus le fait du gouvernement de la France. 

    Ce que j'ai reproché à la FNACA c'est d'avoir mis du temps à reconnaître ce qu'avait été la guerre d'Algérie, une guerre coloniale, injuste et anachronique. Je n'accepte pas de dire que ceux qui ont été tués là-bas sont morts pour la France. Ils ont été victimes de l'incompréhension des hommes politiques de l'époque qui refusaient de prendre acte qu'une page de l'histoire était tournée. On ne peut pas réduire l'activité d'une fédération d'anciens combattants à l'organisation de voyages, de repas, ou de thés dansants ! 

    S'il y a eu une évolution de la Fédération, décelable à la lecture du son organe national « L'Ancien d'Algérie », ce dont je me réjouis, il reste encore du chemin à faire. Je trouve regrettable que la FNACA 34 et ses comités de Béziers et du Biterrois ne soient pas pleinement engagés dans l'opposition au changement de nom de la rue du 19 mars 1962 programmée à Béziers. 

    Ce faisant on laisse les mains libres aux politiciens d'aujourd'hui qui remettent en selle l'idéologie colonialiste dont ont souffert les appelés du contingent au temps de la guerre d'Algérie. Il me paraîtrait juste que ceux-ci, membres ou non de la FNACA, soient présents le 14 mars à 14 h dans la rue du 19 mars 1962 pour exprimer leur opposition à cette tentative de réécriture de l'histoire. 

    Par ailleurs j'indique à nouveau pour ceux qui n'ont pas encore signé et qui voudraient le faire le lien de la cyber-pétition qui permet de dire son opposition au projet provocateur de Robert Ménard : 

    http://www.petitions24.net/sauvons_le_nom_de_la_rue_du_19_mars_1962_de_beziers 

     

     Jacques CROS

    Sur la position de la FNACA

    Mon commentaire personnel

    Cher ami Jacques, tu trouves une évolution de la Fédération, décelable à la lecture de son organe national « L’Ancien d’Algérie » ce dont tu te réjouis et tu ajoutes « Je trouve regrettable que la FNACA 34 et ses comités de Béziers et du Biterrois ne soient pas pleinement engagés dans l'opposition au changement de nom de la rue du 19 mars 1962 programmée à Béziers.

    Sans entrer dans le détail aujourd’hui, je voulais te dire qu’un article de mon blog critiqué par un dirigeant national de la FNACA, après de multiples échanges de courriels, m’ont fait conclure ceci :

    - Des comités FNACA sont infiltrés par la droite extrême et pire par l’extrême droite.

    - Que les Comités locaux de l’Hérault sont divisés alors que le président départemental prétend qu’ils sont unis (J’ai des preuves et des témoignages à l’appui).

    - Un président national a écrit le commentaire qui suit et qui m’a fait prendre cette décision « Je démissionne de la FNACA après avoir été adhérent plus de 40 années) :

    «  Et, à ce propos, commente ce dirigeant national, et je le dis plus à l'attention de Michel Dandelot (qui a quitté la FNACA), la Fédération, avec ses 320 000 adhérents encore à ce jour, n'est pas un monolithe. 

    Si le vote d'extrême droite progresse dans le pays, et notamment dans le sud est, il faut admettre, hélas,  qu'il puisse aussi se trouver parmi les adhérents et responsables locaux de la FNACA ».

     

    En conclusion, je fais mienne la déclaration de l’ancien député Bernard Deschamps qui, lui aussi a démissionné : «  L’orientation actuelle de la FNACA qui banalise le Front National du tortionnaire Le Pen est en rupture avec ses valeurs ».

    Michel DANDELOT

    Sur la position de la FNACA

     

    Le commentaire de Jean-François GAVOURY

    Fils de victime de l'OAS 

     

    Sur la position de la FNACA

    1er mars 2015

     

    Je doute que la FNACA, authentique institution du monde combattant, puisse être suspectée d’une quelconque opposition de principe à la protestation du 14 mars qui n’a d’autres objectifs que de protéger un espace public rappelant le cessez-le-feu en Algérie et de souligner l’autorité de la loi du 6 décembre 2012.

    Je doute que l’on puisse voir une atteinte à la neutralité statutaire de cette grande association dans le fait de contester devant les cours et tribunaux, dans les médias ou sur la voie publique la décision d’un maire irresponsable et nuisible : irresponsable dans ses actes en lien avec la mémoire de la guerre d’Algérie ; nuisible par son discours tendant à glorifier une organisation criminelle telle que l’OAS lorsque la France est en proie à des crimes et attentats terroristes et racistes.

    Je doute que les instances dirigeantes de la FNACA puissent sérieusement considérer que la seule réponse aux attaques dirigées par Robert Ménard contre les lois de la République consiste à annoncer une démonstration de force le 19 mars dans une ville déclarée en état de deuil par son maire et dont les drapeaux auront été mis en berne : ce serait, sinon dérisoire, du moins bien insuffisant au regard d’enjeux qui dépassent largement les frontières du département, comme la pétition lancée à Béziers le 24 février tend à le faire apparaître.

    Mais je ne doute pas qu’à titre personnel, les membres de la FNACA auront à cœur de se joindre, sans ostentation mais avec conviction, à la seule manifestation du souvenir du cessez-le-feu possible localement, celle prévue le 14 mars à partir de 14 h 00, rue du 19 mars 1962.

     

    Jean-François GAVOURY

     

     

     


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  • France 3 diffusera demain soir le documentaire «Une division SS en France, Das Reich», qui raconte ce mortel été 1944 – attention, certaines images choqueront les âmes sensibles.

     

    France 3 diffusera demain soir le documentaire «Une division SS en France, Das Reich», qui raconte ce mortel été 1944 – attention, certaines images choqueront les âmes sensibles.

    Division «Das Reich», l'horreur

    Agen (47) - Histoire

     

    France 3 diffusera demain soir le documentaire «Une division SS en France, Das Reich», qui raconte ce mortel été 1944 – attention, certaines images choqueront les âmes sensibles.

    Division «Das Reich», l'horreur

    SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/01/2058062-division-das-reich-l-horreur.html

    Six juin 1944, le jour J. Pendant que les Alliés déferlent sur les plages de Normandie, la division blindée SS «Das Reich», basée près de Montauban (Tarn-et-Garonne), s'ébranle en de longues colonnes de blindés vers le nord. Sa mission : mettre fin à l'agitation des maquis et, au terme de sa longue marche, se jeter dans la bataille de Normandie pour inverser le cours du conflit en faveur des Allemands. La Résistance et les agents des opérations spéciales parachutés par Londres s'emploieront coûte que coûte à retarder sa progression.

    Avertissement aux âmes sensibles

    Cantonnée en plusieurs points de la région – parmi lesquels Valence-d'Agen, Moissac, Lauzerte ou encore Caylus pour le département voisin – cette unité forte de 15 000 hommes a marqué de manière indélébile l'histoire du Sud-Ouest par des massacres de civils. Brûlés vifs à Montpezat-de-Quercy, pendus à Dunes, fusillés à Saint-Sixte et Caudecoste, exécutés et déportés à Figeac. La liste des villages martyrs de cette division SS sanguinaire est longue…

    France 3 diffusera demain soir le documentaire «Une division SS en France, Das Reich», qui raconte ce mortel été 1944 – attention, certaines images choqueront les âmes sensibles.

    Le réalisateur Michaël Prazan qui nous fait vivre de l'intérieur cette impitoyable machine de guerre grâce à des archives filmées inédites de la Das Reich, nous explique les raisons de ce déferlement d'horreur dans notre région.

    Comment ce documentaire est-il né ? 

    Michaël Prazan. «Au début, France 3 avait commandé un film sur la dernière année de l'Occupation en France. Il m'est toutefois vite apparu que la marque traumatique laissée par la Das Reich du Sud-Ouest jusqu'aux Ardennes, en passant par Oradour-sur-Glane, était le véritable fil rouge de cette histoire.»

    Vous faites référence à la fois à la banalisation des massacres de masse menée en Biélorussie par la Das Reich et à la nécessité de «socialiser» par le sang les nouvelles recrues pour expliquer les exactions commises dans la région… 

    «Il est évident que si les massacres d'Oradour, Figeac, Montpezat, Tulle, etc., sont inédits et sèment la stupéfaction et l'effroi en France, ils sont loin d'être inédits pour cette unité. Pour ces SS qui ont rasé pas moins de 628 villages dans la seule Biéolorussie lorsqu'ils étaient engagés sur le front russe, ces tueries sont d'une macabre normalité… D'ailleurs, il y a eu des «Oradour-sur-Glane» dans toute l'Europe où les unités SS ont débarqué : en Grèce, en Italie ou en Belgique. Contrairement à ce que l'on a souvent imaginé, ce type d'opérations «punitives» était loin d'être improvisé : les pendaisons de masse (99 à Tulle, 12 à Dunes) ou l'extermination de villages entiers constituaient le quotidien de ces unités SS socialisées par le meurtre de masse à l'Est.»

    Vous mettez d'ailleurs en lumière le modus operandi de ces massacres… 

    «J'ai découvert cela à la fois à travers mon documentaire sur les Einsatzgruppen, ces commandos d'extermination nazis en ex-URSS qui massacraient les juifs et les partisans à l'arrière du front, mais également dans le film d'Elem Klimov, «Requiem pour un massacre». Dans cette reconstitution, le réalisateur nous montre étape après étape comment dans un village biélorusse, les Nazis réunissent les villageois, séparent les hommes des femmes et des enfants, fusillent ces premiers et brûlent dans l'église tout le reste du village, comme cela fut le cas à Oradour.»

    Vous abordez également un sujet très délicat, l'implication des «Malgré nous» alsaciens dans certains crimes de guerre… 

    «L'amnistie de ces Alsaciens engagés dans la Waffen SS et auteurs du massacre d'Oradour-sur-Glane, est sans aucun doute ambiguë comme je le montre avec les propos après-guerre du soldat Schneider. Après 1945, au nom de la cohésion nationale, ils ont été tous amnistiés, et on a préféré cacher la poussière sous le tapis…»

    Vous rappelez également que les dirigeants de la Das Reich sont morts dans leur lit… 

    «Le criminel en chef, le général Heinz Lammerding, a poursuivi sa vie en RFA comme chef d'entreprise. Il est mort en 1971, à 66 ans sans jamais avoir été inquiété. Les images de ses obsèques que j'ai retrouvées confirment cette impunité, ses anciens frères d'armes ne se cachent pas en exposant leurs insignes SS et autres décorations de l'Allemagne nazie…» l

    France 3 consacre, demain, une soirée à des documentaires sur la Seconde Guerre mondiale. Elle débutera à 20h50 avec un film sur la division SS «Das Reich», stationnée dans le Sud-Ouest en 44.

    Implantés en Tarn-et-Garonne, notamment à Valence-d'Agen/Auvillar où trois compagnies du régiment «Der Führer» et le 4e bataillon ont pris leur cantonnement, les SS de la division «Das Reich» stationnés dans le département vont rapidement faire parler d'eux. Dès le 2 mai 1944, un bataillon de chars qui s'entraîne vers Montpezat-de-Quercy essuie des tirs. À la recherche d'armes dans des fermes, les SS qui font l'objet de nouveaux tirs et qui cherchaient aussi les saboteurs du tunnel du Viandès sur la voie SNCF commis le 30 avril, se lancent dans une répression tous azimuts. Un mois plus tard, alors qu'une partie de la division a déjà quitté le département pour gagner la Normandie et que les massacres de Tulle et d'Oradour ont déjà eu lieu, des SS débarquent à Dunes. Fort d'une lettre de dénonciation comportant 42 noms, l'officier SS rassemble 70 villageois et installe des tables sous le balcon de la poste et pend douze Dunois, un treizième qui tente de s'enfuir est abattu. Trois autres villageois avaient été tués sans raison avant l'arrivée de l'unité SS qui avait dès le matin massacré à Saint-Sixte quatorze personnes appartenant à trois familles tziganes. l

    Des exactions aussi commises en Lot-et-Garonne

     


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