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    Communiqué de Bernard Deschamps

    Ancien député

     

     

    « Ma plainte contre l’extrême-droite » 

     

    Maître Khadija Aoudia du Barreau de Nîmes a accepté de se charger de la défense de mes intérêts dans la plainte que j’ai déposée contre l’organisation d’extrême-droite Riposte laïque, pour insultes, diffamation et menaces. En raison de la domiciliation du site en Suisse, de  son hébergeur aux USA et du directeur de publication en Israël, je me suis constitué partie civile auprès de Madame le Doyen des juges d’Instruction afin que l’affaire puisse suivre son cours. 

    L’attaque qui m’a visé à la suite de ma participation à la manifestation à Beaucaire contre la décision du Maire FN de supprimer les repas de substitution dans les cantines scolaires de la ville, ce qui en exclut par là même les petits musulmans, s’inscrit, comme viennent de le révéler les journaux Libération et l’Humanité, dans le cadre d’une offensive généralisée des groupes identitaires. Cette offensive revêt différentes formes y compris les plus violentes comme ces jours derniers à la fac de Droit de Montpellier et dans plusieurs autres universités. 

    L’Humanité du 29 mars publie sur ce sujet une éclairante interview de l’historien Nicolas Lebourg qui déclare : «  Dans un contexte où le FN est en crise de confiance et le pouvoir ouvertement libéral, il y a l’idée qu’une radicalité de droite peut se tailler un espace si elle montre son efficacité. » Comme le fait remarquer le journaliste qui l’interroge: «  Ils (les groupes d’extrême-droite, ndlr) semblent trouver dans le discours ambiant, antimusulman notamment, une justification à leur action. ».  

    Ce discours islamophobe vient de monter d’un cran à la suite du criminel attentat de Carcassonne qui a servi une nouvelle fois de prétexte pour stigmatiser les Musulmans. Le procureur François Molins pourtant habituellement considéré comme responsable, n’a pas hésité lui non plus à citer la formule Allah Akbar comme preuve, selon lui, de l’appartenance de l’agresseur à un réseau terroriste. Bien évidemment, l’ensemble des médias aux ordres a repris en boucle cette affirmation. 

    Allah Akbar (اللهُ أَكْبَر), signifie « Dieu est [le] plus grand ». Cette affirmation n’est pas propre à l’Islam. Allah Akbar n’est pas un cri de guerre, toutes les religions magnifient leur Dieu. Je suis athée, je ne crois donc pas à la transcendance, mais cette expression, n’est pas plus criminogène que « Je vous bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » C’est l’utilisation frauduleuse que les terroristes en font qui est criminelle.

     

    L’odieux amalgame 

    La marche blanche à la mémoire de Mireille Knoll victime d’un horrible crime antisémite, organisée à Paris mardi 27 mars, qui se déroulait dans le calme, l’unité et le recueillement, a été salie par l’intervention du CRIF et des extrémistes de la Ligue de défense juive contre les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon assimilés au Front National l’héritier des collabos de la 2e guerre mondiale. Odieux !  

    Bernard DESCHAMPS 

    30 mars 2018

    SOURCE : http://www.bernard-deschamps.net/2018/03/au-fil-des-jours.98.html 

    Communiqué de Bernard Deschamps Ancien député « Ma plainte contre l’extrême-droite »

             

    Que ces fachos soient lourdement condamnés

     


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    Reggane 1960 : comment une photo

    ambiguë est devenue l'icône d'un crime

     de la France

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Reggane 1960, histoire d'une photo symbolique (Getty Images)

    La France a-t-elle utilisé des prisonniers de guerre algériens comme cobayes vivants lors de ses essais nucléaires atmosphériques dans le Sahara ? Histoire d'une fake news des temps modernes.

    Par Farid Abdelouahab, Pierre Haski et Pascal Blanchard

    Alors que nous écrivions tous les trois "les Années 50. Et si la guerre froide recommençait ?" — ouvrage illustré publié début avril 2018 par les éditions de La Martinière —, une des 250 images du livre faisait débat et attirait notre attention : Reggane 1960. Dans le désert algérien, ce lieu fut celui des premiers essais nucléaires français. Nous avions choisi cette photographie pour illustrer un des symboles de la guerre froide qui montre des mannequins installés par l'armée française pour tester le souffle de l'explosion. Mais cette image, telle une fake news des temps modernes, est aussi devenue l'icône d'un crime de la France : celui de l'impact de ces essais sur les populations civiles, sur les militaires français mais aussi, selon certains, "la preuve" que la France aurait exposé, non des mannequins, mais des prisonniers de guerre du FLN pour tester les radiations nucléaires.

    Une petite enquête commençait, en parallèle du livre, stimulée également par une conversation de l'un d'entre nous avec le réalisateur Rachid Bouchareb, intéressé par la question.

    Sur cette photographie, on découvre une douzaine de mannequins en uniformes militaires — très disparates et peu réglementaires — plantés dans le désert algérien. Nous constatons rapidement que nous l'avons mal datée, comme appartenant au deuxième essai français du 1er avril 1960 (erreur de source accompagnant ce document), celui dit de la "Gerboise blanche", alors qu'il s'agit du troisième essai, du 27 décembre 1960. Ce que viennent confirmer films et autres images d'archives que nous avons retrouvés depuis.

    Cette photographie se trouve depuis de nombreuses années au cœur d'accusations lancées contre les autorités françaises par des représentants d'institutions algériennes (1) qui demandent la reconnaissance de faits graves qui relèvent de "crimes contre l'humanité". Elle est en effet souvent utilisée, principalement sur internet, afin de dénoncer de présumées expériences réalisées sur quelque 150 prisonniers de guerre algériens du FLN qui auraient servi de "cobayes", déguisés pour certains en mannequins-soldats et ligotés à des poteaux à environ 1 km de l'épicentre, afin de renseigner les scientifiques militaires sur les effets des radiations. Les restes vivants auraient été transférés en France pour de plus amples recherches...

    Premiers essais nucléaires français

    Il faut, pour bien comprendre, revenir aux premiers temps de l'ère nucléaire. "Trinity" est le premier tir d'une arme nucléaire réalisé sur le champ de tir d'Alamogordo (Nouveau-Mexique) par les forces armées des États-Unis, le 16 juillet 1945, dans le cadre du projet Manhattan. En 1949, l'URSS effectue son premier tir atomique, suivie du Royaume-Uni en 1952. En 1958, le Général de Gaulle confirme à son arrivée l'ordre d'expérimenter l'arme nucléaire et accélère les préparatifs (ce qu'avaient déjà initié ses prédécesseurs deux ans plus tôt) et le ministère de la Défense crée une commission consultative de sécurité chargée d'étudier les problèmes relatifs aux essais nucléaires. La machine est en marche...

    Le Groupement opérationnel des expérimentations nucléaires (GOEN) définit l'année suivante des zones de sécurité. Les théories militaires contemporaines du pacte de Varsovie envisagent la possibilité de manœuvres et d'affrontements avec l'ennemi dans des zones contaminées par la radioactivité à la suite de déflagrations. À la traîne par rapport aux autres grandes puissances, l'armée française doit sans aucun doute dans cette période se préparer à de telles perspectives.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Le 10 mars 1960, le président Charles de Gaulle félicite les militaires et physiciens de la "promotion atomique" lors de la remise de la croix de la Légion d'honneur pour leur participation à la mise au point de la première bombe nucléaire française. (AFP)

    Le Centre saharien d'expérimentations militaires (CSEM) de Reggane commence à sortir du sable algérien à la fin de l'année 1957, en pleine guerre d'Algérie, en réunissant plusieurs milliers de personnes civiles et militaires dans la région du Tanezrouft dans un vaste complexe situé à une quarantaine de kilomètres d'Hamoudia. Le tir du 13 février 1960 initie une série de quatre essais atmosphériques baptisés "Gerboise bleue, blanche, rouge et verte", la gerboise étant un petit rongeur du désert. Ils s'étalent jusqu'au 25 avril 1961, quelques jours après le putsch des généraux à Alger.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Le site du test, le jour de l'explosion de la première bombe A française dans le désert de Tanezrouft, en Algérie, le 13 février 1960. (Dalmas/SIPA)

    Lancé du sommet d'une tour métallique, le premier tir dégage une énergie semblable à quatre fois celle d'Hiroshima (70 kilotonnes). On a installé du matériel militaire (avions, véhicules…) et aussi des animaux (lapins, chèvres, rats) répartis dans des cages autour du point zéro pour analyser les effets biologiques du rayonnement et procéder à des expérimentations ophtalmologiques. Chaque essai donne lieu à de nombreuses mesures destinées à connaître les conséquences de l'énergie dégagée : diagnostic nucléaire, photographies "ultrarapides", analyses radiochimiques réalisées sur des échantillons prélevés par des avions qui pénétraient dans le nuage radioactif.

    La zone connaît, en particulier dans la vallée du Touat, une population sédentaire et nomade. Beaucoup vont être contaminés par ces essais. Comme de nombreux militaires et techniciens français, la plupart en chemisettes et lunettes de soleil, ainsi que de nombreux travailleurs algériens, et une vingtaine de journalistes présents sur le site, tous largement exposés aux radiations.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Le "champignon" du premier essai atmosphérique français, "Gerboise bleue", quelques instant après l'explosion, le 13 février 1960. (Dalmas/SIPA)

    Un rapport établi par le Sénat français daté de 2009 déclare que :

    "Les dispositions prises à l'époque n'ont pas suffi à empêcher l'exposition à des contaminations de personnes qui soit participaient directement aux expérimentations, soit se trouvaient dans les zones environnant les tirs. Ces mesures de sécurité n'ont, tout d'abord, pas empêché la survenue de trop nombreux incidents techniques lors de la préparation ou du déroulement des essais." (2)

    En gros, tout n'a pas été parfait. Selon les données de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, 24.000 civils et militaires ont été directement exposés. Un document déclassifié en 2013, et rendu public l'année suivante, signale l'importance et la durée des retombées. Tous les indices vont dans le même sens, l'impact sur l'environnement et les populations locales a été majeur.

    Le lendemain de la première explosion, le nuage radioactif atteint Tamanrasset et l'Afrique centrale puis remonte vers l'Afrique de l'Ouest pour atteindre Bamako. La polémique est forte, mais les médias français et les services concernés vont faire œuvre de contre-propagande. Deux semaines après, toujours chargé de radioactivité, il touche les côtes méditerranéennes de l'Espagne et la Sicile. (3) Certains radioéléments éjectés par les explosions aériennes ont pu être inhalés par les populations malgré leur dilution dans l'atmosphère. Ces éléments radioactifs sont sans aucun doute à l'origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires (4) Tout cela est aujourd'hui connu et avéré, mais il est nécessaire de pousser le récit jusqu'à cette célèbre photographie.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Des Parisiens lisent dans leurs journaux les détails de l'explosion, dans le Sahara, de la première bombe "A" française, dite "Gerboise bleue", le 13 février 1960, place de la Bourse à Paris. (STF/AFP)

    Bien moins puissant (4 kilotonnes), le second tir du 1er avril 1960 se déroule durant la visite officielle de Nikita Khrouchtchev en France (du 23 mars au 3 avril 1960), et les informations du journal d'actualité de Gaumont annoncent que "la France, de son côté, a voulu montrer, à Reggane, que son admission au club atomique n'était pas une question de pure forme." Les appareils de déclenchement et de mesure sont installés dans une baraque et l'engin est posé sur une plate-forme au niveau du sol (pour tous les autres tests, il était placé dans un abri en haut d'une tour haute d'une centaine de mètres, puis ensuite une plus petite de cinquante mètres (5). L'explosion provoque une boule de feu d'un diamètre de plus de cent mètres pour une hauteur de 280 mètres au-dessus du sol.

    Du cliché au mythe

    Lors du troisième essai atmosphérique, tiré le 27 décembre 1960, on place à nouveau plusieurs centaines d'animaux, du matériel militaire mais aussi des mannequins habillés d'uniformes (munis de capteurs à radiation selon certaines sources) à des distances diverses autour du point zéro situé à quinze kilomètres du site de commande. Les deux essais, à deux dates différentes, sont au cœur de l'erreur autour de la photographie, c'est pourquoi les faits sont importants.

    Comme on peut le constater dans un journal d'actualité de l'époque (6) ces leurres soutenus par des barres de fer sont assurément faits de tissus et ne peuvent contenir des corps humains, morts ou vivants. Ce sont les mêmes mannequins que l'on retrouve sur la photographie que nous avons publiée dans notre livre (donc de décembre 1960) et qui illustre depuis les articles dénonçant l'utilisation de cobayes humains pour des tests de radioactivité... mais en plaçant les faits à avril 1960.

    Mais l'image est forte, symbolique et elle renvoie à la violence de la guerre d'Algérie et à ces années terribles. C'est pourquoi elle est régulièrement reprise. Désormais se met en place un récit sur l'utilisation de prisonniers algériens qui auraient été volontairement contaminés et cette image en devient le symbole, la preuve même, le plus évident au regard de sa forme et de ce qu'elle exprime de la violence d'une telle situation. Personne ne va vraiment chercher la réalité de son contexte, ni les autres images ou films concernant l'événement. Là commence l'amalgame. L'arrivée des mannequins que l'on constate sur d'autres clichés (7) ne semble pas exister, personne n'a cherché ces images ou ne les a trouvées. Les archives filmées par Gaumont journal ou l'armée sont oubliées. Là aussi, personne n'a fait l'enquête jusqu'au bout.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Le 27 décembre 1960, le général Jean Thiry, directeur des centres d'expérimentations nucléaires, appuie sur le bouton qui déclenche l'explosion de la troisième bombe atomique française sur le polygone d'essais à Reggane, au Sahara, au cours de l'opération nommée "Gerboise rouge". (AFP)

    Dans la foulée du quatrième tir, l'opération "Gerboise verte" – un essai raté puisque sa puissance ne dépasse pas 1 kilotonne, alors qu'il était initialement estimé entre 6 et 18 kilotonnes – des "exercices tactiques en ambiance nucléaire" (8) auront bien lieu. Des opérations qui impliquent une centaine de militaires : hélicoptères, blindés et fantassins munis d'équipements de protection partent en reconnaissance en milieu contaminé.

    Près de deux cent soldats sont impliqués après l'explosion dans des exercices qui les amènent durant plusieurs heures entre 650 et 300 mètres du point zéro. Seules des douches leur serviront d'outil de décontamination. Le rapport sur les essais nucléaires de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologies de 2001 signale 42 contaminations de la peau parmi les personnels du champ de tir.

    Le scandale évident et connu est avant tout là, dans la contamination des soldats et des populations civiles environnantes lors de tous les essais, mais la polémique avec pour preuve cette image ne disparaît pas, bien au contraire, la fake news prend de l'importance, circule de site en site. On en vient à oublier le cœur du scandale et surtout on prend cette photographie pour une preuve, alors qu'une réelle enquête devrait être menée sur ces cobayes en pleine guerre d'Algérie.

    Cette question est aujourd'hui d'autant plus importante, que début 2018, le Conseil constitutionnel français est revenu sur tous les traumatismes à l'encontre des populations civiles et il a décidé que les civils algériens ayant subi des dommages physiques du fait de violences liées au conflit pouvaient désormais prétendre à des pensions versées par la France. Le Conseil constitutionnel a censuré les mots "de nationalité française" qui réservaient jusqu'alors ces avantages aux seules victimes de l'Hexagone, en invoquant le principe "d'égalité devant la loi" garanti par la Constitution. Désormais, Reggane peut s'inscrire dans un vaste questionnement sur les indemnisations possibles des populations touchées à l'époque. L'affaire est donc majeure et il faut reprendre l'enquête sur des faits prouvables et avérés.

    "Seuls des cadavres ont été utilisés"

    C'est tout naturellement que les autorités françaises ont toujours contesté les effets seconds de Reggane. En 2007, Jean-François Bureau, le porte-parole du ministère de la Défense, assure :

    "Il n'y a jamais eu d'exposition délibérée des populations locales."

    Il s'agit, selon lui, d'une légende entretenue par la photo d'une dépouille irradiée exposée dans un musée d'Alger. Il ajoute :

    "Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe."

    La polémique ne fait alors que s'étendre après une telle déclaration, et conforte en fait ceux qui pensent que la France a commis un crime à Reggane. Cette reconnaissance que des cadavres auraient été utilisés laisse sérieusement planer un doute. Et de quels cadavres s'agit-il ? Serait-ce une nouvelle preuve que des personnes vivantes auraient été exposées en décembre 1960 à Reggane ?

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Photo prise à Reggane, le 27 décembre 1960, lors de l'opération "Gerboise rouge", le troisième essai nucléaire français dans le Sahara. (AFP)

    Rouvrir cette question, c'est aussi interroger aujourd'hui un secret d'État, autour du pacte noué entre Paris et Alger, qui a permis à la France de poursuivre ses expérimentations après l'indépendance, jusqu'au démantèlement du site en 1965. Il explique tout naturellement le silence du régime algérien (ou du moins les méandres complexes de l'écriture de l'histoire), qui, sous l'influence des militaires, a jusqu'à ces dernières années peu utilisé ces essais à des fins de propagande ou de critiques contre la France. Ce sont donc les associations de droits de l'homme qui se sont battues sur cette question et ont pris les "mannequins de Reggane" comme un totem de leur combat, certes juste au niveau de leur quête de savoir, mais fondé sur une image trompeuse.

    De fait, de nombreuses études ces dernières années ont montré que les populations de Reggane et d'In-Ekker à Tamanrasset souffrent encore des effets de ces essais qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré des maladies graves. À Reggane, où les essais ont été atmosphériques et ont couvert une vaste zone non protégée, l'exposition aux radiations ionisantes provoque plus de vingt types de cancer selon les médecins. À Reggane, avant les essais, on y cultivait des céréales et des dattes. On y trouvait des cheptels et des animaux. Tout cela a disparu.

    L'affaire des "150 prisonniers"

    Le fil de l'histoire allait rencontrer ce drame écologique majeur. On commence à évoquer désormais le témoignage d'un légionnaire qui aurait participé au regroupement de 150 prisonniers en mars 1960 — ce que reprend très vite la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme — fait rapporté par un héros de l'anticolonialisme : le cinéaste René Vautier. Inattaquable. En fait, René Vautier, qui montait alors son film "Algérie en flammes", aurait été informé de cette histoire par un autre réalisateur : Karl Gass. Un témoignage de seconde main, jamais recoupé. Mais, pour beaucoup, on tiendrait là une preuve irréfutable.

    Puis des photos sont publiées dans un dossier du "Canard enchaîné". Des médecins légistes valident ces photographies. On commence à parler de beaucoup d'autres photographies, mais on ne les voit jamais. On parle de nombreux témoignages qui prouvent que les prisons auraient été vidées de 150 prisonniers par l'armée française, amenés sur le site de Reggane. Désormais, tout le monde ne voit plus des mannequins mais bien des corps humains enveloppés de vêtements. Il faut que cette photographie soit la preuve, qui manque, pour sensibiliser les opinions. En fait, on s'égare et l'enquête piétine.

    Reggane 1960 : comment une photo  ambiguë est devenue l'icône d'un crime   de la France

    Le 29 décembre 1960 à l'aéroport du Bourget, un militaire réceptionne, en provenance de Reggane, des cages de cochons d'Inde, exposés aux radiations du troisième essai nucléaire français en vue d'analyser les effets biologiques du rayonnement. (AFP)

    Les témoins mélangent les dates et les preuves. Qu'importe que l'affaire des "150 prisonniers" soit datée de mars-avril 1960 et que cette photographie date de décembre 1960, elle est devenue une icône, une preuve en image. Des témoins confirment les faits, comme Mostefa Khiati, médecin à l'hôpital d'El-Harrach. Certains commencent à dénoncer les articles secrets des accords d'Évian autour de ces essais, les négociations qui ont duré du 20 mai 1961 au 19 mars 1962, ne pouvant en aucun cas mettre en cause la responsabilité française. Le FLN a accepté alors que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires. Il ne pouvait y avoir de mise en accusation des Français, hier comme aujourd'hui.

    En Algérie, l'avocate Fatima Ben Braham déclare :

    "L'étude iconographique, de certaines de ces photos, nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. A côté de cela, nombre d'Algériens détenus dans l'ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants.

    Certains condamnés à mort n'ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient, selon eux, été livrés à l'armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n'apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d'autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration."

    Confusion des faits, des preuves et des dates

    Mais ces témoignages ne sont pas publiés, ni vérifiables. L'avocate aurait retrouvé une scène des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé. Mais là aussi, impossible de voir cette archive. De même, le documentariste Saïd Eulmi va dans le même sens. Le médecin Mostefa Khiati témoigne de nouveau :

    "Les corps de ces martyrs (...) ont été retrouvés durcis comme du plastique."

    Tout semble aller dans le même sens. Et pourtant il y a confusion des faits, des preuves et des dates. Le mélange est sur plusieurs strates désormais : il y a les faits — que s'est-il passé à Reggane en pleine guerre d'Algérie, au cœur d'une violence alors sans limite ? —, il y a les témoignages et les preuves — impossibles d'en mesurer la pertinence —, et il y a cette photographie devenue "la preuve" d'une exaction. Bien sûr, cela ne veut pas dire que ce crime supposé n'a pas de fondement... mais cela veut dire qu'une photographie a une histoire et qu'elle ne peut servir de preuve sans être questionnée.

    Cette image raconte en fait une autre histoire, celle de la France qui en Algérie pendant la guerre, et après la guerre — avec au total onze essais qui se sont déroulés après l'indépendance, jusqu'en février 1966 — a testé sa bombe, en contaminant sans aucun doute des soldats français, des scientifiques, des milliers de civils. Un gouvernement qui a sans doute fait des tests sur des corps — vivants ou morts, comme le reconnaît de manière imprudente Jean-François Bureau, en 2007, alors porte-parole du ministère de la Défense. Mais l'enquête ne fait que commencer.

    Tout cela mérite donc une étude en profondeur désormais. La mauvaise utilisation de l'image impliquée peut nous empêcher de connaître la vérité. Une erreur devenue celle de notre temps, qui prétend sans preuve, qui affirme sans enquête, qui privilégie des fake news à un travail de fond. C'est le rôle des historiens et des journalistes de questionner les faits et les images pour traverser les apparences et de chercher à comprendre ce qui s'est vraiment passé à Reggane. En 1960. En pleine guerre froide. En pleine course atomique. Les images nous parlent d'histoire, elles peuvent faire l'histoire, mais comme les faits elles doivent être contextualisées, analysées et validées.

    Farid Abdelouahab, Pierre Haski et Pascal Blanchard 

    [1] Entre autres l'ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas et plusieurs historiens et scientifiques comme M. Amar Mansouri, chercheur à l'Institut d'études nucléaires d'Alger, ou Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales. 

    [2] Rapport n° 18 (2009-2010), Marcel-Pierre Cléach, fait au nom de la commission des Affaires étrangères, déposé le 7 octobre 2009. 

    [3] Fabienne Le Moing, "Tribunal administratif : les conséquences des essais nucléaires en Algérie" [archive], France 3, 4 septembre 2014. 

    [4] Brunot Barillot, "le Document choc sur la bombe A en Algérie", "le Parisien", 14 février 2014. 

    [5] Pierre Billaud (direction), "la Grande Aventure du nucléaire militaire français. Des acteurs témoignent", Paris, L'Harmattan, 2016. 

    [6] Journal d'actualité Gaumont de décembre 1960 (Référence 6101GJ 00006). 

    [7] Comme ce cliché des archives de l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (Réf. : F 60-20 R651). 

    [8] "Essais nucléaires : 'Gerboise verte', la bombe et le scoop qui font plouf..." (actualisé-3), blog du journaliste Jean-Dominique Merchet , 16 février 2010 (mise à jour : 28 janvier 2015), "Libération, secret défense". 

    SOURCE : https://www.nouvelobs.com/histoire/20180320.OBS3880/reggane-1960-comment-une-photo-ambigue-est-devenue-l-icone-d-un-crime-de-la-france.html 

     


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    Guerre d'Algérie, la raison l'emportera

    Guerre d'Algérie, la raison l'emportera *** Ce soir 30 mars 2018 Rencontre avec Albert NALLET et Djoudi ATTOUMI

    Rencontre avec Albert NALLET et Djoudi ATTOUMI, Conférence-Débat, Projections et séance dédicace, ON N'EFFACE PAS LA VÉRITÉ  - AVOIR 20 ANS DANS LES MAQUIS, Vendredi 30 mars 2018  de 20h à 22h – Entrée libre - 41, rue des Olivettes à NANTES.

    DJOUDI ATTOUMI 

    Djoudi Attoumi est né en 1938 à AIT OUGHLIS ( SIDI AICH ). Il rejoint les maquis en 1956, au lendemain du congrès de la Soummam et affecté directement au P.C de la Wilaya où il eut à collaborer avec Amirouche et son équipe.

    Au cours de son itinéraire au maquis, il assuma plusieurs responsabilités au sein du FLN et de L'ALN. Promu officier en avril 1961 par le Colonel Akli Md Oulhadj, il est affecté dans la vallée de la Soumman dévastée par l'opération « Jumelles », et accomplit son devoir jusqu'au cessez le feu, le 19 mars 1962. Il est alors nommé membre de la sous-commission locale de cessez le feu, composée à égalité d'officiers de l'ALN et de ceux de l'armée française, pour veiller à l'application des accords d’Evian.

    Après l'indépendance, il est démobilisé sur sa demande, le 5 août 1962 et assuma les fonctions de Directeur des hôpitaux, du 1er septembre 1962 jusqu'en 1985, date à laquelle il est élu à l'assemblée populaire de la Wilaya de Bejaia dont il assure la présidence jusqu'en 1990.

    Il est l'auteur d'une œuvre biographique sur le Colonel Amirouche intitulée : « le Colonel Amirouche entre Légende et Histoire » .

    Djoudi Attoumi est licencié en droit et diplômé de l’École Nationale de la Santé Publique de Rennes » (France).

    « Je suis envoyé directement en Algérie de 1957 à 1959. Je témoigne aujourd’hui sur cette guerre qui m’a été imposée » 

    ALBERT NALLET 

    Très jeune déjà, je milite pour un monde sans guerre. Dès 1955, j’organise et participe aux manifestations parfois interdites pour le droit des algériens à l’indépendance. A 20 ans, quand l’ordre de partir tombe, c’est une véritable déchirure.

    Parti pour effectuer des opérations dites de «maintien de l’ordre », j’assiste à une vraie guerre : combats, embuscades, mises à sac de maisons, vols, viols, tortures, assassinats, déplacements et regroupements de population, napalm… Les contacts avec la population me confirment la profonde aspiration de celle-ci à se libérer de la domination coloniale. Mon idéal de jeunesse d’un monde fraternel et solidaire est sérieusement contrarié par les agissements de l’armée, aux ordres de l’État français.

    Sur place, j’organise comme je peux la résistance au sein de ma propre section, malgré les ordres. En autres, à la suite d’une embuscade particulièrement tragique, je tiens un journal pour témoigner. En tout, sur les 699 jours passés en Grande Kabylie : je participe à 48 grandes opérations qui se soldent par : 82 militaires français tués, 85 blessés, 492 combattants algériens tués, 34 blessés, 11 prisonniers seulement. Je suis témoin d’exécutions et de bombardements (roquettes) de centaines de civils algériens par l’armée française et parfois par le F.L.N pour trahison. J’évite de justesse le tribunal militaire.

    Pendant 27 mois, je suis marqué par la peur à tout instant d’être tué ou celle d’avoir à tuer.

    A mon retour, confronté à l’indifférence quasi générale, je plonge, comme beaucoup d’appelés, dans un long silence. C’est seulement en 1997, au moment de la retraite, encouragé par des amis et mes proches, que je commence à retranscrire mon témoignage. Ne trouvant pas d’éditeur, je finis par publier mon livre « On n’efface pas la vérité. Guerre d’Algérie Grande Kabylie » à compte d’auteur en 2003. Ce dernier rencontre immédiatement un large écho. Je reçois énormément de messages de soutien. En 2006, l’éditeur Aléas publie mon livre qui reçoit le prix Rouget de Lisle en 2008.

    Malgré ce formidable réseau de partages et de soutiens en France, reste en moi ce fort besoin de rencontrer les algériens. Mais ce voyage tant souhaité, ne se réalise qu’en 2006, du fait de la situation politique de l’Algérie. Avec 27 anciens appelés et Pieds-Noirs, je traverse la Méditerranée, non plus sur un bateau mais en avion. Nous sommes reçus presque comme des « ambassadeurs ». Les anciens combattants algériens et des plus jeunes nous accompagnent sur les lieux des opérations meurtrières de la guerre. Je réalise alors que je peux enfin faire le deuil. Ce moment est pour moi décisif : je peux maintenant me consacrer à la construction de l’amitié entre nos deux peuples.

    Commence alors le témoignage de nos mémoires croisées. Avec mes amis, Abdelmadjid Azzi (1) et Djoudi Attoumi (2), deux anciens combattants de l’ALN (Armée de Libération Nationale), nous nous rendons dans différentes rencontres organisées et particulièrement auprès de la jeunesse, dans des lycées en France et deux fois en Algérie.

    Depuis 2008, j’ai rencontré une cinquantaine de classes en France. Et depuis 2016, je fais partie de la Réserve Citoyenne de l’Éducation nationale.

    Ainsi ensemble, nous formulons les mêmes vœux : «Bannissons la haine qui conduit à la guerre et construisons ensemble les rapports humains nécessaires à l’intérêt des deux peuples».

    SOURCE : https://www.humanite.fr/guerre-dalgerie-la-raison-lemportera-652839 

     

      

    Entretien avec Albert Nallet, auteur du livre 

    " On n'efface pas la vérité ": Même maintenant 

    la parole ne se libère pas vraiment " 

     Albert Nallet est un ancien soldat du contingent français qui a servi durant 27 mois en Algérie.  

    Il a été confronté à la peur de mourir, mais aussi de donner la mort. Il fut de ceux qui ont osé briser le silence. Il est l’auteur du livre "On n’efface pas la vérité." Interview…  

    Reporters : Albert Nallet, vous qui avez servi en Algérie au cours d’une période particulièrement difficile et dans l’une des zones les plus dangereuses pour l’armée française, quelle est, 55 ans plus tard, votre vision des choses et que répondez-vous à ceux qui déclarent que, dès 1958, l’ALN avait perdu l’initiative ? 

    Albert Nallet : 1958 a été l’année des actions les plus importantes et les plus fortes de l’ALN. Par exemple, en Kabylie, où j’étais stationné avec une compagnie, on s’était retranchés et on a résisté pendant deux jours. Les Algériens ont même abattu trois avions. Ce combat avait coûté la vie à six soldats français. Ce n’est qu’à la fin de 1959 que l’ALN a été affaiblie, mais elle a changé de tactique, il n’y a plus eu d’engagement de compagnies entières, elle a privilégié les petits groupes.  

    A votre retour en France, comment a été votre rapport avec les Français et de manière générale avec tous les anciens combattants d’Algérie ? 

    On en parlait très difficilement, et même maintenant la parole ne se libère pas vraiment. En revanche, ce sont les jeunes générations qui posent des questions et cherchent à comprendre. Mais il faut aussi savoir qu’à l’époque, le peuple français était traumatisé, dans le désarroi, il faut se rendre compte de l’horreur que cela a représenté. On a commencé la guerre en 1954, mais ce n’est qu’en 1956, quand la gauche est arrivée au pouvoir, que Guy Mollet, a de manière claire, déclaré cette guerre imbécile et sans issue, et en même temps, il commençait à négocier pour finir par capituler. Puis De Gaulle arrive avec le slogan « Algérie française », il mène une guerre plus longue et plus dure que ses prédécesseurs, pour finir par déclarer que les Algériens ont le droit à l’autodétermination.  

    Avec ce contexte d’indécision politique, la guerre aurait pu durer bien plus longtemps… A votre avis, quels éléments ont malgré tout donné naissance aux accords d’Evian ? 

    C’est une convergence de lutte des combattants algériens et du peuple français qui a, d’une certaine manière, obligé le gouvernement à en finir. Il y a aussi le soutien international au combat des Algériens, la France avait quand même été condamnée par l’ONU. Bien sûr, il y a aussi les considérations politiques et économiques, en premier lieu le pétrole ou les accords sur les essais nucléaires. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu une évolution chez le peuple français. Au début de la guerre, il n’était pas du tout convaincu par l’idée de l’indépendance du peuple algérien, on avait formé les Français de cette manière.  

    A l’heure actuelle, quelle est la place de la guerre d’Algérie dans la conscience collective française ? 

    Les choses ont beaucoup évolué. La guerre d’Algérie est maintenant incluse dans le programme d’histoire, alors qu’auparavant on ne parlait que de décolonisation. C’est dans ce contexte qu’avec Djoudi Attoumi et Abdelmadjid Azzi on organise des rencontres dans les lycées. Cette initiative ne se fait pas dans le cadre d’une démarche officielle, mais en France, vu que la guerre d’Algérie est maintenant au programme, les professeurs d’histoire sont libres d’inviter qui ils souhaitent pour compléter leurs cours. Et le fait de voir d’anciens combattants des deux camps réunis suscite davantage d’intérêt de la part des étudiants, c’est de cette manière que l’amitié peut se construire.  

    Au sujet de l’enseignement, qu’attendez-vous des autorités françaises ? 

    Ce que l’on réclame, c’est que l’éducation nationale offre les moyens nécessaires pour ce travail de mémoire. Au cours de nos rencontres avec les lycéens, on arrive toujours à la conclusion que la France doit signer le traité d’amitié et arriver à condamner la torture qui a été faite en son nom, et que cette guerre n’a été que pour maintenir le système colonial qui n’avait plus lieu d’être. 

     

    En supplément un article de La Dépêche de Kabylie

    Témoignages de deux justes de la guerre d’Algérie : Albert Nallet et Claude Juin : « L’Histoire nous a donné raison »

    Entretien avec Albert Nallet, auteur du livre   " On n'efface pas la vérité "

    Entretien avec Albert Nallet, auteur du livre   " On n'efface pas la vérité "

    Entretien avec Albert Nallet, auteur du livre   " On n'efface pas la vérité "

    En bas : Claude Juin, en haut : Albert Nallet 

    Dans le cadre de la 6ème édition du festival international de la littérature et du livre de jeunesse, qui a pris ses quartiers à Tizi-Ouzou la semaine passée, un programme riche et varié a été élaboré au grand bonheur des amoureux des livres et de la lecture. 

    Le petit théâtre de la maison de culture Mouloud Mammeri a abrité des débats autour d’une table ronde, intitulée «Vérité pour une mémoire » et animée par Djoudi Attoumi, Albert Nallet, Claude Juin et Abdelmadjid Aziz, en présence d’un public nombreux dont un groupe de lycéens des établissements de la commune de Tizi-Gheniff. 

    Claude Juin et Albert Nallet sont tout deux des «justes», des combattants pour la paix qui ont eu le courage de prendre fait et cause pour l'indépendance de l'Algérie. 

    Ils étaient tous deux des soldats du contingent français durant la guerre de libération nationale, mais comme tant d’autres amis de l’Algérie libre, ils ont fait le choix très difficile d’être du côté de la justice et de l’opprimé contre l’oppresseur. 

    «En 1958, nous étions minoritaires à prendre position pour l’indépendance de l’Algérie, et aujourd’hui, l’Histoire nous a donné raison». Une phrase lourde de sens que nous avons retenu lors de l’entretien que nous avons réalisé avec l’un de ces justes, M. Claude Juin, auteur qui a couché sur le papier sa douloureuse expérience dans le contingent de l’armé coloniale. 

    Son livre se veut être le témoignage de son vécu comme soldat l’armée française en Algérie de 1957-1958, à Minerville, l’actuelle «Thenia», puis dans massif de l’Ouarsenis où il s’est farouchement opposé à la politique de la terre brûlée prônée par l’armé française. À son retour en France, et jusqu’en mars 1962, il a milité dans le réseau clandestin «Jeune  Résistance» pour l’indépendance de l’Algérie. 

    Claude Juin a soutenu une thèse de doctorat, en 2011, dont il tire son ouvrage «Soldats tortionnaires. Guerre d’Algérie : des jeunes gens ordinaires confrontés à l’intolérable». 

    Notre interlocuteur nous révélera: «J’ai assisté au pire exactions…». A une question que nous lui avons posée sur la reconnaissance de l’Etat français des crimes contre l’humanité qu’elle a perpétrés en Algérie, il répondra : «Je suis favorable à cette reconnaissance, mais hélas, le déni de l’Etat existe toujours du côté français, tout comme l’esprit de domination, dans les mentalités, il existe encore aujourd’hui le prestige de ce grand empire que fut la France à l’époque…». Il ajoutera : «Nous ignorions tout de votre pays. Pour nous, l’Algérie, c’était trois départements du grand empire français. C’est du moins ce qui nous a été enseigné à l’école de la République. Nous étions dans l’ignorance de ce qui ce passait réellement en Algérie». Et d’ajouter : «A l’époque, le service national était obligatoire, et à notre arrivé en Algérie, nous étions confrontés à l’intolérable. Nous regardions l’arabe faire les travaux les plus dégradants, les plus salissants, les moins bien rémunérés… nous les voyions nettoyer nos poubelles». 

    En France, raconte-t-il, on se voilait les yeux. «Même Jule Ferry, alors député de l’assemblée nationale française, déclarera en pleine assemblée que les jeunes arabes suivent normalement leurs études à l’école mais qu’à l’âge de 14 ans, leurs cerveaux s’arrête pour aller travailler. J’ai fais des photos où l’on voyait l’armée française commettre des exactions auxquelles je me suis opposé, mais ce n’était pas facile, car nous étions, mes camarades et moi, sur le fil du rasoir de par nos prises de position». 

     

    L’autre « juste », M. Albert Nallet, soldat appelé en haute Kabylie, du 03 au 06 août 1959, témoigne, dans l’ouvrage intitulé «On n’efface pas la vérité», sur la période de sa participation imposée à la guerre d’Algérie. Selon le communicant, on leur disait qu’ils étaient en Algérie pour «chasser les terroristes et rétablir l’ordre républicain par tous les moyens…». Il ajoutera : «J’ai été envoyé, ici, pour maintenir l’ordre établi et j’y ai beaucoup souffert. J’ai vu souffrir énormément de monde, ce qui m’a fait beaucoup de mal… Je faisais partie de ces jeunes militants pour la paix, et ce ne fut pas facile, car l’idéologie dominante à l’époque disait que l’Algérie c’était trois départements qu’il fallait absolument garder. A l’école, on nous enseignait que les Algériens n’étaient pas capables de se gouverner eux-mêmes…». «Nous voulons rencontrer la jeunesse algérienne dans des stades et pas sur des champs de bataille», dira Albert Nallet. Il ajoutera que, lors d’événements engendrés par l’assassinat d’un jeune algérien, son supérieur avait ordonné aux soldats d’effacer les inscriptions sur les murs de la ville où étaient mentionné «l’Algérie n’est pas française», «les soldats français meurent pour rien», «Vive l’Algérie libre». 

    Et à cet ordre, il lui rétorquera : «On n’efface pas la vérité». Il concluera, très ému : « Très dure fut pour moi toute cette guerre, et plus encore, le déni total de la France sur le sang qu’elle a sur les mains, sur la torture et sur ses exactions…» 

    Karima Talis

    SOURCE : http://www.depechedekabylie.com/cuture/125498-temoignages-de-deux-justes-de-la-guerre-dalgerie.html

     

    Guerre d'Algérie, la raison l'emportera *** Ce soir 30 mars 2018 Rencontre avec Albert NALLET et Djoudi ATTOUMI


    2 commentaires
  • Le Crif contre la République
    Daniel Knoll et Arnaud Beltrame

    Patrick Karl a partagé la publication
     de André Markowicz

     

    Je vous en prie, lisez entièrement, attentivement cette chronique de André Markowicz qui énonce clairement un point de vue éclairé sur la situation en France après les horreurs qui viennent, une fois de plus, nous assommer.
    Moi non plus, je n'ai pas voulu aller à la "marche blanche" qui était devenue celle du CRIF, cette organisation qui ne représente plus rien d'autre que la politique d'extrême-droite de l'Etat d'Israël. Cette politique qui ne représente ni le peuple israélien, ni les juifs de France.
    Lisez, André Markowicz dis-ça mieux que moi.

    Patrick Karl  

    Je n’ai pas voulu écrire tout de suite sur ces histoires affreuses — l’assassinat sordide de Mireille Knoll et la prise d’otages de Trèbes, avec la mort du lieutenant-colonel (colonel aujourd’hui) Arnaud Beltrame. Mais ce qui me frappe, moi parmi tant d’autres, c’est que, justement, dans le désastre, dans l’ignominie, on se trouve face à son contraire. Les gens — on peut appeler ça « la France », oui, c’est la France, mais je préfère appeler ça « les gens », ou «des gens», renvoient à l’horreur son visage sans visage, et ils transforment le désastre en victoire. Une victoire terrible, au prix du sang, mais une victoire. Je veux dire, que, dans le danger, par un geste, par une parole, ils rassemblent un pays dont tout peut faire penser qu’il n’a pas d’unité, qui part dans toutes les directions, où chacun vit pour soi, ou essaie de vivre, ou, souvent, de survivre, au jour le jour, comme partout ailleurs, se rassurant du fantasme tragique de son « identité ». Pendant les attentats contre Charlie, ce garde du corps de Charb, qui s’est jeté au devant des balles ; pendant l’attentat de Vincennes, ce garçon malien, qui sauve une dizaine de personnes ; à Trèbes, devant cet homme qui a déjà tué et qui veut tuer encore, cet officier de gendarmerie. Et là, devant l’assassinat de Mireille Knoll, son fils, Daniel. Qui appelle à l’unité nationale, qui affirme, alors qu’il vient de subir ce qu’il vient de subir, que, non, la France n’est pas antisémite, et qui dit bien que cette affaire, atroce, sordide, monstrueuse, est beaucoup plus complexe, parce que Mme Knoll connaissait son bourreau, et depuis très longtemps, et qu’elle le recevait chez elle — l’avait, en tout cas, longtemps reçu chez elle. Bref, qu’il s’est passé quelque chose — même si, évidemment, elle a été tuée parce qu’elle était Juive et qu’en tant que Juive, même vivant dans un HLM — dans le même HLM, visiblement, que son assassin, — elle était censée être riche, parce que les Juifs sont riches, ils doivent naître comme ça, je suppose. L’enquête expliquera peut-être ce qui s’est passé dans la tête de cet homme qui a fait ça.

    ***

    Mais oui, il faut bien regarder la réalité en face : l’antisémitisme est revenu sous une forme nouvelle, qui est une forme très ancienne, médiévale, j’allais dire éternelle, et il est revenu parmi les populations dites musulmanes des banlieues. — Il est revenu dans la déliquescence du lien social (si un tel lien social a jamais existé), pour des populations pour lesquelles le chômage est endémique, les perspectives d’avenir sont, si ce n’est nulles, du moins problématiques, — des populations dont il faut bien dire qu’elles sont abandonnées par les politiques publiques, parce que, des politiques publiques (c’est-à-dire, l’utilisation de l’argent public pour autre chose que le profit privé à court terme et où l’on privatise tout) — elles sont inexistantes, ou elles ont juste l’air d’exister. Il s’agit juste — je l’ai déjà dit, je le répète, — non pas de sortir ces gens de la misère, mais de les contenir dans certaines limites plus ou moins acceptables, voire les laisser entre eux, dans leurs « quartiers ». Ce qui, finalement, est une autre forme de privatisation.

    ***

    J’avais fait une chronique en novembre dernier (vous l’avez en commentaire) sur ma rencontre avec deux jeunes acteurs qui faisaient «une action culturelle» dans un collège du 93… Un collège flambant neuf, mais dans lequel il n’y avait, en tout et pour tout, que deux surveillants. Et j’avais retracé, aussi fidèlement que je pouvais, ce que m’avaient dit mes deux jeunes amis. Le seul lien d’identification à l’intérieur, pour des enfants totalement acculturés, étant la religion, et une religion qu’ils ne connaissent évidemment pas, puisqu’ils ne lisent pas — ni en français, ni en arabe, ni en aucune langue. La religion, c’est juste ça : les femmes se taisent. Les femmes, elles obéissent. Et l’enfer nous attend si on pèche. Et tous les autres, ce sont des mécréants. Et tous, ils iront en enfer. Et c’est la peur, constante, absolue, de la souillure, du mélange. De toute façon, le mélange, eux, ils n’en avaient pas : il n’y avait pas un seul élève blanc dans les classes. — Ce n’était pas toutes les banlieues, mais des histoires comme ça, dans les banlieues (pas seulement celles de Paris), il y en a des dizaines. Et ne me dites pas que ce n’est pas vrai. Parce que c’est vrai. Et quelle est leur insulte la plus normale — mais la plus grave ? « Juif ». Juste au-dessus d’une autre « Pédé ».

    ***

    Ce qui me frappe le plus, d’ailleurs, c’est que cette forme d’antisémitisme n’a rien à voir avec l’attitude d’Israël en Palestine. Non, c’est vraiment le retour du cliché éternel : le Juif, c’est celui qui n’est pas nous, et qui, alors que nous sommes pauvres, a de l’argent. S’il a l’air pauvre, c’est qu’il cache son argent. — Je tremble en repensant à la Pologne, à la Roumanie, aux Pays Baltes, quand, après les massacres nazis, des paysans venaient déterrer les cadavres, nus, et fouiller, pour voir s’il y avait de l’argent. Ou à ce souvenir d’un survivant, je crois, de Sobibor, dont la maison de famille, en Slovaquie, très pauvre, avait été volée par un voisin, lequel voisin l’avait entièrement démembrée, latte à latte, pierre à pierre, dans l’espoir d’y trouver un trésor — et il avait fini par vivre, et mourir, dans une ruine totale, où le plancher même n’existait plus.

    ***

    Il y a cette misère, ce terreau d’inculture, et donc de haine. Parmi ces jeunes abandonnés aux islamistes, combien y en aura-t-il qui, quand ils auront quelques années de plus (pas beaucoup — trois, quatre ans), voudront, d’un seul coup, se démarquer, vivre, pour ainsi dire, quelque chose dans leur vie de rien, et donc, comme leur vie est de rien, trouver une mort qui leur donnera, je ne sais pas quoi, le bonheur absolu, les soixante-douze vierges (ou les quarante mille ?), bref, combien y aura-t-il qui seront capables de faire ce qu’ont fait ces minables qui tuent comme ils font ? Un tout petit pourcentage, évidemment, mais évidemment quelques-uns. D’autant que, ce qui est monstrueux avec Daesh, parmi tant et tant d’autres choses, c’est qu’il offre la possibilité de l’action à n’importe quel raté, et ce n’est pas pour rien si la plupart des assassins de Daesh sont à l’origine des petits trafiquants, des dealers à deux sous, des minables de tous les points de vue. Daesh est devenu, je le dis avec effroi, une espèce d’ascenseur social, exactement comme c’était le cas dans les SA ou les SS, ou les pires brutes trouvaient, ma foi, de quoi faire carrière. La différence, c’est que les SS ne voulaient pas mourir — et qu’eux, les jihadistes, oui.

    ***

    D’un côté, donc, c’est ça. L’abîme que nous avons juste à côté de nous. Pas Daesh en tant que tel, mais la misère, l’inculture, la stupidité entretenue dont les barbus de toutes sortes qui s’en nourrissent, et pour sortir de cet enfermement, vu le triomphe unitaire du libéralisme dans le monde, je n’ai pas l’impression qu’on va commencer demain — et quand bien même on essaierait, ce sera un travail de plusieurs générations.

    ***

    Pourquoi M. Daniel Knoll et Arnaud Beltrame sont-ils si grands ? Parce qu’ils effacent les communautés.

    ***

    Il faut que je le dise. Au début, j’ai appris l’assassinat de Mme Knoll par des organisations sionistes d’ultra-droite, des fanatiques comme ce Meyer Habib, que j’avais entendu, en juillet dernier, demander l’interdiction du spectacle de Mohamed Kacimi sur Merah, spectacle qu’il n’avait pas vu et qui était une dénonciation absolue du terrorisme… Et je le connaissais parce que, tout député UDI qu’il soit, il est lié en Israël à tous les cercles de l’ultra-droite qui sont aujourd’hui au pouvoir. Et j’ai senti qu’il voulait, là encore, en faire une histoire à sa sauce, — voilà, n’est-ce pas, les Juifs ne sont pas en sécurité en France, la France est un pays antisémite. Du coup, à l’origine, je n’ai pas voulu m’associer à la « marche blanche » — parce que des gens comme ce Meyer Habib prennent appui sur le malheur des autres pour faire leur mauvais jeu, pour propager la haine. Il tenait, pensait-il, sa revanche, après son échec piteux de cet été… Mais, là encore, c’est la société civile qui a pris le dessus : tout le monde, indistinctement, s’est emparé de cette « marche blanche », et nombreux ont été les commentaires, Juifs ou pas Juifs, pour dire que ce n’était pas la « communauté juive » qui était touchée par cet assassinat, mais, à travers la personne d’une vieille dame Juive, assassinée en tant que Juive, c’était la République en tant que telle.

    Du coup, la revendication identitaire aurait dû s’effacer : ce qui aurait marché dans la rue, à Paris et d’autres villes de province, c’est, oui, — un peu de la République. Et c’est un peu de la République qui a gagné contre Meyer Habib — la République, aussi, contre le CRIF. Des gens, comme disaient le grand-père, « normaux, Juifs comme tout le monde », bref, vous et moi.

    ***

    Mais ça, j’ai l’impression que le CRIF le refusait. Il lui fallait « sa » manifestation à lui. « Sa » marche blanche.

    Parce que, dites, enfin, qu’est-ce que c’est que le CRIF? Ce Comité représentatif des institutions juives de France (vous avez remarqué, je le vois maintenant, que, dans l’abréviation, il y a quatre lettres, et c’est le « j » de Juif qui a disparu ?)… Mais ils représentent qui ? De quel droit est-ce qu’ils osent parler au nom des Juifs ? Qui les a élus, qui leur a demandé de représenter « les Juifs » ? — S’il s’agit d’institutions religieuses, comme chez les catholiques, il y a le rabbinat. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais qu’ils s’occupent de religion tant qu’ils veulent, grand bien leur fasse), mais en dehors de la religion, c’est quoi ? — Et qui sont-ils ? — Ils sont les représentants de la politique d’extrême-droite de Nétanyahou, demandant au Président de la République française de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et approuvant sa politique ignoble et cynique de colonisation. Qui sont ces vieux, ou jeunes… non, non, pas fachos, mais... tournons ma phrase d’une autre façon… Qui sont ces hommes qui sont à la toute extrême droite de la droite pas tout à fait extrême-extrême, et qui osent inviter ou ne pas inviter Mélenchon ou Marine Le Pen, traçant par là-même une espèce d’équivalence entre les deux ?... Que Marine Le Pen ait participé à la marche blanche, tant mieux. Qu’elle se soit fait copieusement hué, tant mieux bien plus. — J’ai dit ce que je pensais de Mélenchon depuis un certain temps, mais le traiter d’antisémite me paraît saugrenu. Et dire que le Bétar et autres ligues de défense juive sont des ligues fascistes, c’est constater une réalité. Et ils auront tout fait, j’ai l’impression, pour dévoyer la manifestation, pour lui enlever son caractère solennel, républicain.

    Mais pourquoi ont-ils fait huer, insulter, agresser les représentants de la France Insoumise ? Ils l’ont fait pour démontrer que, dans cette marche blanche, eux, ils étaient chez eux, que, cette marche, elle était à eux. À eux, et pas aux autres. Ils ont, très délibérément, brisé l’unité républicaine.
    Ils ont agi comme des charognards.

    Des hommes qui osent s’emparer du meurtre d’une vieille dame, qui, oui, née en 1932, a vu l’horreur nazie, et qui, visiblement, a essayé, elle, épouse d’un survivant d’Auschwitz, tout au long de sa vie — dont je ne sais rien, mais que, je pense, je comprends bien, parce que j’ai connu bien des personnes comme elle, — d’aider ses autres frères humains, Juifs ou pas Juifs — et en particulier cet homme qui a fini par la tuer comme il l’a fait.

    Daniel Knoll — je voudrais dire, « la République», — a répondu au CRIF. Il ne faut plus que le Président de la République française assiste aux «dîners du CRIF». Le CRIF n’a rien à voir avec les Juifs dans leur ensemble. Dire que le CRIF est en quoi que ce soit représentatif des Juifs, c’est dire que Nétanyahou représente l’opinion des Juifs du monde entier. Et dire ça, c’est une ignominie — antisémite.

    André Markowicz 

     


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    L’affaire Maurice Audin, 60 ans de combat  pour la vérité

    L’affaire Maurice Audin, 60 ans de combat

    pour la vérité

    Le 11 juin 1957, en pleine bataille d’Alger, Maurice Audin est arrêté à son domicile par des militaires. Ce jeune Français de 25 ans, mathématicien et militant du parti communiste, est aussi partisan de l’indépendance de l’Algérie. Plus personne ne l’a jamais revu vivant.

    La thèse qui a prévalu durant 57 ans, est celle de l’évasion de Maurice Audin lors d’un transfert. Mais en 2014, François Hollande affirme dans un communiqué de l’Élysée que le jeune mathématicien est en fait mort durant sa détention.

    Depuis plus de 60 ans, Josette Audin, l’épouse du disparu, se bat pour une reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État dans la mort de son mari, durant la guerre d’Algérie. Un combat également porté par Cédric Villani, député de La République en marche et mathématicien, lui aussi.

    Par Narimène LAOUADI , Marie SCHUSTER  

    SOURCE : http://www.france24.com/fr/20180328-focus-affaire-maurice-audin-guerre-algerie-france-verite-disparition-mort-torture 

     


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    Mes pensées vont à la famille de Mireille Knoll atrocement assassinée dans des conditions inhumaines, parce que juive. La justice doit passer avec la plus grande fermeté, mais il nous reste à éradiquer cette gangrène qu'est l'antisémitisme comme tous les autres racismes qui minent notre cohésion sociale et notre "vivre ensemble". J'invite tous les humanistes et les Républicains de France et d'ailleurs à se mobiliser, pour chasser la bête immonde de l'antisémitisme et du racisme qui se repaît de nos divisions. Mais être opposé à la politique colonialiste de Netanyahu  et de son gouvernement envers le peuple palestinien n’est pas être antisémite…

    Communiqués de 

    Mireille Knoll, tristesse, colère et inquiétude

    Mercredi 28 mars 2018 par le Bureau national de l’UJFP 

    C’est avec une très grande tristesse et inquiétude que l’Union Juive Française pour la Paix a pris connaissance du meurtre de Mireille Knoll. Nous condamnons ce crime odieux dont le caractère antisémite est le motif retenu par le Parquet. Âgée de 85 ans, elle avait survécu à l’horreur nazie et aux déportations, menées avec la complicité de l’État français, qui avaient touché nombre de membres de sa famille et coreligionnaires.

    Dans ce climat tendu et alors que le fils de la défunte invite celles et ceux qui le souhaitent à participer à la marche blanche prévue à 18h30 Place de la Nation, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) n’en finit pas de semer la division et s’octroie même le droit de désigner les personnes qui ont leur place à ce moment de recueillement.

    Pourtant, en prétendant faire de la lutte contre l’antisémitisme la mère de toutes les batailles, et en amalgamant sciemment l’opposition à la politique israélienne et la haine des Juifs, son agenda se résume en réalité à relayer la propagande de cet État et à discréditer le mouvement de solidarité avec la Palestine en faisant de lui le ventre fécond de la bête immonde. Son inénarrable président, Francis Kalifat, ne recule devant rien – et sûrement pas devant la diffamation. Il l’a en effet prouvé une fois encore hier soir en renvoyant dos à dos le Front National et la France Insoumise : les « deux extrêmes » (sic) ne seraient pas les bienvenus à la Marche blanche organisée à la mémoire de Mireille Knoll. La critique d’Israël à gauche, cette « forme réinventée de l’antisémitisme » pour reprendre la dangereuse formule du Président Macron, et l’antisémitisme, bien réel celui-ci, de l’extrême-droite, ce serait la même chose ! Si la ficelle est un peu grosse, elle n’est certainement pas nouvelle : c’est le carburant de la machine de propagande des soutiens hexagonaux hystériques à Israël.

    L’UJFP milite et continuera de militer inlassablement contre l’antisémitisme, toujours en récusant ces tentatives minables et obscènes d’instrumentalisation, et avec la conviction que la lutte contre l’antisémitisme ne doit pas être isolée du reste de la lutte contre le racisme : il est essentiel qu’elle soit portée par tou-te-s – victimes du racisme ou allié-e-s, Juifs/Juives ou non –, pour qu’enfin nous l’arrachions des mains de ceux qui l’exploitent et la dégradent au profit de la seule satisfaction d’autres agendas.

    L’UJFP répond donc à l’invitation de Daniel Knoll et appelle ses militant-e-s et adhérent-e-s à lui apporter leur soutien, dans la dignité que requièrent les marches blanches organisées à la mémoire de sa mère, Mireille Knoll.

    Nous espérons que le CRIF, entre autres, saura garder à ces démonstrations de solidarité le recueillement nécessaire. Nous nous y engageons pour notre part.

    Le Bureau national de l’UJFP, le 28 mars 2018

    SOURCE : http://www.ujfp.org/spip.php?article6289 

    Le CRIF ne représente pas les Juifs de France.

    Il nous mène à la catastrophe.

    L’UJFP s’adresse solennellement aux Juifs de France.

    Donald Trump vient de violer un peu plus le droit international en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël et en mettant fin pour longtemps à toute perspective de paix fondée sur l’égalité des droits et la justice au Proche-Orient.

    Il confirme son alignement complet sur les Chrétiens sionistes américains (qui sont des antisémites) et sur un gouvernement israélien d’extrême droite qui a totalement libéré la parole raciste ou la déshumanisation de « l’Autre ».

    La dernière déclaration du CRIF demandant que la France imite Trump est ahurissante.

    Le CRIF est issu de la résistance. Il a été fondé avec le souci de représenter les Juifs de France dans toute leur diversité après le génocide nazi. Cette diversité était encore perceptible quand Théo Klein en était le président (1983-89). Théo Klein a rompu avec le CRIF en 2012.

    Le CRIF est devenu, à l’image de l’AIPAC aux Etats-Unis, une officine totalement inféodée à l’extrême droite israélienne. En 2001, l’ancien président Bush avait déclaré « la guerre du bien contre le mal », le mal étant les Arabes, les musulmans, le Tiers-monde. Le CRIF essaie d’enrôler les Juifs de France dans ce camp-là, ce qui est une rupture complète avec leur histoire. L’histoire des Juifs de France, c’est la lutte pour l’émancipation. Elle est marquée par l’acquisition de la citoyenneté pendant la Révolution Française, par l’Affaire Dreyfus pendant laquelle les Juifs ont reçu le soutien de la partie progressiste de la société française, par la résistance juive au nazisme, par l’engagement massif de Juifs dans des combats pour l’égalité et la justice sociale.

    Faut-il énumérer les actes les plus scandaleux et les déclarations racistes du CRIF ?
    En 2002, l’ancien président du CRIF Cukierman a déclaré que le score de Le Pen était « un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles ». Le 31 décembre 2016, William-Gilles Goldnadel, par ailleurs avocat de Florian Philippot et Patrick Buisson (qui a dirigé pendant des années le torchon antisémite « Minute ») explique que : « des colonies de peuplement, contre l’avis des autochtones, il y en a en Seine Saint-Denis. Un Juif est moins étranger en Judée ».

    Faut-il rappeler les campagnes haineuses contre Jean Ferrat (dont le père a été assassiné à Auschwitz) accusé d’avoir écrit une chanson antisémite (Nuits et Brouillard !) ? Ou la campagne contre Charles Enderlin accusé d’avoir « trafiqué » les images sur la mort du petit Mohammed al-Dura à Gaza en 2000 ?

    Faut-il rappeler ces « dîners du CRIF » où les responsables politiques qui le souhaitent s’y rendent, mais se doivent de faire allégeance et où les rares autres responsables qui osent émettre le moindre doute sur la politique israélienne se font instantanément traiter d’antisémites ?

    Non seulement le CRIF soutient une politique raciste contre les Arabes et criminelle contre les Palestiniens, mais cette politique est totalement suicidaire pour les Juifs que le CRIF met sciemment en danger. Cette politique tourne délibérément le dos à la demande légitime de sécurité à laquelle elle prétend répondre.

    Quand Nétanyahou explique aux Juifs de France que leur pays, c’est Israël et qu’ils doivent partir, on est ahuri du silence d’approbation du CRIF : aucun antisémite depuis Vichy n’avait osé dire aux Juifs qu’ils n’étaient pas chez eux en France. Est-ce la position du CRIF ? Le CRIF soutient-il la loi qui va être présentée à la Knesset faisant d’Israël l’Etat-Nation du peuple juif, excluant les Palestiniens et transformant les Juifs de France en étrangers dans leur propre pays ?

    Quand Nétanyahou fait une déclaration totalement négationniste (21 octobre 2015) à savoir qu’Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs et que c’est le grand Mufti qui lui aurait soufflé cette solution, on est stupéfait par le silence du CRIF, qui prétend pourtant défendre la mémoire du génocide.

    L’UJFP s’adresse aux Juifs de France : vous avez une histoire, une mémoire, des identités multiples. Votre place n’est pas au côté d’une officine raciste qui soutient inconditionnellement l’occupation et la destruction de la Palestine. Officine qui essaie de vous séparer des victimes du racisme quotidien.

    Si vous n’êtes pas persuadés que la politique du CRIF est immorale et tourne le dos à toutes les valeurs juives, soyez persuadés qu’elle vous met sciemment en danger.

    La place des Juifs de France, c’est d’être au côté de toutes les victimes du racisme ou du colonialisme, c’est d’être pour le « vivre ensemble » et l’égalité des droits. En France et au Proche-Orient.

    SOURCE : http://www.ujfp.org/spip.php?article6053

     

    Mais être opposé à la politique coloniale de Netanyahu  et de son gouvernement envers le peuple palestinien n’est pas être antisémite…

    Faut-il rappeler les campagnes haineuses contre Jean Ferrat (dont le père a été assassiné à Auschwitz) accusé d’avoir écrit une chanson antisémite (Nuits et Brouillard !) ?

     

    Non !!! Cette formidable chanson n’est pas

    antisémite…

     c’est tout le contraire !!! 

     

    Mais être opposé à la politique coloniale de Netanyahu  et de son gouvernement envers le peuple palestinien n’est pas être antisémite…

    Contre les crimes antisémites

    et le racisme : mobilisation !


     
    L’assassinat de Mme Mireille Knoll s’inscrit dans le contexte d’une multiplication des actes et propos antisémites en France et en Europe.
    Les Juifs de France, qui représentent moins de 1 % de la population, sont, selon les statistiques officielles, la cible d’un tiers des actes haineux recensés dans le pays.
    Ce crime revêt un caractère particulièrement dramatique en raison de l’histoire de cette femme. Elle a survécu à la Shoah. Née en 1932 à Paris, Mireille Knoll a pu s’échapper de Paris avec sa mère avant quelques jours avant l’arrestation massive de plus de 13 000 Juifs en juillet 1942, lors de la rafle du Vel' d’Hiv. C’est un passeport brésilien hérité de son père qui lui avait alors permis de trouver refuge au Portugal. Après la guerre, elle avait épousé un survivant d’Auschwitz, décédé il y a une quinzaine d’années Elle a été tuée à quelques centaines de mètres de l’Hyper-cacher de la porte de Vincennes, à proximité également du gymnase Japy, lieu de rafles des Juifs pendant la 2e guerre. Son domicile est également très proche du lieu ou a été tuée Mme Sarah Halimi en avril 2017 dans un crime à caractère antisémite. Dans ce dernier cas, il avait fallu plusieurs mois et de nombreuses mobilisations de ses proches avant que soit pris en compte et reconnu par la justice la part de l'antisémitisme dans son meurtre. Dans ce même quartier travaillait Ilan Halimi dont l’assassinat en 2006 avait ouvert un cycle antisémite sanglant.
    Nous appelons à une lutte active contre l'antisémitisme, qui prend aujourd'hui en Europe des formes  alarmantes, particulièrement tragiques en France, alors que partout en Europe et aux USA, les tenants du fascisme et du nazisme sont à l'offensive notamment en AllemagneAutriche, Hongrie, Pologne, Italie. 
    Il ne s'agit pas ici d'un "nouvel antisémitisme" mais de la continuité sanglante de la persécution des Juifs. La confirmation de la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour ses propos récidivistes de 2015 sur les chambres à gaz illustre cette continuité. Il a d'ailleurs financé la campagne présidentielle de Marine Le Pen à hauteur de 6 million d'euros, pulvérisant ainsi la fable de la "dédiabolisation".
    L’assassinat de Mme Knoll est ainsi survenu trois jours après la relaxe judiciaire d'Alain Soral, accusé d’incitation à la haine raciale  après que celui-ci ait diffusé une nouvelle fois un montage antisémite. Les juges ont estimé que  "Le montage en cause, aussi contestable soit-il, ne constitue ainsi pas une provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, contenant un appel ou une exhortation, même implicite, rejaillissant sur la totalité d'une communauté définie par l'appartenance à la religion juive". 
    Les magistrats ont utilisé la jurisprudence de la Cour de cassation, qui estime depuis juin 2017 qu'une "incitation manifeste" ne suffit pas à caractériser le délit et qu'il faut désormais "pour entrer en voie de condamnation" que les propos relèvent d'un "appel" ou d'une "exhortation".  Ainsi il faudrait maintenant un appel direct à la violence raciste pour que la justice agisse. 
    Devant l’adhésion que suscitent Dieudonné et Soral dans une partie de la jeunesse, comment ne pas s’interroger sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans la radicalisation ultra-rapide de beaucoup de jeunes, qui épousent les thèses et la cause des intégristes de Daech en quelques mois, en quelques semaines ? Pour qu’une graine pousse à vitesse accélérée, il lui faut un terreau fertile; force est de constater que la culture pathologiquement antisémite, propagée par l’extrême-droite française depuis des années, constitue une part importante de ce terreau fatal.
    Dans ces mobilisations contre l’antisémitisme et tous les racismes, nous dénonçons les chevaliers de la haine qui cherchent à susciter la haine et la division. C’est le cas notamment de Laurent Wauquiez, croisé du racisme dénonciateur exclusif du «  nouvel antisémitisme » des musulmans. Or sa première mesure en tant que président de Conseil régional a consisté à réduire la subvention de Mémorial des enfants juifs d’Izieu déportés par Klaus Barbie. Nous n’oublions pas qu’un des candidats à la primaire de la droite Jean-Frédéric  Poisson a tenu publiquement des propos antisémites. Il n’a pas été sanctionné et a été maintenu dans la primaire par une décision unanime de tous les autres candidats. 
    Nous faisons partie de celles et ceux qui affirment que tous les racismes sont liés, que tous les fascismes et les intégrismes s’alimentent les uns les autres, dans une guerre de tous contre tous qui nourrit les haines.
    La lutte contre le racisme, l'antisémitisme, l'islamophobie constitue un enjeu décisif pour toutes et tous. Elle ne  doit pas se diviser, sous peine de devenir une caricature stérile et impuissante.
    C’est ce que nous affirmons en participant à toutes les marches et mobilisations qui font suite à ce nouveau crime antisémite et notamment aux Marches Blanches du 28 mars. Il ne s'agit pas d'un problème de "communautés" mais d'un enjeu crucial dans la lutte contre tous les racismes. 

    Mise à jour du 28 mars 2018 :
    Nous marcherons aujourd'hui contre l'antisémitisme et tous les crimes racistes. La direction du CRIF a cru bon faire des déclarations contre la présence de Jean-Luc Mélenchon, mis dans le même panier que le parti de la continuité antisémite qu'est le FN. Il a ainsi ouvert la porte à une polémique qui permet à Marine Le Pen de prétendre combattre l'antisémitisme. Sera-t-elle accompagnée de son conseiller et ami le néo-nazi Frédéric Chatillon, complice du négationniste Faurisson et de Dieudonné ?
    La déclaration de Daniel Knoll, fils de Mireille Knoll, qui a appelé "tout le monde sans exception" à participer à la marche blanche est à la fois touchante par son émotion et problématique quant à l'inclusion implicite du FN. Il dit "J'ouvre mon coeur à tout le monde. A tous ceux qui ont une mère. Tout le monde a une mère, tout le monde est concerné. Que ce soit une mère juive, une mère noire, une mère protestante, une mère musulmane. Ce sont toutes nos mères..." et appelle " toutes les personnes de bonne volonté" à participer. Marine Le Pen s'appuie explicitement sur ces propos pour annoncer sa participation provocatrice  

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    Cher : ce Poilu fusillé en 1914 à qui l'on veut rendre les honneurs

    ©Capture Google Street View

    L'Association nationale des Anciens combattants du Cher milite pour l'inscription d'un poilu fusillé pour l'exemple sur le monument aux morts de la commune. Elle réfute le fait qu'il ait déserté, raconte France Bleu.

    Déserteur ou pas déserteur ? La question est au centre de toutes les préoccupations à Saint-Florent-sur-Cher, dans le Cher.

    En effet, selon France Bleu, l'Association nationale des Anciens Combattants de la Résistance et Amis de la Résistance du Cher demande à ce que le poilu Auguste Ponroy soit inscrit sur le monument aux morts de la ville. En effet, le 21 novembre 1914, alors âgé de 23 ans, Auguste Ponroy est condamné à mort à Commercy dans la Meuse. Il est alors fusillé aux yeux de tous, "pour l'exemple". Mais selon l'association, le jeune homme était "un excellent soldat ". "Il avait appris "qu'il venait d'avoir un enfant... et il n'a plus voulu mourir. Il est devenu dépressif, il pleurait sans cesse", explique le président de l'association, Yvon Morineau.



    "Mort pour la France"

    Auguste Ponroy a été accusé d'avoir déserté, ce que conteste l'association. "Il n'a jamais été un traître, et il n'a pas déserté non plus. Il a été séparé de ses camarades pendant la bataille. Mais ce n'était pas le seul, loin de là. Il était perdu". Et de préciser. "On est en octobre-novembre 1914, il faisait froid, on est dans la Meuse, et j'ai un document qui atteste que les tenues d'hiver des soldats n'ont été commandées qu'en novembre ! Un témoin dit que les soldats ne pouvaient plus sortir de la tranchée, l'échelle était trop courte tellement il y avait de cadavres au-dessus !"
    Au-delà de l'inscription du poilu sur le monument aux morts, le président de l'association aimerait également que le poilu soit réhabilité et reconnu "Mort pour la France". Une demande qui ne peut normalement être faite, que par la famille du défunt.

     


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    Si vous lisez l’article ci-dessous sachez que que je le trouve scandaleux, bien sûr c’est mon avis personnel… D’abord quand on veut rendre hommage aux victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie c’est le 19 mars pas le 24 mars, pourquoi pas le 5 décembre pendant que vous y êtes ? Et puis l’honteux amalgame que vous faites entre les victimes de l’attentat terroriste de Trèves et Carcassonne et les victimes de la guerre d’Algérie est, pour moi, insupportable. Que cela vous plaise ou non les indépendantistes de l’Algérie colonisée par la France pendant 132 ans avec toutes les horreurs que cela a engendré n’étaient pas des terroristes… mais des combattants pour l’indépendance de leur pays… Le combat qu’ils menaient était juste, je le répète que cela plaise ou non… Nous les appelés et rappelés dans cette guerre, souvent contre notre volonté, étions du mauvais côté de l’Histoire.

    Michel Dandelot 

     

    Fnaca : le jour d'après

    Attentats

    Le médaillé Paul Balondrade au milieu des personnalités./ DDM, RP

    En plaçant la commémoration de la fin de la guerre d'Algérie le samedi 24 mars avant midi, les représentants des forces civiles et militaires ne pensaient pas ajouter l'ingrédient du terrorisme à cette cérémonie. Les maires Jean-Louis Rémy (Cintegabelle) Hubert Mesplié (Gaillac-Toulza) Jude Mathe (Aignes) et le conseiller départemental d'Auterive Sébastien Vincini étaient en premier présents pour féliciter le Gaillacois Paul Balondrade décoré par Georges Bourrounet, président de la section locale de la Fnaca, de la Croix du Combattant pour ses combats sur les terres algériennes. Mais leurs pensées et leurs paroles se sont tournées vers Carcassonne et Trèbes, deux cités dramatiquement meurtries la veille du monument. Aussi les discours et la Marseillaise ont pris une dimension plus solennelle pour le public présent en associant les victimes de la guerre d'Algérie avec les nouvelles disparitions issues de la guerre du terrorisme.

    La Dépêche du Midi

    Source : https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/28/2768428-fnaca-le-jour-d-apres.html 

     


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    Le passé honteux de la France coloniale c’est aussi celui-ci

    Méconnus de l'Histoire de France récente, les 20000 travailleurs indochinois, exilés de force en 1939 vers la métropole pour participer à l'effort de guerre. Pierre Daum, historien spécialisé dans l’histoire post-coloniale française lève le voile sur ces oubliés d'Indochine pour le "64 Minutes le monde en français". Pour compléter ses explications, le reportage en Provence d’Anaïs Renevier ainsi que le dossier numérique élaboré par Marion Chastain nous propose un éclairage au travers de la BD "Les Linh Tho", immigrés de force: Mémoires de Viet kieu, co-signé par Clément Baloup et Pierre Daum. 

     


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    L’horreur, le courage

     

    terminons par l'espoir

     

    Comment dire l’horreur que nous avons éprouvée devant le crime de Trèbes et l’indicible émotion ressentie devant l'acte héroïque du lieutenant-colonel Beltrame.

    L’horreur, le courage terminons par l'espoir

    Et les minables et dangereux fachos qui ont agressé brutalement des étudiants à la fac de droit de Montpellier...

    L’horreur, le courage terminons par l'espoir

    Et cette femme juive assassinée chez elle à Paris : Mireille Knoll était une retraitée de 85 ans. Elle était veuve depuis le décès de son mari, rescapé de la Shoah. Elle avait échappé à la Rafle du Vel d'Hiv' en 1942, grâce au passeport brésilien de sa maman.

    Et le donneur de leçons Macron qui rêve  d'être le maître du Monde ne se vante pas de la  vente d'armes à l'Arabie Saoudite ainsi la France pourrait être complice de crimes de guerre ? 

    Ce ne  sont que les derniers avatars d’un Monde qui cherche sa voie vers le changement. C’est le changement qui triomphera, mais pas sans efforts, ni sacrifices.

    Ainsi va le monde en ces temps troublés où les signes d’espoir l’emportent cependant sur la violence et la haine. Les jeunes états-uniens viennent magistralement de le démontrer en organisant la plus grande manifestation pacifique de l’histoire des Etats-Unis contre la politique de Trump.

    Une véritable marée humaine

     aux Etats-Unis contre les armes à feu


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  • Tramor Quemeneur nous informe :

    Tramor Quemeneur nous informe

    Pour écouter l’émission :

    http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/le-recit-albert-nallet-un-appele-communiste-3609932

    Tramor Quemeneur nous informe :

    Retrouvez-moi demain 14 h – 15 h sur @Europe1 dans l'émission « Au coeur de l'histoire #ACDH de @FranckFerrand » pour parler du dossier spécial "Guerre d'Algérie. Paroles de soldats" que je publie ce mois-ci dans Historia @historiamag.


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  • Lettre au président de la République de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons

     

    Lettre au président de la République de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons

    Lettre au Président de la République de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, dans laquelle il regrette qu’il n’y ait eu aucun représentant du Ministère de l’Éducation nationale lors de l’hommage annuel rendu aux 6 dirigeants des Centres sociaux éducatifs en Algérie assassinés par l’OAS le 15 mars 1962. 

     

    Monsieur le Président de la République,

    Pour la première fois depuis mars 2002, le ministre de l’Éducation nationale ne s’est pas fait représenter à l’hommage annuel, rendu vendredi 16 mars, devant la plaque commémorative apposée à l’entrée de la salle Marchand-Feraoun de l’Hôtel de Rothelin-Charolais (101 rue de Grenelle, Paris-VIIè ) et inaugurée le 12 décembre 2001.

    J’ajoute que le ministre avait, il y a un mois, donné pour instruction à sa Direction de l’enseignement scolaire de le représenter au colloque organisé par notre association, ce même 16 mars, sur le thème Enseignement de la musique en Algérie avant l’indépendance.

    Aucun personnel du ministère n’est venu le représenter.

    Depuis seize ans, à une date voisine du 15 mars, une cérémonie officielle s’y déroule afin d’honorer le souvenir de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs en Algérie, assassinés collectivement le 15 mars 1962 à Alger, sur leur lieu de travail, dans l’exercice de leurs fonctions, « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France », texte gravé sur la plaque.

    Ce service de l’Éducation nationale a été créé par la déportée résistante Germaine Tillion, entrée au Panthéon le 27 mai 2015. Elle a déclaré à plusieurs reprises que cette initiative était l’œuvre de sa vie dont elle était la plus fière et l’a montré en étant présente, à près de 95 ans, lors du dévoilement de la plaque commémorative précitée.

    L’association que je préside se félicite qu’un événement placé sous votre haut patronage soit prévu le 7 juin prochain à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort.

    Les six membres des Centres sociaux éducatifs ont été liquidés par l’OAS, une organisation qualifiée de terroriste par la Justice, et qui voulait maintenir la colonisation en Algérie en s’opposant, par le crime à grande échelle, à la signature des Accords d’Évian.

    En n’associant pas son administration à la célébration de la mémoire de fonctionnaires ayant respecté la directive de Mme Tillion : « …donner au Service une impulsion conforme aux grandes traditions de l’Education nationale française », le ministre a pris le risque de susciter interrogations et incompréhension au sein d’une association qui, répondant à votre souhait d’une coopération nouvelle avec l’Algérie, a organisé à Alger, le 8 mars dernier, un colloque auquel des universitaires français et algériens ont participé.

    C’est notre façon de contribuer, à la mesure de nos moyens, à ce climat favorable dans les relations culturelles et amicales entre les deux pays, tel que vous l’appelez de vos vœux.

    Certes, Monsieur Jean-Michel Blanquer a déclaré sur France Inter : « …je ne suis pas […] un fanatique de la commémoration ». Mais l’Histoire de la France ne s’est- elle pas construite à partir d’événements marquants, que les futurs citoyens doivent apprendre durant leur scolarité pour se les rappeler à l’âge adulte et en entretenir le souvenir par des cérémonies ?

    Le ministre de l’Éducation nationale a rompu avec le principe de continuité mémorielle qui prévalait depuis seize ans.

    Ne pas rendre honneur à des victimes de l’OAS, dont un inspecteur d’académie, équivaut à cautionner ceux qui, pour maintenir la colonisation, n’ont pas hésité à tenter de renverser la République par le putsch militaire et par les tentatives d’abattre le chef de l’État, le général Charles de Gaulle.

    Je suis certain que vous prendrez toute la mesure d’une attitude qui semble bien relever d’un positionnement personnel empreint de partialité.

    Je vous prie de croire, Monsieur le président, à ma très haute considération.

    Docteur Jean-Philippe Ould Aoudia
    Président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
    SOURCE :
    http://max-marchand-mouloud-feraoun.fr/ 


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    Il y a eu cinquante-six ans, le 26 mars 1962, débutait à Paris le procès des tueurs de Roger Gavoury, premier des fonctionnaires de l’État à tomber sous les coups de l’Organisation armée secrète au cours de la nuit du 31 mai au 1er juin 1961. Grâce aux Éditions Tirésias - Michel Reynaud (http://www.editionstiresias.com/index.php), son fils a pu rendre compte tant des circonstances de cet assassinat que de la procédure engagée contre les auteurs et complices de ce crime commis par l’OAS, parmi tant d’autres, dans la facilité, la lâcheté, la honte.

    En souvenir de ce 26 mars 1962, nous publions ci-après le début du chapitre que Jean-François Gavoury consacre au procès de Dovecar, Piegts et consorts en seconde partie du livre de Jean-Philippe Ould Aoudia intitulé "La bataille de Marignane" et préfacé par l’ancien ministre Pierre Joxe (http://www.editionstiresias.com/pages/catalogue-3.html).

    « Sept participants à l’assassinat de mon père sont appelés à comparaître à partir du lundi 26 mars 1962 devant le tribunal militaire spécial de Paris.

    « Trois autres sont alors en fuite, notamment leur véritable chef, l’ex-lieutenant Degueldre, déserteur du 4ème régiment d’infanterie de la légion, qui sera arrêté le 7 avril 1962.

    « La présence de ces sept accusés à l’audience est incertaine : ils invoquent le probable empêchement de leurs défenseurs, retenus à Alger par des difficultés de transport. Le président de la juridiction a la faculté de passer outre, et les accusés défaillants peuvent être jugés en leur absence.

    « Parmi les sept, outre Claude Piegts, déjà condamné à sept ans de détention criminelle pour avoir voulu rançonner un supposé trafiquant d’armes du FLN à Nice, trois anciens légionnaires : Albert Dovecar (dit Bobby), d’origine yougoslave mais de nationalité autrichienne, auteur du plan de l’agression ; Herbert Petri, alias Hans Hase, allemand ou autrichien, et Claude Tenne, alias Marc Tenard, français, responsable des coups portés contre mon père.

    « Les trois autres sont Jacques Malmassari et Paul Frapolli ainsi que Louis Zani.

    « Il importe ici de souligner que l’une des particularités de ce procès réside dans le fait qu’il se déroule dans l’enceinte d’un tribunal militaire. Les justiciables de cette juridiction d’exception en contesteront, du reste, le fondement et la légitimité. Pourtant, les défenseurs des tueurs appartenant à l’OAS auront la faculté d’y faire citer les témoins de leur choix, y compris d’anciens militaires rendus à la vie civile.

    « La famille de leur victime sera privée de cette possibilité. »

    En complément, cf. : http://w ww.ina.fr/video/PHD94014363

     

     

        (à partir de 11'14'' et jusqu’à  13'00''  : correspondance de Frédéric POTTECHER au tribunal militaire sur le jugement des sept accusés du crime du commissaire central d'Alger Mr. Roger GAVOURY poignardé le 31 mai 1961 alors qu'il enquêtait sur le démantèlement de réseaux OAS. "Lamentables discussions de procédures". Les avocats de la défense ont fait valoir des délais trop courts et demandent le renvoi de l'affaire. Le tribunal passe outre. Trois des accusés, TENARD, PETRI et DOVECAR, tous trois déserteurs de l'armée, se sont présentés en uniforme avec leurs décorations … »)

    Cf. par ailleurs : http://www.ina.fr/video/CAF96027582

     

     

    Le 26 mars 1962, deux faits marquants : début du procès des assassins de Roger Gavoury commissaire central d’Alger et la fusillade de la rue d’Isly à Alger

     

    ***************************************************

    La fusillade rue d'Isly à Alger 

     

    Le 18 mars 1962, des accords sont signés à Evian par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA). Ces accords qui allaient pouvoir mettre fin à la guerre d’Algérie stipulaient, dans leur Article 1, que le cessez-le-feu serait proclamé le 19 mars 1962 à midi sur le terrain par les Etats-majors de l’Armée française et de l’Armée de Libération Nationale Algérienne.

    Le même 18 mars, l’OAS présente publiquement les accords d’Evian  de façon tronquée.

    Le 19 mars les suppléments hebdomadaires des journaux algériens « La Dépêche quotidienne » et « Le Journal d’Alger » se font largement l’écho de l’OAS et annoncent « l’abandon complet de la minorité européenne livrée aux tueurs du F.L.N. »

    Le 19 mars, alors que le général Ailleret proclame le cessez-le-feu, une émission pirate de l’OAS diffuse une déclaration du général Raoul Salan – chef de l’OAS – qui condamne le cessez-le-feu et donne l’ordre de « commencer immédiatement les opérations de harcèlement dans les villes, contre les forces ennemies », c'est-à-dire l’armée, le contingent, les CRS, les gendarmes, les policiers, etc.

      Le 20 mars :

    A  Oran l’OAS règne et multiplie – depuis des jours déjà – fusillades, ratonnades et hold-up sous les ordres de Jouhaud et de ses adjoints.

    Une édition spéciale OAS est tirée à « l’Echo d’Oran » et diffusée à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires Des commandos OAS, en uniforme, parcourent la ville et un affrontement avec l’armée fait 10 morts et 16 blessés.

    A Alger Un commando « Delta » de l’OAS assassine, dans la cellule du commissariat de police d’Hussein-Dey où ils sont détenus, 4 algériens arrêtés, tandis que d’autres ultras lâchés en ville « ratonnent » dans les quartiers européens qu’ils veulent interdire complètement aux Algériens.

    - Un détachement OAS tire au mortier sur l’un des endroits des plus populeux d’Alger, la place du gouvernement au bas de la Casbah. Bilan : 24 morts et 60 blessés, tous algériens.

    Le 22 mars à Oran l’OAS s’empare de tout l’argent liquide de la Banque d’Algérie située Bd Galliéni – Butin : 2 milliards 200 millions de francs de l’époque !

      Nuit du 22 au 23 mars, Alger

    Les commandos « Z » de l’OAS s’installent à Bab-el-Oued. Au matin, une patrouille d’appelés du contingent tombe dans leur embuscade : bilan, 3 morts et 3 blessés graves.

    Les gendarmes mobiles bouclent le quartier. L’OAS tire des balcons, des terrasses, transformant les rues en terrain de guérilla. Malgré l’appui de l’aviation, l’OAS tire à la mitrailleuse sur les gendarmes. Bilan : 15 morts, 70 blessés.

    Bab-el-Oued est alors bouclée, coupée d’Alger et fouillée durement de fond en comble.

    Briser le blocus de Bab-el- oued telle est sa dernière chance, estime l’OAS, pour réussir à Alger, et faire oublier aux « pieds noirs » l’échec de la bataille de Bab-el-Oued et l’arrestation de Jouhaud à Oran par le général Katz. et désarmer l’armée en lui opposant une masse de civils désarmés, pour  recréer au centre d’Alger une zone insurrectionnelle.

    - Le Préfet de police d’Alger, Vitalis Cros, interdit la manifestation, fait diffuser toutes les demi-heures un communiqué, tandis que des voitures haut-parleurs militaires sillonnent la ville pendant toute la matinée, répétant inlassablement – tout au long des rues – la « mise en garde officielle » qui avertit que « les forces du maintien de l’ordre les dispenseront (les manifestations), LE CAS ECHEANT, AVEC LA FERMETE NECESSAIRE ».

      Le 26 mars à Alger

    Un cortège de 3000 à 4000 européens, descendus du plateau des Glières (au centre d’Alger), se dirige vers Bab-el-Oued pour « affirmer leur solidarité avec le quartier martyr ».

    Parmi les forces militaires prévues pour maintenir l’ordre, figurent la 6e compagnie, la 5e compagnie et une compagnie mixte du 4e Régiment de Tirailleurs Algériens. Dès leur arrivée à Alger, quelques jours plutôt, ces 3 compagnies ont été engagées à Bab-el-Oued où elles ont essuyé le feu des commandos OAS les mitraillant du haut des balcons et des terrasses.

    La 6e Compagnie du 4e RTA est postée rue d’Isly et à la rampe Bugeaud. La rue d’Isly est confiée au Sous-lieutenant Kabyle Ouchène Daoud qui commandera le barrage, secondé d’un sergent-chef et de  23  tirailleurs

    Les tirailleurs sont tendus ; quelques instants auparavant, une vingtaine de jeunes gens – brandissant un drapeau OAS – les ont insultés, injuriés.

    Le Sous-lieutenant Daoud laisse passer un homme et le porte-drapeau qui l’accompagne. Ce dernier, à peine franchi le barrage, appelle la foule : « Tous à Bab-el-Oued !!!» - Trois cents personnes se précipitent, bousculent les tirailleurs qui se trouvent pris à revers. C’est l’hystérie, l’échauffourée éclate, des crachats pleuvent sur les tirailleurs.

    14h45, une rafale de FM claque

    Deux fusils-mitrailleurs OAS se mettent à tirer en feux croisés à partir des étages supérieurs de l’immeuble du 64 de la rue d’Isly, de celui de la « Warner Bros » au coin de la rue d’Isly et de l’Avenue Pasteur. Un autre FM, placé sur un balcon de la rue Alfred Lelluch prend en enfilade la rue de Chanzy.

    Quatorze emplacements de tirs de l’OAS seront dénombrés avec précision après la manifestation dont – outre les FM – 4 de PM.

    Des grenades explosent également au milieu de la foule. Or, aucun tirailleur du 4e RTA n’en est muni.

    De nouvelles fusillades éclatent au Forum et au carrefour de l’Agha où des tireurs de l’OAS prennent les gendarmes pour cibles.

    Après la fusillade, l’OAS proclame que ce sont les fellaghas de la Willaya 4 qui ont ouvert le feu sur une foule désarmée et pacifique, et qu’ils ont même achevé les blessés !

      UN TRAGIQUE BILAN

    Le bilan des morts et des blessés, pour les seuls engagements évoqués ci-dessus, est de 56 morts et 149 blessés. Auxquels il faudrait ajouter toutes les autres victimes d’attentats OAS et de ratonnades à cette même période.

    La fusillade de la rue d’Isly eut, elle aussi, un lourd bilan : 41 morts et 130 à 200 blessés selon les sources consultées. Mais combien, parmi ces victimes, sont tombées sous les balles criminelles de l’OAS ?

    Certaines ont bien été tuées par les militaires en état de légitime défense. Cependant, le recensement détaillé des munitions utilisées tant par les tirailleurs algériens que par les sous-officiers européens prouvent que si ces soldats aguerris aux combats dans les djebels avaient tiré toutes les balles de fusils et de PM sur la foule compacte des manifestants, ce ne sont pas 41 morts qui auraient été à déplorer, mais plusieurs centaines !

    Quoiqu’il en soit, cette fusillade tragique résulte bien de la volonté criminelle de l’OAS de tout mettre en œuvre pour empêcher la mise en place du cessez-le-feu et précipiter la population européenne dans un cycle de meurtres, de ratonnades.

    Cet affrontement a creusé d’avantage encore le fossé qui sépare Européens et Algériens. Mais les derniers assauts forcenés de l’OAS ne pourront rien changer à la dynamique de paix amorcée à Evian.

      LA PORTE OUVERTE A LA PAIX

    En cela, le cessez-le-feu du 19 mars 1962 est bien l’événement déterminant, marquant, fondamental qui ouvrit la porte et permit d’aboutir enfin à la paix.

    Les victimes de la fusillade de la rue d’Isly ne sont pas « Mortes pour la France », mais tombées pour soutenir l’OAS qui les a manipulées, on ne saurait les confondre avec celles  tombées sous les coups de l’OAS…tel Camille blanc (maire d’Evian), les martyrs assassinés par la police de Papon au métro Charonne, le commissaire Gavoury, les 6 inspecteurs des centres sociaux éducatifs (créés à l’initiative de Germaine Tillon), Max Marchand, Marcel Basset, Robert Eynard, Mouloud Ferraoun, Salah Ould Aoudia, Ali Hianounstein et tant d’autres.

    Aussi, les noms des victimes de la rue d’Isly – tombées pour soutenir l’OAS – n’auraient jamais dû avoir leur place au Mémorial National du Quai Branly à Paris, qui doit demeurer le lieu d’hommage aux militaires français « Morts pour la France » durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc.


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    Non à l’insécurité

     Par Jacques CROS 

     

    Encore un attentat terroriste hier !!! Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France comme l'Amérique en guerre perpétuelle"

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6572546-non-a-l-insecurite 

    Le drame qui vient de se dérouler à Trèbes met en évidence l’insécurité à laquelle nous sommes exposés. Nous sommes exposés aux actes de démence auxquels peuvent se livrer des individus qui sont le produit de la violence qui est instituée en mode de fonctionnement de notre monde. 

    Dans tous les conflits les belligérants ont tenté de mettre Dieu dans leur camp. Mais ce n’est que pour camoufler les raisons économiques et idéologiques qui les ont poussés à la guerre. 

    Ainsi les terroristes qui se livrent à des attentats le font au nom d’Allah qui n’en a pas plus à faire d’être utilisé à cette fin que le Dieu des chrétiens embauché par les Croisés. 

    Le résultat de Trèbes c’est quatre morts, dont l’officier qui avait courageusement pris la place d’un otage, et un nombre important de blessés. Une telle situation ne peut plus durer. Il faut en finir avec cet état de violence qui régit les rapports entre les hommes. 

    Bien sûr les actes terroristes sont à condamner sans discussion mais on ne peut pas entretenir d’illusions. Quels que soient la compétence et le dévouement des forces de sécurité on n’est pas à l’abri de comportements imprévisibles que facilite l’organisation de notre vie quotidienne. 

    Ainsi aller faire vos courses dans un supermarché vous expose au risque de vous faire assassiner. De même qu’assister à un feu d’artifice un soir de 14 juillet ou se rendre à un concert au Bataclan. Le développement de notre défense, modernisation de notre arsenal nucléaire, envoi de corps expéditionnaires en divers points de la planète, ne nous protège en rien. 

    Sans doute même cela nous rend toujours plus vulnérables aux comportements insensés des détraqués que le système génère. Nous avons un besoin urgent de définir d’autres bases que celles de la domination économique et militaire de notre monde pour les relations entre les hommes. 

    Oui il y a urgence à agir pour la paix et la sécurité et pour cela à trouver une autre gestion des problèmes de la communauté internationale que celle que nous connaissons. 

    Sinon, à qui le tour demain ? A vous, à moi, chacun d’entre nous est une cible potentielle pour la folie de tous ceux qui sont prêts à passer à l’acte ou qui le favorisent par leur comportement irresponsable. 

    Jacques CROS 

    La France en guerre perpétuelle

    Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, devant le Congrès, François Hollande affirmait d’un air grave « La France est en guerre ». Il la répété inlassablement après chaque nouvel attentat ; après Nice, il précisait « à l’extérieur et à l’intérieur de la France ». La terre sacrée des droits de l’homme, de la paix et des Lumières se réveille en état de guerre, lâchement attaquée par la barbarie et l’obscurantisme. Voilà la version de l’histoire à laquelle nous devrions tous adhérer, nous peuples de l’Europe civilisée qui avons réussi à vivre dans la paix depuis "septante" ans... Aujourd'hui Emmanuel Macron continue les guerres...  En réalité, nous n’avons jamais cessé d’être en guerre. Et la France est un exemple clair de ce permanent état de guerre.  Un rappel historique s’impose.

     

    Une époque de guerres ininterrompues

     

    1947 - La France massacre plus de 90.000 malgaches

    Pendant la même période, en 1947, la France organise un massacre à Madagascar, contre la révolte des Malgaches ; entre 11.000 morts, selon les chiffres officiels français et 100.000 selon les résistants malgaches. Là aussi, les troupes de répression françaises sont composées en grande partie de soldats provenant des colonies africaines et maghrébines…

    Après la fin de la 2nde guerre mondiale, les dociles malgaches en ont assez d'être traités comme des sous-hommes. Au mois de mars, à l'appel du Mouvement Démocratique de Rénovation Malgache (MDRM), une insurrection se répand dans l'île. Le gouverneur général de Chevigné et le général Garbay ordonnent alors de pacifier Madagascar en réprimant durement cette révolte : 90.000 morts seront officiellement comptabilisés...

    1947-prisonniers malgaches


    Ce chiffre ne prend pas en compte les cadavres qui ont été jetés aux chiens

    et ont été dévorés.


    Au mois de mai, le MDRM est dissous et des procés ont ensuite lieu. Vingt-neuf indépendantistes et 3 députés du MDRM comparaissent devant le tribunal de Tananarive.

    En métropole, des associations s'indignent et financent l'envoi d'avocats. Elles dénoncent alors les atteintes aux droits de la défense que subissent ces 31 malgaches.

    Il leur est notamment interdit de communiquer avec leurs défenseurs, de faux témoignages sont utilisés contre eux, et la torture est également pratiquée sur certains. En 1949, le Comité franco-malgache et le Secours Populaire Français (SPF) réussissent à obtenir que les condamnations à mort prononcées soient commuées en peine de prison. Par ailleurs, le SPF organise activement la solidarité avec le peuple malgache...

    De grandes quantités de médicaments et de nourriture sont collectées par ses soins. En 1950, est créé le Comité de Solidarité de Madagascar (SCM) que préside Gisèle Rabesahala. L'objectif prioritaire du SCM est d'aider les habitants de Madagascar à accéder à l'eau, aux soins et à l'éducation de leurs enfants. Les malgaches devront cependant attendre jusqu'en 1960 pour obtenir leur indépendance.

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    La seconde guerre mondiale à peine terminée, le gouvernement provisoire français, issu des forces de la résistance, souvent pris en exemple par la gauche actuelle, envoie un corps expéditionnaire au Vietnam (qui fait partie de l’Indochine française à l’époque), pour tenter de mater la guerre d’indépendance. Sous la présidence de Léon Blum, figure politique modèle de la gauche actuelle, l’intervention devient une véritable guerre. La France envoie près d’un demi-million de soldats pour garder sa colonie ; 43.5% de cette armée sont composés de soldats d’autres colonies françaises (Maghreb et Afrique Noire) ! La France sera défaite lors de la bataille de Dien Bien Phu en mai 1954.

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

     

    Ces guerres intenses n’empêchent pas la France de prendre part pendant la même époque à la guerre de Corée, du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953. Une coalition de dix-sept états (dont la Belgique et la Grande-Bretagne), emmenés par les États-Unis, sous bannière ONU, avec pour objectif, tout comme en Indochine de s’opposer aux luttes de libération dirigées par des forces communistes. Ces deux guerres ont fait plus de deux millions de morts. La guerre oubliée de Corée fut une guerre de destruction massive (en termes d’aujourd’hui on appelle ça un génocide), la capitale Pyongyang fut entièrement rasée : « Au début de l’attaque, les 14 et 15 décembre, l’aviation américaine lâcha au-dessus de Pyongyang 700 bombes de 500 livres, du napalm déversé par des avions de combat Mustang, et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement qui atterrirent avec un bruit sourd et explosèrent ensuite, quand les gens tentèrent de sauver les morts des brasiers allumés par le napalm. Début janvier, le général Ridgway ordonna de nouveau à l’aviation de frapper la capitale Pyongyang « dans le but de détruire la ville par le feu à l’aide de bombes incendiaires » (objectif qui fut accompli en deux temps, les 3 et 5 janvier 1951) ».

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    Tant la guerre du Vietnam que la guerre de Corée aboutirent à la partition des deux pays. Le Vietnam obtiendra sa réunification par une nouvelle longue guerre d’indépendance, contre les États-Unis cette fois, en 1975. La Corée quant à elle n’est toujours par réunifiée et toujours occupée, au Sud, par les États-Unis. Voilà le genre de paix dont ont bénéficié les nations autoproclamées civilisées dès la fin de la seconde guerre mondiale. Des guerres vite oubliées chez nous mais pas par les peuples concernés.

    Et les peuples concernés ne sont pas que les peuples asiatiques. La victoire des Vietnamiens de 1954 contre la métropole française a donné un élan irrésistible aux autres luttes de libération partout en Afrique.

    Loin de tirer les leçons de son humiliante défaite au Vietnam, la France a poursuivi sur sa lancée coloniale : « Entre 1960 et 1998, il y a eu 60 interventions militaires françaises en Afrique subsaharienne, dont 23 pour ‘maintien de l’ordre’ au service d’un régime ami, et 14 pour changer un gouvernement disqualifié aux yeux des dirigeants français ! ».

    La plus célèbre, en ce qui concerne la France, est naturellement la guerre d’Algérie. Le 8 mai 1945, une manifestation nationaliste à Sétif est réprimée dans le sang, et la révolte qui s’ensuit sera elle aussi matée avec une violence inouïe. Ici aussi les chiffres varient d’un millier à près de 80.000 selon le point de vue de l’historien.

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    Comme l’explique Mohammed Harbi, « en France, les forces politiques issues de la Résistance se laissent investir par le parti colonial.  » Je vous ai donné la paix pour dix ans ; si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable », avait averti le général Duval, maître d’œuvre de la répression... Nous connaissons la suite qui s'est poursuivie jusqu'au 19 mars 1962.

    L’ennemi intérieur

    Un autre aspect qu'il convient de souligner ici, c’est la création de « l’ennemi intérieur », dans la politique et l’idéologie française, qui a pris corps pendant la guerre d’Algérie. « Le 17 octobre 1961, Paris a été le lieu d’un des plus grands massacres de gens du peuple de l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale. Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d’Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de cet épisode majeur de la guerre d’Algérie sera occultée ».

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    C’est de cette époque que date le concept d’ennemi intérieur, lié à la présence d’une immigration importante issue de la colonisation : L’histoire du contrôle de l’immigration dans la pensée militaire française permet d’analyser, en observant la reconstruction d’un ennemi intérieur socio-ethnique, la régénération puis la généralisation dans le temps et dans l’espace, d’une technologie conçue pour le contrôle exceptionnel de populations infériorisées ».

    En réaction à l’attentat de Nice de juillet 2016, Georges Fenech, le président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 a proposé la création d’ »un Guantanamo à la française ». Il propose de regrouper tous les djihadistes de retour de Syrie dans le centre pénitentiaire de l’île de Ré. Cette idée, qui suscite la polémique, plonge ses racines dans la guerre d’Algérie au cours de laquelle le gouvernement français créa des « camps de regroupement » destinés à placer les résistants du FLN et à les couper ainsi de tout appui dans la population algérienne. Il ne reste plus qu’à introduire officiellement la pratique de la torture en France et la boucle sera bouclée. C’est d’ailleurs un débat délirant au sein du Front National : réintroduction de la torture ou de la peine de mort pour Salah Abdelslam, tout peut être envisagé.

    Et puis il y eut 2001 :  Dix-sept ans après le 11-Septembre, comme la France, l'Amérique en guerre perpétuelle

    2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    Terrible image du 11 septembre 2001.

    AFP / ROBERT GIROUX

    Le 11-Septembre 2001 a changé à jamais le visage de l'Amérique et bouleversé sa diplomatie et sa politique sécuritaire, les Etats-Unis restant depuis 17 ans en guerre perpétuelle contre le "terrorisme" jihadiste sans réussir à mettre fin au "chaos" au Moyen-Orient.

    Mais la France a suivi les Américains partout… c’est  aussi une des raisons pour laquelle elle est en guerre perpétuelle…

    Si le président Barack Obama, au pouvoir depuis janvier 2009 avant l'arrivée de l'extrémiste Donald Trump, a refusé l'interventionnisme militaire à tout crin dans les guerres du monde arabe et cherché à réconcilier l'Amérique avec les pays musulmans, il laisse les Etats-Unis dans un état de conflit permanent contre la "terreur" islamiste, relèvent des experts. Le démocrate, qui quittera la Maison Blanche en janvier, demeurera le président qui a sorti son pays des bourbiers d'Irak et d'Afghanistan, des conflits dévastateurs déclenchés par son prédécesseur républicain George W. Bush en riposte aux pires attentats de l'Histoire et sous la bannière de la "guerre mondiale contre le terrorisme".

    Mais, "même 17 ans après le 11-Septembre, les guerres au Moyen-Orient, les métastases de l'EI (groupe Etat islamique), la radicalisation en ligne et les attentats en Europe et en Amérique empêchent d'enterrer le paradigme de la "guerre mondiale contre le terrorisme" 

    "Chaos insoluble"

    "En Afghanistan, en Irak, en Syrie et au-delà, nous combattrons sans relâche les organisations terroristes comme Al-Qaïda et le groupe Etat islamique", a-t-il promis dans un message sur le 11-Septembre. "Nous les détruirons et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger notre pays", a-t-il martelé. Pourtant, conteste Mme Greene, "il n'y a pas eu d'attaque sur le sol américain de la même ampleur" que les attentats minutieusement préparés du 11-Septembre (près de 3 000 morts).  

     

     2016 : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? "La France en guerre perpétuelle"

    Guerres, torture, assassinats politiques, voilà les vrais visages de cette France porteuse des Lumières quand elle agit pour défendre son empire colonial et les intérêts de « ses » multinationales, Elf, Total, Areva, Bolloré, Eramet, Technip, Bouygues, Orange, Geocoton, Rougier, etc. Et il ne s’agit pas d’une histoire ancienne mais de la vie quotidienne pour des millions d’Africains.

    Ce qu’il y a de nouveau aujourd’hui, c’est que la guerre, ou du moins une infime fraction, a ses retombées chez nous, sur le sol français. Des victimes civiles tombent, totalement innocentes, et plongent des familles dans l’horreur. Pourquoi avons-nous fermé les yeux sur tant de victimes innocentes dans le tiers monde, victimes de nos guerres coloniales ? Pourquoi continuons-nous à soutenir des gouvernements, des partis politiques qui perpétuent cette politique ? Si le discours des recruteurs du djihad touchent autant de jeunes, c’est parce qu’il est en grande partie imprégnée d’une rhétorique anti-impérialiste et parce que toutes leurs autres formes de contestation de nos sociétés ont été réprimées. Au lieu de focaliser le débat sur l’aspect religieux du phénomène, il serait plus productif d’aborder son aspect politique et de faire un bilan correct de « nos » politiques coloniales et néocoloniales. Même si les chefs de Daesh n’ont rien à voir avec les dirigeants nationalistes du siècle passé, ils peuvent occuper une place laissée vide par notre silence assourdissant sur 70 ans de politique coloniale faite de guerres et de massacres. Mais pour briser ce silence, nous ne pouvons rien attendre ni des partis au pouvoir ni des partis de l’opposition, car s’en prendre au colonialisme, c’est à coup sûr perdre des voix. Et pourtant, il faut « choisir son camp » : celui de ceux qui, malgré la répression et les massacres ont continué à résister, et si, chez nous, ils ont toujours été une très petite minorité, ce sont pourtant les Henri Alleg, les Jean-Luc Einaudi, les Jacques Pâris de Bollardière, tous les anti colonialistes (vivants ou morts) tous les anti racistes qui peuvent encore nous faire aimer la France.

     

     

    Et maintenant…

     

    La guerre perdue que voulait gagner

     

    Macron 

    Sous ce titre, cet extrait d’un article de Claude Angeli paru dans le Canard enchaîné du 14 mars 2018 : 

    « Mais comment expliquer  que 3000 djihadistes, selon l’estimation très modérée du Renseignement militaire, puissent tenir tête aux 4000 hommes de la mission Berkhane équipés de blindés et protégés par des avions, des hélicoptères, des drones-espions ? Et bientôt, peut-être, par des drones-tueurs armés de missiles US Hellfire. D’autant que les Français ne sont pas seuls… 

    Au Mali, par exemple, les Casques bleus de la Minusma sont au nombre de 11700 soldats et de 1 740 policiers. Et les effectifs de l’armée malienne s’élèvent à 13000 hommes, dont certains, affirment les militaires, revendent les matériels dont ils sont équipés. Au Niger voisin, un  contingent de 800 Américains fournit aux Français, grâce à leurs drones-espions, une série de renseignements sur les déplacements des djihadistes. Quant aux quelques centaines d’Européens présents au Sahel, tous non combattants, ils se consacrent à la formation de quelques armées locales. » 

    Malgré la disproportion des forces, il n’y a, à l’évidence, pas de solution militaire à la guérilla et l’on est conduit à s’interroger sur les causes politiques, sociales, économiques, etc, qui sont à l’origine de cette situation qui se développe au Sahel.  Macron a choisi la solution militaire en s’appuyant sur le G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) Cette voie est sans issue, alors que sous la médiation de l’Algérie a été signé par les belligérants en 2015 un Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali qui prend en compte les besoins des populations du Nord-Mali. Mais cet accord n’est pas appliqué par les autorités maliennes auprès desquelles la France pourrait intervenir. Ce que Macron refuse. 

     

    Ce vieux monde pourrissant 

    Le monde mercantile dans lequel nous vivons ne répond plus aux besoins des peuples mais n’en finit pas de mourir et son agonie s’accompagne d’un déchaînement de la violence aveugle comme l’a montré une nouvelle fois hier à Carcassonne l’attentat qui a fait quatre morts et un grand nombre de blessés. Sur ce pourrissement se développent le racisme, la xénophobie, le rejet de l’autre alors qu’il faut se serrer les coudes pour nous débarrasser des profiteurs, des banquiers, des rapaces qui « sucent le sang du peuple ». On comprend que le découragement parfois l’emporte. Mais rien n’est joué. D’autres Bastilles, au cours de l’Histoire, sont tombées alors que tout espoir paraissait bouché. 

     


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  • Perpignan

    La commémoration du 19 mars 1962

     crée la polémique

    Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Les drapeaux de la mairie de Perpignan en berne, le 19 mars 2018. Crédit photo : Nadir Dendoune 

    Le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu, mettant un terme à huit ans de guerre en Algérie. La veille, le gouvernement français a cédé au gouvernement provisoire de la République algérienne ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara, mettant un terme aux accords d'Evian. 

    Depuis 2013, chaque 19 mars, Jean-Marc Pujol, maire LR de Perpignan décide de ne pas participer aux commémorations. Au lieu de cela, il met tous les drapeaux de sa ville en berne. Il entend par ce geste montrer son indignation contre la décision du gouvernement socialiste qui avait officiellement institué en 2012 la date du 19 mars comme Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

    Pieds-noirs, communauté dont est issu le maire, et harkis, nombreux dans la région, voient dans cette date le début du "massacre de nombreux civils, abandonnés par l’Etat français". Mettre les drapeaux en berne est un "symbole fort", déclarait Jean-Marc Pujol en 2013, injoignable aujourd'hui au téléphone.

    A l'époque, le maire de Perpignan affirmait porter ainsi "respect à la mémoire de toutes les victimes de la guerre d'Algérie, sans distinction de religion ou d'origine". Pourtant pour beaucoup, politiques et historiens, la date du 19 mars est la plus commode. C’est la fin du front, le dépôt des armes négocié entre le gouvernement provisoire algérien et le gouvernement français, même si l’on sait comme dans toutes les guerres que le désarmement effectif intervient toujours plus tardivement.

    La décision du premier édile ne fait pas l'unanimité à Perpignan. Clotilde Ripoull a été conseillère municipale d'opposition entre 2008 et 2014 à Perpignan. "Le geste de Jean-Marc Pujol est d'abord électoraliste : faire plaisir aux communautés pieds-noirs et harkis. Ce n'est pas acceptable", dénonce l'ancienne élue "sans étiquette". "La mairie est la maison de tous les citoyens. Cette décision alimente les rancœurs et les clivages entre les Perpignanais, ce qui est très dangereux pour la cohésion de la ville", ajoute Clotilde Ripoull.

    "Quand un maire décide de mettre les drapeaux de sa ville en berne, c'est quand les valeurs de la République sont attaquées", précise-t-elle. "C'est ce que toutes les mairies ont fait après les attentats de Charlie ou du Bataclan", souligne encore Clotilde Ripoull.

    Nadir Dendoune 

    SOURCE : http://www.lecourrierdelatlas.com/perpignan-la-commemoration-du-mars-cree-la-polemique--10981 

     

    Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan témoigne d’une « Guerre sans nom, 1954 – Algérie – 1962 »… Nous répondrons à son témoignage… puisqu’il annonce la couleur, comme d’habitude il a fait mettre (illégalement) les drapeaux de sa ville en berne le 19 mars 2018… Mais comme d’habitude,  le gouvernement a fermé les yeux et n'a pas fait respecter la loi du 6 décembre 2012 ? 

     

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Jean-Marc Pujol témoigne d’une « Guerre sans nom, 1954 – Algérie – 1962 »

    Du 15 mars au 15 mai, l’exposition sera visible au Centre International du Photojournalisme et au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Une centaine de clichés des plus grands photojournalistes de l’époque sélectionnés pour leur travail et leur volonté d’apporter une plus grande visibilité à cette guerre camouflée en événements et qui ne disait pas son nom. Parmi les photographies exposées, celles de Marc Riboud, Raymond Depardon, Jacques Hors ou Pierre Boulat. Jean-Marc Pujol, natif de Mostaganem a répondu à nos questions sur cette période de l’histoire de France. Vernissage, le 15 mars à 18h00 au CIP, le 23 mars à 15h30 au Mémorial de Rivesaltes.

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Force des événements et intimité de la vie en Algérie française – L’historien Jean- Jacques Jordi a écrit l’exposition pour mieux comprendre cette guerre qui ne dit pas son nom
    Questionné au sujet de son enfance dans la commune du Nord-Ouest de l’Algérie, Jean-Marc Pujol évoque « une enfance joyeuse mais inquiète ». Le Maire de Perpignan est né à Mostaganem, il fut contraint à l’exil avec sa famille en 1961, pour rejoindre Béziers. Il se remémore « une vie normale malgré les attentats ». Un sentiment confirmé par le directeur éditorial de l’exposition, Jean Jacques Jordi « Au sortir de la Seconde guerre mondiale, les positionnements idéologiques se cristallisent plus que par le passé. Le soulèvement en Kabylie en mai 1945 et la répression qui s’ensuit creusent encore plus le fossé entre les communautés. Mais au-delà des prises de position, on a l’impression que l’Algérie elle-même reste coupée entre insouciance et paupérisation ». 

    En écho, le Mémorial du Camp de Rivesaltes renvoie l’image d’un espace où si la guerre n’est pas présente, les acteurs de cette guerre le sont : photographes amateurs et journalistes suivent les arrivées et départs de membres du FLN, l’arrivée ensuite des ex-supplétifs de l’armée française en une série d’images fortes.

    6 juin 1958, De Gaulle « Vive l’Algérie française »
    Le discours du Général De Gaulle ne change rien au déroulement de l’histoire. Jean-Marc Pujol, âgé de 9 ans en 1958 a assisté à cette prise de parole présidentielle. Son père avait amené le jeune garçon qu’il était, écouter le discours aux pieds du balcon de l’hôtel de ville de Mostaganem. Jean-Marc Pujol en garde « un souvenir précis ».

    Ce discours ne parvient pas à apaiser les tensions dans le département français, bien au contraire, il exacerbe les antagonismes. Charles De Gaulle est contraint dès 1959 à évoquer publiquement le « droit des Algériens à l’autodétermination». Le héros de la seconde guerre mondiale parle de 3 issues possibles à cette crise : « la sécession, la francisation ou l’association ». Une parole vécue comme « un coup de tonnerre » sur le terrain précipitant dans la guerre « les ultras » de l’armée française qui s’organisent créant l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète).


    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

    « Être tout proche des évènements »

    Dans la ville qui est depuis près de 30 ans, le centre du monde du photojournalisme, le travail de ces reporters de l’image n’est plus à démontrer. À une époque où la censure est bien présente, ce constat est encore plus vraie : Le photographe de guerre Marc Riboud confiait « Le plus important, c’était d’être rapidement là où il se passait quelque chose ». Il fallait être parmi les premiers, être tout proche des événements, quitte à prendre des risques, et à se trouver dans le double mouvement de manifestations des nationalistes algériens qui brandissent pour la première fois et ouvertement le drapeau algérien, et celle des « ultras » de l’Algérie française qui veulent en découdre avec les gardes mobiles pour garder l’Algérie à la France.

    « Riboud, Depardon et Boulat en saisissent toute la force, toute la violence. Jacques Hors, quant à lui, nous dévoile l’intime des populations qu’il croise » écrit le docteur en histoire et spécialiste de cette période, Jean-Jacques Jordi.

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     Le 19 Mars, « une date faussement symbolique »
    pour Jean- Marc Pujol 
        C’est sur une proposition des socialistes, qu’en novembre 2012, le 19 mars est devenue la « Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ».

    Depuis cette date, Jean-Marc Pujol n’a cessé de critiquer ce choix. Il écrivait en 2016 à François Hollande : « En choisissant de commémorer le 19 mars 1962, vous commettez une double forfaiture. Morale d’abord, car vous oubliez les victimes civiles et militaires de « l’après 19-mars » : les assassinats perpétrés par les combattants du FLN contre les harkis, les enlèvements d’innocents… et les massacres du 5 juillet 1962 à Oran »… Loin de commémorer cette date à Perpignan, le Maire choisit tous les ans de mettre les drapeaux de la ville en berne, « par respect pour les victimes d’après 19 mars 62 ». Pour rappel, depuis 2003 et jusqu’en 2012, il existait une journée d’hommage consacrée aux seuls « morts pour la France durant la guerre d’Algérie ».

    Questionné sur les éléments que cette exposition ne doit pas passer sous silence, Jean Marc Pujol confie : « Les massacres des harkis et les disparus ».

    Devoir de mémoire pour les jeunes générations
    Jean-Marc Pujol souhaite par dessus tout que soit dite la vérité et « l’ouverture des archives ». Particulièrement sensible au devoir de mémoire et de transmission de l’histoire aux jeunes générations, il a voulu insuffler à la politique jeunesse de la ville un travail autour de la mémoire et en particulier celle de la « Retirada ». Les jeunes de la ville ont ainsi recueillis des témoignages de survivants de cette période, qui voit en 1939, l’exode massif de près d’un demi-million de réfugiés espagnol fuyant le franquisme.

    SOURCE : http://madeinperpignan.com/jean-marc-pujol-temoigne-dune-guerre-sans-nom-1954-algerie-1962/ 

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    Mon avant-propos 

    Lutter contre le négationnisme, l’antisémitisme, le racisme sous toutes ses formes, sans oublier l'islamophobie, c’est indispensable, il faut d’abord et avant tout démonter le mécanisme de ce discours fait d’ignorance, de bêtise et de haine. Mais faire respecter les lois de la République lorsqu'elles sont bafouées c’est de la même importance, alors M. le Ministre de l'Intérieur allez-vous faire respecter la loi du 6 décembre 2012 ? Et faire condamner cette dizaine de maires, principalement du sud de la France qui insultent la République le 19 mars de chaque année ? 

    " Rappelons-nous de ces maires qui n’ont pas respecté la loi du 6 décembre 2012 concernant la commémoration officielle du 19 mars 1962, des personnalités ont écrit plusieurs fois au ministre :  sans réponse de ce dernier. 

    Si les 19 mars de chaque année connaissent un succès relativement important il convient de noter cependant quelques scandaleuses exceptions pour dire que certains maires, (une dizaine) principalement du Sud de la France, sont entrés en rébellion… en refusant de respecter la loi du 6 décembre 2012, allant même jusqu’à mettre en berne le drapeau de notre pays… Honte à tous ces maires et dont le maire de Perpignan… On peut dire que ce sont des maires hors-la-loi… ces maires, qui se prétendent républicains sont, au contraire le déshonneur de la République. Le summum de l’ignominie a été atteint à Nice lorsque notre hymne national « la Marseillaise » a été sifflée lors de la commémoration d’un 19 mars. 

    Honte aussi aux maires de Béziers, Sète, Toulon, Bolène, Cavaillon, Montpellier, Saint-Serin-sur-l'Isle, Vichy, Saint-Laurent-du-Var, Castelanau-le-Lez... qui ont occulté la commémoration du 19 mars 1962... Ces maires se plaçant, sans vergogne, au-dessus de la Loi de la République, dont le devoir devrait être de montrer l’exemple appellent au contraire à la désobéissance civique. 

    Ne nous étonnons pas alors de voir la normalisation de la parole raciste et des délits croissants anti républicains ». 

    Michel Dandelot 

    Jean-Marc Pujoln maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

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    Perpignan : Drapeaux en berne à la mairie, Jean-Marc Pujol est-il un maire communautariste ? par Nicolas Caudeville 

    Le 19 mars ont  lieu dans toute la France les commémorations du "Cessez-le-feu" en Algérie du 19-Mars-1962, date officielle de la Journée nationale du Souvenir et de recueillement, à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Partout en France ? Mais, un petit village gaulois et son maire "pieds noirs" résiste et décide de faire "un symbole fort" en mettant  les drapeaux français en berne en signe de deuil de la nation! Qui est ce nouveau Vercingétorix? Qui est cet intrépide, qui pense à l'instar du général de Gaulle à Londres que "la France a perdu une bataille" en Algérie, mais qu' "elle n'a pas perdu la guerre" ? Jean-Marc Pujol est son nom link !  Il ne l’a pas fait pas parce qu'en mars 2014, il y a eu une élection municipale où le premier édile de la ville souhaite qu'on lui renouvelle  son mandat. Non, il le fait pour l'honneur et face à la "trahison" du gouvernement de l'époque!

    Bon assez rigolé! Devra-t-on pour contenter les derniers "pieds noirs" en vie et s'assurer leurs votes: faire la guerre à l'Algérie et reprendre ce qui fut un département français comme l'Alsace et la Lorraine ? Le moment n'est-il pas venu de faire une paix définitive, en faisant départager les tords par des historiens et non pas, par un devoir de mémoire défaillant? 

    Jean-Marc Pujol est-il le maire des Perpignanais, tous citoyens confondus, ou le représentant de la communauté "pieds noirs" ? Cet homme toujours tourné vers le passé, est-il donc légitime pour prendre en main le futur de la ville?

    SOURCE : http://www.larchipelcontreattaque.eu/article-drapeaux-en-berne-a-la-mairie-jean-marc-pujol-est-il-un-maire-communautariste-par-nicolas-caudevil-116428208.html

     

    Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, comme d'habitude, fera mettre les drapeaux en berne le 19 mars prochain

     19 MARS : POURQUOI

     MONSIEUR PUJOL

     MAIRE DE PERPIGNAN A TORT

    Au fond, ce que fait Monsieur PUJOL, c’est entretenir les mauvais souvenirs, les vieilles haines au sein d’une famille…

    Pour beaucoup de jeunes Perpignanais, la date du 19 mars n’évoque rien de particulier. D’ailleurs, elle n’évoque rien, non plus, pour d’autres, plus âgés. Pour le piéton qui y prend garde, c’est le seul jour de l’année où le drapeau français est en berne sur la façade de la mairie (enroulé d’un bandeau noir pour marquer le deuil national).

    Qu’est-ce-que le 19 mars a donc de si particulier pour que les Perpignanais mettent en berne le drapeau national au fronton de leur « maison commune » ?

    Aux yeux de toute la France, à Perpignan comme à Béziers et ailleurs – si l’on en croit leurs maires respectifs – les citoyens de ces villes considèrent que le 19 mars est une date d’infamie : celle que les députés français, en 2012, ont choisi pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie (suite aux accords d’Evian, le 18 mars 1962).

    Depuis toujours, victimes de l’idéologie… Bruno DELMAS

    Cette guerre – horrible – venait sceller le sort de la présence française en Algérie et donner à ce pays les clés de l’indépendance. Des hommes, des femmes, des enfants des deux nationalités, de toutes les cultures et de toutes les conditions y ont péri. Des familles entières ont dû fuir « leur » pays sans regarder en arrière et sont devenues ce que l’on appelle depuis 60 ans des rapatriés. Les harkis furent des victimes expiatoires à plus d’un titre : sur le sol de leur propre pays natal et puis, en France, où leur accueil a été des plus indignes. On comprend, dès lors, que les cicatrices aient eu beaucoup de mal à se refermer. Quand elles ne sont pas régulièrement ré-ouvertes par les élus de tous bords …

    Parce que, au fond, harkis et rapatriés sont depuis toujours les victimes de l’idéologie. Et leurs opposants, aussi. Tous ces êtres humains ont en commun de souffrir d’idéologies contraires (les « colons » d’un côté, les indépendantistes de l’autre et, plus fumeux, les intérêts économiques liés au pétrole et au gaz dont regorge l’Algérie). Cette guerre et les souffrances qu’elle a engendrées (comme toutes les guerres que nous voyons aujourd’hui) ne sont pas d’abord des conflits humains mais des conflits d’intérêts et d’idéologies … qui se nourrissent du sang des hommes, des femmes et des enfants quelque soit leur identité, leur race, leur religion, leur condition…

    La guerre d’Algérie, comme toutes les guerres, est la négation de ce que l’homme a de meilleur en lui : l’intelligence et l’aspiration à vivre en paix.

    Violer l’unité républicaine est indécent… Bruno DELMAS

    Je m’oppose à la mise en berne du drapeau français par le maire de Perpignan pour deux raisons principalement :

    En tant que républicain, je sais au fond de moi, que la République est la meilleure digue au chaos qui nous menace tous. Elle a la difficile tâche de garantir l’ordre et la concorde… et donc, la liberté de chacun. Mettre les hommes en paix, c’est garantir de vivre en paix et de construire un avenir plus serein pour tous… Raviver ces querelles, opposer les tenants du 19 mars à la représentation nationale est un acte profondément anti-républicain. Diviser est le contraire de tout principe républicain. Le faire, en tant qu’élu, est une indignité absolue… quelles que soient les raisons.

    A l’heure où la République est menacée par les intégristes de tout poil qui ne respectent aucune valeur de liberté individuelle, il ne faut négliger aucun symbole. Aucune atteinte à nos symboles les plus chers. Au premier rang desquels, le drapeau français.

    Un drapeau français en berne, c’est l’expression d’un deuil national, d’un hommage de tous les français (ou tous les habitants d’une ville) à l’occasion d’évènements particulièrement douloureux (attentats du 13 novembre, attentat contre Charlie Hebdo, attentats de Nice pour les occasions les plus récentes). Mettre un drapeau en berne est un acte (heureusement) rare que les Français ne font pas à la légère. Et en général, en des occasions qui fédèrent le plus grand nombre. C’est un acte de concorde nationale, de compassion générale et unanime. En aucun cas, un acte de division, de déchirement des consciences.

    Ce ne doit pas être non plus l’expression d’une souffrance individuelle (Monsieur PUJOL nous rappelle toujours l’assassinat de son oncle en Algérie). Un drapeau français en berne, c’est encore moins la clameur d’une partie aussi représentative soit-elle de la nation. La République est une et indivisible. Et quand elle s’exprime à travers ses symboles, elle le fait à chaque fois pour exprimer son unité et non pas ses divisions.

    Quand on commémore c’est que le mal est déjà fait… Bruno DELMAS

    D’ailleurs, Monsieur PUJOL, sachez que les rapatriés, les harkis, en ont assez d’être instrumentalisés, de voir leur passé tamisé à la passoire des intérêts politiques et électoraux… Ce qui se fait à Perpignan n’est pas bien. Et vous le savez.

    La deuxième raison, c’est qu’à Perpignan comme à Béziers et ailleurs, ce que font les maires est une offense aux décisions de la représentation nationale. On peut ne pas être d’accord mais en aucun cas, on a le droit de prendre en otage l’opinion de toute une ville.

    Les citoyens de Perpignan et de Béziers et ailleurs n’ont pas donné mandat à leurs maires pour violer une date de commémoration retenue par la représentation nationale. En mettant le drapeau en berne, les Perpignanais devraient accepter d’enfreindre la loi, de jeter aux orties une décision démocratiquement débattue et votée par le Parlement français ? En clair, à Perpignan, cette loi (et peut-être d’autres…) peut être non appliquée, foulée aux pieds … même si la représentation nationale, au nom du peuple français, en a décidé autrement ? Tout simplement parce que le maire ne sait pas distinguer sa souffrance personnelle (et celle de ses proches) de l’absolue nécessité d’instaurer la concorde républicaine ?

    Une date de commémoration n’est jamais une bonne date, ne serait-ce que parce qu’elle rappelle des moments douloureux où des vies humaines ont disparu tragiquement.

    La date du 19 mars peut, à juste titre, blesser des familles entières de harkis et de rapatriés et je les comprends. Toute date de commémoration entraîne ses pros et ses antis… Mais dès lors que l’on commémore, quelque soit la date, c’est que le plus grand mal est déjà fait.

    Comme avec les Allemands contre lesquels nos grands-parents se sont battus, le 8 mais 1945 signe l’armistice. Et nous commémorons cette date ensemble même si nous savons que d’autres atrocités eurent lieu après elle. On ne passe jamais d’une situation de guerre à une situation de paix en une signature d’armistice …

    Au fond, ce que fait Monsieur PUJOL, c’est entretenir les mauvais souvenirs, les vieilles haines au sein d’une famille, revenir sur les vieilles histoires, nourrir les ressentiments… Le résultat ? Personne n’est heureux dans ce genre de famille. Personne n’avance et ne voit l’avenir avec confiance. Chacun se regarde de travers… Nous sommes tous nostalgiques de nos passés respectifs mais nous devons garder à l’esprit que nous occupons aujourd’hui le présent de nos enfants. Donnons-leur confiance en l’avenir. Montrons-leur que nous savons prendre le dessus sur nos souffrances. Assurons-les de s’appuyer sur des êtres forts, capables de vivre en paix et de léguer un autre héritage que le ressentiment et la réaction.

    Et surtout, dans une époque où la République est menacée de toute part, n’acceptons rien – absolument rien – de nos élus qui foulent au pied des principes aussi déterminants que l’unité et la concorde républicaine.

    SOURCE : http://www.l-olivier.org/19-mars-pourquoi-monsieur-pujol-a-tort/ 

     

     

     


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    19 mars 1962 : l’instrumentalisation

     de l’Histoire à Béziers

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    Date de commémoration, le 19 mars 1962 sont signés les Accords d’Evian. Ce cessez-le-feu met fin à la guerre d’Algérie après huit ans de conflit. Cette date marque un tournant historique et nos populistes du Front national (mais pas seulement) lui vouent une véritable haine. Explications.  

    Cette journée signe la 56e commémoration du cessez-le-feu en Algérie. Elle est censée rendre hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats de Tunisie et du Maroc, en vertu du devoir de mémoire, si cher à notre pays. En principe.

    Mais aujourd’hui, les drapeaux français sont en bernes à Béziers, fief de monsieur Robert Ménard. Le maire Front national, comme tous les ans, marque la journée du 19 mars par ce geste politique au sein de sa commune. Geste inquiétant, tant il démontre l’expression au sein de la République, d’une autre Histoire.

    Dans les faits, il s’agit de l’instauration de cette pratique dans sa commune et de la propagation « d’une parole officielle » sur un « récit alternatif » de l’Histoire commune. Or l’Histoire, c’est l’Histoire…

    Il est aussi bien dangereux de constater qu’un élu de la République française peut s’enquérir de marteler sans vergogne que « le 19 mars est un jour de deuil. Et sa commémoration, un mensonge ».

    Cette réinterprétation des événements de 19 mars n’a rien d’anodine.

    Manier la guerre d’Algérie à des fins politiques

    Justement, nier la commémoration des Accords d’Évian, n’est-ce pas passé sous silence une partie sombre de l’histoire française ?

    Robert Ménard est loin d’être le seul à réinventer son récit sur les réseaux sociaux. Des paroles dangereuses qui s’affirment dans les actes. En témoigne le symbole du drapeau tricolore en berne devenu rituel chaque année.

    Les « nostalgériques » : des paroles et des actes 

    Le même Robert Ménard, avait débaptisé, la rue du 19 mars 1962, le 14 mars 2015, en la renommant «rue Commandant Hélie-de-Saint-Marc (1922-2013)», en référence à une des figures du combat pour l’Algérie française. Là encore, ce grand remplacement passant d’une date au nom d’un officier putschiste laisse clairement deviner la nostalgie « Algérie française » du  maire d’extrême droite.

    Certes, le 19 mars 1962 marque officiellement la fin de la guerre. Cependant les victimes du conflit furent plus nombreuses à partir de cette date. L’OAS, violemment opposée à l’indépendance de l’Algérie, ouvre une véritable campagne de terreur, multipliant les meurtres et les attentats.

    Très vite les Français d’Algérie n’ont plus le choix qu’entre « la valise ou le cercueil » (quoique 200000 d’entre eux ont eu le courage de rester... sans problèmes) face à la politique de terreur et de terre brûlée menée par l’OAS. 800000 d’entre-eux rejoignent, en 1962, la France dans des conditions très difficiles.

    Le gouvernement français, dépassé, n’avait envisagé le devenir des Harkis, ces musulmans d’Algérie ayant servi sous le drapeau français, feignant de croire que les dispositions prises à ce sujet par les accords d’Evian seraient respectés. Désarmés par la France et considérés par leurs compatriotes comme des traîtres, les harkis sont victimes d’un véritable massacre après l’indépendance. Ceux qui ont réussi à rejoindre la France seront pour la plupart internés dans des camps… Ceux-là ont compris qu’il n’était vraiment pas bon de pactiser avec l’ennemi contre leurs propres frères.

    Une instrumentalisation du devoir de mémoire 

    Au coeur de l’instrumentalisation politique du devoir de mémoire, un argument principal. Celui de cet épisode tragique de l’abandon des harkis.

    En effet, pour Ménard et ses acolytes, les massacres de harkis ont été perpétrés après le 19 mars 1962. De facto la date du 19 mars ne permettrait pas de considérer la Guerre d’Algérie comme alors achevée.

    Or il est nécessaire de rappeler que les historiens ne fonctionnent pas sur une répartition guerre/paix mais mettent en avant la notion de «sortie de guerre». 

    La tragédie des harkis et leur sort après leur rapatriement alimente la propagande politique. Et celle-ci à un impact direct sur les enjeux qui touchent la société française et les héritiers de l’immigration.

    En témoigne cet extrait du discours de Ménard, en 2015, lors de l’inauguration de la rue Hélie-de-Saint-Marc :

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    « Il y a 50 ans, je m’en souviens, vous vous en souvenez, nous tapions sur des casseroles en scandant « Al-gé-rie-fran-çaise ». Il faudrait aujourd’hui, avec la même ardeur, avec la même détermination, dire non à cette France métissée qu’on nous promet, qu’on nous annonce, qu’on nous vante. Dire non à cette France multiculturelle qu’on nous impose. Mais dire oui à une France fière d’elle-même, de son histoire, de ses racines judéo-chrétiennes. Cette France que pieds-noirs et harkis ont admirablement incarnée, cette France pour laquelle un Hélie de Saint Marc s’est battu pendant la résistance, en Indochine et en Algérie. Cette France que nous voulons transmettre, intacte, à nos enfants. »

    Tout un programme, politique.

    De nombreux soutiens sur les réseaux sociaux

    D’autant plus qu’aucune voix officielle sur le plan national n’a jamais fait respecter la loi du 6 décembre 2012 ?

    Cette négation pure et simple, s’exprime de manière totalement décomplexée, a fortiori sur les réseaux sociaux.

    En l’absence de contradiction, certains s’y donnent à coeur joie se livrant à un véritable autodafé virtuel des livres d’Histoire parlant bel et bien de « révisionnisme historique insupportable » (sic). Un comble.

    Dans la même veine, certains y ajoutent une dose homéopathique de « racisme anti-blancs » dans cette commémoration du 19 mars, qui rappelons à ce stade de l’article une nouvelle fois : commémore le cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie, et donc, l’ensemble des victimes mortes, torturées, lors de cette guerre pour l’indépendance.

    Et c’est bien là, le coeur du problème : l’Algérie reste un sujet « trop sensible ». Et qui s’y frotte, s’y pique. D’où l’absence de réactions de voix politiques pour dénoncer cette réinterprétation de l’Histoire récurrente de l’extrême-droite.

    Une autre question reste sans réponse : qu’en est-il de cet élu de la République qui semble vouloir imposer sa vision de l’Histoire de France, en imposant ce qui a tout de « nouvelles traditions » au sein d’une commune française ?

    Mettre un drapeau en berne est un geste symbolique fort.

    Or la République n’est-elle pas une et indivisible ? L’unité, elle, commence sous le même drapeau.

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    Une Association Préserve la Mémoire

    du 19 Mars 1962

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    Le collectif biterrois de l’Appel des 100 et du mouvement pour la Paix organisait pour la deuxième année un rassemblement en commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie. 

    Le premier rassemblement

    Réunis au coin de l’ancienne rue du 19 mars 1962 (récemment rebaptisée rue Denoix de Saint-Marc en l’honneur du commandant français ayant pris part au putsch d’Alger), une quarantaine de personnes se sont rassemblées pour aider à « tourner la page du colonialisme ». Raymond Cubells, l’organisateur du mouvement souhaite ainsi « lutter contre la nostalgie colonialiste et revancharde qui subsiste », 55 ans après la signature des accords d’Évian qui ont officiellement mis fin à la guerre d’Algérie. Il s’agit de « dénoncer l’instrumentalisation politique de l’Histoire qui entretient les haines et les souffrances ».

    Aimé Couquet, élu municipal du PCF présent à la commémoration, ne s’étonne pas de ces propos : « c’est une manière de diviser, surtout dans une ville qui accueille beaucoup de rapatriés d’Algérie. C’est simplement électoraliste ». Le collectif a pris l’habitude des déclarations du premier édile : il avait protesté en mars 2015 contre le changement de nom de la rue du 19 mars 1962 en rue du Commandant Denoix de Saint-Marc. Pour Nasser, franco-algérien enseignant de lettres françaises, « débaptiser la rue a été un geste fort. Ménard joue sur les symboles pour entretenir un climat de troubles ».
    La commémoration s’est terminée par la récitation d’un couplet de la version pacifiste du
    déserteur de Boris Vian ainsi que par le changement (très officieux) du nom si controversé de la rue.

    Le 18 mars 2018

    Nous avons marqué le coup

    écrit Jacques Cros

    http://cessenon.centerblog.net/6572536-nous-avons-marque-le-coup

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    Photo Nicolas Cossange 

    Nous n’étions certes pas nombreux, mais nous avions tenu à être présent ce dimanche 18 mars à l’entrée de la Rue du 19 mars 1962 débaptisée le 14 mars 2015 par le maire de Béziers qui lui a donné le nom d’un officier ayant participé au putsch des généraux factieux en avril 1961. Ce 18 mars était la date du 56ème anniversaire de la signature des Accords d’Evian qui prenaient effet, avec le cessez-le-feu, le lendemain à midi. 

    Après avoir superposé à la nouvelle plaque une imitation en carton de l’ancienne, nous avons écouté Raymond Cubells qui a développé, s’appuyant sur un texte d’Aimé Césaire, ce qu’était le colonialisme avec le code de l’indigénat. 

    L’objectif de ce qu’était la guerre d’Algérie n’a jamais été clairement établi par la France. Il s’agissait de perpétuer un système social qui aggravait encore plus l’exploitation capitaliste qui sévissait en métropole. 

    Ceux qui refusent d’appliquer le vote du Parlement instituant le 19 mars comme journée du recueillement aux victimes d’une guerre qui a duré presque huit ans ne veulent pas que soit reconnu l’archaïsme du colonialisme qui s’appuyait sur un racisme banalisé. 

    Un racisme qui ressurgit avec force dans le contexte de crise socio-économique que nous vivons. La xénophobie n’est pas vraiment nouvelle dans notre région mais elle prend des formes adaptées à la composition actuelle de notre société. L’islamophobie a pris le relais et participe de la même haine que l’antisémitisme de sinistre mémoire ou dans notre région du peu de respect manifesté pour les travailleurs espagnols. 

    Si le colonialisme « de papa » a fait son temps, l’impérialisme n’a pas renoncé à s’emparer des richesses qu’il convoite, le pétrole en particulier. Aussi des expéditions militaires s’abritant derrière des prétextes fallacieux sont envoyées en différents points de la planète. 

    Ceux qui déploient une telle stratégie ne craignent pas un embrasement plus général. On peut même penser que les modernes marchands de canon le souhaitent puisque le commerce des armes est particulièrement lucratif. 

    Ainsi ceux-là voudraient sans aucun doute effacer le retour de la paix dans lequel nous nous étions engagés le 19 mars 1962. Les compromissions à l’égard de ceux qui érigent des stèles en hommage aux assassins de l’OAS, qui refusent d’appliquer les décisions prises par les organismes élus ou le simple maintien d’une deuxième journée de commémoration de la fin de la guerre ne sont pas acceptables. 

    En fait c’est toute une orientation contre la guerre et en faveur de la démocratie qu’il faut changer. C’est la responsabilité du Mouvement de la Paix de faire face à ces exigences a conclu Raymond Cubells.

    Jacques Cros 

     

    19 mars 1962 : l’instrumentalisation   de l’Histoire à Béziers

    19 MARS 1962 : À BÉZIERS, ON NE CÉLÈBRE PAS UN JOUR DE DEUIL ?

    Ce 19 mars, comme chaque année, les drapeaux seront en berne à Béziers. Pour les pieds-noirs, pour les harkis comme pour tous ceux qui aiment et respectent la France, le 19 mars est un jour de deuil. Et sa commémoration, un mensonge.

    Cause toujours facho nous on se fout de ta gueule en écoutant cette chanson…

    Frédéric Fromet : Robert (Ménard) lève toi et danse avec Mehdi ...


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    France 3 Normandie présente : Les Gens d'ici - Portrait de FX Ricard, ancien appelé du contingent pendant la guerre d Algerie

    France 3 Normandie présente : Les Gens d'ici - Portrait de FX Ricard, ancien appelé du contingent pendant la guerre d Algérie

     

    FX RICARD, LETTRE OUVERTE

    AU MAIRE DE GISORS

    EN CHANSON 


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    Les auteurs Mohand Zeggagh

     et Mohamed Ghafir invités

     au CCA de Paris

    Une rencontre pour le devoir de mémoire

    L’auteur Mohand Zeggagh. ©D. R.

     

    Invités du Centre culturel algérien de Paris, les deux auteurs sont revenus dans leurs interventions sur les exactions de Maurice Papon, les massacres du 17 octobre 1961 et les assassinats perpétrés par les organisations fascistes. 

    Le Centre culturel algérien de Paris (CCA), a accueilli dernièrement deux conférenciers, Ahmed Zeggagh, auteur de Prisonniers politiques du FLN en France, 1954-1962 (éditions Chihab, 2015) et Mohamed Ghafir, dit “Moh Clichy”, qui a écrit Droit d’évocation et de souvenance (éditions Encyclopédia, réédition 2017).
    Le témoignage des deux auteurs sur la “septième Wilaya” nous apprend que Maurice Papon est lié à d’autres exactions que celles du 17 octobre 1961.

    Selon Moh Clichy, il avait ramené, dès 1959, près de 500 harkis d’Algérie pour combattre la Fédération de France. De multiples disparitions ont été enregistrées et des militants étaient pendus ou brûlés vifs au bois de Boulogne avant d’être jetés dans la Seine.

    À propos du 17 octobre, Mohamed Ghafir affirme que le FLN avait décidé d’organiser une marche pacifique dans Paris le 17 octobre 1961, avec instructions aux commerçants algériens de fermer le 18 et aux femmes de tenir des sit-in le 19 devant les prisons pour exiger la libération des manifestants qui allaient être arrêtés. Quoique violemment réprimée, la manifestation fut un grand succès politique qui a conduit de Gaulle à accélérer les négociations secrètes avec le FLN.

    Mohand Zeggagh, dit Rachid, surnommé “Bambino” en raison de son jeune âge (16 ans à son engagement en 1955), rappelle que le référendum de janvier 1961 qui avait approuvé le principe de l’autodétermination des Algériens avait précipité les évènements.

    Juste après, les partisans de “l’Algérie française” créent l’OAS à Madrid en février 1961. Le 22 avril, des généraux français organisent un putsch à Alger contre de Gaulle qui reprend la main quelques jours plus tard. Dès le mois de juin, l’OAS passe à l’action armée pour saboter les négociations en cours entre le FLN et les autorités françaises.

    Durant l’été 1961, les négociations étaient interrompues à cause de la question du Sahara. Des politiciens français planifiaient la partition de l’Algérie, alors que d’autres encourageaient le processus de l’indépendance.

    Pour l’histoire, Zeggagh et Ghafir soulignent le rôle d’Edmond Michelet, ministre de la Justice qui soutenait l’idée d’indépendance et répondait aux doléances des détenus et des grévistes de la faim algériens en France, comme d’ailleurs Simone Veil, alors directrice des affaires pénitentiaires. Il est vrai que tous deux avaient connu les camps de concentration nazis. Ses idées vaudront à Edmond Michelet son départ du gouvernement.

    Mohand Zeggagh, auteur également du livre Vérité sur les crimes de l’OAS en Algérie (ANEP-2017), rappelle les assassinats et massacres commis par cette organisation fasciste. Après la signature des accords d’Évian, l’OAS s’est lancé dans la méthode de la terre brûlée pour semer le chaos, avec pour objectif de saboter et de rendre caducs ces accords en empêchant leur application.

    Après la défaite de l’OAS, la plupart de ses responsables -dont 11 généraux et 12 colonels- seront graciés après seulement quelques années de prison. “Ils n’ont pas payé lourdement pour leurs crimes” observe le conférencier.

    Les deux orateurs rendent hommage aux Français qui parlent objectivement de la guerre d’Algérie, des tortures et des souffrances des Algériens. “Ceux-là, comme nous, sont peu médiatisés, contrairement à ceux qui cultivent encore la rancune, la haine et les contre-vérités”. Qu’attendre de ces derniers dont les alter ego des années de guerre interdisaient aux détenus politiques algériens dans les prisons françaises de lire Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau et Émile Zola? En tout temps, ceux qui ont peur de la vérité se méfient de l’intelligence.

    A. B 

    SOURCE : https://www.liberte-algerie.com/culture/une-rencontre-pour-le-devoir-de-memoire-289246 


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    Concernant les victimes d’après le 19 mars il y a une information nouvelle, du moins c’est la première fois que je la lis et c’est l’Algérie qui nous l’a donne… Contrairement à la fachosphère française qui occulte l’OAS  l’Algérie n’hésite pas à dénoncer des faux moujahidines…

     

    Il y a 56 ans, la fin de la guerre d’Algérie : de « s’hab 19 mars » aux faux moudjahidines ***  Par M.A. Boumendil

    Le 19 mars 1962 entrait en vigueur, après la signature des Accords d’Evian, le cessez-le-feu définitif décrété conjointement par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), mettant fin à près de huit ans d’une guerre sans merci et 132 ans d’une colonisation aussi injuste que violente. La suite n’allait pas être toute rose. 

    Le cessez-le-feu, prélude à l’indépendance inéluctable de l’Algérie, ne signifiait pas l’avènement de la paix pour autant. Aux exactions criminelles des ultras de l’Organisation armée secrète (OAS), s’ajoutait une absence d’autorité notoire qui ouvrait la voie à toutes les dérives et à tous les excès, l’armée française s’étant progressivement cantonnée dans ses casernes avant de quitter le sol algérien et l’autorité algérienne n’étant ni vraiment installée ni suffisamment préparée à gérer une situation à la fois tendue, dangereuse et compliquée.

    Ainsi s’installa une période trouble et quasiment incontrôlable qui s’étala de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu jusqu’au référendum pour l’indépendance de l’Algérie, soit du 19 mars au 03 juillet 1962, propice à toutes les exactions et à tous les règlements de compte.

    Si du côté européen l’OAS s’est engagé dans une politique de terre brûlée n’épargnant ni les infrastructures ni les personnes ni les biens, des Algériens n’ont pas hésité, de leur côté, à s’en prendre à des Européens et, plus encore, aux harkis lâchement abandonnés par ceux qu’ils ont servis. Est-il possible, aujourd’hui encore, de dresser le bilan macabre de cette période ?

    Il faut cependant faire référence à un phénomène qui, loin d’être anecdotique ou anodin, n’est pas étranger, du côté algérien du moins, à la situation chaotique d’alors et qui continue, à ce jour, de peser de manière néfaste sur l’évolution du jeune Etat national.

    A la faveur de la signature des Accords d’Evian et du cessez-le-feu, les rangs de l’ALN et du FLN ont été soudainement et miraculeusement submergés par un apport massif de sang neuf, c’est-à-dire par des moudjahidines de la dernière heure volant au secours de la victoire. La vox populi les désignait et les désigne encore sous le vocable peu valorisant de « shab 19 mars », littéralement « ceux du 19 mars. »

    Ce sont en grande partie ceux-là qui, pour faire oublier leur lâcheté et leur couardise le long de la guerre, étaient à l’origine et à la manœuvre dans les exactions contre des civils européens et des harkis. Ils faisaient ainsi étalage d’un « patriotisme » dont ils se paraient à moindre frais en martyrisant des individus désarmés. On imagine mal, en effet, de vrais moudjahidines, qui savent ce que « hogra » veut dire, s’adonner à ce type d’exactions indignes d’eux, de leurs sacrifices, et de la noblesse de leur cause !

    Ce sont ceux-là, entre autres, qui ont contribué à créer une situation qui rendait impossible l’application des Accords d’Evian et qui ont poussé à l’exode des Juifs, algériens de souche, et des européens qui n’avaient rien à se reprocher et dont le jeune Etat algérien avait tellement besoin.

    Ce sont ceux-là, en particulier, qui ont permis par leurs faux témoignages de délivrer à tour de bras des attestations de moudjahid et de moussebel, à tel point que près de 60 ans après l’indépendance, le ministère des anciens moudjahidines est bénéficiaire de l’un des plus gros budgets du gouvernement après la Défense et l’Education nationale.

    Ce sont ceux-là qui, encore une fois pour faire étalage de leur « patriotisme », ont progressivement poussé le pays loin des voies de la modernité et du développement, pour le jeter dans les bras d’un arabisme sectaire et d’un islamisme rétrograde.

    Il faut bien que l’Histoire prenne un jour en charge cet aspect. D’autant plus que ses effets néfastes sont encore visibles aujourd’hui. Car, comme dirait Galilée, « Et pourtant ils sont là ! », les faux moudjahidines…

    SOURCE : http://www.algeriemondeinfos.com/2018/03/19/y-a-56-ans-fin-de-guerre-dalgerie-de-shab-19-mars-aux-faux-moudjahidines-m-a-boumendil/ 

     

    Le dernier soldat français

    mort en Algérie était un

    Ligérien de 20 ans

    La cérémonie départementale commémorant la fin de la guerre d'Algérie se déroulera lundi 19 mars, à 8h45 place Fourneyron à Saint-Etienne.

     

    Photo d'archives Marie-Pierre JANDEAU

     

    Il s’appelait Noël Rozier. Né le 14 décembre 1943 à Saint-Chamond, il est tombé en Algérie à l’âge de 20 ans. Il appartenait au 152e RI. De faction à Alger le 22 janvier 1964, il est mort sous les balles, mitraillé.

    Ce soldat de 2e classe est le dernier français à être officiellement tombé de l’autre côté de la Méditerranée, dans ce conflit qui a coûté la vie à 229 autres soldats ligériens. Ce sont eux dont la fédération départementale de la Loire de la Fnaca, présidée par Michel Huet, rappellera le souvenir, lundi 19 mars.

    Au total, ce sont près de 180 cérémonies qui auront lieu dans ce département. Ils sont encore plus de 8600 adhérents à la Fnaca de la Loire à vouloir perpétuer le souvenir.

    Pour Noël Rozier et pour les autres, « il faut entretenir la mémoire, ne pas oublier les sacrifices de ceux qui ont servi pour rien », dit aujourd’hui Michel Huet.

    SOURCE : http://www.leprogres.fr/loire-42/2018/03/18/le-dernier-soldat-francais-mort-en-algerie-etait-un-ligerien-de-20-ans 

    Témoignage concernant Noël Stephan Rozier 

    Né le 14 décembre 1943. Mort le 20 janvier 1964

    Noël Stephan ROZIER était un appelé de la classe 63 1/C affecté au 152ème régiment d’Infanterie stationné à Zéralda.
    À la mi-janvier 1964, il est parti avec sa compagnie assurer la relève du 4ème bataillon de Chasseurs à pied en un point jugé encore stratégique par le commandement.
    Le hasard ou presque a fait que j’ai eu l’occasion de discuter un bon moment avec lui avant son départ.
    Le 21 janvier 1964 nous apprenions que notre camarade avait été lâchement tué en montant la garde.
    Ce n’était pas un accident.
    Si Rozier est bien l’un des cinq Saint-Chamonais morts lors du conflit algérien, il est surtout l’un des cinq cents soldats français morts pour la France en Algérie après le 19 mars 1962.

    Claude Jouve (Chassieu)

    Quand l’extrême-droite française

     fait des appels du pied aux harkis

    Plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre, les harkis dénoncent la «perfidie» de la France. D. R. 

    Par Kamel M. – L’extrême-droite nostalgique de «l’Algérie française» a rendu hommage aux harkis, profitant de l’anniversaire du cessez-le-feu qui a couronné les négociations d’Evian, en mars 1962. Les militants radicaux français qualifient ces supplétifs de l’armée française qui ont combattu auprès de l’armée coloniale durant la Guerre de Libération nationale de «frères d’armes» et la date du 19 mars de «sinistre et terrible anniversaire».

    L’extrême-droite française pleure le sort de ces «collabos (1)» *** (1) Seul l’auteur de l’article est responsable de ce mot *** qui ont participé aux massacres d’Algériens durant la colonisation, remet au goût du jour une lettre adressée par un responsable de la coalition des harkis et des associations des harkis au président français. Une missive dans laquelle il est reproché à Emmanuel Macron d’avoir admis, lors de sa visite en Algérie, que la colonisation était un crime contre l’humanité. Un aveu que ni l’extrême-droite et encore moins les harkis n’arrivent à digérer.

    Les harkis rejettent carrément le qualificatif de «guerre» qu’ils jugent «flou» et «unilatéral» car, selon eux, «la Guerre d’Algérie n’est pas une guerre au sens juridique et international du terme, mais une pure création idéologique et politicarde», accusant le pouvoir français d’avoir promulgué une loi «scélérate et révisionniste» en octobre 1999, «d’autant plus, arguent les anciens supplétifs abandonnés par la France qu’ils ont pourtant soutenue contre leur propre peuple, que l’ALN n’était pas une fraction significative de la population avec ses 47 000 membres sur 12 millions d’habitants».

    Les mêmes arguments sont défendus pas l’extrême-droite française qui semble être l’ultime soutien à cette frange d’Algériens qui ont choisi leur camp sans que personne ne les y force et qui ont été disséminés dans des bidonvilles au lendemain du 19 Mars, traités comme des parias par les Français de la métropole qui y voyaient qui des intrus indésirables, qui des traîtres à leur patrie. Ces harkis continuent pourtant de s’en prendre à l’Algérie en accusant l’ALN d’avoir commis des exactions à leur encontre, alors que les témoignages révèlent que des instructions fermes avaient été données par les responsables politiques et militaires de l’époque de cantonner ces supplétifs dans des camps afin de les protéger d’éventuels actes de vengeance de la part de leurs nombreuses victimes civiles qu’ils ont torturées, maltraitées et humiliées et des familles d’Algériens séquestrés ou exécutés.

    Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre, les harkis dénoncent «la perfidie préméditée et sournoise» de la France – leur patrie, donc – qui a «désarmé ses propres soldats», leur a réservé un «accueil inhumain» et programmé une «mort sociale».

    K. M. 

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/19/86962/


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  • "Nous avons été les dindons de la farce. Les Algériens étaient des maquisards et nous étions les envahisseurs»

    "Nous avons été les dindons de la farce. Les Algériens étaient des maquisards et nous étions les envahisseurs»

    Les non-dits de la guerre d'Algérie

    Roger Lajoie-Mazenc reçoit la médaille militaire aujourd'hui à Paris

    Roger Lajoie-Mazenc, ancien rédacteur en chef de «La Dépêche du Midi» Aveyron, journaliste à «La Montagne» et maire de Firmi, est décoré, ce lundi, à Paris, de la Médaille militaire par la secrétaire d'état des Armées à Paris. / Photo DDM, A. Cros

     

    Six Aveyronnais sont décorés de la Médaille militaire, ce lundi 19 mars 2018, date de commémoration du cessez-le-feu en Algérie en 1962. Roger Lajoie-Mazenc, journaliste honoraire firminois, créateur de la Fnaca, se voit décerner cette décoration à Paris par la secrétaire d'état auprès de la ministre des Armées.

    Si, pendant de longues années, la guerre d'Algérie n'était pas reconnue comme telle, ses anciens soldats étant distingués de la croix de la valeur militaire, aujourd'hui, ces hommes du contingent réquisitionnés malgré eux pour cette guerre se voient remettre la Médaille militaire. C'est le cas de Roger Lajoie-Mazenc, 82 ans, ancien militaire du contingent envoyé en Algérie de 1958 à 1959. Le journaliste retraité avait refusé au départ d'entrer à l'école d'officier. «Je suis parti comme simple soldat. Je ne voulais pas commander une section.» Il se verra décerner, ce lundi, cette médaille à Paris pour sa «conduite au combat» lors d'une embuscade. «Des rebelles étaient camouflés dans une grotte. Un camarade était blessé, un autre est décédé. Il fallait se protéger.» Roger, qui des années après a ressenti le besoin d'organiser des conférences, se confie. «On était attaqués, donc on ripostait.» Un engrenage qui prendra fin officiellement le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu reconnu 50 ans après.

    Des années de non-dits, de silences assourdissants qui résonnent encore comme un larsen pour ces anciens combattants, des hommes du contingent dont la majorité n'avait pas souhaité se retrouver là, à ce moment-là. «Nous n'étions pas du tout préparés. À 20 ans à peine, on ne savait pas ce qui nous attendait. Je sentais que ce n'était pas clair», témoigne Roger Lajoie-Mazenc qui, quelques années après, décide de créer en Aveyron la Fnaca (Fédération des anciens d'Algérie) et édite plusieurs ouvrages sur le sujet. Certains refusaient de servir dans les classes. Ils étaient alors emprisonnés dans des forteresses quand d'autres désertaient durant les permissions. «Quand quelqu'un tardait à rentrer, je devais le déclarer, mais je laissais couler. »

    «Nous étions les dindons de la farce»

    Entouré d'Aveyronnais, de Bretons, de Picards, «de paysans du coin», il servira dans les classes sans être vraiment informé sur l'actualité. «On nous cachait tout. On ne nous disait rien. On nous envoyait au combat en opération de sécurité pour maintenir l'ordre.» Le terme de guerre ne sera jamais prononcé. «J'ai ressenti le besoin de mes camarades de parler.» Longtemps après, d'anciens soldats souffriront du syndrome de stress post-traumatique, certains deviendront même violents. Des femmes me disaient «depuis que mon mari est rentré, il boit, il me bat», constate Roger. À son retour en France, il ressent un sentiment d'incompréhension. «Tu reviens déjà ? Tu rentres de vacances», lui demandent certains. Quand un ami était tué au combat, ses obsèques étaient célébrées sans cérémonial. «Nous avons été les dindons de la farce. Les Algériens étaient des maquisards et nous étions les envahisseurs», regrette Roger. «À l'époque, je n'avais pas ce sentiment. On était là-bas juste parce qu'il fallait y être.» Des rancœurs persistent encore aujourd'hui chez certains de ses camarades qui n'ont pas tourné la page, il le reconnaît. «L'extrême droite s'est emparée de ces ressentiments et s'en nourrit encore aujourd'hui.»


    Les décorés

    Roger Barguès et Robert Debals, de La Bastide-l'évêque; Paul Laurens, à Almont-les-Junies (décoré à La Primaube, à 10 heures); André Loupias, de Saint-André-de-Najac; René Rouziès, de Villefranche-de-Rouergue, décoré à 18 heures, à Villefranche.

    La guerre d'Algérie a causé la mort de 30 000 militaires français parmi lesquels 139 Aveyronnais et celle de centaine de milliers d'Algériens. Après la guerre, d'anciens combattants algériens et des Harkis ont trouvé refuge à Saint-Rome-de-Cernon et sur le Larzac lorsque nombre d'entre eux étaient encore massacrés par des membres de l'OAS.

     

    Aurore C

    SOURCE : https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/19/2762367-les-non-dits-de-la-guerre-d-algerie.html 

     


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  • Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisation…

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 ans de colonisation…

    L'annonce du cessez-le-feu le 19 mars à 12 heures en Algérie fut d'abord, ici, en France, celle d'un immense soulagement. Enfin, cette guerre allait prendre fin. Depuis plusieurs années déjà, le retour de cercueils, l'arrivée de blessés avait mis fin au mythe gouvernemental de simples « opérations de maintien de l'ordre » dans « nos départements français d'Afrique du Nord ».

    Il n'en avait pas toujours été ainsi. Quand éclata la rébellion algérienne du 1er novembre 1954, combien dans notre pays en étaient encore aux trois départements français enseignés à l'école ?

    Le premier ministre de l'époque, Pierre Mendès-France, son ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, affirmaient que l'Algérie était la France et que ces mouvements ne relevaient que de simples opérations de police. Seuls, alors, les anti colonialistes revendiquaient le droit du peuple algérien à disposer de lui-même.

    La guerre devait durer près de huit ans. Guerre sans nom mais chaque jour des hommes mouraient : combattants de l'Armée de libération nationale (ALN), soldats français tombés dans une embuscade. La guerre d'Indochine était terminée depuis juillet 1954. L'armée française ne pouvant accepter sa défaite de Diên Biên Phu criait à la trahison sans comprendre que l'ère du colonialisme avait pris fin. Mais la situation en Afrique du Nord était différente. Nous n'étions plus cette fois à des milliers de kilomètres de la métropole mais à une heure d'avion, avec un million de pieds noirs, originaires de France, d'Espagne ou d'Italie. Combien de familles françaises comptaient des leurs de cet autre côté de la Méditerranée ?

    Il fallut des années pour remonter ce courant colonialiste. Des hommes de progrès, dans la France de 1956, n'avançaient-ils pas l'idée que la France de 1789 était meilleure que l'Islam ?

    Des batailles ont eu lieu comme en témoigne un film comme celui de Bertrand Tavernier «la Guerre sans nom», rappelés se rassemblant dans une église parisienne pour marquer leur refus, soldats tirant les sonnettes d'alarme des trains pour freiner leur départ, se barricadant dans une caserne de Rouen.

    Et combien de manifestations, toujours réprimées par la police, se soldant par des heures d'emprisonnement dans les commissariats de Paris et de sa banlieue, notamment.

    Manoeuvres sans résultats

    Une partie du peuple français crut alors que la venue du général de Gaulle au pouvoir allait achever cette guerre. «Je vous ai compris», avait-il dit aux mutins d'Alger. Mais bientôt, c'est aux combattants algériens qu'il s'adressait en leur proposant la «paix des braves». Manoeuvres de part et d'autres sans résultats. Le temps des capitulations était passé et le peuple algérien, martyrisé, exigeait l'indépendance.

    Il fallut pourtant encore quatre années de guerre, quatre années de luttes. En Algérie d'abord où le peuple, enfermé dans des camps, quadrillé dans les villes, continuait d'affirmer sa confiance dans le FLN. En France où les manifestations se multipliaient.

    En 1961, la manifestation pacifique des Algériens de la région parisienne, violemment réprimée par la police du préfet Papon, marqua le soutien total de ces immigrés envers le FLN de la même façon que les manifestants et manifestantes algérois brandissant le drapeau algérien avaient montré l'échec de la politique colonialiste. Le 17 octobre, des centaines de manifestants pacifiques ont été tués, blessés, jetés dans la Seine, enfermés dans les camps avant d'être envoyés en Algérie d'où beaucoup ont disparu.

    Le 8 février 1962, après une nuit terroriste des partisans du colonialisme à Paris où une petite fille fut défigurée par une charge de plastic visant le ministre gaulliste André Malraux, des milliers de Parisiens vinrent manifester à la Bastille, contre les tueurs de l'OAS et pour la paix en Algérie par la reconnaissance du droit à l'indépendance.

    La police du ministre Frey et du préfet Papon chargea au métro Charonne un cortège paisible. Sur les neuf morts, huit étaient communistes et tous membres de la CGT.

    Les pourparlers de paix, engagés alors à Evian, entre représentants du gouvernement français et des combattants algériens s'accélèrent. Le 18 mars 1962, il y a exactement 56 ans, un accord était signé, le cessez-le-feu proclamé pour le 19 mars à midi. Ce jour est désormais celui de la fin de cette (sale) guerre, celui de la fin d’un cauchemar de près de huit années. Et la fin du colonialisme de 132 ans… Ce colonialisme qui a été le déshonneur de la France… parlons-en…

     

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisation…

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa


    La colonisation un crime qu'il est urgent d’admettre

     

    La sortie de Macron en Algérie (alors qu’il n’était encore que candidat à la présidentielle de 2017) à propos de la colonisation « crime contre l’Humanité » a relancé, encore une fois, le débat bien français autour de cette période sombre de l’Histoire. La droite et l’extrême-droite, raccords sur la question, ont sorti les dents pour tacler le candidat En Marche, pour défendre le roman national, la France glorieuse, les « bienfaits » de la colonisation… Autant d’âneries qu’il est urgent de combattre. 

    Alors, soyons bien clair : le but ici n’est pas de défendre Macron. Ce candidat du vide, au discours creux et au programme flou, dit tout et son contraire pour tenter une improbable fusion des électorats de droite comme de gauche. Il y a quelques mois, l’homme qui promet entre autres absurdités d’ouvrir des « mines responsables », proclamait l’inverse de ce qu’il a dit en Algérie en rappelant « les éléments de civilisation » de la colonisation française en Algérie, qui aurait permis par exemple « la naissance d’un État ». Pour ce qui est de l’inexactitude historique de cette dernière phrase, la vidéo de Nota Bene sur la question y répond clairement.

    Ce qui va nous intéresser ici, c’est de comprendre comment ce débat en France peut encore avoir lieu, comment des gens peuvent encore défendre une période historique qui se caractérise par l’appropriation illégitime de terres, l’asservissement de peuples, le pillage de leur identité et de leurs richesses. Comment des hommes et des femmes politiques peuvent-ils avoir, en 2018, à cœur de défendre la France sur cette question ? Pour ce faire, il faut analyser les éléments de langage déployés par les défenseurs de la colonisation, qui en disent long sur l’idéologie sous-jacente. Généralement, le clivage est assez net ; en témoignent ces tweets venus de la droite et de l’extrême-droite :

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa

    Civilisation, ethnocentrisme et bilan de la colonisation 

    Civilisation. C’est le mot-clé qui revient dans les débats. La France aurait apporté la civilisation aux peuples colonisés. C’est l’argument massue qu’on peut retrouver dans la contribution à la construction de l’État algérien chez Macron, mais également chez Florian Philippot (FN), qui rappelle « les routes, les hôpitaux, la langue française » comme « bienfaits de la colonisation ». Si tant est que cet argument soit valide – et il ne l’est pas, nous y reviendrons – en quoi cela absout-il la France coloniale de ses crimes ? Des peuples discriminés et privés de leurs droits par le pays des Lumières, des répressions sanglantes (Algérie, Indochine, Madagascar…), un démantèlement territorial faisant fi des cultures préexistantes ? Le fait d’avoir construit des infrastructures, qui par ailleurs n’était pas un cadeau chaleureux fait aux colonisés mais répondait au besoin des colonisateurs, n’excuse en rien la torture et la souffrance infligées par l’administration française sur cette période. Ce serait peu ou prou comme défendre le régime d’Hitler en disant : « oui, mais il a redressé l’économie allemande » (comme ça, le point Godwin, c’est fait).

    Ensuite, on peut largement nuancer l’apport politique de la France dans la construction des États africains : au contraire, la plupart des greffes du régime français à la décolonisation n’ont pas prises, et ont abouti à des républiques bananières autoritaires dont les Présidents sont au pouvoir depuis plus de vingt ans (à l’instar d’Idriss Déby au Tchad ou Denis Sassou-Nguesso au Congo, anciennes colonies françaises).

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa

    Les « bienfaits » de la colonisation, épisode 1 : les zoos humains

    Ensuite, plus largement, cette idée d’apport de civilisation montre un regard complètement ethnocentré porté sur l’Afrique. Cela nourrit la vision qui perçoit l’Afrique pré-coloniale comme une sorte de désert préhistorique non-civilisé, qui aurait évolué uniquement avec l’arrivée des colons occidentaux. Cet argument, invalidé par l’existence des grandes puissances africaines pré-coloniales (comme l’Empire du Mali), doit être combattu avec force. L’Afrique pré-coloniale avait bien entendu ses civilisations, ses cultures, ses peuples et ses langues, n’en déplaise à Florian Philippot (le soi-disant cadeau de la langue française leur a donc été bien inutile). La colonisation est venue écraser tout cela : ce n’est pas une mission civilisatrice, mais l’imposition d’une culture aux détriments d’une autre, c’est-à-dire un ethnocide. Un ethnocide qui a de plus engendré le chaos sur le continent : l’instabilité de la région résulte souvent directement du legs colonial (cf. le génocide au Rwanda, hérité de l’ethnicisation des rapports de forces créés de toute pièce par le colon belge). Cette idée reçue sur l’Afrique pré-coloniale, qui n’aurait demandé qu’à être éduquée, témoigne du paternalisme ethnocentré qui frappe une grande partie de la classe politique, et nos concitoyens à travers eux. Cela réaffirme aussi la nécessité urgente d’apprendre l’Histoire ancienne africaine dans les manuels scolaires, de lui donner une véritable importance, puisque nous l’avons liée à la nôtre par la force.

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa

    Les « bienfaits » de la colonisation épisode 2 : le partage et le mélange des cultures

    L’exemple allemand 

    Par ailleurs, une idée revient souvent : celle de « repentance, d’auto-flagellation » qui agace la droite notamment. Il est utile de se demander pourquoi ces hommes et ces femmes, qui prennent chaque critique envers la responsabilité française lors de la colonisation comme un coup de poignard, une insulte, le ressentent ainsi. C’est pourquoi j’ai eu ici l’envie de le comparer avec l’Allemagne, quitte à me faire insulter pour avoir « osé » comparer les crimes nazis et la colonisation. L’idée défendue par les agacés de la « repentance », c’est celle qui veut que les Français doivent se sentir fiers de leur pays, et que toute acceptation de la réalité de la colonisation va à l’encontre de cette idée. C’est à travers cet argument que François Fillon défendait un programme scolaire d’histoire mettant en valeur le récit national.

    Les Allemands doivent affronter leur passé et composer avec lui. A l’école, rien ne leur est épargné du nazisme, et nous serions les premiers choqués si de tels crimes étaient euphémisés. Ils ont bien compris l’intérêt du devoir de mémoire, pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent. L’identité allemande s’est-elle pour autant effondrée, sous toute cette « repentance » ? Non, bien au contraire. Les Allemands peuvent se sentir fiers d’avoir surmonté collectivement cela, d’avoir construit autre chose, pour faire barrage à l’horreur.

    A titre personnel, je me sentirais bien plus fier dans une France qui accepte sa part de responsabilité dans les souffrances des peuples colonisés et qui va de l’avant, que dans cette France qui miroite son passé glorieux en refusant d’admettre qu’elle a du sang sur les mains. Alors pourquoi la France est-elle incapable de faire son propre examen de conscience ?

    La République et le fantasme post-colonial 

    Si l’on reprend la comparaison avec l’Allemagne, un élément est frappant. L’Allemagne qui a été responsable du nazisme n’est plus. Le Troisième Reich est mort dans les cendres de la Seconde guerre mondiale, et la République fédérale allemande a bâti une démocratie solide. Pour la classe politique allemande actuelle, la rupture est nette : les Allemands peuvent affronter leurs « démons » car ils ont été vaincus. Un Allemand peut avoir honte de l’Histoire de son pays, mais n’a pas de raison (en tout cas sur ce point) d’avoir honte de son pays à proprement parler, puisque l’Allemagne d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’hier. En France, c’est bien différent. Si les politiques français ont peur de faire face à la colonisation en tant que crime français, s’ils la ressentent comme une insulte presque personnelle, c’est parce que la colonisation est un crime de la République. Un crime au nom des valeurs républicaines, universalistes, civilisatrices, des Lumières, qui ont alimenté l’impérialisme de la République bourgeoise. Le discours « républicain » a été instrumentalisé et a servi de justification aux capitalistes français, qui se sont partagés des morceaux de l’Afrique et ont exploité la main d’œuvre locale. Des valeurs, qui du XIXème siècle à nos jours, ont perduré dans une formidable continuité historique. Si les républiques se sont succédé, le socle républicain bourgeois est resté le même. C’est donc bien une partie de l’identité républicaine française actuelle qui est à remettre en question quand on en vient à parler de la colonisation. Pourtant, il n’y a aucun danger : au contraire, c’est une formidable opportunité d’arrêter de vivre dans un récit passéiste, pour construire une identité fondée sur l’avenir : la liberté, l’égalité et la fraternité (ces mots sont dans notre devise, il serait toujours temps de s’en servir). Rappelons au passage l’exemple historique de la République de 1793, en avance sur son temps, qui sentait que l’esclavage et la colonisation étaient contraire à l’égalité entre les hommes et à l’idéal d’une République sociale, ce qui la conduisit en 1794 à voter l’abolition de l’esclavage, à accorder la pleine citoyenneté aux anciens esclaves, et à permettre l’élection des premiers députés noirs.

    Il y a exactement 56 ans le 18  mars 1962 étaient signés les accords d’Evian qui furent proclamés officiellement le 19 mars 1962 à midi mettant fin à près de 8 ans de guerre et 132 de colonisa

    La colonisation illustrée comme une mission civilisatrice

    La France doit sortir définitivement du colonialisme en admettant son crime, et en l’enseignant comme tel à l’école. Car le post-colonialisme a des ramifications insoupçonnées, au-delà de l’ingérence française en Afrique : cette idée de hiérarchisation des civilisations (un coucou à Claude Guéant), n’est-elle pas celle qui nourrit les discours xénophobes qui prétend que la culture des immigrés (majoritairement l’islam aujourd’hui) est incompatible avec la nôtre ? Ne demande-t-on pas encore à des cultures étrangères de s’écraser au profit d’une qui lui serait supérieure ? Plus généralement, les failles du multiculturalisme français sont héritées de l’idéologie coloniale : la construction d’un « Nous » supérieur aux « Autres », est un mal qui ronge notre société, qui conduit au rejet et au communautarisme.

    SOURCE : http://lvsl.fr/colonisation-crime-urgent-admettre 

      


    2 commentaires
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    Le traumatisme psychiatrique algérien

     à Marseille

    Retour sur un aspect méconnu de la colonisation

     de l'Algérie

    Vous ne le saviez pas ? Moi non plus !!! Décidément le colonialisme a fait plus de victimes que ce qui a été difficilement avoué

    Madaniyacom Le traumatisme psychiatrique Algériens à Marseille

     

    «A force de nous entre-tuer, nous finirons un jour par ne parler qu’aux morts». Propos d’Ammy Simane, dont le portrait orne la couverture de l’ouvrage de Kamar Idir sur le traumatisme psychiatrique algérien de Marseille. 

    Ce papier est publié à l’occasion du 56ème anniversaire des accords d’Evian, le 18 mars 1962, qui mirent fin à plus de sept ans de guerre coloniale française en Algérie et débouchèrent sur l’indépendance de ce pays, après 130 ans de colonisation. Retour sur un aspect méconnu de ce drame.

    80 % DES PATIENTS DES ÉTABLISSEMENTS PSYCHIATRIQUES DE MARSEILLE SONT DES ALGÉRIENS

    Un chiffre résume à lui seul le traumatisme psychiatrique des Algériens de Marseille et dispense de tout commentaire : Quatre-vingt pour cent (80 %) des patients qui fréquentent les établissements psychiatriques de la cité phocéenne sont des Algériens, conséquence des convulsions de l’histoire, de la conquête coloniale, des troubles post indépendance, de l’acculturation, de la dépersonnalisation, des remugles de la vie, de la fragilité humaine et de la loi d’airain du capitalisme sauvage.

    En dix-sept portraits, Kamar Idir, auteur de l’ouvrage «D’une vie à l’autre: Des vies fragiles» (Édition La FRACHI) (1), nous offre un saisissant panorama de la misère de ces «damnés de l’exil», «venus s’échouer sur les trottoirs, les dortoirs ou les mouroirs de la cité phocéenne ; des hommes qui n’ont comme foyer que la rue, le refuge pour sans-abris, le squat, ou au mieux l’hôtel miteux», pour reprendre l’expression de Fathi Bouaroua, Directeur régional PACA de la Fondation Abbé Pierre, co-éditeur de l’ouvrage.

    De l’enfumage des grottes au moment de la conquête coloniale, au massacre de 40.000 Algériens à Sétif, cent ans après, le 8 Mai 1945, le jour de la victoire alliée de la 2me guerre Mondiale ; Des «chairs à canon», à «faire suer le burnous», de la déportation en Nouvelle Calédonie, aux déportations durant la guerre d’Algérie de l’ordre de deux millions de personnes (2) aux ratonnades et à la torture, rares sont les Algériens sortis indemnes de ce processus centenaire d’acculturation et de dépersonnalisation.

    Touche supplémentaire à ce sombre tableau: la discrimination ethnico religieuse du fait du Décret Crémieux qui accorda la citoyenneté française aux indigènes juifs d’Algérie et le refusa aux autochtones musulmans, de même que le terrorisme de l’OAS en guise de bouquet final à l’Indépendance qui explique indirectement le fort exode des Français d’Algérie.

    Le terrorisme de l’Organisation de l’Armée Secrète, commandée alors par le Général Raoul Salan, ancien commandant en chef en Algérie, a provoqué la mort de plus de 2.200 morts, civils ou militaires. Les « nuits bleues », les opérations à explosion multiples aux quatre coins e d’Alger, ont atteint leur paroxysme en janvier et février 1962, visant en premier lieu des personnalités ou des journaux communistes.

    En Algérie, à partir de mai 1961, c’est parfois jusqu’à 350 explosions mensuelles qui secouaient la capitale algérienne. L’assassinat le 15 mars 1962, quelques jours avant le cessez-le-feu, de six dirigeants des centres sociaux éducatifs, restera un des exemples de ce terrorisme aveugle, dont l’action était approuvée par la majorité de la population européenne d’Algérie.

    Un comportement qui ira grossir le flot des rapatriés vers le sud de la France au point de constituer un fort «lobby pieds noirs», unique pays au Monde parmi les anciennes puissances coloniales européennes à disposer d’un groupe de pression d’anciens colons, le terreau de l’extrême droite française.

    L’important taux psychiatrique algérien – quadruple du taux des patients des autres nationalités, particulièrement des patients originaires du Maghreb – s’explique aisément par la durée de la colonisation française de l’Algérie (130 ans) et par la dureté de cette colonisation avec le code de l’indigénat doublée d’une guerre de Libération de six ans ; avec en superposition l’ostracisme soft qui frappe la communauté algérienne de Marseille, -de l’ordre de 250.000, soit le quart de la population de la métropole phocéenne-, mais dont la présence massive demeure néanmoins invisible, en dépit d’un important lot d’universitaires, d’entrepreneurs, d’artistes et d’acteurs de la société civile.

    Se superposant à leur surexploitation, en un sort comparable aux Chibanis, -ces vieux travailleurs immigrés sous-payés, sans protection sociale, sans abri-, cette perte de repères a été fatale à bon nombre d’émigrés algériens de France. Un phénomène amplifié par leur précarité et leur exclusion sociale pour aboutir finalement à leur déstructuration et leur aliénation.
    Peu de gens de par le monde auront vécu pareilles épreuves dans la sérénité et la bonhomie. Rares sauront «raison garder» de ce parcours chaotique rempli de bruits de fureurs.
    Facteur aggravant, la précarité de la condition psychiatrique à Marseille. Parent pauvre de la santé en France, cette spécialité paie depuis des années un lourd tribut aux réductions des dépenses de santé.

    «Tout simplement parce que la psychiatrie est le secteur où les économies sont le plus faciles à réaliser », analyse le Pr Christophe Lançon, chef du pôle psychiatrie Sud à Marseille, qui pointe, par ailleurs, l’absence de choix politique.
    Car si, depuis la décennie soixante, pour rompre avec l’enfermement et la psychiatrie « asilaire », les alternatives à l’hospitalisation doivent être encouragées, les moyens manquent. Il faut souvent plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous en accueil de jour.

    Curieux rapport que celui qui lie Marseille à l’immigration algérienne fonctionnant selon le couple attraction-répulsion, accréditant par moments l’idée de Marseille comme étant la 49ème Wilayas de l’Algérie.

    Pour s’en convaincre, il suffit de recenser le nombre de postulants à des mandats politiques. Hormis Samia Hallali, sénatrice PS de Marseille, tous les compétiteurs au suffrage universel dans ce département assuraient jusqu’aux élections législatives de 2017 un rôle de suppléance, dragueurs de voix de l’électorat maghrébin dans une fonction supplétive, lointaine réminiscence des supplétifs harkis de l’armée française en Algérie.
    Non une fonction décisive, une fonction décisionnaire, mais une fonction subalterne, figurative. Comme si un plafond de verre frappait d’ailleurs tous les postulants à des fonctions électives originaires de l’émigration bariolée (Arabes, Africains, Antillais), malgré la vitalité et la créativité de la population basanée.

    LES VICTIMES DU COLONIALISME TRAITÉES PAR DES PRATICIENS NÉO COLONIALISTES.

    Dans le cas de la psychiatrie, fait aggravant, la grande majorité des cliniciens des établissements psychiatriques de Marseille étaient, au départ, des praticiens originaires de l’Algérie Française, des « pieds noirs » transplantés à Marseille du fait de l’exode post indépendance algérienne, voués à la thérapie des Algériens.
    Bon nombre d’entre eux opéraient déjà à Blida, la plus importante clinique psychiatrique d’Algérie, immortalisée par le psychiatre martiniquais Frantz Fanon, compagnon de route de la Révolution algérienne et auteur du mémorable ouvrage “Les Damnés de la Terre”.

    Une situation surréaliste qui conduira un observateur avisé à relever cette incongruité par cette formule désabusée selon laquelle «les victimes du colonialisme traitées par des praticiens néo colonialistes”.

    Les cliniciens ont mis d’ailleurs à profit cet afflux pour approfondir leur connaissance de la traumatologie mentale au point que l’expertise thérapeutique acquise en ce domaine a servi de produit d’appel à de nombreux patients du Maghreb qui n’ont pas hésité à braver la mer pour tenter d’héberger leurs souffrances ou plus simplement de soulager leurs tourments réels ou supposés.
    Un motif de fierté pour les nostalgiques de l’Empire français, un sujet de désolation pour de nombreux algériens contraints de confier leur psychisme à leurs anciens colonisateurs. Une perversion absolue.

    “DES MOTS POUR GUÉRIR LES MAUX” OU LE LENT CHEMINEMENT DE L’EXIL À LA PSYCHIATRIE

    L’ouvrage se présente comme une description du lent cheminement qui conduit de l’exil à la psychiatrie. En 17 tableaux et autant de témoignages sur un total d’une centaine, l’auteur se propose de «guérir les maux par les mots», articulant son œuvre sur trois périodes charnières de l’histoire de l’Algérie : La guerre d’Indépendance (1954-1962), la décennie noire (1989-2000), l’époque contemporaine.

    Le signataire de cette recension a retenu trois cas emblématiques de cette dérive. Le reliquat des témoignages figurera dans le documentaire qui complétera la sortie du livre, à l’automne 2017.

    Ammy Slimane (Oncle Slimane)

    Membre du groupe du Général Bellounis (3), partisan vigoureux de Messali Hadj, le pionnier de la revendication indépendantiste algérienne, hostile à la fois au FNL (Front de Libération Nationale) et à l’Armée française, Ammy Slimane refusera à l’indépendance tant la nationalité française, “la nationalité du colonisateur”, que la nationalité algérienne, “la nationalité de l’État FLN”.
    Apatride, il rompra les amarres avec son pays natal et échouera à Marseille, porte d’entrée de l’Europe mais aussi, pour beaucoup, lieu d’échouage des épaves de la vie. D’errance en déviance, cet homme pieux mais psycho rigide et intraitable, sans ressources, se retrouvera, en 2010, à l’UHE de Marseille (Unité d’hébergement en urgence), une antenne chargée d’héberger les personnes en grande détresse. Le gîte assuré de 18H00 au lendemain 08H00. Dans la journée, Ammy Slimane bivouaque dans le périmètre ensoleillé du Vieux Port et du Mucem.
    Une aubaine les jours ensoleillés ; une malédiction les jours de grand mistral. Désormais octogénaire, l’homme n’a plus comme compagnon unique, que ses souvenirs qu’il égrène ad vitam et le soliloque éternel. A coups de drogues dures et d’alcools forts, fortement consommés et absorbés en quarante ans de vie nomade dans la métropole phocéenne,

    Ammy Ahmad

    Ancien combattant de la zone d’Oujda, opérant sous le commandement de Abdelaziz Bouteflika, l’actuel président algérien, à l’époque commandant si Abdel Kader, Ammy Ahmad rompra, lui aussi, les amarres à la suite d’un différend avec sa hiérarchie. Il sera affecté à un poste diplomatique dans le Nord de la France avant de se retrouver sur les quais du Vieux Port de Marseille et les rigueurs de la vie de rue.

    H’Mida

    Un “grand alcoolisé”, selon le jargon médical, qui cherchera à noyer dans l’alcool et l’oubli et les blessures de son âme et de son corps.
    A journées faites, à grandes rasades d’alcool, entrecoupées de bouffées velouteuses d’herbes de tous horizons, cet ancien cadre d’une entreprise algérienne habitué des cycles de formation professionnelle en France se retrouvera en suivi médicalisé à Marseille, bénéficiaire du Cotorep, l’allocation aux adultes handicapés, avec obligation de soins hebdomadaires. D’un montant de 810, 89 euros par mois, l’allocation n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu. Un viatique qui lui permet de tenir entre deux consultations psychiatriques et de trouver clémente la loi de la jungle dictée dans les ruelles de Marseille. A la Merci des grands caïds de la drogue.

    Kamar Idir

    A Marseille depuis 1993, où il a atterri propulsé par la violence de la “décennie noire” algérienne, en fonction depuis cette date à Radio Galère, dont il a fait un poste d’observation privilégié du malaise algérien, Kamar Idir, photographe par ailleurs animateur radio, est un homme de terrain et d’écoute.
    Pour la réalisation de son 4 me ouvrage «D’une rive à l’autre : Des vies fragiles”, l’auteur a passé un an avec «Les entendeurs de voix», en compagnie d’un psychiatre Thomas Bossetti. Les séances se sont déroulées tous les mercredis de 14 à 16 heures où l’animateur initie les «patients psychiatriques au Slam, avec passage à la radio une fos par mois, le dernier jeudi. Les vendredis, il anime un atelier avec les «femmes alcoolisés et toxicomanes», qu’il veille à responsabiliser en les initiant à divers métiers.

    Jeudi, il anime l’émission “Harragas” sur les candidats à l’exil, sur Radio Galère; Un programme au sein duquel le signataire de ce texte anime une revue de presse de trente minutes intitulée «Revue de presse Halal sur des sujets Haram», consacrée à traiter les angles morts de l’actualité internationale.
    Récidiviste, Kamar Idir est l’auteur de deux ouvrages édités par ART Tribales et réalisés à quatre mains: Kamar Idir, pour la photo, et Dominique Carpentier, pour le texte :
    “Présence invisible : Une histoire de l’émigration algérienne à Marseille dans la période post-coloniale”.
    -“Brûlez moi, comme ça je peux chanter» Fantasmes et réalités autour d’une immigration comme les autres” (un livre anthologie sur les Roms).
    “Les dames de l’exil”, éditions la Franchi.

    Négation des principes fondateurs de la République française, le colonialisme est un crime contre l’humanité

    Les faits affligeants précités ne sauraient occulter le débat. Loin d’être un exercice de flagellation, le propos ne relève pas de l’appétence polémique, mais répond à un devoir de vérité historique.

    Osons l’affirmation: La colonisation a constitué un cas parfait de “Crime contre l’humanité”, particulièrement la colonisation française en Afrique, plus spécialement la colonisation française en Algérie, dont les ravages se font sentir encore de nos jours par les effets corrosifs à long terme du Code de l’Indigénat et le phénomène d’acculturation qu’il a généré sur la population algérienne.

    L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français. Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus.
    Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui bien que lapidaires ne sont nullement sommaires, ni rudimentaires. Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.
    – Le triptyque républicain (Liberté, Égalité, Fraternité), le mythe fondateur de l’exception française à l’épreuve de la colonisation.

    La liberté :

    La Colonisation est la négation de la Liberté. La Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire «Le Petit Robert» Édition -2007
    La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur de son chômage.

    Contraire aux idéaux de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, -les principes fondateurs de la Révolution Française-, la colonisation est le fossoyeur de l’idéal républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs. La célèbre “charge d’aînesse” de la France à l’égard des peuples qu’elle avait décrété “mineurs”.

    Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de Léon Blum est comparable à celle de l’ancienne conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe André Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. Une posture reprise à son compte par son fils et son successeur dans l’imposture Raphaël Glucksman à propos de la Syrie.
    «Le fardeau de l’homme blanc», théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du Monde occidental.

    L’Égalité :

    L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la piraterie aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.

    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française: En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la ségrégation.

    La “Patrie des Droits de L’Homme” et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination: le pays du “Code Noir” de l’esclavage, sous la Monarchie, du “Code de l’indigénat” en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les “expositions ethnologiques”, ces “zoos humains” dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des “peuples de couleur”, et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.

    Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un chauvinisme récurrent de la société française.

    Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.

    Fraternité :

    Le Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.

    La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation.

    De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la discrimination, la répression à profusion, enfin dernière mais non la moindre des trouvailles, la « cristallisation des pensions des anciens combattants », qui constitue à proprement parler, en dépit des circonvolutions du langage, un salaire ethnique, inique et cynique.

    Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une «querelle de blancs», avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

    A noter qu’en Grande-Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande-, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.).

    Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (Indochine, Algérie).

    L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.
    Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène, une main-d’œuvre relevant de la domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.

    La France la “patrie de la déclaration des droits de l’Homme” et non “la patrie des droits de l’Homme”

    Loin d’être la “Patrie des Droits de l’Homme”, la France est tout au plus la «Patrie de la Déclaration des droits de l’Homme», selon l’expression de l’ancien ministre socialiste de la Justice, Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort.

    Le titre de "Patrie des Droits de l’Homme" reviendrait à des pays plus méritants en la matière, la Suède par exemple. Quant à la France, elle porte, elle, les stigmates des abus des Droits de l’homme qu’elle a commis au nom des Droits de l’Homme.

    Les pensionnaires des établissements psychiatriques de la région de Marseille en portent un témoignage silencieux et douloureux.
    “La France n’aime pas qu’on lui présente la facture de son histoire. Elle préfère se présenter comme l’oie blanche innocente qu’elle n’a jamais été. Ce n’est pas ainsi que perdure une grande nation, mais en respectant ses valeurs. Le dire, c’est servir son pays. Le nier, c’est l’offenser”. Noël Mamère, ancien député écologiste. 

     

     

    Vous ne le saviez pas ? Moi non plus !!! Décidément le colonialisme a fait plus de victimes que ce qui a été difficilement avouéRené Naba Journaliste Ecrivain directeur du site www.madaniya.info et de "en point de mire" renenaba.com

    https://www.huffpostmaghreb.com/entry/le-traumatisme-psychiatrique-algeriens-a-marseille_mg_5aab955be4b0c33361af7ee7 


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    La France n'a pas encore expurgé son passé colonial en Algérie

     

    PARIS- La France n'a pas encore expurgé son passé colonial en Algérie, a estimé l'historien français Gilles Manceron, affirmant que la reconnaissance de ce passé est une "nécessité".

    "La France n'a pas encore expurgé son passé colonial, sa nostalgie coloniale. En France, on n'a pas cessé de répéter depuis l'indépendance de l'Algérie un certain nombre de mythes", a expliqué l'historien anticolonial lors d'un débat organisé mercredi soir au Centre culturel algérien de Paris autour du livre de Mohand-Tahar Zeggagh "Vérités sur les crimes de l’OAS en Algérie" (ANEP, Alger, 2017). 

    Pour Gilles Manceron, la reconnaissance du passé douloureux de la colonisation est une "nécessité" pour l'Algérie, les relations entre les deux pays et les Français.

    La rencontre, organisée dans le cadre du 56e anniversaire des Accords d'Evian et du cessez-le-feu du 19 mars 1962, a focalisé essentiellement sur les crimes de l'Organisation armée secrète (OAS) qui voulait coûte que coûte faire échec aux négociations entamées par le général De Gaulle et le  Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).

    L'auteur de "Nostalgérie. L'interminable histoire de l'OAS" (La Découverte, 2015), Alain Ruscio, qui qualifie l'OAS de mouvement fasciste qui a semé la mort, a fait remarquer cette entité terroriste, formée en terre fasciste (l'Espagne franquiste), était dans la population française "comme un poisson dans l'eau", relevant que 60 ans après l'indépendance de l'Algérie, les Français répètent les mêmes faux clichés comme "le massacre des harkis, les disparitions de Français entre le 19 mars et 5 juillet  1962, etc."

    C'est-là où Mohand-Tahar Zeggagh, qui a également publié "Prisonniers politiques FLN en France pendant la guerre d’Algérie. La prison, un champ de bataille (Ed. Publisud, 2012), a rappelé qu'après le 19 mars 1962, l'OAS avait intensifié son terrorisme. "Elle est entrée dans la phase de la terre brûlée et de la terreur pour rendre impossible l'application des Accord d'Evian", a-t-il dit.

    "Parmi les 11 généraux de l'armée française, 9 ont intégré l'OAS, ainsi que 12 colonels", a-t-il souligné, faisant état du soutien de 80 députés de l'époque à cette entité terroriste, sans compter, a-t-il ajouté, les multiples sympathies dans le gouvernement de Michel Debré.

    Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, un des responsables de la Fédération FLN de France, présent au débat, a indiqué que les militants avaient beaucoup souffert durant les trois mois entre la signature des Accords d'Evian et l'indépendance de l'Algérie et vivaient sous les menaces de l'OAS, rappelant auparavant que le gouvernement Debré voulait faire échec aux négociations en étant le premier responsable des massacres du 17 octobre 1961.

    Michel Debré, qui avait démissionné juste après la signature des Accords d'Evian, voulait une partition de l’Algérie avec une sorte de bande côtière, où les Européens conserveraient l’autorité et le pouvoir, rappelle-t-on.

    "Les violences policières étaient quotidiennes après la signature des Accords d'Evian et nous, militants, activions dans des conditions très difficiles", a encore ajoute Mohamed Ghafir. 

    Mohand-Tahar Zeggagh a tenu, à la fin de la rencontre, à rendre hommage aux Français qui ont été aux côtés des Algériens dans leur lutte pour l'indépendance. "Je regrette que nous ne parlons pas de cette France anticoloniale qui nous a beaucoup aidé", a-t-il dit.

    SOURCE : http://www.aps.dz/algerie/71175-la-france-n-a-pas-encore-expurge-son-passe-colonial-en-algerie 


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    « Non, nous n’étions pas TOUS, des tortionnaires »…

     

     

    Une image liée à la guerre. A l’horreur de la guerre.

    Et de repenser au terme de « Crevettes Bigeard », durant la guerre d’Algérie.
    Pour éliminer physiquement des milliers d’Algériens dont on ne retrouvera jamais la trace, le général Bigeard avait imaginé un technique infaillible : sceller les pieds des prisonniers vivants, dans un bloc de béton et les larguer de 200 ou 300 mètres d’altitude d’un avion ou d’un hélicoptère en pleine mer. L’horreur de la guerre.
     

    xxx

    L’ignominie de la colonisation : c’est peut-être pour cela que la 3e génération du feu se plaint d’être la mal aimée du monde combattant et même tout simplement oubliée, dixit l’article signé Jean-François Drillien dans le dernier numéro de « l’Ancien d’Algérie ».

     

     

    Le 3 décembre 2000, il y a donc près de 18 ans « La Dépêche.fr » publiait le témoignage  de Guy, un appelé de la guerre d’Algérie, vous allez le reconnaître facilement, avec lui je suis presque d’accord sur le titre de son témoignage, sauf que j’ajouterai un mot « Non, nous n’étions pas TOUS, des tortionnaires »… A titre personnel je n’ai rien connu, rien vu de la « sale » guerre, là où j’étais, pendant 21 mois, il ne s’est absolument rien passé… J’ai donc tout appris bien longtemps après… J’ai surtout appris qu’il n’y avait pas que la guerre d’Algérie, il y avait aussi et surtout le colonialisme et la généralisation de la torture… alors je soulignerai, une fois encore, cette belle phrase :

    Ces mots simples de Simone Veil (qui va entrer au Panthéon le 1er juillet prochain) résument mieux que mille discours la réalité et l’ignominie de la colonisation. « Je n'oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j'ai senti et compris la tragédie de la colonisation. [...] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir à leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'Etat français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom. » Tout est dit. 

    Guy, un appelé: « Non, nous n'étions pas

    des tortionnaires »

    « MA plus grande crainte désormais, lorsqu'on verra dans les cérémonies notre drapeau de la FNACA, la Fédération nationale des anciens combattants d'Afrique du Nord, est que certains nous vomissent dessus : ''Tiens, voilà les tortionnaires! ''.

    Les deux millions de Français qui ont combattu en Algérie ne méritent pas cet anathème. L'écrasante majorité d'entr'eux n'a jamais pratiqué la torture. »

    Guy Darmanin a « fait » la guerre d'Algérie dans les rangs des appelés du contingent. De 1961 à juin 1962. Il parle au nom des « camarades consternés depuis quinze jours ». « Moi, dit-il, j'ai utilisé la ''gégène'', le générateur électrique de campagne, mais uniquement pour assurer les transmissions. Nous refusons que les accusations portées aujourd'hui contre l'armée soient généralisées. Nous ne sommes pas concernés par ces agissements qui furent le fait de quelques unités spéciales. »

    « Aussaresses nous fait honte »

    Guy « condamne sans réserves » les déclarations du général Paul Aussaresses qui a froidement raconté « avoir tué 24 personnes » après les avoir torturées, parce qu'on « ne pouvait pas les libérer dans un tel état ».

    « Ses ''aveux'' m'ont affecté profondément, poursuit-il, comme beaucoup d'anciens combattants, j'ai honte pour la France, j'estime qu'il a sali l'armée, qu'il nous a tous salis. Je souhaite que ses décorations prestigieuses, en particulier la Légion d'honneur, lui soient retirées sans tarder. La guerre, c'est la guerre, mais de là à affirmer ''je suis prêt à recommencer! '' Pouah!»

    Guy Darmanin se montre favorable à toute « démarche pouvant concourir au rétablissement de la vérité et à tourner définitivement une page très douloureuse de l'histoire de notre pays. Mais si l'on ouvre les dossiers il faut les ouvrir des deux côtés, car le FLN a lui aussi utilisé des méthodes barbares ».

    Par contre, estime l'ancien sous-officier, il ne faut pas se tromper de cible: «L'enchaînement infernal a été provoqué par le gouvernement de l'époque. Quand des copains étaient tués dans des conditions atroces par le FLN, nos soldats étaient animés d'un esprit de vengeance.»

    « Des camarades sont devenus fous, ils sont toujours enfermés »

    Guy Darmanin reproche aux plus hautes autorités politiques d'avoir fermé les yeux. « Le ministre des Affaires algériennes, Robert Lacoste, avait, paraît-il, un tas de dossiers concernant la torture par ces groupes de barbouzes. Il aurait pu et dû l'arrêter. Je ne peux pas croire que des généraux aient ordonné de telles atrocités sans l'aval du pouvoir. »

    Le contingent français a payé un lourd tribut à cette « sale guerre ». « La guerre, c'est toujours sale, enchaîne Guy Darmanin, mais nous étions partis pour mener des opérations de maintien de l'ordre dans un département français. 30000 soldats sont morts en Algérie, la plupart avaient 20 ans. Nous avons vu défiler un cortège interminable de 250.000 malades ou blessés, certains marqués à vie. Des garçons qui ont été contraints par leurs supérieurs de commettre des actes de répression aveugle en ont perdu la raison. Ça, on n'en parle jamais. Combien des nôtres sont-ils toujours enfermés dans des asiles psychiatriques, comme à l'hôpital Marchant de Toulouse ? Nous allons les voir de temps en temps, tout le monde les a oubliés. On a vu récemment des images terribles sur une chaîne de télévision. Un jeune soldat tirait sur un fourré qui bougeait, pendant une opération : une fillette se trouvait derrière. Lorsqu'il a vu son cadavre, il est devenu fou sur le champ. Ce n'était pas un tortionnaire, nous n'étions pas des tortionnaires. »

    https://www.ladepeche.fr/article/2000/12/03/278420-guy-un-appele-non-nous-n-etions-pas-des-tortionnaires.html 

     

    Guerre d´Algérie : une thèse souligne

     la généralisation de la torture 

     

    Le travail d´une jeune historienne, fondé notamment sur le décryptage des journaux de marche des régiments français durant le conflit algérien, confirme que la torture n´a pas été seulement le fait de quelques militaires sadiques et isolés
    Une jeune normalienne, Raphaëlle Branche, a soutenu, mardi 5 décembre 2000, sa thèse de doctorat d´histoire intitulée « L´armée et la torture pendant la guerre d´Algérie. Les soldats, leurs chefs et les violences illégales » devant un parterre d´universitaires et de journalistes. Ce travail vient éclairer le débat actuel sur la torture durant la guerre d´Algérie en présentant notamment un décryptage inédit des « journaux de marche des opérations » tenus par chaque régiment, du dépouillement de nombreuses archives civiles et militaires et de longs entretiens avec des militaires. La thèse confirme que la torture n´a pas été une création ex nihilo de la guerre d´Algérie et qu´elle n´a pas seulement été le fait de quelques militaires sadiques et isolés. Les signataires de l´« appel des douze » en faveur d´une condamnation publique de la torture en Algérie devaient réitérer leur demande, mercredi 6 décembre 2000.

     

    Le Monde, 6 décembre 2000 

    Guerre d´Algérie : une thèse souligne

    la généralisation de la torture

    L´HISTOIRE a percuté l´actualité, mardi 5 décembre, dans la salle de l´Institut d´études politiques (IEP) de Paris où Raphaëlle Branche, une jeune normalienne, soutenait une thèse de doctorat d´histoire sur la torture pendant la guerre d´Algérie, dirigée par Jean-François Sirinelli. Un travail de quatre ans et de 1211 pages, entrepris dans un climat d´indifférence générale et achevé au moment même où la France vit en pleine « catharsis », selon le mot de l´historien Pierre Vidal-Naquet, membre du jury. Mais le tumulte du grand retour de la mémoire qui se poursuit dans les médias depuis six mois n´a pas pénétré cette enceinte universitaire pleine à craquer. A aucun moment d´une séance de quatre heures, présidée par Jean-Pierre Rioux, les règles de la stricte discussion historique n´ont été transgressées.
    Non, la torture n´est pas une création ex nihilo de la guerre d´Algérie ; non elle n´a pas été seulement le fait de quelques militaires sadiques et isolés, expose, en substance, le travail de Mme Branche. La torture, au contraire, s´inscrit dans une histoire, celle de la colonisation et de sa remise en cause radicale entre 1954 et 1962. Son ampleur ne s´explique que par la dimension totale de l´affrontement : l´ennemi était alors constitué non pas seulement par une armée mais, progressivement, par tout un peuple rebelle à l´ordre colonial que la France avait décidé de maintenir, par un mélange de méthode forte et, tardivement, de tentatives de réformes politiques et sociales.
    Cette thèse est issue du décryptage inédit des «journaux de marche des opérations» tenus par chaque régiment, du dépouillement de nombreuses archives civiles et militaires et de longs entretiens avec des militaires.
    L´originalité de ce travail réside d´abord dans l´analyse des origines de la torture, de ses différentes formes et de son ampleur. Ainsi, selon Raphaëlle Branche, un détour par la guerre d´Indochine s´avère indispensable : c´est là, dans son combat perdu contre les communistes du Vietminh, que l´armée française a puisé sa perception de la guerre révolutionnaire et des moyens de la combattre ; c´est aussi dans le désastre et l´humiliation de Dien Bien Phu qu´est née une certaine volonté de vengeance. Le discours de l´armée, dont les hauts responsables n´étaient pas nécessairement dupes, selon la thèse, consistait à assimiler le FLN à une subversion communiste et la rébellion à une guerre révolutionnaire de type indochinois. Dans cette vision, exacerbée par un profond racisme, il s´agit non seulement de lutter contre des maquisards armés mais aussi contre tous les nationalistes liés à un réseau de résistance à la colonisation française. D´où l´importance primordiale accordée au renseignement et le développement, en Algérie, de l´« action psychologique », transposition des méthodes subies par les prisonniers français aux mains du Vietminh.
    Les détachements opérationnels de protection (DOP), l´un des nombreux sigles qui cachaient les structures spécialisées dans les « interrogatoires poussés », sont nés en Indochine, explique Mme Branche, où leur tâche se cantonnait à l´utilisation d´agents infiltrés chez l´ennemi. Exacerbée, la religion du « renseignement » allait faire le reste.


    UNE « RÉALITÉ PROTÉIFORME »

    Certes, la torture policière existait en Algérie avant l´insurrection de 1954, comme en témoigne la mise en garde immédiatement lancée, dès cette date, par François Mauriac. Certes, l´armée y a eu largement recours pendant la « bataille d´Alger », qui fut, en 1957, un « point de non-retour » à cet égard. Mais le passage à une guerre totale correspond, selon la thèse, à l´arrivée à la tête de l´état-major d´Alger du général Salan en décembre 1956. Les mises en garde contre le recours à la torture contenues dans les instructions militaires, cessent alors. Si la Ve République naissante s´efforce, en vain, de faire reculer la « gangrène », la IVe s´est illustrée par sa duplicité. Ainsi, dans les archives d´Hubert Beuve-Méry, fondateur du Monde, Raphaëlle Branche a retrouvé la trace du « gros dossier » qu´il avait transmis en octobre 1956 à Guy Mollet, alors président du Conseil. Lourd des multiples témoignages parvenus au journal, ce document ne semble nullement avoir été utilisé par un homme qui, publiquement, assurait que les cas de torture se comptaient « sur les doigts de la main ».
    « Réalité protéiforme »pratiquée sans trace écrite, la torture est implicitement justifiée par la recherche de renseignements sur des réseaux. Mais son efficacité paraît limitée à l´égard du but affiché. Les codes utilisés pour répertorier la qualité des réponses obtenues par la violence se traduisent par des « X1 » ou « X0 », c´est-à-dire « beaucoup de bruit pour rien », a remarqué Jean-Charles Jauffret, professeur d´histoire à l´IEP d´Aix-en-Provence, membre du jury. C´est que la torture, d´outil de renseignement, est devenue aussi en Algérie un instrument de terreur et d´humiliation, comme en témoignent la mise à nu systématique des victimes, le fait que ni les enfants ni les vieillards n´ont été épargnés, la fréquence des viols commis au moyen d´objets.
    « La torture n´a jamais été un moyen parmi d´autres d´obtenir des renseignements, car elle détruit la dignité humaine de façon radicale, a soutenu Raphaëlle Branche. Le fait que des Algériens soient torturés était considéré comme aussi important que le fait que tous les Algériens aient peur de subir de tels traitements. » Pour l´historienne, la torture ne se réduit pas à un corps-à-corps mais s´inscrit dans un contexte plus large incluant les spectateurs présents, la collectivité des Algériens et l´Etat français. « Torturer, ce n´est pas seulement faire parler, c´est aussi faire entendre qui a le pouvoir », a-t-elle expliqué.


    « LA FACE CACHÉE »


    Dans ces conditions, la torture ne fait nullement figure d´exception, mais comment en mesurer l´ampleur ? Ce type de traitement n´était pas pratiqué systématiquement, répond la thèse, mais « elle faisait partie des violences qu´il était possible d´infliger et cette tolérance, voire ces encouragements ou ces recommandations des chefs, explique qu´elle ait été pratiquée sur tout le territoire algérien pendant toute la guerre et dans tout type d´unité ». La torture a-t-elle été systématique ? La réponse est négative si l´on observe qu´il n´existait pas de structure cohérente chargée de la torture, à l´exception des DOP. Mais elle devient positive, si l´on considère « le contexte incitatif produit par une certaine vision du monde, des Algériens, de la guerre », a argumenté Mme Branche.
    Pour autant, son travail ne fait pas l´impasse sur la réalité des chiffres. Il estime «crédible» le nombre de 108175 Algériens passés par la ferme Améziane, dans le Constantinois, le plus connu des centres de torture, nombre avancé en 1961 par le journal Vérité-Liberté, en précisant que des personnes ont pu y être internées à plusieurs reprises. A propos d´un témoignage sur la torture par l´électricité - la «gégène» -, la thèse va plus loin en affirmant que « des centaines de milliers d´Algériens […] ont éprouvé dans leur chair » pareille souffrance.
    Avant de décerner à Raphaëlle Branche, à l´unanimité, la mention très honorable et les félicitations, les membres du jury ont multiplié les formules dithyrambiques. Ce travail qualifié de « magistral », « fera date », ont-ils pronostiqué, car il « révèle la face cachée de la République », a ajouté Pierre Vidal-Naquet. Tous historiens, ils ont admis n´être pas sortis indemnes de sa lecture.
    L´armée et la torture pendant la guerre d´Algérie. Les soldats, leurs chefs et les violences illégales. Thèse pour le doctorat d´histoire. Institut d´études politiques de Paris. Décembre 2000. Un livre tiré de cette thèse doit être publié prochainement.

    Philippe Bernard

    Le Monde daté du jeudi 7 décembre 2000

    Le choix du jour

    Les blessures laissées par la torture

    en Algérie

    Mercredi, 27 Juin, 2001

    L'Humanité

    Enfin, la télévision consacre une émission sans la moindre compromission sur l'usage généralisé de la torture pendant la guerre d'Algérie.

    Pièces à conviction. Tortures en Algérie : ces aveux qui dérangent. France 3, 23 h 20.

    Il sera presque une heure du matin, hélas, quand se terminera cette émission. Si vous craignez de ne pas tenir le coup ou si vous redoutez le réveil, demain matin, n'oubliez pas de brancher votre magnétoscope. Élise Lucet, avec ses Pièces à conviction, offre en effet ce soir le plus complet et le meilleur des magazines vus jusqu'ici à la télévision sur le sujet toujours aussi douloureux de l'usage systématique et à grande échelle de la torture par l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Le travail de la journaliste et de son équipe est sensible à l'écran. L'attitude d'Élise Lucet elle-même, volontaire et sans concession, devant le général Aussaresses, permet à tout un chacun de démasquer l'arracheur de dents (de l'expression mentir comme un...) sous l'uniforme. Sans rien nier des traumatismes laissés de part et d'autre par cette sale guerre qui refusait de dire son nom, l'émission est une démonstration sans appel de l'abandon par les pouvoirs publics de ses responsabilités et de la terrible dérive de l'armée française engluée dans une guerre coloniale sans merci et sans autre issue que l'indépendance algérienne.

    Dès le premier témoignage, celui d'un ancien légionnaire sous-officier dans un régiment parachutiste, la terrifiante réalité s'impose. L'homme, aussi franc que froid, évoque sans fioriture mais sans euphémisme, directement, quasi cliniquement, les sévices infligés aux suspects. Des descriptions qui font froid dans le dos, qui révulsent et qui se terminent par l'évocation des trop fameuses corvées de bois et les cadavres dénudés laissés aux chacals, invités à terminer les basses oeuvres. Les témoignages et rencontres en Algérie se suivent, se croisent : une victime d'un attentat du FLN à Alger, des rescapés de la torture, algériens et français, des appelés du contingent. Les reportages sont enrichis de documents d'archives, de rappels historiques, et, petit à petit, l'ampleur du phénomène et les responsabilités des uns et des autres s'éclairent.

    Face à la France officielle et ses mensonges, face aux militaires tenants de la ligne "terrorisons les terroristes" et leurs méthodes insultant les valeurs fondatrices de notre pays, les rares voix des hommes haut placés dans l'appareil d'Etat qui ont osé dire non, brillent d'autant. Grâce à des images du document d'André Gazut, toujours non diffusé en France (!), sur le général de Bollardière, et à quelques bribes, essentielles, du discours de Paul Teitgen, haut fonctionnaire, on mesure mieux ainsi le gouffre noir dans lequel s'enfonçait la France coloniale.

    Au fond du trou noir, hélas, victimes comme témoins, ils sont nombreux à y avoir perdu au moins un peu de leur âme. Certains gardent les traces des sévices sur leur corps, beaucoup dans leur esprit. Parmi les appelés, même ceux qui n'ont pas vu mais " seulement " entendu les cris des suppliciés, ne s'en remettent pas. Pour le Dr Hadjadj, militant du Parti communiste algérien, torturé, et qui a fini par " donner " le nom d'Henri Alleg quand les paras, jugeant que la souffrance physique n'y suffirait pas, ont menacé de torturer sa femme sous ses yeux, le calvaire - comble d'injustice - dure encore. Sera-t-il apaisé d'entendre Henri Alleg, militant communiste et auteur de la Question, parler avec toute l'humanité qu'on lui connaît de leur histoire commune ?

    Elise Lucet, lors de l'interview d'Henri Alleg, laisse son interlocuteur s'adresser aux plus hautes autorités de l'État pour qu'elles reconnaissent et condamnent enfin l'usage de la torture pendant les " événements d'Algérie ". Au-delà du rappel intransigeant des principes, bafoués alors, ce geste soulagerait enfin le Dr Hadjadj, Josette Audin dont le jeune mari, mort sous la torture, est toujours officiellement en fuite, et tous ceux, nombreux, qui souffrent encore de ce traumatisme.

    Dany Stive

    La torture pendant la guerre d’Algérie

    S’il est une guerre qui mérite vraiment le qualificatif de «SALE», c’est bien la guerre d’Algérie. Ce qualificatif est faible, quand on connaît les horreurs, les crimes monstrueux, les tortures horribles et inhumaines commises au nom de la France sur la population Algérienne, tortures et crimes commis par des généraux, des colonels, et notamment par les parachutistes. Tortures et crimes connus et couverts par les gouvernements français. Personne aujourd’hui ne conteste la réalité de ces tortures.

    Mais au cours de cette guerre, tout a été fait pour les cacher, les camoufler et l’opinion publique française a été soumise à un mensonge systématique. On osait parler de «PACIFICATION» mais derrière ce mot usurpé, c’est une politique d’extermination qui était menée. Un général, le général Aussaresses n’a-t-il pas eu le culot monstre d’écrire un livre pour tenter de justifier ces crimes, ces tortures ! Voici, quelques témoignages de ces tortures.

     

    Documents révélateurs

    Deux documents sont particulièrement révélateurs. Le 1er  juillet 1955 - soit un mois et demi avant l’insurrection du Constantinois du 20 août, considérée par de nombreux historiens comme le vrai début de la guerre d’Algérie - un texte contresigné par le ministre de l’intérieur de l’époque, M. Bourgès-Maunoury, et le ministre de la défense nationale, le général Koenig, était diffusé dans tous les régiments français d’Algérie. Cette « instruction n° 11 », qui a recueilli « la pleine adhésion du gouvernement », stipule que « la lutte doit être plus policière que militaire (...) Le feu doit être ouvert sur tout suspect qui tente de s’enfuir (...) Les moyens les plus brutaux doivent être employés sans délai (...) Il faut rechercher le succès par tous les moyens. » Autre découverte de Claire Mauss-Copeaux : un texte du 3 août 1955, signé par le même général Koenig, mais aussi par le ministre de la justice, Robert Schuman. Il précise la conduite à tenir en cas de plaintes faisant suite à « de prétendues infractions » attribuées aux forces de l’ordre : « une action supprimant la responsabilité pénale de ses auteurs (...) [sera suivie] d’un refus d’informer ( ...) Les plaintes devront faire l’objet d’un classement sans suite, dès lors qu’il apparaîtra incontestable que ces faits sont justifiés par les circonstances, la nécessité, ou l’ordre de la loi. » En d’autres termes, le pouvoir civil assurait d’avance aux militaires l’impunité pour les dépassements qu’il exigeait d’eux. Et cela, deux ans avant la «bataille d’Alger », supposée avoir constitué le tournant en matière d’exactions.

     


    Jacques Duquesne, condamné à mort par l'OAS


    Jacques Duquesne a recueilli, en plein conflit, de nombreuses preuves des "bavures" de l'armée française. La plupart des photographies qui accompagnent son texte ont été prises par des soldats qui y assistaient. Pour la première fois. J'étais en Algérie depuis plusieurs jours, en reportage pour La Croix. J'avais rencontré de multiples personnes de tous bords. Alger était calme: l'armée avait mis à mal une bonne partie de l'organisation du FLN (Front de libération nationale). Mais qui pouvait dialoguer avec des Algériens comprenait bien vite que cette victoire militaire avait été payée d'une défaite politique. Ceux qui osaient parler, même parmi les plus modérés, chuchotaient souvent que les méthodes de la répression les faisaient basculer dans le camp nationaliste. Revenait, obsédante, la question de la torture, et celle des disparitions : des hommes, des femmes parfois, qui avaient été arrêtés et dont on n'avait plus jamais eu de nouvelles, dont les cadavres, pensait-on, étaient jetés à la mer, lestés d'une pierre. 3000 était le chiffre le plus souvent avancé alors. Jacques Chevallier, le maire d'Alger, me parla même de 5000.

     

    La « gégène »

    « Non, nous n’étions pas TOUS, des tortionnaires »…

    La torture le plus souvent pratiquée, un peu partout, fut vite connue sous le nom de "gégène": c'était le passage d'électricité à travers le corps par l'intermédiaire d'électrodes placées parfois dans le sexe des femmes et reliées à un magnéto. On a souvent affirmé que le général Massu était appliquée à lui-même, "pour voir". Je ne peux l'affirmer. Il m'a dit, je m'en souviens, qu'il ne fallait pas exagérer, que ce n'était pas "terrible". D'autres, quoi qu'il en soit, étaient destructrices: absorption forcée de plusieurs litres d'eau à l'aide d'un tuyau de caoutchouc placé dans la bouche, ce qui pouvait entraîner la mort, coups multiples, ongles arrachés, immersion dans une baignoire jusqu'à étouffement, pendaison par les poignets durant des heures, les pointes des pieds frôlant le sol. Celle-ci fut appliquée aussi à des femmes. On n'écrit pas cela aisément. Il y en eut d'autres, plus affreuses.

    Le cou tranché, le sexe

     dans la plaie

    Le pouvoir politique, c'est le troisième acteur. Il transfère à l'armée, à Alger, tous les pouvoirs de police. Autrement dit: débrouillez-vous. Une folie. S'attaquer à l'appareil souterrain du FLN est une œuvre policière ardue à laquelle les militaires ne sont pas évidemment préparés. Dans le bulletin ronéotypé "Messages des forces armées", un officier anonyme parle en juillet 1957 de "confusion totale et permanente". Il s'interroge: "A quelles règles se raccrocher ? A quelle expérience ? En fonction de quels critères juger ? "Lourde est la responsabilité d'un pouvoir politique désemparé, lâche, qui laisse les exécutants se dépêtrer seuls dans un tel bourbier. La torture, les exécutions sommaires, le pire, Guy Mollet, président du Conseil, le savait; Robert Lacoste, ministre de l'Algérie, le savait; Max Lejeune, secrétaire d'Etat aux Forces armées, le savait; les radicaux Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard, présidents du Conseil en 1957 et 1958, le savaient. L'opposition le savait aussi, comme le démocrate-chrétien Georges Bidault, qui osa pourtant déclarer à la tribune de l'Assemblée qu'il fallait employer en Algérie "tous les moyens, mais seulement les moyens, que l'on pouvait enseigner aux petits enfants des écoles".

    On torturait par routine - ou par sadisme

    Sous la torture, en outre, les gens avouaient n'importe quoi pour échapper, ne serait-ce qu'un instant, à l'insupportable douleur. Mustapha X, dont je parlais, m'a dit après sa libération: "S'ils avaient voulu, je leur aurais dit que j'avais chez moi un sous-marin. Un grand nombre de ces tortures n'avaient d'ailleurs pas pour but la recherche du renseignement immédiat. On torturait par routine - ou par sadisme, sale maladie qui s'attrape vite - des suspects à peine suspects, avant tout interrogatoire. Où on les plaçait dans des postures humiliantes, les femmes surtout, des postures qui n'étaient absolument pas nécessaires pour obtenir de quelconques aveux, la souffrance physique y suffisant amplement.


     

    Témoignage de Louisette Ighilahriz

    Témoignage de Louisette Ighilahriz, militante indépendantiste torturée en 1957 à Alger alors âgée de vingt ans, elle fut atrocement torturée à l'état-major de la 10e division parachutiste du général Mass. Interrogé par "Le Monde", le général Massu, à l'époque investi des pouvoirs de police à Alger, reconnaît que le recours à la torture n'était "pas indispensable" et se déclare favorable à une condamnation officielle de la torture .Si la plupart des anciens acteurs de la guerre entre la France et l'Algérie semblent aujourd'hui admettre l'existence de la torture au long du conflit, ils sont en revanche divisés sur la question de savoir si l'on doit reconnaître ces actes comme une faute dont il faut se repentir ou comme la conséquence inévitable des combats. Les partisans d'une enquête et d'une "repentance" se heurtent au front de tous ceux qui, anciens acteurs engagés de la guerre, présentent la torture comme un "mal nécessaire" et ne sont pas disposés à faire leur mea-culpa face à ces atteintes aux droits de l'homme.


     

    Né d’un viol collectif de militaires français… J’accuse l’Etat

    français 

     

    Le témoignage de Mohamed Garne est bouleversant, effroyable tant l’évocation rappelle que dès qu’un silence se brise sur cette période de la guerre, ce sont autant de preuves qui se dressent sur le passé colonial de la France. Le cas Mohamed Garne ne pouvait effectivement être unique tant la pratique des viols des militaires français s’était érigé, tout comme la torture, en véritable système de répression contre toute forme de rébellion et de résistance des Algériens. Ce passé colonial sans qu’il soit transcrit directement, occupe le cadre pour en constituer en quelque sorte, le personnage central. La vie de Mohamed Garne, son histoire, les péripéties et les souffrances et les blessures des autres, le sacrifice et l’héroïsme de sa mère, l’inconsolable mère qu’il a retrouvée 28 ans après sa naissance, réfugiée dans un cimetière pour fuir son passé et fuir l’ingratitude des siens et la méchanceté des autres.


     

    " Le commandant O" : "J'en ai tué 24"

    L'armée française a systématiquement pratiqué l'assassinat et la torture sur ses adversaires. Un débat public à ce sujet est en cours en France depuis des mois. Dans La Guerre d’Algérie, Yves Courrières parle du "commandant O". Pierre Vidal-Naquet, parle de lui comme étant le chef de file "de ce qu'il faut bien appeler une équipe de tueurs professionnels" et souligne que son nom "ne figurera guère que dans un seul dossier publié. "Personnellement, je n'ai jamais torturé, et pourtant, je n'ai pas les mains propres. Il m'est arrivé de capturer des types haut placés au sein du FLN et de me dire : "Celui-là est dangereux pour nous, il faut le tuer" et je l'ai fait, ou je l'ai fait faire, ce qui revient au même. "Ce qu'il faut que vous compreniez, car c'est essentiel, c'est que cela ne me faisait pas plaisir. Et si j'ai moi-même procédé à des exécutions sommaires - "J'en ai tué 24", précise-t-il , c'est que je voulais assumer ce genre de choses, et non pas mouiller quelqu'un d'autre à ma place. C'est d'ailleurs pourquoi je ne veux pas accuser le pouvoir civil de l'époque. Affirmer qu'il nous donnait des ordres dans ce domaine serait faux et, surtout, s'abriter derrière, cela reviendrait à dire que les militaires se déchargent de leurs responsabilités.


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    Réaliser un film inspiré de la vie de son père. En plus de ses projets de livres, l'auteur-acteur Marc Lavoine se lance un nouveau défi : celui de réaliser son premier film, à partir de son roman L'homme qui ment. Un roman qui parle de son père et qui devrait être incarné par l'acteur Pio Marmaï. Un père qui a fait la guerre d’Algérie, en tant qu'éclaireur puis comme infirmier. Un père qui travaillait à l’hôpital et qui un jour a été mis en joue par un type qu’il avait soigné, qui l’a reconnu et qui lui a mis un simple coup de crosse alors que toute sa compagnie s’est fait tuer. 

    Entretien avec Marc Lavoine

     avant son départ pour un concert à Alger :

     « L’Algérie est dans mon cœur »

    Marc Lavoine était en concert ce samedi 10 mars (19h30) à la salle El Mouggar, à Alger. Le chanteur français, également comédien et auteur, a interprété plusieurs de ses titres, dont son tube, « Elle a les yeux revolver ».

    Cet événement d’exception lui a donné l’occasion de mettre pour la première fois les pieds en Algérie. Entretien à cœur ouvert.

    Marc Lavoine, c’est la première fois que vous allez vous rendre en Algérie. Comment un tel événement s’est-il concrétisé ?

    « Cela s’est fait par hasard. J’ai un ami qui s’appelle Mohamed Saadi (directeur de Berbère Télévision) et qui a apprécié mon roman [« L’homme qui ment », ed. Fayard, 2015, dans lequel il évoque l’histoire de son père en Algérie]. Un lien s’est créé entre nous. Il m’a proposé ce concert en Algérie et j’ai tout de suite accepté, parce que c’était inattendu et que ça ne se refuse pas. L’Algérie, cela fait des années que je l’imagine. »

    Que ressentez-vous, à quelques jours du départ ?

    « Je suis heureux d’y aller. J’y vais sans prétention. En fait, j’y vais comme un invité, avec respect et discrétion. Je pense que c’est important pour moi de faire ce pas. On m’ouvre une porte, on me dit viens, et j’accepte vraiment d’y aller avec tout mon cœur. Pour moi, chanter là-bas est quelque chose d’extrêmement émouvant.

    L’Algérie est le mot que j’ai entendu le plus dans ma vie avec la France. Ce sont les deux termes que mon père employait tout le temps, avec ma tante aussi, qui a vécu là-bas et s’est mariée avec un Algérien. C’est une affaire familiale. L’Algérie est dans mon cœur. Cet événement représente une charge émotionnelle très singulière parce que les gens que j’aime le plus ont aimé l’Algérie. Avec ce concert, il y a une part d’homme en moi qui rejoint les gens que j’aime. »

    Justement, votre père, Lucien, encarté au parti communiste français, est un jeune homme lorsqu’il se rend en Algérie, durant la guerre, servir comme infirmier. Il y soigne des Algériens et s’occupe de leurs courriers, écrivez-vous dans votre roman. Vous dites également à son sujet que « les Algériens l’aiment bien et qu’il aime bien les Algériens ». Et qu’il « ne comprend pas cette guerre, qui est contre nature et ne génère que souffrance. »

    « À l’hôpital, mon père soignait de jeunes français et algériens. Au cœur de l’enfer, l’humanité résiste. C’est difficile de s’accrocher à quelque chose après avoir vécu l’horreur de la guerre. On s’en veut de s’en être sorti. C’est compliqué d’être survivant, aussi. Vous êtes comme trempés dans quelque chose que vous avez connu par la mémoire de ceux que vous aimez.

    À vrai dire, peut-être que j’attendais cette opportunité de me rendre en Algérie. Je n’imaginais pas que c’était possible. Mais que mes chansons, que mon père aimait bien, me permettent d’aller sur les terres où il a été si bouleversé dans tous les sens du terme, bouleversé par l’humanité, par l’atrocité, par l’injustice, par l’héroïsme, pour moi ça remue beaucoup de choses. Vous savez, l’Algérie a deux richesses : elle parle l’arabe et le français. C’est un lien formidable qu’il faut protéger. Il faut aller vers une forme de réconciliation. Le pardon, c’est ce qui fait que les sociétés sont possibles. »

    SOURCE : https://www.tsa-algerie.com/entretien-avec-marc-lavoine-lalgerie-est-dans-mon-coeur/ 

    Marc Lavoine : « Deux Algériens ont sauvé mon père

    de la mort »

    Par Sarah L. – Le chanteur et acteur français Marc Lavoine a rendu un émouvant hommage à l’Algérie et aux Algériens, lors d’un concert qu’il a animé ce samedi à la salle El-Mouggar, à Alger.

    Après Claude Barzotti qui a chanté Alger la Blanche, l’icône du cinéma français Gérard Depardieu qui affirmé que c’était «une fierté d’être Algérien» Marc Lavoine a tenu à raconter l’histoire de son père envoyé dans notre pays «contre sa volonté» et «contre ses idées» et qui fut sauvé deux fois par deux Algériens durant la Guerre de libération nationale.

    Marc Lavoine n’a pas donné les détails de l’histoire de son père ni des circonstances exactes dans lesquelles il a échappé à la mort grâce à l’intervention des deux Algériens auxquels il rend hommage. «Je vis avec ces deux hommes qui lui ont sauvé la vie, le premier fut soigné à l’hôpital militaire, le deuxième était son ami qu’il appelait «mon frère»», raconte Marc Lavoine qui révèle que l’un des deux hommes «prit la balle tirée d’un fusil et mourut dans ses bras, au soleil d’un après-midi, d’une balle qui n’était pas pour lui». «Ce jour-là, poursuit-il, mon père est mort aussi en Algérie, mais il a pu avoir un deuxième fils, être un père, ce que son ami n’a jamais pu faire.»

    Le chanteur français a confié, en vers, que son père a gardé «jusqu’à son dernier jour le souvenir le plus grand, le plus fort, le plus lourd» et il lui «parlait, des larmes dans les yeux, d’une guerre atroce dans un pays merveilleux». «En Algérie, il y eut une guerre dont je ressens les blessures aujourd’hui et je sais que même s’il a continué à respirer en France, mon père est mort ici en Algérie, dans ce pays qu’il a aimé. Et cet amour, il me l’a transmis», a confessé Marc Lavoine, qui dit entendre parler de l’ami de son père mort à sa place «depuis si longtemps». Et d’ajouter : «Je t’ai imaginé si souvent, je ne sais pas si je dois dire bonjour ami ou si je dois dire pardon ou bien merci, je garde le silence une minute éternelle pour avoir sauvé mon père qui vous est resté fidèle. Et s’il me regarde aujourd’hui du ciel, il doit me dire : la France est ma patrie ; dans mon cœur, si tu regardes bien petit, il y a l’Algérie

    S. L.

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/11/chanteur-marc-lavoine-deux-algeriens-ont-sauve-pere-de-mort/ 

     

     


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    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Au cours de son allocution d’hier, la présidente du Front national a cité Hélie Denoix de Saint Marc : « Tout se conquiert, tout se mérite ; si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. »

    Né en 1922, mort en 2013, à dix-neuf ans, il entre dans la Résistance. Dénoncé, il est arrêté et déporté à Buchenwald en 1943. Libéré en 1945, il entre à Saint-Cyr, participe à la guerre d’Indochine puis à la guerre d’Algérie. En 1961, commandant en second du 1er régiment étranger parachutiste, il participera au putsch d’Alger. Il sera arrêté, jugé, condamné, emprisonné, déchu de ses droits civils et militaires. Gracié puis réhabilité dans ses droits sous Mitterrand, il sera élevé grand-croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. À ses funérailles religieuses en la cathédrale Saint-Jean de Lyon était présent Gérard Collomb, alors maire socialiste de Lyon.

    Que Marine Le Pen ait emprunté une phrase au commandant de Saint Marc n’a rien d’étonnant. Pas seulement parce que son père servit dans le même régiment que Saint Marc, mais aussi parce que la présidente du Front national n’oublie pas que les nostalgiques de l’Algérie française lui apportent leurs voix lors des élections et surtout depuis qu’elle a proclamé « Je bannirai la date du 19 mars 1962 »

    QUI ETAIT HELIE DENOIX DE SAINT-MARC ? 

    Comme Pétain il avait deux faces : une d’Honneur, l’autre de Déshonneur !!! 

    Hélie Denoix de Saint-Marc qui s’est éteint le lundi 26 août 2013, à l’âge de 91 ans. Entré dans la Résistance en février 1941, il a été déporté en 1943 au camp de Buchenwald. 

    Son nom reste attaché aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Il a notamment été chef de cabinet, chargé des relations avec la presse, du général Massu, pendant la bataille d’Alger en 1957. Lors du putsch d’Alger d’avril 1961, il était commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (REP, Légion étrangère) qui a été le fer de lance du putsch manqué. Condamné le 5 juin 1961 à dix ans de détention criminelle, il a été gracié en décembre 1966. C’est Nicolas Sarkozy qui l’a pleinement réhabilité en le nommant Grand’Croix de la Légion d’honneur en novembre 2011. 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

     

     Le jeudi 8 décembre 2011, Jacques Cros nous faisait parvenir cet article : " Un putschiste a été décoré de la Grand'Croix de la Légion d'honneur, la dignité la plus élevée dans l'Ordre"

    Inquiétant ! 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Le 28 novembre 2011 dans la cour des Invalides 

    On assiste ces derniers temps à une série d’initiatives qui ont apparemment pour objectif de justifier le colonialisme dont la France s’est rendue coupable. Justifier le colonialisme et tout ce qui l’accompagne y compris le putsch des généraux en avril 1961 et l’OAS, organisation terroriste qui est née de son échec. 

    La dernière initiative en date c’est la promotion dans l'ordre de la Légion d'Honneur d'Hélie Denoix de Saint-Marc qui vient de recevoir la distinction de Grand Croix, c'est-à-dire la dignité la plus élevée dans l'Ordre. 

    Qui est Hélie Denoix de Saint-Marc ? Une personnalité certainement complexe, mais ce qui provoque l’indignation devant le fait qu’on lui décerne la Grand Croix de la Légion d’Honneur c’est son comportement lors du putsch des généraux félons à Alger en 1961. 

    A cette date Hélie de Saint Marc est commandant par intérim du 1er REP, le premier régiment étranger de parachutistes. Voici ce qu’écrit Wikipédia : « Dans la nuit le 1er REP, sous les ordres du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, s’empare en trois heures des points stratégiques d’Alger, notamment du Gouvernement général d’Alger, de l’hôtel de ville, de la radio et de l’aéroport d’Alger. » 

    Après l’échec du putsch Hélie Denoix de Saint-Marc se constitue prisonnier, est jugé et condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il passera cinq ans à la prison de Tulle avant d’être gracié par le Général De Gaulle en 1966. 

    C’est donc un putschiste que l’on vient de décorer ! 

    Nous avons pu lire l’allocution qu’a prononcée Bruno Dary, le gouverneur militaire de Paris, à l’occasion de la cérémonie qui s’est déroulée aux Invalides au cours de laquelle sa distinction lui a été remise par Nicolas Sarkozy en personne. 

    Le gouverneur militaire de Paris n’est pas un simple caporal et ce n’est certainement pas un hasard s’il a été choisi pour faire l’éloge du nouveau récipiendaire de la Grand Croix. 

    Bruno Dary n’a pas craint d’ailleurs de terminer son allocution par « chacun de ceux qui sont là, qui vous estiment et qui vous aiment, ont envie de fredonner cette rengaine, désormais entrée dans l’histoire : « Non, rien de rien ! Non, je ne regrette rien ! » 

    Il faut savoir que c’est précisément ce que chantaient, après son échec, les Légionnaires ayant participé au putsch ! 

    Tout un symbole que le rappel de cette rengaine ! Devant l’approfondissement de la crise, le capitalisme n’aurait-il donc que le fascisme comme solution ? 

    Finalement, avec sa position concernant la plaque à la gloire des tueurs de l’OAS, scellée sur une stèle dans un des cimetières de Béziers qu’il refuse de faire enlever, Raymond Couderc ne dépare pas dans le contexte ! 

    Jacques Cros 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    À ses funérailles religieuses en la cathédrale

    Saint-Jean de Lyon était présent Gérard Collomb,

    alors maire socialiste de Lyon.

     

    Jean-François Gavoury s’exprimait ainsi :

    Décès d'Hélie Denoix de Saint-Marc : le sénateur-maire (SOC) de Lyon a salué la mémoire d'un grand humaniste  

    Paris, 30-VIII-2013. 

    Je croyais avoir lu tous les éloges possibles concernant Hélie Denoix de Saint-Marc, décédé le 26 août à La Garde Adhémar (Drôme). 

    L’un des premiers hommages – émanant, le soir-même, du maire de Lyon - m’avait échappé (cf. infra). 

    L’émotion et la tristesse y sont exprimées avec une sincérité qui les rend presque palpables, en relation en tout cas avec les cinq vertus cardinales prêtées au défunt : "honneur", "fidélité", "dignité", "intégrité", "humanisme". 

    Dans son communiqué du même jour (cf. http://www.gollnisch.com/2013/08/26/helie-denoix-saint-marc-grand-patriote), Bruno Gollnisch, président du groupe FN au conseil régional Rhône-Alpes, n’était pas allé aussi loin dans le dithyrambe, évoquant spontanément les risques d’une distinction posthume entre le résistant et l’officier félon. 

    Honneur et fidélité sont des mots que l’on trouve, par ailleurs, dans le communiqué de Christophe Boudot, futur candidat "Bleu Marine" à la mairie de Lyon  aux élections municipales de 2014. 

    Sous la plume du sénateur-maire de Lyon et s’appliquant à Hélie de Saint Marc, ce sont des mots de trop, qui font mal à la République : ils portent une atteinte ignoble à la mémoire des civils et des militaires qui ont payé de leur vie leur loyauté à l’égard des institutions, tombant sous les coups de l’OAS au lendemain du putsch, et, pour certains, reconnus "Morts pour la France". 

    Jean-François Gavoury 

    ANPROMEVO 

     

    Décès d'Hélie Denoix de Saint Marc : réaction

    de Gérard Collomb 

    "Les mots de trop"

    Lundi 26 Août 2013 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Communiqué du maire de Lyon 

    « J’ai appris avec émotion et tristesse la disparition d’Hélie Denoix de Saint Marc. Mes pensées vont vers son épouse, ses enfants, l’ensemble de sa famille à laquelle j’exprime, au nom de la Ville de Lyon, mes plus sincères condoléances. A quelques jours du 69ème anniversaire de la libération de Lyon, je salue la mémoire du Résistant, arrêté en 1943 par la gestapo, puis déporté à Buchenwald avant d’être envoyé au camp de concentration de Langenstein dont il fut un des rares survivants parmi le millier de Français internés. Dans les moments tragiques de la guerre d’Algérie, par fidélité aux hommes qu’il commandait, il fit des choix qu’il assuma toujours avec dignité. C’était un homme d’honneur, une figure d’une extrême intégrité, un être authentique habité d’un humanisme profond. Son ami André Laroche l’avait aidé à s’installer à Lyon, en 1966. Malgré son grand âge, il honorait de sa présence nos cérémonies commémoratives. En 2011, il avait été fait Grand’ Croix de la Légion d’Honneur. Par cette distinction, la nation entendait honorer le Résistant et l’homme. Hélie Denoix de Saint Marc restera dans les mémoires. »

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

     

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire

    extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était

    l'enfer pour les "Oradour-sur-Glane" algériens

     

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradours-sur-Glane algériens

    Le maire affilié FN de Béziers Robert Ménard inaugurait la "rue du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc" le 14 mars 2015.

    L'Algérie, ce "paradis perdu"

    Le bulletin de Ménard, payé par tous les contribuables bittérois, publiait en 2015 un extrait du discours de Robert Ménard du 14 mars 2015, prononcé à l'occasion du changement de nom d'une rue de Béziers. La rue du "19 mars 1962", date des accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie, est devenue, sur décision du maire, celle de la rue Hélie de Saint-Marc, du nom du militaire français partisan de l'Algérie française ayant participé à la tentative de putsch des Généraux en 1961.

    Dans ce discours, intitulé "L'Algérie, ce paradis perdu", le maire, né à Oran en 1953, ne cachait pas sa nostalgie de l'époque où ce pays était encore un département français. Il rappellait ainsi, "faut-il le redire aux révisionnistes de tout poil", que "la présence française en Algérie, ce sont des ports, des aéroports, des routes, des écoles, des hôpitaux", mais aussi "du soleil sur la peau, des éclats de rire sur les plages, des filles à la peau suave, un ciel comme il n'en existe nulle part ailleurs".

    Ce paradis perdu était aussi l’enfer pour ceux que tous les extrémistes de son acabit appelaient les indigènes… les citoyens de seconde zone… les ratons... les bougnouls...

    Pour en finir avec le 8 mai 1945

     et les fours crématoires :

     Les Oradour-sur-Glane algériens

     « Veuillez transmettre aux familles des victimes de l'agression de Sétif la sympathie du général de Gaulle et du gouvernement tout entier. Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l'Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d'une minorité d'agitateurs. Veuillez affirmer que la France garde sa confiance à la masse des Français, musulmans d'Algérie. »  

    Télégramme du général de Gaulle, au gouverneur de l'Algérie le 10 mai 

    Voilà ce qu'écrivait Charles de Gaulle à propos du génocide des Algériens en mai 1945. Je ne suis pas sûr qu'il s'adressait aux familles des Algériens et de fait il ne s'adressait en fait qu'aux Français d'Algérie et donnant des instructions fermes au gouverneur de mater la rébellion.

    La réalité de la révolte

     On sait que le 8 mai 1945 fut pour les Alliés une fête. Celle de la fin de la guerre, de la reddition de l’Allemagne, du suicide d’Hitler. Cette fête vécu en Europe et aux Etats-Unis et dans les colonies notamment chez les colons en Algérie fut un jour sombre pour les vaincus mais aussi un jour à marquer d’une pierre noire pour les Algériens qui connurent à partir de cette date, le pire des massacres de masse et pour reprendre le mot inventé par Raphaël Lemkin, de génocide. La curée dura plusieurs mois et on vit une coalition des colons qui quelques mois plus tôt, étaient tous adeptes du maréchal Pétain, devenir nationalistes, gaullistes et faire assaut de patriotisme en cassant de « l’Arabe » .

    Mieux encore l’armée qui avait une revanche à prendre sur l’histoire , elle qui a été défaite d’une façon honteuse en trois semaines par la Wehrmacht se défoula sur des pauvres hères qui, pensant que le 8 mai c’était aussi celui de la délivrance du colonialisme, défilèrent en brandissant à Sétif -épicentre de la révolte- un drapeau algérien.

    « Le 8 mai 1945 signifie en Europe la fin du nazisme. Il correspond aussi à l'un des moments les plus sanglants de l'histoire nationale. La répression colonialiste venait d'y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d'indépendance. Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer la condition sociale de la population musulmane algérienne colonisée par la France, (...) La fin de la Seconde Guerre mondiale, où pourtant 150.000 Algériens s'étaient engagés dans l'armée aux côtés de De Gaulle. Cela pour les Européens. « On a tiré sur un jeune scout » ! Ce jeune « scout » fut le premier martyr de ces incidents : Saâl Bouzid, 22 ans, venait par son souffle d'indiquer sur la voie du sacrifice la voie de la liberté. »

    John Eric MacLean Carvell, consul général britannique à Alger, envoie de nombreux rapports à l'ambassadeur à Paris. Une note du 23 mai résume ainsi « la cause de la révolte » : « Un policier français a perdu la tête. Je suis certain qu'autant de sang n'aurait pas coulé si les militaires français n'avaient pas été aussi impatients de perpétrer un massacre (...). »

    Les massacres de masse  

    La répression fut terrible au départ des colons qui, pour la plupart ont donné libres cours à une haine accumulée qui s'est matérialisée contre les faibles  : Par un télégramme daté du 11 mai 1945, le général de Gaulle ordonne l'intervention de l'armée sous le commandement du général Duval qui mène une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens. La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, est d'une très grande violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif. L'aviation bombarde et rase des agglomérations kabyles. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. »

    « À la colère légitime des Algériens, la réponse du gouvernement français, dans lequel se trouve,  ne s'est, en tout cas, pas fait attendre en mobilisant toutes les forces de police, de gendarmerie, de l'armée, en envoyant des renforts de CRS et de parachutistes, et même en recrutant des miliciens, qui ne se gênent pas de fusiller des Algériens de tous âges et sans défense. » L'armée française avait planifié l'extermination de milliers d'Algériens. (...) Dès lors, des camions de type GMC continuaient à charger toute personne qui se trouvait sur leur passage. Les milliers d'Algériens furent déchargés depuis les bennes des camions au fond des gorges de Kherrata. Des hélicoptères dénommés « Bananes » survolaient les lieux du massacre pour achever les blessés. Une véritable boucherie humaine allait permettre, plus tard, aux oiseaux charognards d'investir les lieux. Avec la venue de l'été, la chaleur monte... et l'odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d'une pelletée de terre. Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l'aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C'est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu-dit « fontaine chaude » et brûlés dans un four à chaux avec des branches d'oliviers. » (1)

    « La répression se met en place, les tirailleurs sénégalais sont mis à contribution. Des centaines de FFI de la Creuse sont acheminés en Algérie et un pont aérien est mis en place, sans parler des contingents de « Képi Blancs » venant de Sidi Bel Abbès. Les P-38 et B-26 font plus de 300 sorties de bombardements et de mitraillage sur les mechta des « rebelles » On sait tous que la « pacification » continuera encore plusieurs jours, donc le décompte à ce moment-là est loin d'être définitif et fiable. »

    « La répression prend fin officiellement le 22 mai. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en choeur : ' Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien '. Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque voiture. »

    « Des hommes de tous âges, des femmes aussi, furent ainsi conduits dans un de ces endroits, le lieu-dit Kef El Boumba, et aux fours à chaux de la ferme de Marcel Lavie où de nombreux corps furent incinérés. « 500 corps de musulmans fusillés ». Des prisonniers italiens qui travaillaient pour ce colon avaient brûlé les cadavres dans des bûchers en bois d'oliviers. »


    La conspiration du silence des médias unanimes

    Les Algériens n'eurent pas de chance !! Tout le monde se ligua contre eux, même les prisonniers allemands et italiens qui participèrent au massacre armés par les colons. On sait que tout le spectre politique a fait l'unanimité. Cette omerta dura longtemps après tout. Il n’y avait pas de presse objective, il n’y avait pas de parti , il n’y avait pas d’organisation syndicales pour décrire l’horreur et dire leur déni de ces actes barbares : Il ne s’agissait après tout que d’indigènes et la dignité humaine ne s’applique pas à eux. De plus tout ce beau monde misait sur la rapidité de la punition, la non divulgation des meurtres de masse et l’oubli.

    Comme l'écrit le journaliste Salah Guemriche qui rapporte une contribution de quelqu'un qui était sur les lieux, contribution qui fut en son temps et même pendant longtemps après les massacres de masse, systématiquement refusée : « Durant des décennies écrit-il, depuis 1985 (40e « anniversaire »), cette tribune avait, dans une version courte, été proposée à plusieurs journaux français. Aucun n'en avait voulu. Pour cause 'd'actualité surchargée'' ou, m'écrivit deux années de suite la rédaction-en-chef du Monde, parce que 'le sujet avait déjà été traité plusieurs fois.(sic) Pour les médias d'alors, il ne faisait aucun doute qu'à l'origine de ces émeutes il y avait la sécheresse et la famine. Aucun journal n'eut l'idée de mener sa propre enquête. C'est ainsi que l'opinion publique accueillit sans états d'âme la version gouvernementale du ' complot antirépublicain'', une thèse qui faisait fi des faits établis, même partiellement, par le rapport du général Tubert : la mission du même nom, rappelée trop tôt à Paris par le général de Gaulle, n'aura pas l'occasion d'entendre Marcel Reggui, ni de lire sa scrupuleuse enquête, menée à chaud, sur la répression aveugle. »

    Salah Guemriche nous présente justement, ce témoin privilégié de cette folie meurtrière : « Mahmoud-Marcel Reggui, né en 1905 à Guelma, était un Français « d'origine musulmane. » L'homme était peu suspect de nationalisme, et croyait sincèrement aux vertus de l'assimilation. Son enquête, d'une minutie impressionnante, restera durant soixante ans au fond d'un tiroir, avant d'être exhumée en 2006 par Pierre Amrouche. Pourquoi si tard ? » « A l'origine des massacres, confirme l'enquête, fut cette marche pacifique et sans armes (contrairement à ce que soutiendra la presse, de concert avec la rumeur) qui se déroula le jour même des célébrations de la victoire sur le nazisme : ' Il était 18h quand le cortège s'ébranla... Partis de la ville haute, (les manifestants) se dirigeaient vers le monument aux morts pour y déposer plusieurs gerbes de fleurs. Ils arboraient les drapeaux des Alliés, de la France, de l'Algérie autonome et des pancartes : Vive la démocratie ! '' Vive l'Algérie ! ; Libérez Messali ! ; Vive la Charte de l'Atlantique ! ; A bas le colonialisme ! ''. »

    Salah Guemriche nous décrit la chape de plomb de l’information si ce n’est de se liguer contre ces épaves humaines en mettant en œuvre la théorie du complot contre la République : « Ces slogans n'apparaîtront dans aucun compte-rendu de presse, et seront ignorés par la classe politique, à gauche comme à droite : on insistera plutôt sur la présence d' 'agitateurs arabes'' (Libération, 12 mai 1945), des ' milices vichyssoises'' (L'Humanité, 16 mai), alors que le Parisien libéré (17 mai), entre un article de Vercors (Après la victoire, le combat contre soi-même'') Le 15 mai, sous le titre Les troubles d'Algérie, le journal La Croix évoque des 'difficultés de ravitaillement chez les tribus berbères frustes et misérables''. (...). Les résistances rencontrées par le documentariste Mehdi Lallaoui, tout au long de son travail d'investigation, en disent long sur l'entreprise d'occultation et le fameux malaise qui a grevé l'inconscient collectif de trois générations de journalistes et d'intellectuels connus par ailleurs pour leurs engagements humanitaires et leurs exigences d'un devoir de mémoire sans frontières. » Même le journal Le Monde reprit en déformant les informations du journal La Croix :

    « Le souvenir de ces massacres avait, certes, de quoi troubler durablement les consciences. Pour la simple raison que notre 8 mai 45 a le ' tort ' d'avoir eu lieu le 8 mai 45 : le jour même où la France et les Alliés fêtaient leur victoire sur la barbarie nazie ! Or, que nous disent les témoins de Marcel Reggui ? Que du soir au matin, à l'annonce de la visite du ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier (qui n'aura lieu que le 26 juin), ' on empilait dans les fours à chaux (des minoteries Lavie, à Héliopolis, près de Guelma) les corps (déterrés) des fusillés... Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L'odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d'interroger les habitants de l'endroit. C'est pour cette raison que nous n'avons jamais pu retrouver les corps de ma soeur et de mon frère cadet.. »

     

    Le nombre de suppliciés morts sans sépulture 

    Aucun chiffre ne peut être établi s’agissant des victimes algériennes le chiffre allant de 1000 à 80.000. Par contre on connait le nombre et l’identité des victimes européennes : « Le nombre de victimes ' européennes ' est à peu près admis et s'élève officiellement à 102 morts et 110 blessés (rapport officiel de la commission Tubert de 1945). Le gouverneur général de l'Algérie fixa par la suite le nombre des musulmans tués à 1165 et 14 soldats, 4500 arrestations, 89 condamnations à mort dont 22 exécutées. Par la suite, André Prenant, géographe spécialiste de la démographie algérienne, se rendant sur les lieux en 1948, fixe le nombre de victimes à 20.000. Le professeur Henri Aboulker avait à l'époque estimé le bilan proche de 30.000 morts. Le consul général américain à Alger de l'époque a établi le nombre de victimes indigènes par la répression de l'armée à 40.000. »

    « Le général Tubert, parle de sanglante répression aveugle'' (qu'il considère) comme une erreur aveugle. La raison d'Etat, la commodité d'une répression aveugle et massive permettant de châtier quelques coupables parmi les milliers d'innocents massacrés, l'immunité de fait'' couvrant, par exemple, le sous-préfet Achiari qui, plusieurs jours après le 8 mai 1945 à Sétif..., fit délibérément arrêter et fusiller, sans autre forme de procès, des musulmans... dont les familles réclament en vain une enquête, un jugement ou une simple explication. »

    Les massacres du 8 mai 1945 : des centaines d’Oradour-sur-Glane

    Ce n'est pas entretenir une concurrence des mémoires que de faire, au moins, un parallèle entre ces massacres et ceux commis par l'armée d'occupation allemande, des habitants du village français d'Oradour-sur-Glane Rappelons que la Division Das Reich tua 642 personnes après les avoir enfermées dans une église le 10 juin 1944. Les devoirs de mémoire ne doivent pas être pour autant convulsifs. Il ne s'agit pas de réécrire l'histoire, mais de faire le rappel que la présence coloniale de la France en Algérie a généré des dérives et des atrocités.

    Lors de la commémoration de cet évènement en septembre 2013 le président Hollande déclare « Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier, a lancé le président français à son homologue allemand. Le président allemand Joachim Gauck venu participer à la commémoration déclare : « Je vous regarde, monsieur Hollande, je regarde les familles des victimes assassinées, je voudrais tous vous remercier au nom des Allemands de venir au-devant de nous avec cette volonté de réconciliation. Je ne l'oublierai jamais. (...) Si je regarde dans les yeux ceux qui portent l'empreinte de ce crime, je partage votre amertume par rapport au fait que des assassins n'ont pas eu à rendre de comptes ; votre amertume est la mienne, je l'emporte avec moi en Allemagne et je ne resterai pas muet. »

    En Algérie la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité se fait à dose homéopathique après les paroles de l'ambassadeur de la France en 2005, le gouvernement Hollande nous propose un ersatz de reconnaissance des crimes de la République française le secrétaire d'État aux Anciens Combattants Jean-Marc Todeschini qui a participé le 19 avril 2015 aux commémorations des massacres : « En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta. » Ce n’est ni suffisant ni honnête !

    Pourquoi les Etats-Unis ont eu le courage de regarder le Vietnam en face ? C'est tout le bréviaire de la colonisation qui est en accusation. Des Oradour-sur-Glane l'Algérie en a connu, des milliers, les plus tragiques eurent justement lieu en mai- juin 1845 avec les tragiques et inexcusables 'enfumades'' du Dahra ; des bouchers s'illustrèrent. Ils devinrent même maréchaux de France à l'instar de Saint Arnaud dont Victor Hugo a pu dire pour le décrire : « Il avait les états de service d'un chacal. »

    Du fait que ces faits sont imprescriptibles on se prend à rêver d'un tribunal qui rendrait justice aux morts et qui apporterait la paix aux vivants. Un tribunal à l'instar de ce que font les chasseurs de nazis, qui ont arrêté Klaus Barbie, fait condamner à 10 ans de prison le triste Maurice Papon qui eut une responsabilité dans la déportation des juifs. Le même Papon qui ne fut pas jugé pour le massacre des Algériens quinze ans plus tard en tant que préfet de Paris le 17 octobre 1961 . Souvenons du fameux slogan : « Avec Papon plus de ratons ».

    A quand un tribunal qui jugerait même à titre posthume les Bigeard, les Achiary, les Bugeaud, tous les Aussarresses qui ont martyrisé l'Algérie. A quand un tribunal type Russel et, où sont les Klarsfeld algériens capables de poursuivre les criminels de guerre même si leur gouvernement les a absous ?

     On pense que la révolution de 1954 a commencé en 1945, ceci pour conforter la phrase du boucher du Constantinois le général Duval : « Je vous ai donné la paix pour dix ans. » La révolution de Novembre 1954 a commencé le 5 juillet 1830. En l'occurrence tout reste à faire pour l'apaisement qui passe par la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité. Les Algériens sont moins intéressés par des dédommagements que par une reconnaissance du fait que la colonisation fut abjecte inhumaine et qu’elle ne fut pas, loin s’en faut, une œuvre positive

    Ces mots simples de Simone Veil (qui va entrer au Panthéon le 1er juillet prochain) résument mieux que mille discours la réalité et l’ignominie de la colonisation. « Je n'oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j'ai senti et compris la tragédie de la colonisation. [...] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir à leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'Etat français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom. » Tout est dit.

     


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    Voici la vidéo qu’il nous manquait

    remercions Gilles Manceron

     de nous l’avoir signalée

    Montage réalisé pour ce site à partir de l’enregistrement fait sur son smartphone par Pierre Mansat, président de l’Association Maurice Audin, de la conférence de presse donnée le le 14 février à l’Assemblée nationale par les députés Sébastien Jumel, PCF, et Cédric Villani, LREM, avec Josette Audin.

    Affaire Maurice Audin

     Conférence de presse du 14 février 2018.

    Deux députés, Cédric Villani (LREM) et Sébastien Jumel (PCF), ont uni leurs forces le mercredi 14 février pour demander à Emmanuel Macron "la reconnaissance officielle de l'assassinat de Maurice Audin par l'armée française" à l'occasion du 86e anniversaire mercredi de la naissance du mathématicien communiste, disparu à Alger en juin 1957.

    "L'initiative vise à obtenir une reconnaissance officielle devant l'opinion et, je me permets de le dire, l'engagement de la responsabilité de l'Etat dans la disparition et l'assassinat de Maurice Audin", a déclaré l'élu communiste de Seine-Maritime, lors de cette conférence presse à laquelle participaient également la veuve du mathématicien, Josette Audin, et son fils Pierre.
     


     

     

    Affaire Audin :

     

     

    le témoignage

     

     

     qui relance l’exigence

     

     

    de vérité

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

    Parcours "Maurice Audin" d'Ernest Pignon Ernest, d'Alger 2003.

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

     

    Une conférence de presse a eu lieu le mercredi 14 février 2018 à l’Assemblée pour réclamer la reconnaissance du crime d’État.

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

     

    « Je crois que c’est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin. » Jacques Jubier (1) à la voix un peu tremblante. Il hésite, regarde autour de lui. Mais il veut témoigner. Comme près de deux millions d’appelés, il avait préféré oublier, se taire « pour protéger (sa) famille ». Et puis, le temps a fait son œuvre. Et la peur de « représailles » de la Grande Muette s’est dissipée. C’est l’entretien publié dans nos colonnes, le 28 janvier, avec le mathématicien Cédric Villani qui l’a convaincu. Si un député de la majorité est déterminé à faire reconnaître la responsabilité de l’État français dans l’assassinat, en juin 1957, du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, c’est que les langues peuvent commencer à se délier… Et l’exigence d’une reconnaissance de ce crime d’État, bientôt aboutir. Avec « l’affaire » Maurice Audin, c’est la pratique généralisée de la torture pendant la guerre d’Algérie qui refait surface. Une sauvagerie institutionnalisée, dont le refoulement a rongé comme une gangrène la société française. Mais les mécanismes de fabrication de l’oubli finissent toujours par céder. Ce nouveau témoignage en est la preuve. 

    SOURCE : https://www.humanite.fr/affaire-audin-le-temoignage-qui-relance-lexigence-de-verite-650504 

    Témoignage. « Une saloperie

     de communiste, il faut le faire disparaître »

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

    Une cabane du camp perché sur les hauteurs de Fondouk : « C’est ici qu’ils torturaient les Algériens. » 1957, à Fondouk, défilé du 14 Juillet devant les anciens combattants algériens de 14-18 et 39-45. Collection personnelle

     

    Le témoignage d’un ancien appelé, qui pense avoir « enterré » le corps de Maurice Audin, torturé par l’armée française en juin 1957, relance l’exigence de vérité et ravive les horreurs d’une guerre dont l’État français n’a toujours pas assumé sa responsabilité.

    Alors que la capitale est engourdie par la neige, Jacques Jubier, 82 ans, a fait le voyage depuis Lyon pour soulager sa conscience et « se rendre utile pour la famille Audin », assure-t-il. Son histoire est d’abord celle du destin de toute une génération de jeunes appelés dont la vie a basculé du jour au lendemain. En 1955, après le vote « des pouvoirs spéciaux », le contingent est envoyé massivement en Algérie. Jacques n’a que 21 ans. Fils d’un ouvrier communiste, résistant sous l’occupation nazie en Isère, il est tourneur-aléseur dans un atelier d’entretien avant d’être incorporé, le 15 décembre 1955. Un mois plus tard, le jeune caporal prendra le bateau pour l’Algérie, afin d’assurer des « opérations de pacification », lui assure l’armée française. Sur l’autre rive de la Méditerranée, il découvre la guerre. Les patrouilles, les embuscades, les accrochages avec les « fels », la solitude, et surtout, la peur, permanente. Cette « guerre sans nom », il y participe en intégrant une section dans un camp perché sur les collines, sur les hauteurs de Fondouk, devenue aujourd’hui Khemis El Khechna, une petite ville située à 30 kilomètres à l’est d’Alger. Jacques Jubier nous tend son livret militaire, puis les photographies que l’armée française n’a pas censurées : d’abord, des paysages sublimes de montagnes et vallées, où on aperçoit le barrage du Hamiz, qui draine l’extrémité orientale de la grande plaine algéroise.

    « Il y avait des volontaires pour la torture

     qui ne se faisaient pas prier »

    Quelques clichés de ce camp isolé ont échappé à la censure. Sur l’un d’entre eux, un Algérien tient à peine sur ses jambes aux côtés de cinq jeunes soldats, une pelle à la main, qui sourient. Jacques est l’un d’eux. En arrière-plan, on distingue une cabane en troncs et ciment. « C’est ici qu’ils torturaient les Algériens, explique-t-il. Moi, au début, je les appelais “les partisans”, et puis j’ai vite compris qu’il fallait que j’arrête. » Pendant des mois, la bière est le seul « divertissement » de jeunes soldats qui s’interrogent encore sur ces étranges opérations de « pacification ». « On a vite compris de quoi il s’agissait. Il y avait des volontaires pour la torture. Certains ne se faisaient pas prier. Moi, j’ai refusé. Mon capitaine n’a pas insisté », assure-t-il. Mais il a vu, aux premières loges, le conditionnement, puis l’engrenage de la violence, individuelle et collective.

    « Un trou était creusé dans le sol du camp, où les prisonniers étaient détenus entre deux séances de torture, raconte-t-il. Ils ne repartaient jamais vivants. C’était le principe. Les soldats ne se rendaient pas compte de l’horreur de ces exactions. On était conditionnés, mais nous ne réagissions pas tous de la même manière. J’ai vu des choses horribles que je n’ai jamais oubliées : la gégène, mais bien pire encore. » Dans cette guerre de renseignements, les appelés ont très vite été encouragés à commettre des exécutions sommaires et des actes de torture, avec le sentiment d’obéir à des ordres et donc de servir leur pays. Dès le début, non seulement les gouvernements savaient, mais couvraient et légiféraient.

    « Une scène m’a longtemps hanté, confie-t-il avec émotion. Un petit Kabyle de 14-15 ans n’avait pas été jeté dans la fosse avec les autres Algériens. Les soldats français pensaient que ce gamin allait les aider à faire parler les autres. Mais il était devenu trop encombrant. Un jour, on part en patrouille et le capitaine l’emmène avec nous. Il s’arrête au milieu de la route et lui dit qu’il peut partir. Le petit refuse d’abord, comme s’il sentait quelque chose… et puis, il s’est enfui en courant. Ils lui ont tiré dessus avec un fusil-mitrailleur. Il a pris des rafales, est tombé à terre. Il n’était pas mort. Je revois cette scène comme si c’était hier. Le capitaine a dit aux gars : achevez-le ! Et là, j’ai vu des sauvages, ils s’y sont mis à plusieurs. Et encore, c’étaient des gars du contingent, donc vous imaginez les paras… Ils lui ont éclaté la cervelle. C’était une scène d’horreur. Je me souviens de ses grands yeux clairs qui regardaient vers le ciel… Des sauvages… »

    « Là-bas, les gars devenaient comme des animaux »

    Déserter ? « C’était impossible ! Chaque soir, j’appréhendais ce qu’on allait me demander de faire le lendemain. Comme les Algériens ne sortaient jamais vivants du camp, il fallait, pour l’armée, se débarrasser des corps. On m’a donc demandé de les charger dans un GMC (véhicule de l’armée), bâché, et on devait les abandonner devant les fermes. Je ne sais pas ce que les habitants en faisaient, une fois qu’ils les trouvaient, ils devaient les enterrer sur place. Moi, je voulais du respect pour les morts. Certains osaient même fouiller les corps pour trouver trois pièces. Là-bas, les gars devenaient comme des animaux. »

    Si Jacques ne songe pas à la désertion, il fait valoir une blessure au genou et finit par être muté à la compagnie de commandement pour l’entretien des véhicules dans la ville de Fondouk. C’est ici que, un après-midi du mois d’août, un adjudant de la compagnie lui demande de bâcher un camion : « Un lieutenant va venir et tu te mettras à son service. Et tu feras TOUT ce qu’il te dira. » Le lendemain matin, le temps est brumeux et le ciel bas quand un homme « au physique athlétique » s’avance vers lui, habillé d’un pantalon de civil mais arborant un blouson militaire et un béret vissé sur la tête. C’était un parachutiste. « On va accomplir une mission secret-défense, me dit le gars. Il me demande si je suis habile pour faire des marches arrière. Puis, si j’ai déjà vu des morts. Puis, si j’en ai touché, etc. » « Malheureusement oui », relate l’ancien appelé. « C’est bien », lui répond le para, qui le guide pour sortir de Fondouk et lui demande de s’arrêter devant une ferme. « Est-ce que tu as des gants ? Tu en auras besoin… » Jacques s’arrête à sa demande devant l’immense portail d’une ferme assez cossue qui semble abandonnée. Il plisse les yeux pour en décrire le moindre détail qui permettrait aujourd’hui de l’identifier. « Descends et viens m’aider ! » lui lance le para, dont il apprendra l’identité bien plus tard : il s’agirait de Gérard Garcet, choisi par le sinistre général Aussaresses pour recruter les parachutistes chargés des basses besognes. Le même qui fut, plus tard, désigné par ses supérieurs comme l’assassin de Maurice Audin…

    « On les a passés à la lampe à souder

     pour qu’ils ne soient pas identifiés »

    Le tortionnaire ouvre une cabane fermée à clé, dans laquelle deux cadavres enroulés dans des draps sont cachés sous la paille. « J’ai d’abord l’impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon », se souvient Jacques, à qui Gérard Garcet raconte, fièrement, les détails sordides : « On les a passés à la lampe à souder. On a insisté sur les pieds et les mains pour éviter qu’on puisse les identifier. Ces gars qu’on tient au chaud depuis un bout de temps, il faut maintenant qu’on s’en débarrasse. C’est une grosse prise. Il ne faut jamais que leurs corps soient retrouvés. » « C’est des gens importants ? » lui demande le jeune appelé. « Oui, c’est le frère de Ben Bella et l’autre, une saloperie de communiste. Il faut les faire disparaître. » Un sinistre dialogue que Jacques relate des sanglots dans la voix. C’est qu’il est aujourd’hui certain qu’il s’agissait bien de Maurice Audin. Quant à l’autre corps, il est impossible qu’il s’agisse d’un membre de la famille d’Ahmed Ben Bella, l’un des chefs historiques et initiateurs du Front de libération nationale (FLN). Sans doute un dirigeant du FLN, proche de Ben Bella… À moins que Garcet n’ait affabulé ? « Je ne crois vraiment pas. Vous savez, ces hommes-là, ils se croyaient dans leur bon droit. »

    « Après les avoir enterrés, on a repris la route au nord du barrage du Hamid, poursuit-il. Je ne disais pas un mot. Après vingt minutes de trajet environ, on s’est arrêtés devant un portail. Il n’était pas cadenassé, celui-là. Ça m’a étonné. Au milieu de la ferme, il y avait une sorte de cabane sans toit avec des paravents, comme un enclos entouré de bâches. Il m’a demandé d’attendre. Quand il a ouvert la bâche : quatre civils algériens avaient les yeux bandés et les mains attachées dans le dos. Ils leur avaient fait creuser un énorme trou, qui faisait au moins 4 mètres de profondeur. Dans le fond, j’ai aperçu des seaux, des pioches et une échelle. Il m’a demandé de recouvrir les deux cadavres. Ce que j’ai fait. D’abord il m’a félicité. Puis, me dit de n’en parler à personne, que j’aurais de gros ennuis si je parle. Et ma famille aussi. Il me menace. On est rentrés à Fondouk et il me demande de le déposer devant les halles du marché. »

    Inciter les derniers témoins à parler

    Et puis, Jacques a oublié, pour continuer à vivre. Comme toute une génération marquée à vie, murée dans le silence et la honte, il n’a pas parlé. Ni de cette nuit-là, ni du reste. Dans la Question, Henri Alleg relate un dialogue avec ses bourreaux à qu’il dit, épuisé par la torture : « On saura comment je suis mort. » Le tortionnaire lui réplique : « Non, personne n’en saura rien. » « Si, répondit Henri Alleg, tout se sait toujours… »

    La recherche de la vérité, entamée à Alger par Josette Audin et relayée en France, n’est toujours pas terminée, plus de soixante ans après les faits. Le récit de Jacques permettra-t-il de recoller certains morceaux du puzzle ? Et d’inciter les derniers témoins à parler ? Si son témoignage, qui a été transmis à la famille Audin, ne fait pas de doute sur sa sincérité et que le faisceau de coïncidences est troublant, il n’existe qu’une chance infime pour qu’il s’agisse bien de Maurice Audin. « Comme dans toutes les disparitions, l’absence du corps de la victime empêche d’y mettre un point final et rend impossible la cicatrisation des plaies de ceux que la disparition a fait souffrir », explique Sylvie Thénault. Pour l’historienne (2), qui a travaillé avec la famille Audin, ce témoignage, comme les révélations qui ont émergé dans les années 2011-2014, ont des fragilités inhérentes à leur caractère tardif. « Mais il est possible d’imaginer qu’un jour un document émerge, contenant un élément nouveau qui, telle une pièce manquante à un puzzle, viendrait conforter l’une ou l’autre des hypothèses envisageables, voire en prouver une au détriment des autres. » Peut-être que, comme l’affirmait Benjamin Stora dans la Gangrène et l’oubli, l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie ne fait que re-commencer.

    (1) Le témoin a souhaité garder l’anonymat mais « se tient à la disposition de la famille Audin ». (2) « La disparition de Maurice Audin. Les historiens à l’épreuve d’une enquête impossible (1957-2004) », Histoire@Politique. Sylvie Thénault. Lire aussi de la même auteure, Histoire de la guerre d’indépendance algérienne, Flammarion. 2005

    Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité.

    Maud Vergnol 

    Chef de la rubrique Politique

    SOURCE : https://www.humanite.fr/temoignage-une-saloperie-de-communiste-il-faut-le-faire-disparaitre-650503 

     


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  • Rassemblement national", trop proche de "Rassemblement national populaire", ancien parti collaborationniste ?

    Le nouveau nom proposé par la présidente du FN se heurte à des obstacles symboliques et techniques.

    Par Romain Herreros  

    L'histoire aura duré des mois, pour au final ne changer qu'un seul mot. En congrès à Lille ce dimanche 11 mars, Marine Le Pen a proposé que le Front national soit rebaptisé "Rassemblement national". "Il doit être un cri de ralliement pour tous ceux qui ont la France au cœur", a lancé la présidente du FN.

    Si ses lieutenants font déjà le tour des micros pour faire le service après-vente de cette nouvelle appellation (qui doit être ratifiée par les adhérents), la proposition de Marine Le Pen a de quoi laisser perplexe. Sur le plan politique d'abord, pas sûr que cette appellation corresponde aux objectifs de la "refondation". Le terme a déjà été utilisé par le Front national en... 1986. Il s'agissait du nom du groupe parlementaire frontiste à l'Assemblée nationale entre 1986 et 1988, "Front national-Rassemblement national".

    Trente ans plus tôt, le Rassemblement national avait déjà été le nom d'un parti, alors présidé par l'avocat d'extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour... dont la campagne présidentielle en 1965 avait été dirigée par Jean-Marie Le Pen (qui a été déchu de sa présidence d'honneur aujourd'hui).

    "Rassemblement national", trop proche de "Rassemblement national populaire", ancien parti collaborationniste ?

    En remontant un peu plus dans l'histoire, on tombe sur le "Rassemblement national populaire". Fondé en 1941 par le collaborationniste Marcel Déat, ce parti avait pour principal projet de "protéger la race" et de collaborer avec l'Allemagne nazie. L'emblème utilisée par cette formation est par ailleurs assez éloquente en la matière.

    "Rassemblement national", trop proche de "Rassemblement national populaire", ancien parti collaborationniste ?

    Ci-dessous, un document d'époque sur ce parti qui voulait que "les mots d'ordre du maréchal Pétain deviennent une réalité vivante". Avant de dévoiler sa proposition, Marine Le Pen a assuré avoir "beaucoup réfléchi" et "beaucoup consulté". C'est donc en parfaite connaissance de cause qu'elle a formulé sa proposition.

    SOURCE : https://www.huffingtonpost.fr/2018/03/11/rassemblement-national-trop-proche-de-rassemblement-national-populaire-ancien-parti-collaborationniste_a_23382664/?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001 

    "Rassemblement national", trop proche de "Rassemblement national populaire", ancien parti collaborationniste ?

    OUF !!! LA FLAMME EST CONSERVée alors chantons gaiement… 

     


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  • Sur le site de nostalgiques extrémistes de l’Algérie française « Riposte Laïque » l’auteur de « J’accuse de Gaulle » se fait traiter de menteur et d’écrivaillon par un ancien officier de l’ALN pour avoir écrit l’article que vous pourrez consulter en cliquant sur le lien ci-dessous :

    https://ripostelaique.com/9-mars-1962-des-centaines-de-soldats-francais-sacrifies-pour-accelerer-les-accords-devian.html 

    Un ancien officier de l’ALN corrige

    les mensonges d’un journaliste français

    Un soldat français blessé durant la Guerre d'Algérie. D. R. 

    Par Kamel M. – Un ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN), sollicité par Algeriepatriotique, a répondu aux affabulations d’un journaliste et écrivain français sur la bataille de Souk-Ahras. Manuel Gomez, qui fut engagé par Albert Camus au quotidien Alger Républicain, a affirmé, dans un récent article paru sur un site nostalgique de l’Algérie française, qu’«une unité de jeunes appelés métropolitains» aurait été «sacrifiée» par De Gaulle en Algérie au moment des négociations d’Evian.

    L’auteur de J’accuse De Gaulle raconte que «dix jours avant la signature des accords d’Evian, l’armée française allait commettre, sur ordre de De Gaulle et de son gouvernement, la plus odieuse forfaiture de son histoire», accusant «le chef de l’Etat français» d’avoir «laissé massacrer une unité d’infanterie composée essentiellement de jeunes appelés du contingent, basée non loin de Souk-Ahras, dans l’Est algérien, face au village tunisien de Sakiet Sidi Youssef». Selon cet ancien chef de rubrique au journal colonial La Dépêche, le gouvernement français qui cherchait à «amadouer les dirigeants nationalistes», c’est-à-dire le FLN, aurait «décidé, quelques jours plus tôt, un cessez-le-feu unilatéral» et aurait donc donné ordre aux soldats français stationnés en Algérie de rester l’arme au pied.

    «C’est complètement faux !» rétorque l’ancien officier de l’ALN. «Il est vrai, néanmoins, que les combats ont continué et se sont intensifiés du 6 au 13 mars 1962, particulièrement dans la zone nord commandée par Abderrahamane Bensalem, secondé par Abdelkader Chabou et Ahmed Ben Ahmed Abdelghani». Notre source explique que la zone nord comprenait la région de Souk-Ahras comprise jusqu’à El-Kala, ajoutant que lui-même a perdu, durant cette période précisément, près de soixante hommes dans le secteur appelé «Bec de canard», face à Bouhadjar, prouvant ainsi que l’armée française n’a jamais reçu ordre de cesser le combat.

    L’ancien officier de l’ALN dément une autre allégation de Manuel Gomez. «Jamais au grand jamais le territoire tunisien ne fut utilisé comme théâtre de combat ; l’ALN faisait un point d’honneur de n’agir qu’à partir du territoire algérien», a-t-il confié.

    «La bataille de Souk-Ahras s’est déroulée au courant du mois de mai 1958, tandis que l’auteur de ces balivernes parle de 1962», corrige notre source, qui indique que «l’ALN avait déclenché des attaques tout le long de cette zone» et que si les Français se sont mal défendus, «ce n’est pas faute d’interdiction de réagir de leurs responsables mais par manque de combativité». «Le prétexte de cet écrivaillon est un abus de faiblesse de sa part», conclut l’ancien officier de l’ALN.

    K. M. 

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/10/ancien-officier-de-laln-corrige-mensonges-dun-journaliste-francais/ 

     

     


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