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    De la guerre d'Algérie à l'islamophobie histoire

    d’un racisme à la française

    De la guerre d'Algérie à l'islamophobie histoire d’un racisme à la française

    Anadolu s’est plongé au cœur de l’histoire de l’immigration française pour comprendre les enjeux, les mutations et les symptômes de ce racisme envers les populations immigrées, avec pour principales cibles, les citoyens de confession musulmane. Le racisme en France a évolué au fil des décennies.

    La guerre d’Algérie : une plaie jamais refermée 

    Selon les sources officielles, en 1954, date du début de la guerre d’Algérie, la France compte 211.000 Algériens en métropole. En 1962, ils seront près de 350.000. Dans ce contexte si particulier, où la guerre pour l’indépendance fait des milliers de victimes sur le sol algérien, la France met en place une véritable répression sur son territoire pour tenter de museler les musulmans qui auraient des revendications.

    A l’image de cette haine viscérale des militants indépendantistes, la police française, sous les ordres du préfet Maurice Papon, sera responsable du «massacre du 17 octobre 1961». Ce soir-là, des centaines d’Algériens, qui manifestaient contre un couvre-feu leur interdisant de sortir le soir, seront littéralement torturés, frappés à mort et des dizaines d’entre eux, jetés dans la Seine.

    La France finira par perdre la guerre d’Algérie et rapatriera les pieds-noirs en métropole. Près de 70.000 harkis, ayant eux-aussi la nationalité française, ont également été accueillis en France. Ces supplétifs de l’armée qui se sont battus pour que l’Algérie demeure française, se sont ensuite retrouvés abandonnés, dans des camps, livrés à eux-mêmes, sans aucune reconnaissance ni statut.

    Avec cette arrivée massive de « Français musulmans », les déclarations racistes se multiplient, légitimant les discriminations à l’encontre des Algériens. A titre d’exemple, dans un ouvrage consacré à l’histoire des harkis, l’écrivain et journaliste Pierre Daum, rapporte une phrase cinglante du Général De Gaulle « harkis ou pas harkis, ce sont des musulmans et la France, qui est un pays chrétien, n’est pas faite pour accueillir des musulmans », laissant présager le pire.

    A partir de 1973 : une décennie charnière dans l’explosion du racisme 

    Fin 1972, la France met en application la circulaire Fontanet. Cette directive indique que les emplois sur le territoire, ne sont réservés qu’aux Français et étrangers en situation régulière, et calque la durée de la carte de séjour, sur la durée de validité des cartes de travail des étrangers.

    Un mouvement de protestation se mettra en place progressivement et le 12 juin 1973, à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, des immigrés algériens et portugais, décident de manifester pour le « droit à être en situation régulière et obtenir une carte de séjour ».

    Le maire de la ville, Hervé De Montmichel, fera asperger les manifestants avec des lances à incendie, conduisant à une véritable ratonnade. Assumant complètement son geste, il déclarera par la suite « Les arabes se comportent dans la ville comme en terrain conquis. Ces gens-là sont différents de nous, ils vivent la nuit, c’est très pénible d’être envahis par eux ». A l’époque, le journal le Nouvel Obs, met en lumière un « triangle brun du racisme » entre Cannes, Grasse et Nice, orchestré par le député maire de Nice, Jacques Médecin.

    La situation géographique de ces faits de racisme et de discrimination, n’est pas anodine. Le sud de la France a accueilli la majorité des pieds-noirs et des harkis rapatriés d’Algérie. Comme le rappelle l’historien Yvan Gastaut dans un rapport sur « la flambée du racisme de 1973 », la rancœur liée à la guerre d’Algérie a parfois fait que « dans le midi, le conflit a eu tendance à se rejouer en d’autres temps et d’autres lieux », précisant même que « les Algériens spécialement visés furent considérés comme les envahisseurs qui poursuivent leur conquête de la France ».

    Le collectif « cases rebelles » a publié fin 2016, un ouvrage qui recense les crimes policiers, symptomatiques d’un réel racisme d’Etat. Ainsi, au fil des pages, on peut voir défiler le portrait de Mohamed Diab, tué en novembre 1972 par un policier qui lui criait « oui, je te tue sale race ! » avant de tirer, ou encore l’assassinat à Marseille, le 18 octobre 1980, de Lahouari Ben Mohamed, ce jeune de 17 ans, abattu sans aucune raison par un CRS qui venait de lui dire « je ne sais pas si c’est le froid, mais j’ai la gâchette facile ce soir ». Il y en aura d’autres, des dizaines, et de très minces, voire d’inexistantes condamnations. 

    1983 : « La marche pour l’égalité et contre le racisme » redonne

    de l’espoir 

    En 1983, Marseille est de nouveau le théâtre du meurtre raciste d’un enfant de 13 ans. Une poignée de militants lyonnais et marseillais, décide de rallier le quartier de la Busserine où Lahouari Ben Mohamed avait été tué trois ans plus tôt. Le 15 octobre 1983, ils seront 32 à partir pour une « marche » nationale qui atteindra Paris le 6 décembre avec plus de 100.000 personnes.

    Les marcheurs seront reçus à l’Elysée par le président de la République François Mitterand. Cette initiative donnera beaucoup d’espoirs aux jeunes qui dénoncent le racisme et les discriminations dont ils sont quotidiennement victimes. Face à l’ampleur du mouvement, la classe politique française est forcée à réagir.

    Le Parti Socialiste au pouvoir, parachutera la création d’une association «SOS Racisme» et très vite, les militants à l’initiative de la désormais célèbre « marche des beurs » se rendent compte que cette structure tente de museler leur parole en s’appropriant ce combat qui est le leur.

    La liste des crimes racistes, continue elle, de s’allonger: Laïd Khanfar, tué par un douanier, Abdel Benyahia, tué par un policier, feront partie de ceux que l’on appelle tragiquement « la génération Malik Oussekine ». Le jeune étudiant avait été tué par la police française à coups de matraque pour avoir participé à une manifestation étudiante. Malik Oussekine sera considéré par l’Etat français comme « le mort de trop ». Le ministre Devaquet sera contraint de démissionner, le peloton des voltigeurs à l’origine du meurtre de Malik sera dissout et la France tentera désespérément de redorer son blason.

    L’islamophobie, symbole du racisme encore ancré

     dans les mentalités 

    Après les épisodes racistes des années 80, l’Etat français met un place une politique « d’intégration », tente de faire bonne figure en criminalisant les discriminations. Mais très vite, les habitudes reprennent avec un angle légèrement différent.

    Le racisme anti-arabe faisant mauvais effet, l’attention des médias et de l’opinion publique se focalise, à partir des années 90, sur la communauté musulmane, de plus en plus visible. Dès 1989, on assiste à la première affaire islamophobe dans l’hexagone « l’affaire de Creil ».

    Trois élèves d’un collège de l'Oise, se voient signifier par leur directrice, qu’elles ne peuvent plus assister aux cours à cause de leurs foulards. C’est un tollé dans le pays, et le ministre de l’éducation nationale déclare que «l’école est faite pour accueillir les enfants et pas pour les exclure». Les élèves seront finalement réintégrées quelques jours après leur exclusion mais ce ne sera que le début d’une longue série d’interdits.

    En 2004, l’Assemblée Nationale votera une loi interdisant formellement le port de signes religieux jusqu’au lycée. C’est évidemment le port du voile islamique qui est visé et le gouvernement feindra de s’étonner de la fuite de certains élèves vers des lycées musulmans.

    Août 2016, dans le sud de la France, la majorité des villes de la Côte d’Azur, prennent des arrêtés municipaux pour interdire le port « de tenues non laïques sur les plages » de leurs communes. Les maires à l’initiatives de ces arrêtés expliqueront qu’ils ne visent que les burkinis sur les plages, mais dans la réalité des faits, ce sont 14 jeunes femmes qui ont été verbalisées dont 12 pour le port d’un simple foulard.

    Les arrêtés seront « cassés » par le Conseil d’Etat le 26 août, considérant qu’ils « constituent une atteinte grave et illégale à la liberté de culte ».

    Source : http://www.trt.net.tr/francais/europe/2017/10/30/de-la-guerre-d-algerie-a-l-islamophobie-histoire-d-un-racisme-a-la-francaise-837003 

     


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    Les colons d'Algérie

    " Ils ont construit des routes, des chemins de fer et des ports, grâce auxquels le commerce s'est fortement développé, ce qui a enrichi à la fois la France et sa colonie. Ils ont aussi créé des hôpitaux et des écoles…" disent les nostalgiques de « la grande France » sauf que s’est prouvé… ceux qu'ils appelaient les indigènes n’y avaient pas accès, en très grande majorité… pour exemple : 81 % d'analphabètes en 1962...   Aujourd'hui je vais vous parler de ce que j'ai connu... les chemins de fer... Mais avant je vous communique cet article concernant les infrastructures ferroviaires dans l'Algérie de 2017... Elle n'a pas eu besoin d'être colonisée pour se moderniser...

    Le réseau ferroviaire algérien est l’un des plus grands d’Afrique

    Avec un réseau de plus de 6300 km dont 3850 exploités 552 km en double voie, le réseau de transport ferroviaire Algérien reste l’un des plus grands en Afrique, mais encore loin de l’Afrique du sud qui dispose d’un réseau de 20000 km.

    Le réseau du chemin de fer en Algérie s’étendra bientôt sur 12.500 kilomètres, ce qui en fera le second du continent après l’Afrique du Sud. 

    Je me souviens... « La RAFALE » 

    « l'INOX » deux trains 

    pendant la guerre d'Algérie... 

    Ces articles me touchent  

    particulièrement car ces trains  

    m'ont transporté à Aïn Sefra 

    dans les années 1961-1963

    Michel Dandelot

     

    Chemins de fer dans l’ouest de l’Algérie

    Un document de Jacques Cros

     

    Je me souviens... « La RAFALE » « l'INOX » deux trains pendant la guerre d'Algérie... Ces articles me touchent particulièrement car ces trains m'ont transporté à Aïn-Sefra (Michel Dandelot)


     

    L’ami Noureddine qui vit à El Bayadh (ex Géryville) nous a envoyé un diaporama dans lequel on voit un train qui circule en direction de Béchar. Nous en avons extrait la photo qui illustre le présent article.

    J’ai été cantonné 14 mois, de décembre 1960 à janvier 1962, à Bou-Ktoub. Il y avait là une gare sur la ligne de chemin de fer qui reliait Perrégaux à Colomb-Béchar. Une ligne à voie étroite (écartement 1.055 m) qui avait été construite entre 1877 et 1906. Au début le trajet, depuis Oran, durait 21 h. Quand en 1948 les locomotives à diesel ont remplacé les locomotives à vapeur cette durée était réduite à 17 h 30.

    A l’époque où j’étais à Bou-Ktoub (qui s’écrit aujourd’hui Bougtob) le train était appelé « La Rafale ». J’ai eu l’occasion de le voir traverser le chott Ech Chergui.  Il me semble qu’alors le terminus était à Aïn Sefra.

    Noureddine m’a précisé que des travaux de restauration ont été réalisés et que les trains arrivent jusqu’à Béchar actuellement. Mais peut-être qu’ils viennent de Sidi-Bel-Abbès ?

    Nous avons appris qu’un projet de construction d’une voie reliant cette ligne à El Bayadh a vu le jour. Si nous avons bien compris l’embranchement doit se faire à partir de Bougtob. Il est donc programmé un nouveau tronçon de chemin de fer de 130 sur lequel les trains pourront transporter les voyageurs en roulant entre 140 et 160 km / h.

    Des obstacles sont à surmonter, notamment la traversée de la voie par les troupeaux de moutons, les difficultés liées au relief montagneux et l’ensablement qui résultera du vent de sable fréquent dans cette région.

    Il est également prévu de désenclaver par chemin de fer l’oasis de Laghouat. Vaste programme donc qui a pour objectifs le développement du tourisme, l’exploitation des potentialités dans le domaine agro-pastoral et des ressources minières recensées dans le secteur.

    Jacques Cros

     

    Un autre témoignage de Jacques CROS

    qui complète merveilleusement cet article

    Algérie

    Saïda

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    Il y a plusieurs villes qui portent ce nom, lequel signifie « heureuse ». Il existe une Saïda au Liban et deux autres, en Algérie, celle que j’ai connue est au sud d’Oran.

    Nous y venions régulièrement pour des stages avec nos chiens. Le vétérinaire contrôlait la santé de nos bêtes, nous faisions quelques exercices d’entraînement et il me semble que nous n’avions pas de garde à monter.

    Le chenil est notre casernement était à deux pas de la gare dont une photo illustre le présent article. C’était une station sur la ligne à voie étroite qui reliait Perrégaux à Aïn-Sefra. Sur cette ligne circulait un train qu’on appelait « La Rafale ». Notre cantonnement était derrière la locomotive sur sa droite.

    SaÏda était alors une sous-préfecture du département d’Oran et est devenue après l’indépendance un chef-lieu d’une wilaya qui compte 16 communes.

    La région avait été occupée par les Romains et le limes de l’empire passait dans la région qui constituait un grenier à blé. Abdelkader avait construit un fort dans lequel il s’était retranché mais devant les attaques de l’armée française il avait dû le quitter en 1841 et avait préféré mettre le feu à la ville. Le site sera investi par la France qui édifiera un camp militaire pour en rester maître.

    Nous allions nous balader dans Saïda quand nous étions libres. En été nous fréquentions la piscine et assistions quelquefois à des séances de cinéma. L’hôtel de ville ressemblait tout à fait à ceux qu’on pouvait rencontrer en métropole. Le Monument aux Morts ne déparait pas non plus. L’armée avait réussi ce tour de force d’enrôler les peuples qu’elle avait asservis pour servir de chair à canon dans les guerres qui étaient les siennes !

    En 1961 les nuits étaient souvent ponctuées d’explosions, c’étaient des plasticages que pratiquaient les tenants de l’Algérie française qui avaient rallié l’OAS.

    Jacques CROS

    Un ami algérien m'a fait connaître ces deux photos

    Les déraillements de l'Inox et de La Rafale

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    NOUVEAU : Mettez-vous en plein écran en cliquant sur l'avant-dernier signe du diaporama (à droite), puis cliquez image par image :

     

    Je me souviens... « La RAFALE » « l'INOX » deux trains pendant la guerre d'Algérie... Ces articles me touchent particulièrement car ces trains m'ont transporté à Aïn-Sefra (Michel Dandelot)

     

    "Entre ici Micheline"... Quant à moi je me souviens de " La Rafale " et de " l'Inox" deux trains qui m'ont transporté pendant la guerre d'Algérie

    Octobre 1958 

    Déraillement de «  La Rafale » réalisé par le  F.L.N. 

    Entre Duveyrier et les Oglats 

    (région de Figuig / Béni-Ounif) 


    "Entre ici Micheline"... Quant à moi je me souviens de " La Rafale " et de " l'Inox" deux trains qui m'ont transporté pendant la guerre d'Algérie

     

    "Entre ici Micheline"... Quant à moi je me souviens de " La Rafale " et de " l'Inox" deux trains qui m'ont transporté pendant la guerre d'Algérie

        

    L’Inox » ce train « rapide » qui mettait une journée pour relier Perrégaux à Colomb-Béchar, environ 650 km, alors que « la Rafale » effectuait le même parcours en 2 jours, un train que l’on n’oublie pas quand on a eu l’occasion de voyager avec.
     

    Je vais vous raconter mon voyage offert par l’Armée début janvier 1962 où après une croisière en 4ème classe entre Marseille et Oran, nous devions continuer par le train pour nous rendre à Colomb-Béchar et ainsi grossir l’Armée Française et une certaine 711ème Compagnie de Transmissions qui devait m’attendre avec impatience.
    Après quelques jours de remise en forme au D.I.M. d’Oran nous avons rejoint la gare afin de prendre le train régulier Oran – Alger, en une heure nous étions descendus à Perrégaux où nous passions la nuit avec nos bagages que nous appelions pompeusement paquetage. Lendemain matin, départ très tôt afin de passer les gorges de Mascara de nuit, et découverte de notre train « la Rafale » pour nous rendre à Colomb-Béchar sur une voie étroite de 1,055 mètre de large.
    Description de « la Rafale », 2 ou 3 wagons plats avec des sacs de sable (dispositif anti-mines) ensuite 1-2 voire 3 locomotives diesel, joliment décorées de plaques de tôle faisant office de blindage parsemées de nombreux trous de balles qui pouvaient servir à l’aération des moteurs. Ces locos permettaient de tracter l’ensemble du train à des vitesses proches des 30 km/heure sur le plat !!! Ensuite nous avions les wagons de marchandises qui devaient transporter du matériel, et autres marchandises. Pour faire voyager la Troupe, l’Armée utilisait des wagons à bestiaux avec une inscription sur chacune des portes coulissantes :

    6 chevaux en long
    ou
    28 hommes

    Pour les chevaux il y avait de la paille, pas pour la Troupe car il y avait eu des incendies de wagons par des mégots mal éteints. De toute manière, dans la journée nous étions nombreux sur les toits de ces wagons à commencer notre bronzage. Enfin le train se terminait avec un wagon provenant d’un film de western où nous nous attendions à voir descendre John Wayne, mais qui était réservé aux officiers de notre belle armée.
    Cette deuxième journée nous permettait de faire Perrégaux – Aïn-Sefra, environ à 400 km en 14 heures. Nouvel hébergement nocturne dans des baraquements qui ne ressemblaient même pas aux cases du Club Med. Enfin le troisième jour, après 8 heures, nous avions parcouru les derniers 250 km, nous arrivions, dans nos conforts respectifs, à notre destination finale Colomb-Béchar. Nous étions à la porte du Sahara ! J’allais oublier la restauration, je plaisante car nous avions nos boîtes de rations à déguster froides.
    Après l’indépendance de l’Algérie, les autorités algériennes ont interdit « la Rafale » pour le transport de la Troupe, nous devions tous voyager dans « l’Inox » où nous pouvions nous prélasser sur de confortables banquettes en bois. Ce train ne contenait pas un gramme d’inox, les voitures en bois étaient peintes avec du minium blanc ce qui permettait de loin et surtout de très loin de lui donner cette apparence de l’inox. C’est dans ce train, début octobre 1962 que j’ai fait mon retour vers Perrégaux et ensuite Oran – Port-Vendres et enfin Paris. Tous les libérables qui revenaient du Sahara et de Colomb-Béchar débarquaient en général avec un animal, souvent un dob ou dabb (uromastix), mais aussi des fennecs et plus rarement des vautours et autres chacals. Le soleil avait du nous taper sur la tête !

    Pour information cette ligne de chemin de fer étroite (1,055 m) à voie unique a été construite en 29 ans, entre 1877 et 1906, elle allait du petit port d’Arzew à l’oasis de Colomb-Béchar soit 711 km. Vers 1914 cette ligne fut prolongée en direction de Kenadsa à une quinzaine de km au sud de Colomb-Béchar afin de permettre l’exploitation du charbon qui alimente encore maintenant la centrale électrique. Les trains de voyageurs, au temps de la vapeur, mettaient 21 heures pour rejoindre Oran depuis Colomb-Béchar, en 1948 avec les locomotives diesel la durée du trajet était réduite à 17 h 30.

    Si cet article permet à certains de revivre des moments forts et qu’ils ont conservé des photos de ces trains, je serais heureux de les recevoir pour les ranger avec mes souvenirs.


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    La gare de Béchar hier...

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    ... et aujourd'hui (2008)

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    « la Rafale »

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    Jolie photo du wagon « western» prise début 1960.
    Devant ce wagon on aperçoit la Troupe
    dans les wagons à bestiaux

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    Voici enfin la photo tant recherchée. Les wagons à bestiaux où voyageait la troupe, sur les portes coulissantes figurait cette inscription : (28 hommes ou 6 chevaux en long)

     

    Le train à Colomb-Béchar
    Guy GIRAUD
    Employé à la compagnie des Chemins de Fer du MER-NIGER
    1954-1962


          Presque tous les militaires qui sont allés passer quelques temps dans le sud ont été acheminés, entre Perrégaux et Colomb-Béchar, par « LA RAFALE » ce sympathique tortillard qui circulait sur une voie étroite. Dernièrement j’ai eu une longue conversation avec un fidèle du site
    http://www.3emegroupedetransport.com/. Pour Michel MARIET c’était le seul train qui alimentait Béchar en homme et en nourriture.
    Entre 1954 et 1962 j’ai été employé à la compagnie des Chemins de Fer du MER-NIGER, train à voie normale. Plus communément les habitants de Béchar connaissaient cette gare sous le nom de « Gare du Maroc ».
    Cette ligne quittait Béchar à la hauteur du dépôt de carburant, se dirigeait vers le monument Leclerc où elle rentrait au Maroc. 420 kilomètres séparaient Béchar d’Oujda. Du Maroc les marchandises, principalement la houille de Kenadsa, partaient sur Oran ou Alger pour alimenter les centrales électriques ou les usines à ciment.
    Cette ligne a été prépondérante pour assurer l’approvisionnement de toute l’armée du sud Oranais. Beaucoup de véhicules des compagnies de transport transitaient, entre les ports du nord de l’Algérie et Béchar, par cet itinéraire. Quatre-vingt-dix pour cent des canettes de bière de la BAO et une grande partie du carburant pour tous les transports, suivaient le même chemin. Tout le ciment qui a servi à construire les pas de tir d’Hammaguir ou le socle de la base atomique de Reggan est passé par cet itinéraire. Les trains qui circulaient sur cette ligne étaient tirés par des machines Baldwin des chemins de fer marocains, ils étaient limités à 1250 tonnes brutes.
    Cette ligne se poursuivait sur Kenadsa et Bidon II uniquement pour la desserte des mines de charbon et sur Abadla pour des trains mixtes charbon et voyageurs.
    La « Gare du Maroc » n’existe plus, la ligne a été déposée. Par contre la population actuelle a conservé le nom « Gare du Maroc » pour désigner ce lieu-dit.

     


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    Souvenez-vous du 19 mars 1962 

     

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

     

    Rappelez-vous aussi des paroles de Sarkozy, Fillon

    et Juppé en 2016 

    Le 19 mars 1962, la signature des accords d’Évian mettait fin à près de huit années de ce que l’État Français appelait, depuis 1954, «les événements». Refoulant pendant de nombreuses décennies « cette guerre sans nom » pour enfin reconnaître la guerre d’Algérie, en 1999.  

    La proposition de loi socialiste visant à substituer les termes « d’opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord » dans les documents de la République Française par « guerre d’Algérie » a finalement abouti. 

    Commémoration du cessez-le-feu  

    Nicolas Sarkozy affirmait que « la colonisation avait eu un rôle positif » dans le seul et unique but de faire l’apologie de la colonisation et de ses crimes perpétrées sur les colonisés, d’envenimer une polémique très houleuse et d’accentuer les tensions entre l’Algérie et la France. Or il avait sciemment omis que la colonisation était une mort annoncée, planifiée, programmée, des colonisés, qui impliquait des responsabilités individuelles des politiques et de leur armée soutenue par des colons et des responsabilités collectives. En effet, que Nicolas Sarkozy s’en soit targué ouvertement à l’instar de Napoléon III, -que Victor Hugo nommait «Napoléon le petit» dans ses poèmes qui furent des réquisitoires contre le neveu de Napoléon Ier-, il soutient de manière manifeste et provocatrice que la construction des hôpitaux, des écoles, des voies de circulation etc… Ne profitaient pas qu’aux colons. 

     

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Mais n’oublions pas les dernières paroles de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, promettant, s’il était de nouveau élu, de supprimer la commémoration du 19 mars 1962 !

    Ainsi, Nicolas Sarkozy voulait alors réécrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Or ces colons étaient soutenus par l’armée française chargée de la gestion administrative de l’Algérie, qui était un département français, et du contrôle de ce département. Par ailleurs, n’oublions pas que le taux de mortalité des Algériens était élevé, sans compter que la France, en son son armée, avait recruté, dans sa Légion étrangère, d’anciens SS nazis dans ses rangs. Des nazis à qui ils donnaient en un temps court la nationalité française, et des colons qui agissaient avec connivence, pour museler le peuple algérien dans l’ignorance à grande échelle. En effet, seul un enfant sur dix enfants était scolarisé en 1954, soit 124 ans après le début de la colonisation. La France et son armée, soutenue par les colons, exerçaient une volonté manifeste de maintenir les colonisés dans l’ignorance afin d’entraver toute révolte grâce à l’existence progressive d’une intelligentsia qui véhiculait des idées révolutionnaires. Sans compter la multiplication des SAS, Sections Administratives Spécialisées, prisons à ciel ouvert pour de nombreux Algériens et leurs familles… Aujourd’hui, la droite s’insurge à des fins politiques contre la commémoration du 19 mars 1962, qui marque aussi la défaite française, sujet houleux et humiliant pour des politiques qui manœuvrent et exploitent l’Histoire à des fins électoralistes, aujourd’hui encore. 

    Mais Sarkozy n'est pas seul à rejeter

    la commémoration du 19 mars 1962

     

    Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Fillon: commémorer le 19 mars 1962

     est un "mépris" à l'égard des harkis

     et pieds-noirs

    François Fillon (Les Républicains) a dénoncé "une forme de mépris" à l'égard des harkis et des pieds-noirs, avec la décision de François Hollande de commémorer le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie, Alain Juppé lui reprochant aussi de "souffler sur les braises".

    "Le 19 mars est une date qui ne peut pas être retenue comme une date de célébration nationale", a estimé M. Fillon dans l'émission "Le Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI. Parce qu'au lendemain du cessez-le-feu, "il y a eu des centaines de milliers de harkis qui ont été massacrés (...) et des centaines de milliers de Français qu'on appelle des pieds-noirs, des Français d'Algérie, qui ont dû tout abandonner, rentrer en France, souvent d'ailleurs pour tout reconstruire", a-t-il déclaré. 

    "Donc célébrer le 19 mars, c'est exprimer à l'égard des victimes, c'est-à-dire des harkis et des pieds-noirs, une forme de mépris, donc c'est une division", a-t-il ajouté.

    "Quand on est président de la République, on ne se sert pas de l'histoire de son pays pour faire de la communication", a poursuivi M. Fillon, pour qui "le président n'est pas là pour diviser les Français".

    "Je pense que quand on n'a plus de prise sur les événements, il reste les commémorations, donc on commémore, on utilise l'Histoire", a-t-il lancé. 

     Souvenez-vous, c'était le 19 mars 1962

    Alain Juppé a lui aussi estimé qu'"en solennisant le 19 mars, le président de la République souffle sur les braises".

    Il a "fait exactement le contraire de ce qu'il aurait dû faire pour apaiser les réactions", a-t-il estimé dans l'émission "C Politique" sur France 5, ajoutant qu'"on peut comprendre que pour beaucoup des acteurs de ce drame qu'a été la guerre d'Algérie, le 19 mars ne soit pas une date de paix".

    François Hollande a voulu instaurer "la paix des mémoires" en commémorant le cessez-le-feu du 19 mars 1962, soulignant que cette date marquait "le début de la sortie de la guerre", mais son initiative a provoqué une levée de boucliers, en particulier chez les harkis et rapatriés.

     

    La Toussaint 1954  

    Les actions menées lors de la Toussaint 1954 marquaient le début de la guerre d’Algérie. C’étaient des actions coordonnées par ceux qui deviendront les principaux acteurs et artisans de l’indépendance algérienne. Cependant, les tensions réelles et internes au sein de la nébuleuse révolutionnaire étaient peu connues en 1954. Et les enjeux étaient de taille car l’Algérie, territoire quatre fois plus grand que la France, recèle des mines de gisement de pétrole, découvertes par la France et son armée tardivement, d’hydrocarbures tels que le gaz, de richesses au point que ces enjeux motivaient la France à poursuivre cette guerre qui portait en elle les germes d’une indépendance en voie de voir le jour pour construire un pays libre, autonome et indépendant en 1962. Pour l’Algérie, l’indépendance est commémorée le 5 juillet 1962. 

    L’Algérie et le peuple algérien tendent à se réapproprier leur Histoire  

    Aujourd’hui, l’Algérie et ses historiens mettent en relief non plus le FLN, Front de Libération National comme l’artisan de l’indépendance mais comme le parti de l’indépendance soutenu par l’ALN, Armée de Libération Nationale, branche armée du FLN pendant cette guerre militaire, diplomatique. De 1954 à 1962, l’État Français et son armée nommaient les indépendantistes « des terroristes » alors que pour les artisans de l’indépendance algérienne, chaque engagé indépendantiste qui mourait est un « moudjahid » ou « une moudjahida » qui ne sont pas des « combattants d’une guerre sainte » comme la terminologie occidentale a pu le faire croire depuis très longtemps mais qui composent simplement notre devoir d’Histoire. La mémoire encore vivante des Droits de l’Homme bafoués pendant cette guerre et la libération de l’Algérie fait partie de notre devoir d’Histoire, le combat des opprimés contre les oppresseurs et contre la torture dénoncée par Henri Alleg dans son ouvrage intitulé « La question » , censuré en France puis finalement publié grâce à l’action de Nils Andersson. Les « moudjahids » et « moudjahidas », selon la terminologie employée par des historiens algériens et par le peuple algérien, resteront à jamais les artisans de l’indépendance algérienne activement soutenue et concrétisée grâce à une synergie des actions avec le peuple algérien. Le titre éloquent, « La question » était un choix déterminant non pas pour évoquer uniquement le combat des Lumières contre la question qui était la torture appliquée aux opprimés par l’Inquisition sous couvert de l’Église, mais aussi pour dénoncer la torture exercée par l’armée française sur les colonisés. 

    Certains réfléchissent au sujet du début de la guerre d’Algérie, qui peut se situer au tout début de la colonisation, c’est-à-dire en 1830 afin de réhabiliter de manière constructive les actions essentielles, capitales, déterminantes et décisives de l’émir Abdelkader, Ben Badis, Messali, Ferhat Abbas, Aït Ahmed… Et tous ces anonymes Algériens morts pour l’indépendance… Car au lendemain de l’indépendance, c’est le clan de Oujda qui s’arrogeait le rôle principal de l’organisation de la résistance extérieur en vue de l’indépendance, et qui était dominé par des personnages historiques tels que Houari Boumediene, Abdelaziz Bouteflika etc… S’appropriant par la force le pouvoir de l’Algérie indépendante après avoir occulté sciemment les actions de la résistance interne de nombreux combattants algériens qui peinent à être reconnus aujourd’hui encore. 

    Vers un travail d’apaisement de l’histoire, entre l’Algérie et la France ?  

    Les relations diplomatiques franco-algériennes tendent vers un apaisement en vue de tisser et de développer des relations entre les deux pays dans un contexte économique en crise. On pourrait même évoquer une politique de collaboration entre les deux pays afin de développer leur économie respective. Les historiens des deux États s’accordent dans leur majorité à travailler ensemble pour poursuivre un travail constructif sur une période charnière de l’histoire de l’Algérie et de l’histoire de la France, même si des efforts restent à faire à ce sujet.

     

    Une énorme surprise nous attendait en 2017

    Lorsqu’Emmanuel Macron candidat à l'élection présidentielle déclarait à Alger que « la colonisation était un crime contre l’humanité », deux questions se posent va-t-il confirmer ses propos et que va-t-il décider quand au maintien du 19 mars 1962 jour du cessez-le-feu en Algérie - comme journée nationale du souvenir «des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie" 

    Cependant il semblait presque s’excuser quelques jours plus tard lorsqu’il prononçait ce discours… et de nouvelles surprises ne sont peut-être pas à écarter… L’avenir nous le dira. 

     

     


     


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    Henri Pouillot précise que la réponse à la lettre

    ouverte envoyée au président de la République

    est inquiétante...

     

    Nous avons reçu une réponse signée du chef de cabinet de la Présidence de la République datée du 16 octobre, postée le 18 et parvenue le 20 octobre.

    "Malgré toute l'attention portée à votre demande d'audience, je dois vous indiquer qu'il n'est pas possible d'y répondre favorablement.

    Soyez néanmoins assuré qu'il a été pris attentivement connaissance de vos préoccupations et de vos propositions concernant les évènements survenus le 17 octobre 1961 à Paris."

    Cette réponse laconique est inquiétante, en retrait avec la position du précédent Président de la République qui avait estimé que "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes."

    Pour le nouveau Président, il ne s'agit plus que "d'évènements" : on retrouve les termes autrefois employés, niant ainsi le caractère de cette Guerre de Libération de l'Algérie. 

     

    17 Octobre 1961 – 17 Octobre 2017 :

    56ème anniversaire

    Vérité et justice

     17 Octobre 1961 – 17 Octobre 2017 : 56ème anniversaire Vérité et justice

     

    Une lettre ouverte a été envoyée

     au Président de la République

     

    ·  Lettre ouverte : 

    Objet : Reconnaissance du crime d'Etat                                    

     

    Monsieur le Président

    Le 15 février 2017, à la chaîne privée Echorouk News , en Algérie, vous déclariez : "La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie…."

    Le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : "De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire…" Nous pensons donc, qu'à l'occasion de ce 56ème anniversaire du crime d'état commis en plein Paris, vous pourriez (devriez?) ainsi concrétiser cet engagement.

    Nous sollicitons de votre bienveillance une audience pour connaitre votre position précise à ce sujet, afin de pouvoir en rendre compte lors du rassemblement prévu le 17 octobre 2017 au Pont Saint Michel à Paris.

    Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre haute considération.

    Pour le "Collectif du 17 octobre 1961" : Olivier Le Cour Grandmaison (17 Octobre contre l'Oubli), Samia Messaoudi, Mehdi Lallaoui (Au nom de la Mémoire), M'Hamed Kaki (Les Oranges), Gilles Manceron (Historien, LDH – Ligue des Droits de l'Homme), Renée Le Mignot (MRAP – Mouvement Contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), Henri Pouillot (Sortir du Colonialisme)

    Appel :

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient  pacifiquement  à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur  avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le Gouvernement de l'époque. Ils défendaient  leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la "force de police auxiliaire" -  ou, pour nombre  d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

    56 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas  reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en  particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et  d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17  octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République avait certes fait un premier pas important, en déclarant : "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes." Mais le terme de crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n'est pas clairement définie.

    Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler  des "bienfaits de la colonisation", à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à "honorer" les criminels de l'OAS.

    Lors de ce rassemblement, une nouvelle plaque sera symboliquement apposée avec l’inscription suivante: “ A la mémoire des centaines d’Algériens tués lors des manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 par des policiers agissant sous l’autorité du préfet Maurice Papon. Reconnaissance de ce crime d’Etat. 

    Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises : 

    • Que la création d'un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l'Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France
    • Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont  besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues de l'autre rive de  la Méditerranée.
    • La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme à Béziers avec le Maire Robert Ménard, et au sein de l'ancienne majorité présidentielle veulent la réhabiliter.

    Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l'islamophobie dont sont  victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des  anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières. 

    On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d'un demi-siècle, il est temps  : 

    • Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'état.
    • que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire, pendant la Guerre d'Algérie, d'Algériens dans des camps.
    • que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et  citoyens.
    • que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un  cadre franco-algérien, international et indépendant.

    A l'occasion de ce 56ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

    Rassemblement le 17 Octobre 2017 à 18heures au Pont Saint Michel à PARIS

    Signataires au 10 octobre 2017

    Associations :
    4 ACG
    (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), 17 octobre 61 contre l’oubli, 93 au cœur de la République, Amis de l’Algérie Rennes, ACDA (Association pour le changement et la démocratie en Algérie), Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDES), AFASPA (Association française de solidarité avec les peuples d’Afrique), Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), APCV (Associaion de promotion des cultures et du voyage), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association culturelle Les Oranges, ACCA (Association contre le colonialisme aujourd’hui), Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS), Au nom de la Mémoire, ARAC (Association républicaine des anciens combattants), Comité Vérité et Justice pour Charonne, CDISCOM (Collectif de défense de l’intégrité et de la souveraineté des Comores), C-O10MAI (Comité d’organisation du 10 mai), CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), FNACA de Paris (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), Fondation Frantz Fanon, FARR (Franco Algériens Républicains Rassemblés), Harkis et droits de l’Homme, LDH (Ligue des droits de l’Homme), MIR (Mouvement international pour les réparations), MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Le Paria, Sortir du Colonialisme, Union Juive Française pour la Paix (UJFP)

    Organisations Syndicales :
    CNT
    , SNES (Syndicat national des enseignants du second degré), Union syndicale Solidaires, URIF-CGT (Union régionale Ile-de-France de la CGT)

    Partis politiques :
    Alternative libertaire
    , Ecologie sociale, Ensemble !, Mouvement du 1er juillet (M1717), NPA (Nouveau parti anticapitaliste), PCF (Parti communiste français), PCOF (Parti communiste des ouvriers de France), PG (Parti de Gauche)
     


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    Guerre d’Algérie : « D'une main l'écriture, de l'autre la torture »

    Slimane Zeghidour © Pierre Hybre - Myop

     

    Dans «Sors, la route t’attend», Slimane Zeghidour, né en 1953, parle de son enfance kabyle en Algérie, qui se confond avec la guerre d’indépendance. L’auteur, rédacteur en chef à TV5 Monde, a rédigé un livre-enquête où il décrit le conflit, analyse les liens complexes entre la France et son ancienne colonie. Tout en évoquant avec humour et sensibilité la vie très pauvre de sa famille. Interview.

     

     «Sors, la route t’attend. Mon village en Kabylie», Slimane Zeghidour, Les Arènes © DR

     

    A la lecture de votre livre, on est frappé par le gigantesque fossé qui séparait la population du djebel et la population européenne en Algérie au moment de la guerre. A tel point que vous écrivez: «La guerre d’indépendance nous a fait rencontrer les Français».

    Arrivés en Algérie en 1830, les Français sont venus une première fois dans le djebel kabyle en 1853 pour le «pacifier», selon le jargon courant. Histoire de dire: «Les nouveaux maîtres, c’est nous!» Ils ont commis quelques massacres qu’ils ont racontés eux-mêmes à titre édifiant et sont repartis. Ils se sont alors installés sur le littoral en accaparant les plaines fertiles. Et ils ne sont revenus qu’un siècle plus tard, à un an près, quand la guerre d’indépendance a éclaté.

    Véhicules militaires français près de l'école de M'Chounèche (nord-est), le 11 novembre 1954, dix jours après la «Toussaint rouge», marquée par une série d'attentats. Cet évènement est considérée comme le début de la guerre d'Algérie.  © AFP


    Pour les combattants du FLN, la montagne kabyle était une région idéale. Elle restait isolée et enclavée. Par conséquent, les indépendantistes évoluaient dans le djebel comme des poissons dans l’eau.
    Les Français ont alors décidé d’y revenir, contraints et forcés. Ils ont évacué en masse deux millions et demi de fellahs du djebel, soit la moitié de la paysannerie, pour les installer dans des
    camps dits de «regroupement». A cela deux mobiles: priver le FLN de nourriture et d’un bled-refuge; franciser ces populations trop négligées, les intégrer au pas de charge à la France dans l’espoir d’exorciser le spectre d’un Etat algérien. Il s’agissait de rattraper le temps perdu. Paris a alors investi des sommes colossales à la fois pour la guerre et des projets de modernisation. A titre d’exemple, on a envoyé 500.000 hommes du contingent pour 8 millions d’Algériens. Tellement la volonté de garder l’Algérie était primordiale.
    C’est finalement «grâce» à cet arrachement manu militari que ma génération a pu rencontrer, face-à-face et pour la première fois depuis un siècle, des Français, non point dans nos villages mais dans «leurs» camps bâtis pour nous y confiner. Ils étaient en uniforme. Tous des soldats, même les instituteurs et les infirmiers, dont je garde un souvenir ému! Quoi qu’il en soit, ce conflit a transformé nos vies. Y compris en bien! A titre personnel, j’ai ainsi pu être sauvé de la tuberculose. Et j’ai pu aller à l’école.

    Vous résumez cette présence militaire avec cette formule lapidaire: «D’une main la torture, de l’autre l’écriture (…), le pire et le meilleur de la France». C’est un peu schizophrène, non?

    Tout cela montre l’ambivalence de la situation. D’un côté, les soldats s’occupaient de nous, nous soignaient et nous faisaient l’école dans ces camps de regroupement. De l’autre, à quelques kilomètres de là, leurs hélicoptères tiraient sur nos pères, nos frères, nos oncles, nos cousins.
    Les militaires se battaient pour que l’Algérie reste française. Quoique implacable, émaillée d’atrocités sans nom, ce n’était pas une guerre d’extermination. A Paris, on avait compris que l’Algérie de papa, c’était terminé et qu’il fallait donner la citoyenneté française aux musulmans. C’était là toute l
    ’action d’un Jacques Soustelle, nommé gouverneur général en 1955. Pour lui, les Français devaient dépasser leurs égoïsmes en Algérie et mettre fin aux injustices. Et les pieds-noirs devaient dépasser leurs préjugés raciaux. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Soustelle avait prévu la présence de 10% de musulmans dans l’administration.

    Deux enfants algériens, pieds nus, regardent un panneau de signalisation «Attention Ecole» dans le sud algérien en 1951. © Henri ELWING / INTERCONTINENTALE / AFP


    Cela aurait-il pu marcher?

    C’était, hélas, trop tard. Il y avait trop de gens à intégrer dans la citoyenneté française. Et le décalage économique et éducatif était trop profond. Et il y avait eu, surtout, trop de sang versé.

    Que pensez-vous des pieds-noirs?

    C’était des cousins avec lesquels on aurait pu avoir tout en partage. Leur départ a été un drame pour tous. Il faut savoir que 60% des Français d’Algérie n’étaient pas Français à l’origine. Ils étaient Espagnols, Maltais, Siciliens, avec sans doute du sang arabe dans les veines. Ils étaient hyper-catholiques, machos. Leurs ancêtres n’avaient pas connu les Lumières et la Révolution. Ils appartenaient souvent aux couches les plus modestes de la société.
    Leur seul privilège, c’était un privilège racial par rapport aux Algériens. Le moindre cordonnier «européen» se sentait supérieur à un professeur d’université «musulman».
    Ils se sont radicalisés avec les attentats du FLN qui les visaient en priorité. On a alors failli assister à une guerre civile entre Français. Des avions français ont ainsi lancé des raids sur des habitations françaises de Bab el-Oued. Et avec l’aval de Paris, on a vu ponctuellement des militaires pactiser avec les fellaghas pour lutter contre l’OAS. 
    Les ultras parmi les pieds-noirs se sont accrochés à un privilège chimérique qu’ils ont perdu. Ils ont perdu leur pays. Et l’Algérie a perdu avec eux ce qui aurait pu devenir un inestimable capital humain.

    Des parachutistes français en patrouille dans le massif de l'Aurès, ont arrêté une caravane et interrogent les paysans algériens, le 12 novembre 1954, dix jours après la série d'attentats qui a marqué le début de la guerre d'indépencance algérienne. © Pierre Bonnin / INTERCONTINENTALE / AFP


    Vous évoquez les camps mis en place par les Français pour regrouper les fellahs, et l’exode rural qui s’en est suivi. Quelles ont été les conséquences de ce «tsunami démographique» qui a touché «un Algérien sur deux»? Et pourquoi y a-t-il un «tabou absolu» sur cette question, tant côté français qu’algérien?

    En France, l’idée de «camp» choquait car elle rappelait trop les camps de concentration nazis. Maurice Papon, alors inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire pour la région de l'Est algérien, avait ainsi demandé qu’on emploie le terme de «centre de regroupement». Une situation dénoncée par le rapport d’un jeune énarque, un certain Michel Rocard. C’est aussi un tabou en Algérie, car après la guerre, le pouvoir algérien n’a rien fait pour ramener les gens dans leurs villages. Il n’y a installé ni l’eau ni l’électricité.
    Au final, ce «tsunami démographique» a détruit les campagnes. Il a pratiquement tué l’agriculture algérienne. Conséquence: aujourd’hui, 80% de la nourriture du pays doivent être importés… de France, pour l’essentiel.

    En 2013, vous êtes retourné dans votre djebel. Vous avez vu «partout une impression d’inachevé». Et vous évoquez «la nature du pouvoir (algérien), qui n’est rien d’autre qu’une intériorisation du dédain colonial». Vous ajoutez: «Rien n’aura été épargné par l’incurie, le népotisme»…

     

    Je maintiens ces propos. A cela, j’ai deux réponses. La première, c’est qu’en Algérie, nous avons été dominés successivement par la violence de l’occupant turc (1515-1830) puis celle des Français. Au cours des derniers siècles, la violence a ainsi été le seul mode de régulation des rapports sociaux.
    La seconde réponse, c’est qu’à l’indépendance, le pouvoir algérien a, de façon inconsciente, adopté l’attitude d’un pouvoir extérieur, lequel ne perçoit le peuple qu’avec méfiance. A son corps défendant, la jeune administration a intériorisé le dédain colonial. Dans un Etat démocratique, le principe est de prévoir et d’assister: prévoir les services à apporter aux citoyens, les assister quand c’est nécessaire. En Algérie, il s’agit de surveiller et de punir. On a ainsi intériorisé les schémas coloniaux: la défiance, au mieux la carotte, sinon le bâton.

    Et comment voyez-vous l’avenir?

     

    Ce pays a une identité, un drapeau, une place sur la scène internationale. Mais il a aussi des problèmes colossaux. Vous savez, quand on demande aux Russes aujourd'hui si ce n’était pas mieux à l'époque soviétique, ils répondent avec leur humour: «Avant, c’était pire. Aujourd’hui, ce n’est pas mieux!» Alors demain…

    SOURCE  : http://geopolis.francetvinfo.fr/guerre-d-algerie-d-une-main-l-ecriture-de-l-autre-la-torture-155969

     

     

     


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    Sous le titre : « Aucun groupuscule n’a le droit de se revendiquer de l’OAS ! » un revanchard extrémiste fait l’apologie de l’OAS, cette organisation terroriste et criminelle, responsable de 2700 victimes en Algérie et en France… si vous avez le courage de lire son torchon puant sa haine éternelle, alors cliquez sur le lien ci-dessous, quant à moi et en réponse à ce torchon, je vous rappelle cet article se terminant pas une remarquable vidéo concernant une inauguration d’une stèle à la mémoire des victimes de l’OAS, inauguration à laquelle j’ai eu l’honneur d’être invité et qui restera, pour moi, le plus émouvant de mes souvenirs…

    Michel Dandelot

    Sous le titre : « Aucun groupuscule n’a le droit de se revendiquer de l’OAS ! » un revanchard extrémiste fait l’apologie de l’OAS

    Voici le lien d’un torchon à jeter dans la poubelle de l’Histoire…

    Sous le titre : « Aucun groupuscule n’a le droit de se revendiquer de l’OAS ! » un revanchard extrémiste fait l’apologie de l’OAS

    http://magoturf.over-blog.com/2017/10/aucun-groupuscule-n-a-le-droit-de-se-revendiquer-de-l-oas.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail 

    Sous le titre : « Aucun groupuscule n’a le droit de se revendiquer de l’OAS ! » un revanchard extrémiste fait l’apologie de l’OAS

     

    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

    Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?

    Ohé! partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !

    Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes !

    Sous le titre : « Aucun groupuscule n’a le droit de se revendiquer de l’OAS ! » un revanchard extrémiste fait l’apologie de l’OAS

    Le Chœur de l'Armée française interprète le Chant des Partisans, à la mémoire des victimes du terrorisme, civiles et militaires… Les victimes d’aujourd’hui et d’hier, sans oublier les victimes de l’OAS.

     

    De quoi l'OAS est-elle le nom ? 

    L'ouvrage d'Alain Ruscio, "Nostalgérie", analyse le traumatisme suscité par la guerre d'Algérie et éclaire l'intensité des guerres mémorielles auxquelles elle donne lieu aujourd'hui. 

    Il aura suffi que le secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini, assistât, en 2015 en Algérie à la commémoration du massacre de Sétif, le 8 mai 1945, pour que se réveillent des voix que l'on croyait disparues. Les nostalgiques de la colonisation bougent encore. Comme en témoigne le livre d'Alain Ruscio, Nostalgérie, l'interminable histoire de l'OAS.  

    Plusieurs éléments expliquent cette situation. D'abord, il y a eu l'écriture fantasmatique d'une Algérie française heureuse, sentant bon le sable chaud nonobstant l'antagonisme entre une minorité - les pieds-noirs - et une majorité spoliée - ceux que l'on appelait alors les « musulmans », privés de toute citoyenneté réelle. Il faudra attendre le statut de 1947 pour que les « musulmans » (90 % de la population) puissent élire, dans une Assemblée algérienne, un nombre de représentants égal à celui des Européens (le reste). Cette assemblée fut en place jusqu'aux pouvoirs spéciaux votés en 1956. Résultat : sur cent trente-deux ans de présence française en Algérie, il y aura eu neuf ans durant lesquels on aura laissé quelques Algériens autochtones donner leur avis sur le devenir de leur pays. Comme l'écrit Ruscio : « Jamais le monde politique français - et encore moins le monde politique des Européens d'Algérie - n'a sérieusement envisagé une réforme politique qui aurait débouché sur l'égalité des habitants de l'Algérie. »  

    On imagine la violence du choc lors du processus qui devait conduire aux accords d'Evian de 1962, entérinant l'indépendance de l'Algérie. Pour y arriver, il fallut affronter le terrorisme européen né d'une collusion entre le petit peuple européen des villes, des militaires traumatisés par la perte de l'Indochine, des milieux d'extrême droite et des politiques en déshérence, dont certains avaient un glorieux passé de résistant et des liens encore étroits avec la mouvance gaulliste, y compris après le retour du Général en mai 1958.  

    Des plaies ouvertes...  

    C'est de cet ensemble disparate qu'est née l'Organisation de l'armée secrète (OAS) en 1961. Dirigée par le futur « quarteron de généraux en retraite », comme dira de Gaulle, elle avait aussi la sympathie de personnages qui siègent aujourd'hui sur les bancs de la « droite républicaine » et qui, à l'époque, étaient prêts à donner du coup de poing contre Marianne. L'un d'entre eux, informateur discret mais efficace, devait même être élu président de la République, son nom : Valéry Giscard d'Estaing.  

    Pour ne rien simplifier, l'OAS avait le soutien de l'immense majorité des Européens d'Algérie. Elle fit régner une terreur souvent nourrie de la terreur d'un FLN qui considérait que la fin (l'indépendance) justifiait tous les moyens. Au total, le bilan de l'OAS en Algérie et en métropole - où elle ira jusqu'à tenter d'assassiner de Gaulle - est impressionnant. La mise au jour de ses relais dans l'armée et au sein du pouvoir l'est tout autant, si l'on en juge par le nombre de cadres militaires qui furent soit radiés, soit passibles des tribunaux militaires.  

    C'est l'ampleur de ce traumatisme qui explique que la guerre d'Algérie soit un passé qui ne passe pas. Faute d'un bilan critique et lucide de cette période sombre, on a laissé des plaies ouvertes, au point de nourrir ce que Ruscio appelle « la rumination éternelle du passé colonial ». Pour les nostalgiques de l'OAS, c'est une forme de victoire idéologique posthume qu'ils ne méritent pourtant pas.  

    SOURCE : http://www.marianne.net/quoi-oas-est-elle-nom-100233983.html 

     


    Commentaire de Jean-François GAVOURY président

    de l’ANPROMEVO  (Association nationale

    pour la protection de la mémoire  des victimes

    de l’OAS) 


    Heureuse initiative que la publication de cet article qui rappelle l’assassinat, dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1961, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, première victime causée dans les rangs de l’État par l’OAS : l’OAS, "une organisation idéologiquement criminelle et dans ses actes barbare", pour reprendre les mots si justes prononcés par Bertrand Delanoë le 6 octobre 2011 au cimetière parisien du Père Lachaise.   

    Puisque l’article dont il est question émane de "Marianne" et que cet hebdomadaire a été créé par Jean-François Kahn, rappelons ce que ce journaliste écrivait dans l’édition du 20 juin 1980 du quotidien "Le Matin" à la suite de l’inauguration à Toulon d’une stèle monumentale dédiée à la gloire des "Martyrs de l’Algérie française" :   

    « Oui, il faut savoir oublier.   

    « Mais qui oublie ?   

    « Oublient-ils, ceux qui ne craignent pas d’élever un monument à la gloire de l’OAS ? Oublient-ils, ceux qui osent réhabiliter un tueur dont les victimes furent plus nombreuses que celles du bon M. Landru ?   

    « Oublient-ils, ceux qui, côté cour, exigent du pouvoir une répression toujours plus aveugle et, côté jardin, font l’éloge de l’assassin du commissaire de police Gavoury ?   

    « Oublient-ils, ceux qui cherchent à canoniser l’homme qui tenta, au Petit-Clamart, d’assassiner le général de Gaulle ?   

    « Mais de quel oubli parle-t-on exactement lorsque, le jour de l’anniversaire du 18 juin, de tristes sires s’en vont - ce qui est parfaitement leur droit - déposer des fleurs sur la tombe du maréchal Pétain et en profitent pour rendre hommage - ce qui n’est plus tout-à-fait leur droit - au fait qu’il a renversé la République et a instauré en France un régime fascisant ?   

    « Oublier, oui.   

    « Mais est-il possible d’oublier quand ils reviennent et sans avoir, eux, oublié ? ».   

    36 ans après, même constat d’une histoire et d’une mémoire bloquées !   

    J-F. Gavoury 

     

    Nous n'oublierons jamais 

    cette autre date historique : 

    6 octobre 2011 

     Inauguration de la première 

    stèle en France en hommage aux

    victimes de l'OAS 

     


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    Benjamin Stora, l'historien qui murmurait à l'oreille des présidents

    Ariane Bonzon — 20.10.2017  

    Le spécialiste de la guerre d'Algérie a eu largement ses entrées à l'Élysée depuis le début des années 1980. L'occasion pour lui d'affronter avec les différents chefs de l'État l'épineuse question de la repentance.

    François Hollande et Benjamin Stora en 2011 I PATRICK KOVARIK / AFP

    Une fois au moins déjà, le président Macron l’a fait venir pour le consulter. Quand il s’agit d’Algérie, le nom de Benjamin Stora s’impose. Le gamin juif de Constantine, l’ex-militant trotskiste, l’historien engagé et médiatique a l’oreille de la République, ainsi que celle de plusieurs hauts responsables algériens.

    «Stora fait beaucoup pour le rapprochement entre l’Algérie et la France, il parle avec les grands de ce monde mais il reste très discret», selon son ami, l’historien et ancien leader nationaliste algérien, Mohammed Harbi.

    La première fois que Benjamin Stora a franchi la porte de l’Élysée, c’était il y a plus de trente ans.

    La présidence Mitterrand (1981-95)

    En 1984, il milite encore à l’Organisation communiste internationaliste (OCI). François Mitterrand est Président de la république depuis trois ans, «il voulait nous convaincre, Cambadelis et moi, d’entrer au PS et d’y construire une tendance jeune. Mais à l’époque, on n’a pas du tout évoqué l’Algérie». 

    Avec Cambadelis (à dr.) I DR

    Par la suite, l’historien trentenaire rencontre «plusieurs fois» celui qu’on a souvent surnommé le «Sphynx»: «Durant deux tête-à-tête et un repas et nous avons longuement parlé du rôle que Mitterrand avait joué en Algérie.»

    Entre le 1er novembre 1954, jour du déclenchement de l’insurrection algérienne et le 21 mai 1957, jour de la chute du gouvernement socialiste de Guy Mollet, François Mitterrand occupe les portefeuilles de l’Intérieur et de la Justice. Homme d’ordre, il veut garder l’Algérie française et participe de la politique répressive qui se met en place.

    «Mitterrand cherchait à se justifier. Lorsque la guerre a éclaté, disait-il, le gouvernement français n’avait pas d’interlocuteur politique car les Algériens se divisaient entre eux et refusaient le cessez-le-feu pour négocier. Il disait aussi qu’il avait voulu procéder à des réformes politiques, muter des responsables pieds noirs de la police…»

    En vérité, le «Sphynx» a une idée derrière la tête. «Il savait que je savais plein de choses, et, avec le recul, je pense qu’il voulait me faire écrire sur lui et l’Algérie, comme il l’avait fait avec Pierre Pean pour Vichy.»

    Benjamin Stora mesurera bien plus tard la lourde responsabilité de François Mitterrand dans la condamnation à mort et l’exécution, en 1956-57, de plusieurs militants algériens dont il refuse la grâce.

    Stora et Mitterrand en 1992 I DR

    Ce que l'historien documente en 2010 dans François Mitterrand et la guerre d’Algérie, écrit avec le journaliste François Bayle. Les deux auteurs reprochent à l’ancien Président de la république «d'avoir accompagné, sans jamais le transgresser, un mouvement général d'acceptation du système colonial et de ses méthodes répressives», ce qui s’expliquerait aussi par le fait que l'ambitieux François Mitterrand, alors âgé de 40 ans, devait donner des gages aux durs du gouvernement s'il voulait durer.

    Pour ce qui est de la repentance, c’est pour le Président Mitterrand plus une affaire personnelle qu’une affaire d’État. N’a-t-il pas avoué à propos de cette période, plusieurs décennies plus tard, à Robert Badinter: «J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là»?  

    La présidence Chirac (1995-2007)

    Comme lui, son successeur à l’Élysée possède une histoire personnelle mais très différente avec l’Algérie. Appelé en 1956, alors qu’il est jeune énarque, le sous-lieutenant Chirac est envoyé à la frontière marocaine. Démobilisé, devenu très «Algérie française», il aurait même souhaité rempiler.

    «Chirac a eu plusieurs mérites: celui de lever en 1995 le couvercle sur la rafle du Vel d’hiv [il admet la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs suite à cette rafle du 16 juillet 1942] et sur l’esclavage [instauration de la journée de la commémoration de l’esclavage le 10 mai]. Et il a poussé à la réconciliation algérienne en instituant une année de l’Algérie en France en 2003», juge Benjamin Stora.

    Perçu comme un ami des Arabes et un soutien de la cause palestinienne, Jacques Chirac conduit en Algérie en 2003 une visite d’État apparemment très réussie aux côtés de son homologue algérien. Acclamé, il prononce un discours qualifié d’ «historique» au Parlement d’Alger. «Certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations» dit-il. La perspective d’un traité d’amitié franco-algérien se dessine.

    Chirac et Bouteflika en 2004 I HOCINE ZAOURAR / AFP

    Mais l’élan est coupé net en 2005 en raison de l'adoption par la France d'une loi “portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés”. L’un des articles de ce texte mentionne le "rôle positif" de la colonisation qu’on enseignera à l’école. Une pétition circule réclamant l’abrogation d’urgence de cette loi. Benjamin Stora est l’un signataires du texte, initié par les historiens de l’Algérie, Claude Liauzu et Gilbert Meynier.

    Dans ses mémoires, citées par l’historien Guy Pervillé, Jacques Chirac raconte que le gouvernement algérien souhaitait que la France inscrive noir sur blanc dans le préambule du traité d’amitié franco-algérien en préparation ses regrets pour «les torts portés à l’Algérie durant la période coloniale». «Ce qu’exigent de nous les autorités d’Alger n’est rien d’autre que la reconnaissance officielle d’une culpabilité. Je ne l’ai naturellement pas accepté», conclut le président français. 

    À défaut d’un lien direct avec le Président Chirac, Benjamin Stora rencontre et échange avec Hubert Colin de Verdière, l’ambassadeur de France en poste à Alger. En 2005, ce dernier prononce à Sétif un discours pour condamner la répression policière des violentes émeutes qui avaient éclaté dans la ville et conduit à la mort de plusieurs milliers personnes le 8 mai 1945.


    Benjamin Stora s’est également entretenu avec Bernard Barjolet, l’ambassadeur qui succède à Hubert Colin de Verdière. Arabophone, par la suite nommé 
    directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), «Barjolet me dit qu’il souhaite s’inscrire dans la continuité du discours de Sétif et c’est ce qu’il fera en 2008 lors d’une visite à Guelma».  

    La présidence Sarkozy (2007-12)

    Passage à vide avec l'élection du successeur de Jacques Chirac. A la satisfaction de l’extrême droite qui avait dénoncé le «parachutage» d’un historien qu’elle accuse de «donne[r] le “la” et fai[re] la loi en matière d’historiographie», Benjamin Stora se voit ôter son émission consacrée au Maghreb, sur France culture. Il perd également son cours à Sciences po. 

    En 2007, Nicolas Sarkozy est le premier chef d’État français à prononcer le mot de repentance pour le récuser publiquement aussitôt. Mais à Constantine, en décembre de la même année, il prononce un discours dans lequel il reconnaît l’injustice du système colonial tout en se refusant à différencier ou à hiérarchises les victimes. 

    Sarkozy à Constantine I ERIC FEFERBERG / AFP

    «C’était un discours intéressant», juge Benjamin Stora qui a rencontré Henri Guaino, le conseiller de Nicolas Sarkozy, «une fois de façon informelle, après le discours de Constantine». L'occasion de comprendre qu'avec ce discours en tout cas, «Sarkozy s’inscrivait dans la continuité de ce qu’avait fait Chirac en 2006, lorsqu’il avait condamné les crimes coloniaux commis à Madagascar et la répression de l’insurrection malgache de 1947- 1948.» 

    Si ce troisième président ignore Benjamin Stora, ce ne sera pas le cas de son successeur. Tout au contraire.

    La présidence Hollande (2012-17)

    Très proche de François Hollande depuis avant même le début officielle de la campagne électorale, Benjamin Stora organise la venue du candidat au pont de Clichy pour y lancer une rose en hommage aux Algériens qui avaient été jetés à la Seine par la police le 17 octobre 1961.

    «Il faut que la vérité soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particulière», déclare le dirigeant socialiste.

    Et à peine élu président de la république en 2012, il fait effectivement reconnaitre officiellement la date du 17 octobre 1961.

    Stora et Hollande se sont rencontrés en 2006. Le dirigeant du Parti socialiste souhaitait faire une visite officielle en Algérie et que Benjamin Stora –dont c’est le pays d’enfance– l’accompagne.  

    S’ensuit un long compagnonnage avec le dirigeant socialiste puis président de la République. Je n’ai aucun statut, aucun bureau» dit en 2012 Benjamin Stora dans un article de Paris Match intitulé Benjamin Stora, l’historien du Président. Mais il confirme ses échanges réguliers avec le président : «des conversations informelles, en tête à tête ou avec Paul Jean-Ortiz, son conseiller diplomatique, pour évoquer des questions d’histoire ou de politique internationale». 

    Francois Hollande et Benjamin Stora (à dr.) en 2011 I PATRICK KOVARIK / AFP

    Le discours que prononce François Hollande devant le Parlement algérien en décembre 2012 fait date. Il porte la marque «Stora» dans la mesure où il révoque le «système profondément injuste et brutal» de la colonisation, mais suggère que la «vérité, elle doit être dite aussi sur les circonstances dans lesquelles l’Algérie s’est délivrée du système colonial».

    «La paix des mémoires à laquelle j’aspire repose sur la reconnaissance et la divulgation de l’histoire», conclut François Hollande.

     En 2014, François Hollande, avec Manuel Valls, nomme l’historien de l’immigration, à la présidence du Musée de... l’immigration. 

    Seule anicroche à cette relation de confiance mutuelle lorsque suite aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le chef de l'État veut étendre la possibilité de déchéance de nationalité à tous les binationaux. «Je me suis senti mal par le fait qu’il puisse ne serait-ce qu’envisager cette distinction entre Français», reconnaît Benjamin Stora. 

    La présidence Macron (2017-)

    En février 2017, en plein campagne électorale, le candidat Macron se rend en Algérie. Interviewé par la télévision algérienne, il qualifie la colonisation de «crime contre l’humanité» que «nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses». Tout en précisant ensuite ne pas vouloir qu’ «on tombe […] dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien».

    Tollé à droite et à l’extrême droite. Nombre de rapatriés dont les familles étaient parfois installées depuis plusieurs générations en Algérie et qui ont dû fuir le pays lors de l’indépendance en 1962 perçoivent ce discours comme une accusation.

    «Est-il à ce point ignorant de la guerre d’Algérie pour dire une énormité pareille. Sur ce sujet, comme toute la classe politique, Macron pratique l’autoflagellation et le mea culpa. Et grâce à cela, le gouvernement algérien joue sur du velours!», s’exclame le maire de Beziers, lui-même fils de pied noir, Robert Ménard. 

    Macron à Alger en février 2017 I STRINGER / AFP

    «Il a parlé comme un candidat à la présidence de la République algérienne et non en candidat à la présidence de la République française», selon l’historien Guy Pervillé qui publie sur son site une longue réponse à Emmanuel Macron.

    «Je n’aurais pas conseillé à Macron de dire cela comme cela», commente sobrement Benjamin Stora quelques jours plus tard, alors qu’il assiste dans un cinéma du Quartier latin à la première d’Islam pour mémoire, un film hommage à son ami décédé, Abdelwahab Meddeb, poëte et intellectuel franco-tunisien avec lequel il a écrit une Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours.

    Deux jours après ses propos si contestés, Emmanuel Macron y revient pour le Figaro : «Cela ne veut pas dire que celles et ceux qui vivaient en Algérie servant sous le drapeau français étaient des criminels contre l’humanité car le seul responsable, c’est l'État français», précise-t-il. «Nous devons réconcilier des mémoires fracturées», ajoutant «Je ne suis ni dans la repentance ni dans le refoulé». 

    PHOTO LA GANGRENE ET L’OUBLI

    Depuis son élection le nouveau président a rencontré une seule fois Benjamin Stora dont il a vanté les travaux publiquement. Car l’historien est le premier à avoir étudié, dès 1991, dans son ouvrage La Gangrène et l’oubli, le rapport à la mémoire de la guerre d’Algérie puis comment celle-ci s’est instillée dans la société française jusqu’à en façonner le paysage politique.  

    «Macron n’a pas de tabous, il n’est pas prisonnier d’une clientèle électorale, il est d’une génération à laquelle ne viendrait pas l’idée de défendre l’esclavage ou la colonisation. Laissons lui un peu de temps avant de le juger», prône Benjamin Stora qui se déclare en faveur non pas «d’une repentance mais d’une reconnaissance de toutes les mémoires»:

    «Il faut une réconciliation des mémoires mais pas à n’importe quel prix. Il faut dire que le système colonial était condamnable.»

    Ce qu’une partie de la droite et l’extrême droite refuse. «Car c’est constitutif de leur mémoire historique. Et c’est bien parce que je connais cette histoire de l’intérieur mais que je ne cautionne pas leur récit d’une Algérie française heureuse que je suis devenue la bête noire de l’extrême droite, explique l’historien. Ajouté à cela, faut bien le dire, l’antisémitisme de certains militants à mon égard.»

    Ce mardi 17 octobre 2017, tandis que certains commémoraient la mort, il y a 56 ans, de quelques 400 algériens venus manifester à Paris , on apprenait l’arrestation de dix militants d’extrême droite qui préparaient un attentat contre des hommes politiques. Ils avaient donné à leur projet terroriste le nom de code d’OAS (Organisation de l’armée secrète, fondée en 1961 pour garder l’Algérie française). Un de ces télescopages entre l’Histoire et l’actualité que Benjamin Stora n’a cessé de voir et de dénoncer.

    Ariane Bonzon 
    Journaliste

    SOURCE : http://www.slate.fr/story/152498/stora-elysee-question-delicate-repentance-stora 

     


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    Soixante-douze heures ont passé depuis la commémoration du 17 octobre 1961, la première de l’ère Macron. Il y a cinq ans, au même moment de son mandat, le président Hollande avait rendu hommage à la mémoire des manifestants algériens tués à Paris. Un geste fort, puisque c’était la première fois qu’un président français reconnaissait que des Algériens avaient été victimes de la répression policière.

    Un geste fort mais quand même insuffisant… 

    « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression, avait indiqué le président de la République il y a cinq ans. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » 

    En campagne, et alors qu’il visait l’Elysée, Emmanuel Macron avait, lui, promis des « des actes forts sur cette période de notre histoire. » De passage en Algérie, il avait déjà fait un premier pas en admettant que la colonisation française était un « crime contre l’humanité », puis faisait un pas en arrière sous la pression de la droite et de l’extrême droite notamment. 

    Si François Hollande avait fait un premier pas en 2011, Emmanuel Macron sera, de son côté, resté bien silencieux. Alors qu’on attendait un message de la part du président français… rien ! Le président de la République En Marche n’a pas dénoncé le « crime » commis par l’Etat français, pas plus qu’il n’a dénoncé la « répression sanglante. »

    L’Elysée a quand même laissé comprendre qu’il y aurait bien des « actes forts » mais pas maintenant et pas dans la précipitation ». Alors nous y serons attentifs… et attendant nous continuerons à rendre hommage à nos amis algériens assassinés par la police de Papon, de Gaulle et en définitive de la France coloniale le 17 octobre 1961…et nous avons une pensée pour toutes ces femmes algériennes qui ont manifesté trois jours après le 20 octobre 1961, une date encore plus occultée que celle du 17 octobre 1961 :

    « On nous avait pas

     tout dit » 

    La manifestation des femmes algériennes

     du 20 octobre 1961

    56 ans après le massacre de dizaines d’Algériens lors d’une manifestation pacifique à l’appel du FLN au soir du 17 octobre 1961 dans les rue de Paris, cette tragédie qui fait partie de notre histoire, n’est toujours pas reconnue officiellement par l’État français. 

    Les massacres du 17 octobre n’ont pas altéré la détermination de la femme algérienne. Le 20 octobre, elles ont réinvesti les rues de Paris. 

    Mais il est tout autant occulté par l’État algérien. De plus, si la manifestation du 17 octobre 1961 est relativement reconnu, la manifestation de femmes algériennes qui a  eu lieu le 20 octobre et qui a été également réprimée, est elle, complètement occultée. En Algérie, elle pâtit d’un double silence : silence sur le rôle des immigrés algériens en France, pourtant centrale dans la victoire pour l’indépendance, et silence sur le rôle des femmes et leur engagement. 

    Pour commémorer ce drame, nous avons choisi de donner la parole à une militante algérienne de l’indépendance algérienne de la première heure, Salima Sahraoui-Bouaziz qui publie aujourd’hui un article dans le journal algérien EL-WATAN.

    Salima Sahraoui, engagée de la première heure pour l’indépendance de l’Algérie, athlète de haut niveau est aussi une féministe. 

    Hélène Zanier 

     

    « C’est aujourd’hui dans le feu de l’action et coude à coude

    avec nos frères, que nous devons arracher notre indépendance

    et mériter notre place de citoyennes dans l’Algérie que nous

    aurons contribué à édifier. » 

    Cet  appel de la section féminine de la Fédération de France du FLN à la participation des femmes à la manifestation du 20 octobre 1961, exclusivement féminine mais en complément de la grande manifestation du 17 Octobre, illustre, on ne peut mieux, le rôle des femmes de l’émigration en France dans le soutien  au combat émancipateur de l’Algérie.  Un rôle qu’elles ont accompli avec détermination, en toute discrétion, mais combien méconnu. Tout comme sont méconnues leurs manifestations du 20 octobre 1961, puis du 9 novembre 1961. Une méconnaissance voulue et organisée en Algérie même, à l’instar de celle qui entoure la manifestation du 17 Octobre 1961, impulsées par la Fédération de France du FLN. 

    Bien qu’ayant participé, nombreuses, à la manifestation du 17 Octobre 1961, les femmes, accompagnées de leurs enfants, sont à nouveau sorties dans les rues de Paris le 20 octobre. Pour quelles raisons cette seconde manifestation est-elle peu connue ?
    Les deux manifestations ont été organisées par le Comité fédéral (de la Fédération de France du FLN 1954/1962), en accord avec la direction de la révolution (GPRA), en riposte aux décisions du préfet de police de Paris, Maurice Papon, d’instaurer un couvre-feu visant uniquement les Algériens à qui il était interdit de sortir entre 20h et 5h30 ; les bars et les restaurants tenus par les nôtres devaient fermer à 19h et même la circulation des «Français musulmans» à pied ou en voiture était restreinte et soumise à une surveillance spéciale des policiers.
     

    En réaction à ces mesures discriminatoires qui mettaient notre organisation en grave danger de paralysie, la plupart des réunions et missions s’effectuant la nuit, après la journée de travail, le Comité fédéral a conçu une puissante contre-offensive, d’autant plus puissante que les négociations piétinaient. Sa circulaire très détaillée, signée par le regretté Amar Laâdlani, responsable de l’organisation politico-administrative, ordonnait de combattre les mesures de Papon par une riposte en 3 phases. 

    Dans la première phase, les Algériens, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants,  devaient sortir en masse et pacifiquement dans les grandes artères de Paris, à l’heure du couvre-feu. Par mesure de sécurité, les cadres permanents de l’organisation et les militants recherchés étaient exclus de ces manifestations, parce qu’on prévoyait qu’il y aurait des arrestations et qu’il ne fallait pas prendre le risque de décapiter l’organisation. Rendez-vous a été fixé pour le 17 octobre 1961. Le lendemain était prévue la fermeture, pendant 24 heures, des commerces tenus par les Algériens. Cette première phase devait se conclure le troisième jour, soit le 20 octobre, par l’entrée en scène des femmes algériennes, seules, qui se rassembleraient dans Paris, devant la Préfecture de police, les mairies et les commissariats, avec des banderoles et les mots d’ordre suivants : «A bas le couvre-feu raciste» ; «Libération de nos époux et de nos enfants» ; «Négociez avec le GPRA» ; «Indépendance totale de l’Algérie». 

    Les femmes sont arrivées de partout aux points de ralliement, elles ont crié les slogans, affronté les matraques des policiers, continué à manifester dans les cars de police et les autobus réquisitionnés pour l’occasion, sous les yeux médusés des Parisiens qui les ont parfois soutenues en invectivant les policiers brutaux. L’occultation de la manifestation des femmes du 20 octobre ne s’est pas produite à ce moment-là. Les presses française et européenne ont rapporté abondamment et en détails le déroulement de cet évènement qui a stupéfié une opinion publique française, qui ignorait jusqu’à l’existence, aux portes de Paris, de toutes ces femmes qui clamaient enfin au grand jour leur lutte pour l’indépendance de leur pays.  

    L’organe de presse du FLN, El Moudjahid, a également publié plusieurs articles sur ces manifestations de femmes en France et leur avait rendu hommage. C’est à partir de l’indépendance que la participation des femmes, tant en Algérie qu’en France et en Europe, à la révolution a été occultée. Nos dirigeants, à l’occasion de dates anniversaires ou lors d’autres réceptions officielles, se dédouanent en mettant «en vedette» quelques moudjahidate anciennement médiatisées, qui n’étaient souvent pas d’accord pour ce rôle de  «l’arbre qui cache la forêt».

    Les moudjahidate et les moussebilate se sont comptées par milliers. En France aussi, les femmes, en majorité femmes au foyer, mais il y avait des ouvrières, des employées et des étudiantes, ne participaient pas aux réunions des militants qui ne leur parlaient pas beaucoup de leur activité, mais dans l’ensemble, elles savaient ce qui se passait et ont apporté une aide multiforme en toute discrétion, elles ont aidé même quand cela ne leur a pas été expressément signifié. 

    L’implacable répression de la manifestation du 17 Octobre n’a pas dissuadé les femmes de sortir le 20 octobre ?
    Absolument. Elles étaient en plein dans le bain depuis le 17 octobre. Il y avait une effervescence incroyable dans Paris, elles avaient elles aussi été bastonnées, violentées, certaines ont perdu la vie. Parmi les manifestants du 17 Octobre, il y a eu entre 10 000 et 12 000 arrestations, ils étaient tous parqués dans les stades et les gymnases, sans eau, ni nourriture, ni sanitaires, des centaines ont été expulsés vers l’Algérie, sans avoir eu le temps de rentrer chez eux pour prévenir et prendre quelques affaires,  des centaines d’autres ont disparu, des familles ont été séparées. C’est pourquoi, à l’appel pour la manifestation du 20 octobre, il a paru aux femmes tout à fait normal qu’elles sortent de nouveau et réclamer publiquement la libération de leurs proches et l’indépendance de leur pays.
     

    Quelques rares oppositions de maris à la participation de leurs épouses ont été vite réglées par l’intervention d’un militant. Il y a une autre date importante, celle du 9 novembre 1961, les femmes algériennes à Paris et en province ont manifesté pour la troisième fois. Elles se sont rendues devant les prisons où les détenus avaient commencé une grève de la faim pour protester contre les restrictions apportées par l’administration carcérale à leur statut de détenus politiques arraché de haute lutte quelque temps auparavant. Les manifestantes ont fait montre de leur détermination et de leur discipline, bravant les CRS, refusant de montrer leurs papiers, refusant de se faire raccompagner dans les cars de police, certaines rendant les coups quand elles étaient frappées. 

    A Lyon, un commissaire a dû «négocier» l’arrêt de la manifestation aux conditions fixées par les femmes responsables qui encadraient les autres.  Il faut bien savoir, que pendant notre guerre, le FLN avait une autorité incontestée. Ses directives étaient suivies «sans discussion ni murmure» et les militantes et les militants étaient tenus d’établir un rapport circonstancié de leur exécution,  adressé aux responsables du Comité fédéral. L’organisation en France, pour notre émigration, fonctionnait efficacement puisque dans les derniers temps, la quasi-totalité des émigrés étaient répertoriés et structurés. 

    Un grand travail d’éducation et d’information politique était effectué pour faire connaître la justesse de notre combat et les nobles projets pour l’édification d’une Algérie indépendante, où la justice serait la même pour tous. On étudiait et commentait les écrits de Fanon, la Charte de la Soummam qui, au sujet des femmes, explicite la nécessité de leur émancipation et de leur accès à la vie publique.

    Le 20 octobre 1961, que les femmes algériennes ont marqué avec éclat, ne doit pas faire oublier le militantisme au quotidien, avec ses multiples tâches, la résistance au quotidien face à l’appareil répressif colonial. Il faut le répéter, les femmes se sont massivement impliquées dans la défense de la cause nationale... Elles avaient, nous avions la certitude de la victoire. La certitude, parce nous y mettions le prix, que nous serions indépendants, mais que le pays serait ravagé par la guerre, que notre population durement éprouvée serait épuisée et qu’il fallait se préparer de toute ses forces à notre redressement.

     

     

    SOURCE : http://lesvertsbagnolet.over-blog.com/article-le-17-octobre-1961-et-la-manifestation-des-femmes-algeriennes-20-octobre-1961-86709925.html 


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    La France doit construire une histoire commune

    de la guerre d'Algérie

    Par Ariane Bonzon — 19.03.2016

     

    Tous les Français ne mettent pas la même chose derrière les mots «guerre d’Algérie», et ces mémoires pas totalement cicatrisées entretiennent une forme de régression française.

     

    Des enfants jouent avec une affiche dans les rues d'Alger le 19 mars 1962

    jour du cessez-le-feu.

    Lui, franco-algérien, enfant d’immigré qui a grandi dans les cités périphériques de Paris; vous, fils de pied-noir et conseiller municipal d'une ville du sud-est de la France; moi, «héritière du silence», fille d’appelé dans les Aurès en 1956. Trois générations, des millions de Français, portent désormais la mémoire de la guerre d'Algérie et de son extrême violence: les grands-parents qui l’ont vécue, les parents à qui elle a souvent été tue et les petits-enfants qui découvrent le retour de ce refoulé.

    Or, tous les Français ne mettent pas la même chose derrière les mots «guerre d’Algérie». Les mémoires d’Algérie sont multiples, contradictoires, rivales, des Mémoires dangereuses, selon le titre du dernier ouvrage de l’historien Benjamin Stora, lui-même issu d’une famille juive de Constantine qui a connu le traumatisme de l’exil en 1962, comme il le racontait fin février lors d’une conférence à la Fondation Jean-Jaurès, à Paris, en partenariat avec Slate.fr.

    Le lien à l’Algérie diffère selon qu’on soit harki, rapatrié, ancien soldat, immigré mais la plupart du temps, ces mémoires sont blessées, amères, faites de ressentiment et d’une volonté de revanche inavouée, que traduit encore la récente polémique lancée par Nicolas Sarkozy autour de la commémoration du 19 mars 1962. 

    Au fil des années, la mémoire coloniale de la guerre d’Algérie a imprégné l’imaginaire national, mais de façon différente. D’un côté, elle serait constitutive du racisme anti-arabe et anti-musulman du Front national. A l’opposé, elle aurait structuré la relation des enfants d’immigrés à la France.

    Socle idéologique de l'extrême droite

    Ces mémoires pas totalement cicatrisées entretiennent des formes excessives d’antagonisme. Elles poussent à la radicalité anti-maghrébine d’un côté, identitaire de l’autre.

    Benjamin Stora démontre comment l’Algérie coloniale constitue un socle idéologique sur lequel l’extrême droite s’est construite et continue de prospérer. Selon lui, le Front national n’est «pas seulement l’héritier spirituel des émeutiers de 1934 et de la collaboration de Vichy, il est aussi celui des factieux d’Algérie».

    La rhétorique du Front national puise ses racines dans l’imaginaire colonial. L’impossible assimilation des populations de culture ou de religion musulmane, la nécessaire mise en place de l’infériorisation juridique de l’immigré, la séparation, l’étanchéité entre nationaux et non nationaux et la volonté d’une préférence nationale: toute cette thématique du Front national était développée au temps de l’Algérie française. À l’époque se posait déjà la question de la compatibilité de l’islam avec la République française.

    Or, si Marine Le Pen a pris ses distances avec la tradition antisémite et fasciste de Vichy, elle s’inscrirait en revanche dans cette continuité coloniale algérienne. «La transformation du parti par sa fille (la dédiabolisation) ne porte que sur la part antisémite, pétainiste de l’imaginaire du parti de son père, part dont elle est sincèrement loin, mais le tournant de Marine ne va pas jusqu’à renier les profondes origines coloniales de l’idéologie frontiste», précise l’écrivain Alexis Jenni au cours du dialogue qu’il conduit avec Benjamin Stora en préface de Mémoires dangereuses.

    « Le tournant de Marine Le Pen ne va pas jusqu’à

    renier les profondes origines coloniales de l’idéologie

    frontiste »

    Alexis Jenni

    Cette obsession de la présence et de la dangerosité des Arabes (le «Grand remplacement»), la population européenne d’Algérie l’éprouvait déjà avec ce sentiment d’être assiégée. Ce terreau idéologique «colonial» serait même la spécificité du FN, dont l’imaginaire est fondé sur une autre histoire que celle que partagent les autres partis politiques français.

    Et d’ailleurs, pour définir l’état d’esprit du Front national, Benjamin Stora suggère d’utiliser le terme de «sudisme» car, comme aux Etats-Unis pendant la guerre de Sécession, la guerre (d’Algérie) a été perdue au sud, mais les sudistes français cherchent à instaurer une politique de discrimination au nord, à l’égard des immigrés et de leurs enfants.

    Indifférence apparente et lien passionnel

    A l’opposé du Front national, les familles franco-algériennes sont dépositaires de la mémoire de l’indépendance algérienne mais leur rapport à cette histoire a d’abord été ambivalent, selon Benjamin Stora –entre indifférence apparente et lien passionnel.

    D’abord parce que là aussi, la parole des pères a pu être rare («Il faut bien continuer à vivre après une période terrible»), préférant du même coup passer sous silence les règlements de compte au sein de l’immigration entre partisans du MNA de Messali Hadj et partisans du FLN, qui prendra le pouvoir à l'indépendance.

    Il y eut, chez les enfants, «un flottement de la mémoire entre les deux pays», écrit l’historien. Puis la mémoire s’est réveillée, au moment de ce que l’on a appelé la «Marche des beurs» en 1983.

    Ceux-ci demandaient à la France à la fois justice, égalité et un statut de citoyen à part entière, tout en respectant et reconnaissant comme légitime le combat des pères contre la France pour l’indépendance de l’Algérie. Toute la difficulté étant de porter ces deux histoires différentes à laquelle les renvoyait, déjà, le Front national:

    «Je voudrai dire à un certain nombre de beurs arrogants, s’exclame Jean-Marie Le Pen dans un meeting en 1988, que certains des leurs sont morts pour leur donner une patrie, et non pas pour qu’ils viennent dans la nôtre.»

    Mais voulant sortir du ghetto social et culturel, cette génération, celle des enfants, refuse alors le communautarisme. Or, la relégation d’une grande partie des populations d’origine algérienne dans les «banlieues», à la périphérie, produit le contraire, elle rejoue quelque chose des processus de ségrégation sociale et ethnique du temps des colonies. Ce qui a logiquement conduit, note Alexi Jenni, à des «séparations et à des sécessions». 

    En se réislamisant, les petits-fils se réapproprient leur histoire par le biais de la religion plutôt que de la nationalité. Souvent stigmatisés par le reste de la société française, ils se construisent un projet de vie, une différence, une radicalité identitaire afin de retrouver une fierté. Ne rien céder sur le port du voile, par exemple, c’est une sorte de revanche alors que le colonisateur français cherchait à dévoiler les Algériennes.

    En décrivant le rapport à la violence pour parvenir à ses fins, la montée des extrêmes identitaires et la question de la place de l’islam par rapport à la République, Benjamin Stora démontre qu’il se rejoue aujourd’hui quelque chose de la guerre d’Algérie, sans que nous en ayons toujours conscience.

    Ce sont ces mémoires antagonistes qui nous ont empêchés de construire une histoire commune. Résultat: rien de plus facile que d’entretenir la guerre des mémoires, la guerre civique, la haine de l’autre, la montée en puissance des idéologues du petit écran, puisqu’il n’y a pas de contrefeux. C’est de ne pas avoir su s’entendre sur un récit commun de la guerre d’Algérie qui rend possible cette régression française.

    Il faut «agrandir l’histoire de France», suggère joliment l’écrivain Alexis Jenni, signifiant par là qu’on ne peut plus rester dans un «récit étroit impérial» et que l’histoire des Maghrébins doit faire partie de l’histoire de France. Il a raison, et il y a urgence. Même si ce n’est plus suffisant. 

    Le débat avec Benjamin Stora

    à la Fondation Jean-Jaurès 

     

    Ariane Bonzon 
    Journaliste
     

    SOURCE : http://www.slate.fr/story/115633/histoire-commune-guerre-algerie 

     


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    La France a des trous de mémoire

    La commémoration de la vague de répression d’une manifestation en faveur de l’indépendance de l’Algérie, en 1961, à Paris est passée sous silence. Un oubli dans le droit fil de l’amnésie collective concernant d’autres faits historiques.

    La France a des trous de mémoire ***

    © DR

     

    La France a des trous de mémoire. Le constat est dressé pour les événements historiques les plus douloureux. Manquement, évitement, offuscation : l’amnésie est de mise dès qu’il s’agit d’évoquer la commémoration de tel fait ou de rappeler l’existence de tel autre.

    Deux exemples récents l’attestent. Tout d’abord, l’absence de commémoration de la répression de la manifestation pacifique des Algériens à Paris, le 17 octobre 1961. L’actuel président, comme son prédécesseur, avait promis de décider des "actes forts". C’était lors de sa campagne. Mais voilà, il n’en a rien été.
    Pourtant, l’ex-candidat avait étonné par sa prise de position courageuse lors d’un voyage en Algérie au cours duquel il avait admis que la colonisation avait été un crime contre l’humanité. La déception est grande chez les militants attendant la prise en compte par l’Etat de l’injustice commise voici 56 ans. L’historien disparu et regretté Jean-Luc Einaudi a estimé à 400 le nombre de victimes de cette vague de répression. Un autre historien, Benjamin Stora, pense que l’absence de consensus au sein de la classe politique à propos de la guerre d’Algérie explique que le problème n’est pas réglé depuis un demi-siècle.

    Un autre exemple de la surdité française à son passé peu glorieux : l’impossibilité d’ouvrir dans la capitale un musée de l’esclavage. Au point que le président du CRAN, le Conseil représentatif des associations noires, propose de l’installer sur une péniche navigant sur la Seine. Mi-sérieux, mi-agacé, Louis-Georges Tin avance cette idée puisqu’il est invariablement répondu qu’il n’existe pas de terrain disponible pour accueillir un tel lieu en plein Paris.

    Faudra-t-il quémander encore longtemps pour rappeler les autorités à la simple décence intellectuelle et au courage politique ? Décidément, la France a des trous de mémoire à sa mémoire.

    SOURCE : http://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/france-trous-memoire-523549.html 

     

    Des trous de mémoire et pourtant...

    il question de mémoires pour 2018

    certaines sont mêmes inattendues et surprenantes

    L’Elysée réfléchit

    à une commémoration

     de Mai 68

    La France a des trous de mémoire ***

    Daniel Cohn-Bendit devrait être associé à la préparation puis aux célébrations des événements de mai 1968. © Sipa Press

    La présidence de la République ne veut pas se laisser enfermer dans une lecture « maussade » de l’héritage de 1968

    L’Élysée commence à réfléchir à une commémoration de Mai 68, dont on célébrera le cinquantenaire l’an prochain, avec l’idée de sortir du « discours maussade » sur ces événements qui ont contribué à la modernisation de la société française, dans un sens plus libéral. Des personnalités comme Daniel Cohn-Bendit, proche du chef de l’État, seront vraisemblablement associées à la réflexion puis aux manifestations.

    Pour Emmanuel Macron, Mai 68 appartient à un passé qu’il n’a pas connu, puisqu’il est né neuf ans plus tard. L’Élysée souhaite donner une dimension internationale à « 68 », car ce fut l’année du Printemps de Prague et de sa répression, des grandes manifestations aux États-Unis, du massacre à l’Université de Mexico, des mouvements étudiants dans toute l’Europe...

    L’année 2018 marquera également le 60e anniversaire de la Constitution de 1958 et le Président entend le marquer d’un grand événement (et d’un discours), ainsi que le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée par les Nations Unies en 1948. L’année prochaine marquera enfin la fin du cycle des commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale, avec une importance particulière pour le 11 novembre, qui se prêtera sans doute à la célébration de l’entente franco-allemande et de la construction européenne. Dès le mois prochain, l’accent sera mis sur Georges Clemenceau, cent ans après l’arrivée du Tigre à la présidence du conseil, le 16 novembre 1917.

    Restera pour Emmanuel Macron à réfléchir au grand discours mémoriel sur l’Algérie – colonisation et guerre – que François Hollande n’a jamais prononcé. Mais c’est là un terrain bien plus miné que Mai 68.

    SOURCE : http://www.lopinion.fr/edition/politique/l-elysee-reflechit-a-commemoration-mai-68-136101

    La France a des trous de mémoire *** et pourtant...  il question de mémoires pour 2018  certaines sont mêmes inattendues et surprenantes

    rétrospective de mai 68 


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    Besançon - Guerre d’Algérie

    Au bon temps de l’union décolonisatrice

    En juillet 2016, Bénédicte Ponçot a soutenu avec succès sa thèse de doctorat sur « Besançon à l’heure de la décolonisation ».  Photo Arnaud CASTAGNÉ

    Auteur d’une thèse sur les répercussions de la guerre d’Algérie à Besançon, l’historienne Bénédicte Ponçot donne une conférence ce jeudi. Consacrée à l’alliance locale entre catholiques de gauche et communistes, contre ce conflit.

    Elle est la fille de Jean Ponçot, ancien élu municipal (PS) mort en 2016. Et si Bénédicte Ponçot, qui enseigne l’histoire au lycée Pergaud, a écrit sa thèse sur « Besançon à l’heure de la décolonisation » (soutenue avec succès l’an dernier), l’héritage paternel y est pour quelque chose.

    Car Jean Ponçot fut un acteur engagé de la lutte contre la guerre d’Algérie. Au sein de la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne), et du syndicat étudiant AGEB-UNEF dont il fut le président bisontin durant une partie de ce conflit (en 1957 et 1958).

    Il prit même fait et cause pour la première Française emprisonnée durant ces « événements » (comme disait de Gaulle), une étudiante de la fac des lettres bisontine.

    « Dans mon choix de thèse, il y a cette raison familiale. Et aussi, démarche très actuelle dans la discipline que j’enseigne, la volonté d’étudier le rôle d’acteurs dits secondaires. Donc pas celui de politiques ou militaires de premier plan », explique Bénédicte Ponçot.

    D’où sa volonté d’examiner comment la guerre d’Algérie a été perçue à Besançon. Elle se rend compte alors que « l’alliance entre communistes et catholiques de gauche y est plus nettement plus assumée qu’ailleurs ».

    Pourquoi ? « Des liens noués « pendant la guerre d’Indochine », note-t-elle. Et puis, ces deux sensibilités sont également heurtées par le maire de Besançon de l’époque, Jean Minjoz, « avec son regard plutôt positif sur la colonisation ».

    La manif d’octobre 1960

    Autre signe du singularisme local, les luttes d’appareils politiques sont différentes. Contre le pouvoir en place, le PC national, par frilosité, refuse de s’associer à un mouvement émergeant comme le PSU, à gauche de la vieille SFIO.

    « Rien de tel à Besançon, où, par exemple, le couple Lucienne et Maxime Roland, membres de l’UGS (la formation qui se transformera en PSU), fait cause commune avec le couple Mauricette et André Vagneron, du PC. »

    Cet état d’esprit produit des mobilisations dont l’intensité est plutôt rare ailleurs. « Prenez les manifestations du 27 octobre 1960, dans les grandes villes du pays, pour la décolonisation. Le gouvernement les a interdites partout. Mais celle de Besançon, très unitaire à gauche (même si la SFIO est absente) réunit deux milliers de participants ». Malgré deux charges de CRS. Même pas peur, à B’sac.

    La conférence de l’historienne Bénédicte Ponçot a lieu ce jeudi 19 octobre, 20 h, salle Proudhon (Kursaal). Elle sera accompagnée par Francine Rapiné-Fleury, qui fut emprisonnée à Besançon en 1958 pour son soutien aux indépendantistes algériens. Une initiative de l’association Les Amis du peuple et de la mémoire ouvrière. Entrée gratuite.

    Joël MAMET

    SOURCE : http://www.estrepublicain.fr/edition-de-besancon/2017/10/18/au-bon-temps-de-l-union-decolonisatrice

     

     

    C’était la commémoration du 19 mars 1962 à Besançon, comme partout en France, comme toujours, on occulte l’OAS, cette organisation terroriste et criminelle qui, après ce 19 mars 1962 est la principale responsable des massacres avec sa politique de la terre brûlée, ce qui a fini par provoquer des vengeances d’indépendantistes algériens incontrôlés… Après le 19 mars 1962, ce n’était plus la guerre d’Algérie… mais le terrorisme aveugle de l’OAS… Alors dans vos reportages dites-le, vos articles et vidéos seraient plus honnêtes et moins orientés politiquement… Quand à vous les nostalgériques extrémistes, les falsificateurs de l’Histoire… « allez  au diable »… allez vous faire réadapter ailleurs… nous n’avons pas besoin de vous… La très grande majorité des pieds-noirs, mes amis, sont très bien insérer dans la société française et depuis longtemps… mais ils ne vous fréquentent pas, vous, les islamophobes de tous bords…

     


    La commémoration du 19 mars à Besançon

     


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  • Commémoration du 17 octobre 1961 à Paris 

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Paris

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le gouvernement de l'époque. Ils défendaient leur droit à l'égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés - notamment par la "force de police auxiliaire" - ou, pour nombre d'entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes des forces de police.

    Commémoration du 17 octobre 1961 à Paris

    Le militant anti colonialisme très connu et estimé

    notre ami Henri POUILLOT

    Qui a été témoin, à la sinistre Villa Sésini à Alger, de la torture


     


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    Commémoration du 17 octobre 1961

    à Besançon (département du Doubs)

    (Franche-Comté)

    Le pont Battant

     le 17 octobre 2017

     

    Commémoration du 17 octobre 1961  à Besançon (département du Doubs)  (Franche-Comté)  Le pont Battant

     

    Besançon c’est la ville de ma naissance, j’ai encore de la famille, c’est pourquoi cette vidéo me tient encore plus à cœur… et c’est dans la rivière le Doubs que des fleurs ont été jetées en mémoire des victimes algériennes du 17 octobre 1961 à Paris.

     


     


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    Lille

    Une cérémonie du souvenir

     pour les victimes du 17 octobre 1961

    Lille  Une cérémonie du souvenir  pour les victimes du 17 octobre 1961

    L’hymne national algérien a retenti place de la République, à Lille, pour commémorer la répression policière du 17 octobre 1961 à l’encontre des Algériens de Paris, avec des dizaines de personnes jetées dans la Seine.

    Il y a soixante ans, le simple déploiement d’un drapeau algérien sur la place de la République à Lille suffisait à déclencher une émeute. Lorsque des travailleurs algériens avaient le malheur de brandir ce symbole alors interdit, la police intervenait pour le confisquer.

    Un « crime d’État »

    Ce 17 octobre, au même endroit, c’est l’hymne national algérien qui a retenti pour commémorer la répression du 17 octobre 1961. Bravant un couvre-feu les visant directement, les Algériens de Paris avaient choisi de marcher. Évoquant la terrible répression policière lancée en réponse, avec des dizaines de personnes jetées dans la Seine, Dalila Dendouga, adjointe au maire en charge des droits de l’homme a dénoncé un «  crime d’État  ». «Cette commémoration est l’occasion de nous recueillir à la mémoire des membres de notre communauté qui ont payé au prix fort la libération de l’Algérie », a salué de son côté Rachid Belbaki, le consul général d’Algérie.

    La cérémonie s’est achevée par des dépôts de gerbe sur le parvis des droits de l’homme, en compagnie de membres du conseil lillois de la jeunesse et de Laure Michel, présidente de la LICRA Lille, ambassadrice de toutes les associations.

    SOURCE : http://www.lavoixdunord.fr/248191/article/2017-10-18/une-ceremonie-du-souvenir-pour-les-victimes-du-17-octobre-1961 

    Lille  Une cérémonie du souvenir  pour les victimes du 17 octobre 1961

    L’hymne national algérien a retenti place de la République, à Lille

    pour commémorer la répression policière du 17 octobre 1961 à

    l’encontre des Algériens de Paris, avec des dizaines de personnes jetées

    dans la Seine.

     

    Choisy-le-Roi

    Mémoire. L’intimidation manquée

     de l’extrême-droite

    Lille  Une cérémonie du souvenir  pour les victimes du 17 octobre 1961

    L’inauguration du square du 17 octobre 1961 à Choisy-le-Roi a eu lieu le 17 octobre dernier en présence du consul d’Algérie. Ici, une plaque en commémoration du 17 octobre 1961 déposée à Gennevilliers en février 2007. Photo : Jeff Guez/AFP

    L’annonce de l’inauguration d’un square du 17 octobre 1961 à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) a réveillé la violence et la xénophobie de l’extrême-droite.

    La délibération, pour qu’un des squares de la ville porte le nom de la date de ce crime d’Etat qui vit une manifestation pacifiste d’Algériens réprimée dans le sang, avait été prise par le conseil municipal du 27 septembre. Peu de temps après, des courriers et des mails aux contenus haineux et racistes étaient adressés au cabinet du maire PCF Didier Guillaume. « Ces courriers viennent principalement de province. Je peux imaginer par quels réseaux de communication l’information de notre initiative a pu circuler, mais aussi quels attisements des instincts les plus bas ont pu donner lieu à ces écrits », a-t-il déclaré. De fait, certains d’entre eux viennent par exemple de villes comme Béziers, dirigée par l’ineffable Robert Ménard. Dans l’entourage du maire, on évoque des réseaux d’extrême-droite qui sévissent aussi auprès d’autres municipalités voisines dès lors qu’elles prennent des mesures de ce type. Loin de se laisser intimider, Didier Guillaume a réaffirmé que cette initiative était « conforme à tout ce qui fait notre ville : son attachement à l’histoire, aux valeurs de la République, à la Paix, à la transmission, à l’éducation, au mieux vivre ensemble et à la construction de la ville durable de demain ». L’inauguration, qui a eu lieu le 17 octobre dernier en présence du consul d’Algérie, s’est déroulée dans le calme.

    SOURCE : https://www.humanite.fr/memoire-lintimidation-manquee-de-lextreme-droite-644030 


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    17 octobre 1961 : le silence de l’Elysée

    Ils ont attendu, attendu, attendu…

     Mais rien n’est venu. Et pourtant...

    Cinq ans après la reconnaissance officielle par François Hollande (cependant très insuffisante) de la répression de la manifestation pacifique d’Algériens à Paris, le 17 octobre 1961, Emmanuel Macron, qui avait promis des « actes forts » durant sa campagne, n’a pas profité de cette date pour réaffirmer la position de la France. L'Elysée se dit prêt à travailler sur le sujet, « mais pas dans la précipitation »... Il appelle cela "pas dans la précipitation"... 56 ans se sont pourtant écoulés... Que l'on arrête de se moquer des Français... ils ne sont plus "les veaux" de de Gaulle... Mais ils vont continuer à "beugler" et ils ont bien raison...

     

    « Le 17 octobre doit continuer de hanter notre

    mémoire collective »

     

    Les ordres venaient d’en haut et, là-haut, c’était Maurice Papon. Et au-dessus, le Général de Gaulle. Non on ne pouvait pas ne pas savoir ou prétendre que ça avait « dégénéré. » Le système Papon, importé de la guerre contre-insurrectionnelle en Algérie, n’était pas un programme clandestin. Et si De Gaulle a gardé Maurice Papon comme préfet de Paris, il ne pouvait pas ignorer son parcours sous Vichy.

    Tout comme les autres crimes coloniaux, le 17 octobre doit continuer de hanter notre mémoire collective. Un monument, une fresque et des roses jetées dans la Seine et dans d'autres rivières où fleuves de France, serviront à nos enfants, à nos petits-enfants, à nos arrière-petits-enfants, à condition qu’on leur enseigne ce qui s’est vraiment passé...  Les incantations républicaines ne leur garantiront jamais de vivre libres et égaux en droits, nous avons vu comment ont été bafoués, piétinés, déchirés... les mots Liberté-Egalité-Fraternité dans l'Algérie française et la France coloniale... mais s’ils se nourrissent de luttes et d’espoir, ils pourront donner un sens à ces incantations. 

    Ils ont attendu, attendu, attendu. Mais rien n’est venu. Mardi, les militants de la reconnaissance du 17 octobre 1961 se sont rassemblés, comme ils le font chaque année, sur le pont Saint-Michel à Paris, en mémoire des personnes tuées il y a 56 ans par la police de Papon, alors qu’elles manifestaient pacifiquement contre le couvre-feu imposé par décret aux « Français musulmans d’Algérie », selon la terminologie administrative de l’époque.

    *****************************************************************************

    Pendant ce temps la fachosphère se déchaîne… Avec des titres puant le racisme, l’islamophobie comme celui-ci : 17 octobre 1961 : un « massacre »  sans cadavres… Je n’en dirai pas plus sur l’auteur de cet article à jeter dans la poubelle de l’Histoire… ainsi que tous les falsificateurs, nostalgériques de l’Algérie française... HONTE AUX HERITIERS DES PUTSCHISTES DU 21 AVRIL 1961 ET DES TERRORISTES ET CRIMINELS DE L'OAS...

    *********************************************************************************

    Au contraire je vous propose l’intervention remarquable d’Henri POUILLOT au Pont Saint-Michel, hier 17 octobre 2017. 

    L’intervention au Pont Saint-Michel  17 octobre 2017   d’Henri POUILLOT  Au nom du MRAP et de l’ARAC

     

     

    L’intervention au Pont Saint-Michel

    17 octobre 2017

     d’Henri POUILLOT

    Au nom du MRAP et de l’ARAC

     

    Je ne répèterai donc pas ce qu’ont dit les prédécesseurs sur ce terrible massacre du 17 octobre 1961, malheureusement bien connu maintenant, mais toujours pas reconnu pour ce qu’il est : sans doute le plus grand crime d’état commis en France, en plein Paris, avec ces centaines de victimes.

    Il faut se souvenir que la France domina l’un des plus importants empire colonial du monde. Le colonialisme, basé sur le racisme, justifié parfois comme nécessaire pour "apporter la civilisation", mais qui, en fait, avait pour but essentiel d’exploiter, piller les richesses locales au profit de sociétés coloniales. Il faut se souvenir du film documentaire de notre ami René Vautier "Afrique 50" qui illustrait bien remarquablement comment le colonialisme était mis en œuvre. Ce film fut saisi et interdit pendant des dizaines d’années.

    Il serait temps que la France reconnaisse, comme pour l’esclavagisme, que le colonialisme est un crime contre l’humanité. Il serait temps que la loi du 23 février 2005 soit abolie, cette loi qui avait dit " les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord… ". Même si cette phase a été retirée, cette loi reste profondément imprégnée de colonialisme.

    Pour l’Algérie, la France a la lourde responsabilité d’avoir usé de tous les moyens pour tenter d’y conserver sa domination. C’est au prix de crimes d’états (8 mai 1945 – Sétif, Guelma, Kherrata.., puis du 17 octobre 1961, enfin à Charonne le 8 février 1962) de crimes de guerre (utilisation du gaz VX et Sarin, de villages – entre 600 et 800 – rasés au napalm, des essais  nucléaires au Sahara dont les conséquences sont encore sensibles aujourd’hui), des crimes contre l’humanité (institutionnalisation de la torture, du viol, des camps d’internement – pudiquement appelés camps de regroupement-, des exécutions sommaires – corvées de bois, exécutions d’otages, crevettes Bigeard…-…) que la France a tenté d’écraser ce mouvement de libération nationale. Il serait plus que temps que la France reconnaisse sa responsabilité dans ce domaine et condamne ces crimes commis en son nom, comme cela fut fait par Jacques Chirac pour la Shoah.

    Certes notre nouveau Président de la République Emmanuel Macron a bien dit, à la télévision Algérienne le 15 février 2017 : " La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie…", et il poursuivait lors de cette même interview : " En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé, La France a installé les droits de l’Homme en Algérie,… " Les médias n’ont retenu que la première partie. D’ailleurs le 23 novembre 2016, dans un entretien au magazine "Le Point" au sujet de la colonisation de l’Algérie : " Alors oui… en Algérie il y a eu la torture mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation… "

    Et puis, le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, quelques jours avant d’être élu, il déclarait : " De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire… "
    Certains ont dit disent que la France, avec François Hollande, en particulier, avait fait quelques pas dans ce domaine comme sur le 17 octobre, la disparition de Maurice Audin. Reprenons ces 2 points :
    Maurice Audin. Quand François Hollande est allé à Alger, en décembre 2012, il s’est recueilli devant la stèle de Maurice Audin, située sur la place qui porte son nom près du tunnel des facultés. Mais ce crochet n’a été rajouté à son programme de visites que la veille de son départ, et le mot de torture n’y a pas été prononcé. Plus tard, le 17 juin 2014, un communiqué officiel remettait, enfin, en cause la version officielle de l’évasion de Maurice Audin. Ce communiqué disait entre autre : " Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention ". Mais on ne sait pas encore comment est mort Maurice Audin : à cet âge là, il est difficilement admissible de croire à un décès naturel, surtout qu’il était détenu par une unité de Paras !!! Depuis 3 ans maintenant, ni les documents, ni les témoignages nombreux et concordants ainsi évoqués ne sont connus. La famille, les historiens n’ont pu avoir accès à ces informations. L’assassinat de Maurice Audin reste donc encore un mystère. Je peux même rajouter que, à la suite de la lettre ouverte que j’ai remise, es-qualité de Président départemental de l’ARAC des Yvelines, à Pierre De Villiers Chef d’état major des armées, j’ai été poursuivi par le Général Schmitt pour diffamation et condamné pour avoir osé penser qu’il pourrait savoir comment était "disparu" Maurice Audin. Donc à ce jour, l’omerta se poursuit dans ce domaine. En mai dernier, à l’approche du 60ème anniversaire de sa "disparition", une lettre ouverte signée d’une cinquantaine de personnalités demandait au nouvel Hôte de l’Elysée de répondre à ces interrogations. Ce qu’il a fait un mois plus tard le 26 juin en nous disant : " Je puis vous indiquer que le sujet est connu du Chef de l’Etat et des membres de son cabinet qui ont été attentifs à votre démarche." Pourtant les services de l’Elysée avaient téléphoné à Josette pour dire qu’un tel anniversaire, 60 ans, méritait une réaction. Mais depuis, sans doute à cause des vacances, rien n’a filtré et le mystère reste entier.

    17 octobre 61. Certes François Hollande a déclaré le 17 octobre 2012 " Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes." Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Pourtant le 15 octobre 2011, à la veille du 50ème anniversaire de ce massacre, il avait personnellement signé la pétition que notre collectif avait initiée, diffusée par Mediapart demandant au futur président de la République de reconnaître et condamner ce crime d’état. Il avait même rajouté qu’il irait jeter les fleurs au pont de Clichy, ce qu’il fit d’ailleurs. Il faut dire que ce 15 octobre là, c’était un samedi, la veille du second tour des primaires socialistes qui l’opposait à Martine Aubry et que celle-ci venait de signer quelques instants plus tôt cette même pétition. Une fois élu, il a oublié cet engagement.

    Cette année, notre collectif a donc décidé d’envoyer une lettre ouverte au nouveau Président : Monsieur le Président : Le 15 février 2017, à la chaîne privée Echorouk News, en Algérie, vous déclariez : "La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie…." Puis le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : "De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire…" Nous pensons donc, qu’à l’occasion de ce 56ème anniversaire du crime d’état commis en plein Paris, vous pourriez (devriez ?) ainsi concrétiser cet engagement. Aussi nous sollicitons de votre bienveillance une audience pour connaitre votre position précise à ce sujet, afin de pouvoir en rendre compte lors du rassemblement prévu le 17 octobre 2017 au Pont Saint Michel à Paris. A cette heure, nous n’avons eu aucune réaction, malgré une relance la semaine dernière : ni audience, ni communiqué.

    On voit bien par ces deux exemples que même les dirigeants actuels de la France n’entendent pas faire la lumière sur l’histoire de notre pays et tentent de la travestir, y compris par des propos de compassion, pour éviter d’en affronter la réalité. Cela a des conséquences sur le quotidien pour les ressortissants de ces familles originaires d’Algérie, dont un certain nombre furent des victimes de ces crimes : on refuse toujours de les reconnaître comme des citoyens à part entière, ils restent discriminés, des indigènes.

    56 ans après ce 17 octobre 1961, la France qui revendique souvent être le pays des droits de l’homme, n’en montre pas vraiment le chemin. Comment peut-on donner des leçons dans ce domaine ? Tant que notre passé sera entaché par ces nombreuses violations, non reconnues, non condamnées, que je rappelais il y a quelques instants, la voix de la France sera difficilement audible au plan international.

    Mais cette non reconnaissance de ce passé, et la poursuite d’une politique colonialiste (la Françafrique en particulier) ont des effets importants dans la population française, pour le vivre ensemble harmonieux. Pour l’illustrer je ne rappellerai qu’une expression "issu de l’immigration". Elle est entrée dans le parler courant, dans le subconscient de nos concitoyens. Mais qui concerne-t-elle ? Manuel Valls ? Nicolas Sarkozy ? Eux sont considérés comme des Français, et peut-être même des gaulois !!! par contre, ceux qui ont un nom, un prénom, une couleur de peau qui peut traduire une origine de colonisés, même s’ils ne connaissent pas le pays de leurs ancêtres ne sont toujours pas considérés comme des Français à part entière, ils restent des sous-citoyens, discriminés…

    C’est sur ces mots que je conclurai, en vous demandant de ne pas baisser les bras, de continuer à soutenir ces actions pour notre fierté de défenseurs des droits de l’homme. De fait, Monsieur Macron, quand prendrez-vous les actes forts sur cette période de notre histoire … pour lesquels vous vous y êtes engagés il y a 5 mois ? " Votre silence à notre demande est sans doute significatif.

    *************

    P.S. :  

    Pourtant dimanche 15 octobre 2017, lors de votre longue interview sur TF1 vous avez répété à plusieurs reprise que vous faisiez ce vous avez dit : Pour le 17 octobre, pour les conséquences de cette période de la Guerre d’Algérie vous vous étiez engagé à prendre des actes forts sur cette période de notre histoire !!! Auriez-vous oublié ?

    Source : http://www.henri-pouillot.fr/spip.php?article683&lang=fr 




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    C’est donc la presse algérienne la première à nous

    donner des informations sur cette journée

    du 17 octobre 2017

    Massacre du 17 octobre 1961 : cérémonie   de recueillement sur le pont Saint-Michel

    Massacre du 17 octobre 1961 : cérémonie

     de recueillement sur le pont Saint-Michel

    à Paris

    Massacre du 17 octobre 1961 : cérémonie   de recueillement sur le pont Saint-Michel

    PARIS - Une cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes algériennes du massacre du 17 octobre 1961 a été organisée mardi devant la plaque commémorative, sur le pont Saint-Michel à Paris, de ce sanglant événement. 

    La cérémonie s’est déroulée en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France, Abdelkader Mesdoua, et de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et d’une foule nombreuse constituée d’élus locaux, de moudjahidine, qui ont participé aux manifestations du 17 octobre 1961, de membres de familles de victimes, d’historiens, des membres du mouvement associatif et un groupe de lycéens de l’Ecole internationale algérienne de Paris, venus chacun déposer une rose.



    Massacre du 17 octobre 1961 : cérémonie   de recueillement sur le pont Saint-Michel

    Une minute de silence a été observée après le dépôt de plusieurs gerbes de fleurs dans une ambiance pleine d’émotions où on entendait des youyous et des "Allah yerham chouhada".

    Dans une déclaration à la presse à l’issue de la cérémonie, la maire de Paris a indiqué qu’elle "reste fidèle à cette histoire commune, à cette histoire qui a ensanglanté Paris", soulignant que "notre histoire, y compris dans ce qu’elle a de tragique, doit être reconnue dans sa vérité pour qu’on puisse avancer ensemble".

    "Aujourd’hui, les relations entre Paris et Alger, entre la France et l’Algérie, sont des relations qui sont faites d’une histoire qui est assumée, une histoire qui se projette dans l’avenir. Je crois que c’est très important de pouvoir reconnaître la vérité historique pour se projeter dans l’avenir", a-t-elle affirmé, se disant "ravie" d’avoir eu avec l’ambassadeur d’Algérie en France des discussions sur "des engagements communs, nos deux villes, nos deux capitales".

    Massacre du 17 octobre 1961 : cérémonie   de recueillement sur le pont Saint-Michel

    Pour elle, "il y a une  belle coopération qui est engagée entre les deux pays", annonçant qu’elle retournera à Alger en 2018 pour "poursuivre cette très belle coopération".

    Pour sa part, la sénatrice Esther Benbassa, qui était en 2011 à l’origine d’un projet de loi visant la reconnaissance de la responsabilité de la République française dans les évènements du 17 octobre 1961, a indiqué que ce qui est arrivé le 17 octobre 1961 à Paris "fait partie des pages sombres de l’histoire de France". "Nos enfants et nos petits-enfants  devraient connaître ces pages sombres de leur histoire, parce que c’est l’histoire et l’histoire de France", a-t-elle dit, regrettant que le projet de loi "ne soit pas voté par le Sénat".

    De son côté, le militant anticolonialiste, Henri Pouillot, a souhaité avoir "un mémorial complet sur les victimes du massacre du 17 octobre 1961 et rendre la plaque commémorative plus visible".

    "De tous les crimes contre l’humanité, les crimes d’Etat et de guerre commis par la France en Algérie, aucun n’a été reconnu jusqu'à aujourd’hui", a-t-il regretté, soulignant la nécessité de les condamner et les reconnaître. "On n'a pas le droit de donner des leçons au monde entier en matière des droits de l’homme, alors que ces crimes sont de fait  acceptés", a-t-il dit.

    Organisée par la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), la manifestation pacifique des Algériens, hommes, femmes et enfants, pour boycotter le couvre-feu discriminatoire imposé aux seuls Algériens, a été réprimée dans le sang le 17 octobre 1961 par la police française qui avait ouvert le feu, tuant des manifestants dont des dizaines ont été jetés dans la Seine, rappelle-t-on.

    Le bilan était lourd du côté des Algériens : une centaine de morts, des centaines de blessés et plus d’une centaine de disparus. Ce massacre, non encore reconnue officiellement par l’Etat français en tant que crime d’Etat, est considéré par nombre d’historiens comme  la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine.

    SOURCE : http://www.aps.dz/algerie/64083-massacre-du-17-octobre-1961-ceremonie-de-recueillement-sur-le-pont-saint-michel-a-paris 

     


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    Algérie : drôle de guerre, vraie guérilla

     

    Pierre Maurice (de Sées) et Léonce Thulliez (de Radon) évoquent une partie de leur jeunesse en Algérie, terre d’un conflit parent pauvre des commémorations.

    Algérie : drôle de guerre, vraie guérilla

    Léonce Thulliez et Pierre Maurice sont les deux seuls Ornais membres du 6e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Le premier, 76 ans, habite Radon. Le second, un an moins jeune, habite Sées. Tous deux sont partis en Algérie comme simples troufions. Le premier est revenu avec le grade de brigadier, le second avec la distinction « soldat première classe »

     

    Ils avaient 20 ans et devaient effectuer leur service militaire qui durait alors 18 mois, mais un rab de dix mois les guettait.
    À cause des « événements d’Algérie », expression alors usitée pour ne pas dire « guerre ».
    Lorsqu’ils sont partis dans le djebel, l’Algérie était française. Lorsqu’ils ont retrouvé la France, l’Algérie avait obtenu son indépendance. Le statu quo n’était politiquement pas tenable.
    Le conflit a duré plusieurs années et bien des soldats français ont dû effectuer un séjour non touristique outre-Méditerranée.
    Comme Pierre Maurice et Léonce Thulliez.

    « De la pacification »

    Le premier était de Courtomer. Le second venait du Pas-de-Calais. Ils ont débarqué à Oran, sous « un magnifique soleil ». Mais rapidement, ils ont été désignés instituteurs, sans formation préalable. Pour les petits Algériens, la journée commençait par « l’inspection des mains ». Pierre Maurice enseignait « Le corbeau et le renard ». Léonce Thulliez apprenait à compter « avec des bûchettes ».
    Mais encore ? « On a crapahuté ». Une façon de dire qu’ils ont fait la guerre. Fût-ce « sans tirer un coup de fusil ». Ils étaient là « pour occuper le terrain et faire de la pacification ». Autrement dit contrecarrer les velléités d’indépendance. Des jeunes Algériens accomplissaient leur service militaire dans leur unité. Certains pouvaient tourner casaque. Danger, donc.

    « Pas conscients »

    Et puis il y avait les escarmouches. C’était la guérilla. Le duo contrôlait un douar, un village. « Une nuit sur deux, on montait la garde ». Quelquefois, ils partaient en patrouille, afin de sécuriser une piste qui pouvait être minée. « On s’est fait allumer une fois. On a dû se planquer derrière un rocher qui nous a sauvés la vie », confie Pierre Maurice.
    Sous le soleil généreux, leur mission n’était « pas une planque. On risquait notre vie mais on n’était pas vraiment conscients du danger ». Une mission qui a pris fin au lendemain du 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu. Pour certains, la fin de la guerre, c’est neuf mois plus tard, car le conflit a continué. D’où des querelles sur la date de commémoration.
    Le duo ne veut pas entrer dans la polémique qui n’aide pas à entretenir le souvenir, ce qui explique peut-être que cette guerre d’Algérie est le parent pauvre des commémorations.

    Reconnaissance ?

    Par contre, Pierre Maurice et Léonce Thulliez sont membres d’une association, le 6e Régiment de Chasseurs d’Afrique, qui compte 150 adhérents en France, lesquels se réunissent une fois l’an. C’était le 6 octobre 2017 à Caen et L. Thulliez, régional de l’étape, s’est coltiné une bonne partie de l’organisation.
    Au menu notamment : visite du Mémorial et plages du Débarquement. Et bavardages : « il y a toujours des anecdotes nouvelles ». Anecdotes d’une « drôle de guerre » qui a coûté la vie à 30 000 militaires français morts au combat ou par accident, dont quelque 250 Ornais.
    Personne n’est oublié. Vendredi dernier, 56 ans pile après son décès, hommage a été rendu à Gérard Trouillet. Il repose à La Ferté-Vidame. Le RCA aimerait retrouver sa famille*.
    Un jeune fauché dans la fleur de l’âge (il avait 21 ans), pas oublié par ses camarades. Mais l’État est-il reconnaissant envers ces derniers ? « Nous percevons une retraite d’ancien combattant de 774 € par an, et nous avons droit à une demi-part fiscale supplémentaire ».

    *Contact : 02 33 28 10 35. 

    SOURCE : https://actu.fr/normandie/alencon_61001/algerie-drole-guerre-vraie-guerilla_13016172.html

     

     

    Pour certains, la fin de la guerre, c’est neuf mois plus tard, car le conflit a continué. D’où des querelles sur la date de commémoration… disent ces deux anciens appelés de la sale guerre d’Algérie… J’ajouterai : Après le 19 mars 1962… ce n’était plus la guerre d’Algérie mais le terrorisme criminel de l’OAS avec sa politique de la terre brûlée responsable de 2700 victimes en Algérie et en France… ce qui a provoqué des vengeances inévitables d’éléments incontrôlés d’indépendantistes algériens… 

    Querelles sur la date de commémoration ? 

    C’est le moins que l’on puisse dire, pour la sale guerre d’Algérie il y a :

    Le 19 mars 1962 consacré par la loi du 6 décembre 2012

    Le 25 septembre pour les harkis

    Le 11 novembre décidé par Sarkozy : pour toutes les victimes

     de toutes les guerres… donc pas seulement pour la 1re guerre mondiale

    Le 5 décembre décidé par Chirac

    Et aujourd’hui je vous offre en plus, celle-ci le 16 octobre pour le soldat

    inconnu de la guerre d’Algérie

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour comprendre :

     

    Algérie : drôle de guerre, vraie guérilla

     

     ABLAIN-SAINT-NAZAIRE

    Ce lundi 16 octobre 2017

    Cinq mille personnes ont rendu hommage au soldat inconnu de la guerre d’Algérie

    SOURCE : http://www.lavoixdunord.fr/247086/article/2017-10-16/cinq-mille-personnes-ont-rendu-hommage-au-soldat-inconnu-de-la-guerre-d-algerie

    Algérie : drôle de guerre, vraie guérilla

     


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    Des jeunes d'Algérie et de France interpellent les ministres des Affaires Etrangères des deux pays*

     

     

    Des jeunes d'Algérie et de France interpellent les ministres des Affaires Etrangères des deux pays*

     

    HuffPost Algérie  |  Par Lettre ouverte*

     

    Messieurs les Ministres, 

     

    Aujourd’hui, nous savons. Le mardi 17 octobre 1961 à Paris, la police française réprimait une manifestation d’Algériens qui, bravant le couvre feu auquel ils étaient soumis, manifestaient pour le droit à l’indépendance.
    Arrêtées, frappées à terre, jetées dans la Seine, plus d'une centaine de personnes furent assassinées.
    Longtemps, ce massacre a été occulté.

    Ce ne fut pas le seul. Le 8 mai 1945 et les jours qui suivirent, le pouvoir colonial français arrêtait, bombardait, tuait des milliers d’Algériens qui, inspirés par la toute fraîche victoire de la liberté, réclamaient la leur.

    Cette date marque le début « d’événements », puis d’une guerre qui de 1954 à 1962 devait séparer nos deux pays, emportant tant de vies sous le rouleau compresseur des bombardements, des attentats, de la torture, des enlèvements, des camps, des assassinats, des ratonnades et de l’exil.

    Ce fut une guerre d’une grande violence, nourrie par l’attachement narcissique à l’Empire, le racisme colonial, et une soif de liberté et d’autodétermination d’un peuple colonisé.

    Nous portons toujours, collectivement et individuellement, les stigmates de ce conflit ravageur. Le 15 février dernier, candidat en déplacement en Algérie, le nouveau Président de la République française qualifiait la colonisation de "crime contre l’Humanité". Au-delà des débats sur la validité juridique de cette expression utilisée pour qualifier l’abomination du colonialisme, les réactions violentes qu’elle provoqua en France témoignent bien "d’une névrose française ». Cette agressivité et cette incapacité à parler du passé sont le fruit d’un silence et de mémoires conflictuelles, trop longtemps entretenus. Des blessures non soignées, legs des violences et des exils, continuent de miner le corps social. Elles poussent nombre d’entre nous vers la haine et le racisme et nous empêchent tous de respirer.

    Mais nous sommes aussi cette France métissée et cette Algérie qui, dans sa diversité, souhaitons aujourd’hui lire la page du passé pour se parler.

    Nous, jeunesse de France et d’Algérie, nous voulons construire des liens pour parler avec calme et sans acrimonie de ce que fut ce régime colonial dans lequel la France bafouait tous ses principes, de ce qu’il s’est passé à Dahra en 1845, à Sétif cent ans après, dans les Aurès et à Alger pendant la Guerre d’Indépendance, à Paris en 1961, à Oran en 1962, à la ferme Ameziane ou à la villa Sésini, à MontLuc ou Rivesaltes, du sort qui attendait ceux qui durent prendre la route de l’exil.

    Nous voulons construire des projets en commun, des récits apaisés qui reflètent la pluralité des histoires et que seuls guident la vérité et la justice pour lutter contre les discours racistes et négationnistes.

    Nous voulons construire des avenirs qui nous permettent enfin de nous rencontrer, nous parler, voyager et étudier ensemble.
    Nous voulons construire des ponts pour découvrir Paris, Oran, Bejaia, Lyon, Alger, Lille, Sétif et Marseille, apprendre l’arabe, le français et le tamazight sans craindre les foudres de ceux qui voient dans l’Autre, non une chance, mais leur propre perte.
    L’expérience franco-allemande nous offre aujourd’hui des modèles pour surmonter les tourments du passé. Après trois guerres sales et sombres, nous célébrons cette année 72 ans de paix, un couple moteur d’un rêve européen appuyé sur des jeunesses connectées. Dans ce processus, il nous parait essentiel de saluer le rôle joué depuis 1963 par l’OFAJ dont la création, le dynamisme et l’efficacité nous ont ouvert tant de portes que nous croyions fermées.

    C’est ce modèle qui aujourd’hui inspire la réconciliation dans les Balkans où tant d’espoirs et d'efforts ont été placés dans RYCO pour que des jeunes dont les parents s’entretuaient puissent croire en un avenir débarrassé de la haine.
    C’est pourquoi, prêts et inspirés par ces expériences, nous appelons ardemment de nos vœux la création d’un Office Franco-Algérien/Algéro-Français de la Jeunesse et vous appelons, Messieurs les Ministres, à porter à ce projet l’attention, l’ambition et les moyens à la hauteur des enjeux et du travail à accomplir.

    Cet outil actera la réconciliation, mettra les institutions et la société civile au travail pour investir dans la jeunesse et dépasser les tensions.

    Depuis l’Antiquité, l’espace méditerranéen est un cœur battant au sein duquel la circulation des êtres humains, des idées et des biens rythme et nourrit notre enrichissement mutuel. Depuis 55 ans, une partie de cet espace semble s’être refermé et cela nie notre histoire et la réalité de nos identités. Il est plus que temps d’ouvrir ces portes.

    Signataires*

    Associations en Algérie :

    Nadira Benketira, Présidente de Graine de Paix
    Firas Ferhat, Président de CIVIC Oran - Comité d’initiative et de Vigilance Citoyenne
    Nourdinne Benissad, Président de la LADDH - Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme
    Metair Kouider, Président de Bel Horizon (Oran)
    Ali Mansouri, Président de l’ADCE - Association de Développement des Capacités des Etudiants
    Abdelouhab Fersaoui, Président de RAJ - Rassemblement Actions Jeunesse

    Associations en France :

    Dominique Sopo, Président de SOS Racisme
    Hassan Benhsain, Président de la FIDL – Fédération Indépendante et Démocratique et Lycéenne
    Clara Jaboulay, Présidente de l’UNL – Union Nationale Lycéenne
    Lilâ Le bas, Présidente de l’UNEF – Union Nationale des Etudiants de France
    Jimmy Losfeld, Président de la FAGE – Fédération des Associations Générales Etudiantes
    Samy Chelli, Président de l’UEAF – Union des Etudiants Algériens de France
    Benjamin Lucas, Président des Jeunes Socialistes
    Aurélien Sebton, Président de l’UDI Jeunes
    Florian Humez, Président des Jeunes République En Marche
    Célia da Costa Cruz et Hugo Cordier – Co-secrétaires des Jeunes Ecologistes

    Initiative soutenue par :

    Mustapha Bouras, Président du CEFIR
    Alain Desjardin, Président de la 4ACG – Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre
    Jacques Pradel, Président de l’ANPNPA – Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis.
    George Morin, Président de Coup de Soleil
    Hakim Addad, Membre fondateur de RAJ - Rassemblement Actions Jeunesse et ancien secrétaire général

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/2017/10/16/des-jeunes-dalgerie-et-de-france-interpelles-les-ministres-des-affaires-etrangeres-des-deux-pays-_n_18287814.html 

     


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    Lettre au président de la République française

    Par Ali Akika réalisateur du film Enfants d’octobre 61

     

    Ali Akika réalisateur du film Enfants d’octobre 61 : Lettre au président de la République française


     Emmanuel Macron au cimetière chrétien d'Alger en février dernier 

     

    Monsieur le président de la République française,

    Quand vous étiez le simple candidat à l’élection présidentielle de votre pays, vous fîtes un voyage éclair à Alger, capitale d’un pays qui a de longues et douloureuses relations historiques avec le vôtre. Ce n’est pas le lieu de philosopher sur les mécanismes des refoulements de l’histoire qui favorisent les dénis de la réalité. C’est d’une journée précise, celle du 17 octobre 1961 dont je veux vous parler. Ce jour-là, c’était un mardi, une partie de l’Algérie en exil sortit de ‘’ses’’ bidonvilles pour défiler dans les rues de Paris. Elle voulait protester contre une décision inique qui limitait sa liberté de circuler et l’obligeait à respecter un couvre-feu dès la tombée de la nuit. Par cette manifestation, cette Algérie en exil tenait aussi à exprimer son droit de résister à l’oppression, droit inscrit dans la charte de l’ONU, dois-je le rappeler ?

    Ainsi Monsieur le président, je ne vous apprends rien en rappelant que lors de cette tragique journée, des Algériens, manifestants pacifiques, ont été livrés à la hargne de la police de l’Etat français qui agissait sur ordre des plus hautes autorités du pays. Cette précision est importante pour éviter que l’on qualifie les crimes commis ce jour-là de bavures de quelques lampistes de la police française. Ce jour-là donc des Algériens, par milliers furent arrêtés et transportés comme du bétail dans les bus de la RATP vers des camps d’internement. Ce jour-là des centaines furent blessés mais refusèrent de se rendre dans des hôpitaux de peur de se faire arrêter dans ces institutions de soins en principe protégées par les lois de la République. Ils furent secourus dans des pharmacies par des citoyens français, les uns par humanisme, d’autres par solidarité avec leur légitime combat.

    Enfin des centaines furent ligotés, oui ligotés et jetés, oui jetés dans la Seine. Leurs familles à ce jour n’ont pas de lieu pour aller les pleurer et les honorer. Cette journée se solda par un carnage dans la ville des Lumières sous les flashs de journalistes militants dont les photos témoignent de la brutalité subie par ces ‘’invisibles’’ de cette époque. C’est pourquoi, aucun artifice de langage, ni argutie juridique, aucun discours reposant sur le déni de la réalité, ne peut effacer pareil acte que des écrits et des films ont exposé la cruelle réalité au grand public. Ainsi Monsieur le président, le 17 octobre 1961, les pavées de Paris ont été couverts de sang, pareils à d’autres moments de la riche histoire de votre pays comme le hurle Arthur Rimbaud dans son poème ‘’l’orgie parisienne’’ Ce 17 octobre 1961, une tragédie s’est donc déroulée en plein Paris, au nom de la raison et de la justice, au nom des cris des suppliciés noyés dans la Seine, leurs enfants, des citoyens tout simplement, vous demandent de reconnaître officiellement cet évènement comme un crime d’Etat dont les victimes défendaient leur dignité. Vous entrerez dans l’histoire de votre pays comme l’un des hommes politiques qui aurait respecté sa parole publique pour être fidèle à ses nobles convictions.

    Votre déclaration à Alger sur les crimes contre l’humanité durant la colonisation est courageuse et vous honore à un moment où vous sollicitiez le suffrage des Français dont beaucoup se complaisent encore dans une lecture tronquée de l’histoire. Je ne peux croire que vous avez fait ce voyage pour glaner les voix des enfants des manifestants d’octobre 1961 comme le prétendent certains esprits mal intentionnés. Je préfère croire que l’attitude du candidat et futur président d’un grand pays répond à d’autres considérations moins intéressées. Vous feriez alors un geste symbolique de haute portée politique d’un président à la tête d’un pays qui veux nouer des relations solides avec un pays géographiquement voisin mais aussi parce l’histoire continue de labourer leur présent. Un présent encore rongé par le lourd héritage des contentieux du passé. Arracher les rances des ressentiments des uns et les épines de la colère des autres, ne peut qu’accélérer l’ouverture des portes à de fructueuses et amicales relations entre les deux pays. Monsieur le président, la décision que vous prendriez soulagera les descendants de ces victimes. Elle effacera le froid de cette nuit-là qui gela l’oasis de leurs rêves d’enfants. Donnez-leur l’opportunité de remplacer les images insupportables de cette noire journée par celles de la danse des vagues de notre commune mer. C’est ainsi que les corps des morts ballotés par la houle de la Seine trouveront le repos de leur âme. Quant aux vivants, leur conscience s’enrichira de cette reconnaissance officielle qui les aidera à s’engager pour que pareils actes ne soient plus possible.

    Puisse votre stature d’homme d’Etat répondre aux attentes des deux peuples français et algérien dont la frontière n’est autre que cette Méditerranée berceau de tant de civilisations, une Méditerranée qui doit cesser d’être un cimetière des parias de l’Afrique pour devenir un lac de paix tant rêvé par ses habitants.

    Ali Akika réalisateur du film Enfants d’octobre 61

    Rassemblement pour commémorer la journée du 17 octobre 1961 au Pont Saint-Michel Paris Paris 5e Mardi 17 octobre 2017 à 18h30. 

    SOURCE : http://www.lematindz.net/news/25643-lettre-au-president-de-la-republique-francaise.html 

     


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  • Pour le moment c’est la seule déclaration officielle d’un président de la République, elle est cependant insuffisante… et ce serait « un miracle » si Emmanuel Macron prononçait quelques mots cette année 2017 ? Personnellement je ne crois pas « au miracle »

    Clichy-sous-Bois : Idir pour commémorer

    le 17 octobre 1961

    Le chanteur Idir participe à la soirée de commémoration du 17 octobre 1961 à Clichy-sous-Bois. LP/Aurélie Ladet

     

    « Il faut que les jeunes générations sachent ce que nos parents ont vécu, mon père y était et me le racontait, ce qu’ils ont vécu était inhumain et m’a beaucoup blessée », affirme Nassira, Clichoise de 51 ans qui participe ce mardi à la commémoration du 17-octobre-1961 au sein d’une chorale.

    Il y a cinquante-six ans, jour pour jour, une manifestation d’hommes et de femmes algériens à Paris était réprimée dans le sang. Sous la houlette de la fédération de France du FLN, ils avaient choisi de protester pacifiquement contre le couvre-feu qui leur était imposé, alors que de l’autre côté de la Méditerranée, la guerre faisait rage.

    A Clichy-sous-Bois, deux temps forts sont consacrés à cette commémoration. Au collège Romain-Rolland, et en présence de l’association Arifa, le réalisateur Nadir Dendoune viendra présenter son dernier film, « Figues en avril », dédiée à sa mère.

    Une cérémonie aura lieu devant la mairie à partir de 18 h 30, avant le concert d’Idir, à 20 h 30 à l’Espace 93. Et en première partie, une chorale composée de femmes Clichoises interprétera des chants arabo-berbères de l’exil algérien.

    Mardi 17 octobre, concert à 20 h 30 à l’Espace 93, www.lespace93.fr 

      leparisien.fr

    SOURCE : http://www.leparisien.fr/clichy-sous-bois-93390/clichy-sous-bois-idir-pour-commemorer-le-17-octobre-1961-16-10-2017-7335279.php 

     

    17 octobre 1961/ Plusieurs villes de France commémorent les massacres

    Organisées par la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), les manifestations pacifiques des Algériens, hommes, femmes et enfants, pour boycotter le couvre-feu discriminatoire, ont été réprimées dans le sang le 17 octobre 1961 par la police française qui avait ouvert le feu, tuant des manifestants et jetant des dizaines d’autres dans la Seine. 

    Le bilan était lourd du côté des Algériens : une centaine de morts, des centaines de blessés et plus d’une centaine de disparus.Ce massacre, non encore reconnu officiellement par l’Etat français en tant que  crime d’Etat, est considéré par nombre d’historiens comme “la répression d’Etat la plus violente qu’ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine”.

    A cette occasion, une après-midi d’échanges autour de ces crimes et des violences d’Etat est organisée dimanche à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne, Ile-de-France). Le programme prévoit, selon les organisateurs, du théâtre-forum sur les violences policières, la projection du documentaire “Ici on noie les algériens” (2011) et un débat animé par Olivier Le Cour Grandmaison, historien et politologue enseignant à l’université Evry-Val d’Essonne.

    Deux rassemblements et cérémonies de recueillement sont prévus, mardi, à Paris sur le pont Saint-Michel, lieu où des Algériens ont été jetés dans la Seine. Le premier se déroulera dans la matinée, en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France, Abdelkader Mesdoua. Le second est organisé dans l’après-midi par le collectif du 17 octobre 1961.

     

    Rassemblements, recueillements, table-rondes, projection

    de films… 

    A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), une cérémonie aura lieu mardi à la stèle du souvenir, quai Jules-Guesde, à l’angle de la rue de Seine en mémoires à ces Algériens tués pour l’indépendance de l’Algérie.

    La municipalité d’Aubervilliers (banlieue au nord de Paris) a invité les habitants à commémorer les victimes algériennes des manifestations du 17 octobre 1961, le mardi 17 octobre à 17h00, à la place de 17 octobre 1961; alors qu’à Bobigny (Sein-Saint-Denis), une table-ronde est organisée dans la même journée intitulée “17 octobre 1961 : de l’occultation à la transmission. Histoire et mémoire d’un massacre de la guerre d’Algérie”.

    A l’occasion de cette commémoration, Stéphane Troussel, le président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis a souhaité que son département s’engage, dès cette année, dans le processus de commémoration de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961.

    Il a également émis le vœu que cet événement “très souvent associé uniquement à Paris ou à Nanterre, s’inscrive dans la mémoire collective de notre territoire”, soulignant qu’il s’agit de “développer une meilleure connaissance et de transmettre cette histoire auprès du grand public et tout particulièrement des plus jeunes”.

    Durant la cérémonie, le film “Mémoire du 17 octobre 1961”, réalisé par Faïza Guène et Bernard Richard (2002, 17 mn), sera présenté au public. Deux conférences sont au menu: “L’importance du témoignage dans le processus mémoriel”, par Djamila Amrane, ancienne présidente de l’association Africa et témoin de la répression du 17 octobre 1961, par Mimouna Hadjam, présidente de l’association courneuvienne Africa sur le travail de transmission. La rencontre sera animée par Vincent Martigny, historien et journaliste.

    La municipalité de Gennevilliers (Hauts-de-Seine, Ile-de-France) a prévu, mardi, le dépôt d’une gerbe de fleurs et une cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes du 17 octobre 1961.

    A la mémoire des victimes de la répression sanglante 

    A la Courneuve, une cérémonie d’hommage se déroulera dans la rue éponyme, le 17 octobre mardi à 18h00. Elle sera suivie du spectacle “Les Disparus”, une création chorégraphique pour huit danseurs, signée Mehdi Slimani qui associe danse, slam et vidéo. Le spectacle relate par le corps et le mouvement les sombres événements du 17 octobre 1961.

    A Argenteuil (Val-d’Oise, Ile-de-France), le Collectif citoyen 17 octobre 1961 d’Argenteuil organise un recueillement à la mémoire des morts sur le Pont d’Argenteuil qui sera suivi d’une projection du film “Les balles du 14 Juillet 1953” de Daniel Kupferstein relatant la tuerie d’Algériens qui manifestaient à Paris pour l’indépendance de l’Algérie.

    La ville de Tulle (sud-ouest de la France) et les associations “Peuple et Culture” et “Au nom de la mémoire” organisent, mardi après-midi, différents événements avec projection d’un film, lectures et chants, exposition. La projection du film “Loin des hommes” de David Oelhoffen (fiction, 2014, 102 mn), en présence de Mehdi Lallaoui, président de l’association “Au nom de la mémoire”.

    A Strasbourg, le collectif ” D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 67″ organise un rassemblement sur le pont du Corbeau à la mémoire des victimes de la répression sanglante de l’Etat français contre les manifestantes algériennes en 1961, et une marche vers la place du 17 octobre 1961.

    L.R.

    SOURCE : http://www.algerie-focus.com/2017/10/17-octobre-1961-plusieurs-villes-de-france-commemorent-massacres/

    17 octobre 1961/ Plusieurs villes de France commémorent les massacres

     

    17 octobre 1961/ Plusieurs villes de France commémorent les massacres

     

    17 octobre 1961 : “c’est resté éteint

     sous les cendres”

    Etudiante à la Sorbonne lors du 17 octobre 1961, Catherine Levy tombe par hasard sur la manifestation à l’Opéra, elle découvre la répression dans la rue puis observe les violences dans le métro en rentrant chez elle Pont de Neuilly. 

    “Je faisais des études de philosophie à la Sorbonne et m’intéressait beaucoup à la lutte d’indépendance des algériens”. Comme des milliers de Sorbonnards, Catherine était présente aux manifestations de l’UNEF et militait contre la guerre d’Algérie, “nous manifestions pour des négociations avec les algériens”, explique t-elle.

    Arrivée au métro Opéra, elle aperçoit une répression épouvantable; des corps d’algériens allongés, sanguinolents. Autour d’elle, l’incompréhension générale, personne ne se parlait et n’était en mesure d’expliquer ce qui s’était passé.

    A la station Pont de Neuilly, même spectacle, elle aperçoit des algériens assis par terre ayant subi des ratonnades.

    Pour elle, la France fait partie des Nations qui ne reconnaissent jamais leurs tords, par principe. Lorsqu’une véritable conscience de l’ampleur de ce massacre s’est installée, les français étaient terrorisés. Les évènements ont été catapultés avec l’indépendance de l’Algérie, “c’est resté éteint, sous les cendres”, conclut-elle.

     

     


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  • Massacres du 17 octobre 1961 : «Responsable

    et coupable, l’Etat français doit réparation», estime

    Olivier Le Cour Grandmaison

    L’historien Olivier Le Cour Grandmaison

     

    Le politologue Olivier Le Cour Grandmaison a indiqué hier que les massacres du 17 octobre 1961 de civils algériens à Paris «sont aujourd’hui connus et doivent être maintenant reconnus par l’Etat français, responsable et coupable».

    «Ces massacres sont aujourd’hui connus, ils doivent être maintenant reconnus par les plus hautes autorités de ce pays. Responsable et coupable, l’Etat doit en effet réparation à celles et ceux qui ont été assassinés, et à leurs descendants», a souligné le maître de conférences en sciences politiques dans une tribune à l’occasion du 56e anniversaire de ce véritable massacre, «le plus important de l’après-guerre».

    «Cela passe, entre autres, par la reconnaissance qu’un crime d’Etat a bien été perpétré en ces journées d’octobre 1961», a ajouté le co-auteur de l’ouvrage collectif, Le 17 octobre 1961 : Un crime d’Etat à Paris (La Dispute, 2001). Ce spécialiste de l’histoire coloniale française a rappelé que ce jour-là, des manifestants ont été tués par balles, d’autres froidement assassinés dans la cour même de la préfecture de police de Paris, certains jetés vivants dans la Seine ou encore frappés à mort après leur arrestation et leur transfert au palais des Sports, au parc des Expositions et au stade Coubertin devenus, pour l’occasion, autant de lieux de détention.

    «Là, dans des conditions effroyables, des milliers de ‘‘FMA’’ (Français   musulmans d’Algérie) furent parqués, battus et longtemps laissés sans nourriture et sans soins au milieu des excréments qui s’accumulaient. Quoi qu’ils fassent, les policiers savaient être couverts par le préfet qui, peu de temps auparavant, leur avait tenu ce langage : ‘‘Pour un coup reçu, nous en porterons dix’’», a-t-il encore rappelé, relevant que de telles méthodes «ne sont pas inédites».

    Pour lui, «elles relèvent d’une terreur d’Etat appliquée depuis longtemps en Algérie, réactivée à la suite du déclenchement de la guerre le 1er Novembre 1954, puis importée en métropole où la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et les exécutions sommaires ont été courantes.»

    APS

    Source : http://www.elwatan.com/actualite/massacres-du-17-octobre-1961-responsable-et-coupable-l-etat-francais-doit-reparation-estime-olivier-le-cour-grandmaison-13-10-2017-354552_109.php 

     


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    Etat des lieux sur le 17 octobre 1961

    La Bataille d’Einaudi doit continuer

     par Fabrice Riceputi

    Samedi 14 octobre 2017

    A l’heure du 56e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961, vingt ans après la retentissante déposition de Jean-Luc Einaudi au procès de Maurice Papon à Bordeaux, où en sommes-nous de la reconnaissance politique qu’on est en droit d’attendre d’un crime d’Etat très longtemps nié et occulté ?

    En 2015, j’ai intitulé un livre La Bataille d’Einaudi, comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République (1). Deux ans plus tard, je me dis que j’aurais pu ajouter : …ou pas.

    Bien sûr, le pogrom anti-algérien commis par la police parisienne le 17 octobre 1961 à Paris n’est plus occulté. Il y a maintenant vingt ans au moins qu’il est véritablement sorti de la sorte de clandestinité mémorielle dans laquelle il avait été maintenu. Lors du procès Papon, le 16 octobre 1997, face à celui qui supervisa le massacre et qui répétait avec assurance ses mensonges de 1961 devant une cour d’assises, l’admirable déposition de Jean-Luc Einaudi, faite à la demande des parties civiles juives et du Mrap, fit alors connaître l’évènement au grand public.

    Depuis sa Bataille de Paris (1991), d’autres historiens ont travaillé. Aujourd’hui, les faits, pour l’essentiel, sont établis. Bien sûr, on peut creuser encore, par exemple la question des responsabilités politiques au sein du régime gaulliste, du Premier ministre Michel Debré surtout, farouchement opposé aux négociations avec le FLN et auquel, on l’oublie trop souvent, obéissait directement Maurice Papon. Mais la négation du massacre ce jour-là d’une centaine au moins de manifestants pacifiques n’a plus cours que dans les bas-fonds de la « fachosphère », dont elle est devenue, un peu comme la négation de la Shoah mais avec moins de risques, un marqueur.

    Depuis des dizaines d’années, un peu partout en France, des militants organisent des manifestations commémoratives chaque 17 octobre.

    Ils ont notamment obtenu la pose de plaques, parfois même des rues « du 17 octobre 1961 », dans des dizaines de villes. Mais ils doivent continuer à exiger une pleine reconnaissance par la République. Car cette dernière, de 1961 à 2017, n’a produit en tout et pour tout que quatre lignes de communiqué présidentiel. Il admet l’existence d’une « sanglante répression », compatit à la « douleur des victimes », mais ne nomme pas un crime d’Etat qui eut des responsables, des exécutants, un mode opératoire et un bilan. Il a été arraché à François Hollande le 17 octobre 2012. La même année, le Sénat a adopté le principe d’un lieu de mémoire, sans qu’aucune suite ne soit donnée. Certaines archives (celles de l’Elysée, en particulier les notes aux conseils des ministres par le secrétaire général de la Présidence de la République), sont toujours non-communicables. Au lycée, rien n’interdit aux enseignants d’évoquer cet événement, mais rien dans les programmes ne les oblige, ni ne les encourage à le faire.

    Affiche de l’association "Au nom de la mémoire", 1991 

     

    Pourquoi ce crime reste-t-il si difficile à avouer pour ce qu’il fut — un crime colonial, raciste, d’État — , encore davantage indicible officiellement que d’autres massacres coloniaux français beaucoup plus massifs perpétrés dans les colonies ? Parce qu’il s’est produit à Paris, sous la Ve République, et qu’il eut pour exécutants des policiers français et pour victimes des immigrés algériens protestant avant tout contre une discrimination raciste, un couvre-feu au faciès induisant déjà un niveau de violence policière extrême. Une répétition à plus grande échelle de la violence raciste banalisée et admise au quotidien de très longue date au sein de la police française, notamment avec l’assassinat de manifestants algériens le 14 juillet 1953, événement effacé de l’histoire et heureusement remis au jour par l’enquête conduite soixante ans plus tard par Daniel Kupferstein (Les Balles du 14 juillet 1953, film et livre).

    Il est à craindre qu’une pleine reconnaissance de ce crime d’Etat soit aujourd’hui politiquement moins envisageable qu’elle ne l’était à la fin des années 1990. L’actuelle flambée d’altérophobie (racismes, islamophobie), comparable dans son intensité à celle des années de la guerre d’Algérie, ne prédispose guère, on le voit bien, à la lucidité sur l’héritage colonial. L’extrême dépendance du pouvoir politique actuel à l’égard d’une police travaillée en profondeur par l’extrême droite tout comme elle l’était en 1961, le caractère à nouveau massif des violences policières comme mode de maintien de l’ordre dans les quartiers populaires et dans la répression des mouvements sociaux, le recours à l’état d’urgence permanent ne poussent pas précisément à revenir sur un massacre policier au faciès, dont Pierre Vidal-Naquet disait qu’il est un évènement matrice dans l’histoire contemporaine.

    Notre époque est à une régression politico-mémorielle : le désir de roman historique national édifiant, charriant tous les négationnismes, est l’une des modalités de l’extrême droitisation avancée de la société française. Lorsqu’il a tenu ses propos de campagne électorale (à Alger) sur « la colonisation » comme « crime contre l’humanité », le candidat Macron a dû, dès le lendemain, corriger le tir illico presto, ce qu’il a fait à Toulon, l’une des capitales de la nostalgérie... Dans les années 1990, la redécouverte de la sale guerre d’Algérie s’était produite dans la foulée d’un retour sur les crimes de Vichy. Nous semblons prendre aujourd’hui le chemin inverse. Tout récemment, le maire de Montalembert (Deux-Sèvres), craignant des « réactions » de ses administrés, a fait enlever du texte d’une plaque commémorative la mention du rôle, pourtant bien réel, de gendarmes dans la déportation en 1942 de juifs de sa commune vers Auschwitz.

    Oui, décidément, la Bataille d’Einaudi doit continuer.

    Fabrice Riceputi

    (1) La Bataille d’Einaudi, comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République, préface de Gilles Manceron, Editions Le Passager clandestin, 2015.

    PHOTO 

    SOURCE : http://histoirecoloniale.net/La-Bataille-d-Einaudi-doit-continuer-par-Fabrice-Riceputi.html 

     


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    17 octobre 1961 : massacre d’État

     et zèle des harkis

    La triple occultation d’un massacre

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    Le chemin d'une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l'histoire française est encore long… Ce n’est pas les 5 petites lignes d’une pseudo reconnaissance par François Hollande en 2012, alors qu’Emmanuel Macron n’a pas encore donné suite à plusieurs lettres ouvertes qui lui ont été adressées (voir nos articles récents). 

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    17 octobre 1961 : massacre d’État  et zèle des harkis ***  La triple occultation d’un massacre

    Chaque année, la journée de commémoration des massacres du 17 octobre 1961 organisée par des militants associatifs réactive le souvenir d'une « nuit noire » qui marque de façon indélébile la mémoire collective de la communauté algérienne en France.
    Si la timide reconnaissance de l'événement, longtemps étouffée par la censure du pouvoir, existe aujourd'hui, la signification profonde de ces massacres n'est pas interrogée par la classe politique et la société françaises. En 2012, le président français François Hollande évoquant cet épisode refoulé de la guerre d'Algérie déclare : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » C'est précisément contre cette mémoire morale des massacres que luttent aujourd'hui collectifs et historiens pour rétablir le sens politique de ces événements et les inscrire dans le fonctionnement structurel d'un système colonial qui a exercé une violence systématique sur un « corps d'exception » constitué des Algériens.
    « L'humanité ne peut vivre éternellement avec dans sa cave le cadavre d'un peuple assassiné », déclarait Jean Jaurès à propos du génocide arménien, et pourtant le chemin d'une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l'histoire française est encore long. Les événements longtemps occultés du 17 octobre 1961 n'incarnent qu'un épisode supplémentaire de la guerre d'Algérie et de son cortège de massacres et d'atrocités. Que s'est-il donc produit le soir du 17 octobre 1961 pour les Algériens de Paris et quelle a été l'étendue du rôle des auxiliaires des autorités françaises ?

    « Faux frères » 

    Pour protester contre un couvre-feu raciste qui limitait leur droit de circulation, des dizaines de milliers d'Algériens, venus des bidonvilles et des quartiers populaires, manifestent pacifiquement ce 17 octobre 1961 à Paris. Un acte de protestation que nombre d'entre eux, ouvriers pour la plupart, paieront de leur vie. Tués par balles ou jetés dans la Seine, 200 à 300 manifestants périssent sous le coup d'une répression brutale de l'État confronté à la lutte sans merci que livre le Front de libération nationale pour l'indépendance de l'Algérie.
    Au cours de cet épisode sanglant, des Algériens des Forces auxiliaires de police (FAP) massacrent et torturent avec zèle les manifestants. Ces harkis des FAP sont qualifiés de « faux frères » selon la journaliste Paulette Péju, qui, indignée par ces crimes, s'est employée, dans deux ouvrages, Harkis à Paris et Ratonnade à Paris, censurés par les autorités de l'époque, à consigner les plaintes des victimes et à reproduire des articles de presse pour rendre compte de l'ampleur de la répression. Constitué essentiellement de témoignages et de documents fournis par un collectif d'avocats, Harkis à Paris explique le mode opératoire de ces forces de police auxiliaires qui ont eu méthodiquement recours aux assassinats, à la torture et aux enlèvements.
    Dans l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne, ces harkis (terminologie qui vient de l'arabe haraka signifiant mouvement) forment les forces supplétives engagées auprès de l'armée française pour contrer le mouvement indépendantiste algérien. Parmi ces 400 000 « français musulmans », ayant opté pour l'Algérie française, ces forces auxiliaires de police se distinguent par leur brutalité et leur acharnement contre les Algériens indépendantistes installés en France. Composées d'Algériens volontaires (Français musulmans, selon la terminologie de l'époque), les forces auxiliaires de police sont mises en place le 30 novembre 1959 par le Premier ministre Michel Debré, sous le commandement direct du pied-noir Raymond Montaner, alors capitaine dans l'armée française. Le contexte de création de ces unités sous les ordres de Maurice Papon (préfet de Paris en 1961 et ancien collaborateur du régime nazi) explique le zèle particulier par lequel étaient mues ces forces supplétives dans leur fonction répressive. Selon Paulette Péju, ces « harkis, eux, n'ont rien à ménager, rien à perdre que leur uniforme de mercenaire et le salaire de la trahison. Ils ont même tout à redouter d'une solution pacifique de la guerre d'Algérie ».

    Le piège se referme 

    Cette perspective éclaire la compréhension des motivations pour lesquelles les autorités françaises ont procédé à l'institutionnalisation de 400 harkis dans les FAP. Engagés dans la voie de l'Algérie française, dans un contexte où l'évolution vers l'indépendance était devenue inéluctable, il n'existait plus de retour en arrière possible. Leur sort semblait scellé et à mesure que s'amenuisait l'espoir d'une victoire contre les indépendantistes, leur acharnement redoublait contre tous ceux qu'ils soupçonnaient d'être des militants de l'Algérie indépendante. Les autorités françaises, qui avaient très tôt saisi les effets de cette dynamique, les assignent au rôle d'exécutants de la sale besogne.
    À chaque anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, le débat sur la responsabilité des harkis ressurgit, opposant les tenants de la victimologie, engagés pour la reconnaissance des droits des harkis, aux pourfendeurs des traîtres à la nation algérienne. Si une partie des harkis a choisi la voie de la collaboration pour échapper à ses conditions misérables d'existence, d'autres ont porté l'engagement de l'Algérie française par conviction idéologique. Mais, en abandonnant les considérations émotionnelles qui brouillent la compréhension des causes de la guerre fratricide, une lecture rationnelle s'impose : le 17 octobre 1961 les FAP, « faux frères », étaient pris au piège de leur engagement volontaire. Paulette Péju rappelle le tragique de leur condition : « Sans la guerre et la répression ils ne sont plus rien : ni Algériens ni Français. » L'histoire lui donnera raison. Après avoir trahi la cause indépendantiste algérienne, ils seront à leur tour trahi par la France. 

    SOURCE : http://www.lorientlejour.com/article/1012977/17-octobre-1961-massacre-detat-et-zele-des-harkis.html 

    La triple occultation d’un massacre 

    OummaTV revient sur les massacres du 17 octobre 1961 avec Gilles Manceron, historien, spécialiste du colonialisme français et vice-président de la Ligue des droits de l’homme. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de préfacer un texte inédit que les journalistes Marcel Péju (1922-2005) et Paulette Péju (1919-1979) devaient faire paraître à l’été 1962 et publié pour la première fois aux éditions La Découverte Le 17 octobre des Algériens. Un livre complété par La triple occultation d’un massacre de Gilles Manceron. 

     





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    J'ai le grand regret et la déception d'apprendre que ce documentaire ne pourra pas être mené à son terme "Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie"... Il n'y a pas eu assez de contributeurs... Dommage !

    J'ai le grand regret et la déception d'apprendre que ce documentaire ne pourra être mené à son terme "Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie"

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion

    dans la guerre d’Algérie

    «Nous sommes responsables de ce qui se passe dans le monde...» Votre aide nous est précieuse pour relever ce défi.

    Présentation détaillée du projet d’un film-documentaire

     en hommage à Germaine Tillion

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Il s'agit pour les auteurs Samira Houari et François Gauducheau de collecter des fonds pour la dernière étape du tournage d'un film documentaire sur Germaine Tillion dans la guerre d'Algérie. 

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Ce film suit la quête des auteurs qui partent en Algérie, à la recherche des traces laissées par Germaine Tillion, femme peu ordinaire, qui oeuvra avec détermination et courage pour la paix et pour sauver des vies pendant les événements tragiques de la guerre d’Algérie, mais dont le parcours n’a cependant pas été sans méandres ni contradictions. Le film se base sur un fond d'archives, d'interviews de Germaine Tillion réalisés par les auteurs en 2001, où elle évoquait son parcours et ses actions durant la guerre d'Algérie.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie (MISE A JOUR : 14/09/2017

    Place des Martyrs, c'est ici que s'est tenue dans la salle du Cercle du Progrès, l'appel pour une trêve civile lancé par A. Camus, le 22 janvier 1956.
    Les témoins racontent que la salle était bondée, tandis que dans la rue montait l'indignation des ultras. Des jets de pierres ont brisé les fenêtres, les tensions graduelles ont obligé A. Camus à écourter son discours.
     

    Une grande partie des images enregistrées, alors, n’a jamais été utilisée et constitue aujourd’hui des archives inédites et précieuses.  Ces images et ces paroles de Germaine Tillion seront croisées, juxtaposées et mixées avec celles que nous allons tourner en Algérie.  

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Nous rencontrerons une douzaine de témoins et acteurs de cette période de l'histoire de 1954 à 1962 et qui ont croisé la route de Germaine Tillion. Il y a urgence a enregistré ces témoignages car la plupart de ces personnes sont très âgées. En janvier et mai dernier, nous sommes rendus sur place et avons déjà collecté des images fortes de plusieurs de ces témoins.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Depuis 2015, Germaine Tillion repose au Panthéon en récompense de ces actions de résistance lors de la seconde guerre mondiale, mais aussi pour ce qu’elle a fait en Algérie.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    L'an prochain marquera le 10è anniversaire de sa disparition. Notre film-documentaire devrait sortir à ce moment-là. Une diffusion en salle de cinéma est également envisagée. Nos producteurs continuent leur travail de recherches de diffuseurs.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    C'est un parcours long et difficile, nous devons avancer pour que le film ait toutes ses chances de voir le jour et de rencontrer son public. Votre aide nous est précieuse pour relever ce défi. Merci de votre soutien. Retrouvez-nous sur la page Facebook pour l'évolution du projet.  

    À quoi servira la collecte ?

    Ce financement est nécessaire en attendant le financement ultérieur  des chaînes de télévision sollicitées depuis plusieurs mois. Ce financement servira  durant les 3 semaines de séjour: - à financer les voyages vers l'Algérie et  à l'intérieur du pays (Alger et Batna- Les Aurès où a séjourné Germaine Tillion dans les années 30, alors ethnologue.)

    Il s'agit du dernier tournage qui se fera du 22 octobre au 12 novembre. Il sera suivi du montage, en décembre et  une sortie publique dès le début de l'année 2018. 

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    François Gauducheau est auteur-réalisateur documentariste pour la télévision depuis 1971. Samira Houari est journaliste-photographe indépendante pour plusieurs médias en France et en Afrique.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    D'une rive à l'autre... et revenir à la Bretagne

     

    D'Alger à Plouhinec, c'est une histoire de rencontres et d'humanisme.
    Ethnologue dans les Aurès, militant contre la torture et la peine de mort durant la guerre d'Algérie...
    Germaine Tillion a choisi la Bretagne comme résidence de Coeur.
    Et, il y a nous, deux Nantais portés par le désir de collecter des témoignages précieux d'une page d'histoire fraternelle et douloureuse.
    D'une rive à l'autre, de la méditerranée à l'océan Atlantique... c'est une aventure humaine dans laquelle vous êtes invités à soutenir un futur legs à la jeunesse et aux générations montantes.
    Amis Nantais, amis Bretons, amis Algériens et tous ceux sensibilisés par notre projet de film-documentaire.... Nous vous invitons à découvrir notre teaser vendredi à l'espace Cosmopolis !
    En attendant, vous pouvez également nous soutenir sur la plateforme de financement participatif. La somme collectée nous permettra de finaliser le dernier tournage en Algérie, en octobre prochain : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/oukhti-une-autre-histoire-de-germaine-tillion-dans-la-guerre-d-algerie
    Nous avons besoin de vous !!!! Merci !
     

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Pause déjeuner chez Mauricette Nantes

    avec Danielle Michel-Chich.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Le 30 septembre 1956, à quelques jours de la rentrée scolaire, Danielle et sa grand-mère s'apprêtent à déguster une glace, "la dernière glace des vacances" au Milk bar à Alger, lorsqu'une bombe placée par Zohra Drif éclate. L'explosion emporte sa grand-mère et la jambe de celle que la presse nomma la petite Dany. Elle avait cinq ans.
    Son témoignage nous est précieux dans la réalisation de notre film documentaire sur la figure de Germaine Tillion et son action dans la guerre d'Algérie. Il apporte un éclairage indispensable pour pointer les tragédies qui se déroulaient en Algérie durant la guerre d'indépendance, et l'idée que nombre de personnes ont été emportées malgré elles dans la tourmente de l'histoire.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie (MISE A JOUR : 14/09/2017

    La villa Suzini à Alger, lieu de sinistre mémoire... Dans les années 54-62 les paras français l'avaient réquisitionnée pour en faire un centre de torture... Le plus important de cette période de guerre d'Algérie... Bientôt un musée ? 

     

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    ajout personnel (michel dandelot) 

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Parmi les témoins qui vont intervenir dans ce film-documentaire nous relevons avec plaisir la présence de Jean-Philippe Ould Aoudia né le 4 septembre 1941 à Alger. Médecin à la retraite, il est l'auteur de plusieurs ouvrages aux éditions Tirésias. Et a collaboré à de nombreuses publications sur la guerre d'Algérie. Il préside l'association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons qui honore l'œuvre et la mémoire de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs – créés par Germaine Tillion dont les cendres sont entrés au Panthéon en mai 2015 –, assassinés par l'OAS sur leur lieu de travail et dans leur mission d'éducation, « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France. » [Extrait de l'inscription gravée sur la plaque commémorative au ministère de l'Éducation nationale] 

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

     

    Derniers commentaires

    Michel Dandelot

    Le14/09/2017

    Sincères remerciements pour ce projet remarquable d'autant que j'ai un ami qui va témoigner dans votre film-documentaire il s'agit de Jean-Philippe Ould Aoudia, son père a été assassiné par l'OAS le 15 mars 1962. Il préside l'association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons qui honore l'œuvre et la mémoire de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs – créés par Germaine Tillion. Voici le lien de l'article que j'ai mis en ligne sur mon blog. http://www.micheldandelot1.com/oukhiti-une-autre-histoire-de-germaine-tillion-dans-la-guerre-d-algeri-a131618112 

    Très cordialement.

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie (MISE A JOUR : 14/09/2017

     

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    Louizette Ighilahiz torturée par les paras :

    « Massu était brutal, infect. Bigeard n'était pas mieux, mais, le pire, c'était Graziani. Lui était innommable, c'était un pervers qui prenait plaisir à torturer. Ce n'était pas des êtres humains. J'ai souvent hurlé à Bigeard : "Vous n'êtes pas un homme si vous ne m'achevez pas !" Et lui me répondait en ricanant : "Pas encore, pas encore !"
     
     Le 09/09/2017

    "Ma rue a pris le nom de cette GRANDE femme qui a marqué notre Histoire. A mon pays aussi que j'aime et qui me manque. Je suis très touchée d'apprendre que vous vous lancez dans ce projet ... Et je n'ai qu'un mot à vous dire : Merci. Merci."

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    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie

    Le Milk Bar devrait apparaître dans ce film-documentaire
    Danielle Michel-Chich
    Danielle Michel-Chich Très, très alléchant, ce teaser! Dommage que vous alliez tourner à Alger en octobre : je serai aux Etats-Unis jusqu'au 2 novembre...  
     

    Oukhiti, une autre histoire de Germaine Tillion dans la guerre d’Algérie (MISE A JOUR : 14/09/2017


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    Le 17 Octobre 1961 vu par des historiens

    et des écrivains au CCA de Paris

    Un événement inscrit dans la mémoire collective

    Les intervenants lors de la rencontre. © Bedrici/Liberté

     

    Le centre culturel algérien de Paris a organisé une rencontre consacrée à cet épisode de la lutte pour la libération nationale, en présence d’historiens, d’écrivains et d’artistes, ayant apporté de forts témoignages sur ce crime “impuni” par les autorités françaises. 

    Comme chaque année, les événements du 17 octobre 1961 sont commémorés en Algérie mais aussi en France par la communauté algérienne. C’est ainsi que le centre culturel algérien de Paris (CCA) a organisé dernièrement une rencontre d’historiens et d’auteurs consacrée à cet épisode de la lutte pour la libération nationale. Ainsi, l’historien Gilles Manceron et l’écrivain algérien Mohand Zeggagh, auteur du livre Prisonniers politiques FLN en France pendant la guerre d’Algérie, ont apporté leurs témoignages sur les manifestations du 17 octobre.

    À l’origine pacifique, organisé à Paris par les Algériens de France pour revendiquer leur droit à l’indépendance, l’événement a connu un déferlement de violence de la part de la police sous les ordres du préfet Maurice Papon.
    Ce dernier avait d’ailleurs instauré un couvre-feu dès le 5 octobre 1961 qui ne concernait que “les Français musulmans d’Algérie”, c'est-à-dire les Algériens, en raison de leur activisme politique en faveur de l’indépendance. Sortis par milliers le 17 octobre, les manifestants vont se heurter à une police chauffée à blanc par Papon et qui va faire preuve d’une violence inouïe.

    Le résultat, on le connaît : des centaines de morts.
    Au cours de cette rencontre au CCA, l’historien Gilles Manceron est revenu sur ces événements douloureux en s’appuyant sur des faits historiques. De son côté, Ahmed Zeggagh a apporté son propre témoignage de détenu politique dans les prisons françaises et a évoqué le contexte de la répression qui a conduit les Algériens à manifester pacifiquement le 17 octobre 1961.
    L’assistance a assisté également à la présentation de l’ouvrage de l’historien Fabrice Riceputi La bataille d’Einaudi, en hommage au travail réalisé par Jean-Luc Einaudi sur le 17 octobre, considéré comme l’une des pages les plus sombres de la guerre d’Algérie, du côté français évidemment.
    Les artistes sculpteurs Jeanne Gillard et Nicolas Rivet, présents, ont évoqué le projet “Nuit blanche 2017” qu’ils ont initié en hommage aux victimes des massacres du 17 octobre.
    Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’événement “Nuit blanche” organisé le 7 octobre de chaque année par la mairie de Paris.
    C’est une importante manifestation culturelle qui regroupe des artistes et des œuvres que les visiteurs peuvent contempler en divers endroits de la ville.
    S’inscrivant dans cette atmosphère, Jeanne Gillard et Nicolas Rivet ont lancé un appel à participation qui consiste à stationner son véhicule, durant la nuit, les feux allumés, dans une rue du quartier de la Chapelle (18e arrondissement), pour rendre hommage au courage et à la détermination des manifestants du 17 octobre, par un geste symbolique anonyme le soir de la Nuit blanche.
    Il faut noter enfin que les historiens, écrivains et artistes présents à la rencontre du CCA n’ont pas manqué de dénoncer le silence des autorités politiques françaises de l’époque qui ont occulté le crime commis qui est demeuré impuni. Un crime, soulignent-ils, commis contre des citoyens pacifiques qui réclamaient simplement leurs droits.

    A. B.

     

    SOURCE : http://www.liberte-algerie.com/culture/un-evenement-inscrit-dans-la-memoire-collective-279122 


     


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  • Eh les islamophobes de tous poils vous êtes bien contents de les avoir ces médecins… En effet, dans ce cas précis, ce n'est pas le grand remplacement... mais plutôt le grand complément indispensable !!!

    Près de 4 800 médecins diplômés en Algérie exercent en France

    Bande d’hypocrites racistes !!!

    Près de 4 800 médecins diplômés en Algérie exercent en France

    Environ 4776 médecins diplômés en Algérie exercent la profession de médecin sur le territoire français, selon les données de l’Atlas 2017 de la démographie médicale publiées ce jeudi par le Conseil national français de l’Ordre des médecins (Cnom) et rapportées par l’AFP.

    Les médecins titulaires d’un diplôme algérien représentent en effet 38% des 12 566 médecins titulaires d’un diplôme extra-européen exerçant leur profession en France. Le diplôme algérien représente ainsi le premier pays non-européen pourvoyeur de médecins en France, devant la Syrie (11%).

    Ils sont 22 619 médecins à exercer en France en étant titulaires d’un diplôme non français, dont 10 053 sont titulaires de diplômes européens, soit 44,4%. Ils représentent 11.8% des médecins en activité régulière.

    Au total, 290 974 médecins étaient inscrits à l’Ordre national des médecins au 1er janvier 2017, dont 215 941 en activité totale à savoir les médecins en activité régulière, remplaçants ou temporairement sans activité. La moyenne d’âge des médecins en activité régulière est de 51.2 ans, les femmes représentant 47% des médecins en activité régulière.

    SOURCE : https://www.tsa-algerie.com/pres-de-4-800-medecins-diplomes-en-algerie-exercent-en-france/

     

    Face aux déserts médicaux, il y a urgence

    Pour se faire soigner aussi, il existe aujourd’hui une fracture territoriale entre les villes et les campagnes. Archives Pascal Bats Premium

    Le nombre de médecins généralistes continue de baisser. Les mesures mises en place jusqu’ici n’ont pas porté leurs fruits. Le gouvernement révèle ce matin un nouveau plan.

    Edouard Philippe, Premier ministre, et Agnès Buzyn, ministre de la Santé, doivent dévoiler aujourd’hui un plan de lutte contre les déserts médicaux. Une batterie de mesures qui devrait, selon les premières fuites, mettre l’accent sur les maisons de santé et la télémédecine.

    De nombreux dispositifs contre la désertification ont déjà été mis en place ces dernières années : ils se sont révélés impuissants face à ce mal qui, selon les données communiquées hier par le conseil de l’Ordre des médecins, ne cesse de s’étendre.

    1 La pénurie de généralistes s’aggrave

    Le nombre de généralistes en France a de nouveau reculé en 2016. Il s’élève actuellement à 88 137. Soit 9 % de moins en dix ans, « alors que la population grandit et vieillit », souligne Bernard Plédran, délégué régional du syndicat MG France. Les médecins sont moins nombreux, et leur « répartition sur le territoire très inégale » constate un rapport du Sénat rendu en août (1). La pénurie en médecins généralistes est aiguë dans les campagnes. Un symptôme, selon les sénateurs, d’une « fracture territoriale », qui se manifeste dans d’autres secteurs – transports, services publics… Mais elle touche aussi les zones urbaines, Paris en particulier. Conséquences : des délais d’attente qui s’étirent pour obtenir un rendez-vous, des distances de plus en plus grandes à parcourir…

    2 « Toute une génération qui part à la retraite »

    Si les réponses à cette hémorragie n’ont pas encore été trouvées, ses raisons sont bien connues. La première explication est démographique. « Toute une génération de médecins est en train de partir à la retraite. Et il devient de plus en plus difficile de transmettre un cabinet », explique Bernard Plédran. 28 % des médecins ont aujourd’hui 60 ans ou plus.

    La deuxième raison tient aux modes de vie : les jeunes praticiens n’ont pas envie de travailler seuls, loin des centres urbains « où, souvent, vit et travaille leur(e) conjoint(e) », relève Jérôme Wittwer, économiste de la santé. « Pourquoi de jeunes médecins iraient-ils s’installer dans des villages où, par ailleurs, il n’y a plus d’école, plus de pharmacie, plus de poste… ? » s’interrogeait, il y a quelques mois, Albert Roche, président du conseil de l’Ordre des médecins en Gironde.

    « Nous nous retrouvons dans une situation préoccupante. Nous nous attendons à une diminution constante du nombre de généralistes ces quinze prochaines années, alors que les besoins en soins vont augmenter, la population vieillissant », s’inquiète Jérôme Wittwer.

    3 Des mesures jusqu’ici sans efficacité majeure

    Des aides de toute nature (à l’installation, à l’investissement, mesures fiscales, bourses d’études…) ont été mises en place par l’État, les collectivités locales ou par l’assurance-maladie. Des initiatives déployées « en ordre dispersé », « sans stratégie d’ensemble » selon le sénateur Jean-Noël Cardoux, pour des effets marginaux. « Face à ce mouvement de fond, les incitations financières ne peuvent pas suffire : le choix du médecin ne dépend pas seulement de sa rémunération, mais aussi de ses conditions de travail », observe Jérôme Wittwer.

    Autre levier : l’assouplissement du numerus clausus qui fixe, chaque année, le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine. L’État desserre cet étau pour qu’à terme, le nombre global de médecins augmente. « Mais c’est une mesure dont nous ne sentirons pas les effets avant quinze ans », remarque Bernard Plédran.

    4 Beaucoup d’espoir dans les maisons de santé

    Le gouvernement et les collectivités locales soutiennent fortement ces regroupements de généralistes, spécialistes, ou paramédicaux au sein de maisons de santé. Une réponse à l’isolement. Et un moyen de mutualiser les frais.

    On en recense aujourd’hui près d’un millier… contre une vingtaine en 2008. Mais ce n’est « pas toujours la panacée, tempère Jérôme Wittwer. Les collectivités font beaucoup d’effort, en finançant des locaux par exemple. La plupart de ces maisons marchent bien. Mais il n’est pas rare que des locaux restent vides, faute de généralistes volontaires pour venir travailler dans ces secteurs. »

    (1) Rapport d’information des sénateurs Cardoux et Daudigny sur « l’offre de soins dans les zones sous-dotées »

    SOURCE : http://www.sudouest.fr/2017/10/13/face-aux-deserts-medi-caux-il-y-a-urgence-3858158-4585.php


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    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Par YVES FAUCOUP 

    Trente ans après le massacre de 1961 à Paris, Jean-Luc Einaudi publiait un ouvrage remarquable « La bataille de Paris », dans lequel il décrivait l'ampleur de la répression. Massacre d'État occulté et combat d'un éducateur transformé en historien. Fabrice Riceputi, dans un ouvrage, décrit avec brio cette autre bataille, celle menée par Einaudi pour accéder à la vérité. Entretien avec l'auteur.

     

     

    Fabrice Riceputi enseigne l'histoire et la géographie dans un quartier populaire de Besançon. Par ailleurs, il anime un blog qui traite des questions coloniales et post-coloniales. En 2015, il publie La bataille d'Einaudi : dans un style d'une grande clarté, par une écriture fluide, fournissant des éléments toujours précis, il nous raconte une histoire édifiante, celle d'un éducateur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) qui, lorsqu'il apprend qu'un tel événement s'est déroulé à Paris, se lance dans des recherches fastidieuses pour connaître la vérité. Il recueille des témoignages, consulte des archives, mais il est en butte avec la censure, la rétention de documents, car l'État n'a aucun intérêt à ce que ce crime soit connu, des personnalités de premier plan étant impliquées.

    Fabrice Riceputi effectue en quelque sorte une enquête parallèle, qui suit celle que réalisa l'historien du 17-octobre, nous donnant à voir les obstacles qu'il faut surmonter pour dévoiler les mensonges d'État et les valeurs qui sous-tendent un tel combat. Il mène des entretiens avec des personnes qui ont connu Einaudi et qui atteste de sa persévérance et de son engagement.

    Le crime d'État 

    Le crime d'État avait commencé bien plus tôt : bien sûr, entre autres, les massacres du Constantinois en mai 1945 (ils débutèrent le jour même de l'Armistice) mais aussi les "crevettes Bigeard" (nom donné par les militaires aux milliers d'Algériens jetés dans la Méditerranée les pieds coulés dans une bassine de ciment, pendant la "bataille d'Alger"). Puis le couvre-feu à Paris et cette manifestation pacifique composée d'hommes, de femmes et d'enfants et organisée par le FLN qui veut contester les entraves à la vie quotidienne. Le Préfet de Paris est Maurice Papon : les policiers, dont une vingtaine sont morts lors d'attentats du FLN au cours des mois précédents et suite, sans doute, à une manipulation, croient que certains de leurs collègues sont victimes de tirs de la part des Algériens (alors qu'aucun n'est armé), se déchaînent et massacrent à tour de bras, jetant des dizaines d'Algériens dans la Seine où, pour la plupart d'entre eux, ils se noyèrent. Plus de 11 000 furent arrêtés, nombreux furent renvoyés en Algérie et détenus dans des camps.

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Photo Elie Kagan

    Ce drame eut des témoins, dont des journalistes, mais les rares journaux qui voulurent en rendre compte furent saisis. Dix ans plus tard, Historia continuait à parler de "trois morts" lors de "sanglantes échauffourées".

    Après les faits, Fabrice Riceputi décrit le procès que Papon intenta à Einaudi, dans l'espoir qu'en cas de victoire cela lui serve dans le procès en appel après sa condamnation à Bordeaux (pour complicité dans la déportation de 1600 juifs). Alors que l'on redoute une condamnation en diffamation, Einaudi est relaxé et Papon débouté. Belle victoire pour le chercheur qui n'est même pas un "vrai" historien, qui a eu tant de mal pour accéder aux archives. La bataille d'Einaudi nous entraîne dans ce monde où la raison d'État règne, en France particulièrement : l'auteur nous décrit de façon passionnante la façon dont Papon a été "trahi deux fois par les archives, ou, plus exactement par les archivistes". Le "criminel de bureau" est tombé parce quelques archivistes courageux ont  pris des risques et ont payé un lourd tribut. Philippe Grand et Brigitte Lainé furent durement sanctionnés et Fabrice Riceputi, qui les a rencontrés, leur rend un vibrant hommage.

    Le mérite du travail mené par Jean-Luc Einaudi, dont Fabrice Riceputi rend si bien compte, est de mettre en lumière la responsabilité de l'État dans des crimes qu'il s'ingénie à dissimuler et celle des médias qui s'en font, le plus souvent, complices.

    Enfin, l'ouvrage se termine par une mise en perspective avec les événements que connaît la France aujourd'hui : "l'abjecte dérive criminelle" de jeunes Français auteurs d'attentats et l'incapacité de notre société et de ses politiques à se pencher "sur les conditions d'exclusion économique, sociale, politique et culturelle vécues par une partie de la population française, sa relégation structurelle". Il décrit la façon dont des polémistes se complaisent dans la mise en cause de l'école et s'offusquent que la naissance de l'islam puisse y être enseigné (aux côtés de celles du christianisme et du judaïsme).

    L'auteur de La bataille d'Einaudi  se demande à quelle France la République souhaite s'identifier. C'est important en période de discours à n'en plus finir sur l'identité : quelles sont les références ? Maurice Papon et le tortionnaire Marcel Bigeard (qui fut cependant ministre) ou Paul Teitgen, préfet de Police d'Alger qui démissionna pour protester contre la torture, et Noël Favrelière, qui déserta pendant la guerre d'Algérie pour désobéir à une "corvée de bois" (de ce fait, condamné à mort par contumace). Face aux révisionnistes de tout poil, Fabrice Riceputi milite pour un enseignement des crimes coloniaux et pour qu'il soit rendu hommage, auprès de tous les Français, mais en particulier auprès des jeunes générations, à cette France minoritaire qui a "le courage de dire non".

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    La bataille d'Einaudi, comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République, Fabrice Riceputi, préface Gilles Manceron, éditions Le passager clandestin, 2015. Prix du livre anticolonial 2016.

    Fabrice Riceputi publie une bibliographie très complète : ouvrages, articles, mais aussi films. La bataille d'Einaudi est un ouvrage à recommander* si l'on veut connaître non seulement les événements du 17 octobre et le travail de Jean-Luc Einaudi mais aussi approfondir les nombreuses questions qu'il soulève autour de la raison d'État, de la censure, de l'accès aux archives et du comportement des médias.

    * et à commander : si votre libraire ne travaille avec cet éditeur, voici son site : www.lepassagerclandestin.fr 

    . Blog Camp Volant, traitant des questions coloniales et post-coloniales, animé par Fabrice Riceputi : www.campvolant.com 

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    Jean-Luc Einaudi a écrit plusieurs ouvrages : sur la condamnation à mort de Fernand Iveton , sur un centre de torture en Algérie, sur la guerre d'Indochine, et, en lien avec son métier d'origine, sur les Mineurs délinquants (Fayard, 1995).

    Il a publié un texte en 2001 avec Maurice Rajsfus sur Les silences de la police, en réaction à un texte officiel de la préfecture de police de Paris célébrant son bi-centenaire, relatant son histoire tout en expédiant la rafle du Vél' d'Hiv en deux lignes et en passant sous silence le 17-octobre. La LDH de Toulon a publié le dernier chapitre écrit par J.L. Einaudi : "Constamment à pied d'œuvre pour assurer la paix publique".

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    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Photo Elie Kagan

     

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    Entretien avec Fabrice Riceputi 

    Quand as-tu pris connaissance de ces événements tragiques ? 

    - Je pense que j'ai pris connaissance réellement de l'évènement lors de la sortie, en 1991, de La bataille de Paris de Jean-Luc Einaudi, livre qui donna véritablement une histoire à un évènement qui en était privé et qui n'existait donc pas. Cette publication eut un écho important (8 pages dans Libération notamment). Mais il me semble aussi que, dans les milieux libertaires et d'extrême-gauche que j'ai fréquentés dès mon plus jeune âge, j'avais entendu bien avant cette "rumeur mémorielle" sur les "flics de de Gaulle qui avaient tué et jeté à la Seine des Algériens pendant la guerre d'Algérie". J'avais aussi été l'étudiant de Pierre Vidal-Naquet dans les années 80. Il rappelait chaque fois qu'il le pouvait le "pogrom" commis sous les ordres de Papon (lequel, rappelait-il parfois, l'avait mis sur écoutes téléphoniques en prévision d'un procès en diffamation contre Claude Bourdet).

    Qu'est-ce qui t'a conduit à t'atteler à cette tâche, qui a consisté à étudier précisément la démarche de Jean-Luc Einaudi ? 

    - En réalité, sur les conseils de François Nadiras, l'animateur, décédé récemment, de l'excellent site LDH-Toulon [Ligue des Droits de l'Homme], j'ai d'abord eu l'intention de raconter la persécution professionnelle dont furent victimes deux archivistes de la Ville de Paris, Brigitte Lainé et Philippe Grand, punis de façon absolument ubuesque pour avoir témoigné contre Papon de ce que contenaient les archives alors interdites sur le massacre. Puis je me suis rendu compte qu'il fallait raconter toute "la bataille d'Einaudi" pour la connaissance et la reconnaissance de ce crime d'État. Je précise que je n'ai malheureusement pas rencontré Einaudi. Il est mort le 22 mars 2014, quelques semaines après que j'ai voulu prendre contact avec lui. 

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Photo Elie Kagan

    Quelle leçon tires-tu de ce combat pour mettre au jour une information dissimulée ? 

    - Cette bataille de 30 ans pour arriver à un aveu du bout des lèvres par le Président de la République en 2012 est une démonstration de la résistance de "la France", tous partis politiques confondus, à regarder en face son énorme et tragique héritage colonial.  Aujourd'hui, les historiens ont travaillé, la plupart des faits sont établis, il n'y a donc plus d'amnésie, mais il y a toujours un refus d'assumer pleinement et de tirer les terribles leçons de ce passé, y compris dans la façon d'enseigner cette histoire. Et cela ne s'arrange pas : depuis 2000 et l'idéologie de "l'anti-repentance" d'État sous Sarkozy, nous avons plutôt régressé et la tendance semble être à la réhabilitation du colonialisme, chez certains prescripteurs médiatiques et candidats à la présidentielle. Ainsi, selon Fillon, la colonisation aurait consisté à "partager notre culture avec l'Afrique".... La dernière Une de L'Express, qui avait tout de même une autre gueule en 1957, aurait par exemple pu s'appeler "le bon temps des colonies françaises". Dans le même mouvement, on voit aussi se profiler, évidemment, la réhabilitation de Vichy. Zemmour et le FN seront probablement rejoints prochainement là-dessus par d'autres ! La bataille d'Einaudi doit donc continuer.

    As-tu d'autres projets d'écriture en cours ? 

    - Je travaille actuellement sur la figure de Paul Teitgen, cet ancien résistant et déporté (comme énormément des acteurs français de la guerre d'Algérie), qui n'était pas un "anticolonialiste", mais qui démissionna de ses fonctions de quasi-préfet d'Alger en 1957 en indiquant que les pratiques en usage chez les paras durant la "bataille d'Alger" étaient exactement les mêmes que celles de la Gestapo. 

     

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    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Photo qui sert d'affiche au film de Yasmina Adi, "Ici on noie les Algériens"

     

    Bande-annonce du film "Ici on noie les Algériens" de Yasmina Adi dans lequel des témoins ou proches des victimes sont interviewés. Yasmina Adi a réalisé par ailleurs un documentaire sur les massacres du Constantinois (Sétif, Guelma) : L'autre 8 mai 1945, aux origines de la guerre d'Algérie.

     

    Témoignage personnel (Yves Faucoup) : 

    En 1980, je découvre à la lecture d'un livre d'Hervé Hamon et Patrick Rotman, Les porteurs de valises (paru l'année précédente), l'existence de cet événement tragique qui s'est déroulé en France 19 ans plus tôt et dont je n'avais jamais entendu parler. Je lis également La torture dans la République de Pierre Vidal-Naquet (paru en 1972, qui utilise sans doute le premier la formule "la bataille de Paris" pour parler des événements du 17 octobre) et un petit article sur le sujet dans Rouge, une publication de la Ligue Communiste. Je participe à cette époque au démarrage d'une expérience de presse, la publication d'une revue trimestrielle d'informations générales en Franche-Comté (L'Estocade) par une bande d'amis engagés dans divers mouvements (politiques, syndicaux, associatifs). Jusqu'alors, dans les milieux militants de gauche, chaque année on commémorait le souvenir des 9 militants CGT tués par la police au métro Charonne, le 8 février 1962, mais pas le 17 octobre 1961.

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Octobre 1980 : "Les Nouvelles Littéraires" et "Libération" [Archives personnelles YF]

     

    Je rédige alors un article (1) qui paraît le 1er octobre 1980 et qui a pour but de rappeler les faits, avec le peu d'éléments que je possède : "faute de pouvoir casser du FLN, la police va casser du bougnoule". J'évoque le bilan du massacre selon diverses sources : de 140 à 200 morts, et de nombreux disparus. Je cherche surtout à voir comment le sujet a été traité dans la presse régionale (L'Est Républicain) : trois morts ("quelques policiers ont pu perdre leur sang-froid"). Les jours suivants, le quotidien se fait tout de même l'écho de rumeurs sur des passages à tabac et des "accusations très graves selon lesquelles des Algériens arrêtés auraient été précipités dans la Seine ou dans le canal Saint-Martin".

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Michel Debré, Roger Frey et Maurice Papon

     

    Je cite Papon, Préfet de Police (en 1980, il est ministre du budget de Giscard) et Roger Frey, ministre de l'Intérieur (en 1980, il est Président du Conseil constitutionnel).

    Les premiers articles dans la presse, après 19 ans de silence, paraissent le 17 octobre 1980 (Libération), le 23 octobre dans Les Nouvelles littéraires (que dirige Jean-François Kahn qui a l'époque du massacre fut informé mais son journal Paris-Presse n'en dit mot). Le 1er novembre, Libé  publie un témoignage hallucinant d'un lecteur qui rapporte les propos de cinq policiers se vantant des tirs à la mitraillette sur les manifestants algériens, et les cartons faits du haut des immeubles "au pistolet sur les hommes, les femmes et surtout les enfants (c'est une cible plus petite et c'est plus méritoire de la toucher)". Le Monde n'aborda le sujet qu'un an plus tard. A partir de cette époque, chaque année le 17 octobre, de nombreux médias commémoreront ces faits tragiques.

    J'adresse une lettre à Jean-Louis Peninou, journaliste de Libération, suggérant qu'il serait judicieux qu'un livre soit écrit sur une telle affaire, qui n'a pas encore eu son historien. En 1983, Didier Daeninckx sort un roman Meurtres pour mémoire, tout premier ouvrage à décrire le crime d'État. En 1985, Michel Levine publie Les ratonnades d'octobre, un meurtre collectif à Paris en 1961 (chez Ramsay) que je m'empresse de lire : plus de 300 pages qui livrent déjà beaucoup de témoignages et d'informations. Puis c'est le livre de Jean-Luc Einaudi en 1991.

    Il faut attendre octobre 2012 pour que le Président de la République (François Hollande) reconnaisse la "sanglante répression" et rende hommage aux victimes. Sans plus. Comme le dit Fabrice Riceputi, la "bataille d'Einaudi" est à poursuivre pour qu'enfin la République reconnaissance sans barguigner ce crime d'État. Quant au gaulliste Henri Guaino, au même moment, il minimise et refuse toute repentance : c'est juste "une manifestation qui a mal tourné". Faudrait pas qu'on se mette à rappeler qui était chef de l'État en ces temps-là. Maurice Papon, certes, est fortement impliqué dans ce massacre, mais cela a quelque peu occulté le fait qu'il n'a jamais été désavoué par le Général De Gaulle. Aujourd'hui encore, lorsque l'on parle des attentats djihadistes commis sur le sol français, nombreux commentateurs croient nécessaire de prétendre que jamais il n'y a eu un tel massacre en France depuis la fin de la dernière guerre.

    ******

    (1) Article publié dans L'Estocade n°9 d'octobre-novembre 1980 : 17 octobre 61 : le massacre ignoré.
     

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

    Plaque commémorative à Paris inaugurée le 17 Octobre 2001 par Bertrand Delanoé, maire de Paris. Elle est apposée sur le mur du Quai, au Pont Saint Michel, à deux pas de la Préfecture de Police, d’où furent jetés à la Seine tant d’Algériens.

     

    Archive de l'INA : 

    © Ina Histoire

    Dans ce court documentaire de 5 mn, Elie Kagan explique que les journaux refusèrent ses photos qui montraient la répression et les victimes. Joseph Gommenginger, un ancien policier, atteste que des messages bidon sur la radio de la police annonçaient des meurtres de policiers pour provoquer la fureur des "gardiens de la paix", et Jean-Luc Einaudi rappelle qu'une cinquantaine d'Algériens furent tués dans la cour même de la Préfecture de Police, où se trouvait Maurice Papon, et leurs cadavres furent ensuite jetés à la Seine (à noter qu'à l'époque, ce fait fut rendu public, en vain, par Claude Bourdet, ancien grand résistant et conseiller municipal de Paris).


    Le Parisien, évoquant l'inauguration prévue le 17 octobre 2016 d'un "Boulevard du 17 octobre 1961" à Nanterre, parle de "300 Algériens massacrés".

     

    17 octobre 61 : «La bataille d'Einaudi»

     "Une journée portée disparue" 

    Document vidéo du Monde.fr en 2011 avec photos inédites et interview de l'historien Gilles Manceron. 150 à 200 morts pour la seule journée du 17 octobre :

     "il s'agit d'une des répressions de manifestation les plus meurtrières de l'histoire contemporaine de l'Europe occidentale".

     

     

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/161016/17-octobre-61-la-bataille-deinaudi 


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    C’est le bordel pour les retraités !!!


     Lettre à notre Président...!!!

    Je voudrais vous féliciter
    Il en a fallu du courage
    Pour décider de ponctionner
    De leurs soi-disant avantages

    Tous ces bienheureux retraités.

    Les riches retraités eux ils s’en foutent

    Mais ces millions de pauvres retraités

    Vous en avez rien à foutre !!!

    Il est vrai qu'ils sont redoutables

    Et pour tout dire presque enragés

    Avec leurs béquilles, leurs bandages

    Sans parler des chaises percées.

    Il y a même un bon côté

    Peu s'en iront à l'abordage

    Afin d'incendier l'Elysée

    Ou de construire des barrages

    Et puis ils vont bientôt crever

    Alors pourquoi donc s'en priver ?

    Peut-être vous a-t-il échappé

    Ce que fut leur enfance dorée ?

    La deuxième guerre mondiale

    Avec son lot de privations
    De bombardements, un régal
    Pour qui aime les films d'action.
    Et ensuite ce fut l'école
    Où l'on passa bien peu de temps
    Pas comme certains guignols
    Qui n'en sortent qu'à 27 ans
    Souvent après c'était l'usine
    Où l'on entrait à 14 ans
    Quarante-huit heures par semaine
    Quinze jours de congés payés...
    Vraiment l'existence rêvée.
    Votre service militaire
    Dites moi où l'avez vous fait ?
    Pour nous, 28 mois d'une guerre
    Trente mille jeunes y sont tombés
    On devrait dire « Mort pour la France coloniale »

    Mais cela n'est pas votre affaire
    Pour le résultat qu'on connait.
    Alors pourquoi donc se gêner
    Pressurons-les tous ces nantis
    Pour pouvoir mieux distribuer
    Aux riches de ce pays
    Pour ce qui est du logement
    Formidable que nous fûmes gâtés
    Parfois à six dans l'appartement
    D'à peine soixante mètres carrés
    Sans aucune des commodités
    Sans doute l'histoire de France
    N'est pas votre tasse de thé
    Elle fût traitée en votre absence
    Ou bien vous l'avez oubliée.
    Pas nous... !!!
    Un jour vous vous en apercevrez !!!

    On ne vous a pas attendu

    Pour aider nos enfants, nos petits-enfants

    Nos arrière-petits-enfants !

    Alors vous nous obligez à moins les aider !!!

    Alors je vais te tutoyer

    Tu n’as que 39 ans le gamin

    Pour moi qui en a quatre-vingt

    Je t'offre cette chanson

    Que Patrick Sébastien m'a apprise :

    Si tu pouvais fermer ta gueule

    Ça ferait du bien à la France !!!

     

    Un retraité très en colère

     

     

     


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  • "L'autre Algérie" "Européens d’Algérie : Une société particulière, produit de la colonisation" de Michèle Villanuèva

    Dans notre article précédent Jean-François GAVOURY, président de l’ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS) cite Michèle Villanuèva rappelons-nous de cet article qui l’a concerne…

     

    "L'autre Algérie" "Européens d’Algérie : Une société particulière, produit de la colonisation" de Michèle Villanuèva

    Bien plus que des souvenirs, Michèle Villanuèva, l'Oranaise, apporte un témoignage fort sur l'Algérie d'avant. 

     http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/11/1303478-l-autre-algerie-de-michele-villanueva.html

    56 ans après la fin de la guerre d'Algérie, Michèle Villanuèva, née à Oran et vivant dans l'ouest Aveyron, revient sur l'histoire de cette guerre et de l'indépendance. 

    Mots posés sur la nostalgie des années de jeunesse passées. Son « Algérie » à Michèle Villanuèva c'était Oran. Là où Camus situa « La Peste ». Elle, la fille de « petits pieds-noirs ». Gens modestes, nés « dans cette ville où il y avait autant d'Européens que d'Algériens ». Sans profiter des richesses des colons. Dans cet Oranais cher à Cervantès, arrivé très jeune, son grand-père espagnol enracina les siens. Elle s'identifie, tout en nuances, à « ces Français qui ne connaissaient pas la France ». Mais parce qu'ils n'étaient pas Arabes, ils vivaient cependant mieux que les autochtones. « Nous ne vivions pas ensemble, mais à côté. Et ceux qui se situaient le plus à côté c'était les Algériens ». Pas question de mélanger les populations. L'Algérie était française, parce que c'était comme ça. Pas pour elle. Dans la lignée du questionnement de Frantz Fanon - « comment guérir le colonisé de son aliénation ? » - elle se démarquait des siens. à contre-courant. Michèle avoue, d'ailleurs, ne pas toujours comprendre « que quand on aime un pays, on n'aime pas toute sa population ». 

    « Département français »

    Premières actions du FLN, arrivée des soldats du contingent, attentats de l'OAS… Michèle Villanuèva raconte. « Quand la guerre a éclaté, j'ai voulu savoir. Juste avant, il y avait eu Dien Bien Phû et nous en avions beaucoup parlé. Lorsque j'ai demandé à mon père s'il pouvait se passer la même chose ici, il me répondit : ça n'arrivera jamais, car nous sommes un département français ». Peine perdue. 

    Ses études parisiennes confortèrent son engagement. « Un jour, une copine m'a dit, comment veux-tu qu'un million de Français impose leur loi à neuf millions d'Algériens ». Des positions qui entraînèrent la rupture avec bien des amis oranais. « Je voulais comprendre les Algériens, mais pour eux ce n'était pas possible ; sinon je devenais une traître ». Dans une famille « très Algérie française », dont certains membres s'engagèrent ouvertement aux côtés de l'OAS, ses positions choquent. « Surtout qu'à la fin de la guerre, à Oran, c'était très dur, l'OAS était très violente, elle voulait aller à la partition… ». Elle sera chassée de sa ville. En 1962, alors que les bateaux se remplissaient des rapatriés, son père préféra rester. « En travaillant, ma mère a vécu ses meilleurs moments. Mais lorsque deux ans plus tard, ils durent quitter Oran, ce fut très dur ». Elle y enseigna jusqu'en 1965. Comme un clin d'œil de l'histoire, en 1992, à la Sorbonne, elle croisa un de ses anciens élèves. Il était devenu professeur d'université et dirigeait une revue… 

    «L'Algérie, une, unique et multiple»

    Après « L'Écharde, chronique d'une mémoire d'Algérie », Michèle Villanuèva publie, aujourd'hui, un petit opus « L'Algérie, une, unique et multiple ». Un travail qui au départ devait figurer dans un ouvrage collectif sur les 50 ans de l'indépendance algérienne. Pour diverses raisons, elle l'a repris à son compte. « C'est une occasion pour moi, écrit-elle dans la postface, aujourd'hui, de repréciser à propos de l'Algérie ce que j'entends par mémoire. Sur ce canevas tragique de décolonisation, la mémoire, fusse-t-elle la mienne, ne peut effacer l'Histoire. Je pense même que c'est celle qui s'accompagne de l'Histoire qui peut être la plus crédible.» Suivi de « La Ville ». « Collage littéraire avec la période de la guerre d'Algérie et notamment des derniers mois que je vécus à Oran livrée à l'OAS, avant d'y être chassée. Et de pouvoir y revenir». À se procurer auprès de : jasmin.bleu@club-interent.fr ou la librairie La Folle Avoine. 

    Jean-Paul Couffi 

     

     

    Européens d’Algérie : Une société particulière, produit de la colonisation 

    Durant huit années, du 1er novembre 1954 aux 19 mars (accords d’Evian) et 3 juillet 1962 (reconnaissance par la France de l’indépendance), la guerre d’Algérie opposa l’Etat colonial français à la population algérienne, mais aussi, plus insidieusement, les Algériens qui étaient chez eux et les Européens qui se croyaient chez eux.  

    La colonisation de l’Algérie est le type même de la colonisation de peuplement. Le 14 juin 1830, la France débarquait en Algérie en voulant en faire une terre française. Face aux Algériens, désignés au mieux comme des « Indigènes », une population d’Européens se forma avec des apports divers, d’Espagnols, de Maltais et d’Italiens, à un moindre degré d’Allemands et de Suisses. 

    Juifs séfarades et Espagnols  

    D’autres couches de population avaient cependant vécu depuis longtemps en Algérie au côté des Algériens. Les Juifs étaient ainsi arrivés en plusieurs vagues ; dès l’antiquité, après leurs révoltes en Cyrénaïque, puis avec la conquête arabe aux 7ème et 8ème siècles. Ils se lièrent aux Berbères des montagnes de l’est de l’Algérie, devenant des Berbères-judaïsés, ou Juifs-berbérisés.  

    Puis, à partir de 1492 et de la Reconquista, les Juifs séfarades arrivèrent d’Espagne. Ils cohabitaient avec les Algériens, s’habillaient comme eux, parlaient l’arabe contrairement aux Berbères conservant leur langue. Ils se trouvaient partout en Algérie, plus nombreux dans le Constantinois. S’ils pouvaient être paysans, ils étaient le plus souvent artisans ou commerçants – en majorité pauvres, sauf ceux qui s’enrichirent en servant d’intermédiaires commerciaux au service des Turcs. 

    Aux premiers temps de la colonisation, le colonisateur utilisa leur proximité avec les Algériens, leur connaissance de leur langue et de la manière de vivre, mais aussi leur niveau culturel. Appliquant le traditionnel « diviser pour régner »,  le colonisateur décida de les couper des Algériens. Alors que s’annonçait la révolte d’El Mokrani, le 24 octobre 1870, le décret Crémieux leur permit d’acquérir la nationalité française. Mais leur sort dépendait des choix des autorités coloniales ; en 1940, sous le régime de Pétain, ils perdirent la nationalité française (avant de la retrouver en 1943), furent alors chassés des bureaux et des écoles, subissant des numéros clausus en tant que cadres ou médecins. 

    Les Espagnols, aux villes si proches de l’ouest de l’Algérie, avaient pu débarquer très tôt sur leurs balancelles (barques à voile). Dès le début du 16ème siècle, Charles Quint occupait Mers El-Kébir, port situé près d’Oran. Les Espagnols construisirent des forts, des places fortes. Ils étaient alors quelques milliers en Oranie. Mais le 6 mars 1792, les beys prirent possession d’Oran, qui passa aux mains des Turcs. Ailleurs en Algérie, dès 1510, Ferdinand le catholique avait attaqué Alger, puis Bougie. Mais les Espagnols en furent chassés par les janissaires de Barberousse. 

    Avant l’arrivée de la France, des Espagnols vivront cependant trois siècles en Oranie, peuplant petites villes et villages. Les hommes travaillaient la terre, défrichaient, asséchaient les marais, déboisaient les forêts. S’adaptant bien à ce climat qui leur était familier, ils résistaient mieux aux maladies, connaissaient le maraichage, l’irrigation, l’arboriculture. Les flux de migration vers l’Algérie, dépendant de la situation en Espagne (sécheresse, chômage, perte de terres), furent même davantage encouragés par les autorités espagnoles que les départs vers l’Amérique latine. La colonisation française, à partir de 1830, enracina les Espagnols sur cette terre. Beaucoup étaient artisans, ouvriers, commerçants comme dans le passé entre Tlemcen, Oran et l’Espagne. Certains réussirent à grimper dans l’échelle sociale. 

    Ainsi Juan Bastos, venu à 12 ans de Malaga, très pauvre, adopta vite la nationalité française et créa dans de petites échoppes « Les cigarettes algériennes ». Ses fils en feront les grandes usines Bastos, avec de nombreuses ouvrières à Oran puis Alger. Ou encore les Lumiñosas fabriquant le Cristal Anis, les Espig utilisant le safran et autres épices pour en faire le spigol, les frères Gras qui mirent au point l’anisette. 

    Dès 1830, les autorités coloniales favorisèrent les communautés espagnoles, reconnues pour leur savoir-faire. Les lois de 1849 et 1851, puis le sénatus-consulte de 1865, donnèrent le cadre législatif pour la naturalisation des étrangers. Entre 1865 et 1912, 6081 Espagnols d’Algérie devinrent français, tout comme 7485 Allemands et 8 214 Italiens ; bien que plus nombreux, les Espagnols répondirent moins à la francisation. 

    Les Pieds-Noirs  

    Aux Juifs, Espagnols et autres étrangers s’ajoutèrent les Français de la « métropole », parfois chassés de France après les mouvements révolutionnaires de 1848 et 1871. Ensemble, ils seront les « Européens d’Algérie », que l’Etat colonial tentera d’unifier ; mais chaque groupe gardera sa spécificité, bien visible dans les différentes villes. 

    Leur unité de façade tient dans la réalité coloniale qui opprime face à eux les Algériens. Les grandes villes, Alger, Oran, Constantine étaient à l’image de cette société. Les quartiers algériens étaient bien délimités, en casbah originelle, avec des habitats à population dense, aux ruelles étroites, très en pente. A Alger, la présence turque a laissé bien des traces dans la casbah. A Oran, le « village nègre », mais aussi le ravin Raz el Ain, regroupaient le plus grand nombre d’Algériens. 

    Chaque ville avait son quartier juif, souvent près du centre, avec ses rues commerçantes, ses boutiques en tout genre. Elles étaient très fréquentées car on y trouvait de tout. De nombreux quartiers étaient marqués par les communautés les plus présentes, comme les quartiers espagnols. Les centres-villes étaient réservés à la population d’origine française, mais aussi socialement aux bourgeoisies originaires de différents pays qui savaient s’ouvrir aux riches des autres communautés. 

    Les Européens d’Algérie se sentiront, ensemble, une même population, sous le nom de Pieds-Noirs, avec une identité spécifique, mais surtout à partir de l’éclatement de la guerre d’Algérie. En 1960, ils étaient environ 1 million, dont 130 000 juifs, face à près de 10 millions d’Algériens. 

    La progression de cette population laisse à voir la diversité du peuplement, mais aussi la volonté de l’Etat colonial de les intégrer en les séparant des Algériens musulmans. Ainsi, en 1886,
    220 000 Français et néo-Français dépassaient à peine 203 000 étrangers dont 144 530 Espagnols (surtout en Oranie) et 44 315 Italiens (plutôt dans le Constantinois), les uns et les autres avec une natalité importante. D’où la loi très libérale du 26 juin 1889, accordant la nationalité française à 170 000 étrangers, qui s’intégrèrent grâce à l’école, au service militaire, avec des mariages mixtes hors la communauté juive. Celle-ci subit des campagnes antisémites à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, dans tout le pays et particulièrement à Oran. 

    Les Pieds-Noirs dans leur diversité ethnique, sociale  et culturelle, produits de la colonisation, vivaient aux côtés des
    « Indigènes ». Le racisme ambiant n’était pas l’apartheid. Dans les villes, les Algériens étaient bien présents ; sur les marchés, dans les rues avec les marchands ambulants, sur les chantiers, dans le petit personnel de service, comme les fatmas, Algériennes qui même dans des familles pauvres allaient faire la lessive une fois par mois. 

    Les Algériens ne devinrent citoyens français qu’en mars 1944 mais avec des droits moindres, car il y avait deux collèges électoraux. Le premier collège était celui des Européens, 532 000 personnes (avec 3 000 musulmans), le second collège regroupant 1,3 millions d’électeurs, tous musulmans. Ainsi
    1 million de Français dominaient 9 millions d’Algériens, en contrôlant toute la vie locale. Ce n’est qu’en février 1958 que sera établi le collège unique ; en juillet de la même année, les femmes musulmanes obtiendront enfin le droit de vote. 

    Une société différente  

    La société des Français d’Algérie était différente de la société métropolitaine : moins rurale, avec un développement urbain hérité des aléas de l’Histoire, moins ouvrière, avec encore plus de petits boulots qu’en France, et peut-être plus inégalitaire. Elle était coiffée par une administration coloniale aux mains des Français de France, le contrôle économique étant exercé par de grands groupes métropolitains. 

    En juin 1955, l’administration découpa toute la société en classes particulières. La classe 21 regroupait 5 840 000 agriculteurs traditionnels, tous musulmans ; la classe 22, 1 600 000 habitants des zones urbaines, principalement musulmans ; la classe 23, 950 000 artisans et petits commerçants, dont 510 000 musulmans ; la classe 24, 595 000 membres des classes moyennes, dont 50 000 musulmans ; la classe  25, les 15 000 Européens les plus riches. Les plus pauvres rassemblaient 93 % des Algériens musulmans. Chez les Européens, 440 000 étaient pauvres, 545 000 appartenaient aux classes moyennes et 15 000 formaient donc l’élite bourgeoise. 

    Dans l’agriculture, 8000 petits propriétaires se partageaient 1 % des terres, alors que les colons, 6385 gros propriétaires dont 423 sociétés, en accaparaient 87 %. Détenteurs de grandes fortunes foncières et mobilières, ils représentaient le type même du pouvoir colonial. Parmi eux, l’Algérois Jacques Duroux, sénateur, propriétaire de minoteries, de meuneries, d’une compagnie maritime et du journal L’Echo d’Alger. L’homme de la Mitidja, Henri Borgeaud, sénateur radical, archétype de l’immobilisme et de la tradition, possédait des domaines vinicoles et d’agrumes, était administrateur des tabacs Bastos, des ciments Lafarge ou encore du Crédit foncier. Ce sont eux qui, avec l’appui de la France coloniale, ont construit « leur » Algérie. 

    Face à eux, le petit peuple des villes qui, parfois, dénonçait le pouvoir des colons et leur emprise sur la société : petits fonctionnaires, artisans, petits employés (au nombre de 99 000) et ouvriers (90 600) ; peu de femmes étaient actives, du fait des habitudes méditerranéennes mais aussi de l’emploi des femmes algériennes dans les services. Les agents  de l’Etat représentaient 28 % de la population active et 38 % des salariés, avec une surreprésentation du personnel métropolitain. 

    Les Européens d’Algérie étaient plus citadins que la population d’une France qui restait encore très agricole. 53 % d’entre eux vivaient en ville, dont 366 000 à Alger et Oran. 

    Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, après les émeutes du 8 mai 1945 à Sétif et Guelma, les Pieds-Noirs commencèrent à craindre l’insécurité, d’où leur départ du bled pour rejoindre les villes. Certains envisagèrent le repli, vendirent des terres. Les plus riches envoyaient leurs capitaux en France, achetaient des terres dans le sud-ouest. Dans les familles, on se partageait les rôles, entre ceux qui se maintenaient en Algérie et ceux qui commençaient une nouvelle vie en métropole. Il en allait de même pour les dirigeants de certains grands magasins ou restaurants, ainsi que pour des membres de professions libérales, pharmaciens, dentistes, médecins. Plus que de départ, on parlait d’« infiltration » en France. 

    Entre le début de la guerre (1954) et 1960, 25 000 départs furent enregistrés. Fin 1961, 160 000 Pieds-Noirs s’étaient déjà repliés en France. Au moment des accords d’Evian, 20 % avaient quitté l’Algérie. Les petits Pieds-Noirs avaient eu moins le choix. La plupart ne connaissaient pas la France, seuls les fonctionnaires ayant un voyage payé tous les deux ans. Ils ont aimé la France, puis l’ont détestée.  

    Les Européens face à la guerre  

    Comment cette société d’Européens d’Algérie s’est-elle comportée pendant les années de guerre ? Ceux des classes supérieures, plus instruits et cultivés, avaient les moyens de mieux comprendre les faits politiques et militaires. Pour autant, ils firent le choix de l’Algérie française. Ils avaient entre leurs mains les médias, les grands journaux, même si Alger Républicain et Oran républicain défendaient, quand ils n’étaient pas interdits, des points de vue d’opposition et parfois même de dénonciation des exactions du système colonial. 

    C’est pendant la guerre que les Pieds-Noirs ont été les plus unis : dans l’incompréhension de la signification de la guerre ; dans l’impossibilité de comprendre la réalité du mouvement national algérien ; dans le soutien à l’armée française ; dans la dénonciation des violences du FLN mais en acceptant celles de l’armée et des milices pieds-noires elles-mêmes. 

    Pourtant, les Européens d’Algérie ont aussi participé à la vie politique et aux syndicats. Tous les corps de métier, toutes les corporations avaient leurs syndicats –journalistes, ouvriers du livre, manœuvres et ouvriers du bâtiment, dockers et ouvriers de la marine, personnel hospitalier, cheminots. En 1948, à l’EGA, électricité et gaz d’Algérie, la CGT l’avait emporté avec 80 % des suffrages. La fédération CGT des PTT comptait un grand nombre de syndiqués. FO se développa dès 1947 lors d’une grève à l’EGA, se voulant en rupture avec la tutelle du PCA sur la CGT. La CFTC était présente et le SNES/FEN comptait 900 adhérents. Fondée en 1956, l’UGTA, Union générale des travailleurs algériens, organisa essentiellement ces derniers. 

    Les partis politiques français avaient leurs doubles en Algérie. La SFIO comptait 700 affiliés en 1935, 2800 en 1945, 825 en 1958. Tout en dénonçant certaines inégalités, elle se gardait bien d’adopter des positions trop tranchées – comme d’autres organisations modérées, le MRP ou la Ligue des droits de l’Homme. 

    Les libéraux d’Algérie, sans disposer d’un véritable parti, s’élevaient contre les injustices du système colonial, la répression et les massacres, tels ceux de Sétif et Guelma en 1945. Dans Alger Républicain, Albert Camus avait dénoncé dès 1939 la misère des villages de Kabylie. En pleine guerre, le 22 janvier 1956, il appela à la trêve civile au nom de la raison et de l’humanisme. Parmi ces libéraux se trouvaient aussi des intellectuels comme l’écrivain Emmanuel Roblès, l’éditeur Edmond Charlot, quelques architectes, des peintres, des représentants des cultes, ainsi que quelques Algériens comme Ferhat Abbas. Certains libéraux progressistes étaient plus radicaux, comme les étudiants influencés par Bourdieu, les Chrétiens progressistes tels André Mandouze, ou plus engagés comme le professeur de médecin Pierre Chaulet, l’abbé Scotto de Bab El Oued, l’ethnologue Germaine Tillon qui créa les centres sociaux. Incompris de la majorité des Pieds-Noirs, ils furent l’objet d’une haine féroce de la part des ultras. 

    Le Parti communiste algérien  

    Le PCA, Parti communiste algérien, était le seul à se sentir lié à la population algérienne. En 1920, à sa création, il n’était qu’une annexe du PCF. A l’origine, ses militants étaient Européens, parfois fils de déportés politiques des révolutions françaises de 1848 et 1871. Puis, à partir de 1936, il s’ouvrit aux Algériens. 

    Ses rapports avec le PCF étaient complexes ; « l’Algérie, nation en formation » affirma Maurice Thorez lors de son voyage de 1939, lui qui prétendait que seul le pouvoir des communistes en France pourrait offrir une solution aux Algériens. En 1956, le PCF refusait toujours d’envisager l’indépendance de l’Algérie. Il vota le 12 mars 1956 les pouvoirs spéciaux demandés par Guy Mollet pour renforcer l’effort de guerre en Algérie. 

    A Oran, Alger, Constantine où ils se retrouvèrent à 300 dans la clandestinité, les militants communistes furent livrés à eux-mêmes. Ils s’engagèrent dans la lutte anticoloniale, créèrent « les Combattants de la Libération », certains rejoignant les maquis, après la désertion de l’aspirant Henri Maillot, le 4 avril 1956, avec un camion d’armes transmis au FLN. Maillot sera tué au combat en juin suivant, avec ses camarades communistes Maurice Laban, un ancien des Brigades internationales, Belkacem Hannoun et Djilali Moussaoui.  

    La mort de Maillot fut un véritable drame pour Fernand Iveton, qui décida de passer aux actes en organisant un attentat dans l’usine à gaz où il travaillait. Pour lui, ce devait être un geste d’éclat, sans victime, signe de la détermination des Algériens en lutte. Il changea la date de l’action pour ne blesser personne. Suivi par un contremaître, il fut dénoncé, arrêté et torturé. La presse se déchaîna. Pour les Pieds-Noirs, c’était bien la preuve que les communistes de l’URSS menaient la guerre aux côtés des Algériens. Iveton put tenter de s’expliquer, dire qu’il se sentait algérien, qu’il aimait la France mais pas le colonialisme, qu’il voulait montrer que tous les Européens n’étaient pas anti-arabes… La justice militaire était là pour frapper et le condamna à mort. La presse approuva. Iveton crut en la grâce présidentielle. Le président Coty ne l’exerça pas (Mitterrand est alors ministre de la justice). Il fut guillotiné le 11 février 1957, quelques minutes avant  Mohamed Laknèche et Mohamed Ouenouri. 

    Le PCF avait abandonné Fernand Iveton : pas de réelle campagne de soutien, même si quelques sections s’étaient mobilisées, et un avocat compétent fourni trop tard. Ce parti qui ne soutenait pas ses propres militants refusant de partir en Algérie voulait ainsi signifier combien il réprouvait les actions menées par le PCA. 

    Les militants du PCA poursuivront la lutte clandestine, à l’instar d’Henri Alleg et Maurice Audin, arrêtés le 11 juin 1957 et torturés par les paras de Massu. Maurice Audin en mourra, assassiné par l’armée le 21 juin 1957. Henri Alleg dénoncera la torture dans un livre référence, La Question. 

    Sentiment d’abandon et percée des ultras  

    Plus la guerre durait, plus l’armée réprimait dans tout le pays, mais sans assurer la sécurité ; plus les attentats étaient aveugles et se répondaient, plus le De Gaulle du 13 mai 1958, porteur de tant d’espoirs chez les Pieds-Noirs, se transformait en un conciliateur proche des Algériens, jusqu’à oser parler dès septembre 1959 d’autodétermination ; plus il négociait avec le FLN, plus les Pieds-Noirs se sentaient abandonnés – même si la guerre se poursuivait, toujours aussi violente dans le bled comme dans les villes. 

    Les Pieds-Noirs gardaient encore espoir en l’armée, surtout celle des paras et des corps d’élite. Et bien sûr il y avait les ultras, ceux qui promettaient que l’Algérie était et resterait française. En majorité, ils appartenaient plutôt aux classes populaires, comme ces deux salariés des tramways algérois qui, le 18 novembre, assassinèrent un cordonnier. Il y avait aussi parmi eux d’anciens résistants, des militaires déçus de Dien Bien Phu, des activistes venant de l’ORAF, Organisation de résistance de l’Algérie française, ainsi que de diverses structures de contre-terrorisme liées aux services spéciaux de l’Armée. Á leur tête, des personnalités tels que Jean-Claude Pérez, de famille pro-franquiste, docteur à Bab el-Oued, Josef Ortiz et son bar du Forum à Oran, ou Athanase Georgopoulos, propriétaire du grand café Riche. 

    Ce sont les groupes d’Alger qui organisèrent la manifestation contre Guy Mollet du 6 février 1956. A leur compte, des enlèvements, des attentats comme celui de Thèbes dans la casbah (60 morts), celui contre l’UGTA, des exécutions sommaires, la création d’un centre d’interrogatoires forcés. Le 16 janvier 1957, l’ORAF fomentait même un attentat contre le général Salan…jugé trop modéré. Salan comprendra si bien qu’il deviendra l’un des chefs des contre-révolutionnaires, des séditieux. 

    L’OAS (Organisation armée secrète), née en 1961 de tous ces groupes, recrutera des ouvriers de Renault, de l’arsenal, des employés des tramways, des sportifs, des coiffeurs. Si tous ceux-ci avaient souvent voté communiste ou socialiste, ils venaient de cette société globalement pro-pétainiste, et souvent antisémite, d’où la méfiance à l’égard de De Gaulle qui rejaillira dès 1954. L’OAS se renforcera des officiers vaincus de l’armée française, qui avaient connu au Vietnam la guerre subversive et psychologique, et incarnaient le mythe des corps d’élite sur lequel elle s’appuiera. 

    Cette force militaro-sociale organisa la journée insurrectionnelle du 24 janvier 1960, avec manifestations populaires encadrées par les Unités territoriales en armes et des paras, tandis que le quartier des facultés devenait un camp retranché. Les ultras tirèrent sur les gendarmes mobiles qui ne les avaient pas ralliés, tuant 15 d’entre eux et faisant 150 blessés, contre 6 morts dans leurs propres rangs. Ce fut la semaine des barricades, jusqu’au discours de De Gaulle du 30 janvier, qui dénonça les insurgés et fit appel à l’armée. Le 31, les barricades commencèrent à se vider. Quelques chefs de l’insurrection qui n’avaient pas fui en Espagne furent arrêtés, mais des centaines d’activistes connus ne furent pas poursuivis.  

    Le 8 janvier 1961, le référendum sur l’autodétermination de l’Algérie sanctionnait la victoire du « oui », avec 75,25 % en France et 69,09 % en Algérie. 

    L’OAS et le putsch des généraux  

    Le 11 février 1961, depuis Madrid, Salan, Susini et Lagaillarde lancèrent l’OAS, qui regroupa le FAF (Front de l’Algérie française) clandestin et d’autres réseaux. Les attentats contre les « musulmans »se multiplièrent, tout comme les assassinats d’opposants, tel l’avocat libéral Popie, poignardé à mort chez lui parce qu’il avait eu l’audace de déclarer, à l’émission télévisée « Cinq Colonnes à la une », que l’Algérie Française était morte. 

    Le 23 avril suivant, les généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller appelaient en Algérie et en France à l’insurrection. Le général De Gaulle, tout en maniant l’humour face à « ce quarteron de généraux en retraite », leur opposa une détermination inflexible. Le putsch fut un échec en France malgré quelques attentas, quelques bombes ; mais aussi en Algérie, du fait de l’indécision de bon nombre d’officiers et de la passivité du contingent qui ne rêvait qu’à « la quille ». Le retour à Alger de Salan et Susini n’y changea rien. Le 25 avril, les paras abandonnaient Alger, Challe et Zeller se rendaient. 

    Les Pieds-Noirs assistèrent à ces événements en spectateurs – tout en soutenant ou sympathisant avec l’OAS et les généraux. Même si l’on voit dans les documents d’archive des foules d’Européens d’Algérie très denses, à Alger comme à Oran, seule une minorité a vraiment participé aux mouvements insurrectionnels. 

    En même temps qu’elle menait son propre combat fait d’assassinats, de violence contre les Algériens lorsqu’ils osaient sortir de leurs quartiers contrôlés par le FLN, et contre tous ceux qu’elle considéraient comme des traîtres (les libéraux et les militants favorables à l’indépendance), l’OAS tenta de mobiliser à ses côtés la population des Européens. Sa propagande passait à travers des tracts, des émissions de radio pirates, des manifestations de soutien, de très fréquents concerts de casseroles, dont le but était parfois d’avertir des « visites » des gendarmes mobiles ou des CRS, la pose de drapeaux à toutes le fenêtres, l’espionnage angoissant de tous ceux qui ne se pliaient pas à ses injonctions, des temps « ville morte » pendant lesquels la foule devait rester immobile. 

    Les Pieds-Noirs suivirent, tout en étant de plus en plus désespérés. Ils approuvaient les plasticages, les attentats aveugles, les bombardements aux mortiers des quartiers algériens, les ratonnades, les attaques contre des casernes de gendarmes mobiles ou des membres de  l’armée. A Oran, au plus fort de sa rage, l’OAS appliqua froidement une politique de terre brûlée. Le 21 juin, la station de détente du gaz d’Hassi R’Mel situé aux portes de la ville était sabotée : énorme explosion, flammes hautes de dizaines de mètres, épaisses fumées ; dans la ville, incendies et explosions de bâtiments publics – écoles, bibliothèques, maison de l’agriculture, caisses d’assurances sociales, maison de la santé, central téléphonique, les Domaines, l’ancienne usine à gaz. 

    Qu’allait-il rester de la ville, devenue ville morte, coupée du monde, où on ne travaillait plus, où on n’enterrait plus, avec des cadavres restant au milieu des vivants pendant des jours, ville toujours remplie de ses habitants qui se terraient, de ceux qui voulaient fuir par-delà ce rideau de fer et de feu que l’OAS avait maintenant tendu contre eux ? Le 25 juin, alors que 13 foyers d’incendies continuaient leurs ravages, une cuve géante de la BP explosait dans le port d’Oran. Flots d’essence en feu, champignon au-dessus de la ville… Les cuves s’effondrèrent, les navires rompirent leurs amarres et gagnèrent la haute mer. Plus de cent millions de litres de mazout étaient en feu, tout brûlait autour. On ne voyait plus le soleil à 20 km à la ronde, la ville s’asphyxiait, semblait être au centre d’un brasier. 

    Pour ces Pieds-Noirs, il n’y avait plus le choix : partir, partir… Pas comme ceux, les plus riches, qui avaient depuis longtemps transféré leurs richesses et disposaient de solutions de repli, mais en abandonnant tous leurs biens. 

    Cependant, s’il est certain que la majorité des Européens ont quitté l’Algérie dans des conditions plus que difficiles,  en janvier 1963, 200 000 d’entre eux avaient fait le choix d’y rester, travailler et vivre. Certaines et certains y sont toujours ; beaucoup ont fait l’expérience de tenter, pour un temps qui varie, l’aventure de l’Algérie algérienne. 

     

    Ce qui suit se passe principalement dans le Sud de la France, car, heureusement, il existe des Pieds-Noirs non revanchards et extrémistes... comme les Pieds-Noirs Progressistes qui ne se reconnaissent pas parmi ces illuminés... 

     

    Encore aujourd’hui, les Pieds-Noirs et leurs enfants brandissent le drapeau de l’Algérie française. Ils se réunissent pour évoquer et glorifier leur passé, se regroupent dans des associations de leurs villes et villages. Nombreux dans le sud de la France, ils y réservent leur vote  à l’extrême droite. Ils sont toujours prêts à en découdre avec leurs anciens adversaires, celles et ceux qui, aujourd’hui, loin d’effacer de leur mémoire ce qu’ils ont vécu en Algérie, dénoncent les stèles en faveur de l’OAS, doivent se battre pour obtenir un musée de l’Histoire de la France et de l’Algérie (comme à Montpellier) et attendent encore une histoire reconnue et enseignée de la colonisation. 

    Par Michèle Villanueva  

    L’auteure a publié en 1992 le livre « L’Écharde, chronique d’une mémoire d’Algérie » (Maurice Nadeau, Paris, 350 pages, réédition 1998).  


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    Oran 1962 : Des députés défendent

     les thèses de l’OAS

    Les mêmes parlementaires qui stipendient la moindre avancée sur la reconnaissance des méfaits coloniaux en Algérie tentent d’ouvrir une brèche légale pour défendre une vision Algérie française de l’Histoire.

     

    Le révisionnisme ne lâche rien. Un groupe de députés de l’Assemblée nationale vient de réitérer une proposition de loi visant à «reconnaître le massacre de la population française à Oran le 5 juillet 1962». Le bureau de l’Assemblée nationale l’a renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution d’une commission spéciale.

    Dans l’exposé des motifs, le groupe de huit parlementaires estime que «le 5 juillet 1962 restera la date d’une tragédie pour les Français installés en Algérie lorsqu’elle était française». Ils lient cet événement avec «la reconnaissance, en octobre 2012 par François Hollande, de la responsabilité de la France dans la tuerie d’Algériens à Paris en octobre 1961». Pour eux, cela «semble être une pierre de plus dans cette volonté d’ignorer celles et ceux qui ont payé de leur vie le fait d’être français durant cette période».

    Ils écartent l’histoire brutale et criminelle de 132 ans de colonisation, la violence de la guerre coloniale d’asservissement de l’Algérie de 1830 jusqu’au début du XXe siècle, pour soumettre tout un peuple, sans dire un mot des exactions et des crimes dont les Algériens ont été victimes durant la lutte de Libération de 1954 à 1962 ; les centaines d’Algériens qui ont perdu la vie lors de la politique de la terre brûlée pratiquée par l’OAS dans les grandes villes, dont Alger et Oran en 1961 et 1962.

    Les députés citent la proclamation de l’indépendance le 5 juillet 1062, vue d’Oran «dont l’histoire restera à jamais écrite avec le sang d’innocents, lynchés sur la place d’Armes d’Oran, tués à coups de fusil ou de couteau». Et de déplorer : «Au fil des ans, la douleur de l’inacceptable oubli de ce massacre.»

    Pour étoffer leur argumentation, les signataires de la proposition de loi citent Guillaume Zeller, petit-fils d’un officier putschiste, le prêtre Michel de Laparre, l’un des fers de lance de l’OAS à Oran. Ou encore un historien qui n’hésite pas à écrire : «l’Histoire, la vraie, celle qui n’est pas falsifiée, ni par les idéologies, ni par les raisons d’Etat, finit toujours par s’imposer.»

    Pour Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale de protection de la mémoire des victimes de l’OAS, «les références mentionnées sont à la limite de la caricature, en particulier avec le père Michel de Laparre de Saint-Sernin, qui, dans son livre intitulé Journal d’un prêtre en Algérie: Oran 1961-1962», évoque les mauresques ayant, ce jour-là, «mangé des lambeaux de chair d’un colon vivant» ! «Que penser, par ailleurs, de l’objectivité du regard porté sur les événements du 5 juillet 1962 par Guillaume Zeller, petit-fils de l’un des quatre généraux impliqués dans le putsch d’avril 1961 ?»

    Il rappelle que cette nouvelle proposition de loi qui émane aujourd’hui de Laurence Trastour-Isnart, députée des Alpes-Maritimes, «est l’exacte réplique de celle déposée à la présidence de l’Assemblée nationale le 16 juillet 2013 à l’initiative de Lionnel Luca, devenu son suppléant au lendemain des élections législatives du 18 juin 2017».

    M. Gavoury de citer Michèle Villanueva, Oranaise auteure de L’Echarde - Chronique d’une mémoire d’Algérie  2012 : «Ils proposent une loi avec un article unique. Que dire du bilan très lourd d’assassinats d’Algériens et de Français par l’OAS durant les années 1961 et 1962, sans parler de la destruction d’une partie de la ville et de son port ?»

    Jean-François Gavoury nous rappelle d’autre part que la proposition de loi est «cosignée par Michèle Tabarot, députée de la 9e circonscription des Alpes-Maritimes, fille de Robert Tabarot, qui fut l’un des dirigeants de l’OAS à Oran. Comment s’étonner, dès lors, que le rôle déterminant de cette organisation terroriste n’apparaisse pas dans l’exposé des motifs de ce texte auquel je souhaite le même avenir que le précédent ? Les mots de Michèle Villanueva publiée en 2013 ne perdent rien de leur acuité : ‘Aujourd’hui, les faits du 5 juillet sont connus, décrits’.

    Il y en a des récits, et même des témoignages de proches filmés et vus à la télévision. Personne ne nie la gravité des faits, la douleur ressentie, le cauchemar de l’incertitude, le silence subi et incompris, les responsabilités niées. Mais le 5 juillet participe de la guerre d’Algérie. Il en est un des éléments. Les historiens l’étudient. Et c’est des deux côtés de la Méditerranée qu’il faut, sans doute, chercher encore qui, comment, où, pourquoi’’».
    Walid Mebarek

    SOURCE : http://www.elwatan.com/hebdo/france/oran-1962-des-deputes-defendent-les-theses-de-l-oas-10-10-2017-354348_155.php 

     

     

    Des députés français veulent faire

    reconnaître le “massacre” de pieds-noirs

     à Oran

    Des députés français veulent faire  reconnaître le “massacre” de pieds-noirs à Oran

    Laurence Trastour-Isnart

     membre Les Républicains.

    Elle est députée de la 6ᵉ circonscription des Alpes-Maritimes depuis le 21 juin 2017

     

    Des députés français ont récemment déposé une proposition de loi portant sur la reconnaissance par la République française du «massacre de la population française survenu le 5 juillet 1962 à Oran». Si elle vient à être validée, la loi en question constituera une accusation franche et directe à l’encontre des autorités algériennes de l’époque, rouvrant ainsi l’épineux dossier de la mémoire. 

    Huit députés français ont déposé, en date du 27 septembre, une proposition de loi visant à faire reconnaître par l’État français un massacre qui aurait touché un nombre indéfini de citoyens français, évalué entre «quelques centaines à quelques milliers» de personnes, ayant fait l’objet d’un massacre le 5 juillet 1962 sur la Place d’Armes (actuellement la Place du 1er Novembre) dans la ville d’Oran.

    Le texte de ce projet de loi comporte un article unique stipulant que «la République française reconnaît le massacre de la population française survenu le 5 juillet 1962 à Oran».

    «Le 5 juillet 1962 restera la date d’une tragédie pour les Français installés en Algérie lorsqu’elle était française», peut-on lire dans le texte du projet qui n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que la France a reconnu, par la voie du président Hollande en 2012, sa responsabilité dans la tuerie d’Algériens à Paris en octobre 1961. Pour les rédacteurs, cette reconnaissance «semble être une pierre de plus dans cette volonté d’ignorer celles et ceux qui ont payé de leur vie le fait d’être français durant cette période» (la période qui a suivi le cessez-le-feu du 19 mars 1962 -NDLR).

    Ce projet de loi adresse également un message aux autorités algériennes et surtout à ceux qui appellent à la criminalisation du colonialisme. Les allusions sont claires et sans équivoques: «À compter de cette date (19 mars 1962 -NDLR), massacres de harkis abandonnés par la France, enlèvements d’hommes et de femmes et même d’enfants, contraints de traverser des quartiers musulmans pour se rendre à leur travail, se multiplient faute de patrouilles militaires. Dès lors, la population civile française terrorisée comprend la fragilité de son statut défini par les accords d’Évian, son manque de protection, dont la seule issue est l’exode massif en métropole». En clair, les députés français veulent faire entendre que même du coté algérien, des exactions ont été commises. C’est là un véritable casse-tête qui attend le président français Emmanuel Macron, du fait de son engagement, durant sa campagne électorale, à criminaliser le colonialisme.

    Actuellement entre les mains de la commission de la défense nationale et des forces armées, cette proposition de loi a été présentée par Laurence Trastour-Isnart, députée des Républicains. L’intéressée est considérée comme une proche du très controversé Christian Estrosi qui porte une haine sans pareille pour tout ce qui a trait à l’Algérie tout en nourrissant une forte nostalgie pour l’Algérie-française. Mme Trastour-Isnart a d’ailleurs été élue en 2015, conseillère régionale de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sur la liste de M. Estrosi.

    Massi M.

    SOURCE : http://www.algerie-focus.com/2017/10/histoire-deputes-francais-veulent-faire-reconnaitre-massacre-de-pieds-noirs-a-oran/ 

    ET LA GUERRE DES MéMOIRES continue

    COMMENT VA REAGIR L’assemblée nationale à forte majorité macroniste ? a une question posée pour faire reconnaître le "massacre" du 5 juillet 1962 a oran.

    C'est le "massacre" des pieds-noirs d’Oran du 5 juillet 1962  pour lequel l’OAS porte une terrible responsabilité par ses provocations précédant cette date, voulant remettre en cause le cessez-le-feu du 19 mars 1962… en pratiquant la politique de la terre brûlée. nous sommes habitués mme laurence  trastour-esnard... TOUS LES NOSTALGéRIQUES extrémistes occultent l'organisation terroriste et criminelle et cela dure maintenant depuis 55 ans...

     

    Des députés français veulent faire  reconnaître le “massacre” de pieds-noirs à Oran

     

    « Ne pas instrumentaliser

     le massacre du 5 juillet 1962

     à Oran »

    Des députés français veulent faire  reconnaître le “massacre” de pieds-noirs à Oran

    Un article de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon paru

    le 20 novembre 2013

     

    Des députés français veulent faire  reconnaître le “massacre” de pieds-noirs à Oran

     

    Le cinéaste documentariste Jean-Pierre Lledo a lancé le 5 novembre 2013 sur le site du Huffington Post une pétition internationale intitulée "5 Juillet 1962 à Oran, Algérie", fondée sur une vision partielle des événements survenus à Oran le jour où était célébrée l’indépendance de l’Algérie, qui instrumentalise les massacres d’Européens perpétrés alors dans cette ville.  

    Les massacres d’Européens du 5 juillet à Oran ne doivent faire l’objet d’aucun déni. Il apparaît que les deux États n’ont pas communiqué aux familles des disparus toutes les informations qu’ils avaient pu réunir sur leur sort tragique et qu’elles étaient en droit d’attendre. Ces crimes méritent d’être encore davantage étudiés et reconnus.

    Le film Algérie 1962. L’été où ma famille a disparu, par exemple, relatant l’enquête honnête et scrupuleuse que la documentariste Hélène Cohen a menée sur la disparition tragique de cinq membres de sa famille à Oran ou dans ses environs, mérite d’être davantage diffusé. Mais, en ce qui concerne les auteurs des ces crimes, tout en n’écartant l’examen d’aucune responsabilité, y compris au sein du FLN d’Oran ou de l’ALN des frontières, il ne faut pas non plus en venir à mettre en cause de manière globale et simpliste les indépendantistes algériens, ni négliger les nombreux témoignages qui relatent des faits de délinquance pure, commis dans un moment d’anarchie, de parcellisation extrême ou de vacance du pouvoir.

    En affirmant que ces crimes sont "passés sous silence", ce sont en réalité les importants travaux d’historiens effectués depuis vingt ans, en France et en Algérie, sur ces massacres que cet appel passe sous silence. En isolant ces enlèvements et assassinats de leur contexte, il s’interdit d’en faire une véritable approche historique.

    Or en 1993, l’historien Charles-Robert Ageron, dans sa préface à l’ouvrage du général Joseph Katz, L’honneur d’un général, Oran 1962, a expliqué comment cet officier français commandant du corps d’armée d’Oran, qu’il qualifie de "courageux défenseur de la République face à la rébellion de l’OAS à Oran", a servi la légalité en cherchant à éviter au maximum les victimes civiles parmi les Européens de la ville qui soutenaient alors majoritairement l’OAS. Il a décrit comment, durant les mois précédant l’indépendance proclamée le 5 juillet, l’OAS d’Oran, composée et commandée par des civils armés organisés en "collines", a déployé des actions dont ont été victimes, de manière ciblée, les éléments minoritaires de la population pied-noire qualifiés par eux de "gaullistes", "socialistes", "communistes" et autres "traîtres", ainsi que, de manière aveugle, les personnes de la population "musulmane" d’Oran.

    Des quartiers où vivaient ces dernières furent l’objet de tirs de mortier ; le 6 avril, par exemple, 14 Algériens ont été tués dont quatre carbonisés dans leur véhicule. Et la spécificité de ce drame du 5 juillet à Oran qui n’a heureusement pas eu d’équivalent dans les autres villes d’Algérie ne peut se comprendre si on omet le fait que l’OAS d’Oran, en refusant l’accord de cessez-le-feu que l’OAS d’Alger avait conclu le 17 juin avec le FLN, a continué pendant deux longues semaines à tuer, à détruire et à incendier au nom d’une folle stratégie de la terre brûlée.

    Charles-Robert Ageron a donné le bilan publié officiellement par les autorités françaises, des victimes de ce terrorisme de l’OAS à Oran entre le 19 mars et 1er juillet 1962 : 32 morts parmi les membres des forces de l’ordre françaises, 66 morts parmi les civils européens et 410 parmi les Algériens "musulmans".

    Des historiens algériens tels Fouad Soufi et Saddek Benkada ont publié aussi des travaux sur ce drame. En novembre 2000, lors d’un colloque à la Sorbonne en l’honneur de Charles-Robert Ageron, Fouad Soufi a montré notamment qu’à lui seul l’attentat aveugle de l’OAS du 28 février par un véhicule piégé qui a explosé en plein cœur du plus important quartier musulman d’Oran, la Ville Nouvelle, avait fait 35 tués dont une petite fille âgée de 10 ans et 50 blessés.

    Il a rappelé la véritable guerre livrée par l’OAS à l’armée française, les assassinats par elle au mois de juin de ses officiers, le lieutenant-colonel Mariot le 12 juin, du général Ginestet et le médecin-commandant Mabille, en plein hôpital, le 15 juin. Ensuite, aux alentours du 27 juin, les commandos de l’OAS ont quitté la ville sur des chalutiers et autres navires qui les ont conduits en Espagne franquiste, avec leurs armes et les centaines de millions de francs résultant de leurs hold up faciles des mois précédents.

    C’est dans ces conditions que le 5 juillet des crimes odieux ont été commis contre des civils européens, dont beaucoup n’étaient pas des extrémistes, se croyaient protégés par leurs bonnes relations avec des Algériens musulmans et étaient disposés à continuer à vivre là où ils avaient toujours vécu, dans l’Algérie indépendante.

    Ce n’est pas en écrivant une histoire hémiplégique qui ne s’intéresse qu’à une seule catégorie de victimes, qui occulte le rôle crucial de l’OAS et isole ces crimes sans les replacer dans la longue suite de ceux qui les ont précédés, que l’on peut écrire réellement l’histoire, ni parvenir à une véritable reconnaissance réciproque de tous les drames qui ont marqué cette guerre. Les massacres d’Européens le 5 juillet 1962 doivent assurément être reconnus et éclairés, mais à les renvoyer, comme le fait Jean-Pierre Lledo, à une soi-disant barbarie inhérente aux Arabes, de l’Algérie d’alors à la Syrie d’aujourd’hui, on s’écarte du nécessaire travail historique et bascule dans une instrumentalisation partisane et caricaturale de l’histoire.

    Les historiens : Dalila Aït-el-djoudi, Omar Carlier, Etienne Copeaux, Ali Guenoun, Mohammed Harbi, Jean-Robert Henry, James House, Gilles Manceron, Claire Mauss-Copeaux, Gilbert Meynier, Tramor Quemeneur, Alain Ruscio, Benjamin Stora.

    et  

    Lhaouari Addi, sociologue,
    Sanhaja Akrouf, militante associative,
    Tewfik Allal, Manifeste des libertés,
    Sidi Mohammed Barkat, enseignant-chercheur,
    Yahia Belaskri, journaliste et écrivain,
    Ali Bensaad, géographe,
    Abderrahmane Bouchène, éditeur,
    Alice Cherki, psychanalyste,
    Hélène Cohen, auteur du documentaire Algérie 1962. L’été où ma famille a disparu, 2011,
    Ahmed Dahmani, universitaire,
    Pierre Daum, journaliste, auteur de Chronique d’un massacre annoncé Oran, 5 juillet 1962, Le Monde diplomatique, janvier 2012.
    Abdelkader Djemaï, écrivain, auteur de Une ville en temps de guerre, récit, Seuil, 2013.
    Sadek Hadjerès, responsable en 1962 du PCA clandestin, rédacteur au site Socialgérie,
    Aziz Mouats, Université de Mostaganem, l’un des quatre personnages du film de Jean-Pierre Lledo, Algérie, histoires à ne pas dire, 2008.
    François Nadiras, webmestre du site LDH Toulon,
    Jacques Pradel, président de l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA),
    Brahim Senouci, universitaire,
    Michèle Villanueva, auteur de L’écharde, Maurice Nadeau, 1992.

     

     

    Oran 1962 : Des députés défendent  les thèses de l’OASOran 1962 : Des députés défendent  les thèses de l’OAS

    Ils défendent les thèses de l’OAS

    Laurence TRASTOUR-ISNART, Michèle TABAROT, Patrice VERCHÈRE, Éric PAUGET, Bernard BROCHAND, Éric CIOTTI, Bernard DEFLESSELLES,  Éric DIARD 

    Oran 1962 : Des députés défendent  les thèses de l’OAS

     N° 187

    _____ 

    ASSEMBLÉE NATIONALE

    CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

    QUINZIÈME LÉGISLATURE

    Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 27 septembre 2017.

    PROPOSITION DE LOI 

    visant à reconnaître le massacre de la population française
    à
    Oran le 5 juillet 1962, 

    (Renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution
    d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

    présentée par Mesdames et Messieurs Laurence TRASTOUR-ISNART, Michèle TABAROT, Patrice VERCHÈRE, Éric PAUGET, Bernard BROCHAND, Éric CIOTTI, Bernard DEFLESSELLES, Éric DIARD,

    EXPOSÉ DES MOTIFS

    Mesdames, Messieurs,

    Le 5 juillet 1962 restera la date d’une tragédie pour les Français installés en Algérie lorsqu’elle était française.

    Le journaliste Georges-Marc Benamou a écrit à juste titre, « le massacre du 5 juillet d’Oran semble être un évènement clandestin, discutable, fantasmé, et dont les seuls survivants se repassent le souvenir. Aucune étude historique définitive. Pas de véritable investigation. Peu de livres. Pas une plaque, nul hommage officiel de la République ».

    La reconnaissance, en octobre 2012 par François Hollande, de la responsabilité de la France dans la tuerie d’Algériens à Paris en octobre 1961, semble être une pierre de plus dans cette volonté d’ignorer celles et ceux qui ont payé de leur vie le fait d’être français durant cette période.

    Le 5 juillet 1962 il reste à Oran, environ 100 000 Français.

    Les accords d’Évian du 18 mars 1962 ont fixé la date du cessez-le-feu au 19 mars entre le FLN et la France et le principe d’indépendance de l’Algérie.

    À compter de cette date, massacres de harkis abandonnés par la France, enlèvements d’hommes et de femmes et même d’enfants, contraints de traverser des quartiers musulmans pour se rendre à leur travail, se multiplient faute de patrouilles militaires.

    Dès lors, la population civile française terrorisée comprend la fragilité de son statut défini par les accords d’Évian, son manque de protection, dont la seule issue est l’exode massif en métropole.

    Si l’exode s’organise, celui-ci est très vite ralenti, faute de moyens suffisants, terrestres et aériens, pour assurer le retour sur le continent de toutes les familles, qui, effrayées par les exactions, tentent de fuir un territoire qu’elles ont aimé.

    Le 3 juillet 1962, après le référendum organisé en Algérie, le Général de Gaulle reconnaît officiellement l’indépendance de l’Algérie et le transfert de la souveraineté à l’exécutif provisoire algérien.

    La proclamation de cette indépendance est prévue pour le 5 juillet, date du 132ème anniversaire de la prise d’Alger par les Français en 1830.

    Cette journée sera une journée dont l’histoire restera à jamais écrite avec le sang d’innocents, lynchés sur la place d’armes d’Oran, tués à coup de fusils ou de couteaux.

    Les témoignages recueillis sont accablants ; les chiffres varient de quelques centaines à quelques milliers de victimes.

    À la douleur des souffrances vécues, s’est ajoutée au fils des ans, la douleur de l’inacceptable oubli de ce massacre.

    Certains, pourtant, se sont élevés pour que les Français d’Algérie, sacrifiés à des dessins politiques, ne le soient pas par l’indifférence qui confine à la négation des faits.

    Le Révérend Père Michel de Laparre, présent lors des massacres, fut l’un des premiers à publier en 1964 « Le journal d’un prêtre en Algérie », relatant les heures durant lesquelles les Français furent massacrés dans les rues du centre-ville, sans qu’intervienne ni l’armée, ni les gardes mobiles, pourtant encasernés en grand nombre dans les différents bâtiments militaires, lycées ou collèges, et qualifiant cette journée de « journée de honte ».

    Jean-Jacques Jordi, dans son livre « Un silence d’État : Disparus civils et européens de la guerre d’Algérie » retrace les évènements de ce 5 juillet 1962, où hommes, femmes, enfants furent lapidés, égorgés, torturés, sur la place publique, sans que l’armée française n’intervienne pour les sauver.

    Plus récemment, Guillaume Zeller, dans son livre publié en 2012 « Oran, 5 juillet 1962, un massacre oublié » pointe du doigt cette ignorance voulue jusqu’au plus haut sommet de l’État.

    Qualifié par l’auteur de « nouvelle Saint-Barthélémy », le massacre d’Oran, grâce à sa position de journaliste, sort peu à peu de l’ombre, touche le grand public, et fait reculer le déni historique.

    Reste l’État français, qui a fait sienne une théorie fort connue en psychanalyse : « ce qui n’est pas dit, n’existe pas ».

    Ce massacre collectif, rendu possible par une passivité coupable au plus haut niveau de l’État, a volontairement été occulté par les protagonistes qui n’avaient aucun intérêt à la vérité.

    Mais, comme le souligne Jean-Pierre Pister, agrégé de l’université, Professeur de Chaire supérieure honoraire, lycée Henri Poincaré à Nancy, « l’Histoire, la vraie, celle qui n’est pas falsifiée, ni par les idéologies, ni par les raisons d’État, finit toujours par s’imposer ».

    Ce massacre qui a blessé dans leur chair les Français d’Algérie, mais qui blesse aussi aujourd’hui les Français qui n’ont pas vécu ces évènements, doit être enfin reconnu par l’État français qui ne peut plus s’extraire d’une mémoire collective, dont il doit être le gardien, et qui est aujourd’hui partagée par des historiens, des journalistes, des écrivains…

    Il n’est que temps que la République française honore les victimes innocentes dont le seul tort fut d’être françaises, ou d’avoir servi la France le 5 juillet 1962 à Oran.

    Il vous est ainsi soumis la proposition de loi suivante. 

    PROPOSITION DE LOI

    Article unique 

    La République française reconnaît le massacre de la population française survenu le 5 juillet 1962 à Oran. 


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