• Béziers a son shérif il s'appelle Ménard, voilà que Chalon-sur-Saône a le sien, il s'appelle Platret, chacun à leur façon ils cherchent à stigmatiser les musulmans

    Béziers a son shériff il s'appelle Ménard, voilà

    que Chalon-sur-Saône a le sien, il s'appelle Platret

    chacun à leur façon ils cherchent à stigmatiser

    les musulmans

    Je ne veux pas en rajouter beaucoup, de nombreux médias se sont déplacés à Chalon-sur-Saône et ont commenté cette lamentable affaire. Toute la presse locale et nationale a aussi largement exposé cette décision du maire de la droite extrême et de son Conseil municipal.

    Il faut se rappeler que son grand ami Sarkozy était venu dans cette ville en février dernier et c'est ce dernier qui a dû lui souffler dans l'oreille (extrême) de faire ce coup de com' à la manière de Ménard et peut-être lui a-t-il promis une place ministérielle au cas où... mais nous n'en sommes pas encore là...

    La presse locale titre "Du porc pour tous les lardons" heureusement qu'elle n'a pas mis "ratons"... mais certains n'en pensent pas moins... j'en connais...

    Michel Dandelot


    Chalon-sur-Saône : fin du menu de substitution dans les cantines


    votre commentaire
  • Affaire de la disparition de Maurice Audin  Le général Schmitt en sait-il plus   qu’il ne veut le dire ?

    Affaire de la disparition de Maurice Audin

    Le général Schmitt en sait-il plus

     qu’il ne veut le dire ?

    Henri Pouillot était de nouveau, mardi dernier, à la barre du tribunal de Marseille au sujet de l’affaire de la disparition de Maurice Audin en juin 1957. Le militant de la cause algérienne était poursuivi pour diffamation par le général Maurice Schmitt. L’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 3 novembre prochain.

    - Pourquoi aujourd’hui, bientôt 60 ans après sa disparition, continuer de parler de l’affaire Audin ? Pourquoi pour vous est-ce important ? 

    La vérité sur la disparition et l’assassinat de Maurice Audin n’est toujours pas connue, même si quelques éléments ont progressé. On ne connaît pas avec exactitude qui en est l’auteur ni ce qu’est devenu le corps. Sur ces différents éléments, il y a des informations, quelques pistes qui ont un peu avancé.

    Il y a en particulier les documents qu’a récupérés la journaliste Nathalie Funès à Stanford, en Californie, où elle a découvert les carnets du colonel Godard indiquant un certain nombre de choses. Il y a les confidences d’Aussaresses qui complètent ce tableau et enfin le communiqué de l’Elysée du 17 juin 2014 qui, dans une phrase importante, indique qu’en fonction des témoignages, Maurice Audin ne s’est pas évadé mais qu’il est mort en détention.

    Cette version remet en cause l’aspect de l’évasion, restée jusqu’à présent la version officielle. C’est important que cela soit remis en cause au plus haut sommet de l’Etat. Par contre, ce qui est dommage, c’est qu’on ignore qui sont les témoins qui se sont exprimés à ce sujet et les documents concordants dont parle alors l’Elysée. Pour le reste, on ignore comme il est mort. Une crise cardiaque à 25 ans, ou s’il a été assassiné comme c’est vraisemblable.

    - Vous, à titre personnel, qu’est-ce qui vous anime jusqu’à devoir répondre devant le tribunal au sujet de cette affaire Audin ? 

    Depuis mon passage à la villa Sesini où j’ai exercé de fin juin 1961 à mars 1962, le problème de la torture est pour moi un sujet important. En mars 2014, j’étais un des 171 signataires d’une pétition exigeant la vérité sur la mort d’Audin. Pour moi, il est capital d’éclaircir complètement ce dossier.

    Que pensez-vous justement de l’attaque frontale du général Schmitt qui vous a poursuivi par trois fois devant les tribunaux ? C’est le dernier rideau de ceux qui veulent maintenir l’opacité ? 

    D’une part Schmitt s’est toujours présenté comme le porte-parole, le représentant officiel des officiers durant la Guerre d’Algérie. C’est lui qui était intervenu es-qualité dans les débats de 2002 après le film de Patrick Rotman sur cette question,  L’Ennemi intime, violences dans la guerre d’Algérie) et il est intervenu à d’autres reprises. Il a publié par la suite le livre Alger 1957 : une victoire sur le terrorisme, pour donner sa version de la Bataille d’Alger et en particulier sa participation dans cette phase. Ensuite, son deuxième livre, publié en 2008, Deuxième Bataille d’Alger, la bataille judiciaire, où il décortique les procès qu’il a eus, dont celui contre moi à Marseille, en 2004.

    - Pensez-vous que le général Maurice Schmitt sait beaucoup plus de choses que ce qu’il veut bloquer via les appels aux tribunaux, contre vous notamment ? 

    Oui, cela me paraît évident. Je pense que compte tenu de ma lettre ouverte adressée à M. De Villiers qui est le chef d’état-major, à la suite justement du communiqué de François Hollande en juin 2014, au sujet de témoins qui auraient apporté des éléments probants sur la fin d’Audin, je cite trois personnes concrètes, dont Schmitt qui, s’il n’est pas impliqué dans l’assassinat puisqu’il était alors en fonction à Sidi Ferruch, donne des éléments qui laissent entendre, dans ses livres, qu’il connaît particulièrement bien, de par ses contacts, ce qui s’est passé.

    Quand il prend ses fonctions d’officier chargé du renseignement et de l’action, le 20 juillet 1957, il doit enquêter sur les attentats des 3 et 8 juin 1957. Il se trouvait donc à Alger à ce moment là puisqu’il écrit, en dédicace de son livre : «A la jeune fille que j’ai vue mourir devant moi le 3 juin 1957, près du carrefour de l’Agha, près d’un lampadaire qui venait d’exploser.» Il était donc à Alger, même s’il n’était pas au moment précis chargé d’enquêter sur les attentats.

    Il le sera dès son entrée en fonction, en juillet, alors qu’Audin est arrêté le 11 juin et disparaît officiellement le 20 juin. Dans ses livres, il s’en prend aux «communistes traîtres» qu’il accuse d’être les concepteurs des bombes pour le FLN. Donc en fonction juste après, il serait étonnant qu’il n’ait pas été au courant de l’arrestation d’Audin et d’Alleg. Puisqu’il rencontrait régulièrement les autres officiers du Renseignement.

    - Clairement, le général Schmitt vous reproche d’avoir mis cela au clair… 

    Oui et de l’avoir cité dans ma lettre ouverte, accusé de se taire et de ne pas dire à la famille Audin ce qui s’est passé.

    - Qu’est-ce qu’il s’est dit au tribunal de Marseille ? 

    On a beaucoup parlé de cette démonstration qu’il donne dans ses deux livres, comme quoi il était bien placé pour enquêter sur tous les attentats commis en Algérie ; on a abordé aussi son passé de tortionnaire puisque de nombreux témoignages l’attestent. Sur ce sujet, j’avais écrit dans mon livre sur la torture, en 2004, qu’il ne pouvait pas ne pas savoir. Je considère que j’étais de bonne foi compte tenu des éléments dont je dispose, y compris ceux qu’il donne corroborant sa participation à la Bataille d’Alger.

    - Comment, selon vous, va se conclure le délibéré du 3 novembre sur cette dernière assignation ? 

    A la première assignation, j’avais gagné en première instance et en appel. A la deuxième, à Marseille j’avais perdu en première instance et en appel, à la suite du premier où, interrogé par les journalistes à la sortie du tribunal, j’avais exprimé de façon un peu maladroite une vérité que le général Schmitt a considérée comme diffamatoire. Là, dans ce troisième procès, on est confiants. Toute la jurisprudence émet des critères pour qualifier la diffamation.

    - Quel est votre sentiment sur le fait que 60 ans après, ce type d’affaire conduise encore devant la barre, à une époque où l’on parle d’éclaircir les zones sombres de notre histoire ? 

    Je voudrais dire qu’il n’y a plus de doute sur le responsable de la mort d’Audin. Très vraisemblablement, c’est le lieutenant Garcet qui habite en Bretagne. Par contre, ce qui reste comme question, c’est est-ce sur ordre de Massu comme l’a laissé entendre Aussaresses. C’est là où l’armée doit répondre de façon concrète.

    - Tant qu’il y aura des témoins qui pèseront pour taire la vérité, pourra-t-on en savoir plus, selon vous ? 

    On saura peut-être. Cela dépend du degré de la bataille d’exigence de vérité sur ces questions. Je voulais d’ailleurs parler d’un aspect important. Suite à mon déplacement à Alger et des entretiens accordés à El Watan, j’avais parlé du lieu où je pense que devrait se trouver le corps de Maurice Audin. Il y a eu une réaction du ministère des Moudjahidine qui s’est intéressé à l’ensemble de ces révélations, qui apportait une piste sur la possible inhumation du corps supposé de Maurice Audin, à Koléa. Je serais curieux de savoir ce qui a été fait depuis.

    SOURCE : http://www.elwatan.com/actualite/le-general-schmitt-en-sait-il-plus-qu-il-ne-veut-le-dire-29-09-2015-304358_109.php 


     Walid Mebarek


    votre commentaire
  • Il n'y a pas de races humaines *** LETTRE OUVERTE À NADINE MORANO *** Morano - Parodie de Kendji - Gitano par GANESH2

    Il n'y a pas de races humaines

    29 septembre 2015 |  Par Baptiste Libé-Philippot 

    La Gâtinaise et la Charolaise sont des races de poules et de vaches françaises. Et tout comme Mesdames Morano et Le Pen, elles sont blanches. Cependant, à la différence de Mesdames Morano et Le Pen, elles ont été sélectionnées pour l'être. Concernant les espèces animales domestiquées, une race est toujours issue d'une sélection par l'Homme, le plus souvent à des fins de productivité : par exemple, la poule gâtinaise pour ses œufs et la vache charolaise pour sa viande.

    Tous les animaux d'une race se ressemblent, par leurs aspects et par leurs gènes. C'est un grand avantage pour les éleveurs, qui, lorsqu'ils achètent des animaux, s'attendent à un certain standard, et ne veulent en aucun cas un animal qui se distingue des autres. Cette homogénéité est certes un avantage économique mais il est certain que l'absence de diversité au sein d'une race est dramatique à long terme : si tous les individus se ressemblent et qu'une nouvelle maladie se développe (ou que le climat change rapidement), la race disparaît. Tel fut le cas des plants de vigne européens décimés par le phylloxéra au XIXème siècle.

    « Nous sommes un pays de race blanche » a déclaré Nadine Morano le samedi 26 septembre sur la plateau de « On n'est pas couché », estimant citer le général de Gaulle. Madame Morano s'estime donc appartenir à un groupe homogène d'humains, possédant tous les mêmes aspects (dont le standard serait la peau blanche), les mêmes gènes ; et surtout comme étant le résultat d'une sélection au fil des siècles.

    Tout d'abord, il faudra que la tête de liste des "Républicains" aux régionales développe un peu ses propos : qui est plus français entre un Lorrain et un Provençal, entre un métropolitain et un Guadeloupéen ? Doit-on mettre en place un indicateur donnant notre pourcentage de blancheur ? Estime-t-elle que les individus se définissent uniquement par leur puissance économique, leur productivité, comme c'est le cas pour les races animales ? Il faudra aussi que la députée européenne nous donne son interprétation de la devise « unis dans la diversité ». En disant « nous sommes un pays judéo-chrétien, de race blanche », estime-t-elle qu'il existe un gène judéo-chrétien ? Sait-elle que la femme de Moïse était peut-être noire, qu'une grande partie des chrétiens du Monde ne sont pas blancs ?

    Ensuite, la notion de race est inapplicable à l'Homme. L'espèce humaine se caractérise justement par sa grande diversité génétique, aucun Homme n'étant identique à un autre. Les généticiens trouvent même des différences entre les vrais jumeaux. L'Histoire a connu des mythes de la « race pure ». Ces mythes, celui par exemple de la race aryenne, ont conduit à la destruction de l'Autre, à des génocides (contraires d'ailleurs au principe chrétien du « tu aimeras ton prochain comme toi-même »). C'est cette diversité qui lui permet d'exister encore aujourd'hui, après des siècles de famine et de maladies infectieuses.

    Les "patriotes" se rappellent-ils ces milliers d'hommes étrangers qui ont combattu pour défendre la France le siècle dernier ? Nos monuments aux morts, où leurs noms sont inscrits au sang, n'ont pas de couleur. Ils n'ont qu'une religion : la démocratie. Ils n'ont qu'un cri : la liberté universelle.

    Ces hommes n'ont pas combattu parce qu'ils étaient français, parce qu'ils avaient telle ou telle couleur de peau, parce qu'ils se considéraient comme appartenant à telle ou telle race. Ils ont combattu parce que l'humanité en dépendait, répondant à ces paroles de Victor Hugo « unissons-nous dans une pensée commune, et répétez avec moi ce cri : Vive la liberté universelle ! Vive la République universelle ! ».

    N'en déplaise à certains "républicains", l'esprit républicain n'est pas « un accueil de personnes étrangères » par « un pays judéo-chrétien, de race blanche », ni un héritage génétique ou culturel. La République n'est pas un déterminisme qui s'impose à chacun, elle ne définit pas l'individu par sa productivité. La République est une volonté, une construction. La République est un rassemblement de la diversité autour d'un projet commun, universel : la Liberté.

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/baptiste-libe-philippot/290915/il-ny-pas-de-races-humaines

    Il n'y a pas de races humaines *** LETTRE OUVERTE À NADINE MORANO *** Morano - Parodie de Kendji - Gitano par GANESH2

    Nicolas Huguenin prof d'histoire-géo a fait une lettre ouverte bien sentie et très argumentée historiquement  à cette demeurée.  A lire absolument.

    LETTRE OUVERTE À NADINE MORANO

    Nicolas Huguenin 

    Madame,

    Je n'ai pas regardé votre prestation télévisuelle hier soir. Je sortais d'un concert où de magnifiques artistes avaient interprété des œuvres de Liszt, de Brahms et de Chopin, et, après tant de beauté sonore, l'idée de vous entendre débiter vos âneries avec une voix de poissonnière lepénisée me répugnait légèrement. Non, complètement, en fait. Mais ce matin, j'ai quand même pris sur moi et j'ai regardé huit (longues) minutes de votre intervention. Et permettez-moi de vous dire, madame, que la maladie dont vous souffrez – dite « maladie de la bouillie de la tête » – vous fait dire n'importe quoi.

    Vous parlez de « race blanche » et de religion, en associant l'une et l'autre. Passons sur le fait que la « race blanche » n'existe pas, et que plus personne n'en parle depuis que les derniers théoriciens nationaux-socialistes ont été pendus à Nuremberg. Mais associer une religion à une couleur de peau, là, il fallait le faire ! Les Albanais sont blancs et musulmans. Desmond Tutu est noir et chrétien. Le pays musulman le plus peuplé du monde est l'Indonésie, habitée par... des jaunes. Ah, c’est compliqué, hein ! D'ailleurs, si on ne peut pas changer de couleur de peau, à part Mickael Jackson, on peut toujours sans modifier son teint abandonner une religion ou en changer. Tenez, moi j'ai renoncé à la mienne et je ne suis pas devenu transparent pour autant – sauf quand j'essaie de draguer un grand brun aux yeux bleus dans un bar gay, mais ceci est une autre histoire. Et, au passage, en affirmant que la France est « de race blanche », vous laissez entendre que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte, ce n'est pas la France. C'est bien les patriotes en peau de lapin d'extrême-droite, ça ! Ça nous rebat les oreilles avec la France, mais ça raye de la carte cinq départements d'un coup.

    Vous expliquez ensuite que la France a une identité judéo-chrétienne. Et là, pour une fois, vous n'êtes pas allée assez loin – sans doute parce que vous ne connaissez pas mieux l'histoire de la France que sa géographie. Non, madame, la France n'est pas judéo-chrétienne. Elle est catholique. Et elle l'est parce que, pendant mille trois cents ans, on n'a pas permis aux Français d'être autre chose. Juifs, cathares, vaudois et protestants le savent bien. Entre 496, date à laquelle Clovis a (selon la formule célèbre) embrassé le culte de son épouse, et 1790-1791, date à laquelle on s'est résolu à considérer les juifs et les protestants comme des citoyens à part entière, la religion n'a pas été une affaire de choix personnel. Ni même collectif. Les Français n'ont pas voulu être catholiques. Ils ont été contraints de l'être. Ce que les libéraux appellent « la concurrence libre et non faussée » n'est appliquée, en matière de religion, que depuis deux siècles. Le chevalier de la Barre était déjà mort. Jean Calas aussi. Et tous ceux qu'on avait massacrés au nom de Dieu, avant eux ; rançonnés par Philippe Auguste, marqués de la rouelle par Saint Louis, expulsés du royaume par Philippe le Bel, massacrés par toutes sortes de croisés, immolés par l'Inquisition, trucidés par Charles IX, pourchassés par les dragons de Louis XIV... Au passage, je trouve parfaitement dégueulasse votre tentative minable de récupérer les Juifs et les protestants pour alimenter votre petit commerce de la haine. Quand on sait ce qu'ils ont subi en France pendant des siècles... Il fallait une sacrée persévérance pour ne pas être catholique en France, alors. Heureusement, ce n'est plus le cas. Et moi, contrairement à vous, je m'en réjouis. En laissant les Français librement choisir leur religion, ou choisir de ne pas en avoir, on a des surprises. Et alors? Cela porte un beau nom, madame Morano. Cela s'appelle la liberté de conscience.

    Et c'est enfin la troisième et dernière remarque que je voulais vous faire, madame. Vous vous plaignez que, dans certains quartiers, on ne célèbre plus que 5 baptêmes, là où il s'en célébrait 250 il y a encore quelques décennies. Mais la faute à qui ? Aux musulmans, qui « envahissent » nos villes, ou aux catholiques, qui renoncent à l'être et n'obligent plus leurs enfants à fréquenter le catéchisme ? Et vous ne vous demandez pas pourquoi l'Église faisait fuir les fidèles ? Non ? Vraiment, vous n'avez pas une petite idée ? Ne serait-ce pas, je ne sais pas, moi, par exemple, parce qu'elle condamne encore les femmes qui prennent la pilule, et les hommes qui emploient un préservatif ? Ou parce qu'il est devenu insupportable d'affirmer, comme le font certains évêques, qu'une femme violée qui avorte est plus coupable que son violeur ? Ou parce que ça commence à se savoir, que certains curés tripotent les enfants de choeur dans les sacristies ? Ou parce que répéter que le mariage est un sacrement indissoluble, dans un pays où un tiers des couples divorcent, ça fait un peu “ringard” ? Ou parce que le double discours d'une Église riche à milliards en faveur des pauvres n'est plus tout à fait pris au sérieux ? Ou, tout simplement, parce que la foi, dans notre monde moderne, n'apporte plus de réponses suffisantes aux masses ? Et d'ailleurs, rassurez-vous, les catholiques ne sont pas les seuls concernés. Tenez, je vous parie que, dans deux ou trois générations, les musulmans de France ne mettront pas plus souvent les pieds dans une mosquée que moi dans une église... ou que vous dans une bibliothèque. C’est dire... Déjà, un tiers d'entre eux ne fait plus le ramadan.

    Tout cela pour vous dire, madame, que votre vision d'une France réduite à ses seuls habitants « de souche » est non seulement insupportable moralement, mais aussi sacrément dépassée. Et que votre peur panique de tout changement, de toute modernité, est pathétique. Et presque risible. «Nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus », disait le député René Viviani en 1906. Et ce n'est pas en allumant les feux d'une guerre civile que vous ferez croire aux électeurs que vous brillez, madame. Tout le monde le sait : vous n'êtes pas une lumière.

    " Bien on fait la paix Nadine je t'offre cette chanson "


    votre commentaire
  • “La France est un pays de race blanche” : quand Morano instrumentalise le général de Gaulle

    “La France est un pays de race blanche” : quand Morano instrumentalise le général de Gaulle

    Sur le plateau d’ “On est pas couché”, Nadine Morano a fait référence au Général de Gaulle pour asséner que la “France [était] un pays de race blanche”... Une phrase que De Gaulle aurait prononcée le 5 mars 1959, en pleine guerre d’Algérie. Mais le chef de la France libre a t-il vraiment prononcé cette phrase ?

    Ce samedi sur le plateau d’On n’est pas couché, Nadine Morano a répété à plusieurs reprises que “la France était un pays de race blanche”. Face au scandale provoqué par ses propos, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a ajouté qu’elle ne faisait que répéter des propos du général de Gaulle.

    Depuis plus de vingt ans, la citation en question est récupérée par la droite extrême. En 2009, le Front national de la jeunesse l’avait utilisée sur des affiches pour une campagne sur le thème de l’identité nationale. Deux ans plus tôt, Eric Zemmour l’avait également employée sur le plateau d’I-Télé et dans les colonnes du Figaro.

    Une citation rapportée par un ancien ministre 

    Mais contrairement à ce que pense Nadine Morano, il ne s’agit pas d’une déclaration publique mais d’une citation tirée du livre d’Alain Peyrefitte C’était de Gaulle. La voici en intégralité :

    “C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !” 

    Cette citation a été rapportée par Alain Peyreffite, dans ses mémoires publiées en 1994. Soit plus de 24 ans après la mort du général de Gaulle. Dans ses carnets, l’ancien ministre raconte que De Gaulle aurait prononcé cette phrase le 5 mars 1959, en pleine guerre d’Algérie.

    Cette phrase n’engage pas le Général de Gaulle” 

    Pour l’historien Jean-Paul Bled, ancien président des Cercles universitaires d’études et de recherches gaulliennes, directeur de la revue Études gaulliennes, cette phrase ne peut pas engager le Général de Gaulle :

    “Le Général de Gaulle considérait qu’il n’y a que l’écrit qui pouvait engager sa personne. Or cette phrase a été prononcée à l’emporte-pièce dans une conversation privée mais il n’y a aucune trace écrite dans ses mémoires ou ses discours. Le Général de Gaulle ne peut donc en être comptable”, conclut l’historien.

    SOURCE ; http://www.lesinrocks.com/2015/09/27/actualite/la-france-est-un-pays-de-race-blanche-quand-morano-instrumentalise-le-general-de-gaulle-11777510/

     

     

    MERCI DE SIGNER CETTE PETITION

    CLIQUEZ SUR CE LIEN :

    https://www.powerfoule.org/campaigns/racisme/morano/demandons-au-csa-de-condamner-nadine-morano

    “La France est un pays de race blanche” : quand Morano instrumentalise le général de Gaulle

     

    Des propos honteux et racistes ont été tenu sur une chaine publique devant plus d'1 million de personnes.
    Député européenne et ancienne ministre, Mme Morano a osé parler de « la France comme d'un pays de race blanche ». Ce n'est pas acceptable !

    C'est une injure pour tous les français et pour la France. C'est faire le jeu du FN dans une période d'incertitude et de crise qui pourrait avoir de graves conséquences. Mme Morano est habituée de tels "dérapages" scandaleux à l'écran. Mais le CSA - Conseil Supérieur de l'Audiovisuel - a l'autorité (le mandat) pour condamner de telles déviances rhétoriques.

    Ensemble demandons au CSA de condamner ces propos honteux et racistes.

    Lors de l'émission « On n'est pas couché » diffusée samedi soir sur France2, Mme Morano a jeté un froid auprès du public et du présentateur lorsqu'elle annonce que "la France est un pays de race blanche". Elle continue dans la provocation en déclarant "Je n'ai pas envie que la France devienne musulmane. Ce ne serait plus la France".... Ces déclarations que l'on espérerait d'un autre âge contribuent à nourrir un sentiment de peur chez nos concitoyens, formidable terreau pour les thèses de l'extrême droite.

    En pleine campagne pour les élections régionales et alors même que la classe politique est dans les starting-block pour la présidentielle à venir, de tels propos doivent être condamnés immédiatement pour ne pas hanter et pourrir les débats à venir.

     

     


    votre commentaire
  • (PS) Dans cet article de Gilles Manceron tous les mots ou lignes de cette couleur sont autant de liens importants pour une compréhension complète de cette affaire

    Parcours Maurice Audin, Alger 2003 © Ernest Pignon Ernest

    Parcours Maurice Audin, Alger 2003 © Ernest Pignon Ernest

    L’affaire Maurice Audin au tribunal à Marseille

     

    Le 22 septembre, la poursuite en diffamation du général Maurice Schmitt contre un ancien combattant en Algérie devenu militant anticolonialiste a eu pour effet que, 58 ans après les faits, un tribunal s’est enfin penché sur l’affaire Audin, cet assassinat en 1957 par l'armée française d'un militant du Parti communiste algérien.

    Alors que, depuis 1957, tous les pouvoirs politiques ont fait en sorte que l’affaire Audin ne parvienne jamais devant la justice, la plainte en diffamation du général Maurice Schmitt – ancien chef d’état-major des armées de 1987 à 1991 –, contre Henri Pouillot – ancien appelé en Algérie, affecté en 1961 à l’intendance d’un centre de torture à Alger, aujourd’hui président du réseau « Sortir du colonialisme » –, a conduit à ce que, le 22 septembre 2015, le tribunal correctionnel de Marseille se penche longuement sur un assassinat qui, pendant 57 ans, a fait l’objet d’un mensonge d’Etat. On peut s’étonner qu’à l’exception de deux quotidiens, L’Humanité et La Marseillaise et du site de la Ligue des droits de l’homme de Toulon, ce fait n’a pas été signalé par les médias.

    On sait que, durant la guerre d’Algérie, Maurice Audin, brillant professeur et chercheur en mathématiques âgé de 25 ans, militant du Parti communiste algérien, a été arrêté le 10 juin 1957 à son domicile à Alger par les parachutistes du général Massu, commandant la 10e DP. Depuis le mois de janvier, ils avaient la charge des pouvoirs de police à Alger et pratiquaient massivement arrestations et interrogatoires sous la torture en tenant à l’écart la justice. Henri Alleg, ancien directeur d’Alger républicain, arrêté peu après, l’a retrouvé au centre de détention d’El Biar et a témoigné de ce que, comme lui, il y avait été torturé.

    Le 22 juin, la jeune femme de Maurice Audin, Josette, enseignante en mathématiques elle aussi, issue d’une famille européenne d’Algérie, restée seule avec trois enfants dont le dernier avait juste un mois, a commencé à comprendre quand elle a reçu la visite de deux parachutistes qui lui ont dit « Vous croyez le revoir un jour, votre mari… Espérez, vous pouvez toujours espérer…  » et parlaient de lui au passé. Le 1er juillet, elle a été reçue par le lieutenant-colonel Roger Trinquier, collaborateur direct du général Massu, qui lui a dit que Maurice Audin s’était évadé le 21 juin, au cours d’un transfert où il n’était pas menotté. Sachant qu’une telle version est la couverture habituelle d’exécutions sommaires, elle a accusé les parachutistes de l’avoir tué et déposé aussitôt plainte pour homicide volontaire.

    Pendant 57 ans, cette fable de l’évasion suivie d’une disparition n’a jamais été démentie, ni par la « Grande Muette » ni par les autorités civiles de la République. C’est incontestablement le plus long mensonge d’Etat de l’histoire contemporaine de la France (lire ici sur Mediapart). Or l’audience qui a occupé tout l’après-midi du mardi 22 septembre à la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Marseille a été l’occasion de demander que la vérité soit enfin dite sur cet assassinat, ne serait-ce que pour que Josette Audin et ses enfants, Pierre et Michèle, puissent faire enfin leur deuil.

    L’objet de ce procès ? Un passage d’une lettre d’Henri Pouillot – signataire de l’Appel des 471au général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, publiée par le journal Le Combattant, dans lequel le général Maurice Schmitt a vu une diffamation à son égard.

    Le rôle du lieutenant Schmitt en 1957 précisé au tribunal

    L’un des aspects de cette audience est d’avoir apporté un élément important sur l’activité du lieutenant Maurice Schmitt durant la bataille d’Alger. En effet, a été signalé au tribunal le témoignage écrit d’une personne détenue par les parachutistes du 3e RPC durant la bataille d’Alger et décrivant de manière précise son rôle personnel dans les tortures infligées aux personnes raflées. Ce n’est pas la première fois qu’un témoignage est présenté sur ce point. Comme le général Schmitt l’écrit dans son livre Alger - été 1957. Une victoire sur le terrorisme (L’Harmattan, 2002), les parachutistes du 3e RPC parmi lesquels il servait comme lieutenant entre le 20 juillet et le 4 septembre 1957, ont détenu et « interrogé durement » plus de 80 personnes soupçonnées d’aider le FLN à l’« école Montpensier » – l’école Serrouy, rue Montpensier – à Alger. Et plusieurs détenus de cette époque ont témoigné des tortures qu’il a dirigées ou pratiquées.

    Le 27 juin 2001, sur  France 3, dans le magazine « Pièces à conviction », Malika Koriche, ainsi que les 29 juin et 10 juillet 2001 dans le quotidien Le Monde, Ali Moulaï et Rachid Ferrahi (l'article en PDF à télécharger ici) l’ont désigné comme ayant ordonné ou effectué les tortures qu’ils y ont subies. Le 19 mars 2005,dans Le Monde, Rachid Ferrahi a même complété son témoignage en décrivant les tortures endurées par son père, Farid, auxquelles il avait assisté (l'article en PDF à télécharger là).

    Le général Schmitt a répondu dans son livre qu’Ali Moulaï, « terrorisé », a parlé sans être torturé, et il a traité d’« affabulations » les témoignages de Malika Koriche et de Rachid Ferrahi. S’est ajouté aussi le témoignage d’un ancien parachutiste du 3e RPC, Raymond Cloarec, lors du procès en appel consécutif aux poursuites en diffamation intentées contre Schmitt par Louisette Ighilariz, à cette époque jeune agent de liaison du FLN, elle aussi détenue et torturée, qu’il avait accusée – ainsi qu’Henri Pouillot – de mensonge lors du débat suivant la diffusion sur France 3, le 6 mars 2002, du documentaire de Patrick Rotman, L’Ennemi intime.

    Le témoignage de Raymond Cloarec, confié auparavant à la journaliste du Monde Florence Beaugé, a confirmé sur plusieurs points celui de Louisette Ighilahriz. En outre, cet ancien parachutiste a fait état des multiples tentatives du général Schmitt pour le faire revenir avant l’audience sur ses déclarations – comme le relate Florence Beaugé dans son livre Algérie, une guerre sans gloire. Histoire d’une enquête (Calmann Lévy, 2005) (lire ici).

    Mais ce procès de Marseille le 22 septembre 2015 a été l’occasion d’ajouter à ces témoignages un document accablant. Il a été fait état pour la première fois devant la justice de la mention du lieutenant Schmitt dans le récit écrit à l’époque par une jeune algéroise de famille juive, Huguette Akkache, relatant sa détention dans cette école pour avoir soigné un militant du FLN. Ses 42 pages dactylographiées envoyées en février 1959 au quotidien La Croix ont, en effet, été publiées intégralement en 2012, par le journaliste Jacques Duquesne, dans son livre Carnets secrets de la guerre d’Algérie chez l’éditeur Bayard. Ce récit avait déjà fait l’objet de publications partielles : des extraits en décembre 1959 par l’hebdomadaire Témoignage Chrétien et le quotidien Le Monde ; puis, en 2004, une édition (signalée par Le Monde du 28 octobre 2004 et du 18 mars 2005 – à télécharger ici en PDF) signée du pseudonyme de « H. G. Esméralda » sous le titre d’Un été en enfer. Barbarie à la française. Alger 1957, par les éditions Exils à Paris, où les noms des tortionnaires n’apparaissent qu’en abréviations.

    Mais Jacques Duquesne a publié pour la première fois le nom de l’auteur de ce récit et les noms entiers des tortionnaires, dont celui du lieutenant Schmitt (orthographié Schmidt), cité à treize reprises. Avant sa longue carrière de journaliste qui l’a conduit jusqu’à présider l’association qui supervise le groupe Ouest-France, Jacques Duquesne avait fait ses débuts comme reporter pour La Croix en Algérie à la fin de 1957. En 2012, dans le Préambule de ses Carnets, il écrit: « A 82 ans, mes années d’Algérie me reviennent. […] Cette guerre que j’avais couverte pour La Croix s’est imposée dans ma mémoire au moment où j’ai rouvert les cartons que j’avais soigneusement ficelés et rangés au fond d'un grenier en Corrèze il y a 50 ans ». Et il présente ainsi ce témoignage : « Sur 42 pages dactylographiées, une jeune femme algéroise, mère d’une petite fille, raconte, en termes simples et précis, les 43 jours de détention et de torture qu’elle a subies, à l’école Serrouy, rue Montpensier, près de la Casbah, un établissement transformé par les paras en “centre d’interrogatoire” durant la bataille d’Alger. […] Je ne me souviens pas d’avoir jamais publié l’histoire de Huguette Akkache. Je suis heureux de pouvoir le faire aujourd’hui ». Le lieutenant Schmitt y est décrit comme dirigeant les interrogatoires, ordonnant aux bourreaux de poursuivre ou de stopper les tortures, et actionnant parfois lui-même la magnéto tout en lançant de violentes diatribes anti-communistes.

    Est-ce la gêne qu’éprouve Maurice Schmitt quand il se rappelle son propre rôle à Alger en 1957 qui l’a fait réagir ainsi, en jugeant diffamatoire cette lettre d’Henri Pouillot suggérant simplement, en septembre 2014, au chef d’état-major des armées qu’on l’interroge sur ce qu’il pourrait savoir des conditions de la mort de Maurice Audin ? Une telle suggestion – qui ne portait pas sur son rôle personnel – paraît pourtant fondée. Schmitt est certes arrivé à Alger un mois après la mort de Maurice Audin mais il a rencontré fréquemment ensuite – il en fait état dans son livre – des officiers de l’état-major de la 10e DP, dont le lieutenant-colonel Roger Trinquier, collaborateur direct de Massu, et le capitaine Alain Léger. C’est son régiment, le 3e RCP qui – comme le rapporte le colonel Yves Godard, commandant alors la zone Alger-Sahel,  dans son livre, Les paras dans la ville (Fayard, 1972) – a démantelé entre le 28 janvier et le 19 février 1957 le réseau FLN à l’origine d’une première série d’attentats. Il peut donc avoir eu des informations sur les circonstances de la mort de Maurice Audin, même s’il n’était pas à Alger le 21 juin 1957.

    Dans son livre Alger - été 1957. Une victoire sur le terrorisme, il montre qu’il a une connaissance très précise des évènements intervenus à Alger pendant toute l’année 1957 : il relate ce qui s’est passé avant son arrivée le 20 juillet et consacre tout un chapitre à la suite de la bataille d’Alger, après le 4 septembre, quand lui-même et ses parachutistes du 3e RCP ont été remplacés par ceux du 1er REP. Il nomme même une fois Maurice Audin, dans la phrase suivante : « Il est clair que Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’Hidi auraient dû être traduits devant un tribunal… ». Or — on le sait aujourd’hui avec certitude — Ali Boumendjel et Larbi Ben M’Hidi ont été tués, sur ordre, durant leur détention. Cette phrase de Maurice Schmitt semble donc indiquer que Maurice Audin a, lui aussi, été l’objet d’une décision de mise à mort. Dans ces conditions, il est logique de lui demander s’il peut le confirmer et s’il peut apporter des précisions sur ce point.

    Maurice Audin a-t-il été assassiné sur ordre ?

    D’autant que les choses ont bougé ces dernières années sur la question de la mort de Maurice Audin. En mars 2012, une journaliste du Nouvel Observateur, Nathalie Funès, a révélé que le colonel Yves Godard a écrit dans des carnets déposés à l’Université de Stanford (Californie) qu’Audin a été tué, sur ordre, par le sous-lieutenant du 6e RPC Gérard Garcet – qui était au début de 1957 l’officier d’ordonnance du général Massu. Puis, le général Paul Aussaresses – commandant, à l’époque, au sein du 1er RCP et chargé par le général Massu de l’« action », c’est-à-dire notamment des exécutions extrajudiciaires – a confié, peu avant sa mort le 3 décembre 2013, au journaliste Jean-Charles Deniau – qui l’a rapporté dans son livre La vérité sur la mort de Maurice Audin, paru en janvier 2014 aux éditions Equateurs – que l’ordre de tuer Audin est venu du général Massu et que le sous-lieutenant Gérard Garcet est bien celui qui l’a mis en œuvre. Il est clair pour les historiens que, si – comme l’a affirmé Aussaresses – il y a eu alors un ordre du général Massu, il a forcément été partagé par le ministre résidant, Robert Lacoste.

    La déclaration d’Aussaresses a conduit le Président de la République à mettre fin à la version qui a été la thèse officielle pendant 57 ans, celle de l’évasion. Il a reçu le 17 juin 2014 à l’Elysée Josette et Pierre Audin, l’un des fils du disparu, et rendu public le 18 juin un message à l’occasion de la remise du Prix Maurice Audin de mathématiques. Dans ce message, pour la première fois, un président de la République a reconnu que « les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé, il est mort durant sa détention ». Cela revient à reconnaître que, pendant 57 ans, les autorités de l’armée et de la République ont fait d’un mensonge leur vérité officielle.

    Mais de quoi Maurice Audin est-il mort alors qu’il était détenu par les parachutistes ? Le Président de la République a écrit dans son message qu’il avait ordonné « que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. Audin en juin 1957. Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. Audin, que la justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser ». Dans ces conditions, il parait légitime de suggérer au chef d’état major des armées de demander aux officiers encore vivants ayant participé à la bataille d’Alger ce qu’ils savent sur cette mort. Le général Schmitt n’est pas un témoin direct de l’assassinat de Maurice Audin, mais il fait partie de ceux qui peuvent permettre d’établir la vérité. Si l’armée française, aujourd’hui, veut faire la lumière, elle le peut.

    Sur la question sur laquelle le tribunal correctionnel de Marseille était saisi, la poursuite en diffamation introduite par Maurice Schmitt, il fera connaître son délibéré le 3 novembre 2015. Fera-t-il référence à l’affaire Audin ? Dans la ville où Pierre Vidal-Naquet, le fondateur du Comité Maurice Audin, était collégien quand ses parents ont été arrêtés avant de disparaître en déportation, on ne peut qu’attendre de la justice qu’elle fasse un pas dans le sens de l’exigence de  vérité.

     

    Fichier attaché 
    De_nouveaux_temoignages_accusent_le_general_Schmitt_de_torture.pdf  
    Le_general_Schmitt_est_a_nouveau_accuse_de_torture_en_Algerie.pdf  

    Un_document_de_1957_authentifie_le_recit_dEsmeralda_publie_en_2004.pdf

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-manceron/260915/l-affaire-maurice-audin-au-tribunal-marseille

     

    votre commentaire
  • Affaire Audin : 57 ans de mensonge   et la vérité loin du point final

    Suite de l’article (lien ci-dessous) :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/henri-pouillot-communique-22-septembre-2015-a-marseille-l-affaire-maur-a118760936

    Henri Pouillot écrit : "Merci beaucoup de votre soutien pour cette difficile épreuve.  Voici 2 Compte-rendus de l'audience du 22 septembre qui m'opposait au Général Schmitt : L'article de l'Humanité et l'article de La Marseillaise.  Le verdict sera annoncé le 3 novembre prochain. Assez bon espoir.

    Merci au soutien de camarades de l'ARAC, du MRAP, de l'ANPNPA,... qui sont venus de Marseille, mais aussi de Nîmes, Toulon, Paris pour me soutenir, soutenir cette cause de l'Affaire Maurice Audin, pour qu'enfin la vérité soit connue, cette fois plus nombreux que les soutiens à Schmitt".

      Henri POUILLOT

    Affaire Audin : 57 ans de mensonge

     et la vérité loin du point final

    Affaire Audin : 57 ans de mensonge   et la vérité loin du point final

    Associations d’anciens combattants et militants anticolonialistes sont venus en soutien à Henri Pouillot dans ce procès qui a trait à un mensonge d’État vieux de 57 ans. Photo LM L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise 

    Le Tribunal de grande instance de Marseille replonge dans les affres de la guerre d’Algérie. Le général Maurice Schmitt poursuit le président de « Sortir du colonialisme » en diffamation.

    Maurice Audin ne s’est pas évadé comme la version officielle l’a assuré pendant 57 ans. « Il est mort durant sa détention », confirmait le 18 juin 2014, l’Élysée. Mais dans quelles circonstances ce jeune mathématicien de 25 ans, membre du Parti communiste algérien, a-t-il trouvé la mort, après qu’il a été arrêté par les parachutistes du général Massu le 10 juin 1957 ? C’est ce que tentent d’éclaircir les historiens Pierre Vidal-Naquet, Jean-Pierre Vernant, Raphaëlle Branche, par exemple, et sa femme Josette. Ou encore Henri Pouillot, ancien combattant et citoyen chercheur. Hier, l’affaire Audin venait à la barre à Marseille.

    « Le général Maurice Schmitt était capitaine à l’époque des faits, dans les fonctions d’officier de renseignements, il rencontrait donc quotidiennement au QG de l’État Major d’Alger tous les autres officiers de renseignements du secteur ? » : c’est sur cette affirmation, ponctuée par un point d’interrogation, que démarre l’audience.

    Le chef d’État major Maurice Schmitt, qui n’en est pas à sa première comparution (il est condamné en octobre 2003 pour diffamation à l’encontre de Malika Koriche, Ali Moulaï et Rachif Ferrahi qui l’ont désigné comme celui qui a ordonné et dirigé leur torture en 1957), voit dans ce passage d’une lettre ouverte d’Henri Pouillot publiée par Le Combattant une diffamation à son égard puisqu’il aurait ainsi été informé du sort de Maurice Audin : « On considère que je sais et que je me tais. »

    Matière à interrogation

    Certes, le général Schmitt n’était pas officier de renseignements mais lieutenant : « Je faisais du Vigipirate. » Certes, rappelle la procureure, « quand on affirme quelque chose d’aussi grave, il faut le prouver ». Certes, « les faits de tortures tout le monde en a parlé », balaye encore d’un trait le bâtonnier José Allégrini, avocat d’un plaignant qui ne fait pas mystère dans ses publications de la haine qu’il nourrit contre les communistes. Mais, insiste maître Pierre Mairat, pour la défense de l’accusé, stupéfait d’être à la barre sur la base d’une question de ponctuation, « nous affirmons qu’il faut interroger les militaires en poste à ce moment et que les réunions étaient quotidiennes entre Schmitt et les autres officiers impliqués dans cet épouvantable épisode ». Fait avérés par le général lui-même dans ses écrits de « travail d’équipe intense » et autres « liaisons quotidiennes ».

    Pour José Allégrini, « le fond c’est l’affaire Audin » et il s’agit ici de faire porter à son client « le poids indu d’une vérité qu’il ne détient pas ». Pour l’historien Gilles Manceron, témoin appelé à la barre, lecteur attentif du général, mais également des Carnets secrets de la guerre d’Algérie, dans lesquels le récit d’Huguette Akkache où le nom du lieutenant Schmitt est cité à plusieurs reprises comme dirigeant les interrogatoires et ordonnant les tortures, le doute persiste sérieusement : « Il a rencontré des officiers de l’État Major de la 10e DP, dont le lieutenant colonel Roger Trinquier, collaborateur direct de Massu, et le capitaine Alain Léger, le commandant Paul Aussaresses étant chargé par le général Massu de l’action. C’est son régiment qui a démantelé le réseau FLN à l’origine d’une série d’attentats. Il peut donc avoir des informations sur les circonstances de la mort d’Audin. » Le général cite par ailleurs Maurice Audin en ces termes : « Il est clair que Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’Hidi auraient dû être traduits devant un tribunal. Les trois autres ont été exécutés sur ordre durant leur détention. »

    Il y a donc bien lieu d’interroger ces officiers. « Nous ne sommes pas sur la notion de repentance, précise Jacques Pradel, nous cherchons à donner à l’Histoire les moyens d’une vérité. » Le tribunal rendra son délibéré le 3 novembre.

    Myriam Guillaume

    SOURCE : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/faits-divers-justice/41956-57-ans-de-mensonge-et-la-verite-loin-du-point-final

     

    L’affaire Maurice Audin devant la justice marseillaise

    Marc Bussone
    Mercredi 23 Septembre 2015
    L'Humanité
    Maurice Audin, mathématicien et chercheur de 25 ans, en juin 1957 à Alger.
    Photo : DR
    Dans sa lettre ouverte, le président de l’Arac des Yvelines, Henri Pouillot, affirme que le général Maurice Schmitt avait « obligatoirement » connaissance d’éléments sur l’assassinat, jamais reconnu comme tel, de Maurice Audin. Cela lui a valu de passer, hier, devant le tribunal pour diffamation.

    Un pas après l’autre, il y a des audiences qui rapprochent de la justice et de la vérité historique. Même 58 ans après les faits, même quand il s’agit d’un crime d’État, un meurtre couvert par la Grande Muette depuis tout ce temps, celui de Maurice Audin, militant du Parti communiste algérien, disparu après son arrestation par des parachutistes, le 10 juin 1957, dans la soirée.

    C’est le cas du procès en diffamation qui a eu lieu hier après-midi à Marseille, opposant le général Maurice Schmitt, ancien chef d’état-major des armées et Henri Pouillot, président de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) des Yvelines et du réseau Sortir du colonialisme.

    Au moment du meurtre de Maurice Audin, brillant mathématicien et chercheur de 25 ans, en juin 1957 à Alger, le premier était lieutenant de l’armée française. Le second sera appelé en 1961, chargé de l’intendance à la sinistre villa Susini, à l’époque l’un des principaux centres de torture de militants du FLN. Le général Schmitt, qui terminera sa carrière comme chef d’état-major de François Mitterrand lors de la première guerre du Golfe, reproche à Henri Pouillot de s’être interrogé, dans une lettre ouverte, sur les informations que l’officier pourrait détenir sur le sort de Maurice Audin.

    Depuis sa disparition, la famille de Maurice Audin – sa femme et ses enfants – n’avait trouvé face à elle qu’une réponse officielle de l’armée et de l’État : le militant anticolonialiste s’était évadé le 21 juin, dix jours après son arrestation, lors d’un transfert, puis s’était volatilisé.

    Le cas Audin a été obligatoirement commenté par les officiers

    Mais tout a commencé à basculer l’an dernier, même si en 2012 les carnets personnels du colonel Godard, dans lesquels l’ancien aide de camp du général Massu désigne l’exécuteur présumé, sont redécouverts aux États-Unis. Lors de confessions posthumes diffusées en janvier 2014, le général Paul Aussaresses avoue avoir donné l’ordre de tuer Maurice Audin. Le 18 juin suivant, dans un communiqué de l’Élysée, François Hollande lève en partie seulement le voile sur de nouvelles recherches dans les archives du ministère de la Défense.« Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. Audin, que la justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser », écrivait le président, qui mettait ensuite fin à un secret de Polichinelle : « Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion, qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. »Si l’évasion est abandonnée, rien n’est dit, en revanche, sur les circonstances, ni sur les acteurs de la mort du jeune mathématicien. Alors, le 5 septembre 2014, Henri Pouillot, signataire de l’Appel des 171 qui exige la vérité, remet une lettre ouverte au général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées. L’ancien appelé y écrit que des militaires de l’époque sont probablement détenteurs d’informations.

    « Le général Maurice Schmitt (qui occupa les mêmes fonctions que vous actuellement, il y a quelques années) était capitaine à l’époque des faits, dans les fonctions d’officier de renseignement. Il rencontrait donc quotidiennement au QG de l’état-major d’Alger tous les autres officiers de renseignement du secteur ? Ils se retrouvaient pour faire le point sur leurs “résultats”. Le cas de Maurice Audin (comme celui d’Henri Alleg) a donc été obligatoirement commenté très largement, étant donné l’importance de tels “détenus” », assurait-il dans sa lettre ouverte, ce que le général Schmitt considère comme diffamatoire.« On lui fait porter le poids indu d’une vérité qu’il ne détient pas », a ainsi plaidé son avocat, Me José Allegrini. Henri Pouillot, qui en est à son troisième procès avec le général Schmitt, estime qu’aucun militaire n’apportera son témoignage du vivant des protagonistes.

    « Des points essentiels doivent encore être éclaircis, on est encore loin de la vérité dans cette affaire », confirme Me Pierre Mairat, avocat d’Henri Pouillot. Le délibéré est prévu 
le 3 novembre.

    « Si l’armée veut faire  la lumière… ». Historien spécialiste de la période coloniale, Gilles Manceron a témoigné hier au procès de Marseille. « Personne 
n’a dit que le général Schmitt était 
un témoin direct de l’assassinat de Maurice Audin. Mais il ne semble pas absurde de demander au chef d’état-major des armées d’interroger les officiers qui pourraient avoir des informations », a-t-il estimé. « Si l’armée veut faire 
la lumière, elle le peut. »

    Affaire Audin : 57 ans de mensonge   et la vérité loin du point final *** MISE A JOUR : la déposition de Gille Manceron

    Complément du site de la Ligue des Droits de l’Homme

     de Toulon

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/Marseille-l-affaire-Audin-au.html 

     

    Résumé de la déposition de Gilles Manceron au procès de
    Maurice Schmitt contre Henri Pouillot le 22/09/2015 à Marseille

    • Le président du tribunal : Que pouvez-vous dire comme historien de la disparition de Maurice Audin ?

    Gilles Manceron : Maurice Audin, professeur de mathématique âgé de 25 ans et membre du PCA, a été arrêté le 10 juin 1957 à son domicile à Alger par les parachutistes du général Massu, qui avait depuis janvier 1957 la charge des pouvoirs de police à Alger et pratiquaient arrestations, détentions et interrogatoires sous la torture en tenant à l’écart la justice. Henri Alleg, ancien directeur d’Alger Républicain, arrêté peu après au domicile d’Audin, l’a retrouvé au centre de détention d’El Biar et a témoigné de ce qu’il y avait été torturé. Le 22 juin, la jeune femme de Maurice Audin, Josette, enseignante en mathématiques elle aussi, issue d’une famille européenne d’Algérie, restée seule avec trois enfants dont le dernier avait juste un mois, a reçu la visite de deux parachutistes qui lui ont dit « Vous croyez le revoir un jour, votre mari… Espérez, vous pouvez toujours espérer…  » et parlé de lui au passé. Le 1er juillet, elle est reçue par le lieutenant-colonel Roger Trinquier, chargé du renseignement et collaborateur direct du général Massu. Il lui dit que Maurice Audin s’est évadé le 21 juin, au cours d’un transfert où il n’était pas menotté. Sachant qu’une telle version est la couverture habituelle d’exécutions sommaires, elle accuse les parachutistes de l’avoir tué et dépose plainte pour homicide volontaire.

    Des éléments nouveaux sont apparus ces dernières années. En mars 2012, une journaliste du Nouvel Observateur, Nathalie Funès, a révélé que le colonel Yves Godard, commandant alors la zone Alger-Sahel, a écrit dans des carnets déposés à l’Université de Stanford (Californie) qu’Audin a été tué, sur ordre, par le sous-lieutenant du 6e RPC Gérard Garcet — qui était au début de 1957 l’officier d’ordonnance du général Massu (voir : Colonel Godard, Les paras dans la ville, Fayard, 1972, p. 228). Puis, peu avant sa mort le 3 décembre 2013, le général Paul Aussaresses — commandant, à l’époque — a confié au journaliste Jean-Charles Deniau — qui l’a rapporté dans son livre La vérité sur la mort de Maurice Audin, paru en janvier 2014 — que l’ordre de le tuer est venu du général Massu et que le sous-lieutenant Gérard Garcet est bien celui qui l’a appliqué. Il est clair pour les historiens que, s’il y a eu alors — comme l’a affirmé Aussaresses — un ordre du général Massu, il a forcément été partagé par le ministre résidant Robert Lacoste.

    La déclaration d’Aussaresses a conduit le Président de la République à mettre fin à la version qui a été la version officielle pendant cinquante-sept ans, celle de l’évasion. Il a reçu le 17 juin 2014 à l’Elysée Josette et Pierre Audin, l’un des fils du disparu, et rendu public le 18 juin un message à l’occasion de la remise du Prix Maurice Audin de mathématiques. Dans ce message, pour la première fois, un président de la République a reconnu que « les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé, il est mort durant sa détention ». Cela revient à reconnaître que, pendant cinquante-sept ans, les autorités de l’armée et de la République ont fait d’un mensonge leur vérité officielle.

    Mais de quoi Maurice Audin est-il mort alors qu’il était détenu par les parachutistes ? Le Président de la République a écrit dans son message qu’il avait ordonné « que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. Audin en juin 1957. Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. Audin ». Dans ces conditions, il parait légitime de demander au chef d’état major des armées d’interroger des officiers encore vivants ayant participé à la Bataille d’Alger ce qu’ils savent sur cette mort.

    • Le président : Que pensez-vous du fait de suggérer en septembre 2014 qu’on demande à Maurice Schmitt s’il sait quelque chose sur la mort de Maurice Audin ?

    Gilles Manceron : Le lieutenant Maurice Schmitt n’a pas participé à la première phase de la bataille d’Alger, de janvier à début juillet 1957. Il a rejoint partir d’avril 1957 le 3e régiment de parachutistes coloniaux — à la compagnie d’appui de ce régiment, dont il était l’officier adjoint puis le commandant. Mais, même s’il n’a pas eu affaire à Maurice Audin et s’il n’était pas à Alger entre le 10 et le 21 juin, quand celui-ci a été détenu et est mort durant sa détention, il a une connaissance très précise des évènements à Alger pendant toute l’année 1957. Dans son livre Alger - été 1957. Une victoire sur le terrorisme (L’Harmattan, 2002), il relate ce qui s’est passé avant son arrivée à Alger avec le 3e RPC, le 20 juillet, et consacre tout un chapitre (le chapitre 8) à la suite de la bataille d’Alger, après le 4 septembre, quand lui-même et les parachutistes du 3e RCP ont été remplacés par ceux du 1er REP. Il est arrivé à Alger un mois après la mort de Maurice Audin. Il a rencontré fréquemment — il en fait état dans son livre —des officiers de l’état-major de la 10e DP, dont le lieutenant-colonel Roger Trinquier, collaborateur direct de Massu, et le capitaine Alain Léger — le commandant Paul Aussaresses (du 1er RCP) étant chargé par le général Massu de l’« action ». C’est son régiment, le 3e RCP qui a démantelé entre le 28 janvier et le 19 février 1957 le réseau FLN à l’origine d’une première série d’attentats (voir notamment : Colonel Godard, Les paras dans la ville, p. 266). Il peut donc avoir des informations sur les circonstances de la mort de Maurice Audin, le 21 juin 1957, même s’il n’était pas à Alger à cette date.

    Par ailleurs, il nomme une fois Maurice Audin dans son livre, dans la phrase suivante : « Il est clair que Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’Hidi auraient dû être traduits devant un tribunal… » (page 142). Ali Boumendjel et Larbi Ben M’Hidi ayant été tués, sur ordre, durant leur détention, cette phrase semble indiquer que Maurice Audin a été lui aussi l’objet d’une décision de mise à mort. Il est donc logique de lui demander s’il peut le confirmer et s’il peut apporter des précisions sur ce point. La question est fondée.

    • Le président : Qu’avez-vous à dire sur le fait que Maurice Schmitt s’estime diffamé par la suggestion qu’on lui demande ce qu’il sait de cette mort ?

    Gilles Manceron : Dans son livre déjà cité, il relate comment plus de 80 membres de la Zone autonome d’Alger du FLN ont été détenus et interrogés par les parachutistes du 3e RPC à l’« école Montpensier ». Or plusieurs de ces détenus ont témoigné avoir vu le lieutenant Schmitt diriger et effectuer des tortures sur des personnes incarcérées. En juin 2001, sur France 3 et dans le quotidien Le Monde, Malika Koriche, Ali Moulaï et Rachid Ferrahi l’ont désigné comme ayant ordonné et dirigé leurs tortures durant l’été 1957 à l’école Sarouy, rue Montpensier à Alger. Le général Schmitt a répondu en 2002 dans ce livre que ses parachutistes n’avaient pas eu besoin de torturer Ali Moulaï — puisqu’il a parlé de lui-même de peur d’être torturé et a donné de nombreuses informations sur le réseau FLN —, mais sans répondre aux deux autres témoignages, notamment celui de Malika Koriche. Le 19 mars 2005, Le Monde a ajouté celui de Farid Ferrahi, qui a assisté aux tortures subies par son père, Rachid Ferrahi.

    Et, surtout, en 2012, un élément nouveau s’est ajouté : la publication intégrale par le journaliste à La Croix, Jacques Duquesne, dans son livre Carnets secrets de la guerre d’Algérie (Bayard, 2012), du récit de Huguette Akkache, constitué de 42 pages dactylographiées envoyées en février 1959 au rédacteur en chef de La Croix, le R. P. Wenger. (1) Elle y relate le mois et demi de détention qu’elle a subi pendant l’été 1957 durant la bataille d’Alger, à l’école Serrouy, rue Montpensier, transformée par les parachutistes en « centre d’interrogatoire », puis, à Ben Aknoun, dans un ancien camp ayant servi aux troupes américaines. Son récit a été écrit après son retour en France, en 1958, a été envoyé aussi à la Commission de sauvegarde des droits et libertés fondamentales ainsi qu’à différentes personnalités (le général de Gaulle, François Mauriac, Jean-Paul Sartre, Maurice Clavel) et à d’autres journaux (Témoignage Chrétien, à Hubert Beuve-Méry au Monde…). Témoignage Chrétien en reproduit des extraits dans un supplément intitulé « Témoignages et documents », et Le Monde a fait de même en décembre 1959, sous le titre « Le Centre de tri ». Il avait été publié dans une version quasi intégrale, relue et légèrement mise en forme par l’auteur, en 2004, sous le titre d’Un été en enfer. Barbarie à la française. Alger 1957, par les éditions Exils à Paris, signé du pseudonyme de H. G. Esméralda. Mais, dans cette édition, les noms des tortionnaires n’apparaissent qu’en abréviations. En 2012, le livre de Jacques Duquesne les publie intégralement, pour la première fois, avec les noms propres entiers des tortionnaires tels qu’entendus prononcer (d’où des erreurs orthographiques). Celui du lieutenant Schmitt (orthographié Schmidt) est cité à treize reprises. Ce lieutenant est décrit comme dirigeant les interrogatoires, ordonnant aux bourreaux de poursuivre ou de stopper les tortures, et actionnant parfois lui-même la magnéto tout en lançant de violentes diatribes anticommunistes.

    Est-ce la raison pour laquelle il réagit ainsi quand on évoque devant lui les tortures pratiquées par les parachutistes ou la mort de Maurice Audin lors de la bataille d’Alger ? Déjà, le 6 mars 2002, lors du débat qui a suivi la diffusion sur France 3, du documentaire de Patrick Rotman, L’Ennemi intime, il n’avait pas supporté les témoignages sur la torture de deux acteurs de la guerre d’Algérie — Louisette Ighilariz et Henri Pouillot —, qu’il a accusé de mensonge, ce qui lui a valu un procès en diffamation.

    Est-ce sa gêne quand il se rappelle son propre rôle à Alger en 1957 qui l’a fait réagir ainsi ? Notamment quand Henri Pouillot a suggéré en septembre 2014 au chef d’état-major des armées qu’on l’interroge sur ce qu’il pourrait savoir des conditions de la mort de Maurice Audin ? Maintenant que nous savons qu’un mensonge a été énoncé à sa veuve le 1er juillet 1957 et qu’il a été répété pendant cinquante-sept ans comme une vérité officielle, jusqu’à ce que, le 18 juin 2014, le président de la République le démente, n’est-il pas légitime de demander au chef des armées d’établir la vérité ?

    Personne n’a dit que le général Schmitt était un témoin direct de l’assassinat de Maurice Audin. Mais il ne semble pas absurde de demander au chef d’état-major des armées d’interroger les officiers qui pourraient avoir des informations sur sa mort. Si l’armée veut faire la lumière, elle le peut.

    Gilles Manceron, le 24 septembre 201

    NOTES

     (1) Jacques Duquesne a débuté sa longue carrière de journaliste à la fin de 1957 comme reporter en Algérie pour le quotidien La Croix. Il préside aujourd’hui l’association qui supervise l’ensemble du groupe Ouest-France. En 2012, il a publié Carnets secrets de la guerre d’Algérie chez l’éditeur Bayard. Il écrit dans le Préambule : « A 82 ans, mes années d’Algérie me reviennent. […] Cette guerre que j’avais couverte pour La Croix s’est imposée dans ma mémoire au moment où j’ai rouvert les cartons que j’avais soigneusement ficelés et rangés au fond d’un grenier en Corrèze il y a 50 ans ». Son livre contient, aux pages 137 à 163, le récit envoyé le 15 février 1959 au R. P. Wenger, rédacteur en chef de La Croix, qui nomme en toutes lettres à treize reprises le lieutenant Maurice Schmitt. Jacques Duquesne le présente ainsi : « Sur 42 pages dactylographiées, une jeune femme algéroise, mère d’une petite fille, raconte, en termes simples et précis, les 43 jours de détention et de torture qu’elle a subies, à l’école Serrouy, rue Montpensier, près de la Casbah, un établissement transformé par les paras en "cenre d’interrogatoire" durant la bataille d’Alger. […] Je ne me souviens pas d’avoir jamais publié l’histoire de Huguette Akkache. Je suis heureux de pouvoir le faire aujourd’hui ».

     

     

     


    votre commentaire
  • Henri POUILLOT communique : "22 septembre 2015 : A Marseille, l’Affaire Maurice AUDIN vient à la barre"

    22 septembre 2015 : A Marseille

    l’affaire Maurice AUDIN vient à la barre.

    Communiqué :

    Le Général Maurice Schmitt me poursuit en diffamation. J’avais remis le 5 septembre 2014 une lettre (voir), en main propre, au Général Pierre De Villiers, Chef d’Etat Major des Armées, lettre dans laquelle était dit : " Le Général Maurice Schmitt (qui occupa les mêmes fonctions que vous actuellement, il y a quelques années) était capitaine à l’époque des faits, dans les fonctions d’officier de renseignements. Il rencontrait donc quotidiennement au QG de l’Etat Major d’Alger tous les autres officiers de renseignements du secteur ? Ils se retrouvaient pour faire le point sur leurs "résultats". Le cas de Maurice Audin (comme celui de Henri Aleg) a donc été obligatoirement commenté très largement étant donné l’importance de tels "détenus". "

    Cette démarche faisait suite au Communiqué de l’Élysée du 18 juin 2014 déclarant : " Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention ."

    Cette audience sera l’occasion de mettre en lumière cette affaire et peut-être faire avancer la vérité sur cet assassinat, savoir ce qu’est devenu son corps et permettre ainsi à sa femme Josette, ses enfants Pierre et Michèle de faire leur deuil, de pouvoir se recueillir sur sa sépulture.

    C’est l’Avocat Pierre MAIRAT du Barreau de Paris qui assurera ma défense lors de cette audience au TGI de Marseille à 14 heures.

    Pour tout renseignement vous pouvez me contacter.

    SOURCE : http://www.henri-pouillot.fr/

    Henri POUILLOT communique : "22 septembre 2015 : A Marseille, l’Affaire Maurice AUDIN vient à la barre"

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/le-general-Maurice-Schmitt.html

    Le général Maurice Schmitt poursuit Henri Pouillot

     en diffamation 

     
    Henri Pouillot, militant anticolonialiste connu, est poursuivi en justice par le général Maurice Schmitt pour diffamation à propos de "l’affaire Maurice Audin". L’affaire sera jugée par le TGI de Marseille mardi prochain, 22 septembre à 14h.

    Henri Pouillot appelle à se rassembler devant le TGI et dans la salle, pour qu’il n’y ait “pas que des bérets rouges ou verts dans la salle d’audience (1) Il a reçu le soutien de l’ANPNPA Association Nationale des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Amis.

    Ci-dessous quelques articles de ce site évoquant le recours à la torture pendant la guerre d’Algérie (cliquer sur les liens) :

     

    Henri POUILLOT communique : "22 septembre 2015 : A Marseille, l’Affaire Maurice AUDIN vient à la barre"

    Communiqué de l’ANPNPA 

    22 septembre 2015 : A Marseille,
    l’Affaire Maurice AUDIN vient à la barre

    Le Général Maurice Schmitt poursuit en diffamation Henri POUILLOT. Celui-ci avait remis le 5 septembre 2014 une lettre (voir http://www.henri-pouillot.fr/spip.p...), en main propre, au Général Pierre De Villiers, Chef d’Etat Major des Armées, lettre dans laquelle était dit :

    « Le Général Maurice Schmitt (qui occupa les mêmes fonctions que vous actuellement, il y a quelques années) était capitaine à l’époque des faits, dans les fonctions d’officier de renseignements. Il rencontrait donc quotidiennement au QG de l’Etat Major d’Alger tous les autres officiers de renseignements du secteur ? Ils se retrouvaient pour faire le point sur leurs "résultats". Le cas de Maurice Audin (comme celui de Henri Aleg) a donc été obligatoirement commenté très largement étant donné l’importance de tels "détenus". »

    Cette démarche faisait suite au Communiqué de l’Elysée du 18 juin 2014 déclarant :

    « Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. »

    Cette audience sera l’occasion de mettre en lumière cette affaire et peut-être faire avancer la vérité sur cet assassinat, savoir ce qu’est devenu son corps et permettre ainsi à sa femme Josette, ses enfants Pierre et Michèle de faire leur deuil, de pouvoir se recueillir sur sa sépulture.

    C’est l’Avocat Pierre Mairat du Barreau de Paris qui assurera la défense de Henri Pouillot lors de cette audience au TGI de Marseille à 14 heures.

    Marseille, le 18 septembre 2015

    Notes

    (1) Pour tout renseignement vous pouvez contacter Henri POUILLOT au 06.86.40.02.01 ou de préférence par courriel à henri.pouillot@orange.fr.

    Le 14 janvier 2014 dans l’émission

    « Les questions au gouvernement »

    Ecoutez la question du député François Asensi

    et la réponse du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

    20 Juin 2014

    indexélysée

    Message du Président de la République à l’occasion de la remise du prix Maurice AUDIN pour les mathématiques

    « Aujourd’hui (18 juin 2014) est remis le Prix AUDIN de mathématiques, en mémoire de Maurice AUDIN, jeune professeur et militant de l’Algérie indépendante.

    Depuis mon entrée en fonction, j’ai fait de l’exigence de vérité la règle à chaque fois qu’il est question du passé de la France.

    C’est cette exigence qui m’a guidé quand, à l’occasion de mon voyage à Alger en décembre 2012, j’ai rappelé notre devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture.

    C’est cette exigence qui m’a conduit à ordonner que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. AUDIN en juin 1957.

    Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. AUDIN, que la Justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser.

    Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention.

    C’est ce que j’ai voulu signifier en me rendant le 20 décembre 2012 place Maurice AUDIN à Alger, devant la stèle qui honore sa mémoire.

    C’est ce que j’ai dit à Mme AUDIN en la recevant le 17 juin 2014, 57 ans après la disparition de son mari à l’égard duquel un devoir de mémoire et de vérité nous oblige ».

    François HOLLANDE

     

     

     

     


    votre commentaire

  • "La bataille d'Einaudi"  par Fabrice Riceputi *** Un livre présenté par la LDH de Toulon

    SOURCE : http://ldh-toulon.net/la-bataille-d-Einaudi-par-Fabrice.html

     

    "La bataille d'Einaudi"

    par Fabrice Riceputi

    Octobre 1997. Maurice Papon est enfin jugé pour son rôle actif, entre 1942 et 1944, dans la déportation de 1690 juifs de la Gironde vers Drancy, dernière étape avant Auschwitz. Lors de l’interrgatoire de l’accusé, Jean-Luc Einaudi est appelé à témoigner. A la barre, il affirme qu’il y avait eu, à Paris en octobre 1961, un massacre perpétré par des forces de police agissant sous les ordres de Maurice Papon alors préfet de police. L’écho médiatique et politique de cette déposition est considérable. On a « découvert » d’autres cadavres dans les placards de Papon. Des cadavres qui ne sont pas ceux de Vichy, mais de la République.

    Fabrice Riceputi, né en 1958, enseigne l’histoire-géographie dans un quartier populaire de Besançon. Il anime le blog campvolant.com consacré à l’actualité des questions coloniales et postcoloniales. Il a mené un important travail de recherche pour écrire ce livre, dont les sources comprennent, notamment, des archives privées et des entretiens avec certains des protagonistes de « la bataille d’Einaudi ».


    La Bataille d’Einaudi
    Comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République
    de Fabrice Riceputi, préface de Gilles Manceron, éd Le passager clandestin, octobre 2015, 240 p., 15 €
    Ci-dessous, un extrait de l’introduction (pages 23 à 26) de La bataille d’Einaudi).

    Pour reprendre l’expression d’un auteur britannique, la République gaullienne, en commettant ce crime, puis en le niant, avait fabriqué une « french memory’s bombe à retardement » [1]. Longtemps restée enfouie dans les tréfonds de la société française, cette bombe mémorielle explosa véritablement devant la cour d’assises de Bordeaux, trente-six ans plus tard. Ce 16 octobre 1997, une brèche s’est alors ouverte dans le mur de silence derrière lequel un consensus national avait si longtemps relégué le drame.

    Cette brèche ne s’est plus refermée. Au point, selon Henry Rousso, que le 17 octobre 1961, date du massacre d’Algériens pacifiques occulté durant trente ans, est devenu depuis les années 2000 une sorte de « métaphore métonymique » de la guerre d’Algérie, « sale guerre » coloniale dont on dissimula les nombreux crimes. Son abondante commémoration dans les media à chaque anniversaire, une production très importante de livres et de films d’histoire ou de fiction le prenant pour objet depuis les années 2000, font qu’après une longue « amnésie », on pourrait désormais parler, selon lui, d’une « hypermnésie » [2] : l’événement longtemps occulté aurait désormais une place pour ainsi dire disproportionnée dans la mémoire collective.

    Quoi qu’il en soit, ce retour fracassant doit sans conteste beaucoup à un homme, Jean-Luc Einaudi. C’est ce combat pour la connaissance historique et pour la reconnaissance politique d’un crime raciste colonial d’État que ce livre entend retracer. Un combat qui s’étendit sur trois décennies.

    La fameuse déposition d’Einaudi à Bordeaux n’en fut que l’épisode le plus connu. Commencé dès le milieu des années 1980, ce combat fut d’abord celui que Jean-Luc Einaudi mena en solitaire pour parvenir à dresser le procès-verbal du massacre dans La bataille de Paris. Il s’agissait en somme de redonner « un nom et une adresse » à un crime d’État nié officiellement et devenu depuis une sorte de rumeur mémorielle, un événement sans historien ni histoire.

    Puis survint la double confrontation judiciaire avec Maurice Papon. Cette confrontation, Einaudi l’avait en quelque sorte lui-même engagée dès la première page de son livre. Il avait en effet conjointement dédié ce dernier à deux enfants victimes de ce serviteur de l’État, l’une juive, Jeannette Griff, 9 ans, déportée en 1942 de Bordeaux à Drancy avant de l’être à Auschwitz [3], l’autre « française musulmane d’Algérie », Fatima Bedar, 15 ans, noyée dans le canal Saint-Denis en octobre 1961  [4] Bien que seul le premier de ces deux crimes ait pu être jugé par la Cour d’asises de Bordeaux en 1997, le second fut finalement examiné lors d’un autre procès retentissant en 1999. Étrangement, c’est au cours de ce procès intenté par Maurice Papon lui-même à Jean-Luc Einaudi que la justice reconnut « un massacre ».

    Mais, si c’est par lui que la France redécouvrit véritablement le 17 octobre 1961, la bataille ne se réduisit pas, comme nous le verrons, à ce mano a mano finalement victorieux avec l’ancien préfet de police de Paris, qui fit les délices de la presse et personnifia à l’excès le débat historique. Einaudi ne fut pas seulement celui qui « défia Maurice Papon ». En effet, une fois défaite et ruinée la version officielle de 1961, restait encore à faire plier la raison d’État qui refusait la vérité. Il fallait notamment affronter la résistance acharnée de l’appareil d’État lui-même à livrer ses archives. Le combat pour obtenir leur ouverture sur le 17 octobre contribua à une libération de la recherche sur la guerre d’Algérie. Mais la même raison d’État fit deux victimes trop souvent oubliées : deux archivistes, Philippe Grand et Brigitte Lainé. Ces deux là payèrent chèrement un héroïsme bien ordinaire : le simple fait d’avoir, en défense d’Einaudi face à Papon, témoigné de ce qu’ils savaient, en tant qu’archivistes, devant la justice. Leur ahurissante « affaire » est également racontée ici.

    Enfin, la bataille d’Einaudi porta en elle une exigence politique dont l’enjeu fut et est encore considérable. Elle touche à l’identité même de la France d’hier, mais aussi d’aujourd’hui : celle d’une reconnaissance officielle, d’une intégration à « l’histoire de France » d’un massacre colonial et raciste hautement emblématique de ce que fut la République coloniale. La France, selon une formule tant de fois employée depuis les années 1990, allait-elle enfin « regarder en face son passé colonial » et en tirer les leçons en s’attaquant à un impensé colonial toujours à l’œuvre ?

    Cette exigence heurtait de front un consensus français majeur, formé dès la guerre d’Algérie entre les principales forces politiques de la Ve République pour maintenir l’omerta, sur ce crime colonial-là comme sur tous les autres. Ce pacte du silence ne fut rompu qu’en 2012, le plus haut sommet de l’État admettant enfin, mais du bout des lèvres, qu’« une tragédie » avait eu lieu le 17 octobre. Einaudi considéra alors que son combat était largement victorieux. L’« amnésie » proprement dite était bel et bien vaincue. Mais il savait que si la République consentait désormais, contrainte et forcée, à compatir à la « douleur des victimes » de certains crimes coloniaux, elle s’arrêtait toujours, comme frappée d’aphasie, au seuil de la vérité la plus difficile à admettre, celle des responsabilités politiques.

    P.-S.

    Un hommage à Jean-Luc Einaudi se tiendra à la librairie Folies d’encre à Saint-Denis le mardi 6 octobre à 19 h.

    Notes

    [1] Cette formule, titre d’un article de Richard J. Golsan (« Memory’s bombes à retardement. Maurice Papon, crimes against humanity and 17 october 1961 », Journal of European Studies, voL. 28, n° 109-110, 1998, p. 153-172) est citée dans Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961. Les Algériens, la terreur d’État et la mémoire (Paris, Tallandier, 2008), remarquable somme sur la répression de l’automne 1961 et son histoire mémorielle, abondamment utilisée pour écrire ce livre.

    [2] Henry Rousso, « Les raisins verts de la guerre d’Algérie », in Yves Michaud (dir.), La Guerre d’Algérie (1954-1962), Paris, Odile Jacob, 2004, p. 127-151.

    [3] Arrêtés en gare de Mont-de-Marsan le 18 août 1942, Jeannette Griff, ses trois jeunes frères et sa mère sont morts à Auschwitz le 9 septembre 1942 (voir site internet du MRAP des Landes : www.mrap-landes.org/spip.php ?article561).

    [4] Sur Fatima Bedar, voir Jean-Luc Einaudi, Octobre 1961. Un massacre à Paris, Arthème Fayard/Pluriel, 2011 (réed.), p. 471-474, ainsi que Didier Daenninckx, « Fatima pour mémoire », Mediapart, 22 septembre 2011 (www.mediapart.fr/journal/fra...).


    Suivre la vie du site


    2 commentaires
  •  

     

    Elles nous ont donné tellement de satisfactions ces frontières, que certains prient, supplient, exigent : Redonnez-nous des frontières ! Celles-ci, dans un souffle, disent : Ne nous séparons pas, ne nous divisons pas. On s’en moque, c’est ce qu’il nous faut, répondent-ils.
    Ah ! Cette sensation délicieuse du claquement de menton, du frémissement de sourcils pour chaque mètre carré de sol national menacé, cette vanité satisfaite par la diplomatie de la canonnière, cette vénération du héros mort à la guerre. Ce ne sont plus des chars qui forcent nos entrées dans des déflagrations d’obus qui tuent, mais un danger infiniment plus grand, des milliers d’hommes, dépenaillés, accompagnés de leur épouse, un enfant dans les bras, armés des plus mauvaises intentions à notre égard. Nous devons nous ressaisir, rejeter ces va-nu-pieds nous menaçant de leur misère sur le sol sacré de la patrie.
    Nos oiseaux de malheur, se qualifiant de penseurs, nous alertent, jour après jour, du matin au soir, dans les médias, des dangers que nous courrons : Arrière les droits de l’homme, arrière Diderot, Voltaire, Rousseau et Montesquieu, arrière les Lumières, arrière l’émancipation des hommes ! C’est la fin d’une civilisation, finissent-ils, lugubres, à la péroraison de leur diatribe.
    Elle est morte notre civilisation, depuis longtemps déjà, vous ne le saviez pas ? Ce n’est pas les autres qui l’ont tuée, c’est nous ! Elle est morte à la porte des camps de la mort, de celle-là nous ne voulons plus. Celle que nous fonderons, contre vents et marées, se débarrassera de la xénophobie, du racisme, des antagonismes stupides, des iniquités qui nous ont conduit à cette fin immonde. Nous ne laisserons jamais s’éteindre cette flamme vacillante : l’humain et sa réelle présence.
    Continuant leur marche en arrière, les ténébreux idéologues sautent à pieds joints au-dessus du XVIIIè siècle, allant de restauration en restauration. Après la reconstitution des frontières, vivement le despotisme, disent-ils, ordre, discipline, travail, famille, patrie, que renaisse une école formant des élèves ouverts sur le passé, les nourrissant de valeurs : héroïsme, grandeur, transcendance, une école qui leur fasse miroiter un avenir monochrome, blanc et catholique.
    Après le despotisme, la barbarie ! Qu’importe ? Tout plutôt qu’un futur métissé. En arrière toutes !
    Même si vous remportez, de ci de là, quelques petites victoires, cette civilisation nouvelle, entreprise malgré vous, nous l’accomplirons quand même, soyez en sûrs, sans vos frontières et vos valeurs.

    Le tout meilleur d'Henri Lhéritier.

    http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/


    votre commentaire
  • "J'ai été migrant" : l'immigration a sauvé la France. L'oublier, c'est insulter l'Histoire

     

    Par Séverine Najar
    Internaute

    LE PLUS. "J'ai été migrant", c'est la une que "L'Obs" a publié le jeudi 3 septembre. Depuis, nous publions les réflexions et témoignages des citoyens qui nous ont écrit pour nous raconter leur histoire. Aujourd'hui, Séverine Najar revient sur celle de sa famille, de son conjoint mais aussi sur l'Histoire de France, que certains tendent à oublier. Témoignage.

    Édité et parrainé par Henri Rouillier 

    "L'Obs" publie les réflexions et témoignages des citoyens qui nous ont écrit pour nous raconter leur histoire

    Des migrants dorment sur des trottoirs près de la porte de la Chapelle à Paris, le 13 juillet 2015 (G. VILLEMIN/AFP).

    Je suis consciente depuis longtemps que ce sont les histoires individuelles qui ont permis et permettent encore de construire la grande histoire de la France. C’est pour cette raison que j’ai choisi de témoigner aujourd’hui : je trouve que les médias ne se font pas suffisamment l’écho de cette réalité.

    Des discours politiques qui surfent sur l’angoisse 

    L’actualité, telle qu’elle est formulée aujourd’hui quand on parle des migrants ou des réfugiés, ne se concentre que sur les crispations, les conflits et les polémiques.

    Les médias sont générateurs de discours qui installent une angoisse, une peur et parfois de la haine. Des discours qui donnent lieu à des récupérations politiques du pire effet, quand il faudrait simplement pouvoir dire sereinement ce qu’est la France, et que la question de l’immigration concerne chacune de nos histoires personnelles.

    Leur histoire, c’est l’histoire de ma famille 

    Ma grand-mère maternelle est née en Italie. Elle est arrivée en France à l’âge de 14 ans, fuyant la misère. Elle a travaillé toute sa vie, fait des ménages, été ouvrière, aide-cuisinière. Elle a aussi travaillé dans un hôpital. Elle est devenue française en épousant mon grand-père. De son côté, mes arrière-grands-parents étaient espagnols.

    Quand on me parle de la situation des réfugiés et des migrants, quand je lis les témoignages de ces gens qui sont arrivés sur le sol français depuis peu de temps, je me sens profondément concernée. C’est l’histoire de ma famille et de ces générations qui m’ont précédée. C’est aussi une spécificité de la France.

    Mon conjoint est né en Algérie. Il a gagné la France à l’âge de 18 mois avec sa mère dans le cadre du regroupement familial. Mon beau-père travaillait à l’époque en Alsace, après avoir combattu pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale, au sein des tirailleurs marocains. Leur histoire a rejoint celle – régionale – de l’Alsace…

    L’immigration a sauvé la France 

    Dans l’histoire contemporaine de la France, on ne peut pas mettre de côté l’immigration. La France s’est construite avec ces vagues qui ont fait, au fil du temps, sa richesse. Et puis l’histoire de l’immigration, c’est aussi celle des ouvriers qui sont venus aider à la reconstruction du pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Sans eux, nous n’aurions pas réussi. La richesse économique, industrielle, économique et culturelle de la France est dépendante de l’immigration.

    N’en déplaise à certains, la France d’aujourd’hui s’est davantage construite sur  les valeurs universelles qui font notre devise, que sur des valeurs religieuses. Notre texte de référence est la Constitution. Nous avons hérité de la Révolution française et de la Résistance. Ces moments de l’histoire sont porteurs de combats et d’aspirations autour desquels ceux qui veulent aujourd’hui venir en France se retrouvent.  Le nier n’a aucun sens.

    Nous sommes un peuple solidaire 

    J’arrive à dire cela parce que je me suis moi-même construite avec ces références. Passionnée par l’histoire de la Résistance, j’ai conscience de l’héritage politique qui nous a été légué.

    Le fait d’avoir pu en parler avec des personnalités incroyables, comme Lucie Raymond-Aubrac, m’a apporté cette réflexion. Nous sommes initialement un peuple solidaire, quand nous sommes confrontés à quelque chose de terrible, nous nous rassemblons. Nous resserrons nos liens.

    Nous pouvons vivre ensemble 

    Je peux entendre les arguments parfois racistes et xénophobes de certains commentateurs, qui se disent anti-immigration. On doit les entendre. Pourquoi ? Parce qu’il faut être capable de leur apporter des réponses. Il faut leur répondre avec des éléments factuels : les immigrés viennent travailler en France. En travaillant, ils paieront des impôts et contribueront ainsi à l’intérêt général. Ils vont contribuer à la richesse de notre pays.

    N’oublions pas ce paradoxe bien français, qui doit pouvoir nous redonner de l’espoir : nous sommes un pays crispé sur la question de l’immigration mais il n’y a jamais eu autant de mariages mixtes sur notre territoire. Preuve que nous pouvons effectivement vivre ensemble. C’est en cela que je trouve que nos politiques manquent de cohérence, et qu’on n’accorde définitivement pas assez de place à la parole des citoyens sur ce genre de question.

    De point de vue de l’histoire de France, on ne peut qu’accueillir ces personnes. Nous sommes passés par là.

    Propos recueillis par Henri Rouillier .   

     http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1423959-j-ai-ete-migrant-l-immigration-a-sauve-la-france-l-oublier-c-est-insulter-l-histoire.html  

     

     

    "L'Obs" publie les réflexions et témoignages des citoyens qui nous ont écrit pour nous raconter leur histoire

    "J'ai été migrant" : comme Aylan, j'ai fui l'oppression

    avec les poches remplies d'espoir

    Avatar de Joao Manuel Da Cruz

    Par 
    Citoyen

    LE PLUS. "J’ai été migrant". C’est le titre qui figure en une de "L’Obs" en kiosque cette semaine. Notre magazine a décidé de consacrer un dossier à ces hommes et ces femmes qui ont rejoint la France et s’y sont intégrés. Des parcours de vie qui font écho à l’histoire Joao Manuel Da Cruz. Alors qu'il avait 5 ans, sa famille a fui le Portugal et la dictature de Salazar. Témoignage.

    Édité par Sébastien Billard 

    Ma famille est originaire d’un petit village non loin de Porto, qui s’appelle San Pedro Da Cova. Mon père était soudeur dans une mine de charbon.

    Mon père est parti en premier

    Un jour de 1966, il a décidé, avec quelques-uns de ses cousins, de quitter le Portugal pour la France, suivant le chemin que certains de ses proches avaient pris avant lui. Tous voulaient fuir la dictature de Salazar et vivre des jours meilleurs. À l’époque, il y avait du travail en France.

    Mon père et ses cousins ont essayé une première fois de quitter le Portugal. Ils ont été arrêtés et détenus à la prison de Vila Real pendant 23 jours, parce qu’il était interdit de quitter le pays sous Salazar.

    Le jour de leur libération, ils sont revenus au village le temps de se laver et prendre des vêtements propres, et ils ont retenté leur chance le lendemain même. Cette fois-ci a été la bonne, ils ont mis deux semaines à gagner la France, et la ville de Troyes, où il s’est installé.

    Un jour, ma mère a sorti mes plus beaux habits

    Ma mère et moi sommes restés au village, chez mes grands-parents. Un matin de l’année suivante – je m’en souviens comme si c’était hier, même si j’avais 5 ans –, elle m’a habillé avec mes vêtements du dimanche, elle a réuni la famille et elle a commencé à dire au revoir à tout le monde.

    Les adultes pleuraient. Je n’ai pas compris tout de suite ce qui se passait. J’avais beau poser des questions, personne ne me répondait.

    Nous avons pris un train jusqu’à la ville de Famalicao, où tout un groupe de personnes nous attendait. Parmi eux, un homme, qui était notre passeur. Des années plus tard, j’ai appris qu’il y avait dans ce groupe une femme et ses trois enfants qui faisaient partie de notre famille. Elle voulait aussi quitter le Portugal pour rejoindre son mari, le cousin de mon papa.

    Nous voyagions de nuit, pour ne pas nous faire arrêter

    Entre le Portugal et l’Espagne, nous voyagions la nuit, dans l’espoir d’éviter la garde nationale républicaine et la police espagnole. La journée, nous nous réfugiions dans des caves ou des granges… dans le plus grand silence. À la nuit tombée, nous sortions de nos trous et nous marchions à travers champs, forêts… cours d’eau. Et ce pendant des heures.

    Je me rappelle d’une anecdote à ce sujet. J’étais un petit garçon, donc il arrivait que ma mère me porte sur de longues distances. Un jour, le passeur a voulu la soulager et me prendre dans ses bras. J’ai hurlé parce que je ne voulais pas. Après tout, je ne le connaissais pas. Il m’a pris quand même et nous avons essayé de franchir une petite rivière. Il est tombé dans l’eau, et moi avec.

    Aujourd’hui, j’y repense en rigolant, mais à l’époque, nous n’avions qu’une seule peur : celle d’être arrêtés et jetés en prison.

    De Paris à Troyes, avec en poche, l’adresse de mon père

    Nous avons mis huit jours pour gagner Hendaye. Arrivés là-bas, nous avons pris le train pour rejoindre Paris, l’étape obligatoire avant Troyes, où mon père travaillait.

    Dans le train, tout le monde nous regardait bizarrement parce que nos vêtements portaient les stigmates du voyage que nous avions fait auparavant. Ils étaient parsemés de ces petites boules qui s’accrochent au tissu quand on les frôle. Peut-être pensaient-ils que nous étions malades, ou que nous avions des poux. Je ne sais pas.

    Nous sommes arrivés à Paris, avec en poche un petit billet sur lequel était inscrite l’adresse de mon père à Troyes, et celle de la gare de l’Est. Si bien qu’à la capitale, nous avons montré ce morceau de papier aux Parisiens en leur demandant notre chemin vers le prochain train.

    Chacun d’entre nous regardait, hagard, en pointant le sol du doigt. Nous avons mis un certain temps avant de comprendre qu’ils nous disaient de prendre le métro…

    J’ai construit toute ma vie ici

    Nous avons fini par arriver en gare de Troyes. Je me rappellerai toute ma vie d’avoir descendu la grande avenue du général de Gaulle, émerveillé, avec la sensation d’être enfin arrivé au paradis. Nous avons retrouvé mon papa, qui travaillait déjà depuis quelques temps à l’usine Kléber. Il avait trouvé un appartement, et tout allait bien pour lui.

    Nous nous sommes mis en quête d’un logement où nous pourrions vivre tous les trois, ainsi que d’un emploi pour ma mère. Elle en a trouvé un très rapidement au sein d’une teinturerie, puisque Troyes était la capitale de la bonneterie et du textile.

    Plus tard, ma petite sœur est née. Elle a grandi ici, avant de retourner au Portugal avec mes parents. Quelque part, elle a fait le chemin inverse. Moi, je suis resté ici. J’ai fait toute ma vie à Troyes.

    À la vue de cette photo, je n’ai pas pu retenir mes larmes

    J’y ai rencontré ma femme, qui a elle aussi fui Salazar avec ses parents. Nous avons construit notre vie ici en France, sans jamais oublier d’où nous venions, même si nous nous sentons profondément français aujourd’hui.

    Il y a quelques jours, j’ai vu la photo du corps de ce jeune garçon syrien, âgé de trois ans. Il était échoué sur une plage turque de Bodrum. Tout de suite, les larmes sont venues. J’ai pleuré. J’ai 53 ans. L’histoire de cet enfant n’est pas la mienne mais les similitudes sont grandes. Nous avons fui la guerre et l’oppression, avec dans nos poches, de l’espoir.

    Je voudrais que la France se mobilise, on ne peut pas laisser ces gens mourir à nos frontières.

     
     

    votre commentaire
  • TABLEAU DE CHASSE

    par l'écrivain Henri Lhéritier

     

    TABLEAU DE CHASSE par l'écrivain Henri Lhéritier

    C’était un vieux général qui avait mitraillé des tas de braves gens tout au long de sa carrière.
    Pour en protéger d’autres, mon petit, me disait-il.
    Je gobais ce message, m’émerveillant de la fraternité des militaires et de leur sacrifice à notre service.
    Le vieux général érigeait ses mots en principe universel : « tuer pour que d’autres ne meurent pas », dans sa bouche, cela devenait un humanisme.
    Une monumentale escroquerie, oui ! Je le sais aujourd’hui : une canonnade déguisée en pensée ! On peut chiffrer avec exactitude le nombre de ceux que l’on tue, il s’agit d’une réalité. Mais connaît-on le nombre de ceux que l’on sauve ? Jamais ! Ils ne sont qu’une pure hypothèse, parfois même un mensonge.
    Cette histoire de sauvegarde d’innocents sert d’alibi à ceux pour qui tuer est un métier et un honneur. Hommes politiques et militaires, en toute immoralité, se découpent des tranches plus ou moins épaisses de vies prétendument sauvées, selon le poids des médailles qu’ils veulent s’attribuer ou des galons auxquels ils postulent.
    Regardez ceci, me disait parfois le vieux général, en me montrant du doigt, un sous-verre accroché au mur de son bureau, entre des casques, des képis, des épées et des fusils, un tableau d’honneur, une sorte de certificat de bonne conduite, revêtu de la signature d’un ministre, et moi, comme un imbécile, ravi de considérer que ces morts étaient utiles pour sauver des vivants, je m’extasiais devant ces chiffres :
    Allemands : 192 morts, (le général n’était alors que sous-lieutenant).
    Indochinois : 3518 morts, (il était passé colonel).
    Algériens rebelles : 6212 morts, (il était général).
    C’était eux ou nous, m’expliquait-il, j’ai fait mon devoir !
    J’aurais dû me méfier et m’étonner que le monde nous veuille tant de mal pour justifier tant de morts, nous qui ne demandons rien à personne.
    À ce prix-là, est-il bien utile de prétendre nous sauver ?
    Contre la vieillesse et la maladie, le général ne put massacrer personne à sa place.
    Il mourut.
    Des morts sans raison et des vivants protégés sans cause, il était le seul à ne pas être innocent.

    Henri Lhéritier

    http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/


    votre commentaire
  • L'interminable histoire du shérif de

    Béziers, ça se passe aussi au Sénat !!!

    L'interminable histoire du shérif de Béziers, ça se passe aussi au Sénat !!!

    L'interminable histoire du shérif de Béziers, ça se passe aussi au Sénat !!!

    Robert Ménard qui tente d’expulser des réfugiés :

    « Un comportement abject » accuse Bernard Cazeneuve

    Il est habituellement d’un calme olympien. Il est même connu pour cela. Mais ce jeudi, pour les questions d’actualité au gouvernement au Sénat, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, est sorti de ses gonds. En cause : les attaques du sénateur FN Stéphane Ravier sur les réfugiés.

    Stéphane Ravier : « Vous contribuez à faire du pays des droits de l’Homme le pays des droits de l’autre »

    « Vous contribuez à faire du pays des droits de l’Homme le pays des droits de l’autre » a lancé le sénateur-maire FN du 7e secteur de Marseille. « Monsieur le ministre, quand allez vous agir en ministre de l’intérieur et plus en ministre de l’extérieur ? » a demandé Stéphane Ravier (voir le début de la vidéo). 

    « Merci pour cette question qui est un modèle d’humanité, d’esprit de nuance, de finesse et de réalisme » a d’abord ironisé Bernard Cazeneuve. Avant de monter dans les tours : « Vous êtes simplement le parti de la haine et vous mettez tous les étrangers dans la même approche avec une logique d’exclusion. (…) Votre question l’a bien montré : elle était inspirée par un ressort et un seul : la convocation des instincts ».

    Bernard Cazeneuve : « L’honneur de la France, c’est d’ouvrir ses portes à ces hommes et à ces femmes qui sont persécutés »

    Bernard Cazeneuve continue, allant jusqu’à littéralement pointer du doigt Stéphane Ravier : « L’honneur de l’Europe, l’honneur de la France, c’est d’ouvrir ses portes à ces hommes et à ces femmes qui sont persécutés et de ne pas tenir le discours que vous venez de tenir et de ne pas avoir le comportement abject qu’ont un certain nombre d’élus qui vont dans les appartements où sont ces réfugiés pour leur dire textuellement "vous n’êtes pas bienvenus chez nous" » (revoir la vidéo à l'adresse de l'article de ce blog :

    http://micheldandelot1.eklablog.fr/le-coup-de-force-rate-du-sherif-de-beziers-mise-a-jour-le-point-de-vue-a118706500).

    Le ministre fait référence au maire de Béziers élu avec le soutien du FN, Robert Ménard. Il s’est mis en scène devant une caméra de la ville, demandant à une famille de réfugiés syriens de quitter les lieux. Il les accuse d’occuper illégalement un logement. La vidéo a été mise en ligne vendredi dernier sur le compte YouTube de la ville.

    « Ce qui vous intéresse, ce ne sont pas les solutions, ce sont les problèmes »

    « Tant que ce gouvernement sera là et tant que la France sera la France (…), la France ouvrira ses bras à ceux qui sont persécutés chez eux », a soutenu Bernard Cazeneuve. Il reproche aussi au FN de s’être opposé au texte sur le renseignement : « A chaque fois que nous proposons des solutions pour combattre les terroristes, vous vous y opposés, car ce qui vous intéresse, ce ne sont pas les solutions, ce sont les problèmes, c’est le terreau sur lequel vous prospérez ».

    SOURCE : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/robert-menard-qui-tente-d-expulser-des-refugies-un-comportement-abject-accuse-cazeneuv 

     


    votre commentaire
  • De nombreuses villes proposent d’apporter de l’aide aux réfugiés...

    De nombreuses villes proposent d’apporter de l’aide aux réfugiés...

    Les réactions des villes

    SOURCE : Europe1 le 12 septembre 2015 à 18h :

    http://www.europe1.fr/societe/quell....

    - Les villes qui font partie du "réseau de villes solidaires" : Rennes, Metz, Lyon, Rouen, Strasbourg, Nantes, Nancy, Dijon, Grenoble, Caen, Besançon sont les premières à avoir répondu à cet appel. A Lille Martine Aubry a promis une centaine de places disponibles pour accueillir des réfugiés et Olivier Bianchi maire PS de Clermont-Ferrand, a annoncé que 200 familles de réfugiés pourraient être accueillies dans la région. A Bordeaux, Alain Juppé s’est dit aussi prêt à prendre "sa part", refusant pour autant de "se lancer dans une course aux chiffres". Pas de prévisions chiffrées non plus à Saint-Etienne, au Havre, au Mans. A Montpellier, le maire Philippe Saurel a promis la création d’un centre de d’accueil de demandeurs d’asile d’une capacité de 60 places, avant la fin de l’année 2015. Enfin à Paris, la maire Anne Hidalgo a annoncé jeudi la création de 7 nouveaux centres d’accueil pour les réfugiés (460 places au total).

    - Les villes qui attendent avant de se prononcer : Toulouse, à Marseille, Xavier Méry (LR), adjoint au maire en charge de la question, a promis "d’assurer ses responsabilités" sans préciser

     Les villes qui s’opposent à l’accueil des réfugiés : François Baroin, maire LR de Troyes, Aix-en-Provence, la maire (LR) Maryse Joissains-Masini est catégorique : "des migrants, j’en ai suffisamment". A Nice, même son de cloche pour Christian Estrosi (LR) qui n’entend pas se faire "dicter par le gouvernement une politique dictée sur des quotas". Enfin, à Toulon, on rejette aussi la responsabilité sur l’Etat. 

    De nombreuses villes proposent d’apporter de l’aide aux réfugiés...

    Sans étonnement le champion toutes catégories est le shérif de Béziers


     

    Demandons la révocation

    de Robert Ménard



    Le maire de Béziers, Robert Ménard, apparenté FN, n'en est pas à son premier coup d'éclat en matière de violation des valeurs de la République.
    En mai 2015 il fichait les enfants musulmans de sa ville. Aujourd'hui il tente d'expulser des réfugiés qui ont trouvé refuge à Béziers.

    Un maire se doit de respecter les valeurs de la République et ses lois. M. Ménard les bafoue. Nous demandons donc au Président de la République de le démettre de ses fonctions dès maintenant. Rejoignez notre appel !

     

    Lisez l'appel au Président Hollande

     

    ADRESSÉ À : François Hollande, Président de la République

    Depuis son élection à la mairie de Béziers, Robert Ménard s'est plusieurs fois illustré, par ses outrances caractérisées, en rupture avec les valeurs et les lois de la République :
    - En août 2014, Robert Ménard faisait déjà parler de lui en imposant une "messe dans les Arènes par un aumônier" au mépris du principe fondamental de laïcité. Cette messe publique était une première depuis la création de la feria de Béziers en 1968. Elle fut pourtant mise en avant à travers les nombreux éditos du maire et les affiches municipales, aux frais des contribuables biterrois.
    - En mai 2015, Robert Ménard déclarait disposer d'un fichier, au sein de la mairie de Béziers, dans lequel étaient recensés des enfants supposés musulmans scolarisés dans sa ville. « Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a les noms, classe par classe, des enfants. Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait, » avait-il affirmé, alors que la loi du 6 janvier 1978 interdit les statistiques ethniques en France.
    - Au début du mois de septembre, la une du numéro 19, du journal municipal de la ville de Béziers, détournant une photographie de réfugiés fuyant la guerre constituait une incitation à peine voilée à la haine raciale, avec son titre provocateur: « Ils arrivent » .
    - Dans une vidéo du 11 septembre 2015, mise en ligne par la Mairie de Béziers et intitulée « Vous n'êtes pas les bienvenus », le maire de Béziers tente d'expulser lui-même des familles de réfugiés syriens d'un logement HLM. Sur les images, Robert Ménard débarque, entouré de policiers municipaux armés et ordonne aux réfugiés de partir immédiatement, agissant ainsi sans mandat de justice. Cette démarche, profondément choquante entachée d'illégalité n'est pas acceptable pour un élu de la République qui bafoue les principes élémentaires du droit tout en faisant preuve d'une criante inhumanité.
    Alors que la majorité des Français se déclare favorable à l'accueil de réfugiés sur notre territoire, Robert Ménard — élu avec le soutien du Front national et de Marine le Pen et qui n'en est pas à son coup d'essai en matière de xénophobie - déshonore une fois de plus la fonction d'élu de la République qui est la sienne. Il s'oppose en effet, à ce qui fait la République : une tradition d'accueil, généreuse et humaniste.
    Monsieur le Président de la République, comme l'a déjà souhaité La Gauche Forte nous vous demandons la révocation de ses fonctions du maire de Béziers et sollicitons à cet effet le préfet.

    Signé,

    Pouvez-vous signer ?

    De nombreuses villes proposent d’apporter de l’aide aux réfugiés...

    de cliquer sur le lien ci-dessous pour pouvoir signer

    sur le site organisateur :

    https://www.powerfoule.org/campaigns/r%C3%A9fugi%C3%A9s/menard/demandons-la-r%C3%A9vocation-de-robert-m%C3%A9nard?t=dXNlcmlkPTY4NDAsZW1haWxpZD0xMTU=

     

     

     


    votre commentaire
  • Pour le 21 septembre : journée internationale de la Paix

     

     

    Pour le 21 septembre : journée internationale de la Paix *** Un article de Jacques Cros

     

    Veritas tenait son congrès national ce 12 septembre à Béziers. Veritas ? C’est une organisation de rapatriés d’Algérie qui a sa vérité historique qu’elle n’entend pas soumettre au débat. Naturellement le maire de la ville était présent pour accueillir les congressistes. Il y avait aussi Elie Aboud, député de la circonscription et responsable du Groupe d’Etudes pour les Rapatriés.

    Nous avons pu lire les discours de Ménard et du secrétaire adjoint de Veritas. Pas de surprise, nous connaissions leurs positions. Les Européens d’Algérie, les Harkis ont été abandonnés par le gouvernement de l’époque, qui avec la signature des Accords d’Evian, a permis la fin de la guerre et l’accès à l’indépendance du pays.

    Bien sûr le silence est fait sur la réalité du colonialisme et de la guerre atroce qui l’a maintenu sous perfusion pendant plus de sept ans. Le sort des Algériens, qui subissaient l’occupation de la France, n’est pas abordé. Celui des appelés du contingent, embarqués contre leur volonté dans cette galère, pas davantage. Ne comptent dans l’affaire que les malheurs des Pieds Noirs et des Harkis (que l’on ménage plus volontiers aujourd’hui qu’au temps de la guerre !).

    Il faudrait que Veritas accepte de se poser la question : pourquoi, si le colonialisme avait fait leur bonheur, les Algériens ont engagé une guerre difficile pour s’en défaire ? Pourquoi les Français ont massivement ratifiés par référendum le processus de paix engagé à Evian ?

    Dans les deux discours que nous avons lus, on retrouve le racisme, la xénophobie et l’islamophobie qui conduisent à la haine du musulman assimilé au terroriste djihadiste alors qu’il est la première victime de gens qui se réclament de la même religion que lui. Dans le même ordre d’idée, les deux intervenants prennent parti pour Israël contre les Palestiniens alors que ceux-ci subissent le colonialisme et une forme d’apartheid.

    Le risque de guerre que cela engendre est évacué. Veritas rassemble des gens qui ont connu un ordre fondé sur la domination militaire. Ils ont été surpris quand cette page de l’histoire a été tournée et voudraient à présent revenir en arrière comme ils avaient tenté de le faire après le 19 mars 1962.

    La violence à laquelle s’étaient livrés avant et après cette date les partisans de l’Algérie française a contribué à rendre impossible toute autre perspective que le départ des Européens d’un pays qui était aussi le leur.

    Oran le 5 juillet 1962 n’a-t-il pas été préparé par la mise à feu et à sang de la ville en avril de la même année ? Je peux en témoigner, je n’ai pas pu embarquer dans ce port alors que j’étais libérable et il nous a fallu le faire à Mers el Kébir.

    Veritas et Ménard amalgament volontiers le FLN et Daesh. Ils n’ont pourtant pas les mêmes objectifs. Daesh n’a certainement pas celui de libérer le peuple de l’oppression colonialiste. Mais la logique de notre système se saisit de tous les prétextes pour préparer les esprits à la guerre. Celle-ci permettra de vendre des armes, de s’approprier des richesses, d’endiguer les actions pour vivre mieux, et de raccommoder la porcelaine quand elle aura pris fin (si les morceaux peuvent encore être recollés !)…

    Aussi à l’opposé de la violence et de la haine, il me paraît utile de faire quelque chose le lundi 21 septembre, journée internationale pour la Paix. Je sais, ce n’est pas facile, mais, malgré les difficultés, je le crois possible et finalement nécessaire, nécessaire précisément parce que possible. Evidemment nous ne mobiliserons ni Veritas ni Ménard mais il n’y a pas qu’eux !

    Jacques CROS

    Pour le 21 septembre : journée internationale de la Paix *** Un article de Jacques Cros

    Pour l’édition 2014 de la Journée internationale de la paix, l’actrice Ariane Ascaride avait accepté de parrainer l’événement et d’enregistrer une vidéo pour l’occasion. Disponible en ligne, cette vidéo se veut un message de ralliement pour tous les pacifistes convaincus ou en devenir, un appel à rejoindre le Collectif 21 septembre pour créer un monde de paix.

     

     


    votre commentaire
  • Comité VERITAS : du révisionnisme colonial à l’état de guerre *** Massacre du 5 juillet 1962 : après quelle VERITAS courent les nostalgériques  de l’OAS

    Comité VERITAS : du révisionnisme colonial à l’état

    de guerre

    Le 12 septembre 2015, le palais des congrès de Béziers a accueilli le congrès du Comité Veritas, dont le but affiché vise à rétablir la vérité historique de l'Algérie française. Soutenu par la majorité municipale, le maire ainsi que le député Elie Aboud affilié au parti les Républicains ont participé aux débats. Depuis la débaptisation de la rue du 19 mars 1962 et le défilé des militants d'extrême droite au printemps dernier, une idéologie officielle assumée par R. Ménard se dévoile : le révisionnisme colonial.

    A la lecture de leur site internet, c'est la guerre d'Algérie et le sentiment de défaite qui est décliné sur un ton solennel et impartial. Ce site est enrobé de dossiers historiques alimentés par des auteurs de l'extrême droite. Des diaporamas où les photos d'Alger la Blanche succèdent aux portraits des « héros » glorifiés. Les pierres tombales et les monuments aux morts occupent une place prépondérante. La nostalgie s'appuie sur un vocabulaire vindicatif, impétueux, dénonçant la pseudo vérité officielle. La mort de De Gaulle y est fêtée, comme s'il fallait dénoncer la trahison du père de sa famille politique et ainsi justifier les attentats de l'OAS (1). Pas un mot sur les Algériens, la légitimité de leur sentiment d'indépendance. Sans autre protagoniste que des acteurs historiques en grande majorité décédés, le discours déroulé s'auto-alimente laissant au lecteur néophyte une sensation de complot. Une ambiance paranoïde vous enveloppe et permet de semer le doute sur des faits historiques et de dénaturer les nombreux travaux scientifiques menés sur la guerre de Libération de l'Algérie.

    Ce nauséabond discours au relent révisionniste est parrainé par un comité d'officiers décédés. L'un des membres du bureau, Jean-Marie Avelin, trop jeune semble-t-il pour avoir connu l'Eldorado est sommé de poursuivre la lutte : «Depuis la création de VERITAS, il incarne l'espoir de voir les générations à venir continuer le combat jusqu'à l'anéantissement du mythe gaulliste». Cette mission est entre autre formulée au nom de Pierre Sergent, officier français de la Légion étrangère mort en 1992, membre de l'OAS et du Front National (canal historique).

    On l'aura compris, les organisateurs de ce très sérieux congrès ne vont pas rigoler et manger des cacahuètes, ils vont rétablir la Vérité sur le massacre d'Oran et ainsi justifier le déclin de la France, au passage en justifiant la violence passée et actuelle (2).

    La lettre d'invitation rédigée par le vice-président du Comité Veritas A. Algudo ne laisse guère de doute, M. Avelin a un concurrent en la personne de notre cher maire, Bob Ménard, champion du sursaut national et homme de la situation face à « une gauche dont l’irresponsabilité́ dépasse, par son ampleur et ses conséquences prévisibles, celle que nous avons vécue en Algérie ». A croire qu’Alain tente de faire une analogie entre la guerre en Algérie et la situation sociale et politique en France en 2015. C'est vrai qu'en termes de responsabilité, M. Algudo brille par son sérieux. Il s'est déjà fait remarquer par son discours tenu devant la stèle des rapatriés et des "martyrs de l’Algérie Française" au cimetière neuf de Béziers le 5 juillet 2007, « une apologie de l'OAS » d'après Henri Pouillot (3).

    Justifier un état de guerre

    Plus loin dans l'invitation, la ritournelle bien connue de l’extrême droite qui vise à désigner l'ennemi est mise en application. Amalgame regroupant la ligue des Droits de l'Homme, des porteurs de valises en vu de soutenir les islamistes sanguinaires. Arrêtons-nous sur la forme et peut-être pourrez-vous me corriger car l’indigence de la syntaxe ampoulée mérite une relecture de nos internautes.

    Attention c'est parti : « Robert Ménard est un compatriote qui fait face efficacement, par son aura médiatique nationale, à ces associations mortifères "droits de l’hommiste à sens unique", à ces partis et à certains médias promoteurs des nouveaux porteurs de valises de cette engeance allogène religieuse invasive qui, sans retenue, veut imposer, chez nous une idéologie qui ensanglante actuellement notre pays et le monde » (sic).

    Pour votre gouverne, le terme « engeance » n'est pas seulement une catégorie de personne jugée digne de mépris. A l'origine cela désigne la race, en particulier chez les espèces volatiles. Le terme « allogène » est un adjectif  signifiant non indigène, population émigrée depuis peu. Le français a volé un mot à l'arabe pour désigner le type de phrase écrite par M. Algudo : « Alambiquée ». Pour nous expliquer la guerre des coqs entre le gallinacé français et celui du champ d'à côté !

    En tout cas, avec un vocabulaire si belliqueux, on doit être en état de guerre. Si on les suit à la lettre, si on utilise les méthodes préconisées par nos prédicateurs, il faut relancer les actions de l'OAS, défense de l'identité Nationale par l'action armée. « Bien sûr que non », vous rétorqueront-ils. N'empêche que les mots sont là.

    Pour justifier une politique municipale, le maire se réfère à une conception du monde délétère et en filigrane xénophobe et raciste. Le plus triste est le suivisme de son soi-disant opposant politique, M. Elie Aboud, qui ne manque pas de courtiser lui aussi les plus extrémistes des rapatriés de la guerre de Libération de l'Algérie dés que l'occasion se présente. Cette course à l’échalote pour un élu se réclamant du mouvement gaulliste en dit long sur la stratégie des républicains et de son délégué national.

    Choc des civilisations, théorie du grand remplacement. Ces concepts ultra-conservateurs et xénophobes ont été digérés par les nostalgiques de l'Algérie française qui trouvent une continuité à leurs discours vieillissants. Les connexions dorénavant assumées par des politiques élus (entre des courants de pensées auparavant différents voir opposés) entérine une conception du monde paranoïaque, ou l'autre nous volera notre identité, comme il a volé l'Algérie.

    Sans même évoquer les Algériens morts pour défendre leur liberté, nombre de Français sont restés en Algérie partager le territoire et le destin de la population avec laquelle ils avaient choisi de vivre. Une minorité jusqu'au-boutiste accrochée au souvenir du bien vivre entre soi, privilège du pouvoir colonial, continue d'entretenir l'idée que la guerre à outrance aurait sauvée la France et les Algériens. Réunis en particulier au sein du congrès Veritas, ses membres peuvent se réjouir du soutien institutionnel et politique dont ils bénéficient pour instaurer le sentiment d'un état de guerre « d'urgence » comme disent nos représentants politiques locaux. 50 ans ont passé et c'est à Béziers qu'ils vont rêver du bon vieux temps.

    (1) OAS : l'Organisation Armée Secrète, ou Organisation de l'Armée Secrète, surtout connue à travers le sigle OAS, est une organisation politico-militaire clandestine française créée le 11 février 1961 pour la défense de la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle.

    (2) Lire l'article de Didier  dans la rubrique « Décrytage » de ce numéro d'EVAB… repris ci-dessous.

    (3) Henri Pouillot est un appelé pendant la guerre de Libération de l'Algérie, de  juin 1961 à mars 1962 affecté à la Villa Susini, haut lieu de séquestration et de torture des membres supposés du FLN par l'armée française. Le général Aussarès et J. M. Le Pen ont sévi dans cette ancienne maison de notaire devenu le QG des légionnaires du 1er REP lors de la bataille d'Alger. H. Pouillot raconte son expérience dans un livre intitulé « La Villa Susini » et dans un autre intitulé Mon combat contre la torture. Militant des Droits de l'Homme et antiraciste, il tient un site instructif où il réagit sur l'actualité.

    SOURCE : http://www.envieabeziers.info/dans-le-vif-du-sujet/decryptage/368-comite-veritas-du-revisionnisme-colonial-a-l-etat-de-guerre 

     

    Comité VERITAS : du révisionnisme colonial à l’état de guerre *** Massacre du 5 juillet 1962 : après quelle VERITAS courent les nostalgériques  de l’OAS

    Massacre du 5 juillet 1962 : après quelle

    VERITAS courent les nostalgériques

     de l’OAS

    Dans un fatras sémantique qui mêle le droit romain aux procès de Nuremberg, les « nostalgériques » du mouvement Veritas vont tenir un congrès à Béziers le 12 septembre 2015. Ils seront accueillis par le maire de la ville (extrême-droite), son député (droite extrême) et son altesse sérénissime le prince Sixte Bourbon de Parme (arrière-petit-fils de Charles X qui, depuis qu'il a perdu le trône de France, semble noyer son chagrin dans l'alcool et le jambon). Une nouvelle fois, la thèse du seul meurtre des Européens à Oran le 5 juillet 1962 va être rabâchée par les mal nommés de Veritas.

    « Les remerciements adressés au maire de Béziers par Veritas frisent la prosternation et l'adulation. »

    Adulation et prosternation qui ne sont pas sans fondement puisque, le 5 juillet dernier, le maire de Béziers se recueillait devant la tombe des généraux factieux de l’OAS au cimetière vieux. Il y développa, lui aussi, la thèse du seul meurtre des Européens. Cette thèse est une construction idéologique de l'OAS qui vise à légitimer a posteriori son célèbre positionnement : « la valise ou le cercueil ».

    Une violence réelle

    Il y a bien eu un massacre le 5 juillet 1962 à Oran, 3 mois après les accords de paix d'Evian, 2 jours après la reconnaissance officielle de l'indépendance de l’Algérie, quelques heures avant sa proclamation. Ce massacre est le fait de différentes factions armées algériennes à l'encontre de civils européens et musulmans (plusieurs centaines de personnes).  

     

    Une violence réciproque

    A la fin de l'année 1960, le FLN commence à se fondre dans la population musulmane d’Oran (220 000 personnes). Durant l'été 1961, l’OAS fait de même dans la population européenne (213 000 personnes). Dans une ville où le terrorisme était contenu, cette double infiltration provoque un déferlement de violence : aux attentats du FLN répliquent ceux de l'OAS et vice versa. Ces attentats dressent les populations les unes contre les autres. Chacun voit dans l'autre le possible complice des terroristes adverses. Confrontées à un sanglant chaos, les autorités sont conduites à séparer les deux communautés, ce qui va avoir des conséquences dramatiques. Oran est alors un champ de bataille ou s'affrontent, FLN, OAS, barbouzes et forces armées françaises. Les habitants d’Oran, victimes et otages, vont payer au prix fort leur dépendance aux stratégies de terreur, de contre terreur et de répression.

    Une violence sélective

    Dans ce contexte pourquoi ne retenir, comme le font Veritas, Ménard, et l’OAS, le seul massacre des Européens ?

    Tous ces nostalgériques sont dans une construction idéologique qui se sert des réels massacres d'Oran d'hier pour légitimer une ligne politique de ségrégation actuelle entre Européens et populations arabes. Cette ségrégation fonde un impossible « vivre ensemble » au nom de différences instituées comme indépassables. Cette logique de ségrégation est la même qui animait l'OAS en Algérie.

    S'il est vrai que des factions armées algériennes ont tout fait pour provoquer à Oran une fuite des Européens (rejoignant en cela l'OAS), il ne faut pas oublier que la ségrégation qui régnait en Algérie est une des conséquences de la colonisation (jamais critiquée par l'OAS et les « nostalgériques »). Nous ne sommes donc pas dans le questionnement de la poule et de l'œuf ! C'est bien la forme qu'a pris la colonisation en Algérie qui est la poule. L'œuf de la violence et des massacres n'a été que la résultante des terreurs et contre-terreurs de l'OAS et du FLN.

    Quelle reconnaissance, de quelle violence?

    Comme il a - trop partiellement et trop tardivement - reconnu les massacres du 17 février 1961 en France (massacres dits de Charonne), l'Etat français doit reconnaître les massacres d'Européens et de Musulmans à Oran le 5 juillet 1962. Laisser le seul souvenir de ce massacre aux « nostalgériques », c'est maintenir la mémoire sélective de l'OAS et légitimer sa propension à édifier actuellement de nouvelles barrières entre communautés au nom d'une lecture tronquée du passé. Ici aujourd'hui à Béziers... et demain dans toute la France.

    SOURCE : http://www.envieabeziers.info/dans-le-vif-du-sujet/decryptage/363-massacre-du-5-juillet-1962-apres-quelle-veritas-courent-les-nostalgeriques-de-l-oas 

     


    votre commentaire
  •  Demain jeudi 17 septembre 2015 L'association Ciné

    Histoire organise une séance consacrée à  

    "L'assassinat
    de Château Royal"

    15 Mars 1962
    à El Biar, Algérie

    Vie et mort du service des Centres Sociaux Éducatifs créés par Germaine Tillion

     

    L'association Ciné Histoire avait organisé le 6 mai dernier, une journée autour de la vie de Germaine Tillion. Mais, une journée ne suffit pas pour rendre compte des nombreuses actions qu’elle avait menées au cours de ses trois vies ! C’est pourquoi une nouvelle séance est prévue le 17 septembre à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville :
    Cette séance sera consacrée à un évènement peu connu : l’assassinat, à la veille des accords d’Evian, de 6 dirigeants du service des centres sociaux éducatifs, dépendant de l’Education Nationale, qu’elle avait créé en 1955. C’était, disait-elle, l’action qui lui tenait le plus à cœur parmi toutes celles qu’elle avait faites.

    Le 15 mars 1962 donc, ont été exécutés six inspecteurs du service des centres sociaux éducatifs dans les environs d’Alger. Tous enseignants, c’étaient des intellectuels qui n’avaient pour arme qu’un stylo. Trois Français, trois Algériens, dont le grand écrivain Mouloud Feraoun. C'était des hommes de « bien » et de culture qui œuvraient pour une fraternité franco-algérienne. Après avoir été appelés par leur nom suivant une liste préétablie, ils ont été exécutés selon un plan minutieusement préparé, prémédité. La bêtise qui froidement assassine écrira Germaine Tillion. Pourquoi ? en raison de quoi ? et comment se fait-il que cinquante-trois ans plus tard ce crime soit toujours passé sous silence ?

    "L'assassinat de Château Royal" 15 Mars 1962 à El Biar, Algérie Vie et mort du service des Centres Sociaux Éducatifs créés par Germaine Tillion

    Programme de la séance

    14h 30 : Présentation de la séance par Mme Nicole Dorra, Présidente de Ciné Histoire

    14h50 : Germaine Tillion raconte (extraits) :
    - Les trois vies de Germaine Tillion
    (2001) de Gilles Combet, avec la voix de Jean Lacouture
    - Une conscience dans le siècle (2002) de Christian Bromberger
    - Je me souviens (2001) de Jean Baronnet


    15h10 : M. Jacques Eloy, sociologue, président de Mémoires vives, association qui recueille la mémoire des anciens des centres sociaux

    15h 30 : M. Alain Ruscio, historien, chercheur sur l’histoire du colonialisme, auteur entre autres de Nostalgérie (la Découverte 2015) : « le contexte politique en 1962 »

    15h50 : Extrait du film L’OAS un passé très présent de Djamel Zaoui (2007)

    16h30 : M. Jean-Philippe Ould Aoudia, fils d’un des six assassinés, Salah Ould Aoudia, Président de l’association des amis de Max Marchand Mouloud Ferraoun et leurs compagnons

    16h 50 : Débat avec la salle en présence de Michel Reynaud, Président des éditions Tirésias, éditeur de Château Royal (1992)


    RENDEZ-VOUS DEMAIN JEUDI 17 SEPTEMBRE 2015
    Auditorium de l’Hôtel de Ville
     


    votre commentaire
  • JUSTICE : L’agence et le photographe qui a pris la photo originale réclament des dommages et intérêts à la ville de Béziers et son maire…

    Migrants : Robert Ménard assigné en justice par l'AFP pour avoir détourné une photo de réfugiés

     

    La une du journal municipal de Béziers de septembre 2015.

    La une du journal municipal de Béziers de septembre 2015. - Twitter

     L.C. avec AFP

    Le maire de Béziers Robert Ménard va devoir répondre devant la justice du photomontage publié dans le journal municipal. L'image, qui détournait une photographie de l’Agence France-Presse (AFP) montrait des migrants se pressant devant un train à destination (faussement) de la commune du maire proche du Front national. L’AFP a assigné ce mardi en justice la ville de Béziers et son maire.

     30 000 euros de dommages et intérêts

     « L’AFP et le photographe Robert Atanasovski assignent la Ville de Béziers, comme éditeur, et Robert Ménard, comme directeur de la publication du Journal de Béziers, pour contrefaçon devant le Tribunal de Grande Instance de Paris », a annoncé la direction de l’agence. L’AFP et le photographe demandent chacun 30 000 euros de dommages et intérêts.

    Le cliché original, pris en juin dernier en Macédoine, montre des hommes, femmes et enfants s’apprêtant à monter dans un train. Le journal municipal a ajouté deux panneaux sur les fenêtres du wagon : « Béziers 3,865 km » et « Scolarité gratuite, hébergement et allocation pour tous ! ». La photo détournée était en une du magazine, avec ce titre : « Ils arrivent, le dossier des demandeurs d’asile à Béziers ».

    La semaine dernière, la direction de l’AFP avait déploré « un détournement et une falsification d’une de ses photos », et indiqué qu’elle entendait « porter l’affaire sur le plan judiciaire ». Robert Ménard, fondateur et ancien président de l’ONG Reporters sans frontière (RSF), avait de son côté argué que les photos étaient régulièrement retravaillées.

    SOURCE : http://www.20minutes.fr/societe/1687587-20150915-migrants-robert-menard-assigne-justice-afp-avoir-detourne-photo-refugies


    votre commentaire
  • Avant que les frontières ne se ferment…

    Avant que les frontières ne se ferment…  REPORTAGE FRANCE 2. A bord d'une chaloupe de migrants, lors de la traversée entre la Turquie et la Grèce

    Parmi les migrants, des enfants, des sourires et un souffle d'insouciance, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, des images qui contrastent fortement avec le terrible cliché du petit Syrien mort noyé sur la plage turque de Bodrum... Mais c'était en Allemagne avant que les frontières ne se ferment...

    REPORTAGE FRANCE 2. A bord d'une chaloupe de migrants, lors de la traversée entre la Turquie et la Grèce.

    Les reporters de France 2 ont fait la traversée entre les côtes turques et l'île grecque de Lesbos, dans une embarcation surchargée, avec plus de 60 migrants, samedi 12 septembre 2015.

    (FRANCK GENAUZEAU et GIONA MESSINA - FRANCE 2) Par Francetv info

     

    Les reporters de France 2 ont fait la traversée entre les côtes turques et l'île grecque de Lesbos, dans une embarcation surchargée, où sont montés une soixantaine de migrants. Les passagers ont navigué pendant quatre heures entre Assos, sur la côte turque, au nord d'Izmir, et Lesbos, samedi 12 septembre.

    Une traversée de 10 kilomètres et une panne de moteur

    Ces dizaines de Syriens et d'Irakiens ont attendu 24 heures. Une vingtaine d'enfants terrorisés ont embarqué, poussés par les passeurs. Ces derniers n'embarquent pas, ils laissent un passager, désigné capitaine, tenir la barre, pour un périple dangereux de 10 kilomètres. Les journalistes Franck Genauzeau et Giona Messina nous racontent leur périple.

    La chaloupe s'est arrêtée, en pleine nuit, entre la Turquie et la Grèce, en raison d'une panne de moteur. Les reporters ont alors appelé les secours, et c'est grâce à un bateau de pêche grec que les réfugiés ont pu accoster sur l'île de Lesbos.


    votre commentaire
  •  
     
    Du lard et du cochon
     
     
    (Paroles de racistes... des noms...
     
    des noms ?
     
     
    Impossible y'en a trop !!!)
     
     
     
     

    votre commentaire
  • LE RETOUR DE LA BÊTE IMMONDE

     

    LE RETOUR DE LA BÊTE IMMONDE

     

    C’est aujourd’hui extrêmement sérieux… Ce ne sont plus des débats idéologiques, des affrontements dans la rue ou sur les plateaux de télévision,… Il s’agit de vie ou de mort pour des êtres humains.

    Ce que le nationalisme et osons le mot, le fascisme a de plus abject est en train de refaire surface à propos d’êtres humains menacés de mort et pour lesquels il refuse toute solidarité.

    Le phénomène n’est pas nouveau dans notre histoire et nous renvoie à ses heures les plus sombres quand l’extrême droite s’en prenait – avant de collaborer avec les nazis - aux italiens immigrés, aux polonais, aux réfugiés espagnols fuyant le franquisme, aux Juifs fuyant le nazisme, mais aussi plus tard, aux Algériens assassinés en masse par le gouvernement de la République gaulliste.

    Fricotant avec les franges les plus abjectes et réactionnaires de l’Eglise Catholique, ces politiciens/nes n’hésitent pas à flatter les plus bas instincts pour engranger des voix lors des prochaines élections. Ils/elles n’ont aucune honte à faire leur marché électoral sur le dos de malheureux qui ne veulent qu’une chose : vivre en paix. Leur bigoterie d’opérette leur permet de se donner en spectacle en tant que défenseurs de « valeurs humanistes chrétiennes » qu’ils interprètent à leur façon et en fonction de leurs intérêts politiques : l’autre n’a d’intérêt que dans la mesure où il ne me gène pas et surtout où il me ressemble. Curieuse manière d’interpréter les « textes sacrés ».

    Ces pseudo-défenseurs de la laïcité utilisent un bien curieux argument – parmi d’autres – pour rejeter les réfugiés : les chrétiens soit, mais pas les autres ( ?), et ce avec l’argument que « l’Europe serait chrétienne » ( ?)… « chrétienté» qui peut se résumer à intolérance, massacres, excommunications, bûchers, Inquisition,…. Imaginez un instant que ces sinistres individus accèdent au pouvoir… C’est la guerre civile garantie, l’affrontement intercommunautaire,… et pire comme on a pu le voir en Europe au 20e siècle. Ils comptent d’ailleurs sur cette haine qu’ils distillent pour accéder au pouvoir.

    Les faux culs (des noms ?) qui gravitent autour de la bête, qui ont peur d’être doublés par elle lors des scrutins et qui se donnent des visages avenants ne valent pas mieux… L’œil fixé sur leur électorat, ils se surpassent en démagogie, fuyant leur responsabilité morale, ils surnagent dans l’eau glacée de leur égoïsme et de leur irresponsabilité. Car disons-le clairement : il va falloir, en Europe en particulier, accueillir les réfugiés, tous les réfugiés. On en a la capacité, encore faut-il en avoir la volonté.

    La victoire sur la bête n’est pas que politique, elle est plus que ça,… elle est morale, éthique. Si nous perdons ce combat c’est le retour à la barbarie.

    SOURCE : http://fedetlib.overblog.com/2015/09/le-retour-de-la-bete-immonde.html

     


    votre commentaire

  •  Le coup de force raté du #shérif# de Béziers

    Le coup de force raté du #shérif# de Béziers


    Ceint de son échappe tricolore comme ses adjoints qui l'accompagnaient, Robert Ménard, maire d'extrême droite de Béziers, a tenté de déloger une famille syrienne qui a trouvé refuge grâce à des associations biterroises, dans un logement vacant de la Devèze à Béziers.

    Malgré la présence de sa police municipale (en gilet pare balle) il n'a pas pu arriver à ses fins, d'une part parce que sa démarche était illégale (l'office HLM de Béziers dépend de l'agglomération et pas de la mairie) d'autre part, parce qu'on ne peut expulser un étranger sans un jugement.

    SOURCE : http://www.lamarseillaise.fr/herault/flash/41663-le-coup-de-force-rate-du-sherif-de-beziers

     

    Le point de vue de Jacques Cros

    De quoi il se mêle ?

     

    Publié le 13/09/2015 à 10:39 par cessenon

     

    De quoi il se mêle ?

    J’ai vu sur Internet une vidéo dans laquelle le maire de Béziers vient apostropher les réfugiés syriens qui ont été accueillis à Béziers. Son intervention fait problème à divers niveaux. Le premier c’est qu’il n’est en rien comptable des logements HLM dans lesquels ces Syriens sont hébergés. Ces appartements sont gérés par la communauté d’agglomération dans laquelle il n’a pas de responsabilité.

    La seconde c’est qu’à notre connaissance il s’agit de deux familles seulement. Nous ne sommes pas envahis par une vague de réfugiés telle que nous l’a présentée le Journal de Béziers. Sans doute s’agit-il d’une prise de position idéologique doctrinaire qui voudrait faire des étrangers les responsables de la crise économique et sociale douloureuse que nous vivons. Un tel diagnostic nous éloigne délibérément du remède ! Il fait diversion par rapport à la logique qui est en cause dans nos malheurs et qui est celle de la recherche du profit.

    Dans le même ordre d’idée sont évacuées les raisons fondamentales des guerres qui sont l’expression la plus achevée de la domination des plus forts sur les plus faibles. Domination économique et si nécessaire militaire. Des guerres qui s’accompagnent immanquablement de destructions et de misère et que l’on va tenter de justifier par des considérations qui évacuent la donnée essentielle, la recherche par le capitalisme d’une « solution », par le recours à la violence, à ses problèmes de boulimie financière.

    Nous n’avons rien à faire des gesticulations de Ménard, nous entendons faire de l’édition 2015 de la journée internationale de la Paix, fixée comme chaque année au 21 septembre, un moment privilégié de l’action contre les guerres, présentent ou qui menacent dans le contexte que nous connaissons.

    Jacques CROS

     

    BEZIERS - Après Reporter Sans Frontière : qu’est devenu Robert Ménard notre Maire ? .. par Brice Blazy

    Les derniers agissements de Robert Ménard notre Maire m’obligent aujourd’hui à prendre position.

    Comment notre Maire qui se dit fervent catholique peut-il refuser d’accueillir des réfugiés de guerre et de se mettre en scène devant une caméra pour les expulser « en direct » de logements précaires ?

    Le message du christ n’est-il pas de s’aimer les uns les autres ? Comment un chrétien peut-il refuser de tendre la main à des familles qui fuient la guerre ?

    Comment Robert Ménard peut-il avoir pendant 20 ans défendu la liberté des journalistes face à la répression et aujourd’hui montrer un tel manque flagrant d’humanité, lui, le grand donneur de leçons de moralité ?

    Le pape lui-même s’est exprimé immédiatement sur la gravité de la situation et a demandé aux chrétiens du monde entiers d’accueillir des réfugiés.

    Quelle est la réponse de Robert Ménard à cette main tendue ?

    Des affiches pour attiser la peur et la haine ?

    Quelle humanité peuvent attendre les Biterrois de ce qu’est devenu Robert Ménard ?

    Brice BLAZY Conseiller Municipal - Conseil d'Agglomération BEZIERS (12-09-15) 

     

     Le coup de force raté du #shérif# de Béziers

    Béziers : " Monsieur, vous n'êtes pas

    le bienvenu dans cette ville "

    ... ou comment profiter médiatiquement de la misère... cette vidéo ayant été tournée par l'équipe Ménard (il suffit de lire le texte d'introduction... traduit en anglais !)

    Vidéo hallucinante d'un maire qui fait très bien l'acteur et qui oublie qu'il n'a en fait pas de pouvoirs face à une situation exceptionnelle. Intimidation, menaces, humiliation...Le buzz rien que le buzz.

    Il ne lui manquait plus qu'une arme...

     


    votre commentaire
  • Intégrations sans histoires

    à Joigny

    Trois familles syriennes se sont installées en février dernier dans la petite ville de Joigny, dans l’Yonne. Un exemple d’intégration simple et réussie, que Mediapart est allé constater sur place. Les maires volontaires réunis à Paris ce samedi par le ministre de l’intérieur pourront s’inspirer de cet exemple.

    De notre envoyé spécial en Bourgogne.- « Où qu’ils vont les mettre les immigrants ? » La question agite le bourg de Joigny. Dans la rue Charles-de-Gaulle, non loin de la gare SNCF de cette petite ville de 10 000 habitants, les passants s’interpellent et s’alarment même un peu. La raison : la veille au soir, sur « la 2 », un reportage présentait Joigny comme une ville d’accueil de réfugiés. « Des Syriens sur les rives de l’Yonne ? », s’interrogeaient les journalistes du service public.

     

    Joigny, ville de 10 000 habitants, sur les rives de l'Yonne.Joigny, ville de 10 000 habitants, sur les rives de l'Yonne. © JS

    Une grande majorité de Joviniens ont appris à ce moment-là que trois familles syriennes s’étaient installées il y a six mois dans leur ville au bord du fleuve. Ces personnes sont arrivées dans des conditions un peu spéciales. Pour elles, pas de train en Autriche ou de traversée de la Méditerranée sur des canots pour atteindre les îles grecques. Sélectionnés par le Haut-Commissariat aux réfugiés dans un camp en Jordanie, qui en compte plusieurs millions, « castés » par l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), transportés en avion, ces demandeurs d’asile sont un peu les « VIP » de l’aide internationale. Ils avaient le statut de réfugiés avant même d’arriver en France et les formalités d’examen de dossier ont été considérablement facilitées par les services compétents. De tels égards sont dus au fait qu’ils faisaient partie d’un contingent de 500 personnes que la France s’était engagée à accueillir auprès des Nations unies.

    Parmi ces 500 personnes, trente-neuf ont été réparties dans le département de l’Yonne et c’est ainsi que dans la nuit du 9 février, en toute discrétion, les trois familles sont arrivées à Joigny. « Je m’étais porté volontaire pour les accueillir auprès d’un préfet hors cadre qui gère ce dossier », s’enorgueillit aujourd’hui Bernard Moraine, maire (DVG) de Joigny.

    Pourtant, en février, bien avant la photo qui aura ému l’Europe tout entière et l’élan de solidarité qui l’a suivie, la municipalité se garde bien de communiquer sur l’accueil de ces familles. Surtout qu’au fond, la mairie n’a pas grand-chose à faire. Le dispositif est national. Coallia (ex-Aftam) est à la manœuvre, il s’agit d’une association présente partout dans l’Hexagone, propriétaire de nombreux centres d’hébergement et gestionnaire de la plupart des centres d’accueil des demandeurs d’asile (Cada). La responsable départementale de cet opérateur social, Marie-Christine Plaze, confirme que « l’opération a été pilotée avec la préfecture, les familles ont été réparties dans les villes du coin, comme Auxerre, Saint-Clément ou encore Cheny. Certaines familles ont eu un logement social tout de suite. Il a été loué au nom de Coallia ».

    C’est à ce moment que la mairie de Joigny a joué un rôle de facilitateur. Puisqu’elle dispose d’un bailleur social, elle a mis à la disposition de l’opérateur social et de l’État deux appartements inoccupés. « Des appartements grands, dans un quartier peu demandé, nous n’avons rien pris à personne », croit bon de préciser Nicolas Soret, premier adjoint au maire.

    L’installation se passe bien et les familles sont même aidées par leurs voisins. « Avec mes parents, nous leur avons donné des vêtements parce qu’ils en manquaient », se souvient Hiba, voisine de palier d’une famille de réfugiés syriens de quatre enfants. Dans son HLM à l’entrée de la ville, cette famille se fait discrète. Presque invisible. Vendredi matin, les parents sont au cours de français, obligatoire, et les enfants à l’école, obligatoire évidemment.

    « J’ai été très surpris de l’accueil que j’ai reçu ici, je trouve tout le monde souriant : rien à voir avec la Jordanie », témoigne Mohammed Alhaj-Ali, syrien, arrivé lui aussi le 9 février à Joigny. Avec sa femme, Besma, ils souffraient de vivre dans un camp de réfugiés, où leurs ressources diminuaient constamment parce qu’ils devaient payer leur logement. « Je suis originaire d’une petite ville en Syrie, à côté de Deraa », raconte Mohammed Alhaj-Ali. « Mon village n’existe plus. Il a été rasé par les bombes du gouvernement et ce qui tient encore debout est occupé par l’armée de Bachar al-Assad. »

    Mohammed Alhaj-Ali, réfugié syrien vivant à Joigny.Mohammed Alhaj-Ali, réfugié syrien vivant à Joigny. © JS

    Les parents de Mohammed sont encore dans le camp, en Jordanie. Ceux de sa femme sont à Damas, en Syrie, ils ne peuvent quitter le pays. Lorsqu’il aura trouvé un travail et se sera complètement intégré dans la société française, Mohammed aimerait bien les faire venir.

    Pour l’instant, le couple doit se contenter du RSA. En tant que réfugiés, ils vivent des minimas sociaux, bénéficiant des mêmes droits que les « nationaux », dans le jargon administratif. Ancien fonctionnaire dans un service technique de gestion de l’eau, Mohammed affirme avoir de nombreuses compétences pour monter une petite entreprise ou être salarié dans la plomberie, l’électricité… La seule chose qui le retient pour l’instant, c'est son très petit niveau de français, qui ne lui permet pas de communiquer correctement. Ses propos sont traduits pour nous par Abdellaïh, réfugié mauritanien, rencontré au Cada de Joigny. Un immeuble, leur logis provisoire, que Mohammed Alhaj-Ali et son épouse Besma vont bientôt quitter pour un logement social, eux aussi.

    « 90 % des personnes obtenant le statut de réfugié dans l’Yonne y trouvent un logement », explique Marie-Christine Plaze, responsable départementale de Coallia. « Ils veulent s’intégrer et surtout misent tout sur l’éducation de leurs enfants. C’est bien souvent pour les préserver qu’ils ont fait un tel voyage dans des conditions aussi difficiles. »

    Six mois après leur arrivée à Joigny, les trois familles de Syriens sont encore suivies par Coallia, qui vérifie la scolarisation des enfants et le suivi des cours de français des parents. Ils sont toutefois complètement autonomes. Bientôt, ils seront intégrés et quitteront peut-être leur logement social pour le parc locatif privé. L’administration se consacrera aux nouveaux arrivants : 85 Syriens doivent arriver dans l’Yonne dans les prochaines semaines. Il s’agit de demandeurs d’asile de la région parisienne, sans logement. Qui ne font pas partie des 24 000 personnes que la France doit accueillir en deux ans, comme elle s’y est engagée auprès de l’Union européenne.

    Pas plus que précédemment, l’arrivée de ces réfugiés ne coûtera un euro aux communes qui leur fourniront un logement social par exemple. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, s’est engagé à financer à hauteur de 1 000 euros toute place d’accueil créée pour un réfugié. Il en a pris l’engagement en s’adressant aux 600 maires volontaires pour accueillir des personnes fuyant la guerre dans leur pays, regroupés à Paris ce samedi 12 septembre.

    « Les immigrants, ils ont qu’à les mettre dans l’ancien centre EDF… » Les habitants de Joigny peuvent se tranquilliser. Les réfugiés ne prendront pas la place des services publics qui ont quitté la ville ces dernières années. Mediapart a déjà raconté comment le départ des centres de maintenance EDF, des 400 militaires du groupement géographique, d’une maternité, avaient fait de la ville une « martyre de la Révision générale des politiques publiques ».

    « Il n’y a pas de sujet, nous n’allons pas mettre de réfugiés dans les locaux de l’armée », balaie Nicolas Soret. Qui réfute d’ailleurs toute nouvelle arrivée massive. « Je pense qu’avec 12 personnes accueillies, pour notre ville de 10 000 habitants, c’est le bon étiage. Si toutes les villes de notre taille le faisaient, cela permettrait déjà d’absorber beaucoup de réfugiés. »


    votre commentaire
  • Monsieur Robert Ménard 

     vous méprisez la France 

     

     

    JOURNAL BEZIERS REFUGIES

    Monsieur le maire de Béziers,

    Toute l'Europe est en train de prendre conscience du désespoir des milliers de réfugiés qui frappent à sa porte et du terrible destin qui les menace si nous ne leur apportons pas notre aide et ne leur offrons pas une terre d'asile.

    Des dizaines de villes, de gauche comme de droite, ont déjà rejoint le réseau « Villes solidaires » et répondu aux sollicitations du ministère de l'Intérieur pour accueillir autant de réfugiés que possible. Cet engagement trans-partisan fait honneur à l'histoire de la France, à sa tradition d'accueil et de solidarité, à son ouverture au monde.

    Cette mobilisation collective n'était jusqu'à aujourd'hui entachée que des déclarations de certains maires de droite, tel celui de Roanne ne souhaitant accueillir que des réfugiés chrétiens ou de François Baroin, maire de Troyes, refusant d'accueillir un seul réfugié syrien. Elles nous ont choqués, et nous les avons dénoncées. Mais le numéro 19 du Journal de Béziers, dont vous êtes directeur de la publication, a dépassé tout ce qui avait été fait auparavant en matière d'indécence.

    Il y a d'abord la photographie de couverture reprise et détournée sans autorisation de l'AFP, des faits pour lesquels l'agence de presse envisage de porter plainte.

    Il y a ensuite les deux panneaux que vous avez fait ajouter par ordinateur à cette photo. L'un mentionne votre ville comme destination des réfugiés. L'autre veut faire croire qu'un enseignement et un hébergement gratuit, des allocations, seraient la seule raison de leur présence.

    Il y a le titre, enfin, ce nauséabond « ils arrivent » qui achève de présenter ces réfugiés comme des envahisseurs venus profiter de la générosité de la France.

    La une de votre journal n'a rien à envier à celles de Minute ou de Rivarol. Vous transformez une image de détresse humaine en incarnation de la peur de l'autre, l'image de réfugiés cherchant à sauver leur vie en invasion fantasmée. Ce n'est pas, il est vrai, la première fois que vous utilisez l'argent du contribuable pour transformer un magazine d'information municipale en brulot idéologique pétri de xénophobie et d'un racisme latent.

    On pourrait croire que ce journal est un symbole de l'extrême droite la plus rance, de la haine que vous et votre famille politique infusez dans la société à coups d'amalgames et des peurs dont vous jouez, quand vous ne les créez pas comme à Mitry-Mory.

    Mais ce journal est avant tout un symbole de votre mépris pour la France, pour la République et pour ses principes fondateurs, un symbole de votre incapacité et de l'incapacité de l'extrême-droite à exercer un mandat public.

    Vous méprisez la France dans sa réalité actuelle : celle d'un pays métissé où un français sur quatre a un parent ou un grand-parent né à l'étranger. Un pays où l'immigration contribue au dynamisme économique et qui rayonne dans le monde par sa capacité à accueillir et former les cadres des pays en développement. Un pays où une majorité de citoyens se déclare favorable à l'accueil de ces réfugiés dont vous voudriez faire des barbares menaçants.

    Vous méprisez la République et ses principes. Les droits de l'Homme, le droit des peuples à la sécurité, à l'autodétermination, à une vie sûre et heureuse sont autant de principes qui sont nés des Lumières, sur lesquels s'est construit la République et que nous avons diffusés en Europe et dans le monde. Mais vous préférez dénier aux réfugiés qui nous interpellent la liberté qui vient de la paix et de la sécurité sociale, professionnelle et familiale. Vous leur refusez toute solidarité face aux souffrances qu'ils rencontrent. Vous allez jusqu'à nourrir l'idée qu'ils ne seraient même pas nos égaux, des hommes comme nous. Vous foulez aux pieds la devise républicaine.

    Vous êtes indigne, enfin, du mandat qui est le vôtre. Ne croyez pas qu'être maire vous met au-dessus des lois de la République. Être maire ne vous protège pas ; être maire vous oblige. Vous avez face à vos concitoyens une double responsabilité : administrer leur ville, certes, mais aussi être pour eux l'incarnation de la République, de cet État que vous dénoncez allègrement dans votre journal et dont vous, qui manquez à l'État, au droit et à la République, vous avez même l'audace de dire qu'il ne se respecte plus !

    Il est ainsi devenu évident pour nous que vous avez manqué à votre mandat de maire. Par vos discours, vous favorisez les fantasmes plutôt que les réalités. Par vos écrits et vos actions, vous distillez une logique de haine, de racisme et de division.

    Tout maire républicain, dans ces circonstances, aurait déjà remis sa démission. Parce que vous avez prouvé n'avoir plus rien de républicain, vous ne le ferez pas. C'est donc à la République d'agir pour protéger les Biterrois et les Français de la division que vous semez à grand renfort d'argent public et de discours lénifiants, au mépris du principe d'unicité de la France.

    Nous demandons votre révocation.

    SOURCE : http://www.huffingtonpost.fr/yann-galut/monsieur-robert-menard-vous-meprisez-la-france_b_8122478.html


    votre commentaire
  • Ménard poursuit sa réécriture

    de la guerre d’Algérie

    Aujourd'hui 12 septembre 2015, le Palais des Congrès de Béziers accueillera une nouvelle fois des nostalgiques de l’Algérie française.

    Robert Ménard, le maire de Béziers, qui a passé sa jeunesse en Algérie, continue de réécrire à sa façon l’histoire de cette guerre d’indépendance, porté par l’image d’un de ses oncles, mais aussi de son père qu’il imagine en défenseur de l’Algérie française, parmi les membres de l’OAS (Organisation Armée Secrète).

     

    Stèle en hommage à des membres de l’OAS, dans un cimetière de Beziers

    En juillet 2014, il avait rendu hommage à des partisans fusillés de l’Algérie française, devant une stèle installée dans un cimetière de Béziers.

    En mars 2015, Ménard faisait encore parler de lui, en débaptisant la rue du " 19 mars 1962 " (jour de la signature des accords d’Evian, qui marquent la fin de la guerre d’Algérie), pour un nom de partisan de l’Algérie française, Hélie Denoix de St Marc, qui participa au putsch d’Alger en janvier 1961. Un article sur le site Réflexes revient sur Ménard et son soutien aux nostalgiques de l’Algérie française.

     

    Appel pour le congrès du comité Veritas avec la présence

    de Robert Ménard et d’Elie Aboud
     

    Il s’apprête donc à récidiver ce 12 septembre, en accueillant le congrès du Comité Véritas à Béziers, une association souhaitant aussi refaire l’histoire de la guerre d’Algérie " au-delà de la promulgation de l’indépendance ". Veritas, fondé en 1990, compte dans son comité de parrainage Antoine Argoud, un ancien dirigeant de l’OAS, qui participa au putsch d’Alger. Le bureau est constitué principalement de la famille Avelin, dont le père est aussi un ancien de l’OAS, ainsi que d’Alain Algudo, cofondateur de Recours France et du CDFA (Comité de défense des Français d’Algérie). Le comité Veritas était déjà présent lors de la cérémonie de juillet 2014, en hommage aux partisans de l’Algérie française.

    Robert Ménard fera un discours lors du congrès du 12 septembre, aux côtés d’Elie Aboud, député de la circonscription de Béziers, qui présentera un exposé en tant que président du groupe d’étude aux rapatriés d’Algérie.

    Avec Robert Ménard on retrouvera encore une fois à Béziers la vieille garde des défenseurs de l’Algérie française, se croyant peut-être le rassembleur d’un électorat pied noir présent dans la région de Béziers.

    SOURCE : http://algerienetwork.com/france/menard-poursuit-sa-reecriture-de-la-guerre-dalgerie/


    votre commentaire
  • La France, une suite de vagues migratoires 

     

    Réfugiés espagnols arrivant dans le sud de la France en 1939
    Réfugiés espagnols arrivant dans le sud de la France en 1939 dr

     

    Depuis sa révolution industrielle du XIXème siècle, la France a accueilli en de multiples vagues des millions de migrants qui lui donnent son visage actuel, bien éloigné du stéréotype de l’ancêtre gaulois.

    5,3 millions : c’est le nombre approximatif d’immigrés sur le sol français vers 2010 selon l’INSEE (Institut national français de statistiques). L’institut définit l’immigré comme « personne née étrangère à l'étranger et résidant en France »… Ce qui ne veut pas dire qu’il est encore étranger. Près de la moitié (41 %) ont acquis d’une façon ou d’une autre la nationalité française. L’ensemble de ces immigrés, selon cette acception, représentent donc 8 % de la population, chiffre en deçà de la moyenne européenne. Leurs « descendants directs » sont, en revanche, plus nombreux : 6,7 millions, soit 11 % de la population du pays. Les immigrés et leurs enfants constituent donc près du cinquième de la population vivant en France, une proportion voisine de celle de l’Allemagne.

    Certains des pays d’origine de cette migration découlent de l’histoire coloniale (Maghreb, Afrique subsaharienne, Proche-Orient, ex-Indochine...), d’autres non (Europe du Sud ou de l’Est, Extrême-Orient). D’une façon plus large, et sans revenir aux grandes invasions qui l’ont faite, les vagues migratoires sont constitutives de la France actuelle. Elles prennent forme durant sa révolution industrielle, se confirment au XXème siècle dans l’entre-deux-guerres, puis dans les besoins de sa reconstruction et de son expansion des « trente glorieuses ». Rarement sans heurts, elles se banalisent le plus souvent avec le temps. Tour d’horizon, non-limitatif.

    Les Italiens

    Différentes études estiment à près de 7 % la population française d’origine italienne et la Renaissance n’y est pas pour grand chose. C’est dans la seconde moitié du XIXème siècle que l’immigration en provenance de la péninsule devient un phénomène de masse, principalement économique.

    Maçons italiens en France dans l'entre-deux-guerres
    Maçons italiens en France dans l'entre-deux-guerres
    DR

    Elle n’est pas dépourvue de tensions. Des incidents sanglants opposent dans les années 1880 des ouvriers français aux Italiens, accusés d’accepter des bas salaires. Le mouvement, pourtant, se poursuit.

    Près de 500 000 Italiens vivent en France au début du XXème siècle, 800 000 dans les années 30, où apparaît également une immigration politique fuyant le fascisme. La Seconde guerre mondiale vient arrêter le flux, provisoirement. Un demi-million d’Italiens entrent encore en France de 1947 à 1967. Mieux admise dans le contexte d’expansion économique qui prévaut, la population italienne s’intègre à la société française... et à ses élites.

    Les Espagnols

    Également phénomène de la fin du XIXème siècle, l’immigration espagnole est d’abord essentiellement agricole et localisée surtout dans le sud de la France. Elle s’accélère à la faveur de la Première guerre mondiale. L’Espagne n’y est pas belligérante, mais le conflit offre à ses ressortissants l’occasion d’occuper en France de nombreux emplois devenus vacants. Ils y sont plus de 300 000 à la fin des années 20, désormais sur tout le territoire, dans l’industrie comme dans l’agriculture. La crise de 1929 stoppe le flux économique. La guerre civile espagnole en apporte bientôt un autre, politique.

    Passage de réfugiés espagnols au col pyrénéen du Perthus en 1939
    Passage de réfugiés espagnols au col pyrénéen du Perthus en 1939
    DR

    La Retirada (retraite) des Républicains après leur défaite se traduit en 1939 par l’exode vers la France de près d’un demi-million de réfugiés espagnols, dans des conditions tragiques. Ils ne sont pas toujours bien accueillis et les autorités, à la fois débordées et apeurées les parquent dans des camps. Certains gagnent d’autres pays ou retournent en Espagne. La guerre mondiale survenue, un grand nombre d’hommes sont enrôlés en 1940 dans les « compagnies de travailleurs étrangers » mises en place par le gouvernement de Vichy. Mais beaucoup rejoindront dans les années suivantes la Résistance ou la France libre du Général de Gaulle. Les premiers blindés de la « 2ème D.B. » parvenus à l’Hôtel de ville lors de la libération de Paris sont ceux de sa 9ème compagnie dite « la Nueve » , conduits par des combattants républicains espagnols.

    Dans les décennies d’après-guerre, flux économique et politique se conjuguent à nouveau pour faire de l’immigration espagnole la première de France avec la Portugaise : plus de 600 000 résidents en 1968. Les hommes occupent souvent des emplois peu qualifiés dans le bâtiment ou l’agriculture, les femmes dans les services domestiques. La « bonne espagnole » devient un archétype voisinant dans l’imaginaire français avec Picasso ou de prestigieux intellectuels.

    La fin de l’expansion économique comme différentes mesures prises en Espagne en faveur du retour conduit dès le début des années 70 à une inversion de l’émigration espagnole, confirmée après la mort de Franco et la mutation du pays. Beaucoup, cependant, choisissent de rester, donnant à la France actuelle, entre bien d’autres, son Premier ministre et la Maire de Paris.

    Les Portugais

    Jusqu’au début du XXème siècle, les Portugais installés en France sont surtout des intellectuels et des artistes, voire des exilés politiques. L’entrée en guerre du Portugal aux côtés des alliés en 1916 vient tout changer. Outre ses combattants, Lisbonne envoie en France 20 000 travailleurs recrutés dans le cadre d’un accord de main d’œuvre. Beaucoup y resteront. D’autres les rejoindront employés pour l’essentiel dans l’industrie. Le coup d’État militaire de Salazar en 1926 alimente a nouveau l’émigration politique. 50 000 Portugais sont recensés en France en 1931.

    Stoppé par la seconde guerre mondiale et l’occupation, le mouvement reprend à son lendemain, stimulé par la reconstruction et les décennies de croissance. Il est particulièrement sensible dans les années 60, où le nombre de Portugais en France décuple pour atteindre 700 000, en faisant un moment la première « communauté » étrangère de France. Parmi eux, nombre de femmes et d’enfants mais aussi des jeunes désireux d’échapper à la mobilisation militaires des guerres coloniales menées par le régime, qui formeront une diaspora politisée.

    Portugais en 1967 dans un bidonville de la région parisienne
    Portugais en 1967 dans un bidonville de la région parisienne
    DR

    La majorité des immigrés économiques proviennent du nord de leur pays. Ils vivent souvent dans des conditions médiocres jusqu’à la destruction des bidonville au milieu des années 60. Les hommes occupent des emplois industriels. Les femmes qui travaillent sont souvent, comme les Espagnoles, domestiques mais aussi, spécialité renommée de l’imagerie parisienne, concierges d’immeubles.

    L’afflux cesse dans les années 70 et s’inverse progressivement après la Révolution de 1974. Les retours qui s’ensuivent n’ont pas empêché le maintien de liens étroits avec l’ancien pays d’accueil.

    Les Maghrébins

    Naturellement liée à l’histoire coloniale française, l’immigration maghrébine ne coïncide pas pour autant mécaniquement avec elle. Après sa conquête en 1830, l’Algérie devient une terre … d’accueil pour des centaines de milliers d’Européens. Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXème siècle qu’un appauvrissement largement provoqué par le système colonial conduit des populations « indigènes », principalement masculines et kabyles, à émigrer de l’autre côté de la Méditerranée, en premier lieu vers Marseille où un foyer se constitue. Considérés comme français – sans en avoir les droits -, ils ne sont pas précisément comptabilisés mais une étude de 1912 évalue les « travailleurs originaires d’Algérie » à 5 000 en métropole.

    La Grande guerre, une fois encore, bouleverse la donne. 100 000 travailleurs algériens sont recrutés de 1914 à 1918 et 175 000 soldats coloniaux maghrébins. Beaucoup ne reviendront pas et c’est en hommage aux 70 000 morts musulmans pour la France qu’est mise en chantier , en 1920, la Mosquée de Paris. La majorité des survivants sont renvoyés alors chez eux. Une partie reste. 31 000 « sujets algériens » sont recensés en 1921, près de 85 000 en 1936. Jeunes et célibataires, leur installation est le plus souvent temporaire et leurs effectifs sujets à de grandes variations. Des idées nouvelles se répandent. Messali Hadj fonde en 1926 à Paris l’  « Etoile nord-africaine » qui revendique l’indépendance des pays du Maghreb. Elle est dissoute en 1937.

    Algériens de Paris dans les années 50
    Algériens de Paris dans les années 50
    DR

    Interrompue par la seconde guerre mondiale qui coûte cher à l’Afrique du Nord en vies humaines, l’immigration économique reprend dès son lendemain. Plus de 200 000 Algériens sont recensés en 1954 en métropole (et seulement 6 000 Marocains, qui affluent ultérieurement). La guerre d’Algérie déchire la communauté en une lutte fratricide et sanglante entre FLN et Mouvement national algérien de Massali Hadj sur fond de répression mais ne tarit pas le flux. On compte en 1962 350 000 Algériens sur le sol français.

    Le mouvement se poursuit après les indépendances. Dans l’industrie automobile ou le bâtiment, les Maghrébins deviennent après les Espagnols et Portugais les figures emblématiques de l’immigré, souvent logé dans des foyers ouvriers. Longtemps ignoré, celui-ci devient sujet majeur dans l’ébullition politique née de mai 68. Des luttes aboutissent à des régularisations massives en 1973. De nouvelles revendications émergent telles le droit de vote ou celui de devenir français. La crise économique au milieu des années 70 conduit à un arrêt théorique de l’immigration, tout en laissant la porte ouverte au regroupement familial. La concentration de ses populations dans des cités-ghettos prépare des lendemains difficiles.

    À partir des années 80, l’immigration maghrébine – un tiers environ de l’ensemble, les Marocains prenant une part croissante depuis les années 70 - devient une question politique centrale, divisant les politiques et nourrissant l’ascension du Front National, sur fond de luttes ou sursauts (marche des beurs, occupations de lieux, SOS racisme) qui, malgré de nouvelles mesures ou régularisations ponctuelles, peinent à déboucher durablement. En dépit de l’intégration majoritaire des jeunes générations, le sujet demeure sensible dans la société française.

    Les Vietnamiens

    Également liée à l’histoire coloniale française, l’immigration d’Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge) est plus tardive, concentrée dans le temps et aussi – du simple fait de la réalité géographique – bien plus limitée. Elle n’en marque pas moins le nouveau visage de la population française.

    Arrivée d'Indochinois à Marseille en 1940
    Arrivée d'Indochinois à Marseille en 1940
    DR

    Comme les autres, elle prend son essor avec la première guerre mondiale. 50 000 « ouvriers-soldats » vietnamiens sont recrutés pour servir, notamment, dans les usines d’armement. L’histoire se répète lors de la seconde Guerre mondiale où sont enrôlés, parfois de force, 20 000 hommes au titre de la Main d’œuvre indigène et 8000 comme combattants. Après l’armistice, beaucoup sont captés pour le travail forcé en Allemagne. D’autres sont utilisés par Vichy pour la culture du riz en Camargue.

    Une partie choisit de rester après le conflit, et la communauté vietnamienne en France est alors estimée à près de 30 000 personnes, en diminution les années suivantes malgré l’apport significatif d’étudiants. Après les accords de Genève en 1954 (défaite française, division du pays), un nombre important de Vietnamiens est rapatrié en métropole, d’autant moins aisé à chiffrer que beaucoup ont acquis la nationalité française. La diaspora vietnamienne croît en tout cas régulièrement, par étapes souvent liées à l’avancée communiste.

    La chute de Saïgon en 1974 précipite logiquement le mouvement. La première vague d’évacuation est suivie de celle dite des « boat people » qui voit des centaines de milliers de réfugiés fuir le pays par différentes voies, et notamment par la mer au prix de drames et de lourdes pertes. La plupart s’efforcent de gagner les États-Unis. Une petite proportion - souvent par défaut ou du fait d’attaches pré-existantes car le pays n’est pas jugé politiquement sûr - opte pour la France, où des intellectuels, de Jean-Paul Sartre à Raymond Aron, se mobilisent en leur faveur. 22 000 Vietnamiens y obtiennent entre 1974 et 1980 le statut de réfugié politique. Certains croient à une installation temporaire. La plupart resteront, renforcés par d’autres apports jusque dans les années 90.

    Leur nombre total fait aujourd’hui l’objet d’évaluations d’autant plus approximatives qu’ils se sont intégrés sans heurts et ne se sont guère regroupés. L’Ambassade du Vietnam estime que « le nombre des Vietnamiens [en France] s’approche de 300 000 personnes qui sont pour la plupart naturalisées français ou s’y installent de façon régulière ».

    Les sub-sahariens

    Un récent rapport du Sénat estime à 188 000 le nombre de ressortissants d’Afrique subsaharienne « anciennement sous domination française »,  « vivant régulièrement en France », précisant prudemment que l’effectif réel est probablement proche du double. Principaux pays d’origine : le Sénégal, le Mali, la République du Congo, le Cameroun.

    Si, une fois encore, ces origines s’expliquent par l’histoire coloniale et les liens particuliers qui s’y sont tissés voire la parenté francophone, leur afflux est en réalité relativement récent. Les deux conflits mondiaux ont certes amené sur le continent européen des centaines de milliers de combattants d’Afrique. Si une petite partie – des survivants – y est restée, la grande majorité est rentrée une fois démobilisée. Une migration scolaire s’est par ailleurs développée tout au long de la période coloniale (et après), stimulant la prise de conscience politique et la revendication indépendantiste tout en favorisant l’émergence d’élites européanisées. L’émigration du travail, elle, a lieu au rythme des opportunités économiques et de la demande – après les guerres, notamment – sans être massive ou remarquée.

    Elle prend un essor particulier dans les années 70, stimulée par la sécheresse qui frappe le Sahel et le chômage croissant dans des pays en voie d’urbanisation. Des politiques restrictives la ralentissent ; d’autres l’accélèrent telle celle du regroupement familial. « Légaux » ou non, beaucoup d’immigrants – désormais des deux sexes - viennent de la vallée du fleuve Sénégal (Sénégal, Mali, Mauritanie). Leur départ peut être d’initiative individuelle ou décidé par la communauté, voire pris en charge par elle. Les confréries, au Sénégal, y jouent un rôle important. Les emplois occupés sont dans l’ensemble peu qualifiés. L’argent gagné est généralement en partie renvoyé au pays, en constituant une ressource significative. Les chemins de l’exil sont multiples et meurtriers : pirogue, traversée du Sahara et du détroit de Gibraltar, voies aériennes détournées …
    Migrants maliens aux portes de l'enclave espagnole de Mellila, au Maroc en 2014<br />

<sub>AP Photo / Santi Palacios</sub>
    Migrants maliens aux portes de l'enclave espagnole de Mellila, au Maroc en 2014
    AP Photo / Santi Palacios

    Il faut cependant noter que pour la majorité des migrants, la destination reste d’abord régionale, vers des régions côtières attractives. Une partie seulement se dirige vers l’Europe et une petite minorité vers la France où elle ne représente que 12 % de l’immigration totale. Le plus souvent bien acceptée, la présence africaine « noire » n’y est pas moins devenue familière dans les dernières décennies en particulier dans les grandes villes. Les nombreux mariages mixtes contribuent au métissage d’une population française où l’ascendance strictement gauloise, décidément, tend à se raréfier.

    SOURCE : http://information.tv5monde.com/info/la-france-une-suite-de-vagues-migratoires-52917


    votre commentaire
  • Les "Migrants" : L'inhumanité et même 

    une escalade de l'ignominie 

     

    L'EDITO D'HENTI POUILLOT "Les "Migrants" : L’inhumanité et même une escalade de l’ignominie"

    Les images de ce petit Aylan, noyé, ont bouleversé l’opinion et créé un sursaut citoyen. Enfin !!!
    Depuis des décennies maintenant, les mers sont devenues de véritables cimetières marins, engloutissant, sans sépultures, hommes, femmes, enfants et même bébés.  Mais les médias ont trop souvent relaté, comme des faits divers, de simples banalités, ces drames humains. Les naufrages en Mer Méditerranée sont maintenant un peu plus souvent évoqués, comme des épiphénomènes. Les responsabilités sont renvoyées dans le flou, comme s’il s’agissait d’une simple fatalité. Pratiquement jamais ne sont évoqués les noyés dans l’archipel des Comores, en particulier près de l’ile de Mayotte. Et là, seule la France est responsable des milliers de victimes de ces visas Balladur.

    L’émotion soulevée par l’image de ce bébé noyé a soulevé une indignation légitime. Les pouvoirs politiques ont réagi, mais essentiellement en mots, dans les faits, les "solutions" annoncées sont indignes, très très insuffisantes, une compassion qui frise l’inhumanité.

    Les marchandises, les capitaux ne connaissent pas de frontières, seuls les humains devraient les respecter !!!. Définir des quotas, pour accueillir des hommes, femmes et enfants est ignoble. Comme des marchandises, sans respecter le souhait des intéressés, ces migrants, et "évidemment" pas tous, vont se voir "caser" dans tel ou tel pays !!!

    Des "personnalités" dont certains responsables politiques viennent de rivaliser dans l’indécence, avec des propos indignes, ignobles, dont certains sont condamnables au nom de la loi.

    Marine Le Pen a montré une fois de plus son vrai visage, raciste et xénophobe, en déclarant "je n’ai pas pleuré ; la compassion c’est de renvoyer les clandestins dans leur pays ; je propose de ne plus accueillir personne".

    Wallerand de Saint Just, candidat FN pour les régionales en Ile de France rend responsable de la mort d’Aylan, celles et ceux qui se battent pour un accueil digne et humain des réfugiés.

    Pour ne pas être en reste, Nicolas Sarkozy propose lui de "mettre en place des centres de rétention avant qu’ils (les réfugiés) ne traversent la Méditerranée".

    Thomas Oppermann ; président du groupe SPD au Bundestag souhaite créer "une voie rapide pour les migrants qui répondent aux attentes des milieux économiques", c’est-à-dire "utiles" et "d’expulser plus rapidement les autres". Il y aurait donc des humains inutiles comme au Moyen Age où les "bouches inutiles" étaient jetées hors des cités, condamnées à mourir de faim et de froid ?

    Yves Nicolin, maire de Roanne (Les Républicains), a déclaré, lundi 7 septembre, sur France bleue, qu’il était d’accord pour accueillir les réfugiés, "à la condition qu’ils soient chrétiens" au prétexte de lutter contre le terrorisme. Cette "sélection", forme particulièrement odieuse d’islamophobie, assimile une fois de plus tout musulman à un terroriste.

    Le député-maire de Belfort, Damien Meslot, a dit réfléchir à l’accueil de "familles de chrétiens syriens et de chrétiens d’Irak". "Je ne fais pas de tri, je choisis d’accueillir ceux qui sont le plus persécutés : quand on est chrétien en Syrie ou en Irak, on risque la mort", a ajouté l’élu Les Républicains, cette fois au micro de France Bleu Belfort-Montbéliard.

    Arno Klarsfeld, prétend que "ce n’est pas raisonnable de partir avec deux enfants en bas âge". Aurait-il été plus "raisonnable" qu’ils meurent victimes de Daesh ou de Bachar El Assad ?

    Ce qui n’est pas "raisonnable" c’est d’envoyer des CRS contre des migrants à Paris.
    Ce qui n’est pas "raisonnable" c’est cette Europe forteresse qui transforme la Méditerranée en gigantesque cimetière marin.
    Ce qui n’est pas "raisonnable" c’est le chaos dans lequel le monde est plongé et dont l’Europe et les États Unis portent une très lourde responsabilité.

    Un million de migrants accueillis en Europe, ce serait 0,2% de la population européenne, ce n’est pas vraiment "l’invasion" dont menacent les tenants de la haine. Alors dans l’immédiat, il y a urgence à accueillir dignement ceux qui fuient la guerre, la misère, la répression sans trier les "bons" et les "mauvais" migrants.

    Heureusement qu’un élan se développe parmi les individus, et qu’une chaîne de solidarité va permettre d’atténuer ces catastrophes.
    Mais :
    - sans une autre politique où l’on reconnaitra à l’homme le droit de se déplacer sur la planète aussi librement que les marchandises ou les capitaux,
    - sans que les états prennent les mesures humanitaires nécessaires et suffisantes pour accueillir dignement ceux qui en ont besoin,
    - tant que les politiques internationales ne cesseront pas de livrer des "guerres de civilisations", et parce que ce n’’est pas par les armes que l’on peut régler de tels conflits... le problème fondamental de ces migrants ne s’améliorera pas.

    Le Gouvernement Français concrétise sa position et démontre que ses propos sont en décalage complets avec les faits. En pleine crise migratoire, la Place Beauvau supprime une aide versée depuis quatre ans à cette fédération historique d’associations d’aide aux étrangers la FASTI.


    votre commentaire
  • Encore un nouveau recours en vue contre

    l'extrémiste provocateur sans frontière Ménard...

    L'AFP va réagir à une manipulation de photo

    Encore un nouveau recours en vue pour l'extrémiste provocateur sans frontière Ménard... L'AFP va réagir à une manipulation de photo

    Migrants : Robert Ménard manipule une photo pour

    créer une psychose à Béziers

    Cliquez sur ce lien vous trouverez:  Le journal de Béziers

    POLEMIQUE - Pour son dernier numéro du "Journal de Béziers", Robert Ménard n'a pas hésité à effectuer un montage photo destiné à faire croire qu'une horde de migrants s'apprête à envahir sa ville. L'AFP, propriétaire du cliché manipulé, a saisi son service juridique.

    Robert Ménard a encore frappé. Cette fois, l'ancien président de Reporters sans frontières a fait fi de toute déontologie journalistique en manipulant une photo de presse afin de faire passer son message pour le moins... orienté.

    L'affaire est partie d'un tweet du maire de Béziers, relayant la dernière une du nouveau numéro de son journal municipal, illustrant selon lui le "scandale des migrants". Sur celle-ci, on peut voir un cliché de migrants - hommes, femmes et enfants - s'apprêtant à monter dans un train, le tout flanqué de l'exclamation: "Ils arrivent !" Et si l'on regarde de plus près l'image, on lit ce message scotché sur une des vitres du train : "Béziers, 3865 km". Même procédé sur la fenêtre suivante : "Scolarité gratuite, hébergement et allocations pour tous !"

    Problème (outre le message) : pour insinuer que des hordes de réfugiés s'apprêtent à déferler sur sa ville, Robert Ménard a utilisé, comme l'a signalé un journaliste de l'agence, une photo de l'AFP, prise... en Macédoine, le 18 juin dernier. Et faisant fi des règles élémentaires d'utilisation des photos de l'agence française d'information, il en a tout simplement fait un montage pour y ajouter les pancartes sur le train. Joint par le site Arrêts sur images, l'AFP rappelle qu'un "montage de ce type n'est pas autorisé", et que son service juridique est saisi de l'affaire : "On ne laissera pas passer ça".

     


    votre commentaire
  • Le Sahara de nos 20 ans de Michel Mariet

    Michel Mariet est l'auteur de cette vidéo, il écrit :

    Les photos retenues ont été prises jusqu’à la fin 1962, je n’ai pas privilégié l’aspect « guerre d’Algérie » mais certaines photos le laisse apparaître. Vous reconnaîtrez le secteur où vous avez été affecté, mais vous découvrirez d’autres coins souvent spectaculaires, aujourd’hui nous dirions touristiques !

     

     

    Le Sahara de nos 20 ans from Michel Mariet on Vimeo.

     


    votre commentaire
  •  

    Drame des migrants : à Pouilly-en-Auxois

    les mentalités ont-elles évolué ?

    Par Philippe Renaud, France Bleu Bourgogne lundi 7 septembre 2015

    Des migrants ont été hébergés dans divers logements à Pouilly-en-Auxois. Radio France

    La photo d'Aylan, retrouvé mort sur une plage a ébranlé le monde entier en fin de semaine dernière. Anéanti, son père a dit espérer que suite à ce drame le monde prendra au moins conscience du sort des migrants. A Pouilly-en-Auxois, un centre d'accueil de migrants a ouvert ses portes en février.

    Après un accueil mitigé de la population, cette photo et ce drame sont ils de nature à faire évoluer les mentalités de certains réfractaires ? Le bâtiment, aujourd’hui rénové, accueillait les gendarmes de la commune. Le centre d'accueil de migrants de Pouilly-en-Auxois est situé à la sortie de cette commune de 1600 habitants. Il fait partie de ces centres ouverts par le gouvernement pour désengorger la ville de Calais. Quarante-cinq personnes y résident, des Tchadiens, des Érythréens et des Soudanais en attente de validation d'un statut de réfugié politique.

    Derrière son comptoir, Pierre Communeau, le patron du Sporting, un des cafés de Pouilly-en-Auxois a vu la terrible photo. Comme tout le monde, il est choqué, remué par l'image de ce petit corps inanimé gisant sur le sable. Quant à savoir si cela fera évoluer le regard de la minorité des habitants de Pouilly, les plus hostiles au centre de demandeurs d'asile, c’est plus difficile à dire.

    Depuis qu'ils sont arrivés les demandeurs d'asile de Pouilly-en-Auxois, environ 45 Erythréens, Tchadiens et Soudanais se montrent très discrets. Pas sûr que le drame d'Aylan créé un véritable élan de solidarité de la part des habitants. Après six à dix-huit mois de démarches administratives, les demandeurs d'asile de Pouilly savent que moins d'un sur cinq obtiendra le droit de rester en France. Malgré l'actualité dramatique, les autres seront quoiqu'il arrive reconduits dans leur pays où ils sont menacés de mort.

     
    Philippe Renaud

    Par :

    Philippe Renaud
     
     

    Drame des migrants : à Pouilly-en-Auxois les mentalités ont-elles évolué ?

    C'était le 25 juin 2015

    Bourgogne : 60 migrants accueillis dans un village français « Six mois après, les esprits se sont apaisés » 

    Bourgogne : 60 migrants accueillis dans un village français « Six mois après, les esprits se sont apaisés »

    Le maire de Pouilly-en-Auxois interrogé

    par Europe 1
     

     

    France 2 revenait le 25 juin 2015 sur une  

    cohabitation inédite à Pouilly-en-Auxois  

    entre des migrants et les habitants 

     du village. 

    Depuis le mois de janvier, un centre accueillant 60 migrants a été installé à Pouilly-en-Auxois (Côte-d'Or). Une cohabitation inédite. Ces demandeurs d'asile ont fui la guerre. Leur statut ne les autorise pas à travailler en France. Ils reçoivent donc de l'État 11,50 euros pour se nourrir. "Pas facile pour le maire de le justifier face à cette femme au chômage. Elle est menacée d'expulsion", note la journaliste de France 2. 

    Six mois après, les esprits se sont apaisés 

    Un sentiment d'injustice accentué par le fait que les migrants sont logés gratuitement, à quelques kilomètres. Le bâtiment est géré par l'État. Ce sont d'anciens logements de gendarmes. Depuis leur arrivée, aucun problème de délinquance supplémentaire n'a été enregistré. Pourtant, certains disent "avoir très peur". Le maire, sans étiquette, n'a pas demandé que ce centre soit installé sur sa commune. La décision est venue de Paris. Mais c'est bien à lui qu'on a adressé des lettres d'insultes. Aujourd'hui, six mois après, les esprits se sont apaisés. 

     

     

    Bourgogne : 60 migrants accueillis dans un village français « Six mois après, les esprits se sont apaisés »



    C'était en 2014 : 

     

    Pouilly-en-Auxois va accueillir 60 migrants

    venus de Calais 

    L’ancienne caserne de gendarmerie de la ville va accueillir 60 demandeurs d’asile. L’objectif est de désengorger les centres d’hébergement de réfugiés politiques à Calais. 

    • Par Fanny Borius 
    • Publié le 14/01/2015 |  


    Bourgogne : 60 migrants accueillis dans un village français « Six mois après, les esprits se sont apaisés »

     © France 3 Bourgogne  

      L’ancienne caserne se trouve à l’écart du village de Côte-d'Or. Dans quelques jours, ses résidents – des migrants demandant l’asile politique – vont remplacer les gendarmes qui y vivaient jusqu’alors.

    La décision de la préfecture ne fait pas l’unanimité 

    Venus de Somalie ou d’Erythrée, ces migrants sont actuellement à Calais (Pas-de-Calais) dans l’attente d’une régularisation de leur dossier de demande d’asile. Le fait de les accueillir à Pouilly va permettre de désengorger les centres d'hébergements de Calais. En France, il existe plusieurs zones rurales de centres d'accueil pour réfugiés dont la création est encouragée par le ministère de l'Intérieur.
    Mais dans ce village qui compte 1500 habitants, la décision de la préfecture ne fait pas l’unanimité même si le maire a tenu à rassurer.


    En 2014, 393 dossiers ont été régularisés 


    En Côte-d'Or , le nombre de primo-demandeurs en 2014 a été de 393, soit une baisse de 20% par rapport à 2013. Parmi ces 393 demandeurs d'asile en 2014, plus de 27% (soit 108 sur les 393) ont obtenu le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, un taux en augmentation en Côte d'Or compte-tenu d'un flux en baisse.

    Les premiers migrants doivent arriver le 5 février 2015 au plus tard.


    Le reportage d’Emmanuel Thiery et Romain Liboz. Montage : Pascal Rondi 

    60 migrants vont être accueillis à Pouilly-en-Auxois

     


    votre commentaire