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    Delphine Renard demande 

    une reconnaissance officielle 

    de la répression de Charonne

    du 8 février 1962

    ***

    Delphine Renard demande une reconnaissance officielle de la répression de Charonne *** Un article de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon

    Delphine Renard :

     « Les apologistes de l’OAS

    continuent de brandir

     des idéaux racistes

     et fascisants » 

    Aujourd’hui psychanalyste, Delphine Renard entretient la mémoire des victimes de l’organisation criminelle. Elle demande que soit officiellement reconnue par l’État la brutale répression qui coûta la vie à neuf manifestants, communistes et syndicalistes, le 8 février 1962. 

    • Vous vous étiez élevée, il y a un an, dans une tribune, contre les multiples hommages rendus à des criminels de l’OAS. Certains d’entre eux ont été déchus, ces dernières semaines, des décorations attribuées par le précédent pouvoir [1]. Cela signe-t-il, selon vous, une rupture ?  

    Delphine Renard. En effet, Jean-François Collin a été exclu en début d’année 2013, par décret, de l’Ordre national de la Légion d’honneur dans lequel le président Sarkozy l’avait nommé chevalier le 5 mai 2011 (avec attribution de la Croix de la valeur militaire). Cette déchéance manifeste clairement une position nouvelle de l’Etat sur la question de la mémoire de la guerre d’Algérie. Cet ancien factieux de l’OAS s’acharne à entretenir la haine, honorant régulièrement, avec son association d’anciens criminels, la mémoire d’officiers putschistes, tels le colonel Argoud. Le fils de ce dernier, qui lui aussi fait l’apologie de l’OAS dans les médias, s’est vu retirer, l’été dernier, ses fonctions de rapporteur public au tribunal administratif de Marseille. Il s’agit là de signaux plutôt encourageants. 

    L’accession de François Hollande à la présidence de la République a marqué une inflexion dans la politique de l’État français à l’égard de cette mouvance qui continue à brandir, en guise de valeurs, l’assassinat et la torture au nom d’idéaux racistes et fascisants, bien loin des sentiments de la grande majorité des rapatriés d’Algérie. Le discours qu’il a prononcé à Alger en décembre 2012 a posé les bases d’une réorientation, avec la volonté affirmée d’ « ouvrir un nouvel âge dans la relation entre la France et l’Algérie » grâce à la reconnaissance des « souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien », et en particulier lors du massacre de Sétif, ouvrant la voie à la vérité sur la torture. Mais sur le plan intérieur, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à « la paix des mémoires » que le président a appelée de ses vœux. La « reconnaissance du passé dans le respect des mémoires, de toutes les mémoires », pour reprendre ses mots, passe par le choix de dates symboliques. En décembre dernier, au Sénat, un vote intervenant à l’issue d’un débat houleux a montré combien restait difficile l’acceptation de certaines réalités historiques : il s’agissait de la proposition de loi sur la reconnaissance de la date du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Cette date désormais légale devra, un jour ou l’autre, se substituer à celle du 5 décembre, dénuée de toute justification historique et procédant d’une simple mesure réglementaire arrachée par des groupes qui ne peuvent tolérer une date annonçant l’indépendance de l’ancienne colonie. 

    • Vous citiez Elie Wiesel, « Tolérer le négationnisme, c’est tuer une seconde fois les victimes. » Des premières lois d’amnistie, en 1965, jusqu’aux stèles dédiées à ces criminels, ceux qui cultivent leur mémoire les présentent comme des victimes. Comment une telle inversion des valeurs a-t-elle pu se produire ?  

    S’il s’agissait d’individus, on parlerait de perversion. Mais à l’échelle collective, c’est très inquiétant et cela rappelle de sombres périodes. Des argumentaires habiles flattent toujours les tendances les plus basses, et l’extrême-droite a beau jeu d’instrumentaliser, depuis cinquante ans, le traumatisme qu’a été l’indépendance pour les Français qui résidaient en Algérie. Pendant ce temps, des actes de vandalisme continuent à se produire contre des stèles à la mémoire de ceux qui, pendant la guerre d’Algérie, se sont opposés à la terreur et au jusqu’au-boutisme de l’OAS. Ainsi tout récemment, le 3 janvier dernier, une cérémonie organisée à la mémoire d’Alfred Locussol, ce fonctionnaire assassiné cinquante-et-un ans plus tôt par l’OAS à Alençon pour avoir œuvré à l’indépendance de l’Algérie, a dû se dérouler en l’absence de la plaque commémorative, volée… 

    • L’extrême-droite française, dans sa version lepéniste, a fait de la nostalgie de l’Algérie française un fonds de commerce. La réhabilitation de l’OAS est-elle, selon vous, un symptôme du poids de l’extrême-droite en France ?  

    Certainement. Dans La Gangrène et l’Oubli, Benjamin Stora qui, depuis plus de trente ans, fait un travail remarquable pour dégager l’histoire des haines partisanes et œuvrer à la réconciliation des mémoires, écrivait : « Le Front national poursuit sa progression, s’alimentant aux sources du refoulé de cette guerre. La perte de l’Algérie française apparaît comme la justification a posteriori du système colonial, par construction d’une mémoire de la revanche. » Je crois que cette analyse, qui date de 1991, demeure toujours valable aujourd’hui. On en a eu encore une illustration l’été dernier, lorsque la maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, a brutalement mis fin au projet d’exposition Albert Camus jusque là confié au même Benjamin Stora, dont les vues équilibrées ne pouvaient satisfaire la vision nostalgérique de la municipalité. 

    • Symbole de la barbarie de cette organisation terroriste, vous ne vous êtes exprimée publiquement qu’à l’occasion des cinquante ans du massacre de Charonne, l’an dernier. Pourquoi avez-vous choisi de sortir du silence ?  

    Je raconte ce cheminement dans un livre qui va sortir chez Grasset le mois prochain, et qui s’intitule Tu choisiras la vie. De par ce qui m’est arrivé, je porte une responsabilité à l’égard de tous ceux qui, atteints par le terrorisme de l’OAS, y ont perdu la vie et ne sont plus là pour en témoigner. Je me sens tout particulièrement redevable envers les neuf personnes massacrées par la police de Papon au métro Charonne, le 8 février 1962, alors qu’ils manifestaient pour la paix en Algérie et clamaient leur indignation contre les méthodes de l’OAS, au lendemain de l’attentat contre André Malraux dans lequel, enfant de quatre ans, j’avais été grièvement blessée. 

    • Comment mesurez-vous la responsabilité de l’État français dans le massacre de militants anti-OAS le 8 février 1962 ?  

    Il est scandaleux que les recours intentés par les proches des victimes se soient toujours soldés par une non-reconnaissance de la responsabilité de l’État dans ce massacre. Comment comprendre que les victimes, écrasées sous les grilles d’arbre jetées par les policiers ou tabassés à coups de « bidules » n’aient pas reçu un franc d’indemnisation, alors que d’anciens terroristes aux mains pleines de sang se soient vus, après leur amnistie, attribuer de confortables pensions ? 

    • Un demi-siècle après les faits, pourquoi ce massacre et celui des Algériens, le 17 octobre 1961 ne sont-ils toujours pas reconnus comme des crimes d’État ?  

    J’avais été très émue que le premier geste du candidat François Hollande ait été, le 17 octobre 2011, d’aller jeter des roses dans la Seine en hommage aux Algériens noyés par la police française, le 17 octobre 1961. En 2012, à l’occasion du 51e anniversaire de cette manifestation, le président Hollande a reconnu au nom de la République la « sanglante répression » au cours de laquelle ont été tués « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance » [2]. Avec le Comité Vérité et Justice pour Charonne, j’attends, en confiance, un geste au moins équivalent pour les victimes de la tragédie du 8 février 1962. 

    (Entretien réalisé par Rosa Moussaoui)

    Notes 

    [1] Référence : un ancien membre de l’OAS privé définitivement de sa Légion d’honneur. 

    [2] Référence : François Hollande reconnaît la sanglante répression du 17 octobre 1961

     

    Et maintenant

     nous attendons

     les reconnaissances

    officielles

     d’Emmanuel Macron

    au nom de la France 

    Delphine Renard demande  une reconnaissance officielle  de la répression de Charonne

    Delphine Renard nous parle aussi de son livre "Tu choisiras la vie"

     

     

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  • Guerre d'Algérie : à Rouen

    se souvenir des disparus

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Pour Jean-Pierre et Nadine Marchand, le mémorial représente

    10 000 heures de recherches

    Inauguration. Tant attendu, le mémorial départemental Algérie-Maroc-Tunisie 1952-1962 sera inauguré demain à 16 h, place Carnot, à Rouen.

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Célèbre sculpteur, reconnu pour ses bronzes expressifs, Jean-Marc de Pas a réalisé l’œuvre-symbole du mémorial. Encore touché par cette commande, l’artiste explique, dans son atelier de Bois-Guilbert, les options qu’il a prises.

    Comment avez-vous été choisi ? 

    Jean-Marc de Pas : « Suite à un appel d’offres en équipe avec le cabinet d’architecture de l’Atelier de la Corderie qui s’occupe de la partie urbanisme. J’ai ensuite rencontré Mme et M. Marchand pour comprendre l’importance du mémorial, prendre conscience de l’émotion et de l’importance humaine. »

    Vous l’avez imaginé seul ? 

    « On s’est concerté. En France, il doit en exister environ soixante-dix de formes et tailles différentes. Ici, rien ne m’était imposé. Aucun cahier des charges. Une totale liberté. Après, ce fut une intuition. Celle d’évoquer les disparus à travers ceux qui restent. J’ai pris de la terre et l’idée est arrivée assez vite. J’ai montré l’esquisse et tous les interlocuteurs ont validé. »

    « La douleur, dans sa forme universelle »

    Qu’avez-vous voulu symboliser ? 

    « L’idée du mémorial est d’avoir une pensée pour tous les soldats morts là-bas. Ce sont un peu les oubliés de l’Histoire. C’est réparer un manque pour les familles. Après tout le monde a son idée sur cette tragédie. On peut se poser beaucoup de questions. Sans jugement de ma part, j’ai voulu créer une mère qui perd son fils et une fiancée, son amoureux. Une douleur qui restera gravée toute leur vie. J’ai souhaité la traiter sous une forme universelle à travers le sentiment de l’absence. Après, j’ai imaginé leur recueillement. Pour le banc, c’est l’espace de douleur laissé entre ces deux femmes, ces deux générations. Elles posent leurs mains sur ce souvenir avec un air grave. Le disparu est là comme un négatif. En même temps, ce n’est pas quelque chose d’ostentatoire. Ne plus y voir qu’un monument aux Morts, car la vie continue. J’espère seulement que cela va amener à une certaine réflexion. »

    Ce fut un travail facile ? 

    « J’étais dans le sujet, dans mon émotion ! Pour un artiste, c’est une chance de travailler sur des personnages grandeur nature avec un thème aussi profond. J’ai fait une seule esquisse et après, ce fut une longue aventure introspective. »

    Vous avez fait des recherches ? 

    « J’ai fait pas mal de portraits historiques. Actuellement, je réalise deux Sainte-Thérèse de Lisieux. Dans ces cas-là, je travaille dans une iconographie précise et je fais beaucoup de recherches. Je me plonge dans le personnage comme un acteur. C’est important d’être dans une cohérence. Pour le mémorial, je n’avais aucune référence. Je pouvais inventer les visages et les corps. Pour la jeune femme, j’ai réalisé une séance de pose avec un modèle et pour la maman, j’ai travaillé dans mon imaginaire. J’ai aussi conçu les vêtements et les coiffures afin d’éviter les anachronismes. Cependant, je ne voulais pas une vision idéalisée. Ce sont de vraies personnes qui ont vécu cet événement. »

    Et techniquement ? 

    « Classique ! Une armature, puis de la terre. Quand, j’ai terminé, avec les assistant(e)s nous faisons une empreinte en caoutchouc et ça part à la fonderie. Après l’application de la cire, il y a dix jours de cuisson et on coule le bronze. Il faut de vrais professionnels car c’est hyper technique. »

    Après, cela ne vous appartient plus ? 

    « Si l’œuvre a trouvé sa place et que l’émotion est là, l’énergie se met sur la suivante [création, NDLR]. À chaque réalisation, je capitalise de l’expérience pour la suivante afin que cela ne devienne pas une recette. »

    Ils ont l’espoir que le mémorial vive

    Le mémorial, qui sera inauguré demain, rend hommage aux disparus de la guerre d’Algérie. Une longue bataille menée par une association.

    « Il est né d’une colère interne » 

    Il en existe plus de 90 en France, mais le département de Seine-Maritime fera partie des derniers à rendre hommage à ses victimes lors de la guerre d’Algérie, Maroc et Tunisie. Ce sera officiellement réparé ce jeudi lors de l’inauguration du mémorial départemental Algérie-Maroc-Tunisie 1952-1962. Une réalisation rendue possible grâce à Jean-Pierre et Nadine Marchand, installés à Quévreville-la-Poterie, fondateurs de l’Association départementale d’anciens combattants ou du souvenir.

    Dès 2007 et après plus de 10 000 heures de recherches pour recenser les 413 tués et 3 disparus, le couple s’est lancé dans la quête aux subventions afin de récolter les 140 000 € nécessaires.

    Place Carnot, sur un emplacement offert par la Ville de Rouen, le site sera décomposé en trois parties : un lutrin pour relater les événements, des barrettes de granit gravées des noms des soldats réalisées par le marbrier d’Abbeville, Guillaume Fiérain, et deux statues grandeur nature en bronze, œuvres du sculpteur Jean-Marc de Pas (lire ci-dessus), le tout sous le contrôle de l’architecte Caroline Camillerapp, de l’Atelier de la Corderie.

    « Le mémorial n’est pas l’histoire, mais la mémoire des disparus. Il est né d’une colère interne. Celle de mes copains égorgés dans l’indifférence et des mères perdues dans leur peine. Comme un exorcisme. Il était devenu incontournable pour les familles et les anciens combattants. Malgré les difficultés, maintenant, je suis très surpris de l’engouement pour cet événement. On devait bien cela à ces héros qui ont été oubliés. Nous avons la satisfaction d’avoir fait quelque chose d’utile », déclare le mémorialiste. Après les cérémonies de ce jeudi 1er février qui débuteront à 16 h sur la place Carnot par le dévoilement de la plaque et des statues, suivi à 17 h des prises de paroles de tous les officiels, Jean-Pierre et Nadine Marchand espèrent « que le mémorial vivra. Pour les commémorations, mais aussi pour apprendre l’histoire aux jeunes et organiser des conférences. Maintenant, on cède ce symbole au Département et à la Ville pour qu’ils ne perdent pas la mémoire. »

    « C’est toujours une plaie ouverte »

    Le mémorial départemental Algérie-Maroc-Tunisie inauguré ce jeudi à Rouen est perçue comme une reconnaissance pour les familles et notamment pour Françoise Kérivel née Colinet, originaire de Sainte-Adresse (76).

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Françoise Kérivel, 80 ans, a perdu son fiancé en 1958

    Le 19 mars 1958 à l’âge de 21 ans, son fiancé, le caporal Gérard Requier, est tué lors d’une opération héliportée dans la région de Tébessa (Algérie) dans le massif de l’Aurès, après dix-huit mois de combat. « Je l’ai connu au cinéma. Nous avions 16 ans et c’était mon premier amour. Pendant son absence, on s’est écrit tous les jours. J’ai toujours toutes des lettres ! Je me faisais beaucoup de souci. J’écoutais les nouvelles et j’avais peur. J’ai appris son décès trois jours après. Le ciel m’est tombé sur la tête. Je n’ai comme souvenir que son départ à la gare », se souvient la fiancée aujourd’hui âgée de 80 ans.

    La dépouille dans un cercueil plombé est revenue le 28 mai déposée par une camionnette au cimetière : « C’est un mystère ! Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé pendant ces trois mois. Maintenant, il repose dans le cimetière de la ville et j’entretiens toujours la sépulture. Elle est à moi depuis la disparition de ses parents. »

    À la suite de ce traumatisme, la jeune femme fait une dépression. Un an et demi plus tard, elle rencontre son futur mari. « Ce ne furent pas les mêmes sentiments. Il est au courant et n’en prend pas ombrage. Je pense encore chaque jour à Gérard », déclare Françoise Kérivel, membre de la Fnaca et du Souvenir Français, médaille de bronze de la Jeunesse, des sports et de l’engagement associatif.

    « Qu’on ne les oublie pas » 

    Présente lors de l’inauguration du mémorial, elle a toujours comme sentiment que « le général de Gaulle aurait dû déclarer l’indépendance avant tous ces morts. Aujourd’hui, la guerre d’Algérie, les gens s’en fichent et on a demandé aux anciens de se taire ».

    Demain, en souvenir à son amour défunt, Françoise Kérivel espère « rendre hommage aux disparus. Cela représente beaucoup pour moi. Qu’on ne les oublie pas. Mon fiancé va avoir pour la postérité son nom sur le mémorial. C’est une reconnaissance que j’espère du public. Après, cet emplacement doit servir pour les commémorations et les jeunes. C’est une belle réussite, une façon de ne pas oublier ! »

    Source : http://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/algerie--a-rouen-se-souvenir-des-disparus-EC12103337

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Le 11 janvier 2018 je mettais en ligne cet article

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Guerre d’Algérie. Un mémorial

     pour les disparus de Seine-Maritime

    inauguré en 2018, à Rouen

    Le Mémorial départemental de Seine-Maritime, Algérie Maroc Tunisie, sera inauguré le 1er février 2018. Un projet voulu initialement par Jean-Pierre Marchand et son épouse Nadine.

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Après des mois de travail, les protagonistes de cette aventure de la mémoire pour les soldats de Seine-Maritime lors de la guerre d’Algérie ont pu annoncer qu’un Mémorial sera inauguré à Rouen, en 2018. (©Isabelle Villy) 

    Après des mois de travail, les protagonistes de cette aventure de la mémoire pour les soldats de Seine-Maritime lors de la guerre d’Algérie ont pu annoncer qu’un Mémorial sera inauguré à Rouen, en 2018. (©Isabelle Villy)

    « C’est émouvant quand une date est arrêtée, ça nous tombe dessus, comme ça », confie Jean-Pierre Marchand, président fondateur de l’association du Mémorial départemental de la Seine-Maritime « Algérie Maroc Tunisie 1952-1962 ». La date, c’est celle, désormais arrêtée, de l’inauguration du Mémorial, à Rouen (Seine-Maritime), après des années de recherches, à se pencher sur des noms, des histoires, des registres… des années passées à convaincre… des années passées à dépasser aussi, les embûches qui se sont inévitablement dressées sur leur route.

    Inauguration le 1er février 2018

    Car Jean-Pierre Marchand et son épouse Nadine se sont donnés avec passion, avec cœur, avec toujours en eux l’ambition de redonner leur place aux disparus, pour mener à bien ce projet et ont fini par rassembler autour d’eux des personnes d’horizons et de sensibilités divers. Et ce n’est pas là la moindre de leur réussite… C’est donc le 1er février 2018, à 16h, que toutes ces bonnes volontés se retrouveront autour des autorités, à Rouen, pour inaugurer une stèle, cours Carnot, devant l’Hôtel du Département de Seine-Maritime. Un emplacement concédé par la Ville de Rouen.

    Ils pourront alors, là, une fois encore, mesurer le chemin parcouru et se dire que les disparus de ces temps troublés que fut notamment la guerre d’Algérie, auront à jamais leur nom gravé dans la pierre, au vu et au su de tous. Espérant que chacun prendra un peu de son temps pour s’arrêter, se recueillir et tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer durant toutes ces années, regroupées dans les manuels sous le vocable de décolonisation.

    140 000 euros pour le projet

    140 000 euros : c’est la somme qu’il leur fallait réunir pour boucler ce projet et finalement, nombreux auront été ceux qui ont « mis la main à la poche », sentant évidemment combien cet acte du souvenir était important. Ministère de la Défense, ministère de la Culture, députés, sénateurs, Région Normandie, Département de Seine-Maritime, communes, quelques mécènes et autres particuliers se sont ainsi impliqués financièrement, chacun à son niveau.

    « Plus de 400 militaires seinomarins sont morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962 », rappelle pour sa part Jean-Pierre Marchand, pour expliquer pourquoi, à l’origine, il a créé cette association visant à ériger ce Mémorial, ajoutant aussitôt que le résultat est « un travail d’équipe ».

    Un travail qui va se traduire par cette stèle confiée au sculpteur Jean-Marc de Pas, qui a choisi de représenter deux femmes : la mère, ou la grand-mère, l’épouse, la sœur ou la fiancée… Entre elles, un espace vide qui symbolisera la douleur de l’absence alors que tout près, sur des barrettes de granit, seront gravés les noms des disparus.

    « Il a fallu passer par-delà des écueils, des remarques,

     des envies, de la jalousie »

    « Même s’il est passionnant, c’était un projet lourd et exigeant. Il a fallu passer par-delà des écueils, des remarques, des envies, de la jalousie. On sent aussi le poids des responsabilités qu’on endosse quand on se lance dans ce genre de projet », conclut Jean-Pierre Marchand qui n’avait dans toute cette aventure qu’une ambition : transmettre son histoire et celle de nombreux autres soldats qui avaient 20 ans, quand ils ont été envoyés en Algérie. Des enfants de la guerre en somme, qui n’ont pas toujours pu ou su raconter ce qu’ils ont vécu.

    Source : https://actu.fr/normandie/rouen_76540/guerre-dalgerie-memorial-sera-inaugure-2018-rouen-disparus-seine-maritime_13527190.html 

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    En 2015 j’avais mis en ligne

    l’article ci-dessous

     sur l’un de mes blogs :

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    411 morts en Seine-Maritime. 

     Enfin un Mémorial, à Rouen 

     pour les disparus de la guerre d'Algérie 

    Jean-Pierre Marchand et son épouse, Nadine, travaillent à un projet de Mémorial, à Rouen, pour ne pas oublier les 411 tués de la guerre d'Algérie, parmi lesquels neuf disparus. 

    Guerre d’Algérie. Un mémorial  pour les disparus de Seine-Maritime  inauguré en 2018, à Rouen

    Jean-Pierre Marchand et son épouse, Nadine, travaillent depuis de nombreux mois à l'élaboration d'un Mémorial pour les disparus de la Guerre d'Algérie, en Seine-Maritime (Photo © Isabelle Villy) 

    Il s’appelait André Alexandre. Enfant de l’Assistance publique, il résidait à Quévreville-la-Poterie, près de Rouen (Seine-Maritime), où il travaillait. Puis une peine de cœur le décidera à s’engager… sauf qu’à cette époque, c’était la guerre d’Algérie… ou plutôt ce qu’il convenait à l’époque d’appeler « Les événements d’Algérie », formulation qui rappelle combien cette guerre a longtemps refusé de dire son nom. Voici donc André Alexandre en Algérie, mais, en 1956, il écrit à ses patrons pour leur raconter ce qu’il vit et il annonce qu’il veut rentrer en France à la fin de son engagement. Son rêve, tel qu’il l’a exprimé ? «Envoyez-moi un poulet ! Je rêve de manger du poulet»… Enlevé avec deux de ses amis par les partisans, André Alexandre sera “trimballé” de village en village et trouvera une mort atroce, massacré par la population… 

    Des heures de recherches 

    Pendant quelque temps, il a fait partie des « disparus » en Algérie, ceux dont on n’avait aucune dépouille à rapatrier. Puis, un de ses amis se trouvant dans le secteur où il avait disparu, a recueilli les confidences du père d’un partisan, qui lui a révélé l’endroit où se trouvait Alexandre. Il a ainsi été retrouvé, quatre mètres sous terre, égorgé et les mains attachées dans le dos avec du fil barbelé… Aujourd’hui, André Alexandre repose au cimetière de Quévreville-la-Poterie. Son nom figure sur le monument aux morts de la commune. Cette histoire, ce sont Nadine et Jean-Pierre Marchand, qui l’on, peu à peu, reconstruite, à force de recherches, d’heures de veille, penchés sur des registres d’état-civil, sur des documents en tous genres. 

    Seine-Maritime : 411 tués dont 9 disparus 

    La guerre d’Algérie, c’est une période inoubliable pour Jean-Pierre Marchand. Il l’a lui-même vécue et en est revenu comme nombre des jeunes hommes de son époque, marqué et meurtri. Des blessures qu’il tente toujours d’exorciser au travers d’écrits, secondé avec patience par son épouse, Nadine, qui met à sa disposition toute l’étendue de sa compétence. Leur dernier projet ? Un Mémorial pour les disparus d’Algérie. Une idée qui a germé peu à peu et dont les contours ont commencé à se dessiner jusqu’à jeter les bases du travail (immense) à accomplir. Le processus est désormais bien engagé, les démarches effectuées auprès des décideurs qui peuvent financer le projet, qui s’inscrit dans le cadre de l’association du Mémorial départemental de la Seine-Maritime, Algérie-Maroc-Tunisie 1952-1962. 

    Notre département a payé un lourd tribut à cette guerre, avec un chiffre, non exhaustif, de 411 tués, dont 9 disparus. Près de 200 communes ont été touchées. Ces 411 Seinomarins méritent que leurs noms soient rassemblés et gravés dans la pierre », plaide Jean-Pierre Marchand, qui a d’ores et déjà, avec son épouse, commencé à travailler sur une liste de 200 noms et 30 actes d’état-civil.  

    Un travail fastidieux confirme l’épouse du président, car sur tous les noms, « certains sont mal orthographiés, certains n’ont pas pris part à ce conflit ». Un travail de fourmi au cours duquel il convient de lever toutes les ambiguïtés ou confusions qui peuvent apparaître au sujet de certains noms. Un travail d’historien enfin, qui exige beaucoup de rigueur, en l’occurrence nourrie par la quête de Jean-Pierre et Nadine Marchand, qui ne s’écartent pas de la mission fixée au départ. 

    Un Mémorial cours Carnot, à Rouen 

    Au terme de 10 000 heures de recherches, entrecoupées de moments de découragement, ils peuvent aujourd’hui se dire qu’ils sont sur la bonne voie : la Ville de Rouen a d’ores et déjà accordé l’emprise de terrain qui accueillera (pour 2016 ?) le Mémorial des disparus de la Guerre d’Algérie : il se trouvera cours Carnot, devant les bâtiments du Département, près du monument de la Victoire et de la stèle des tués en Indochine. Un lieu ayant donc clairement vocation à créer une place du souvenir. Les disparus retrouveront une identité, plus de 50 ans après la signature des accords d’Évian, en 1962, qui mirent fin à des années de guerre. 

    Aller plus loin que la « mémoire officialisée » 

    " Nous aimerions que ce Mémorial permette d’aller plus loin que la mémoire officialisée. La vocation de ce lieu est qu’il soit un lieu vivant, fréquenté, animé, où devra se mettre en pratique une véritable pédagogie d’animation culturelle ", insiste Nadine Marchand, qui n’emploie pas, pour sa part, le terme de devoir de mémoire : non qu’elle en réfute le sens, bien au contraire, elle l’estime indispensable. Mais elle constate également que l’expression est devenue galvaudée, quelque peu vidée de son sens, tant elle est utilisée… 

    SOURCE : http://www.normandie-actu.fr/411-morts-en-seine-maritime-enfin-un-memorial-a-rouen-pour-les-disparus-de-la-guerre-d-algerie_169877/ 

     


    1 commentaire
  • Suite à mon article d’hier que vous pourrez revoir à la suite, ceci se passe en 2018, j’espère que des enquêtes plus sérieuses que celles de 1973 seront menées, la fachosphère ne doit pas faire la loi à Marseille comme ailleurs… et nos amis musulmans doivent être protégés par la République comme tous les autres citoyens français.

     

    « Ratonnades » à Marseille : le difficile combat  contre l'oubli : une plaque dévoilée ce dimanche... mais l'Etat n'est pas représenté ?

    Marseille (France): énigmatique série d’assassinats de ressortissants algériens

    Par Algériemondeinfos 

    28 janvier 2018

    Le plus grand mystère plane sur une série d’assassinats de ressortissants algériens dans la métropole méridionale française, Marseille. En tout, ce sont pas moins de huit de nos compatriotes qui ont été abattus par arme à feu en l’espace d’un mois. Le plus curieux est que toutes les victimes sont originaire de la région de Khenchela. 

    R.I. 

    SOURCE : http://www.algeriemondeinfos.com/2018/01/28/marseille-france-enigmatique-serie-dassassinats-de-ressortissants-algeriens/

    France : un étudiant algérien assassiné

     à Marseille

    Par Jugurta Nam 

     

    « Ratonnades » à Marseille : le difficile combat  contre l'oubli : une plaque dévoilée ce dimanche... mais l'Etat n'est pas représenté ?

    France : un étudiant algérien assassiné à Marseille 

    Un étudiant algérien âgé de 26 ans, originaire de la wilaya de Khenchela, a été assassiné à Marseille (Sud de la France) par un groupe de personnes non-identifiées, a-t-on appris ce dimanche 28 janvier. 

    Mounir.A , étudiant algérien âgé de 26 ans, originaire de la wilaya de Khenchela, a été assassiné par un groupe d’individus pour l’heure inconnus, a-t-on appris de plusieurs sources concordantes. Les mêmes sources font savoir que les auteurs du crime ont d’abord tiré sur le jeune homme, avant d’asperger son corps sans vie d’essence et de le brûler, probablement dans le but d’effacer les traces du crime.

    De leur côté, les services de sécurité français ont ouvert une enquête pour déterminer les causes de ce crime, qui n’est pas le premier de son genre ciblant un algérien dans la ville de Marseille (Sud de la France).

    Par ailleurs, il est à noter que les actes d’assassinat d’algériens à Marseille sont en hausse ces derniers mois, sur un total de 8 personnes assassinées, 6 sont originaires de la wilaya de Khenchela, ce qui tend encore à renforcer le mystère derrière ces actes de violence.

    SOURCE : https://observalgerie.com/actualite-algerie/societe/france-08-algeriens-assassines-dun-mois/ 

     

     

     

    « Ratonnades » à Marseille : le difficile combat

    contre l'oubli

    Une plaque dévoilée ce dimanche rappelle l'attentat meurtrier contre le consulat algérien en 1973. Un devoir de mémoire auquel l'État ne s'associera pas.

    « Ratonnades » à Marseille : le difficile combat  contre l'oubli : une plaque dévoilée ce dimanche... mais l'Etat n'est pas représenté ?

    Le 16 décembre 1973, des milliers de personnes accompagnent les dépouilles des Algériens victimes de l'attentat à la bombe contre le consulat d'Algérie à Marseille.  © STF / AFP

    Une plaque commémorative en présence de l'ambassadeur d'Algérie  doit être apposée dans la cité phocéenne dimanche. Elle rappellera l'attentat de décembre 1973 contre le consulat d'Algérie dans lequel quatre personnes avaient été tuées et vingt blessées. L'attaque à la bombe contre la représentation diplomatique algérienne le 14 décembre 1973 fut l'épilogue d'une longue série de menaces et de violences à l'encontre des ressortissants algériens à Marseille. Prenant prétexte d'un fait divers impliquant un immigré, des individus et des nervis d'extrême droite, chauffés à blanc par les médias et les politiques locaux, appelaient aux « ratonnades » contre les Algériens. Mitraillages de foyers et de bidonvilles ainsi qu'assassinats transformèrent la vie des immigrés en cauchemar.

    L'État algérien décomptera près de 50 morts – la France, 16 – et 300 blessés en moins de six mois. Les autorités d'Alger ont accusé le président Georges Pompidou et le maire socialiste Gaston Defferre  de passivité. À ce jour, la justice française n'a prononcé qu'une seule condamnation contre l'un des commanditaires de cet attentat.

    Cette histoire méconnue a marqué durablement la mémoire collective des Algériens et de leurs descendants. « On veut bien vivre comme des chiens [dans des bidonvilles, NDLR], mais pas mourir comme des chiens », dira en substance un Algérien interrogé à l'époque par la télévision. Une séquence reprise dans La Ratonnade oubliée, un documentaire de Morad Aït-Habbouche et d'Hervé Corbière diffusé sur Canal+ en 2009.

    « Histoire commune »

    Pour l'association locale Mémoire et Réconciliation, à l'origine de la cérémonie de dimanche, « il s'agit de participer à l'écriture d'une histoire commune en même temps que d'un devoir de mémoire, comme l'explique Fazia Hamiche, sa présidente. Au sein de notre organisation, nous sommes français, et il y a aussi des Algériens, des Franco-Algériens, des anciens et des jeunes. »

    La pose de la plaque permettra surtout de réparer un oubli. Reste qu'aucun représentant de l'État n'a prévu d'être présent. Seule la mairie de Marseille devrait y envoyer un de ses adjoints. D'habitude, hauts fonctionnaires comme hommes politiques jouent des coudes pour être vus sur la photo lors des nombreuses commémorations que compte notre pays, et Marseille en particulier. Interrogées sur cette absence, les autorités jointes par Le Point n'ont pas souhaité répondre.

    SOURCE : http://www.lepoint.fr/societe/ratonnades-a-marseille-le-difficile-combat-contre-l-oubli-28-01-2018-2190201_23.php?boc=1136615& 

     


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    "Disparition" de Maurice Audin :

     La Vérité ? Un sérieux recul !!!

    Un article d’Henri POUILLOT

    "Disparition" de Maurice Audin :  La Vérité ? Un sérieux recul !!!  Un article d’Henri POUILLOT

    Le 18 juin 2014, le Président de la République François Hollande, dans un communiqué déclarait : "Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention."

    Le 27 mai 2017, dans une lettre ouverte au nouveau Président Emmanuel Macron il lui était demandé : Nous pensons qu’à l’occasion de ce triste soixantième anniversaire, la vérité historique relative à cet assassinat doit enfin être connue. Le 5 mai, devant la rédaction de Médiapart, vous avez déclaré : "De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire…".Nous pensons donc qu’à cette occasion, en recevant Josette Audin, ou en vous exprimant lors des cérémonies de commémoration qui auront lieu à cette occasion, vous pourriez ainsi concrétiser cet engagement."
    A cette démarche, le cabinet de l’Elysée a fait cette réponse affligeante : "Je puis vous indiquer que le sujet est connu du Chef de l’Etat et des membres de son cabinet qui ont été très attentifs à votre démarche."

    Le 12 janvier 2017, à l’occasion de l’hommage rendu à Gérard Tronel, (président de l’Association Maurice Audin, à l’initiative de la relance du "Prix de Mathématiques Maurice Audin) Cédric Villani, signataire de la lettre ouverte du 27 mai, Président du Jury de ce prix, s’est fait l’écho de confidences du Président de la République qu’il lui a faites lorsqu’il l’a accompagné lors de plusieurs voyages, en particulier en Algérie. Nous y avons appris que Le Président avait l’intime conviction que Maurice Audin avait été assassiné par l’Armée Française et qu’à ce jour, aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif sur le sort de Maurice Audin. Évidemment, le communique de François Hollande de 2014, implicitement évoquait l’assassinat par l’Armée Française : sinon, comment à 25 ans pouvait-il décéder lors de sa détention. Mais qui a décidé de cet assassinat : un ordre (comme l’a sous-entendu Le Général Aussaresses avant de mourir) des plus hautes autorités, une initiative d’un subalterne couvert ensuite par sa hiérarchie ? Et surtout : que sont devenus les documents et témoignages nombreux et concordants, puisqu’il n’y aurait plus d’archives pouvant éclairer cette "disparition ? Qui les aurait fait disparaître ? Secret Défense ? Des militaires encore vivants savent. Faut-il couvrir des porteurs de barrettes, ou d’étoiles ?

    Les actes forts sur cette période de notre histoire ne sont donc toujours pas à l’ordre du jour, mais plutôt une chape de plomb qui vient d’être posée pour étouffer la sortie de la vérité sur ce crime d’État. 


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    Gilles Manceron : «La déclaration

     de Macron sur Audin est un aveu de crime»

    Gilles Manceron : «La déclaration   de Macron sur Audin est un aveu de crime»

    Emmanuel Macron lors de son bain de foule à Alger-Centre. New Press

     

    L’Etat français a fait un «petit pas» vers la reconnaissance de la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin lorsque le président Emmanuel Macron a déclaré que c’est l’armée qui l’avait assassiné en 1957, a affirmé, vendredi, l’historien français Gilles Manceron.

    Sur la base la déclaration récente du président Macron faite au député Cédric Villani, qui est membre de La République en Marche (LRM), et qui a aussi présidé le prix Maurice-Audin de mathématiques selon laquelle «Maurice Audin a été exécuté par l’armée française», «on peut dire que l’Etat français a fait un petit pas vers la reconnaissance de la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin, car ces mots n’ont jamais été prononcés auparavant par un représentant, officiel ou officieux, de l’Etat», a expliqué dans une interview à l’APS Gilles Manceron pour qui «le mot “exécuter” veut dire qu’il y a eu une intention meurtrière délibérée et, comme il n’y a eu dans ce cas aucune procédure judiciaire, cela signifie une décision d’assassinat extrajudiciaire».

    «L’auteur de cet assassinat est désigné comme n’étant pas “un militaire français” ou “des militaires français”, qui auraient pu agir en l’absence d’ordres reçus, mais comme étant “l’armée française”. Ce meurtre relève d’un ordre de la hiérarchie de l’armée. C’est un petit pas de plus de la part de l’Etat français vers l’aveu de la vérité», a-t-il soutenu, déplorant que cette déclaration s’accompagne de «beaucoup d’hypocrisie et de lâcheté» car, selon lui, «rien n’est dit sur les témoignages ou documents qui ont conduit le Président à cette conclusion».

    «Cela présage peut-être de la volonté du président Macron de dire enfin toute la vérité sur cette disparition, mais ce n’est pas encore le cas», a déduit l’historien.

    On craint la vérité sur les crimes coloniaux 

    Dans une interview accordée au quotidien L’Humanité, Cédric Villani a déclaré que le président Macron lui a annoncé que le grand travail d’ouverture des archives, initié par François Hollande, «allait se poursuivre», attestant qu’à ce jour «aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif» sur le sort de Maurice Audin et que l’Etat «ne cherche plus à imposer sa version».

    Sur la question des archives, Gilles Manceron soutient, pour sa part, que l’armée française et l’ancien gouvernorat général ont des archives et que «si ce meurtre résulte d’un ordre de la hiérarchie de l’armée dont le chef d’état-major en Algérie était alors le général Raoul Salan, et le commandant dans la région d’Alger, le général Jacques Massu, chef de la Xe Division parachutiste, il est clair qu’il a été forcément partagé par le ministre résidant d’alors, Robert Lacoste, qui partageait totalement avec eux la conduite de la bataille d’Alger».

    «Le pouvoir gouvernemental à Paris était lointain, faible et instable. On était d’ailleurs dans une période de transition entre deux équipes ministérielles, ce qui laissait encore davantage les mains libres aux ultras de l’Algérie française qui détenaient alors les pouvoirs civils et militaires dans l’Algérie coloniale. Ce sont eux les responsables des pires crimes mais l’Etat français les a laissé faire et, par la suite, n’a voulu ni juger les responsables ni reconnaître leurs crimes», a-t-il expliqué.

    A une question sur des poursuites judiciaires à l’encontre des instigateurs ou des auteurs de ce crime, l’historien a indiqué qu’elles «ne sont pas possibles», ajoutant que «ceux qui l’ont décidé comme ceux qui ont reçu l’ordre de le commettre sont probablement tous morts».

    «En raison de l’amnistie consécutive aux Accords d’Evian, aucune des personnes encore en vie impliquées dans les crimes de la bataille d’Alger ne peut être poursuivie pour les avoir commis», a-t-il rappelé, indiquant que «ce qu’ils craignent et ce que craignent aussi les autorités françaises jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’on dise la vérité sur leurs crimes».

    Une pleine ouverture des archives est nécessaire en France 

    «Reconnaître la vérité sur tous les crimes commis par l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne, laisser les historiens accéder librement aux archives pour établir les faits serait une œuvre utile pour la société française», a-t-il souhaité, regrettant que les autorités françaises «hésitent à reconnaître les faits ou à ouvrir véritablement les archives aux historiens tant que les personnes en cause n’ont pas toutes disparu».

    «Le président Macron aura-t-il le courage de dire la vérité au pays ou de permettre que les historiens l’établissent ? Les dernières déclarations de Cédric Villani au journal L’Humanité laissent entendre qu’il va avoir ce courage», a estimé l’historien, soulignant que la reconnaissance officielle par l’Etat français de «toute la vérité» sur l’affaire Audin est une «étape essentielle dans un combat plus important encore : celui pour la reconnaissance officielle des responsabilités de l’armée française dans des milliers d’autres disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires survenues pendant cette guerre, dont des familles ( ) sont toujours aujourd’hui en attente d’informations sur leur sort et sur les responsables de ces disparitions».

    «Une pleine ouverture des archives est nécessaire en France. Si des fonds ne sont pas accessibles, ce n’est pas parce que leur volume rendrait difficile leur gestion. C’est par manque de volonté politique. Or, cela seul pourrait contrer le discours de la droite extrême qui se nourrit du mythe des “bienfaits de la colonisation”», a-t-il conclu.

    R. I. 

    SOURCE :  https://www.algeriepatriotique.com/2018/01/26/letat-francais-a-petit-vers-verite-lassassinat-de-maurice-audin/ 


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    Appel à tous mes amis

    Merci d’envoyer un commentaire sur le modèle ci-dessous au site « Cercle Jean Moulin » après sa mise en ligne d’un article honteux en provenance de la fachosphère. Vous pouvez rédiger votre commentaire dans la partie réservée aux commentaires tout en bas de l’article. Je compte sur vous. Encore merci. Voici le lien de l’article :

    http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/2018/01/la-france-collabo-une-histoire-sans-fin-qui-a-commence-en-1940.html  

     

    Votre article qui commence par : 

    "La France collabore avec le monde arabo-musulman comme elle a autrefois collaboré avec l'Allemagne nazie et leurs alliés arabo-musulmans..." est une infamie qui déshonore votre site, un site dont Jean Moulin aurait honte s'il pouvait voir le degré de confusion que vous avez atteint. 

     

    Jean Moulin a dû se retourner dans sa tombe lorsque le site appelé « Cercle Jean Moulin » s’est permis de mettre en ligne un article de la fachosphère islamophobe et pourtant… C’était le jeudi 17 mars 2016…

    Communiqué à mes amis lecteurs : le site " Cercle Jean Moulin " dérape... enfin c'est mon avis, j'attends une explication !!!

    Ces héros musulmans occultés

     par l'Histoire de France

    Saviez-vous que le bras droit de Jean Moulin s'appelait Cherif Mécheri ? Saviez-vous également que le chef du premier maquis créé dans les Vosges était un Guinéen musulman répondant au nom de Mamadou Addi Bâ ? Et tant d'autres valeureux "Indigènes de la Résistance" morts pour la France durant la Seconde Guerre mondiale dans l'indifférence et l'ignorance générales. Invité de l'Esprit d'actu, Kamel Mouellef, président de l'association "Déni de mémoire", est le coauteur d'une BD historique qui rend hommage à ces courageux combattants occultés par la grande Histoire et oubliés des manuels scolaires.

    Chérif Mécheri est le fils de Salah Mécheri, Agha des ouleds Yahia et de Mme Mécheri née Gualia. Agrégé de l’enseignement supérieur franco-musulman et licencié en droit, il exerça d’abord en qualité d’avocat en Algérie.

    Il est nommé sous-préfet en 1932. En 1939, il est affecté à Châteaudun, où il gagne l’estime du préfet d’Eure-et-Loir, Jean Moulin, qui rend hommage à son attitude lors de l’invasion allemande : « Je suis heureux d’apprendre que malgré l’ordre de repli d’urgence donné l’avant-veille par le gouvernement, pour tous les affectés spéciaux ( préfectorale ); Mécheri est resté, comme je le pensais, à son poste, dirigeant vaillamment les secours". Il sera au côté de Jean Moulin en tant que résistant. 

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour visualiser la vidéo correspondante et n'oubliez pas de mettre le son en bas à droite :

    Communiqué à mes amis lecteurs : le site " Cercle Jean Moulin " dérape... enfin c'est mon avis, j'attends une explication !!!

    http://oummatv.tv/heros-musulmans-occultes-histoire-france 

     

     Message envoyé au site

     « Cercle Jean Moulin »

    Communiqué à mes amis lecteurs : le site " Cercle Jean Moulin " dérape... enfin c'est mon avis, j'attends une explication !!!

    J’avais dans mes liens, sur mes blogs, votre site « Cercle Jean Moulin » jusqu’à aujourd’hui où je constate avec stupeur que vous reprenez un article de « dreuz.info », ce site connu pour faire partie de la fachosphère raciste, islamophobe…

    Sous le titre : « La France collabo, une histoire sans fin qui a commencé en 1940 » nous voyons une photo représentant Pétain et Hitler d’un côté, Macron et  Mahmoud Abbas, le président palestinien de l’autre. (Capture d’écran effectuée).

    Communiqué à mes amis lecteurs : le site " Cercle Jean Moulin " dérape... enfin c'est mon avis, j'attends une explication !!!

    Voici le lien de votre site concernant cet article que je trouve scandaleux et haineux et c’est pourquoi je vais en avertir les lecteurs (amis) de mes blogs :

    http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/2018/01/la-france-collabo-une-histoire-sans-fin-qui-a-commence-en-1940.html 

    Et le lien de l’article sur dreuz-info :

    https://www.dreuz.info/2017/12/21/la-france-collabo-une-histoire-sans-fin-qui-a-commence-en-1940/ 

    Recevez toutefois mes salutations.

    Michel Dandelot 


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    Étienne Huc, un très long silence

     après la guerre d’Algérie

    Étienne Huc, un très long silence après la guerre d’Algérie

    Étienne Huc, ancien instituteur, auteur, a fait partie des jeunes appelés

    pendant la guerre d’Algérie. / M. Verdier

    Ce qui s’était vraiment passé en Algérie de 1954 à 1962 ? « Je n’aimais pas en parler. Je ne voulais pas en parler. Et d’ailleurs personne n’avait envie d’écouter. Cela ne suscitait que des airs gênés. » En 1960, lorsque Étienne Huc revient, à 23 ans, dans son Lot-et-Garonne après six mois de classes et 22 mois passés en Algérie au beau milieu de la guerre, le mur du silence s’installe.

    « Nous, les appelés, nous partions du principe qu’on ne nous comprenait pas, que nous venions d’une autre planète. » Pendant que dans son voisinage chacun continuait à ramasser des champignons et à participer aux fêtes votives, lui avait risqué sa vie de longues nuits sur une draisine – ce matériel roulant sur lequel il surveillait les rails de chemin de fer entre Constantine et Skikda (à l’époque Philippeville) pour empêcher le FLN d’y déposer des mines. Il pouvait à tout moment sauter sur un explosif ou tomber dans une embuscade tout aussi fatale. « Jamais je n’ai eu peur comme sur la draisine. »

    Étienne Huc, un très long silence après la guerre d’Algérie

    « La guerre n’était pas une vraie guerre »

    Sur sa fiche de vœux pour le service militaire, Étienne Huc avait coché la case « Outre-mer, Tahiti ». Il s’imaginait instituteur – il venait juste d’avoir son diplôme. Il fut affecté à l’infanterie coloniale, « un régiment semi-disciplinaire », en Algérie. Certes, en jeune appelé, on ne lui impose pas de participer aux « corvées de bois ». Mais c’est à l’étage au-dessus de sa tête que sont menés les interrogatoires des fellaghas arrêtés, pendant que lui assemble les photographies aériennes à l’office des renseignements (OR).

    « En France, la torture, les gens n’y croyaient pas, se souvient-il. On parlait des “événements d’Algérie”, la guerre n’était pas une vraie guerre. On était partis pour pacifier le pays. Un inspecteur de l’éducation nationale a lancé à un appelé instituteur de retour d’Algérie : “Il est temps de te remettre au travail après tes deux ans de vacances”. Mais 25 000 Français morts pendant la guerre, dix par jour, et combien d’Algériens (1), c’est pas une guerre ça ?  »

    Lui qui se rêvait maquisard enfant a le sentiment de se retrouver du mauvais côté de la juste cause. « J’avais honte d’avoir participé à cette guerre. Et dire qu’elle aurait pu ne pas avoir lieu si on avait su écouter ceux qui savaient l’indépendance inéluctable. C’est si magnifique l’Algérie, si seulement j’avais pu m’y promener sans fusil. »

    Le « cauchemar » d’une vie

    De retour en France, longtemps il garde le réflexe de s’asseoir toujours face à la rue avec un angle de vue à 180° pour voir venir le danger. Il essaie de tirer le rideau sur « le cauchemar » de sa vie. Ne revoit aucun des appelés. Et ne parle pas. Pas même avec son frère aîné, pourtant un « rappelé » avant lui. Ni à son plus jeune frère, à l’époque adolescent, qui n’a rien su. Encore moins à sa mère – son père, lui, décède pendant qu’il est en Algérie.

    « Il n’était pas question qu’elle sache. Elle aurait tellement culpabilisé. Elle se serait accusée de m’avoir envoyé en Algérie.» Il est vrai qu’un voisin malveillant l’avait dénoncé comme « un mauvais fils » à la gendarmerie après que sa mère eut déploré qu’il s’était éloigné de la religion – ce qui lui valut d’être enrôlé dans la coloniale.

    Un récit publié cinquante-cinq ans après son retour d’Algérie

    Jamais non plus il n’a soufflé mot à ses enfants. « Mais j’avais quand même envie qu’ils sachent ce qu’était la guerre d’Algérie. » Céline, Michel et leurs enfants découvriront, émus, le récit de leur père et grand-père dans Lettre à Bendjebel paru en 2015, cinquante-cinq ans après son retour d’Algérie, grâce à un éditeur régional qui le pousse à prendre la plume. Bendjebel, « fils de la montagne », est un petit garçon, dont il ignore même le prénom, survivant d’une fusillade dans une grotte de fellaghas. Son père a été tué. Nul ne sait si sa mère a survécu à ses blessures ou à son interrogatoire.

    Aujourd’hui encore, Étienne Huc rechigne à s’exprimer et craint ceux qui, tant d’années après, « continuent à camper sur leurs positions et n’admettent pas qu’ils se sont trompés ».

    Marie Verdier

    (1) Selon la World Peace Foundation, il y aurait eu environ 300 000 morts algériens.

    Étienne Huc, un très long silence après la guerre d’Algérie

    « Enfants pendant l'occupation, nous rêvions de devenir des maquisards mais quelques années plus tard c'est la guerre d'Algérie qui nous a cueilli, à peine sortis de l'adolescence. Nous nous sommes retrouvés un fusil dans les mains pour combattre ceux qui se battaient pour leur liberté. Je me suis senti alors trahi par ma patrie, celle qui avait combattu les nazis. J'ai eu à plusieurs reprises l'envie de m'échapper de cet enfer, je ne l'ai pas fait car ce cauchemar m'a permis de mieux découvrir l'existence et la solidité de mes racines.
    C'étaient des souvenirs de bonheur et d'humour, c'étaient mes jeunes années, ma famille et mon terroir qui s'accrochaient à moi pour me retenir, pour me dire qu'il ne me fallait pas tout détruire. J'ai compris alors que mes idées – pourtant très justes – ne me donnaient pas tous les droits. » Après avoir visité l'insouciance et la joie de vivre de l'époque à travers plusieurs romans, la collection « Années 60 » s'arrête ici sur les « évènements » dramatiques qui ont marqué l'entrée dans la décennie.
    C'est l'histoire d'un jeune du Lot-et-Garonne qui quitte son terroir de la France d'après-guerre pour quelques mois et qui retrouve, en plus du traumatisme subi, une société qui a déjà changé.

    SOURCE : https://www.la-croix.com/France/Etienne-Huc-tres-long-silence-guerre-dAlgerie-2018-01-26-1200909084 


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    L'enseignement de l'histoire

     de l'immigration, par Benjamin Stora

    Benjamin Stora• Crédits : ULF ANDERSEN / Aurimages - AFP

    "Il faut que ça change !" L'historien Benjamin Stora s'indigne de l'absence d'enseignement de l'histoire de l'immigration en France.

    Benjamin Stora, historien et président du Conseil d'orientation de la cité nationale de l'histoire de l'immigration.

    Benjamin Stora est notre « Monsieur Algérie ». Spécialiste de l’histoire du Maghreb contemporain, professeur à l’Université Paris 13 et à l’INALCO, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’Algérie La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie (La Découverte, 1991), et d’essais plus personnels comme Les guerres sans fin. Un historien, la France et l’Algérie en 2008 ou Les clés retrouvées en 2015 chez Stock. Dernier en date paru cette année chez Denoël : La guerre d'Algérie vue par les Algériens, en deux volumes, co-écrit avec Renaud de Rochebrune.

    "L'histoire est commune, mais la mémoire divise". Benjamin Stora

     

     


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  • Ce sont leurs points de vue… Peut-être est-ce encore de l’utopie… Mais ils ont le grand mérite de n’avoir jamais « retourné leur veste » contrairement à tous ces opportunistes… et ils sont nombreux… surtout à gauche et notamment l’un d’entre eux… Cohn-Bendit cité dans cet article…

    "Eh bien non, nous n'allons pas enterrer Mai 68", par A. Krivine et A. Cyroulnik

    Deuxième article de ma longue série "1968 au jour le jour". En réaction aux propos tenus par D. Cohn-Bendit et R. Goupil dans " M Le magazine du Monde " du 6 janvier, A. Krivine et A. Cyroulnik, anciens militants JCR, défendent les valeurs de Mai 68, " pas compatible avec les reniements, les petites combines ". Mon prochain demain: "26 janvier: Caen prend les devants".


     

    Alain Krivine

    Dans quelques mois, on va fêter les 50 ans de Mai 68. Plusieurs dizaines de livres sont déjà parus et d'autres se préparent. " M Le magazine du Monde " (du 6 janvier) vient même de nous avertir que Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil préparent un film pour la télévision...

    Entre Sarkozy qui voulait " liquider une bonne fois pour toutes l'héritage de Mai 68 " et ceux qui veulent le réduire à une révolution culturelle et sexuelle qui aurait modernisé nos mœurs, il y a surtout l'envie d'effacer dans la mémoire sociale ce que représente, pour les générations qui l'ont fait et celles qui ont suivi, la dimension subversive de ce qui reste la plus grande grève générale de l'histoire sociale française, dans l'héritage de la Commune de Paris ou de la grève de 1936 ! Une volonté d'écrire un roman historique français débarrassé de la lutte des classes et des massacres coloniaux, où il ne resterait plus que Charlemagne, Saint Louis, Jeanne d'Arc sur le bûcher, Louis XIV, Napoléon, de Gaulle et... "Jupiter Macron".

    Ce dernier hésite à fêter 68. Il hésite entre la manif ouvrière du 13 mai ou le défilé réactionnaire du 30 mai. Mais pourquoi ne pas fêter, tant qu'il y est, les deux en même temps puisqu'il n'y a plus ni gauche ni droite ? Et puis, il a avec lui Cohn-Bendit et Goupil, ou, comme le dit Le Monde," De Mai 68 à Macron, ou le parcours d'une génération ".

    Eh bien non... Nous ne sommes pas pour " fêter ce 68-là " car nous ne sommes pas pour enterrer ce qui fut l'une des plus grandes grèves de notre histoire. N'en déplaise à Dany, qui réunissait toute la droite au Parlement européen par sa gouaille et un libéralisme qui n'avait plus rien à voir avec 68, ou Romain, qui se flatte de " s'être bien marré "et d'avoir tout abandonné : " Je ne supporte plus -de voir un militant politique. C'est comme les anciens alcooliques, je suis devenu intolérant. "

    Eh bien non..., Mai 68 n'était pas qu'une simple saute d'humeur et une crise de puberté. Il n'était pas et n'est pas compatible avec les reniements, les petites combines. Il n'était pas - consensuel, et ne l'est toujours pas. Il n'était ni cocardier ni libéral. Notre génération, née de la seconde guerre mondiale, s'est dressée contre les affres de la guerre d'Algérie et de celle du Vietnam. Les guerres que mènent aujourd'hui les pays occidentaux, dont la France, en Afrique ou au Moyen-Orient, nous donnent toujours et encore la nausée. Nous voulions un monde qui ne soit aux ordres ni de Washington ni de Moscou, et nous voulions redonner au socialisme son visage humain. Le visage hideux du capitalisme nous répugne tout autant qu'hier.

    Pour nous, 68 ne se réduit pas à une révolution culturelle et à la libération sexuelle, même si cela a bien sûr existé, comme dans tout mouvement social où les gens deviennent quotidiennement méconnaissables car heureux et joyeux. Mai 68, c'est surtout en France près de 10 millions de grévistes qui occupent leurs usines, drapeaux rouges en tête, les étudiants leurs facs, les lycéens leurs bahuts pendant plusieurs semaines, et les gens qui partout discutent ensemble.

    Nous ne nous souvenons pas d'une grande farce ou d'une grande rigolade, mais surtout d'un moment intense où des millions de personnes se sont mises à exister. Guy Hocquenghem, qui fut notre éditorialiste en 1968, a attaqué une partie de cette génération qui est passée de l'autre côté, dans un livre écrit deux ans avant sa mort, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary (1986, rééd. Agone, 2003). Eh bien, nous n'avons jamais été cela et nous ne sommes toujours pas de ceux-là.

    Certes, la situation a changé : des murs et des barbelés s'érigent partout, des milliers de morts tombent sur les routes, dans les mers de l'exil et sous les bombes des guerres qui se déroulent sur tous les continents, et, en France, il y a près de 10 millions de chômeurs et de précaires.

    Certes, il n'y a plus 500 000 étudiants mais plus de 2 millions, dont la moitié travaillent pour payer leurs études ou leur logement. Les grandes usines comme Renault Billancourt ont disparu, mais jamais les exploités et les exclus n'ont été aussi nombreux. Ils et elles ne se retrouvent plus ni dans la gauche ni dans la droite, la droite faisant la politique de l'extrême droite et la gauche celle de la droite...

    Non... Nous n'allons pas enterrer Mai 68. Au contraire, nous avons aujourd'hui au moins autant de raisons de nous révolter. Après trente ans d'attaques libérales qui ont permis à l'extrême droite d'être au second tour de la présidentielle et de contaminer tous les débats politiques, l'esprit de Mai 68 est plus que jamais d'actualité.

    Pour nous, Mai 68 reste ce qu'il faut refaire, mais en étant capables de coordonner les luttes, de susciter dans les entreprises et les quartiers, les villes et les campagnes, un véritable pouvoir des travailleurs associant celles et ceux, inorganisés, associations ou syndicats, partis, avec ou sans emploi, Français ou étrangers, qui croient qu'un autre monde est possible et qui veulent le construire, sans frontières, sans murs et sans haine, comme l'affirmait ce mot d'ordre de 68 : " Les frontières on s'en fout ! "

    La solidarité militante, l'espoir en une révolution pour balayer le " Vieux Monde ", pour un nouveau Mai 68 du XXIe siècle qui, cette fois-ci, réussisse pleinement, nous, on signe encore. 


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  • Décès de Suzanne Citron : l’historienne

     qui a déconstruit le mythe national

    Suzanne Citron a consacré une partie de ses travaux  à la question du roman national  (Deuxième article)

    Suzanne Citron a consacré une partie de ses travaux

     à la question du roman national

    (Deuxième article)

    Elle est l’auteure du livre Le mythe national. Suzanne Citron s’est éteinte à Paris ce lundi 22 janvier, à l’âge de 95 ans. L’historienne et enseignante s’était fait connaître pour ses travaux sur la construction du roman national sous la IIIème République. Elle appelait à dénationaliser et réinventer l'histoire de France. Retour sur le parcours de cette femme dont l’essai Le mythe national a marqué l’historiographie contemporaine.

    « J’ai trouvé dans l’histoire scolaire, une histoire

    de la raison d’État » Suzanne Citron 

    Née en 1922 en Moselle sous le nom Grumbach, Suzanne Citron est issue d’une famille "qui se considérait comme française-israélite. L’ordre étant important." Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle franchit clandestinement la ligne de démarcation en 1941 pour fuir la partie de la France occupée. Elle poursuit ses études d’histoire à Lyon et participe en parallèle à la Résistance. En juillet 1944, elle est arrêtée par la Gestapo et transférée à Drancy. Elle échappera à la déportation et sera libérée par les Alliées en août. 

    Après la guerre, elle devient militante socialiste et anticolonialiste. Marquée par la guerre d’Algérie, Suzanne Citron se met à questionner l’histoire de France et le roman national, construit notamment par l’historien Ernest Lavisse autour de figures comme Vercingétorix, Charlemagne et Jeanne d’Arc. Dans son livre précurseur Le mythe national. L’histoire de France revisitée, publié en 1987, Suzanne Citron expose une thèse très critique à l’égard de l’enseignement : "J’ai trouvé dans l’histoire scolaire, une histoire de la raison d’État". Elle estime que le récit national tel qu’il est enseigné à l’école depuis la IIIème République est le fruit d’une construction politique ayant servi à reconstruire l’unité nationale au lendemain de la chute du Second Empire. Une histoire édulcorée et européoctrée. 

    Toute sa vie, elle a milité pour un récit national inclusif et universel : "Si on veut inscrire dans notre histoire plurielle aussi bien d'ailleurs les Juifs que les descendants d’esclaves, c’est un espace planétaire dans lequel il faut inscrire notre récit national."

    Un enseignement de l’histoire qui fracture

     le débat politique

    La question de l'enseignement de l’histoire de France est une ligne Maginot au sein du débat politique en cela qu’il cristallise les questions d’intégration de nouvelles populations au sein de la communauté nationale. En 2016, lors d’un meeting pour la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy défendait sa vision de l’intégration : "À un moment où vous devenez Francais, vos ancêtres se sont les gaulois et c’est Vercingétorix !". Une vision de l’histoire que ne partageait pas François Mitterand : "Nos ancêtres les Gaulois, un peu Romains, un peu Germains, un peu Juifs, un peu Italiens, un petit peu Espagnols, de plus en plus Portugais (...) et je me demande si déjà nous ne sommes pas un peu Arabes." déclarait-il en 1987.  

    François Fillon, alors candidat à la présidence en 2017, s’était vu offrir sur le plateau de "L’Émission politique" le livre de Suzanne Citron. Alors invitée à débattre avec le candidat LR, l'historienne Laurence de Cock : "Je voudrais vous faire un petit cadeau (...) un livre qui est paru pour la première fois en 1987 de Suzanne Citron (...) qui est la première historienne à avoir fait une déconstruction très méthodique du récit national." À la suite de l’émission, les ventes du livre ont été relancées et une semaine plus tard, rupture de stock.

    SOURCE : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/art-culture-edition/deces-de-suzanne-citron-lhistorienne-qui-a-deconstruit-le-mythe-national_2578706.html 

     

    Suzanne Citron a consacré une partie de ses travaux  à la question du roman national  (Deuxième article)

    Quelle définition pour le "récit national" ?

      de François Fillon qui, rappelons-le a disparu de la scène politique

    après avoir eu des problèmes avec la Justice française

     

    Dans ce récit national, également  l'ancien premier ministre y voit "une histoire faite d’hommes et de femmes, de héros, de symboles, de lieux, de monuments, d’événements qui trouvent un sens et une signification dans l’édification progressive de notre nation". Une manière aussi d'expliquer son discours très ferme sur la colonisation. "Non, la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord. Non, la France n'a pas inventé l'esclavage", disait-il lors de son discours de rentrée à Sablé-sur-Sarthe. Ces mots lui avaient été reprochés par le syndicaliste guadeloupéen Élie Domota (secrétaire général de l'Union générale des travailleurs guadeloupéens) lors d'un houleux échange durant L'Émission politique sur France 2. Le député de Paris avait alors maintenu ses propos, martelant son "refus de la repentance". 


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    On entend, de plus en plus, parler de freiner l’immigration, par contre quand ça arrange, les hypocrites facilitent la venue des travailleurs étrangers et dans ce cas ce sont les Algériens… Que la fachosphère ne se plaigne pas lorsque Abdelaziz Bouteflika vient se faire soigner en France.

    Un décret exécutif français risque d’accentuer l’exode des médecins algériens

    Un décret exécutif français risque d’accentuer l’exode des médecins algériens

    Un décret exécutif français risque d’accentuer l’exode des médecins algériens

    Engin Akyurt / Pixabay

    Un décret exécutif français du 22 novembre 2017 apporte de nouvelles facilités aux médecins étrangers qui souhaitent exercer en France.

    Le décret, paru au journal officiel français du 24 novembre 2017, modifie le code de la santé publique français en y introduisant une section qui permet aux médecins et chirurgiens-dentistes spécialistes étrangers d’obtenir une autorisation temporaire d’exercice.

    Parmi les conditions à remplir pour obtenir cette autorisation, le médecin étranger doit bénéficier d’une promesse d’accueil par un établissement de santé public ou privé pour suivre une formation continue diplômante ou non diplômante, qu’il justifie d’un bon niveau de maîtrise de la langue française, si la fonction à exercer en France nécessite un contact avec les patients et qu’il présente un projet professionnel qui justifie le projet de formation envisagé.

    L’autorisation temporaire d’exercice est délivrée à titre individuel, après études du dossier par les services du conseil national de l’ordre des médecins, du centre national de gestion des praticiens hospitaliers et du ministère de la Santé.

    Lorsque le médecin étranger reçoit son autorisation, il est légalement considéré comme un praticien français et bénéficie des mêmes droits concernant la rémunération, les congés et la protection sociale.

    Même si elle n’est valable que pour une durée maximale de deux ans, l’autorisation d’exercice temporaire pourrait accentuer l’exode des médecins algériens vers la France, où ils pourraient être encouragés à s’installer en tant que libéraux dans les déserts médicaux de l’hexagone, où plus de 10.000 médecins algériens exerceraient déjà. 

    SOURCE : https://www.tsa-algerie.com/un-decret-executif-francais-risque-daccentuer-lexode-des-medecins-algeriens/ 


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    Nos Justes à nous : quand Jean-Paul Sartre hébergeait Mamar Kaci, cadre du FLN, recherché par toutes les polices de France  

    Nos Justes à nous : quand Jean-Paul Sartre hébergeait Mamar Kaci, cadre du FLN, recherché par toutes les polices de France

    Dans la série « Colonialisme et guerre d’Algérie : nos Justes à nous », nous évoquerons, aujourd’hui, Jean-Paul Sartre, le célèbre philosophe et écrivain français, qui a marqué son siècle et les esprits en refusant le Prix Nobel, mais aussi et surtout, en se tenant toujours aux côtés des causes justes et des peuples opprimés, à commencer par les Algériens et leur quête d’indépendance et de liberté. 

    Est-il besoin de traiter ici de l’œuvre monumentale de Jean-Paul Sartre ? Leader incontesté du courant philosophique existentialiste et écrivain prolifique, ses œuvres, universellement connues et reconnues, ont été récompensées par le Prix Nobel de littérature, qu’il a refusé, estimant, qu’il n’est pas juste de « consacrer un homme de son vivant. »

    Essais philosophiques (L’être et le néant), nouvelles (Le mur), romans (La nausée, Les chemins de la liberté), théâtre (Les mains sales, Huis-clos, Les mouches, Les séquestrés d’Altona, La putain respectueuse, Les mouches…), ne sont qu’une partie de son œuvre gigantesque, à côté de nombreux écrits engagés, publiés notamment dans la revue Les temps modernes, qu’il a fondée lui-même immédiatement après la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1945.

    Il a été de toutes les manifestations en faveur de l’indépendance du peuple algérien, il a signé de nombreuses tribunes dans ce sens, et il compte parmi ses amis et relations les intellectuels les plus engagés pour la cause algérienne, à l’instar de Francis Jeanson dit « le porteur de valises » du FLN.

    La guerre qu’il engagea avec son ancien ami Albert Camus, lui aussi Prix Nobel de littérature et fils Belcourt (Belouizdad actuellement), à propos de la question algérienne, consacrera leur séparation et restera dans les annales de l’histoire : Jean-Paul Sartre était pour l’indépendance pure et simple de l’Algérie, tandis que Camus plaidait pour la citoyenneté française pleine et entière des Algériens.

    Mais, mieux que cela, il n’a pas hésité à courir des risques physiques, mettant sa liberté et même sa vie en danger, comme en témoigne le plastiquage, à deux reprises, de son appartement parisien par les ultras de l’OAS (Organisation armée secrète, adepte de la politique de la terre brûlée pour maintenir l’Algérie française). (1)

    Pour illustrer l’engagement sans faille de l’immense philosophe et écrivain, voici le témoignage inédit d’un cadre de la Fédération de France du FLN, qui était alors un agent opérationnel de haut niveau, fiché  dans tous les commissariats et recherché par toutes les polices de France :

    « J’étais un opérationnel au service direct de la direction de la Fédération de France du FLN. En tant que tel, j’ai été amené à remplir des missions dangereuses et à mener des actions que seuls justifient les enjeux et la noblesse de notre combat. Aussi, vers la fin 1959, les services français ont fini par me repérer et m’identifier. Recherché activement par tous les services de police parisiens et à travers tout le territoire français, je n’ai pu leur échapper que grâce à Jean-Paul Sartre, avec la complicité de sa compagne Simone de Beauvoir, qui m’ont hébergé pendant de longs mois. J’ai été royalement traité durant tout mon séjour chez eux, et je n’oublierai jamais les nombreux dîners que nous avons partagés, ponctués de discussions philosophiques auxquelles j’avoue ne pas comprendre grand-chose. »

    Voici, en substance, le témoignage de Mamar Kaci, dit Da Velkacem, dit « Le Colonel », natif de Draa El Mizan, proche de l’historique Krim Belkacem, qui a fini ses jours dans une cité populaire de Boumerdes. Décédé en 1993, il repose au cimetière d’EL Alia où il a été inhumé en présence des plus hauts responsables de la Fédération de France du FLN.

    SOURCE : http://www.algeriemondeinfos.com/2018/01/24/nos-justes-a-jean-paul-sartre-hebergeait-mamar-kaci-cadre-fln-recherche-toutes-polices-de-france-m-a-boumendil/ 

    (1) Le plastiquage, à deux reprises, de l'appartement parisien de Jean-Paul Sartre par les ultras de l’OAS (Organisation armée secrète, adepte de la politique de la terre brûlée pour maintenir l’Algérie française) a quand même fait une victime la petite Delphine Renard, rappelons-nous : 

    Pour ne pas oublier de quoi

    l’extrême droite est capable

    Ce matin, sur Facebook je lisais l’emploi du temps d’un député de Saône-et-Loire, il écrivait notamment, ceci :

     « A partir de 10h et pour toute la matinée je participe au colloque organisé par la Fédération des chiens guides d'aveugles sur le thème "Accessibilité : chiens guides d'aveugles éduqués et en éducation : droits, devoirs et responsabilités". 

    Ceci m’a rappelé un dramatique épisode de la guerre d’Algérie : l’attentat dirigé contre le ministre André Malraux le 7 février 1962 et, par erreur, c’est Delphine Renard qui fut victime de l’OAS.

    Depuis que je connais cette dramatique histoire, chaque mois je verse un don à cette association.

    Michel Dandelot

     

    Pour ne pas oublier de quoi l’extrême droite est capable

    En médaillon: Delphine Renard, fillette, victime de l'attentat qui visait le domicile d'André Malraux, le 7 février 1962. Mai 2012. Phèdre, son chien guide, l’accompagne chaque jour dans le jardin du Luxembourg

     

    Delphine Renard écrit :

    Dans quelques jours, seront commémorés, ici et là, le cinquante-troisième anniversaire des Accords d’Évian puis celui de l’accès de l’Algérie à l’indépendance. Ces événements ont mis fin à des mois de terreur, orchestrée, des deux côtés de la Méditerranée, par les factieux de l’OAS, Organisation armée secrète, créée en février 1961 pour s’opposer à la politique de décolonisation mise en place par le général de Gaulle.

    Longtemps, la guerre d’Algérie, épisode honteux qui a souillé la France d’après-1945, a fait l’objet d’un consensus de refoulement collectif, malgré les initiatives courageuses de certains historiens tels que Benjamin Stora.

    Aujourd’hui, le tabou tombe

    Paris a été, le 6 octobre 2011, la première institution française à témoigner officiellement de reconnaissance à l’égard des victimes en leur dédiant un monument au cimetière du Père Lachaise. Ce geste demeure cependant isolé. En effet, loin d’une condamnation rétrospective des 2700 assassinats perpétrés par les nostalgiques de l’empire colonial, nous assistons au contraire à une consécration de leur mémoire, au mépris des victimes de leurs actes odieux.

    Ayant survécu à un attentat dirigé contre le ministre André Malraux le 7 février 1962 et à la suite duquel, grièvement blessée, j’ai perdu la vue, je serais non pas une victime mais une "bavure", selon une confidence récente d’un vieil activiste - pas du tout repentant - à un journaliste.

    J’avais jusqu’alors gardé le silence. Je choisis de le rompre ici pour dire ma révolte.

    Sous le couvert d’hommages a priori légitimes rendus aux morts, des stèles ont été élevées non à la mémoire mais bel et bien à la gloire de criminels de l’OAS, pourtant condamnés en leur temps par la justice française.

    Dans les municipalités où ces impudents cénotaphes ont vu le jour, l’idéologie extrémiste et le révisionnisme ont triomphé à la fois du sens commun et de l’esprit républicain : pas de tueurs de l’OAS, mais des combattants, des résistants, des patriotes ; et, dès lors, pas de crimes non plus, mais des exécutions et pas de victimes, mais des traîtres ou simplement des bavures !

    Le 28 novembre 2011, le chef de l’État lui-même a apporté une contribution éminente à l’excitation des passions mémorielles en remettant personnellement la plus haute distinction de la Nation au légionnaire putschiste Hélie Denoix de Saint Marc et en érigeant ainsi en modèle la rébellion contre l’autorité légitime.

    Peu après, le 10 janvier 2012, lors d’une audience du tribunal administratif de Marseille liée à un recours contre l’édification d’une stèle magnifiant l’OAS dans un cimetière de Marignane, l’on a pu entendre l’avocat de la défense parler tranquillement des "prétendus assassinats" reprochés à l’organisation terroriste !

    Tribune de Delphine Renard (Le Monde du 7 février 2012), défigurée à 4 ans par une bombe posée à Paris par l’OAS. 

    Aujourd’hui, le révisionnisme glisse vers un véritable négationnisme. À l’oubli des victimes succède la négation de la réalité des faits auxquels cette guerre sale a donné lieu de la part des ultras de l’Algérie française.

    Selon Élie Wiesel, "tolérer le négationnisme, c’est tuer une seconde fois les victimes."

    Il est des ressorts sur lesquels l’extrême-droite s’appuie pour sa montée en régime : l’Histoire nous l’a appris et elle adore bégayer. Nous sommes tous concernés par une République qui s’oublie au point de commettre des attentats à la vérité en honorant ceux qui ont eu recours à la barbarie pour tenter de renverser l’ordre démocratique.

    Le 8 février de chaque année, rappelant la responsabilité écrasante de l’État dans les neuf morts du métro Charonne, nous célébrons, à travers eux, le sacrifice de tous ceux qui sont tombés sous les coups de l’OAS. N’oublions pas, certes, mais surtout souvenons-nous, car la mémoire est une action en marche.

    Delphine Renard, pour l’ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS)

    Pour ne pas oublier de quoi l’extrême droite est capable

    Jean-François GAVOURY président de l'ANPROMEVO écrit :

     

    Monsieur Dandelot,

    Je découvre votre article dans lequel je ne puis m’empêcher de voir un hommage à Phèdre, la chienne-guide de Delphine Renard, dont la vie, à partir de l’été 2001, avait été "transfigurée" (c’est le mot de Delphine, et il pèse lourd sous sa plume !) par cette golden retriever que j’ai connue et eu, quant à moi, la chance de voir.

    Pourquoi un hommage ? Parce que vos lectures matinales coïncident, à quatre jours près, avec le deuxième anniversaire de la disparition de cette fidèle et irremplaçable compagne.

    Vous faites bien de rappeler ici l’aveuglement des tueurs de l’OAS, appelés par Robert Ménard à se réunir à Béziers pour y faire (provisoirement) disparaître la trace d’une date, celle du 19 mars 1962, résonnant comme un signal de paix.

    Jean-François Gavoury

     


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  • Disparition Maurice Audin

    Voilà un fils de pieds-noirs qui va encore faire râler les nostalgériques extrémistes et certainement d’autres…

    Cédric Villani « L’État ne cherchera plus

     à imposer sa version»

    Voilà un fils de pieds-noirs qui va encore faire râler les nostalgériques extrémistes et certainement d’autres…

    Cédric Villani Mathématicien, médaille Fields 2010, député LREM

     

    Maurice Audin.  Les « autorités » françaises n’ont jamais reconnu l’assassinat, par l’armée, en juin 1957, du jeune mathématicien communiste Maurice Audin. Cédric Villani porte l’exigence d’une reconnaissance de ce crime d’état auprès du président de la République.

    Emmanuel Macron va-t-il reconnaître l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française comme un véritable crime d’État ? Car le militant communiste ne s’est pas évaporé dans la nature après une évasion en juin 1957, comme l’a trop longtemps soutenu la « version officielle », mais a bien été exécuté avec « la couverture pleine et entière du pouvoir politique », comme le confessa du bout des lèvres le funeste général Aussaresses, avant sa mort en 2013. Au fil des ans, les enquêtes successives ont reconstruit le puzzle, confirmant que Maurice Audin a bien été tué par les militaires français, après avoir subi des tortures. Un assassinat « pour l’exemple », qui visait alors, en pleine bataille d’Alger, à « dissuader » les communistes de prendre part à la lutte pour l’indépendance. Entre janvier et septembre 1957, 3 024 personnes arrêtées par les paras ont « disparu ». De non-lieux en lois d’amnistie, tout s’est conjugué pour enfouir la vérité sur les crimes perpétrés par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Si Emmanuel Macron assure que « l’État ne cherchera plus à imposer sa version », il lui faut maintenant reconnaître officiellement ce crime d’État.

    En mai 2017, vous aviez cosigné une lettre au président de la République demandant que l’État fasse la lumière sur l’assassinat de Maurice Audin. Pourquoi vous êtes-vous engagé dans ce combat ?

    Cédric Villani : Je mentionnerai d’abord que, avant même de connaître l’histoire de Maurice Audin, j’ai été en contact avec ses enfants : Michèle Audin, mathématicienne et historienne des sciences, et Pierre Audin, qui a fait, en toute discrétion, une très belle carrière au service de la vulgarisation mathématique au palais de la Découverte. Pierre est devenu un ami et je lui dois quelques astuces de vulgarisation, ainsi que de fructueux contacts avec la communauté mathématique algérienne. Mais c’est à travers d’autres sources que j’ai pris connaissance de la tragique « affaire Audin » : les souvenirs de Laurent Schwartz, les récits de mathématiciens seniors comme Pierre Cartier… S’associer à un appel pour la vérité sur Maurice Audin, c’était tout à la fois se battre contre un arbitraire injuste, réaffirmer l’indépendance des universitaires et tout simplement rendre hommage à Maurice Audin, figure extrêmement forte par son idéalisme et son courage. C’est pourquoi quand, il y a quelques années, mon collègue Gérard Tronel, artisan de la renaissance du prix de mathématique Maurice-Audin, est venu me proposer de présider le jury et de l’adosser à l’Institut Henri-Poincaré, j’ai immédiatement dit oui, et cela a été facilement avalisé par le conseil d’administration. C’est à ce titre que j’ai eu l’occasion d’honorer publiquement la mémoire de Maurice Audin, à plusieurs reprises, en France et en Algérie.

    En avez-vous parlé directement avec Emmanuel Macron ? Est-il prêt à reconnaître l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française ?

    Cédric Villani : Oui, j’ai eu l’occasion de m’en entretenir directement avec le président Macron. Il m’a annoncé que le grand travail d’ouverture des Archives, initié par François Hollande, allait se poursuivre. Il m’a aussi dit que, à ce jour, aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif sur le sort de Maurice Audin ; qu’il appartient désormais aux historiens de reconstruire les événements, et que l’État ne cherchera plus à imposer sa version. Enfin, et surtout, il a fait part de son intime conviction que, effectivement, Maurice Audin a été assassiné par l’armée française.

    Le président de la République s’était engagé « à prendre des actes forts sur cette période de notre histoire ». Va-t-il officiellement reconnaître l’assassinat de Maurice Audin comme un crime d’État ?

    Cédric Villani : Je sais que le président travaille sur ce sujet et je suis convaincu que des annonces viendront en temps utile. Il a également téléphoné directement à Josette Audin, la veuve de Maurice, qui se bat depuis soixante ans pour la reconnaissance de la vérité. Au-delà du sort tragique de Maurice Audin, au-delà des circonstances particulières de son exécution, ce qui importe, pour moi et pour bien d’autres, c’est que l’État reconnaisse et condamne officiellement l’attitude et le plan de l’armée française de l’époque, faisant disparaître des citoyens par centaines et utilisant des « moyens illégaux », pour reprendre l’euphémisme que j’ai pu lire dans une archive que l’on m’a présentée. Il ne s’agit pas de blâmer quelqu’un en particulier, mais de travailler à la cicatrisation des plaies qui sont encore ouvertes dans notre mémoire collective par la guerre d’Algérie et dont le massacre des harkis, par exemple, est un autre épisode tragique. Là aussi, le président Macron est mobilisé puisqu’il a longuement reçu les associations de harkis et lancé un travail inédit pour leur rendre justice. J’ai eu l’assurance que des actes forts suivront à l’égard de toutes les parties prenantes de cette guerre. Pour conclure, j’insiste sur le fait que ces mesures de mémoire auront bien plus de sens si elles sont accompagnées de mesures tournées vers le futur, par exemple en matière de coopération. Et, pour revenir au prix Maurice Audin, il a vocation à s’inscrire dans une politique volontaire de coopération scientifique franco-algérienne.

    Cédric Villani

    Mathématicien, médaille Fields 2010, député LREM

    Voilà un fils de pieds-noirs qui va encore faire râler les nostalgériques extrémistes et certainement d’autres…

     

     

     

     

    Maud Vergnol

    SOURCE : https://www.humanite.fr/cedric-villani-letat-ne-cherchera-plus-imposer-sa-version-649044

    Rappelez-vous de mon article

     de mars 2017, Emmanuel Macron

    n’était encore que candidat

     à la présidentielle 

    Voilà un fils de pieds-noirs qui va encore faire râler les nostalgériques extrémistes et certainement d’autres…

     

     

     

    Voilà un fils de pieds-noirs qui va encore faire râler les nostalgériques extrémistes et certainement d’autres… 

     

    Cédric Villani : la France doit "des excuses" à l'Algérie

     

    Le mathématicien Cédric Villani, fils de pieds-noirs a estimé vendredi sur RTL France que la France devait faire "des excuses" à l'Algérie à propos de la colonisation, car "le contentieux n'est pas soldé".

    Interrogé vendredi sur RTL France sur les propos controversés du candidat d'En Marche! à la présidentielle, qui a notamment qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité", Cédric Villani a jugé que "le mot était sans doute maladroit parce que cela a un sens précis". Mais "je lui suis reconnaissant d'avoir mis le sujet de la colonisation algérienne sur la table", a-t-il ajouté.
    "J'ai fait des conférences dans à peu près toutes les anciennes colonies françaises, l'Algérie est la seule dans laquelle le contentieux n'est pas soldé", a encore dit Cédric Villani. "On peut continuer comme cela pendant des décennies, la France refusant de reconnaître une part de culpabilité, l'Algérie refusant d'avancer... Il faut des excuses comme un point de départ de la discussion", a-t-il dit.


    "On a de belles choses à faire ensemble"
     

    "Ce sera le point de départ de reconnaître le bilan, le négatif et le positif, et puis faire des choses ensemble. Je crois que France-Algérie, c'est une histoire qui n'est pas finie et qu'on a de belles choses à faire ensemble". Le mathématicien, ancien président du comité de soutien de la candidate socialiste à la mairie de Paris Anne Hidalgo, et qui a dans le passé voté pour François Bayrou, a jugé que le candidat d'En Marche! était "courageux, parce que toutes les questions complexes ont des réponses complexes".

    "Une affaire d'exploitation et d'humiliation"

    "C'est vrai qu'il y avait un mélange de tout dans l'Algérie française, il y avait des gens qui y allaient dans une démarche de progrès, avec énormément de bonnes intentions, et c'était aussi une affaire d'exploitation et d'humiliation", a-t-il dit. En novembre, Emmanuel Macron avait déclaré au Point: "Alors oui, en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie".
    Dans une interview à la chaîne privée algérienne Echourouk News lors d'un voyage en Algérie en février, le candidat d'En Marche! à la présidentielle avait qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité" et de "vraie barbarie".

    SOURCE : http://www.rtl.be/info/monde/france/cedric-villani-la-france-doit-des-excuses-a-l-algerie-898404.aspx 

     


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    RUSSIE : Un chasseur abattu...

     par son chien

    RUSSIE : Un chasseur abattu...  par son chien

    Photo : le journal suisse Le Matin

    Lundi, dans la région russe de Saratov, un chien a tué un chasseur par accident, en appuyant sur la détente de son fusil.

    S'il n'était pas aussi dramatique, l'accident aurait tout d'une chanson de Chantal Goya. Lundi, dans la région de Saratov en Russie (sud-est de Moscou) un chasseur de 64 ans a été tué par un coup de fusil... de son chien, rapporte le journal suisse Le Matin. 

    L'homme, un chasseur expert, qui avait une autorisation de port d'armes, est décédé à l'hôpital une heure après l'accident.

    Le chien a voulu lui faire la fête

    D'après les premiers éléments de l'enquête, il se rendait à une partie de chasse, avec son chien dans la voiture. Au moment de sortir du véhicule, le chasseur s'est agenouillé pour ouvrir le coffre, le fusil posé sur les genoux, canon dirigé vers l'estomac.

    C'est alors que le chien, qui avait lui aussi quitté l'habitacle, est arrivé pour lui faire la fête. Il lui a sauté dessus et a déclenché le tir mortel.

    L'homme était sobre, d'après les enquêteurs, qui confirment la piste de l'accident.

    SOURCE : http://www.ledauphine.com/france-monde/2018/01/24/un-chasseur-abattu-par-son-chien 

     

     


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    Maroc, Algérie, Tunisie : projet commun pour inscrire le couscous au patrimoine mondial de l'Unesco

    © Hocine Zaourar, AFP | Préparation d'un couscous géant en Algérie, visant à battre un record du monde en 2004 (archives).

    Des experts des pays du Maghreb vont étudier le "projet commun" de faire classer le couscous, spécialité culinaire régionale, au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.

    La guerre du couscous n'aura finalement pas lieu. Des experts des pays du Maghreb vont étudier le "projet commun" de faire classer le couscous, spécialité culinaire d'Afrique du Nord dont la renommée a largement dépassé les frontières de la région, au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.

    "Le dossier du classement du couscous en tant que patrimoine universel est un projet commun aux pays du Maghreb", a déclaré, lundi, Slimane Hachi, directeur du Centre algérien de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), à l'agence de presse officielle APS. "Son montage est en cours et des réunions d'experts de ces pays se tiendront prochainement", a-t-il ajouté, sans autres détails.

    Un sujet sensible 

    Le couscous reste un sujet extrêmement sensible dans la région. Algériens, Marocains et Tunisiens revendiquent être le berceau de ce plat à base de semoule de blé dur préparée avec de l'huile d'olive et accompagnée de légumes, d'épices, de viande ou de poisson.

    Interrogé par l'APS, Ouiza Gallèze, chercheuse au CNRPAH, a évoqué "l'ancestralité" du couscous, "plat plusieurs fois millénaire" qui remonterait à l’antiquité, et "sa transculturalité, car il appartient à plusieurs peuples".

    Un des plats favoris des Français 

    Selon Ouiza Gallèze, "des ustensiles proches des outils de fabrication du couscous ont été retrouvés dans des tombes remontant au règne du roi Massinissa" (202-148 av. JC), Berbère qui unifia la Numidie, regroupant la partie Nord de l'Algérie actuelle et des parties de la Tunisie et de la Libye d'aujourd'hui.

    "En outre, des fouilles, dans la région de Tiaret (250 km au sud-ouest d'Alger) ont permis la découverte de tels ustensiles, datant du IXe siècle, notamment le couscoussier", a-t-elle expliqué à l'APS.

    Importé en France au début du XXe siècle par les premiers travailleurs immigrés venus d'Algérie, puis par les pieds-noirs à l'indépendance de l'Algérie en 1962, le couscous est devenu l'un des plats favoris des Français.

    Avec AFP

    SOURCE : http://www.france24.com/fr/20180123-couscous-patrimoine-mondial-unesco-algerie-maroc-tunisie-projet-maghreb 

     

     

     


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  • Lettre ouverte  «Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure»

    Yann Moix a vivement interpellé le chef de l'Etat, qu'il accuse d'avoir "instauré à Calais un protocole de la violence" contre les migrants. Jacky Godard / Photo12 et REUTERS/Jean-Paul Pelissier 

    Lettre ouverte

    «Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure»

    Par Yann Moix, écrivain

    L'écrivain Yann Moix fustige dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron la politique migratoire de la France, et plus particulièrement le traitement infligé aux migrants à Calais. Vidéo à l'appui, il affirme avoir filmé sur place des «actes de barbarie».

    Monsieur le président de la République, chaque jour, vous humiliez la France en humiliant les exilés. Vous les nommez «migrants» : ce sont des exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un destin. Réchappés du pire, ils représentent cet avenir que vous leur obstruez, ils incarnent cet espoir que vous leur refusez. C’est à leur sujet que je vous écris.

    Vous avez affirmé, dans votre discours de Calais, que «ceux qui ont quelque chose à reprocher au gouvernement s’attaquent à sa politique, mais qu’ils ne s’attaquent pas à ses fonctionnaires.» Je ne m’en prendrai ici qu’à vous. Et à vous seul.

    Je ne suis pas, comme vous dites, un «commentateur du verbe» : je suis un témoin de vos actes. Quant à votre verbe, il est creux, comme votre parole est fausse et votre discours, double.

    J’affirme, M. le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, caillassent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la détresse et le dénuement. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des exilés non seulement innocents, mais inoffensifs, subissent sur notre territoire des atteintes aux droits fondamentaux de la personne. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    Vous menacez de saisir la justice si les «faits dénoncés» ne sont pas «avérés». Voici donc, monsieur le Président, les ­images des conséquences obscènes de ­votre politique.

    Ces actes de barbarie, soit vous les ­connaissiez et vous êtes indigne de votre fonction ; soit vous les ignoriez et vous êtes indigne de votre fonction. Ces preuves, si vous les demandez, les voici ; si vous faites semblant de les demander, les voici quand même. Les Français constateront ce que vous commettez en leur nom.

    «Je ne peux pas laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre exercent des violences physiques», avez-vous dit. Ajoutant : «Si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné». D’abord, vous menacez de procès en diffamation ceux qui démasquent ­votre politique ; ensuite, vous menacez de procédures de sanction ceux qui l’appliquent.

    Journalistes, policiers : avec vous, tout le monde a tort à tour de rôle. Les uns d’avoir vu, les autres d’avoir fait. Tout le monde a tort sauf vous, qui êtes le seul à n’avoir rien vu et le seul à n’avoir rien fait. On attendait Bonaparte, arrive Tartuffe.

    Soit les forces de l’ordre obéissent à des ­ordres précis, et vous êtes impardonnable ; soit les forces de l’ordre obéissent à des ­ordres imprécis, et vous êtes incompétent. Ou bien les directives sont données par vous, et vous nous trahissez ; ou bien les directives sont données par d’autres, et l’on vous trahit.

    Quand un policier, individuellement, ­dépasse les bornes, on appelle cela une bavure. Quand des brigades entières, groupées, dépassent les bornes, on ­appelle cela un protocole. Vous avez ­instauré à Calais, monsieur le Président, un protocole de la bavure.

    Quand une police agit aussi unie, pendant si longtemps, elle ne peut le faire sans se plier à un commandement. Est-ce bien vous, monsieur le Président, qui intimez aux policiers l’ordre de déclencher ces ­actions souillant la dignité de l’homme  ? Vous y avez répondu vous-même : «Dans la République, les fonctionnaires appliquent la politique du gouvernement.»

    L’histoire a montré qu’on peut parfois ­reprocher à un policier de trop bien obéir. Mais elle a surtout montré qu’on doit ­toujours reprocher à un président de mal commander, précisément quand le respect humain est bafoué. En dénonçant les violences policières, en cherchant à savoir qui est le donneur de ces ordres, je ne fais que défendre la police, parce que lui ­donner de tels ordres, c’est justement ­porter atteinte à son honneur.

    «La situation est ce qu’elle est par la brutalité du monde qui est le nôtre», dites-vous. Peut-on attendre, monsieur le Président, qu’une situation aussi complexe soit ­démêlée par une pensée aussi simpliste  ? Que des décisions si lourdes soient ­compatibles avec des propos si légers ? On attendait Bonaparte, arrive Lapalisse.

    Serez-vous plus enclin à l’émotion qu’à la réflexion  ? Ecoutez la voix de ces jeunes qui, fuyant les assassins et la dictature, rançonnés puis suppliciés en Libye, traversent la Méditerranée sur des embarcations douteuses pour accoster, à bout de forces, dans une Europe que vous défendez par vos formules et qu’ils atteignent par leur courage.

    Vous avez osé dire : «Notre honneur est d’aider sur le terrain celles et ceux qui ­apportent l’humanité durable dans la ­République.» Au vu de ce qui semblerait être votre ­conception de «l’humanité», les associations préfèrent l’aide que vous leur avez ­refusée à celle que vous leur promettez. A Calais, on vous trouve plus efficace dans la distribution des coups que dans la distribution des repas.

    Ces associations, monsieur le Président, font non seulement le travail que vous ne faites pas, mais également le travail que vous défaites. Quant à votre promesse de prendre en charge la nourriture, elle n’est pas généreuse : elle est élémentaire. Vous nous vendez comme un progrès la fin d’une aberration.

    La colonisation en Algérie, monsieur le Président, vous apparut un jour comme un «crime contre l’humanité». Ne prenez pas la peine de vous ­rendre si loin dans l’espace et dans le temps, quand d’autres atrocités sont commises ici et maintenant, sous votre présidence. Sous votre responsabilité.

    Faites, monsieur le Président, avant que l’avenir n’ait honte de vous, ce qui est en votre pouvoir pour que plus un seul de ces jeunes qui ne possèdent rien d’autre que leur vie ne soit jamais plus violenté par la République sur le sol de la nation. Mettez un terme à l’ignominie. La décision est difficile à prendre  ? On ne vous demande pas tant d’être courageux, que de cesser d’être lâche.

    Saccages d’abris, confiscations ­d’effets personnels, pulvérisation de sacs de couchages, entraves à l’aide humanitaire. Tel est le quotidien des exilés à Calais, monsieur le Président. Hélas, vous ne ­connaissez rien de Calais. Le Calais que vous avez visité mardi dernier n’existe pas : c’était un Calais pipé ; c’était ­un Calais imaginaire et vide ; c’était un ­Calais sans «migrants». Un Calais sur mesure, un Calais de carton-pâte. Le Calais que vous avez visité, monsieur le Président, ne se trouve pas à Calais.

    Le Défenseur des droits a dénoncé, lui aussi, le «caractère exceptionnellement grave de la situation», qu’il n’hésite pas à décrire comme étant «de nature inédite dans l’histoire calaisienne». Une instance de la République, monsieur le Président, donne ainsi raison à ceux à qui vous donnez tort. Mais je vous sais capable de ne pas croire vos propres services, tant vous ­donnez si souvent l’impression de ne pas croire vos propres propos.

    Comme on se demande à partir de combien de pierres commence un tas, je vous demande, monsieur le Président, à partir de combien de preuves commence un crime.

    Je citerai enfin les conclusions de la «mission IGA-IGPN-IGGN relative à l’évaluation de l’action des forces de l’ordre à Calais et dans le Dunkerquois» d’octobre 2017 – mission qui dépend du ministère de l’Intérieur : «L’accumulation des témoignages écrits et oraux, bien que ne pouvant tenir lieu de preuves formelles, conduit à considérer comme plausibles des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la déontologie policière, principalement à Calais. Ces manquements portent sur des faits de violences, sur un usage ­disproportionné des aérosols lacrymogènes, la ­destruction d’affaires appartenant aux ­migrants ainsi que le non-respect de l’obligation du matricule RIO [le référentiel des identités et de l’organisation].»

    Permettez-moi, monsieur le Président, de traduire cette phrase dans un français non-policier : «Nous croulons sous les preuves de violences policières, notamment de gazages, mais nous refusons de les considérer comme des preuves au sens strict, car cela risquerait de froisser monsieur le ­ministre de l’Intérieur, qui serait obligé d’enquêter sur l’épidémie d’anonymat qui saisit ses troupes au moment de l’assaut contre les migrants.»

    Vous dites : «Je ne peux laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre utilisent la violence.» Les violences vous dérangeraient-elles moins que le fait qu’on les laisse accréditer ?

    A l’heure, monsieur le Président, où vous décrétez ce qui est, ou n’est pas, une «fake news», vous nous rappelez de manière ­salutaire que vous êtes prompt au mensonge éhonté. On attendait Bonaparte, ­arrive Pinocchio.

    Je ne sais pas exactement de quoi vous êtes responsable ; je sais seulement en quoi vous êtes irresponsable. Le grand mérite de votre politique, c’est qu’on peut la voir à l’œil nu.

    Surtout à Calais, où tout est fait pour ­rendre impossible aux exilés l’accès à l’Angleterre. Non seulement ils n’ont pas le droit de rester, mais ils n’ont pas la possibilité de partir. Que doivent-ils faire  ? Attendre qu’on leur brûle la rétine  ? Ou bien jouer leur destin en tentant la traversée  ?

    Vous menacez en tout, monsieur le Président, des gens qui ne nous menacent en rien. Votre politique ne fait pas que trahir nos valeurs, elle les insulte. Les mesures antimigratoires sont toujours populaires. Mais voulant faire plaisir à la foule, vous trahissez le peuple.

    Le préfet du Pas-de-Calais m’a appelé, ­furieux, osant se réclamer de Jean Moulin ; mais Jean Moulin s’est battu pour faire cesser la barbarie, non pour intimider ceux qui la dénoncent. Les exilés sont des victimes. Laissez les martyrs morts en paix ; cessez de faire la guerre aux martyrs vivants.

    Jean Moulin fut supplicié pour une France qui accueille les hommes, pas pour une France qui les chasse. Dites à votre préfet que se réclame d’un héros de la ­Résistance quand, dans sa sous-préfecture, Erythréens, Afghans et Soudanais sont harcelés, délogés, gazés nuit et jour, c’est prendre Jean Moulin en otage. Et c’est le trahir une deuxième fois.

    Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour ­diffamation ; la postérité portera plainte ­contre vous pour infamie.

    Yann Moix écrivain 

    SOURCE : http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Yann-Moix-denonce-un-protocole-de-la-bavure-a-Calais-1444022 

    Toutes les images sont extraites du film de Yann Moix, Re-Calais, qui sera diffusé au printemps sur Arte

     


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    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Casbah d’Alger : des personnalités

     de plusieurs pays contestent la désignation

    de Jean Nouvel

    La désignation de l’architecte français Jean Nouvel pour restaurer la Casbah d’Alger suscite une vive polémique. Plus de 400 personnalités algériennes, françaises, américaines, canadiennes, européennes et arabes ont envoyé une lettre l’invitant à se retirer du projet.

    Les parrains de la nouvelle Casbah

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Abdelkader Zoukh, Valérie Pécresse et l’architecte Jean Nouvel lors d’une visite de la Casbah d’Alger, le 16 décembre. Alvaro Canovas / Paris Match

    C'est l'architecte français Jean Nouvel, associé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France, qui est en charge de la rénovation du quartier mythique d'Alger : la Casbah.

    Comment redonner du lustre au quartier le plus symbolique d’Alger ? Quel visage pour la Casbah en 2050 ? C’est la tâche que viennent de confier les autorités algériennes à l’architecte Jean Nouvel associé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France. Valérie Pécresse, Jean Nouvel et Abdelkader Zoukh main dans la main, qui l’eût cru ? L’enjeu est colossal. Il s’agit de transformer un quartier d’une centaine d’hectares où résident 45 000 habitants. Classé depuis 1992 au patrimoine mondial de l’Unesco, ce haut lieu de l’histoire récente de l’Algérie – de la bataille d’Alger sous l’ère coloniale aux attentats de la « décennie noire » à la fin du siècle –, la Casbah concentre tous les problèmes d’insalubrité, d’habitat dégradé, de mobilité et de mise en valeur du patrimoine local. Ce projet d’envergure s’intègre dans une vision plus large de changement de la capitale puisque le port de marchandises va être déménagé d’ici à cinq ans et remplacé par une marina pour bateaux de plaisance. Alger veut en effet ouvrir ses portes aux touristes.

    Dimanche 16 décembre, Valérie Pécresse et Jean Nouvel ont sillonné la Casbah, longtemps quartier symbole pour les Algérois d’un certain art de vivre. En quelques décennies, il est devenu l’un des plus vétustes. Le pouvoir algérien a décidé d’en faire une priorité de sa nouvelle politique urbaine. Architecte en vogue dans le monde arabe depuis la réalisation du Louvre d’Abu Dhabi et du Musée national du Qatar, Jean Nouvel s’est fixé un défi : « Faire d’Alger une ville monde. »

    SOURCE : https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Les-parrains-de-la-nouvelle-Casbah-1595687 

    Casbah d’Alger : lettre ouverte

     à Jean Nouvel

    Plus de 400 signataires des deux rives de la Méditerranée adressent une lettre ouverte à Jean Nouvel à propos de la convention tripartite que celui-ci a signée avec la Wilaya d'Alger et la Région Ile-de-France pour « revitaliser » la Casbah d'Alger.

    Cher Jean Nouvel,

    Le 6 mars 1999, il y a bientôt vingt ans, vous titriez “Boulogne assassine Billancourt” dans les colonnes du Monde; un texte courageux s’indignant avec force de la destruction programmée (et désormais réalisée) du patrimoine historique ouvrier que représentait “le paquebot” de l’Île Seguin dans la proche banlieue de Paris.

    Nous débutons cette lettre ouverte en mentionnant ce texte car c’est à la personne qui a écrit celui-ci que nous souhaitons nous adresser. Ce lundi 17 décembre, nous sommes beaucoup à avoir été choqué·e·s en apprenant qu’une convention tripartite avait été signée entre la Wilaya d’Alger, la région Île-de-France et vos ateliers afin de, nous dit-on, “revitaliser” la Casbah d’Alger — étymologiquement, “revitaliser” implique redonner de la vie, ce qui nous permet de nous demander si la vie, pourtant vibrante, qui caractérise aujourd’hui les rues sinueuses de ce quartier n’est pas digne d'être considérée comme telle.

    La Casbah d’Alger, pour nous, bien avant d’appartenir à l’humanité — celle dont on nous dit qu’elle possède un patrimoine mondial — appartient d’abord à ses habitant.e.s, qu’ils possèdent un titre de propriété ou non, ensuite aux Algérien·ne·s dont la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français a régulièrement pris appui sur sa capitale et en particulier, sa Casbah, et enfin aux militant·e·s anti-coloniaux·ales de l’Afrique, du Sud Global, mais aussi du Nord, tant la Casbah par son urbanisme et son architecture incarne un symbole puissant des luttes de ceux et celles qui ne peuvent mettre à profit que leur passion et leur environnement face aux forces asymétriques que leur opposent les armées et polices coloniales.

    La Casbah, les français l’ont déjà partiellement détruite trois fois. Suivant l’invasion de la Régence d’Alger en 1830, les officiers coloniaux avaient déjà bien compris le danger potentiel de son urbanisme insurrectionnel; ils ont ainsi ordonné la destruction de toute la partie basse de la ville, privant ainsi la Casbah de son accès à la mer. Plus tard, les autorités coloniales y construiront des immeubles haussmanniens, reprenant les tactiques urbanistes contre-insurrectionnelles déjà appliquées à Paris et Marseille. A la fin des années 1930, lorsque les autorités coloniales ont fait “la guerre aux taudis” et ont ainsi détruit le quartier de la Marine. Entre 1956 et 1957, c’est toujours au sein de la Casbah que la fameuse “bataille d’Alger” trouve son paroxysme. Dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français y placent une bombe rue de Thèbes qui détruit plusieurs immeubles et tue 80 habitant·e·s. Le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui, après avoir étouffé ce quartier de la ville pendant un an, dynamitent la maison où se sont réfugié·e·s les dernier·e·s survivant·e·s du FLN à Alger: Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif, Ali Ammar dit Ali la Pointe, Petit Omar et Yacef Saâdi. Comme vous l’avez peut-être vue durant votre courte visite, cette maison a été laissée telle quelle ces six dernières décennies afin d’en faire un mémorial, un mémorial sans architecte.

    Toute modification de la Casbah qui ne viendrait pas directement de ses habitant·e·s doit ainsi faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et de son présent, bien au delà des instructions que la Wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre. Des projets qui n’auraient pas à cœur de servir en premier lieu ses habitant·e·s ainsi que le legs historique, politique et culturel de cette ville dans la ville, et qui leur préféreraient des ambitions touristiques ou financières ne sont pas dignes de ce lieu de vie et d’histoire. L’annonce de projets culturels notamment, alors que de nombreuses habitations ne sont pas étanches et que l'évacuation d’eau du quartier constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du quartier, nous semble par exemple particulièrement problématique et là encore, déconnectée des préoccupations quotidiennes des habitant·e·s. De même, le déblocage d’un budget stupéfiant pour financer cette étude ne peut que contraster avec le peu de moyens criant que le tissu associatif de la Casbah affronte au jour le jour dans ses initiatives.

    Aujourd’hui, nous apprenons donc que vous collaborez avec Valérie Pécresse la Présidente de la Région Île-de-France. Devons-nous vous rappeler que les décisions de celle-ci pèsent chaque jour un peu plus sur les résident·e·s précarisé·e·s de la métropole parisienne qui, pour beaucoup, sont des personnes ayant (directement ou par l’intermédiaire de leur histoire familiale) souffert du colonialisme français, en particulier celui-ci qui sévit pendant 132 ans en Algérie? Celle qui, en plus de ses politiques inégalitaires, n’hésite pas à se joindre à une foule islamophobe qui agressent les fidèles musulman·ne·s de Clichy lorsque ceux·elles-ci prient dans la rue pour protester contre la transformation de leur salle de prière en bibliothèque par la municipalité (novembre 2017). Celle qui n’hésite pas non-plus à déclarer qu’elle serait favorable à une loi visant à doubler les peines de prisons pour des faits commis dans certains quartiers populaires, au mépris de toute constitutionnalité (octobre 2018). Nous vous laissons apprécier le lien que de telles actions et discours peuvent avoir avec l’histoire coloniale française et sa continuation sous d’autres formes.

    La décision qu’a prise la Wilaya d’Alger de “revitaliser” la Casbah, est la sienne, et nous laissons le soin à nos ami·e·s en Algérie de combattre celle-ci si ils le pensent nécessaire; là n’est pas notre rôle. Nous, architectes, historien·ne·s, electricien·ne·s, agent·e·s d’entretien, universitaires, artistes, et autres militant·e·s internationaux.ales, pour qui la Casbah continue de représenter l’un des symboles les plus forts d’une architecture révolutionnaire, nous faisons appel à votre conscience politique afin que vous renonciez à ce projet. N’acceptez pas d’être complice d’une quatrième vague de transformation brutale française de la Casbah. Tout architecte se doit d'être complètement responsable des conditions et conséquences politiques des projets qu’il accepte; toute position qui ferait de lui ou d’elle un.e simple exécutant·e constituerait une insulte à sa fonction et à sa capacité d’agir. Parfois, cette capacité d’agir politiquement se situe au sein de la conception du projet elle-même; à d’autres moments, elle se trouve plutôt dans le refus ou la renonciation à ce même projet. C’est le cas ici et vous avez ce pouvoir.

    Nous vous demandons donc: désistez-vous et recommandez à la Wilaya d’Alger certain·e·s de vos confrères·soeurs algérois·es qui sauront problématiser ce projet de manière à préserver la Casbah et ce que celle-ci signifie, plutôt que de la contrôler, la modifier et la gentrifier.
    Nous vous remercions de nous avoir lu·e·s et espérons que vous nous avez également entendu·e·s. 

    SOURCE : https://www.humanite.fr/casbah-dalger-lettre-ouverte-jean-nouvel-665443 

     

    Contribution du Dr Arab Kennouche

    «  La Casbah d’Alger rendue à la France »

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

    Le wali d'Alger avec Valérie Pécresse et Jean Nouvel. D. R.

    Par Dr Arab Kennouche – On se souviendra encore longtemps, même après la mort de l’actuel wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, de sa décision historique de rendre l’âme de La Casbah à ceux-là mêmes qui l’ont souillée et maintes fois violée à travers l’histoire. Au-delà du talent international de Jean Nouvel lui-même, associer des travaux de réhabilitation du cœur de la nation algérienne à l’ancienne puissance colonisatrice ne relève pas uniquement de la stupidité de l’auteur de la décision, mais d’une démarche provocatrice de très mauvais goût.

    Complexe de colonisé ou bien simple démarche ahurissante entreprise sans grande réflexion, Zoukh vient de franchir le Rubicon de la bêtise en permettant aux anciens de l’Algérie française de se refaire un bain de jouvence en venant redonner un coup de peinture fraîche là où, auparavant, les canonnades de la grande armée et les pétarades de Massu et Bigeard se faisaient entendre pour effacer toute trace d’algérianité. On se demande à ce tarif-là où sont passés nos valeureux ministres de la Culture et des Moudjahidine qui, très certainement, ont accordé leur blanc-seing pour que Nouvel vienne apposer sa marque de concepteur gaulois sur l’édifice ancien d’art et de tradition islamique.

    Mais, faut-il encore repêcher le wali Zoukh et ses acolytes en les envoyant s’instruire sur les liens de l’histoire, de l’architecture et de la politique afin qu’ils ne nous transforment pas toutes les demeures mauresques et les mosquées d’Alger en monuments à la gloire de la France et, pourquoi pas, à la colonisation française en Algérie. Pourquoi alors ne pas donner une note «tour Eiffel» au sanctuaire des martyrs, ou bien encore redessiner tout Alger sur les plans de Marseille ? Il saute déjà aux yeux qu’Alger sous Zoukh est redevenue cette ville coloniale d’antan : tout y est blanchi à la chaux et remaquillé pour qu’émerge l’Alger des colons contre la vraie Alger qui fut avant tout une ville musulmane.

    Berbère, turque, arabe, c’est l’étendard de l’islam qui flotta longtemps sur Alger avant que les Français ne s’en emparent en tentant de la défigurer. Ce patrimoine musulman de la ville n’a jamais été mis en valeur et pourtant il regorge d’innombrables endroits, palais, mosquées, portes que l’on a drapés de l’étendard français, comme sous la férule de Zoukh. Blanchir Alger et faire plaisir aux Français, pour qu’ils s’y retrouvent, eux, dans leur ville.

    Geste de très mauvais goût que cette venue de Jean Nouvel, qui doit faire pouffer de rire toute la gente OAS et consorts qui, nostalgiques de l’Algérie française ou en mal de judéité-sioniste en terre algérienne, trouvent là un couloir idéal pour venir se réinstaller en défigurant les lieux autant que possible comme à l’époque de la colonisation. Il faut bien s’appeler Zoukh et se vanter d’avoir redonné à la ville toute sa splendeur d’antan, comprendre l’Alger des années 30 de Pépé le Moko, pour ne pas voir le grand boulevard néocolonial, haussmannien s’il en est, que le maire d’Alger est en train de tracer à la France, passée maître dans la mise en valeur de son «exception culturelle» à l’étranger.

    «Ye’l gomplexé wa !», se serait exclamé notre fameux inspecteur Tahar, devant autant de bassesse humaine, ne serait-ce que pour tourner en ridicule les fonctions de maire d’une ville qui pourtant a accueilli les plus grands révolutionnaires de cette planète. Ecrire l’histoire d’Alger entre Barberousse, Che Guevara, Ali La Pointe et y insérer un Jean Nouvel casbahique postmoderne relève d’un goût douteux et fera couler beaucoup d’encre encore dans les annales de cette ville frondeuse et à laquelle on a trop souvent accolé l’image d’une France fleurissante en Méditerranée.

    Ya’l meskin ! Pauvre de vous, cher Monsieur Zoukh, mais comment vous convaincre de votre indigence patriotique et de votre grande immoralité en pérennisant sciemment le vieux rêve néocolonial de la France, de se refaire une santé en Algérie, argument que vous ne pouvez repousser car celle-ci refuse de reconnaître ses crimes abominables ? D’ailleurs, vous qui occupez une fonction politique dans ce pays ne faites que corroborer cette thèse de l’impunité, bien plus, celle de la mission civilisatrice de la France clamée haut et fort depuis Alexis De Tocqueville et Jules Ferry, jusqu’à Sarkozy et Macron, et qui trouve le plus grand écho dans la future empreinte architecturale que laissera Jean Nouvel sur un symbole puissant de la résistance algérienne, grâce à votre décision honteuse.

    Ma teghfelch ! Ne baissez point la garde, ya messiou l’mir ! Fut-ce un moment de fatigue qui vous poussa vers l’ignominie ou bien vos conseillers se sont-ils attardés sur le pastis du colon ? N’avez-vous pas senti l’âme de ces murs sacrés à l’histoire pluriséculaire pour que vous la vendiez à un vulgaire architecte venu d’ailleurs et de nulle part, dont les ordinateurs sont sans commune mesure avec les mains et les cœurs qui ont façonné ces multiples ruelles, ces dédales de l’histoire à n’en plus finir, bien longtemps avant que ne vienne souffler le vent de la mort et de la trahison ? Ou bien voulez-vous transformer Alger en vulgaire Marrakech pour que l’oligarchie mondiale y vienne humer son petit souk et y déambuler à moindre frais ?

    A. K. 

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/12/27/contribution-du-dr-arab-kennouche-la-casbah-dalger-rendue-a-la-france/

     

    Même la fachosphère française s’en mêle et n’est pas contente…

    Casbah d’Alger : des personnalités de plusieurs pays contestent la désignation  de Jean Nouvel

     

    Manuel Gomez écrit dans Riposte laïque qui est un site web d'extrême droite créé en septembre 2007 et se présente comme appartenant au mouvement laïc. À l'origine de plusieurs controverses, le site consacre la plus grande partie de ses articles à une islamophobie ouvertement déclarée. Wikipédia . Manuel Gomez, lui aussi n’est pas content :

    Grâce à Pécresse, les Franciliens paieront pour la casbah d’Alger

    On peut se poser la question, nous qui connaissons la Casbah d’Alger, qui l’avons traversée des dizaines de fois, jusqu’en 1962, montant des rues Bab-el-oued et Bab-Azoun, par la place de Chartres, les rues de la Lyre, Marengo et Randon, jusqu’aux boulevards de Verdun et de la Victoire, cette Casbah d’Alger, qui n’a jamais été un lieu ni très fréquentable, ni très touristique, n’en déplaise à ceux qui ne l’ont jamais traversée, ni aux cinéastes et à certains écrivains et historiens qui l’ont imaginée, que peut bien espérer réaliser Jean Nouvel, à moins de tout détruire et de reconstruire du neuf. Mais dans quel style ?

    Réaliser une architecture du présent, comme il se plaît à le faire, ou conserver une architecture berbéro-mauresque ?

    Abdelkader Zough, préfet d’Alger, remercie Houria Bouhired (présidente de l’association « Sauvons la casbah d’Alger ») d’avoir offert un tableau à Jean Nouvel et une tenue algérienne à Valérie Pécresse (présidente de la région Île-de-France).

    « Nous avons une convention de coopération avec le conseil d’Île de France qui se charge de payer l’architecte et son équipe. La wilaya d’Alger ne donnera pas un sou à Jean Nouvel. Il se chargera des études et de la réflexion. Les Algériens ne doivent pas se tromper. C’est une chance pour nous d’être accompagnés par un architecte mondialement connu. Il va nous conseiller pendant deux ans, installer une équipe pour réfléchir et proposer une conception (il ne coûtera pas un sou aux Algériens, certes, mais nous coûtera une fortune à nous, Français, puisque c’est nous qui réglerons la note, et elle sera salée !).

    Il est difficile d’imaginer ce que pourrait faire Jean Nouvel de cette Casbah qui est, dit-on à Alger, le symbole puissant des luttes anti-coloniales !

    Totalement absurdes ces affirmations de notables et politiciens algériens qui « rappellent que les Français ont détruit trois fois la Casbah d’Alger, à partir de 1830 ».

    Quand ils tentent d’expliquer que « la partie basse de la ville (donc de la Casbah) a été effacée pour être remplacée par une place (la place du Gouvernement, devenue place des Martyrs) et qu’à cause de cette place, « la Casbah » n’a plus accès à la mer depuis ».

    Que, plus tard, les affreux colonialistes que nous sommes ont construit des « immeubles haussmanniens » (immeubles qui font la renommée de notre capitale, Paris) et, qu’à la fin des années 30, les autorités coloniales « ont fait la guerre aux taudis », détruisant le quartier de la Marine.

    Qu’au cours de « la bataille d’Alger », la destruction de la Casbah avait atteint son paroxysme quand, dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français avaient placé une bombe dans une maison, rue de Thèbes, qui avait détruit plusieurs maisons et tué 80 habitants (dans cette fameuse maison de la rue de Thèbes, le communiste Timsit entreposait les explosifs et fabriquait les bombes qui massacraient nos femmes et nos enfants).

    Enfin, que le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui avaient dynamité la maison où s’étaient réfugiés « les derniers survivants du FLN à Alger » : Yacef Saadi, Ali la Pointe, Petit Omar, Zohra Drif et Hassiba Ben Bouali (notons au passage cette citation « les derniers survivants du FLN » ! N’est-ce pas la preuve, si elle était nécessaire, que la bataille était gagnée par notre armée et que ce sont les « politicards français » qui ont trahi la France et son armée ?).

    Il se trouve que j’ai été justement élevé dans ce quartier de la Marine.

    J’y ai fait mes premières courses en pantalon court dans les rues, le long des quais de l’Amirauté. Je me suis reposé sur les marches de la plus vieille mosquée d’Alger, « Djamaâ El Kebir » (construite en 1097 et terminée en 1324), qui se situait rue de la Marine, rue qui descendait de la place du Gouvernement jusqu’à l’entrée du port. Preuves que la basse Casbah n’a jamais été détruite et qu’elle n’a jamais eu « les pieds dans la mer » car, entre elle et le port, se trouvait un vaste terrain vague où se réunissait la foule et où se vendaient les esclaves blancs et noirs (les gravures de l’époque en font foi).

    Quant aux « immeubles haussmanniens », comme ils disent, les notables et les élites algériens se sont empressés de les occuper et d’y loger avec leur famille dès notre départ, en 1962.

    Notons tout de même que le préfet d’Alger nous informe « avoir remis en lumière » de nombreux bâtiments emblématiques de la capitale de l’Algérie, tels la place des Martyrs (notre place du Gouvernement, dominée par la statue équestre du duc d’Orléans), le square Port Saïd (notre square Bresson, construit vers le milieu du 19e siècle, où les ânes (nos bourricots) ont été remplacés par une multitude d’échangeurs de devises au marché noir (toutes les devises, mais plus particulièrement l’euro, la plus prisée, échangées à plusieurs fois leur valeur officielle).

    Il voudrait que la Casbah devienne un véritable endroit touristique, à l’instar du Jardin d’essai, au quartier du Hamma, qui a enregistré cette année 1,8 million de visiteurs (en très grande majorité algériens).

    Jardin d’essai qui, rappelons-le, fut construit, après assèchement des marais, à dater de 1832 et a trouvé sa forme actuelle vers 1867, sous le nom de « Jardin d’acclimatation », considéré comme le plus beau parc zoologique d’Afrique du Nord.

    Partiellement détruit par les bombardements aériens allemands durant la dernière guerre et, surtout, par l’occupation des troupes alliées après le débarquement de 1942, il fut restauré et ouvert de nouveau au public en 1947.

    Mais également, ce qui peut paraître surprenant, Notre-Dame d’Afrique et, à grand renfort de publicité internationale, la béatification, à Oran, des moines de Tibhirine, martyrs de l’Algérie, afin de donner un autre visage plus accueillant de ce pays alors que la justice algérienne pourchasse et condamne tous ceux qui osent pratiquer une autre religion que celle imposée : la religion musulmane.

    Il a été requis 3 ans de prison, sans libération conditionnelle, contre Habiba Kouider, 37 ans, convertie au christianisme, jugée pour pratique illégale d’une religion non musulmane.

    Quatre Algériens protestants ont comparu ce 25 décembre pour avoir incité un musulman à changer de religion et à la pratiquer dans un lieu de culte non autorisé : 5 années de prison et une très importante amende ont été requises (un million de dinars, l’équivalent de 7 600 euros).

    Cependant, Abdelkader Zoukh se trouve devant l’obligation de constater que son Alger la belle, la blanche, se couche à 18 h.

    En effet, il admet ne pouvoir obliger les gens à sortir de chez eux le soir, dès la nuit tombée. Il ne peut obliger les commerçants, les restaurants, etc. à rester ouverts après 18 h.

    « Alger ne vit pas la nuit et notre rôle est d’améliorer l’éclairage public, la sécurité, la prise en charge des SDF et d’organiser davantage de patrouilles de police ». 

    Pour lui, il s’agit d’une question de mentalité.

    Non, M. le préfet d’Alger, il ne s’agit pas de mentalité mais de peur. Les gens ne sont pas en sécurité dès que la nuit tombe. Les rues sont sombres, mal éclairées, c’est vrai, mais même la lumière n’empêcherait pas les agressions, les vols. La police est impuissante et les commerçants subissent bien malgré eux l’obligation de baisser le rideau à 18 h.

    C’est le triste constat actuel. Elles sont bien loin les années bénies de la colonisation, n’est-ce pas ?

    Je veux bien que l’on déplore le choix de Jean Nouvel, bien qu’il soit rémunéré par notre bourse, mais, de grâce, que l’on ne déforme pas l’Histoire de l’Algérie, ni celle d’avant 1830 ni celle d’après !

    Nous espérons très sincèrement qu’Alger, que l’Algérie, réussissent totalement leur métamorphose afin qu’elles puissent conserver chez elles toutes « ses centaines de milliers de « chances » qui s’enfuient  et voguent vers nous !

    Manuel Gomez

    SOURCE : https://ripostelaique.com/grace-a-pecresse-les-franciliens-paieront-la-reconstruction-de-la-casbah-dalger.html 

     


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  • Immigration en France : quelles réalités, quelles idées reçues ?

    Nous sommes loin du grand remplacement

    comme le prétend la fachosphère !!!

    La France comptait, fin 2015 sur son sol, quelque 8 millions de personnes nées à l'étranger, soit 12,3% de sa population totale.

    D'où sont originaires ces étrangers ? L'OCDE ne divulgue que les chiffres de 2012 : pour un total de 7,5 millions d'étrangers vivant en France, l'Organisation recense 1,3 million d'Algériens, 924.000 Marocains, 633.000 Portugais, 387.000 Tunisiens, 327.000 Italiens et 283.000 Espagnols.
    SOURCE :  https://www.lesechos.fr/29/06/2017/lesechos.fr/030417560290_la-france--cinquieme-destination-des-migrants.htm#A5LjEX6x4PQwXsXQ.99
     

    L’immigration en France : « On est loin d’un phénomène massif » explique l’économiste Anthony Edo. Analyse de quelques idées reçues. 


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    "La nouvelle guerre d'Algérie 

     n'aura pas lieu" 

    7 janvier 1957 à Alger, 2015 à Paris. Jérôme Fourquet et Nicolas Lebourg questionnent ces deux dates, ce qui les rapprochent, ce qui les éloignent. 

    "La nouvelle guerre d'Algérie n'aura pas lieu"

    7 janvier 1957, Alger, les parachutistes, dirigés par le général Massu, lancent la traque des combattants algériens. Leur but : démanteler les filières du FLN et mettre fin aux attentats indépendantistes. 7 janvier 2015, Paris, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly sidèrent la France par une série d'attentats djihadistes. Est-ce la suite de la bataille d'Alger ? Est-ce la bataille de Paris ? La question mérite d'être posée car un certain nombre de personnes ont vite fait de réactiver la mémoire de la guerre d'Algérie à l'occasion de ces dramatiques et sanglants attentats de 2015. Journalistes, hommes politiques de droite ou d'extrême droite se sont en effet empressés d'y voir une continuation de la guerre d'Algérie par les mêmes moyens. Le journaliste Éric Zemmour considère ainsi que « les assassinats de Charlie et de l'Hyper Cacher de Vincennes, les massacres du Bataclan sonnent le retour des méthodes terroristes qui ont ensanglanté la bataille d'Alger ». 

    Or comparaison n'est pas raison, et peut même être déraison. Voilà pourquoi Jérome Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d'Entreprise de l'Ifop, et Nicolas Lebourg, historien et spécialiste de l'extrême droite, sans mépriser les représentations, recontextualisent les faits, au-delà des positions, voire des postures revanchardes. Ils mettent en parallèle ces mêmes faits en faisceaux qui, pris indépendamment, ne disent rien mais, regroupés, interrogent dans un premier temps : la réactivation actuelle de la loi de 1955, votée pendant les « événements d'Algérie », pour instaurer l'état d'urgence ; la guerre « contre le terrorisme », mode opératoire polymorphe plus qu'ennemi défini, qui abolit de fait la distinction entre la guerre et la paix ; mais aussi lutte asymétrique qui place « la société dans un état suspensif. D'où, peut-être, en nos imaginaires, ce détour algérien pour fournir une grille de lecture de cette situation particulière », notent les auteurs. Les émeutes des banlieues, jacqueries sociales et urbaines, présentées par certains comme des émeutes ethniques. 

    Mais si les deux auteurs mettent en perspective ce passé colonial mal éteint avec une actualité et un présent ardents, c'est pour mieux poser la question brûlante du vivre-ensemble. Ils remarquent ainsi que « l'amalgame entre guerre d'Algérie et immigration a accompagné la croissance du Front national dans les années 1980 ». Sans évacuer les tensions qui traversent la société française, ils notent que « malgré un réel potentiel de violence, la société française semble donc pour l'heure plus résiliente après chaque attaque terroriste ». Le vivre-ensemble demeure donc, pour eux, plus que jamais de volonté : « Le djihadisme ne peut que se réjouir quand nous pensons mal notre situation et que cela nous entraîne vers la division. » 

     

    "La nouvelle guerre d'Algérie n'aura pas lieu"

    © Fondapol et Cepel 

    Le Point Afrique : pourquoi est-ce l'imaginaire de la guerre d'Algérie et non un autre lié à une autre guerre qui est réactivé avec ces attentats ? 

    Nicolas Lebourg : Le patient remplacement de Vichy par la guerre d'Algérie comme matrice des représentations sociales, mètre-étalon des concurrences mémorielles, est un travail entamé depuis plusieurs années. Un camp comme celui de Rivesaltes qui a interné des juifs durant la Seconde Guerre mondiale et rassemblé des harkis après 1962 a ainsi vu ces dernières années des hommes politiques comme Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen venir y rendre hommage aux harkis, en « zappant » la concentration antisémite : c'eût été un scandale il y a trente ans. 

    Jérôme Fourquet : Par ailleurs, un certain nombre d'éléments ou de caractéristiques de la situation actuelle permettent d'établir des parallèles avec cette période : l'instauration de l'état d'urgence, la présence sur notre territoire de réseaux et cellules terroristes, le fait que ces réseaux recrutent d'abord dans la population arabo-musulmane et dans certains quartiers, les débats sur les méthodes adéquates pour répondre à cette menace (internement préventif, recours à l'armée pour quadriller ces dits quartiers, etc.). Tout cela rentre en résonnance avec cette période douloureuse et est utilisé par certains. 

    Cette "revanche de la guerre d'Algérie" dont certains parlent, pour qui est-elle ? De quel côté la plaie mémorielle suppure-t-elle encore ? 

    Nicolas Lebourg : Selon Éric Zemmour et d''autres, le djihadisme serait la poursuite de cette guerre. Il affirme même que si Mohamed Merah a tué le 19 mars, c'était en vengeance des accords du 19 mars 1962, or le terroriste n'a jamais évoqué cette question lors de ces échanges avec les forces de l'ordre. En revanche quand le frère de Mohamed Merah désavoue l'islamisme de sa famille, celle-ci le traite de « harki ». On voit bien que l'usage polémique de cette mémoire se fait chez tous ceux qui refusent la société multiculturelle, que ce soit au nom de l'islam ou contre l'islam. 

    Le fait qu'on réactive cette mémoire n'indique-t-il pas qu'on ne comprend pas le phénomène sui generis djihadiste ? 

    Nicolas Lebourg : L'analogie historique sert souvent à éviter l'analyse sociale, les autres déterminants. Penser Daech avec le FLN, c'est éviter la compréhension du monde présent, avec un terrorisme transnational frappant un monde globalisé. 

    Jérôme Fourquet : Reprendre cette grille de lecture, c'est aussi essayer de retrouver quelque chose de connu, car c'est toujours déstabilisant d'être confronté à un phénomène sans précédent. Ce faisant, on réimporte une grille de lecture qui ne permet pas de prendre en compte la spécificité du problème actuel. 

    Peut-on parler d'un choc des narrations plutôt que des mémoires, tentant d'imposer son récit des événements ? 

    Nicolas Lebourg : Oui, c'est une judicieuse remarque, car les mémoires viennent combler l'évidement de l'histoire : à défaut d'un récit commun on façonne des récits qui sont des niches identitaires assurant l'unité du groupe contre les autres. La question n'est pas de refaire un « roman national » mais, face à la fragmentation de mémoires communautarisées, de rebâtir un récit structuré, englobant, qui intégrerait aussi l'histoire des migrations. 

    La société française vous semble-t-elle suffisamment résiliente pour résister à ces tentations de guerre civile ? Qu'est-ce qui pourrait la faire basculer ? 

    Nicolas Lebourg : Comme on le montre, lors de la guerre d'Algérie, on a des groupes terroristes antagonistes en concurrence avec des racines dans la société et dans l'appareil d'État. Je ne fais jamais de prophétie, je ne sais pour demain, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas. 

    Jérôme Fourquet : Le but des terroristes est clairement de générer des actions de représailles aveugles contre la population issue de l'immigration qui pourraient ensuite déboucher sur des affrontements communautaires. Or, à date, cette « loi du Talion » n'a pas été pratiquée. On constate à l'inverse que les actes antimusulmans recensés au lendemain des attentats ont été moins nombreux après le 13 novembre qu'après Charlie et que ceux commis cet été après Nice et Saint-Étienne du Rouvray s'inscrivent encore davantage en baisse. Toutefois, attention, si la société française semble avoir fait preuve de maturité, on ne peut présager des réactions suite à une attaque qui franchirait un nouveau palier (par exemple contre une école), et cette retenue de la population s'accompagne d'une très forte demande de davantage de pouvoirs et de moyens pour les forces de sécurité pour lutter très fermement contre le terrorisme, même si certaines libertés individuelles peuvent en pâtir. 

    Cette réactivation pour certains penseurs français ne dit-elle pas plus d'eux, notamment une projection de rancunes personnelles tenaces, que de la France elle-même ? 

    Nicolas Lebourg : Je travaille sur la façon dont les périphéries de droite travaillent le mainstream. Il y a une quinzaine d'années, j'avais commis des études sur le développement de ce que je nommais l'« identitarisme » de groupuscules contre l'islam. On m'avait dit que ces histoires-là, « identité » contre islam, ne concernaient que quelques extrémistes cinglés et que ça ne servait à rien. En 2007, on me disait que Sarkozy avait tué le FN et que j'étais bloqué de dire que son avenir était devant nous. Je me trompe parfois, mais je crois que l'expérience démontre que prêter attention aux signes de basse intensité est une bonne méthodologie. 

    Tout cela ne repose-t-il pas la question de la société française ? De l'acceptation de la « francité » des descendants d'immigrés algériens ? Donc moins à voir avec "le passé qui ne passe pas" qu'avec le présent et le futur ? 

    Nicolas Lebourg : C'est l'enjeu. Nous tenons des débats sans fin sur la société multiculturelle, et en fait souvent la question, c'est son caractère multiethnique. L'enjeu n'est pourtant plus là. Les candidats à la primaire de gauche en premier devraient avoir le courage de le dire : la France est un pays multiethnique et multiconfessionnel qui n'est pas multicommunautariste. 

    Jérôme Fourquet : Oui, effectivement, cette question est centrale. De ce point de vue, les attentats de janvier de 2015 ont apporté la preuve de la crise de notre modèle d'intégration puisque des jeunes ayant grandi et ayant été éduqués en France étaient capables de telles choses. Cela a renforcé les inquiétudes sur la double allégeance supposée d'une partie de la population issue de l'immigration et sur le fait de savoir si l'islam était compatible avec nos valeurs et notre modèle républicain. On retrouve quelque part la même problématique à propos des migrants puisque la propension à accueillir des chrétiens d'Orient est nettement plus grande que concernant des réfugiés musulmans, perçus comme moins « intégrables ». 

    La perte de l'Algérie a sonné le glas de la France comme grande puissance pour devenir une puissance moyenne. N'est-ce pas la même angoisse de « déclassement » qui saisit la France actuelle au final avec cette réactivation mémorielle ? 

    Nicolas Lebourg : La crainte d'un déclassement personnel qui serait en symbiose avec un déclin de la France, c'est effectivement le cœur nucléaire de l'adhésion au FN. Et l'idée, c'est que ce double déclassement est dû à une orientalisation démographique, culturelle, sociale, économique. Les thèmes sont donc tout-à-fait liés : la vision du monde qui a l'hégémonie culturelle bénéficie au FN.​ 

    Source : http://afrique.lepoint.fr/actualites/la-nouvelle-guerre-d-algerie-n-aura-pas-lieu-12-01-2017-2096689_2365.php 

     


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  • Le JSL communique :

    Culture Chalon : le débat Zemmour/ Onfray n'aura pas lieu

    Après la venue de Nadine Morano, la Blanche Neige islamophobe à Chalon-sur-Saône, nous allons avoir droit à la déambulation d’Eric Zemmour le plus grand menteur de la fachosphère

    Le philosophe Michel Onfray et l'essayiste Eric Zemmour devaient débattre ce 25 janvier au parc des Expositions sous la houlette du journaliste et écrivain Frank Olivier Giesberg. La rencontre est annulée faute de réservations suffisantes.

    "Est ce la fin de notre civilisation ?" Apparemment, les Chalonnais s'en fichent.
    Le débat qui devait réunir le philosophe Michel Onfray et l'essayiste Eric Zemmour sous l’arbitrage du journaliste et écrivain Frank Olivier Giesbert n'a pas trouvé son public. Sur les 2000 places disponibles au parc des expositions, à peine 500 ont trouvé preneur. Il a été question un temps de rapatrier le spectacle à la salle Marcel Sembat (1000 places) mais A Chalon évènements vient de décider de l'annulation, à 7 jours de la conférence. "L''équilibre financier n'était pas atteint," explique Florence Capelli, la directrice.
    L'an dernier à la même époque, la conférence intitulée "Trois amis en quête de sagesse"  (avec le psychiatre Christophe André, le philosophe et écrivain Alexandre Jollien et le moine thibétain et Dr en génétique, Matthieu Riccard) avait fait un carton au parc des expositions. 500 personnes n'avaient pas réussi à avoir un ticket.

    Depuis trois ans, A Chalon évènement organise trois conférences par an au parc des expositions.
    C'est la deuxième fois que l'Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) annule une rencontre.
    La première annulation avait été le débat prévu entre Gilles Platret maire LR de Chalon et l' islamologue Tariq Ramadan initialement prévu le 10 avril 2017, juste avant les élections.

    NOTE. Les remboursements des billets se feront dès lundi 22 janvier auprès des points de vente.

    Marion Giouse

    http://c.lejsl.com/edition-de-chalon/2018/01/18/le-debat-zemmour-onfray-n-aura-pas-lieu-a-chalon-le-25-janvier#commenter

    TANT MIEUX ET BRAVO !!!

     

    Voici le commentaire que j’essaye

    de faire passer sur le JSL : 

    TANT MIEUX ET BRAVO !!! 

    Après la venue de Nadine Morano, la Blanche Neige islamophobe mercredi dernier à Chalon-sur-Saône, nous allions avoir droit à la déambulation d’Eric Zemmour le plus grand menteur de la fachosphère. Il rencontre encore plus de désintérêt  que Morano. 

     

    Et rappelez-vous de mon article

    TANT MIEUX ET BRAVO !!!

     

     

    Après la venue de Nadine Morano, la Blanche Neige islamophobe mercredi dernier à Chalon-sur-Saône, nous allons avoir droit à la déambulation d’Eric Zemmour le plus grand menteur de la fachosphère, espérons qu’il rencontrera autant de désintérêt  que Morano puisque dans la plus petite salle de Chalon-sur-Saône elle n’a réussi à faire venir qu’environ 230 personnes composées de militants « Les Républicains »  du Chalonnais, de Côte-d'Or, du Jura et de la Nièvre. 230 personnes pour 4 départements… quel exploit minable…

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    Photo Benoit MONTAGGIONI (JSL)

    Le maire de Chalon-sur-Saône  Gilles Platret (LR) aussi islamophobe que le maire de Beaucaire, Julien Sanchez (FN), puisque tous deux ont supprimé les repas de substitution des cantines scolaires, ceci pour stigmatiser les Français  musulmans et en aucun cas pour défendre la Laïcité (RISIBLE), enfin pour Platret, le tribunal administratif de Dijon avait censuré cette décision fin août 2017. Donc Platret était présent pour recevoir le Blanche Neige islamophobe, « qui se ressemble s’assemble »

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    (Photo JSL)

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    Et maintenant voici ERIC ZEMMOUR GIFLÉ 

    PAR BENJAMIN STORA 

     

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ

     PAR BENJAMIN STORA

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    ERIC ZEMMOUR GIFLÉ  PAR BENJAMIN STORA

    Benjamin Stora pour avoir rétabli la vérité

    dans la vidéo à la fin

    Ainsi que le témoignage suivant :

     

    5 Juillet 1962, après 132 ans de colonisation française, 90% du peuple algérien était analphabète, un peuple réduit à la clochardisation, une seule université à Alger à l’usage presque exclusif des Français de souche Européenne, très peu d’écoles, de collèges et de lycées, la grande majorité du peuple algérien en était réduit à vivre dans des gourbis et à tenter de cultiver les terres les plus pauvres et encore je ne vous dis pas tout mais petit rectificatif pour Zemmour : en 1830 il y avait bien plus de 2 millions d’habitants, la preuve ? la voici : à travers le rapport qu’a fait le criminel de guerre Bugeaud à sa hiérarchie en 1842, soit 12 ans seulement après le début de l’invasion de l’Algérie " Je peux vous affirmer que depuis le début de notre arrivée en Algérie notre armée a tué plus de 3 millions d’Arabes " ! Alors Zemmour ? Qui dit vrai, vous ou bien celui qui était à la manoeuvre le criminel de guerre Bugeaud ? L’Algérie est indépendante depuis 55 ans et les Algériens sont loin de regretter la présence de la France et de ses pieds-noirs qui ont parasité leur pays durant 132 trop longues années !

     

     

     


    2 commentaires
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    Le délire continue *** Un article de Jacques CROS

    On m’a souvent fait cette réflexion « Tu n’aimes pas le maire de Béziers Robert Ménard » alors ma réponse a toujours été la même « Non seulement je ne l’aime pas mais je le haïs et, contrairement à d’autres il aura ma haine »… Sur mon blog c’est au moins une vingtaine d’articles qui concernent ce provocateur fascisant et après l’article de Jacques Cros je vous rappellerai ce que je haïs le plus…

     

    Le délire continue

    Un article de Jacques CROS

     

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6572375-le-delire-continue 

    Les frais de communication – on devrait d’ailleurs lui préférer le terme de propagande – et de procédure judiciaire, à charge des contribuables, sont à Béziers faramineux. Par ailleurs le maire de la ville n’hésite pas à fouler au pied des valeurs qui sont celles des progressistes dans ses opérations publicitaires. 

    Ainsi la question de l’égalité des sexes a été récemment et à deux occasions bafouée sur des affiches municipales ou sur le journal de Béziers. La première fois pour dénoncer l’étranglement des communes par la diminution des subventions de l’Etat. Oui, nous sommes d’accord pour que soit exprimé notre désaccord sur cette diminution. Non, nous n’approuvons pas l’utilisation d’une femme martyrisée par son compagnon comme illustration. 

    La deuxième fois on est dans le même registre. Pour demander que la Ligne à Grande Vitesse desserve Béziers on a mis sur l’image une femme ligotée sur la voie ferrée avec en arrière-plan une locomotive à vapeur qui arrive sur la future victime. Un texte court accompagne le dessin « Avec le TGV elle aurait moins souffert ». 

    Oui, nous sommes en plein délire, rien n’arrête l’imagination des concepteurs des illustrations au service de Ménard. En tout cas pas le respect de la dignité humaine et surtout pas celle des femmes. Elle est mise à contribution pour promouvoir une campagne qui n’a pas pour objectif de résoudre les problèmes mais de les utiliser afin sans doute de répondre à une ambition politique. 

    Dans l’affaire on n’oublie pas de mettre en avant les idées les plus rétrogrades qui soient, en l’occurrence dans les cas cités le refus d’accorder aux femmes la place qui leur revient dans notre société. 

    Reconnaissons à Ménard une certaine cohérence, celle d’une idéologie qui n’a rien à voir avec la démocratie et l’émancipation du peuple ! 

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    Les commentaires des internautes

    Michel Dandelot le 12/12/2017
    QUE CEUX QUI LE POURRONT AILLENT CRACHER SUR LA TOMBE DE CE FASCISTE !
    Ignoble", "atroce", "nausée". Voici la teneur des réactions sur les réseaux sociaux après la diffusion d'une campagne de publicité à Béziers, par Ménard. Sur ces images polémiques, on peut voir une femme, ligotée à des rails, Son buste, ses mains et ses pieds sont attachées par une corde. Elle est en train d'hurler, à l'approche d'une locomotive. Le slogan écrit en lettres capitales et en noir, en haut de l'affiche, est glaçant : "Avec le TGV, elle aurait moins souffert !". Au bas de l'affiche, les phrases "mobilisons-nous !" et "#TGVOccitanieOui". Une autre affiche a aussi été publiée. On y voit une femme en train d'accoucher avec le message "TGV Occitanie, alors t'accouches ?". Ménard tu es une pourriture à jeter dans la poubelle de l'Histoire !!!

     

     

    Gavoury le 12/12/2017
    L’affiche sur laquelle s’appuie la campagne de Ménard en faveur du TGV fait polémique.
    Rien de bien surprenant dans cette nouvelle initiative qui s’inscrit dans la stratégie de communication de la Ville de Béziers.
    Inspirée à la fois d’un film de Claude Chabrol ("L’Enfer", 1994) et d’un fait réel survenu à Beauvilliers (Eure-et-Loir) le 12 juin dernier, la mise en situation de faiblesse d’une femme choque légitimement.
    À titre personnel, j’aurais trouvé moins critiquable et, de surcroît, plus signifiant de substituer à l’image de cette femme celle de Roger Degueldre, ce chef des commandos Delta de l’OAS révéré par Robert Ménard, exécuté le 6 juillet 1962 après sa condamnation à mort consécutive à sa participation, en 1961, à l’assassinat, notamment, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury.
    Jean-François Gavoury

     

    préférons cette affiche qui est mieux

    et les Biterrois souffriraient moins…

     

    Robert Ménard accusé de faire référence

     à un terrible meurtre avec son affiche

     pro-TGV

    En juin, une femme avait été attachée à des rails de chemin de fer avant d'être tuée au passage d'un train.

    AFP

    Robert Ménard accusé de faire référence à ce terrible meurtre avec son affiche pro-TGV

    BÉZIERS - "Ignoble", "odieuse". La nouvelle campagne d'affichage du maire de Béziers (Hérault) Robert Ménard, lancée ce lundi 11 décembre, fait parler d'elle. Pour réclamer l'arrivée du TGV dans sa ville, ce proche du Front national a mis en scène un squelette qui "attend toujours" le TGV, Lénine sur une chaise avec une référence au "Wagon plombé", ou encore un sage-femme qui porte une locomotive dans ses bras, entre les jambes écartées d'une femme, accompagné de la légende: "Alors t'accouches?"

    Mais c'est une autre affiche qui a provoqué la colère de l'ancienne ministre du droit des femmes Laurence Rossignol, mais aussi de l'actuelle Secrétaire d'État à l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. On y voit une jeune femme, attachée sur les voies et un train qui progresse, se dirigeant droit sur victime, en arrière plan.

     

    D'après Laurence Rossignol, aujourd'hui sénatrice de l'Oise, le visuel fait référence à un fait divers glaçant datant de juin. Dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 juin, deux personnes sont percutées par un TGV Paris-Nantes à hauteur de Beauvilliers, dans l'Eure-et-Loir. Le train s'arrête 3 kilomètres après la collision et les pompiers interviennent.

    Ils découvrent les cadavres d'un homme et d'une femme: Guillaume, 37 ans, et son épouse Emilie, 34 ans. Si le corps de l'homme montre les signes d'une percussion, celui de la jeune femme, lui, est découpé en morceaux. Les pompiers comprennent donc que le train est passé sur son corps.

    "La jeune femme a été attachée au niveau des jambes avec du ruban adhésif, explique une source proche de l'enquête, citée par Le Parisien. Ses poignets portaient également des marques laissées par des entraves. C'est le geste terrible d'un homme qui a sombré dans une longue dépression", souligne la source.

    Une enquête est ouverte pour "homicide volontaire", d'après La République du centre, les enquêteurs soupçonnant l'homme d'avoir tué sa femme et de s'être suicidé.

    Un couple en instance de séparation 

    Le couple, marié depuis environ deux ans, était en instance de séparation, d'après Le Parisien. "Il semble que la jeune femme avait l'intention de le quitter, précise une autre source au journal. Son mari ne l'aurait pas supporté". Selon les enquêteurs, il souffrait d'une dépression depuis qu'il avait perdu son emploi il y a trois ans.

    Guillaume et Emilie étaient les parents de quatre enfants: trois nés de précédentes unions et un bébé de 15 mois. L'homme avait appelé les grands-parents des enfants en pleine nuit pour les leur confier, avant de se rendre en voiture à proximité des voies, avec sa compagne. Les policiers tentaient en juin de savoir comment il était parvenu à allonger sa femme sur les voies et si elle avait été droguée.

    Le délire continue *** Un article de Jacques CROS

    Quelques-uns seulement de mes textes… mais il y en a d’autres sur mon blog… mais il y en a trop, hélas… je vous en ai sélectionné cependant un parmi les principaux

    http://www.micheldandelot1.com/la-guerre-est-finie-m-menard-et-malheur-a-ceux-qui-veulent-en-declarer-a113919816

    http://www.micheldandelot1.com/menard-les-dessins-du-jour-officiels-beziers-le-19-mars-be-ziers-ne-fe-a115110928

    http://www.micheldandelot1.com/quand-des-fils-du-fln-humiliaient-menard-le-grand-courageux-menard-la--a117769042

    http://www.micheldandelot1.com/beziers-fete-1900-et-robert-menard-beziers-sous-le-discours-mauras-a118456646

    http://www.micheldandelot1.com/r-menard-ou-le-triomphe-de-l-absurde-un-article-de-mediapart-a114022666

    http://www.micheldandelot1.com/robert-menard-moi-francaise-et-algerienne-j-ai-honte-a119568616

    http://www.micheldandelot1.com/monsieur-robert-menard-vous-meprisez-la-france-a118695176

    http://www.micheldandelot1.com/beziers-menard-s-attaque-aux-musulmans-qui-protegent-une-messe-de-noel-a119657904 

     

     


    C'était le 14 mars 2015 à Béziers : une ménarderie. En 2017, le 19 mars, Ménard fera à nouveau mettre les drapeaux en berne... Il ne sera pas le seul maire à réagir ainsi... Et le pire est, peut-être à venir ? « Des manifestations sont attendues » pour la commémoration du 19 mars 1962 qui se tiendra à Paris, a indiqué le secrétaire d'Etat aux anciens combattants M. Todeschini. Si la droite ou l'extrême droite parviennent au Pouvoir après l'élection présidentielle... il faudra peut-être s'attendre au pire quant au maintien de la loi du 6 décembre 2012 ?...  


     Béziers : une ménarderie !!!

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT

      Le 14 mars 2015 restera une triste date à Béziers et pour l’histoire Franco-Algérienne : une ignominie  


    par Henri POUILLOT

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT

    Robert Ménard, Maire de Béziers élu avec le soutien du Front National, au milieu des anciens parachutistes arborant leurs bérets et insignes, commettait, en ce 14 mars 2015, une quadruple infamie :

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT

    Le petit homme à la mèche évocatrice qui prétend nous faire revenir 50 ans en arrière

    *** Le 15 mars 1962, l’OAS (Organisation Armée Secrète) assassinait 6 inspecteurs de l’Éducation Nationale chargés du suivi des centres sociaux en Algérie.

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT


    *** Débaptiser la rue du 19 mars 1962, date de l’application du cessez le feu mettant fin à la Guerre d’Algérie est une provocation inacceptable. Le prétexte ? Après le 19 mars, il y eu encore des combats, des morts. Certes, de nombreux innocents en furent les victimes. Mais l’OAS porte LA terrible responsabilité d’avoir voulu pratiquer la politique de la terre brûlée afin de tenter de remettre en cause ce cessez-le-feu. A Alger lors de la manifestation du 26 mars (une semaine après cette signature) des commandos de cette organisation terroriste, criminelle faisait feu sur les militaires provoquant ainsi une riposte inévitable sur les manifestants. A Oran, pour le 5 juillet l’OAS avait décidé, en multipliant depuis plusieurs jours de tenter d’empêcher que les Algériens puissent fêter leur indépendance, multipliant jusqu’au dernier moment les provocations. Il ne faut pas s’étonner en suite que, lorsque les unités du FLN rentrant dans la ville, ne répondent brutalement aux provocations, faisant ainsi des centaines de victimes.
    ***  Donner à cette rue le nom du "Commandant Hélie Denoix de Saint Marc, Héros national" est une autre infamie. Certes cet officier fut résistant, interné dans un camp nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, à la tête du 1er REP (Régiment Étranger de Parachutistes) il s’est distingué en pratiquant massivement la torture, comme l’ont fait les nazis, et ensuite il participa au putsch du 21 avril 1961 pour tenter de renverser la République. Certes il a été réhabilité, amnistié.. Mais le jugement que l’on peut porter sur une personne, c’est bien à partir de son action, en fonction de son évolution, de son comportement, de ses combats. Considérer que ce personnage est un "Héros Français" est donc une imposture notoire.
    ***  Déclarer : "L’Algérie, c’était notre paradis à nous" c’est d’une part faire une apologie indécente du colonialisme, d’autre part une insulte au peuple Algérien. Comment oser tenir de tels propos ?

    Vraiment, une telle démarche

     est une ignominie sans nom

    Heureusement que le Premier ministre, au dernier moment, a quand même contesté cette initiative. Il vaut mieux tard que jamais. Le Préfet de l’Hérault, le ministre des Anciens Combattants avaient été saisi depuis des semaines, le Gouvernement aurait pu agir au lieu de laisser faire.

    Béziers : une ménarderie !!! Par Henri POUILLOT

    Henri POUILLOT

    C'était le 14 mars 2015 : Béziers : une ménarderie !!! En 2016 Ménard fera à nouveau mettre les drapeaux en berne... et à nouveau l'Etat ne sévira pas...

    Face au maire fasciste de Béziers, de l’irresponsabilité au sursaut républicain
    Communiqué de l' ANPROMEVO

     

    Publié le : 12 avril, 2015

    Face au maire fasciste de Béziers, de l’irresponsabilité au sursaut républicain

    La puissance publique se définit comme un ensemble de moyens mis à la disposition de l’État pour assurer la sûreté de son territoire, la sécurité de ses citoyens ainsi que l'application des lois et règlements.

    Le 5 décembre dernier, en ouverture de la cérémonie officielle d’hommage aux Morts pour la France de la guerre d’Algérie, le maire de Béziers, Robert Ménard, avait, dans une allocution dont la violence sembla déconcerter le sous-préfet présent, annoncé qu’il débaptiserait la rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom du commandant Hélie Denoix de Saint Marc. Le 11 décembre, il faisait voter une délibération en ce sens par le conseil municipal. Le 14 mars suivant, hier, il dévoilait, à l’entrée de cette rue, une plaque comportant un libellé différent de celui adopté trois mois plus tôt :

    Le représentant de l’État dans le département a été averti de tous ces éléments : discours révisionniste, délibération légalement contestable, inauguration avec discours potentiellement attentatoire aux principes et valeurs de la République. Il l’a été en temps utile : utile à la protection de la puissance publique face à une menace autrement plus sérieuse que celle d’un humoriste interdit de spectacle pour risques de grossièretés antisémites. Plus sérieuse parce qu’émanant d’un élu auquel la qualité de premier magistrat municipal ne saurait être reconnue sans faire, en l’occurrence, injure à notre justice. Plus grave, aussi, en raison du déclenchement entre-temps, sur l’ensemble du territoire, d’un plan Vigipirate à son niveau supérieur.

    Aucune mesure préventive n’a toutefois été mise en œuvre, et l’autorité de l’État s’en est trouvée affaiblie : déni de la loi du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d' Algérie ; laissez-faire au regard d’un projet d’éloge public d’un officier militaire - putschiste - ayant trahi la République au moment même où l’on attendait de lui l’obéissance à un Gouvernement légal et à une autorité légitime.

    Cette stratégie a permis, hier, à Robert Ménard de tenir - et diffuser dans le même temps sur le site Internet de la ville de Béziers - un discours (cf. infra, sa reproduction intégrale) allant largement au-delà de la réécriture de l’histoire, de l’apologie du terrorisme de l’OAS et de la propagande nationaliste. En effet, les limites de la xénophobie et du racisme ont été franchies, comme l’illustrent les extraits ci-après, au point de rendre le maire de Béziers passible a priori de sanctions administratives et, plus sûrement, de poursuites pénales au regard des textes qui encadrent la liberté d’expression :

    - «  […] alors qu’on obligeait un million de Français à quitter leur Algérie natale, on ouvrait la France - quasi simultanément - à des millions d’immigrés bien décidés pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir des Français à part entière. » ;

    - « Colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement. » ;

    - « Il y a 50 ans, je m’en souviens, vous vous en souvenez, nous tapions sur des casseroles en scandant « Algé rie française ». Il faudrait aujourd’hui, avec la même ardeur, avec la même détermination, dire non à cette France métissée qu’on nous promet, qu’on nous annonce, qu’on nous vante. ».

    La loi s’appliquera-t-elle enfin à l’encontre de ce maire que son programme politique, axé sur la propagande, s’appuyant sur la valorisation des armes et comportant même la justification de leur utilisation contre la République, apparente à un authentique fasciste ?

    On peut l’espérer en considération de l’esprit républicain retrouvé avec les interventions, au cours de la journée d’hier, du Gouvernement à ses plus hauts niveaux, venu in extremis conforter les opposants à la cérémonie appelée par Robert Ménard.

    Ainsi, réprouvant cette initiative, le Premier ministre a-t-il affirmé que "la nostalgie, et notamment la nostalgie de l' Algérie française, n' apportera rien de bon", le porte-parole du gouvernement déclarant quant à lui : « Avec Denoix de Saint Marc, Ménard et FN montrent leur visage : réécrire l' Histoire, mépriser la mémoire et s' en prendre à la République. Face à ceux qui cherchent à raviver les plaies du passé pour nous diviser, plus que jamais, le devoir de rassemblement s'impose. ». Dans un communiqué national intitulé "Le maire de Béziers, soutenu par le FN, porte atteinte à la République", le Parti socialiste avait, de son côté, dit presque dans le même temps s’associer aux initiatives se déroulant ce samedi à Béziers contre la décision de M. Ménard.

    Ces positionnements ont été obtenus grâce l’engagement et à la mobilisation, dans l’unité pour la République, d’associations nationales, régionales et locales, représentatives du monde combattant, des victimes de l’OAS, des rapatriés, des valeurs humaines et citoyennes ainsi que d’organisations syndicales et de formations politiques qui, dès l’origine, ont su voir dans l’infâme projet de Robert Ménard tant une menace au regard de l’ordre public qu’un risque de retour à la guerre, celle des mémoires, entre la France et elle-même.

    Ces déclarations ont été rendues possibles par le recueil de plus de trois mille signatures sur une pétition électronique en faveur de la sauvegarde de la rue du 19 mars 1962 à Béziers cf. : http://www.petitions24.net/signatures/sauvons_le_nom_de_la_rue_du_19_mars_1962_de_beziers/start/3640).

    La publication de ces communiqués gouvernementaux a été l’heureux point d’orgue d’un contre-rassemblement auquel le président de la FNACA de Paris, empêché à la dernière minute, a dû mandater l’un de ses membres. Face à moins d’un millier et demi de revanchards de l’Algérie française, d’anciens criminels de l’OAS et d’identitaires de la Ligue du Midi, ce sont quelque 600 participants, parmi lesquels des parlementaires, anciens ou en activité, qui ont exprimé de vive voix leur opposition résolue à la ligne de conduite fascisante tracée par Robert Ménard dans les rues de Béziers.

    Dans ce contexte de sursaut républicain à la tête de l’État et du parti de gouvernement majoritaire, l’on se prend à espérer, outre la mise en œuvre de procédures de sanction à l’encontre du maire de Béziers, la présence, le jeudi 19 mars, du Premier ministre devant le Mémorial national des Morts pour la France en AFN quai Branly à Paris et celle du Président de la République lors du ravivage de la Flamme du Souvenir sous l’Arc de Triomphe.

    Dans l’immédiat, tournons nos pensées vers les six victimes du massacre collectif perpétré, il y a tout juste cinquante-trois ans, à l’intérieur du siège des Centres sociaux éducatifs créés à Alger par la résistante et déportée Germaine Tillion. Sachons nous rappeler que ces six serviteurs de l’éducation et de la culture française ont été assassinés par un commando de déserteurs issus du même régiment qu’Hélie Denoix de Saint Marc, à la mémoire de qui le maire de Béziers a osé dédier une rue le présentant comme un héros français.

    Jean-François Gavoury Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) le 15 mars 2015

     


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    Assassinat du militant Henri Curiel en 1978

      La justice rouvre l'enquête

    Assassinat du militant Henri Curiel en 1978  :  La justice rouvre l'enquête

    Henri Curiel a été assassiné en 1978.@ GERARD FOUET / AFP

    La justice a rouvert une enquête sur l'assassinat du militant Henri Curiel en 1978 après la revendication d'un membre de l'Action française dans un livre posthume.

    Une juge d'instruction a été désignée pour enquêter de nouveau sur l'assassinat en 1978 à Paris du militant tiers-mondiste Henri Curiel, après les aveux posthumes d'un membre de l'Action française revendiquant ce crime jamais élucidé, a annoncé mardi l'avocat de la famille. Une information judiciaire a été ouverte le 27 décembre et une juge a été désignée début janvier, a précisé Me William Bourdon, confirmant une information de Mediapart.

    Revendication posthume. La famille d'Henri Curiel avait déposé plainte avec constitution de partie civile en 2015 après la parution d'un ouvrage dans lequel René Resciniti de Says, membre de l'Action française décédé en 2012, revendiquait l'assassinat du militant d'extrême gauche Pierre Goldman et celui d'Henri Curiel. Selon ce témoignage posthume, recueilli par le journaliste Christian Rol dans le livre Le roman vrai d'un fasciste français, René Resciniti de Says aurait agi sur ordre de Pierre Debizet, patron du SAC, le service d'ordre du parti gaulliste. "Quarante ans après cet assassinat, l'identification des auteurs et des donneurs d'ordre semble désormais possible", s'est félicité Me Bourdon, ajoutant : "Tous les indices nous poussent à croire que nous avons affaire à un crime d'Etat."

    Deux fois classée sans suite. Henri Curiel a été assassiné le 4 mai 1978 à la sortie de son domicile par deux hommes armés. Son meurtre a été revendiqué par un mystérieux groupe d'extrême-droite "Delta" mais les auteurs ne seront jamais identifiés. Après un non-lieu en 1992, l'enquête avait été rouverte dans les années 2000 sur la base de nouveaux témoignages avant d'être une nouvelle fois classée sans suite en 2009. Né en 1914 au Caire, Henri Curiel a soutenu le Front de libération nationale (FLN, indépendantiste) pendant la guerre d'Algérie en rejoignant le réseau fondé par Francis Jeanson, "Les porteurs de valise". Arrêté en 1960, puis libéré après la signature des accords d'Évian mettant fin à la guerre d'Algérie, il fut l'une des chevilles ouvrières des mouvements de libération des années 1960 et 1970 en Afrique, Asie et Amérique latine.

    Par Rédaction Europe1.fr avec AFP

    SOURCE : http://www.europe1.fr/societe/assassinat-du-militant-henri-curiel-en-1978-la-justice-rouvre-lenquete-3547814 

    Assassinat du militant Henri Curiel en 1978  :  La justice rouvre l'enquête

    Aussaresses a eu l'aval de Giscard d'Estaing 

    pour faire assassiner Henri Curiel 

     (Alain Gresh) 

    Aussaresses a eu l'aval de Giscard d'Estaing  pour faire assassiner Henri Curiel   (Alain Gresh)

    Paul Aussarresses, l’assassin de Larbi M’Hidi, est le commanditaire du meurtre d’Henri Curiel. L’accusation lancée par Philippe Aghion à Alger est partagée dans la famille. Alain Gresh, le fils d’Henri Curiel, souligne qu’Aussaresses ne peut avoir agi qu’avec l’aval du président Giscard d’Estaing. 

    De passage à Alger, le professeur Philipe Aghion a fait sensation en évoquant l’implication du colonel Paul Aussaresses, l’assassin de Larbi Ben M’Hidi, dans le meurtre du grand militant anticolonialiste Henri Curiel, le 4 mai 1978, à Paris. 

    Le Pr Philppe Aghion désigne Paul Aussaresses comme l'assassin

     de son oncle Henri Curiel  

    Une conviction largement partagée dans la famille Curiel, dont son fils, Alain Gresh met en cause également l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing. 

    En 1978, l’assassinat avait été revendiqué par un "groupe Delta" (qui fait clairement référence aux sinistres sicaires de l’OAS) mais tous les éléments d’une opération "omo" décidée au sein du pouvoir français ont été peu à peu réunis à travers les témoignages et des révélations.  

    Aussaresses a eu l'aval de Giscard d'Estaing  pour faire assassiner Henri Curiel   (Alain Gresh)

    Le militant anti colonialiste Henri Curiel a été assassiné à 63 ans, le 4 mai 1978. Crédits Photo : GERARD FOUET/AFP 

    En 2015, la publication du livre de Christian Rol, Le roman d'un fasciste français, consacré à au barbouze Rene Resciniti de Says (un ancien para membre du SAC – service d’action civique) confirme que la revendication au nom du Groupe Delta avait été "adressée à l'Agence France-Presse depuis la préfecture de police. Elle mentionnait un certain groupe "Delta". "Pour brouiller les pistes, bien sûr". 

    Autre lien avec l’Algérie, les experts de la police française ont établi que l’arme qui a servi à l’assassinat du porteur de valise -un pistolet de calibre 11,43- a été utilisée dans l’assassinat le 2 décembre 1977 Laïd Sabaï, gardien à l’Amicale des Algériens en Europe. C’est également un "commando Delta" qui avait accompli le forfait. 

    Interrogé par le HuffPost Algérie, le journaliste Alain Gresh, le fils d’Henri Curiel, se dit "persuadé que Aussaresses est impliqué dans l’assassinat". Il souligne également l’implication du pouvoir français dans ce meurtre. "Aussaresses n’aurait pu "agir à l’époque sans l’aval du président Valéry Giscard d’Estaing. C’est mon intime conviction", dit-il. 

    Alain Gresh rappelle à cet effet qu’Aussaresses avait-lui-même admis sa responsabilité dans l’entretien qu’il avait accordé à la journaliste française Emilie Raffoul pour son documentaire sur Curiel. 

    "L’entretien qu’Aussaresses avait donné à Emilie Raffoul pour son documentaire sur Curiel le confirme ; Il avait avoué devant caméra sa responsabilité avant de se dédire (il était avec son avocat Gilbert Collard, aujourd’hui député du Front National) et donc cet aveu n’a pu être diffusé sur les ondes". 

    La responsabilité directe des autorités françaises dans l’assassinat de Curiel est aussi l’intime conviction de Sylvie Braibant, la fille de Guy Braibant, cousin germain de Curiel. Elle l’a dit dans son blog sur le site du TV5 monde. 

    "Au sommet de l’Etat giscardien régnaient d’anciens militants de l’Algérie française qui n’avaient pas fait leur deuil de cette guerre-là", rappelle-t-elle. 

    "Le général Aussaresses regrettait lors de la sortie de ses mémoires en 2001 ne pas avoir fait tuer des porteurs de valise au temps de la guerre d'Algérie. Plus tard il admettra ne pas être étranger à l'assassinat de cet « Homme à part (titre du beau livre de Gilles Perrault) (ndlr Henri Curiel) qui empêchait tellement de torturer en paix les dirigeants sud-africains et sud-américains...." 

    La famille avait exigé en octobre 2015 la réouverture de l’enquête sur l’assassinat d’Henri Curiel. Une plainte avec constitution de partie civile avait été déposée alors auprès du doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris par l’avocat des proches d’Henri Curiel, Me William Bourdon. 

    LIRE AUSSI: 

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/2017/07/07/aussaresses-a-eu-laval-de-giscard-destaing-pour-faire-assassiner-henri-curiel-alain-gresh_n_17420770.html

      

     CURIEL: “UNE AFFAIRE D’ÉTAT” SELON MAMÈRE

    Il y a 9 ans nous avons vu cette vidéo

     

     

    Assassinat du militant Henri Curiel en 1978  :  La justice rouvre l'enquête

     

    QUI A TUÉ HENRI Curiel ?

    Canal+ vient de diffuser un excellent documentaire qui relance une affaire que tout le monde, ou presque, avait voulu oublier. Il y a 30 ans cette année, Henri Curiel, un révolutionnaire égyptien, réfugié et France était abattu dans son ascenseur par un mystérieux commando d'extrême droite.
    Le député Vert Noël Mamère, a saisi l'occasion de cette nouvelle enquête journalistique pour lancer le projet d'une Commission d'Enquête Parlementaire chargée de faire la lumière sur cette "affaire d'Etat" sans doute volontairement non élucidée.

    Lors de la conférence de presse qui s'est tenue mardi 30 septembre à l'Assemblée Nationale, étaient présents autour du député, la journaliste qui a dirigé l'enquête, Emilie Raffoul (qui a été ma patronne à Canal...) et le très informé Gilles Perrault. Cet écrivain et journaliste est l’auteur d’un livre de référence sur la vie et la mort d’Henri Curiel, paru six ans après son assassinat. Pour Perrault, nous sommes probablement en présence d'un "crime d'Etat", car à cette époque de guerre froide et de tension extrême entre la France et l'Algérie, sous la présidence de Valérie Giscard d'Estaing, les services secrets n'abattaient pas un homme sans un feu vert venu d'en haut. Reste à découvrir qui a tiré, on saura alors qui a pu donner l'ordre...

    Le chemin est encore long pour que le projet d'enquête parlementaire lancée par Mamère voit le jour.

    John Paul Lepers
    Images: Matthieu Martin
    Montage: Anthony Santoro

    Les extraits du documentaire sont diffusés avec l'aimable autorisation de Canal+/Spécial Investigation
     

     

     
     

     


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    France-Algérie : 55 ans d’une relation compliquée

    La visite de tous les présidents Français

     en Algérie depuis l’indépendance

     de ce pays en 1962

     

    Depuis l’indépendance mis à part la période du septennat de de Gaulle, où les mémoires encore vives ont fait que les relations étaient tout au plus correctes. Il y eut ensuite Valéry Giscard d‘Estaing qui n’a pas trop laissé de souvenir dans l’imaginaire des Algériens. Ce fut encore ensuite la période chaotique du président Mitterrand que les Algériens n’ont jamais apprécié au vue d’une part de son passé, n’a-t-il pas en effet refuser la grâce à des dizaines de patriotes envoyés à la guillotine, cette peine de mort qu’il déclare indigne de l’image   qu’il se fait de la dignité humaine au point de l’abolir. Du point de vue politique, ce fut la pire époque. N’est ce pas en effet l’Elysée qui avait deux fers au feu qui entretenait des relations avec le FIS en même temps qu’elle avait un double langage avec le pouvoir algérien.

     

     

    Tiens, tiens... Sur un point François Mitterrand parlait déjà de l'avenir comme Macron

    Rien à voir avec la présidence Chirac. D’une façon irrationnelle les Algériens sont en empathie avec le président Chirac, malgré ses positions sur le « bruit et l’odeur… » Les Algériens ont apprécié qu’il fit le déplacement lors des inondations catastrophiques de Bab el Oued Il faut bien admettre aussi que la position courageuse de Jacques Chirac dans le bras de force qui l’oppose à George Bush est appréciée par les Algériens peut-être autant, sinon plus que toutes les approches de rapprochement sur la base des intérêts bien compris des deux parties. Le président qui disait à juste titre qu’un Français sur sept avait des racines algériennes avait la volonté de construire une relation durable un traité à l’image du traité signé par la Régence et le roi Louis XIV et qui veut durer cent ans…

     

     

    Avec l’avènement de Sarkozy dont nous avons eu un échantillon sur l’affection qu’il porte à l’Afrique, ce fut véritablement le calvaire, il n’a cessé de détricoté le patient travail de Chirac et Bouteflika qui voulaient signer un traité d’amitié. Nous étions tellement emballés, que j’ai cru bon de graver dans le marbre en écrivant un ouvrage intitulé : De la traite au traité : une utopie à construire ». les hasards de l’édition ont fait que l’ouvrage est « sorti » sous la triste mandature de Sarkozy , changement de la deuxième partie du titre : « Histoire d’une utopie ». Bref avec Sarkozy c’est le coup d’éclat permanent.

    On se souvient de ses discours paternalistes de Dakar de Constantine et celui de Tunis où il plaint les Tunisiens de n’avoir pas la chance d’avoir des voisins pareils ! A tort Sarkozy campe un personnage qui avec toujours la mentalité coloniale il dicte la norme, sans un minimum d’éthique en politique. Souvenons-nous d’un de ses méfaits: On apprend, qu’il aurait été tenté d’utiliser les relents nostalgiques de certains Français. Les faits remontent à 2012,  Le candidat UMP était alors conseillé par Patrick Buisson, d’extrême droite. Ce dernier, lui aurait glissé l’idée de «dénoncer les accords d’Evian» Une idée à laquelle Nicolas Sarkozy l’homme au Karcher était très réceptif,  Enfin l’expédition honteuse de Libye avec la mise à mort en directe de Kadhafi nous a fait définitivement ranger Sarkozy comme un président exécrable sous le plan humain et qui a démonétisé l’image de la France.

     

    François Hollande en 2012

     

    Nous pensions naïvement qu’avec Hollande dont le seul ennemi était la finance, les relations allaient de nouveau repartir du bon pied après la parenthèse Sarkozy, il n’en fut rien , avançant au millimètre sur le dossier de la reconnaissance des crimes contre l’humanité, il est resté dans l’imaginaire algérien comme le va –t-en guerre en Syrie et le Schwarzkopf au Mali pour des résultats discutables tant il est vrai que les racines des conflits sont les conséquences d’une France-Afrique toujours actuelle avec les habits d’un néo-colonialisme winn winn. De plus c’est sous le quinquennat Hollande, que le premier ministre de passage à Alger a par son comportement non éthique s’étant permit d’être dans le vent de la modernité en twittant une photo du président Bouteflika diminué physiquement. Cela a fait mal ! Il faut bien reconnaître que l’Algérie a toujours eu des problèmes avec la gauche française.

     

    Le 6 décembre 2017

    Macron à Alger. Restitution de la mémoire à dose homéopathique

    Macron à Alger. Restitution de la mémoire à dose homéopathique

    Pour la sixième fois depuis l’indépendance, dans l’histoire des relations tumultueuses passionnées et passionnelles entre l’Algérie et la France, le peuple algérien accueille un président français pour une visite d’Etat, Il s’agit cette fois du président de la République française, Emmanuel Macron qui, il faut le témoigner, a fait bouger les lignes.

     

    Il n'était que candidat à la présidentielle...

    La colonisation est un crime contre l’Humanité (Macron)... Oui il l'a dit alors qu'il ne cède pas maintenant à tous les nostalgiques de la France coloniale


      Le candidat Macron et le parler vrai 

    Pour la première fois les Algériens découvrent un candidat qui ne fait pas dans la langue de bois: «Mal nommer les choses, écrivait Camus, c’est d’ajouter au malheur du monde.» La plaie algérienne est toujours aussi béante et les présidents qui se sont succédés par manque de vision du futur ou par calcul électoral n’ont jamais franchi le pas. Les Algériens ont un préjugé favorable envers Macron, jeune, ouvert sur le futur et qui sort des sentiers battus. On se souvient qu’en novembre 2016 le candidat Macron déclarait à l’hebdomadaire Le Point: «Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie.» Le 14 février, le candidat Macron dans une interview accordée à la chaîne Echourouk News à Alger, déclarait: «La colonisation fait partie de l’histoire française et c’est un crime contre l’humanité J’ai toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie. La barbarie fait partie d’un passé que nous devons regarder en face en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.»

    Cependant, on ne peut pas mettre sur la même balance 132 ans de dépersonnalisation, de crimes, de tentative de détricotage de l’identité sans qu’il en reste des traces. L’imaginaire des Algériens a subi un tsunami un matin de juillet 1830 avec des répliques toujours actuelles. S’il ne faut pas tomber dans «la culture de la culpabilisation» comment rendre justice?

    Le message du chef de l’Etat algérien à l’occasion de la fête nationale française du 14 Juillet, adressé à son homologue Emmanuel Macron a une un forte teneur politique, Il y est question du partenariat d’exception qui reste à construire entre les deux pays, de la pacification de la mémoire coloniale, de la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel et le chef de l’Etat algérien réitère à l’occasion sa «pleine disponibilité» et sa «volonté résolue» à oeuvrer, de concert, avec son alter ego français, pour «consolider davantage» la coopération bilatérale afin de la porter «à la hauteur du partenariat d’exception que les deux pays ont décidé d’édifier ensemble». «Le partenariat d’exception algéro-français reste à édifier.» 

    Bref inventaire de l’oeuvre positive de l’Algérie

     pour la France 

    S’il est inscrit dans le génome des nostalgériques que la colonisation avait fait oeuvre positive, nous voulons pour notre part et a contrario parler de l’oeuvre positive de l’Algérie, pour la France. Il est connu que les relations de la France avec l’Algérie, les Français nous connaissent et nous les connaissons, 132 ans cela laisse des traces Deux raisons essentielles, expliquent cela. Par atavisme ou par habitude nous «lions» notre destin à l’ancienne puissance coloniale qui continue toujours de nous traiter de façon paternaliste et non en partenaire qui peut apporter beaucoup de sérénité dans une région qui a un grand besoin de stabilité. La deuxième raison est que nous ne savons pas faire valoir des arguments objectifs. Le compagnonnage douloureux avec la France a fait que les Algériens ont été de toutes les guerres depuis celle du Levant, à celle du Mexique, de Sedan, du chemin des Dames, des Ardennes, de la Provence, des francs-tireurs partisans. Dans le même ordre, il nous faut aussi évoquer rapidement les «tirailleurs bétons» qui à l’instar des R.T.A (Régiments de Tirailleurs Algériens) qui ont participé à la libération de la France, ces derniers ont participé à la reconstruction de la France. Sans être exhaustif, il nous faut aussi parler des racines algériennes de 6 millions de Français et de ce que nous faisons pour la France dans le domaine de la culture car sans être dans la francophonie qui, pour les Algériens a des relents de paternalisme, nous faisons plus pour le rayonnement de la langue française que plusieurs pays réunis, sans rien demander en échange. Nous enseignons dans une langue à 11 millions d’Algériens chaque année. C’est au total plusieurs dizaines de millions qui maîtrisent la langue de Voltaire, qui consomment pour ainsi dire français sans compter les 200.000 visas annuels octroyés à des touristes potentiels.

    Est-ce que l’Algérie est seulement un marché

     ou un réservoir de diplômés à choisir ? 

     «Les Algériens, écrit Houari Achouri, connaissent d’Emmanuel Macron surtout sa position courageuse de dénonciation du colonialisme français qu’il a qualifié de crime contre l’humanité. Des horreurs ont bel et bien été commises durant cette période de l’histoire de France. Doit-on en conclure qu’avec Macron à l’Elysée, tout baignera dans l’huile pour les relations algéro-françaises? Il dit vouloir construire un «avenir apaisé» avec les partenaires du Sud et il classe l’Algérie parmi les «partenaires essentiels». «Il faut s’attendre, cependant à ce que Macron poursuive la démarche du gouvernement français concernant la question du Sahara occidental, c’est-à-dire dans le refus de reconnaître le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination en vue de l’indépendance de son pays. Les choses ont l’air d’être plus claires dans le chapitre économique des relations algéro-françaises; sous la présidence Macron les affaires économiques et commerciales ont eu une place importante dans sa visite. On sait que, sur le marché algérien, la France fait maintenant face à une concurrence très forte de la part de la Chine, mais aussi d’autres pays européens.» 

    S’il est vrai que c’est de bonne guerre qu’une politique d’immigration choisie ou sélective, qui n’accorde l’hospitalité qu’aux talents et compétences étrangers dont ils ont besoin. presque rien n’est fait en aval, pour les retenir, c’est à chaque fois une perte sèche pour notre pays, une saignée à blanc de son potentiel le plus dynamique, une sorte de «hold-up du siècle» de ses meilleurs enfants. En mai 2015, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Monsieur Bernard Emié, a révélé que 23 000 étudiants algériens poursuivaient leurs études en France, 8% du total des étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises. Des milliers de nos meilleurs diplômés sont aspirés chaque année sans aucune contrepartie. Nous consommons pour 9 milliards de dollars de produits français. Notre tourisme s’élèverait à plus de 1 milliard de dollars par an. Pratiquement rien en échange si ce n’est des projets cosmétiques, mais ni transfert de technologie ni reconnaissance d’être en face d’un partenaire.

    La visite-éclair du président Macron 

     Il faut le reconnaître elle a été dense, le parler vrai a dominé. Les jeunes Algériens qui ont discuté avec lui ont dit ce qu’ils pensaient. Et ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas vécu la colonisation qu’ils ne doivent pas en parler. Cependant, on peut comprendre monsieur Macron quand il dit que des Français ont aimé l’Algérie. Il eut fallu qu’il précise simplement lesquels? Les Français d’en bas qui ont vécu côte à côte avec les Algériens, certains de ces Français natifs d’Algérie, ont combattu pour la libération de l’Algérie du joug colonial ont les mêmes droits que les autres Algériens, d’ailleurs, la plateforme du FLN lors du congrès de la Soummam leur rend hommage. Quant aux autres, les Borgeaud, les Schiaffino, les Blachette n’ont aucune empathie pour les Algériens et encore moins pour la révolution. D’ailleurs, bien avant la fin de la guerre ils avaient replié l’essentiel de leurs activités en métropole. Ceux qui ont trinqué en dehors du calvaire des Algériens musulmans, ce sont les Européens natifs d’Algérie qui n’ont pas compris ce qui leur arrivait le coup de sirocco qui les a déracinés du fait d’une politique de la terre brûlée menée par l’OAS. S’il est vrai que l’Algérie actuelle garde par-devers elle le reliquat de l’oeuvre positive de la colonisation et qu’elles essaie de le bonifier, il eut été correct de dire que ces infrastructures n’ ont pas profité aux Algériens.

    Un scoop : la restitution des 37 crânes et des copies

     de la mémoire 

     S’agissant des apports positifs de cette visite, qui marque de notre point de vue un déverrouillage, voire un dégel dans la bonne direction, nous pouvons noter que 55 ans après l’indépendance, la France accepte de restituer les 37 crânes des patriotes entreposés au Musée de l’homme et pour l’histoire, les pétitions d’il y a deux ans par des cohortes d’universitaires n’ont fait que reprendre une publication de l’anthropologue Ali Farid Belkadi en 2011 qui en fait mention dans son ouvrage sur Boubaghla. Justement s’agissant de Boubaghla, lors de la rédaction de mon ouvrage L’éducation et la culture en Algérie des origines à nos jours paru en 1999 aux Editions Enag, j’en avais fait mention dans l’avant-propos. Il est heureux que la France accepte enfin de restituer les crânes des patriotes algériens, comme elle l’a fait en 2002 pour la Venus Hottentote à la demande de Nelson Mandela, en 2010 pour les 15 crânes Maoris et pour le rebelle calédonien Ataï en 2014, Il reste encore 17000 crânes au Musée de l’homme….
    On l’aura compris, la reconnaissance se fait au compte-gouttes. Souvenons-nous il a fallu plus de quarante ans pour que les évènements d’Algérie deviennent la guerre d’Algérie. De plus, il est à se demander pourquoi les archives originales ne sont pas restituées d’une façon franche. Les évènements sont prescrits depuis longtemps. Il faut tout de même savoir que l’original d’un document a une charge symbolique autrement plus importante qu’une copie quand bien même elle serait en couleur. De plus, nous ne saurons jamais quel est le contenu réel du fond des archives. On l’aura compris graduellement, les pouvoirs successifs au gré des circonstances lâchent du lest à dose homéopathique comme ce fut le cas du message de l’ambassadeur à Sétif. Est-ce moral que ce compagnonnage de 132 ans dont l’Algérie n’ a vu que pour le pire doit se terminer par un solde de tout compte? L’idéal si l’on veut écrire une histoire à deux mains, que les documents soient mis à plat et des historiens des deux rives en dehors de toute interférence tenteraient d’établir un récit de ce qui s’est passé depuis le tremblement de terre de juillet 1830 qui a vu l’Algérie basculer dans l’horreur. Naturellement, il y a des zones d’ombre de part et d’autre et sur lesquelles il faut mettre la lumière. C’est à cette seule condition qu’après la Vérité, la Réconciliation est envisageable

    Ce qui pourrait être fait dans l’égale dignité

     de chaque peuple 

    Au-delà des coopérations classiques que l’Algérie et la France vont développer, et de la mise en chantier du dossier archives, l’Algérie pourrait faire un nouveau chemin avec la France dans un véritable partenariat d’exception. Le grand investissement de la France serait là aussi d’une façon symbolique de contribuer à la mise en place d’une grande bibliothèque numérique, ce sera d’autant plus apprécié que ce sera aussi un symbole, voire une réparation de l’incendie de la bibliothèque de l’université d’Alger, où en une nuit 300.000 volumes, certains très rares partirent en fumée… Dans le même ordre sachant qu’en définitive tout revient à l’éducation; le meilleur capital, la meilleure richesse de l’Algérie consiste en la mise en place graduelle d’un système éducatif performant. Rien ne doit être refusé à la formation, à la recherche. Nous devons former et protéger l’élite en y mettant les moyens. Nous ferons émerger des lycées d’excellence, des Ecoles d’ingénieurs d’excellence, des Ecoles de médecine, de droit, de sciences économiques d’excellence. et faire en sorte que sans arrière-pensée il y aurait un véritable partenariat pour la mise en place d’un système de formation de l’élite avec les mêmes critères que les grandes écoles en France.

    Conclusion 

    Les peuples algérien et français ne peuvent pas se tourner le dos ad vitam aeternam. En tant qu’intellectuels et universitaires, pour avoir mesuré le déficit d’instruction du peuple algérien, la déstructuration de sa société, nous sommes nombreux à penser que le moment est peut-être venu de miser sur la connaissance pour renouer le fameux dialogue des cultures et des civilisations. Une université de tous les savoirs, notamment de ceux qui participeront au rapprochement des deux peuples, devrait être érigée et confortée. Les Algériens ne demandent pas tant qu’on leur fasse la quête ou qu’on compatisse à leur sort que d’être traités dignement.

    L’Algérie c’est bien plus qu’un grand pays par sa surface ( le premier d’Afrique), c’est aussi une culture, c’est une profondeur stratégique, c’est une histoire. Le passage de la France en Algérie, bien qu’il ait été tragique, n’a été en définitive qu’un épisode dans l’histoire plus de trois fois millénaire du pays. Le grand aguellid Massinissa battait monnaie il y a 22 siècles de cela, pendant que l’Europe émergeait difficilement des ténèbres vers les temps historiques.  Ce parler vrai du président Macron , est la première étape d’une vraie thérapie qui fera que, 55 ans après, l’Algérie et la France se regardent en face et décident d’unir leur vécu et leur pesanteur historique dans une région méditerranéenne qui a grand besoin de stabilité.

    Professeur Chems Eddine Chitour 

    Ecole Polytechnique Alger

    Photos et vidéo ajoutées et insérées dans cet article ne sont pas de l'auteur.

    La source originale de cet article est Mondialisation.ca

    Copyright © Chems Eddine Chitour, Mondialisation.ca, 2017

    SOURCE : https://www.mondialisation.ca/macron-a-alger-restitution-de-la-memoire-a-dose-homeopathique/5621475 

     

     

    Macron effectuera une nouvelle visite

    d’Etat de trois jours 

    en Algérie le 3 février 2018 




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  • Un monument pacifiste en hommage

     aux fusillés pour l'exemple sera érigé

     à Chauny, dans l'Aisne

    Un monument pacifiste en hommage   aux fusillés pour l'exemple sera érigé   à Chauny, dans l'Aisne

    A la fin de l’année 2018, la commune de Chauny érigera en son centre un monument rendant hommage à tous les fusillés pour l'exemple de la Première guerre mondiale. Un pas dans le combat pour leur réhabilitation, et surtout une main tendue pour son maire.

    C'est une première en France. Un monument rendant hommage aux 639 fusillés pour l'exemple pendant la Première guerre mondiale sera érigé à Chauny, dans l'Aisne, où 52 d'entre eux ont été tués. 

    Un monument à tous les fusillés


    Il aura fallu un siècle pour réhabiliter ces centaines de Poilus victimes d'une politique de terreur en réaction aux mutineries de 1917. L'association La Libre pensée a beaucoup milité pour la création de ce monument.

    "C'est un monument qui sera en pierre, d'environ quatre mètres de hauteur, qui représente les soldats au moment où ils sont fusillés" montre Nicolas Aurigny, sa présidente, le croquis préparatoire en main. "L'un est déjà tombé, l'autre semble protester contre sa destinée.

    Un geste politique ? Pour le maire de Chauny Marcel Laonde, il s'agit davantage d'une main tendue, qui évoque "des années de conflit où quand les gens allaient sur le front,  ils savaient que presque personne reviendrait. Donc à un moment, il peut y avoir quelques faiblesses".

    Le monument, qui se tiendra dans un parc au centre de Chauny, sera érigé fin 2018. Sur les 100.000 euros de coût du projet, près de la moitié de la somme a été récolté grâce aux dons.
     

    SOURCE : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/aisne/monument-pacifiste-hommage-aux-fusilles-exemple-sera-erige-chauny-aisne-1392217.html 

     

     


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  • La publication hebdomadaire « Journaux de guerre » se consacre cette année à la guerre d’Algérie. Cinquante-deux numéros relatant la période 1954/1962 vue par les quotidiens français et algériens, du Figaro à l’Echo d’Alger, du Monde à Alger républicain, en passant par L’Humanité, Résistance algérienne, L’Express, France Observateur, France-Soir, la Dépêche de Constantine, etc…. 

    Dans le premier numéro, sorti le 8 janvier, le début de la guerre à travers la reproduction intégrale des exemplaires du Figaro et d’Alger Républicain, datés du 2 novembre 1954. Dans l’édito de ce dernier quotidien est évoqué « le problème vital pour l’immense majorité des gens de ce pays, le problème de la suppression de l’état de fait colonial ».

    Chaque semaine un « document spécial » sera proposé en complément. Le « document de la semaine » de cette première publication est une notice de 1903 adressée à la population de métropole l’incitant à partir vers les trois départements qui constituaient alors l’Algérie française. Sous le titre « Colonie cherche colons » elle propose des concessions de terre gratuites, exonérées d’impôts, aux futurs migrants.

    En prime de cette première publication : le DVD du film de Gillo Pontecorvo,  La Bataille d’Alger.

    Diffusée en kiosques chaque jeudi, la revue compte parmi ses conseillers historiques et auteurs : Raphaëlle Branche, Daho Djerbal, Patrick Eveno, Catherine Brun, Tramor Quemeneur…

    pour obtenir

     tous les renseignements cliquez

    sur le lien ci-dessous : 

    Infos : http://lesjournauxdeguerre.fr/ 


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    à quand des aveux complets ?

    L’Etat fait encore un petit pas

     dans l’affaire Audin

    A quand des aveux complets ?  L’Etat fait encore un petit pas dans l’affaire Audin

    Maurice et son épouse Josette Audin

    A l’occasion, le 12 janvier, d’une réunion d’hommage au mathématicien Gérard Tronel, président de l’Association Maurice Audin récemment décédé, Cédric Villani est intervenu sur l’affaire Audin. Il a dit qu’après en avoir parlé avec le président de la République, Emmanuel Macron, il pouvait déclarer que : « Maurice Audin a été exécuté par l’Armée française ». C’est un petit pas de plus de la part de l’Etat français vers l’aveu de la vérité… accompagné de beaucoup d’hypocrisie et de lâcheté.

    Un bel hommage a été organisé, vendredi 12 janvier 2017, dans un auditorium du campus universitaire Jussieu à Paris, au mathématicien Gérard Tronel, qui a relancé en 2005 le Prix Audin de mathématiques et présidé jusqu’à son décès l’Association Maurice Audin. A cette occasion, le président de Sorbonne Université, Jean Chambaz, a réaffirmé la volonté de l’université française de voir reconnaître par l’Etat la vérité sur la mise à mort du jeune universitaire, âgé de 25 ans, enlevé le 11 juin 1957 par des militaires français, qui était sur le point de soutenir sa thèse de mathématiques. L’engagement de l’avocat de la famille Audin, Roland Rappaport, lui aussi mort récemment, à demander à l’Etat la reconnaissance de la vérité, a été rappelé par l’une de ses collaboratrices.

    Une table ronde a porté sur "Le prix Maurice Audin et l’affaire Audin". Présidée par Cédric Villani, Université Claude Bernard-Lyon et député de l’Essonne, elle a rassemblé Mohamed Amara, président de l’Université de Pau et des pays de l’Amour, Jean-Pierre Raoult, de l’Association Maurice Audin et du Mrap, et Emmanuel Treillat, Sorbonne Université et lauréat du Prix Maurice Audin 2010. Josette Audin était présente ainsi que Pierre et Michèle Audin, enfants du disparu. Pierre Audin, qui a longtemps travaillé au Palais de la Découverte, est lui-même intervenu sur "Gérard Tronel et la vulgarisation des mathématiques pour le grand public". On notait la présence dans la salle de l’historienne Marianne Debouzy, l’une des secrétaire du Comité Maurice Audin présidé, de 1957 à 1965, par Pierre Vidal-Naquet.

    A quand des aveux complets ?  L’Etat fait encore un petit pas dans l’affaire Audin

    Cela a été l’occasion pour Cédric Villani de dire qu’après s’en être entretenu avec le président de la République, Emmanuel Macron, il pouvait s’en faire le porte-parole pour déclarer que « Maurice Audin a été exécuté par l’Armée française ». Il n’a mentionné aucun témoignage ni document à l’appui de cette déclaration « autorisée », il a même affirmé qu’il n’existait pas de trace de cette « exécution par l’Armée française » dans les archives, soit qu’il n’en ait jamais existé, soit que des pièces d’archives aient disparues. Tout en ajoutant que c’était aux historiens de travailler pour en savoir davantage.

    Un tout petit pas de plus

    C’est un tout petit pas, car aucune déclaration présidentielle n’a été lue, aucun message, aucun communiqué n’a été rendu public par l’Elysée. Mais c’est quand même un petit pas de plus de la part de l’Etat français vers l’aveu de la vérité. Car les mots « Maurice Audin a été exécuté par l’Armée française » n’ont jamais été prononcés auparavant par un représentant, officiel ou officieux, de l’Etat. Et le mot "exécuté" a un sens précis, qui renvoie non seulement à une intention meurtrière délibérée, mais à une décision, qu’elle soit judiciaire ou extrajudiciaire ; dans ce cas, en l’absence de toute procédure judiciaire et de tout procès, il désigne clairement une décision d’assassinat extrajudiciaire. Et l’auteur de cet assassinat est désigné comme n’étant pas « un militaire français » ou « des militaires français », qui auraient pu désobéir, outrepasser des ordres ou agir, volontairement ou par maladresse, en l’absence d’un ordre reçu, mais comme étant bien "l’Armée française". Il s’agit donc d’un meurtre, et ce meurtre relève d’un ordre de la hiérarchie de l’Armée. Une armée dont le chef d’état-major en Algérie était alors le général Raoul Salan et le commandant dans la région d’Alger, le général Jacques Massu, chef de la 10e division parachutiste. Il est clair que, si un tel ordre d’exécution a été alors donné par l’Armée, c’est-à-dire les généraux Salan et Massu, il a été forcément partagé par le ministre résidant d’alors, Robert Lacoste, qui partageait totalement avec eux la conduite de la "bataille d’Alger".

    Rappelons que, le 17 juin 2014, en recevant à l’Elysée Josette et Pierre Audin et en rendant public le lendemain un message à l’occasion de la remise du Prix Maurice Audin de mathématiques (1), le Président de la République François Hollande avait contredit ses déclarations de l’année précédente selon laquelle les archives ne permettaient pas de savoir le sort de Maurice Audin. Il a déclaré dans son message que « les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé, il est mort durant sa détention ». Il avait donc mis fin en juin 2014, en parlant d’une « mort durant sa détention », à la version qui a été la thèse mensongère officielle de l’Etat pendant 57 ans, celle de l’évasion. Cela contredisait ses déclarations faites un an plus tôt, tout en ne disant rien des causes de la mort de Maurice Audin alors qu’il était détenu par les parachutistes. François Hollande disait dans son message de juin 2014 qu’il avait ordonné « que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. Audin en juin 1957. Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. Audin, que la justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser ». C’est ce que répète la présente déclaration de Cédric Villani, porte-parole officieux d’Emmanuel Macron, puisque, tout en indiquant qu’Audin a été assassiné sur un ordre de l’Armée, il reprend cette affirmation de François Hollande concernant l’absence d’archives.

    Ni document, ni témoignage à l’appui

    Pourtant, ces dernières années, des archives ont été découvertes, des témoignages importants ont été publiés. En mars 2012, une journaliste du Nouvel Observateur, Nathalie Funès, a révélé que le colonel Yves Godard a écrit dans des carnets déposés à l’Université de Stanford (Californie) qu’Audin a été tué, sur ordre, par le sous-lieutenant du 6e RPC Gérard Garcet — qui était au début de 1957 l’officier d’ordonnance du général Massu http://ldh-toulon.net/Maurice-Audin-serait-bien-mort-aux.html. Peu avant sa mort le 3 décembre 2013, le général Paul Aussaresses, commandant, à l’époque, au 1er RCP et chargé notamment par le général Massu des exécutions extrajudiciaires, a confié au journaliste Jean-Charles Deniau — qui l’a rapporté dans son livre La vérité sur la mort de Maurice Audin, paru en janvier 2014 aux éditions Equateurs — que l’ordre de tuer Audin était venu du général Massu et que le sous-lieutenant Gérard Garcet est bien celui qui l’avait mis en œuvre. Autre indice, le général Maurice Schmitt présent à Alger à partir du 4 septembre 1957 comme commandant du 3e RCP et proche de Massu, dans son livre Alger-été 1957. Une victoire sur le terrorisme, paru en 2002, nomme Maurice Audin, dans la phrase suivante : « Il est clair que Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’Hidi auraient dû être traduits devant un tribunal ». Or, comme on sait avec certitude qu’Ali Boumendjel et Larbi Ben M’Hidi ont été assassinés sommairement sur ordre, sa phrase reconnaît qu’Audin a été, lui aussi, l’objet d’une décision de mise à mort extrajudiciaire.

    Comme François Hollande, Emmanuel Macron laisse apparaître un petit bout de la vérité. Mais ni l’un ni l’autre ne veulent dire sur quels témoignages et documents ils fondent leurs affirmations. Ils préfèrent dire ou faire dire qu’il n’y aurait rien dans les archives. Que penserait-on d’une autorité judiciaire qui affirmerait l’existence d’un crime avec préméditation tout en ne rendant public aucun témoignage ni document à l’appui, en disant qu’il y en a de « nombreux et concordants » mais en n’en montrant aucun (François Hollande), ou qu’il n’y n’avait aucune archives (Emmanuel Macron, via Cédric Villani). Cette affirmation peu crédible concernant l’absence d’archives, il faut probablement la comprendre comme : « Il n’est pas encore temps de faire état des documents et témoignages qui fondent nos affirmations sur le fait que Maurice Audin « a été exécuté par l’Armée ». Attendons que tous les exécutants et responsables de cet assassinat soient morts. Gérard Garcet vient de mourir, mais tous les responsables ou complices — militaires ou politiques — de ce crime décidé par le commandement de l’armée française en Algérie et le ministre résidant, et endossé par l’Etat, donc de ce crime d’Etat, n’ont pas encore disparu. En attendant, Mesdames, Messieurs, comprenez que nous continuions à mentir… ».

    Notons aussi que Cédric Villani a mentionné à deux reprises, le 12 janvier, le nom de François Nadiras en rendant aussi hommage à son engagement dans le combat pour la vérité dans l’affaire Audin. Ceux qui poursuivent le site qu’il avait fondé n’hésiteront pas à continuer à dénoncer, comme il l’a fait, les hypocrisies, les contradictions et les lâchetés de nos gouvernants.

    Et ils n’oublieront jamais que Maurice Audin n’a été qu’un parmi des milliers d’Algériens colonisés restés inconnus. La reconnaissance officielle par l’État français de toute la vérité sur l’affaire Audin peut être une étape essentielle dans un combat plus important encore : celui pour la reconnaissance officielle des responsabilités de l’armée française dans des milliers d’autres disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires survenues pendant la guerre d’indépendance algérienne, victimes restées inconnues parce qu’il s’agissait d’« indigènes » et dont les familles, comme celle d’Audin, sont toujours aujourd’hui en attente d’informations sur le sort de leurs proches disparus et sur les responsables de ces disparitions.

    Gilles Manceron.

    (1)  Le lien vers ce message présidentiel sur le site de l’Elysée http://www.elysee.fr/declarations/article/message-du-president-de-la-republique-a-l-occasion-de-la-remise-du-prix-maurice-audin-pour-les-mathematiques/ne fonctionne plus. Le site de l’Elysée n’affiche plus ce qui est antérieur à l’élection d’Emmanuel Macron. Etrange conception de la continuité de l’Etat. 

     SOURCE : http://histoirecoloniale.net/L-Etat-fait-encore-un-petit-pas-dans-l-affaire-Audin.html 

    En 2014 sous la présidence

     de François Hollande une réponse

    du ministre de la Défense Le Drian 

     


      


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    VIVE LA GUERRE !

    Jacques-Robert SIMON

    Jacques-Robert SIMON : Chimiste, Chercheur au CNRS, Professeur à l'Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la ville de Paris (ESPCI). Devenu auto-entrepreneur afin d'éditer des textes scientifiques en Français et des commentaires politiques sans a priori militant. 

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    La guerre permet de vendre quantités d’armes, de resserrer les rangs du peuple autour d’un ennemi commun, d’augmenter sans risques d’explosion sociale les inégalités. Les guerres modernes présentent en plus l’avantage de pouvoir faire se battre entre elles les forces locales sans intervenir physiquement en première ligne. Alors, Vive la Guerre !

    VIVE LA GUERRE !  Jacques-Robert SIMON

    Il est fascinant de constater à quel point l’humanité peut accepter les pires abjections lorsque celui ou ceux qui agissent sont les plus forts et les plus fortunés. Le Proche et le Moyen-Orient est un foyer d’innombrables conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale et illustre à la perfection cette assertion.

    Tout débute par le démantèlement de l’Empire Ottoman, société multiculturelle. Des frontières sont tracées : la France et l'Angleterre reçoivent mandat de la Société des nations pour administrer des territoires : Syrie et Liban pour la France, Irak, Jordanie, Palestine pour l'Angleterre. L'Arabie Saoudite quant à elle reçoit la région de La Mecque. Dès le tout début du XXe siècle, les occidentaux lorgnent vers le pétrole qui se trouve dans la région. Les frontières ne respectant pas toujours la répartition des différents peuples, les Européens doivent réprimer diverses révoltes et quelques volontés d'émancipation. En 1948 est proclamé un état juif qui revient à expulser les palestiniens qui se trouvaient précédemment à cet endroit. Le mouvement sioniste voulait dès le XIXe siècle un état juif pour se défendre d’un antisémitisme de plus en plus violent, hésitant entre l’Ouganda et la Palestine. Quelques millions de juifs parmi des centaines de millions de musulmans ne pouvaient vivre que dans la paix, les juifs se diluant dans la multitude, ou dans une guerre constante. Les forces militaires arabes unies étant numériquement supérieures, il était impératif que les pays musulmans se divisent, ils vont l’être. Les États-Unis ont implanté dans la région des bases pour contrôler les routes d’acheminement du pétrole et s’allient avec l'Arabie Saoudite.

    Les Européens d’abord, les Etats-Unis ensuite, ont déterminé les frontières de nouveaux pays, guerroyé pour maintenir l’ordre, imposé la naissance d’un nouvel état, lié une fidèle alliance avec le plus rétrograde des pays dont le droit est basé sur la charia. Restait le pire : l’émergence du terrorisme.

    En 1979, l'URSS envahissait l'Afghanistan. Une « guerre sainte », est alors lancée contre l'Armée rouge qui a envahi une terre d'Islam. Parmi les « moudjahidin » qui vont combattre, des groupes pro-saoudiens sont lourdement financés. Mais il existe également parmi eux des Pakistanais, des Philippins, des Malaisiens et des jeunes venus des banlieues. Oussama ben Laden, aidé par un des innombrables princes saoudiens, a fait ses premières armes lors du conflit afghan et créé Al-Qaida. Les américains considèrent que l’affaiblissement de l’Union Soviétique est une priorité absolue, pour ce faire, ils vont s’allier avec le premier terroriste venu. Ils vont y réussir, l’URSS va subir une sorte de Vietnam sans qu'une goutte de sang américain soit versée.

    Une guerre par procuration d’un nouveau type était née : il y a suffisamment de forces antagonistes sur place pour ne pas avoir à intervenir militairement directement pour imposer ses vues. 

    La guerre civile syrienne débute en 2011 dans le contexte des Printemps arabes par des manifestations majoritairement pacifiques en faveur de la démocratie contre le régime du président Bachar el-Assad. Certains vont jusqu’à parler d’une révolution Facebook ou Twitter tant la contribution des réseaux sociaux a été importante dans son déclenchement. Réprimé brutalement par le régime, le mouvement de contestation se transforme peu à peu en une rébellion armée. Un groupe djihadiste apparaît en Syrie en 2013 et prend le nom d'État islamique lorsqu'il proclame l'instauration d’un califat, Daech pour ses adversaires. Après 6 ans de guerre, près de 500 000 morts dont 90 000 civils, sur une population de 22 millions d’habitants, seront à déplorer. Dans chaque camp en présence sont commis des crimes de guerre d’une ampleur effarante. Les véritables adversaires impliqués sont les Etats-Unis contre la Russie d’une part, Israël contre l’Iran d’autre part, mais aucune des quatre puissances n’apparaîtront sur le terrain militaire, elles se contenteront d’ appuis aériens massifs lors des combats et de l’envoi de toutes sortes d’armes.

    Les guerres d’antan servaient aussi à conquérir par la force de nouveaux territoires. Louis XI durant la guerre de cent ans permit, grâce à d’incessants combats et de judicieux mariages, de rattacher à la France la Bourgogne, l'Artois, la Picardie entre autres territoires. Les combats à l’époque font peu de morts car les batailles engagent rarement plus de 10 000 hommes. La noblesse est la principale intéressée à ces pertes car vivant du labeur des paysans, le maître se doit de manifester sa bravoure et sa loyauté envers ses féaux. Ainsi, 70 % de la chevalerie Française est tuée à Azincourt en 1415. Mais l’élite se dégagea peu à peu des combats guerriers pour laisser les places exposées aux gens du commun. 

    La cause immédiate de la Première Guerre mondiale fut l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche à Sarajevo par un nationaliste serbe. Un ensemble complexe de traités opposèrent alors la Russie, la France et la Grande-Bretagne à l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’empire Ottoman. En 1914 plus de 8 millions de soldats français furent engagés. En 1918, 1,35 million d’entre eux ne reviendront pas. À peu près aucun d’entre eux ne discernait clairement les causes de cette grande guerre et se contentèrent de suivre un élan patriotique venu d’ailleurs. La Seconde Guerre mondiale fut le conflit militaire le plus meurtrier de l'histoire, de 60 à 80 millions de personnes ont été tuées. Cette fois, le nombre de civils tués est environ le double de celui des militaires.

    L’élite décidait des guerres mais n’intervenait plus, ou peu, sur les champs de bataille. Restait l’étape ultime : faire se tuer les natifs des pays convoités entre eux sans y mêler le sang des occidentaux… en introduisant les troubles en leur sein. Comment ?

    « Depuis 2011, la France se mobilise pour trouver une solution au conflit syrien. » selon les instances gouvernementales. Pour mettre en place le désordre, des émeutes de tout type peuvent être suscitées au nom de la Liberté : une quelconque fraction de toute société est toujours avide de jouir, il suffit de les activer. Les dirigeants locaux répriment généralement férocement ces troubles et les occidentaux s’indignent au nom des droits de l’Homme, seule arme fiable qui leur reste entre leurs mains épuisées. Dans cette atmosphère, les tenants d’un Islam rigoriste prospèrent en prêchant un anti-occidentalisme… jusque même dans les quartiers déshérités des pays occidentaux. En Syrie, et pour des raisons qui leur sont personnelles, ce sont les Kurdes qui permettront sur le terrain de se débarrasser de l’État Islamique. Les chevaliers, menée par les Nord-Américains et les Russes, ont délaissé leur monture pour l’avion et les drones (avant que les robots tueurs autonomes permettent de se passer même des kurdes). Les bombardements et les assassinats ciblés seront conformes à un jeu vidéo pour les occidentaux, mais les autres subiront de réelles atrocités. 

    Les richesses pétrolières d’une région sont convoitées. On les achète à des potentats locaux noyés par des flots qui dépasseraient leurs possibilités de dépense… si il n’y avait pas la guerre. Cet afflux de finances leur permet l’achat d’une quantité vertigineuse d’armes plus ou moins sophistiquées à ces mêmes occidentaux, la boucle est bouclée.

    Créer des problèmes et offrir des solutions est devenu un moyen classique de conduire une démocratie électorale. Cependant, personne ne se risquerait à organiser des attentats sanglants afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires. Mais laisser des obligés les financer plus ou moins directement est du domaine du possible ou du probable. Le terrorisme sert aux uns de propagande télévisuelle afin d’exister et permet aux autres de rogner jour après jour le cadre démocratique de leur société.

    La guerre de nos jours se caractérise donc par le fait que les principaux intéressés, les occidentaux, stimulent les combats par le verbe et la fourniture d’armes sans participer aux combats, laissant les « gueux » s’étriper. La guerre et les massacres battant leur plein, des masses de réfugiés tentent d’émigrer vers les pays occidentaux, avivant les tensions communautaires dans les pays d ‘accueil, augmentant les revendications identitaires et les menaces terroristes… Il faut alors que les occidentaux réagissent à cette guerre par le terrorisme qui leur est déclarée : ils détricotent leur tissu démocratique en édictant des lois liberticides, en élisant des gens dont on pensait qu’ils ne pouvaient plus exister après ce qu’avait connu l’Europe il n’y a pas si longtemps, en remplaçant peu à peu l’autorité par l’autoritarisme. Et tout ceci est conduit parce qu’ « on » est raisonnable, pragmatique, néo-libéral, en un mot moderne.

    Source : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vive-la-guerre-200568 

     

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    L’ignoble Trump : l’Afrique et une partie des Caraïbes sont des “pays de merde”…

    Réponse de Jack Lang : «Trump, Président de merde».

    Et nous les « riens » ils nous prennent pour des « citoyens de merde » alors revisualisons cette vidéo qui nous explique pourquoi « les guerres de merde » ne s’arrêteront jamais… sauf si : Un autre monde on a pas le choix…

    Un autre monde on a pas le choix… 

     

     


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    La belle histoire

    Grâce à sa petite-fille, un vétéran retrouve

    son compagnon d’arme en Seine-Maritime

    Elle avait lancé un appel via Normandie-Actu pour retrouver le compagnon d'arme normand de son grand-père, mercredi 10 janvier. Un appel entendu en Seine-Maritime !

    La belle histoire :  Grâce à sa petite-fille, un vétéran retrouve son compagnon d’arme en Seine-Maritime

    Jean-Marie Vandeputte (à droite) a retrouvé son copain de régiment normand Ghislain Grébauval  (à gauche) 60 ans après la fin de la guerre d’Algérie. (©DR)

     

    L’histoire est belle. Un ancien combattant de la guerre d’Algérie, Jean-Marie Vandeputte a lancé mercredi 10 janvier 2018, grâce à sa petite-fille belge Anaïs Van Bellegem, un appel via Normandie-Actu pour retrouver un de ses copains de régiment. Peu de temps après la publication de l’article, une dame a contacté la petite-fille de l’intéressé. Les retrouvailles sont déjà prévues.

    Elle reconnaît un ami après avoir lu Normandie-Actu

    « Finalement, il ne s’appelle pas André, comme le disait mon grand-père, mais Ghislain Grébauval. Mon grand-père a certainement retenu André car ils l’appelaient « Bourvil ». Il faut dire que c’était il y a 60 ans », souligne, heureuse, Anaïs Van Bellegem, la petite-fille de Jean-Marie Vandeputte, vétéran de la guerre d’Algérie qui a la double nationalité française et belge et qui souhaitait retrouver son compagnon d’arme normand.

    Une dame a vu l’article sur Normandie-actu et a reconnu la photo de Mr Grébauval, un ancien ami de jeunesse. Finalement, elle m’a communiqué les coordonnées de ce Monsieur. Il n’avait pas vu l’article mais se rappelait de mon grand-père. 

    Un questionnaire pour être certain

    Méfiante, Anaïs Van Bellegem a posé beaucoup de questions à Ghislain Grébauval. Au final il a fourni beaucoup de détails. « Il a dit des choses que lui seul pouvait savoir.

    Ils se sont ensuite contacté avec mon grand-père qui est à la fois très heureux et très ému.

    Ghislain Grébauval est bien Normand, comme l’affirmait Jean-Marie Vandeputte et habite aujourd’hui à Grandcourt, dans le nord-ouest de la Seine-Maritime.

    Retrouvailles en février

    Pourtant au cours de ses dix années de recherches, Anaïs Van Bellegem avait failli touché le but : « Nous avions pourtant déjà essayer de contacter son fils, sans savoir qui il était, via Facebook en 2011 suite aux recherches de tous les Gréboval qu’on pouvait trouver. Mais n’étant pas très Facebook, il n’avait jamais vu le message. »

    Vendredi 12 janvier, interrogée par Normandie-Actu, Anaïs était très émue : « Je ne pensais pas que ça irait aussi vite ». Des retrouvailles vont être organisées prochainement, probablement à la mi-février 2018.

    SOURCE : https://actu.fr/normandie/grandcourt_76320/belle-histoire-grace-petite-fille-veteran-retrouve-compagnon-arme-seine-maritime_15043745.html

    La belle histoire :  Grâce à sa petite-fille, un vétéran retrouve son compagnon d’arme en Seine-Maritime

    Anaïs Van Bellegem

    RAPPELEZ-VOUS du premier article 

    La belle histoire :  Grâce à sa petite-fille, un vétéran retrouve son compagnon d’arme en Seine-Maritime

     

     

    Ils ont fait la guerre d’Algérie ensemble :

     un vétéran recherche son ami

     un « Bourvil » de Normandie

    Anaïs Van Bellegem veut organiser des retrouvailles entre son grand-père Jean-Marie Vandeputte et André Gréboval. Tous deux ont combattu en Algérie et ne se sont jamais revus depuis.

    Ils ont fait la guerre d’Algérie ensemble :  un vétéran recherche son ami  un « Bourvil » de Normandie

    Jean-Marie Vandeputte (à droite), souhaite retrouver André Gréboval (à gauche), avec lequel il a combattu en Algérie. Qui saura reconnaître André Gréboval ? 

    La petite-fille d’un vétéran de la guerre d’Algérie recherche le compagnon d’arme de son grand-père. Anaïs Van Bellegem, espère retrouver André Gréboval, fils d’agriculteurs de Normandie, avec qui son grand-père Jean-Marie Vandeputte a combattu il y a près de soixante ans, à la fin des années 1950. Connaissez-vous André ?

    André Gréboval, le monsieur « Bourvil » du régiment

    Anaïs Van Bellegem est la petite-fille d’un ancien militaire qui a combattu en Algérie à la fin des années 1950. Son grand-père, Jean-Marie Vandeputte, lui a toujours parlé d’un de ses amis de régiment, un normand, qu’il recherche depuis plusieurs années. Jusqu’alors les recherches ont été infructueuses. Anaïs Van Belegem lance un appel pour retrouver « André Gréboval ou Grébauval. Mon grand-père ignore l’orthographe précise du nom de famille car il ne l’a jamais vu écrit. »

    « Mon grand-père se rappelle également qu’on surnommait ce monsieur « Bourvil » et se souvient que ses parents étaient agriculteurs en Normandie », poursuit la jeune femme vivant en Belgique. « Une fois la guerre terminée, ils étaient tellement contents de pouvoir rentrer chez eux, qu’ils n’ont pas pensé s’échanger leurs coordonnées. » Autant dire que la recherche n’est pas des plus aisées.

    De l’Allemagne à l’Algérie au sein du 110e RIM

    Les deux hommes faisaient partie de la classe 58 1/A CII numéro 4 à la caserne Vauban, à Radolzeel, en Allemagne, de mars 1958 à mai 1959. Ensemble, ils étaient affectés au foyer après leurs classes. « ils s’occupaient des ravitaillements pour les soldats, en plus des patrouilles. »

    Ils étaient également ensemble en Algérie au sein du 110e RIM (régiment d’infanterie motorisée) à Vialar de mai 1959 à juin 1960. « En Algérie, Monsieur Greboval était tireur d’élite dans un commando du 110e RIM. Il faisait notamment des embuscades en montagne. Mon grand-père est certain qu’il n’est pas mort à la guerre. »

    Il serait né à la fin des années 1930

    « Nous n’avons pas plus de renseignements quant à sa date de naissance ou autre. Il doit avoir plus au moins le même âge que mon grand-père né en 1938. »

    Anaïs Van Bellegem a fait ses recherches dans les annuaires téléphoniques, sur les réseaux sociaux, dans les maisons de retraite, à même demandé de l’aide à des élus. En vain. « Nous aimerions tellement pouvoir faire la surprise à mon grand-père. »

    Si vous connaissez André Gréboval, vous pouvez contacter Anaïs Van Bellegem via son compte Facebook.

    Source : https://actu.fr/societe/un-ancien-combattant-recherche-ami-andre-greboval-a-combattu-algerie_14993920.html 


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    Que l'UNC se rassure les guerres vont produire de nouveaux anciens combattants !!!

    L’UNC recrute ! Voyant leurs rangs s’éclaircir au fil des années, les anciens combattants recrutent. L’UNC (Union nationale des combattants) est en pointe sur la question. Elle a créé en 1976, sous le nom de « Soldats de France », un statut spécial permettant à toute personne ayant fait simplement son service militaire, ainsi qu’aux anciens pompiers et gendarmes, d’intégrer ses sections d’anciens combattants. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous, puisque seules quelques sections ont pu ainsi grossir leur effectif. A quand les anciens scouts ou les réformés ? Rétablissez vite le service militaire obligatoire. Ah mais qu’est-ce que vous attendez de provoquer plus de guerres qui produisent plus d’anciens combattants pour que l’UNC ne meure pas !!! Mais rassurez-vous, des guerres il y en a déjà beaucoup et ce n’est pas près de s’arrêter… en visualisant la vidéo ci-dessous un grand politologue italien nous en explique les raisons… 

    Riccardo Petrella, politologue et économiste italien affirme que “la guerre est l'activité économique la plus rentable après l'industrie pharmaceutique et informatique”. Bien que nous le savions déjà, il est important ici de le rappeler car nombreux sont ces compatriotes vivant en Occident et en Afrique qui ignorent complètement la réalité de ce bas monde. En effet, les dirigeants occidentaux détruisent les pays souverains via la guerre afin de faire vivre leurs économies. Par conséquent, il serait normal d’encourager les guerres car la plupart des pays occidentaux fabriquent des armes de destructions massives ou biologiques n’ont pas seulement pour faire la guerre aux autres pays mais aussi pour en vendre aux plus demandeurs sur le marché notamment des groupes armés et terroristes ainsi que des groupes rebelles qui s'opposent aux gouvernants corrompues. Dans cette vidéo ci-dessous, Riccardo Petrella explique que la guerre est le plus fructueux des business. Moins le monde est au courant de ce business, plus ce business est florissant ! Il déclare également que tout l'argent vient d'Afrique et que ce sont les occidentaux qui appauvrissent les africains...  

     


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    Michel Cornaton dénonce

     le «négationnisme érigé en système»

     par la France

    Michel Cornaton dénonce  le «négationnisme érigé en système» par la France

    «La Guerre d'Algérie n’a laissé que peu de place dans l’espace de vie

     des Français.» D. R.

     

    Par M. Aït Amara – Michel Cornaton, qui nous avait appris en premier le décès de l’historien et ami de l’Algérie Gilbert Meynier, nous fait l’amitié de nous informer de la prochaine parution de son livre portant sur le non-dit de la tragédie coloniale. Michel Cornaton a été parmi les premiers à dénoncer les camps de regroupement, mais le seul à avoir écrit plusieurs ouvrages sur ce sujet dont notre société continue à porter les stigmates.

    Dans La Guerre d’Algérie n’a pas lieu, du déni à l’oubli, chronique d’une tragédie, Michel Cornaton écrit : «Si les camps nazis appartiennent à l’innommable, que dire de la Guerre d’Algérie ? Dès le 22 mars et le 14 avril 1962, avec une indécence totale, des décrets sont pris dans la précipitation pour amnistier, sans les juger, les coupables d’infractions commises dans le cadre de la répression contre l’insurrection algérienne. Le 17 décembre 1964 est votée la première loi d’amnistie liée aux événements d’Algérie. Le flou terminologique continue, il symbolise le voile pudique dont on recouvre un événement anecdotique qui n’aurait rien à voir avec la tragédie du peuple algérien, et qu’il faut s’empresser de dissimuler, d’oublier. Dans la foulée, le 24 juillet 1968, l’Assemblée nationale efface toute peine pénale en lien avec la guerre. Quand le négationnisme est érigé en système pendant autant d’années, comment éviter que, pour des générations entières, il ne s’étende pas à d’autres domaines de l’histoire, niée, bafouée par la politique et ceux qui la font.»

    Le livre de Michel Cornaton, dont on espère qu’il sera édité en Algérie, revient, en effet, sur «cette guerre sans nom, qualifiée de simple événement» et qui «n’a laissé que peu de place dans l’espace de vie des Français. Au point de se demander si elle a vraiment existé».

    L’auteur souligne que la «principale leçon» qu’il tire de cette «sinistre période» est que «le plus souvent, ce ne sont pas les acteurs de l’histoire qui renoncent à l’écrire mais les décideurs politiques qui la refusent parce qu’elle les dérange. Ils écrivent l’histoire avec une gomme», ironise Michel Cornaton. «Il faut avoir en tête qu’à la différence des deux guerres mondiales, la guerre d’Algérie, durant des décennies, n’a laissé que peu de trace dans l’espace et la vie de tous les jours des Français. Sans nom, ce ne fut pas une guerre mais une espèce d’événement qui s’est déroulé dans un halo lointain», avait affirmé l’historien dans une interview exclusive à Algeriepatriotique.

    Michel Cornaton explique ce déni de la réalité par la France officielle, aggravé par le «mensonge de l’Etat», par une espèce de scotomisation : «L’Algérie était la France, celle-ci ne pouvait donc entrer en guerre contre elle-même. Reconnaître l’état de guerre signifiait la reconnaissance d’ennemis que les Français d’Algérie considéraient depuis toujours comme une autre espèce, les indigènes, pour ne pas les nommer des sous-hommes, ainsi qu’ils étaient pourtant traités», écrit-il.

    Michel Cornaton dénonce  le «négationnisme érigé en système» par la France

    Le souci de cacher les crimes commis par l’ancienne puissance coloniale dans notre pays y est pour beaucoup aussi : «Dans le même temps où l’Algérie se transforme en vaste camp de concentration, la circulaire Papon interdit l’utilisation du terme de camp, qui disparaît du vocabulaire. Cette dénaturation du langage s’est révélée si efficace qu’à leur retour au pays la plupart des deux millions de jeunes hommes enrôlés n’ont rien pu dire sur l’enfer vécu en Algérie.»

    M. A.-A.

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/01/12/michel-cornaton-denonce-negationnisme-erige-systeme-france/#comments 

      


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