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    Reviens, Jean Moulin, ils sont devenus

     fous furieux !

    Qu'aurais-tu dit, grand-père ?

    Qu'aurais-tu dit, Grand-père, en voyant en 2017 pour la deuxième fois l'extrême droite au deuxième tour de l'élection présidentielle ? Et que dirais-tu aujourd'hui en voyant ses idées s'imposer de plus en plus dans le débat public et arriver pour la troisième fois au deuxième tour de l'élection présidentielle  ?

    Cette année, en 2022 j'ai bien glissé mon bulletin Macron dans l’urne, je n’osais accepter le jeu du front républicain... mais c'était pour éviter le pire, l'accession au pouvoir de l'extrême droite qui s'y rapproche dangereusement.

    J’ai longuement pensé à toi, grand-père, ce jour-là.

    Qu’aurais-tu dit en voyant pour la troisième fois un membre de la famille Le Pen passé au second tour de l'élection de notre pays ? Qu’aurais-tu dit face aux injonctions de faire barrage à l’extrême-droite ? Qu’aurais-tu dit, toi qui a vécu dans ta chaire les horreurs que peuvent apporter la xénophobie et la haine de l’autre ?

    Et que dirais-tu, maintenant ?

    Aurais-tu gardé le silence jusqu'à la dernière présidentielle face à ce gouvernement qui se posait en héros de la République et qui en son nom passait des lois qui bafouaient les idéaux démocratiques rognant sur les libertés et allant à l’encontre des droits de l’homme ? Aurais-tu gardé le silence en voyant les demandes pour plus de justice et d’humanité rencontrer comme seule réponse le mépris et la répression? Aurais-tu gardé le silence en nous voyant accepter avec passivité un couvre-feu pendant plus de 6 mois comme cela n’avait pas été le cas même pendant les heures les plus sombres de l’Occupation ?

    Aurais-tu gardé le silence en voyant une nouvelle religion être à nouveau pointé du doigt et utilisée comme bouc-émissaire, parfois au nom même de la liberté religieuse ? Aurais-tu gardé le silence en voyant la République imposer ses valeurs de manière péremptoire comme un nouveau dogme idéologique, remplaçant l’idée de tolérance par l’intolérance des idées autres?

    N’ont-ils donc rien appris ?

    En 2017 comme en 2022, en mettant mon bulletin dans l’urne, je ne tolérais pas de faire partie de la mascarade. Je ne tolérais pas de faire croire à une défaite de l’extrême-droite alors que ce n’était pour moi que reculer pour mieux sauter. Je ne tolérais pas de donner ma voix, même par défaut, à un système qui se faisait le terreau des idées qu’il prétendait combattre.

    Ces jours-là, la droite extrême a perdu dans les urnes.

    Aujourd’hui, ses idées ont gagné partout ailleurs.

    Pendant combien de temps encore la farce du front républicain tiendra-t-elle avant de donner le pouvoir aux idées qu’elle a contribué à faire croitre sous prétexte de les combattre ?

    Oui, que diraient aujourd'hui les résistants. Ceux qui se sont battus pour la liberté, contre le racisme, la xénophobie, le fascisme ! Que diraient-ils, ceux qui ont laissé leur vie pour que les générations futures ne connaissent plus la guerre ! Que diraient-ils, alors que le fascisme est de retour ! Oui, la menace est bien réelle, "il" est déjà là !

    Alors je rêve car la réalité me fait penser que le pire peut arriver ? Va arriver ? Il est déjà là ?...

    Qu'aurais-tu dit, grand-père ?

    Reviens, Jean Moulin, ils sont devenus fous furieux ! 

    Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance (CNR) se réunissait pour la première fois pour établir un programme qui paraîtra en mars 1944 et dont la Libération permettra un début de mise en œuvre. 

    Opportun dans une France où tant de travailleurs sont morts, tant de maisons, immeubles, usines, routes, voies de chemin de fer, ponts sont détruits, ce programme généreux et fraternel sera soumis, sept décennies après, par l’action conjuguée de Sarkozy, de Hollande, puis de Macron, à un détricotage méthodique selon le vœu de Denis Kessler, vice-président du MEDEF (Magazine Challenge 2003). 

    Niveau de vie, droits syndicaux, sécurité sociale, libertés individuelles, retraites, sécurité de l’emploi, réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement étaient au programme. Comme aujourd’hui ! Mais là, à présent, c’est pour « réformer » tout ça. 

    La France riche de 2022, la 6ème puissance mondiale, attend des réformes. Des réformes audacieuses. Des réformes qui feront fondre ou disparaître ce que la France en ruine avait donné à son peuple. 

    Ne vous attendez pas à de grands débats sur ce paradoxe. Car il y a longtemps qu’a été piétinée cette autre ambition du CNR : assurer « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ». 

    Neuf milliardaires, patrons de médias, ont dit aux Français quel président choisir, ils disent à présent quels députés il leur faut. 

    Jean Moulin fut l’un des héros de la Résistance à l’occupation nazie en France en prônant et en défendant les valeurs de la Résistance telles le courage, la défense de la République ou la justice. Honoré par André Malraux lors de la célèbre cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon, il est devenu le symbole de la résistance française.  

    À l’issue de quelques entretiens, il est envoyé à Lyon par Charles de Gaulle pour unifier les mouvements de la Résistance. Il est arrêté à Caluire-et-Cuire, dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943 et conduit au siège de la Gestapo à Lyon où il est torturé ; il est ensuite transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne peu avant le passage de la frontière, le 8 juillet 1943. Son décès est enregistré en gare de Metz. 

    Il dirigea le Conseil national de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Il est souvent considéré comme l’un des principaux héros de la Résistance. Il est nommé général de brigade à titre posthume lors de la Libération, puis général de division en novembre 1946.  


     

     


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    L’élection de la mémoire

    L’élection de la mémoire

    Le dialogue des mémoires se poursuivra à n’en pas douter, en cas de victoire, aujourd’hui, d’Emmanuel Macron.

     

    La France élit, aujourd'hui, le 9e président de sa Ve République. Toutes les personnalités politiques qui s'étaient succédé à l'Élysée avaient toutes, d'une manière ou d'une autre, un rapport avec la guerre d'indépendance de l'Algérie. C'est d'ailleurs cette même guerre qui a été à l'origine de la chute de la IVe République. Elle a rouvert les portes de l'Élysée à Charles de Gaulle qui s'est rendu à l'évidence qu'elle était perdue.
    Les présidents qui ont succédé à De Gaulle ont tourné le dos aux souffrances mémorielles et tenté de construire des relations avec l'Algérie, sans même reconnaître la guerre elle-même qu'ils continuaient de qualifier d'«événements».
    Parmi les locataires de l'Élysée, François Mitterrand a été le plus impliqué dans cette guerre. Il a prononcé des condamnations à mort de militants algériens, fermé les yeux sur les tortures. Il a fallu attendre le premier mandat de Jacques Chirac, qui avait fait son service militaire en Algérie, pour qu'une partie du voile soit levée sur la réalité de la colonisation française. Le premier acte sur la voie de la réconciliation a été la promulgation, le 18 octobre 1999, de la loi marquant la reconnaissance officielle de la guerre d'Algérie par l'État français.
    À partir de cette date, l'Algérie est entrée de plain-pied dans le débat politique et électoral en France. Trois ans plus tard, en mai 2002, le premier tour de l'élection présidentielle française accouche d'un monstre : Jean-Marie Le Pen, tortionnaire en Algérie et président du tristement célèbre Front national, arrive en seconde position et dispute le fauteuil de l'Élysée à Jacques Chirac. Jacques Chirac a poursuivi sur sa lancée et tenté un pacte d'amitié avec l'Algérie, très vite torpillé par la loi sur les bienfaits de la colonisation de 2005, suivie par les fameuses émeutes qui ont enflammé toutes les banlieues françaises, jusqu'à obliger Chirac à instaurer l'état d'urgence, le premier depuis la guerre d'Algérie. Les ultras ont profité de la tension pour remettre une couche. De fait, la dynamique de rapprochement a donc reçu un coup d'arrêt brutal.
    Après les deux mandats de Chirac, Nicolas Sarkozy, l'un des concepteurs de la loi de 2005, a fait campagne sur la sécurité et contre la «racaille». Ses allusions quasi directes sur l'infériorité de l'homme africain ont empêché toute évolution du débat algéro-français sur la mémoire. Mais le sujet était toujours sous-jacent et l'extrême droite française y allait de ses thèses révisionnistes à chaque rendez-vous de la présidentielle.
    Le deuxième coup de tonnerre a eu lieu en 2017. La fille de Jean-Marie Le Pen, Marine, accède au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron qui n'avait pas caché sa détermination de rouvrir le dossier de la mémoire. «Altéré» par la crise des Gilets jaunes et la pandémie de Coronavirus, mais également par «l'aphonie» de l'Algérie en raison de la maladie du défunt président Abdelaziz Bouteflika, le premier mandat de Macron a été haché sur la question de la réconciliation des mémoires.
    Mais il faut lui reconnaître des gestes forts, notamment la reconnaissance des crimes d'État commis par la France coloniale et l'usage systématique de la torture, dont la qualification de crime contre l'humanité ne fait pas de doute. Il faut aussi retenir quelques égarements, dont des propos malheureux sur la nation algérienne.
    Le troisième séisme politique était prévu par les observateurs. C'est une réplique du tremblement de terre de 2017. Marine Le Pen au second tour est une épreuve pour la démocratie française, mais surtout un véritable examen de la volonté du peuple français à poursuivre sur le chemin de la reconnaissance de son Histoire. Le dialogue des mémoires se poursuivra à n'en pas douter, en cas de victoire, aujourd'hui, d'Emmanuel Macron. 

    SOURCE : L'Expression: Nationale - L’élection de la mémoire (lexpressiondz.com)

     

     


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      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

     

    LE MOUVEMENT DE LA PAIX APPELLE

    À FAIRE BARRAGE À L’EXTRÊME DROITE 

    ET AU RASSEMBLEMENT NATIONAL,

    NOUVEAU NOM DU FRONT NATIONAL

    Deuxième tour de l’élection Présidentielle du 24 avril 2022

    Le Mouvement de la Paix travaille à l’émergence d’une culture de la Paix qui prône l’élimination de toutes les formes de discriminations et appelle à développer la compréhension, la tolérance, la solidarité et l’amitié entre tous les humains, tous les peuples et toutes les cultures. Nous travaillons à la promotion de ces valeurs qui sont autant d’éléments constitutifs du vivre ensemble en paix et dans la fraternité au sein de la société française, mais aussi au plan international pour la construction d’un monde de justice, de solidarité et de paix.

    Ces valeurs fondent notre rejet du racisme, de la xénophobie, de la stigmatisation des étrangers désignés comme boucs émissaires pour tous les problèmes que connait une partie importante de la société.

    C’est pourquoi Le Mouvement de la Paix estime de sa responsabilité de dire qu’aucune voix ne doit aller en faveur de la candidate du Front national et que tout doit être fait pour lui faire barrage, avec un score le plus faible possible.

    En effet, avec 32,3 % de voix au premier tour, l’extrême droite qui porte des valeurs totalement opposées aux nôtres, est par le jeu combiné des reports de voix et des abstentions à la porte du pouvoir et en capacité de remporter cette élection présidentielle avec le risque d’entraîner notre pays dans la spirale de la  haine, la violence et le chaos s’ajoutant aux difficultés quotidiennes.

    C’est pourquoi le Mouvement de la paix appelle au second tour des élections présidentielles à faire barrage au Rassemblement National (ex FN), en utilisant le seul bulletin de vote qui reste à votre disposition, à savoir le bulletin Macron.

    Ce choix ne signifie aucunement un soutien au programme du Président sortant, lequel s’oppose à la ratification du Traité sur l’interdiction des Armes nucléaires entré en vigueur le 22 janvier 2021 et qui, à travers une logique ultralibérale, a imposé à la population française des régressions sociales, humaines et démocratiques qui sont facteurs de violences dans tous ces domaines et a permis que les violences policières contre les mouvement sociaux marquent ce quinquennat, alors que la culture de la paix et de la non-violence nécessite progrès social et justice.

    Pour améliorer la vie des gens et la réalisation concrète des aspirations des peuples et des droits humains (économiques, sociaux, démocratiques, environnementaux, culturels et droit à la paix) en France et dans le monde, il faut que progressent partout en France et dans le Monde les idéaux de justice, de respect mutuel, de solidarité, de fraternité et d’amitié entre les peuples.

    Le Mouvement de la Paix appelle par ailleurs à participer massivement aux manifestations et rassemblements du 1er Mai en s’exprimant contre la guerre et pour la Paix, la démocratie, le progrès social et la solidarité internationale.

    Le Mouvement de la Paix

    Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron

     en désapprouvant sa politique... c'est affligeant

    mais c'est ainsi !!!

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Dimanche 10 avril j'allais voter pour le premier tour de l'élection présidentielle car j'avais encore le choix qui respectait mes convictions politiques

    Mon blog n’est pas politique, sa ligne directrice c’est la guerre d’Algérie à laquelle j’ai participé contre ma volonté, c’est le colonialisme, ce sont les témoignages en rapport  avec la guerre d’indépendance de l’Algérie, c'est l'amitié entre les peuples algérien et français, etc. Mon blog existe depuis 12 ans et vous êtes aujourd’hui, en moyenne 1500 à le consulter chaque jour. Une fois de plus je vous dis un sincère merci.

    Mais aujourd’hui la situation est grave, alors je vous apporte, humblement mon point de vue…  J’ai été souvent en désaccord avec Macron et je continuerai s’il est élu, de lutter contre sa soumission au capital financier, sa politique antisociale et ses atteintes à la démocratie, mais chaque chose en son temps. L’urgence aujourd’hui est de barrer la route du pouvoir à la candidate de l’extrême-droite. 

    Le scénario que je craignais, en effet se réalise : au vu des résultats du 1er tour, Marine Le Pen peut être élue, alors que la gauche et les écologistes auraient pu être qualifiés pour le 2e tour s’ils avaient été unis. 

    Le choix de la désunion par tous les partis de gauche et les écologistes est historiquement dramatique.  

    L’élection d’une Présidente de la République d’extrême-droite se traduirait par une régression sans précédent dans tous les domaines et entraînerait notre pays sur une voie pleine de périls au plan international et pour la Paix internationale ou même locale. (Elle pourrait s'en prendre aux Français de religion musulmane... qui pourrait entraîner une guerre civile...) Ce serait une catastrophe pour la France. 

    En raison de la Constitution monarchique qui nous régit, nous n’avons pas d’autre choix que de voter Macron le 24 avril pour empêcher Le Pen d’être élue. C’est affligeant, mais c’est ainsi. S’abstenir ou ne pas voter c’est laisser une chance à Le Pen. Considérer que l’un ne vaut pas plus que l’autre, c’est sous-estimer le danger mortel que constitue l’extrême-droite. De deux maux, il faut choisir le moindre. 

    En conscience, chacune/chacun doit prendre ses responsabilités. L’histoire nous jugera.

    Michel Dandelot

     

     

     

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    NI LE PEN NI MACRON, ET VOUS AUREZ

    LE PEN 

    C’est le titre d'un billet de la philosophe Barbara Cassin  

     

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Barbara Cassin, une académicienne pour repenser la langue française

    Neuvième femme à être admise à l’Académie française, la philosophe et philologue, qui a fait son entrée sous la Coupole jeudi 17 octobre 2019, a dessiné une œuvre bâtie autour de la pluralité et de la diversité des mondes et des idiomes.

     

    Soyons attentifs à sa mise en garde : « C’est juste comme ça, très doucement, sur des pattes de colombe, que ce dont on ne veut pas arriver. Regardez autour de vous et regardez dans le passé. Des gens normaux, comme vous et moi, rationnels et émotifs, lassés et déçus, des gens de bonne volonté, ont pour plein de raisons genre ras-le-bol fait arriver Hitler au pouvoir, de glissement en glissement et de banalisation en banalisation… » 

    Ne nous laissons pas endormir par les sondages qui donnent Macron en tête. Jusqu’au dernier moment rien n’est joué. Des évènements imprévus peuvent survenir, comme par exemple la déclaration de Mélenchon qui se veut Premier ministre indifféremment avec Macron ou Le Pen, ce qui témoigne pour le moins d’une singulière sous-estimation de l’extrême dangerosité de cette dernière. 

    A juste titre, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) appelle à voter Macron au 2e tour, comme elle avait appelé à voter Chirac au 2e tour en 2002 et Macron en 2017. 

     

     

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Viviane Candas a commenté
     
     
    En ligne
     Après un premier tour qui a vu des musulman(e)s voter massivement pour Mélenchon à l'instigation des mosquées, la responsable du groupe FI de l'Assemblée Nationale proclame : "Nous n'appellerons pas à voter Macron". Comme toujours, l'immigration est instrumentalisée puis utilisée comme chair à canon. Cette position s'inscrit dans la grande tradition raciste et colonialiste de la gauche parlementaire française votant les crédits de guerre en 1956 pour écraser l'insurrection algérienne. Tradition qu'a incarnée cyniquement Mitterrand, depuis son refus de gracier les Algériens condamnés à la guillotine jusqu'à sa politique de récupération du mouvement de jeunes issu(e)s de l'immigration en 1983. Si l'immigration est bien la patate chaude des partis politiques que tous veulent éviter, cet entre-deux tours permet à Le Pen de terroriser les musulman(e)s de France et donc de faire jouir par anticipation ceux qui désirent la violence pour se sentir vivants.
    Cette même pulsion fasciste, celle des assassins OAS (fondateur du Front National), agit dans le champ du refoulé où aucun sondage n'est encore possible ni poursuites pour incitation à la haine. Mélenchon ratissant le vote musulman au premier tour mais ne le protégeant pas d'un appel à voter Macron, se révèle dès lors aussi machiavélique que son modèle Mitterrand. Il répète aussi, virtuellement, sur la scène électorale, l'abandon des harkis par la France en 1962, honte historique où Gauche et Droite copulèrent dans un silence complice.
    Voilà pourquoi, je voterai Macron ce dimanche. Que celles et ceux qui rêvent d'insurrection et de brûler kiosques et voitures comprennent qu'avant tout, la mémoire est révolutionnaire.

     Viviane Candas

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Chères amies, chers amis en France,

    L’issue de nos votes dimanche 24 avril aura des conséquences très concrètes sur le quotidien de tous les Français, peut-être même dramatiques pour une partie d’entre eux.

    Voici le message de la Fondation Abbé Pierre aux membres d'Avaaz : n'hésitez pas à le partager largement autour de vous pour faire gagner les valeurs de solidarité et de fraternité dans notre pays :

                                                           

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

     

    Avec courage et détermination,

    Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre) et toute l’équipe d’Avaaz
    PS Soyons un maximum à défendre une France fraternelle par le vote ! Partagez le message de la Fondation Abbé Pierre avec vos proches.

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Malgré un nombre considérable d’internautes qui sont venus contester ma prise de position que je confirme aujourd’hui : je prends mes responsabilités le dimanche 24 avril 2022. En toute clarté et sans ambiguïté. 

    Parce que l’extrême droite ne sera jamais une solution, parce que le racisme divise les Français, parce que je ne veux pas livrer la République au fascisme, parce que j'ai voté en 2002 Chirac contre Le Pen père, puis en 2017 Macron contre Le Pen fille, je voterai Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle 2022.

    Mieux vaut un vote qui pue à un vote qui tue !!!

    Un vote qui pue on pourra le contester au cours des prochaines élections, dans les manifestations, dans tous les combats à venir.

    Je n'appelle pas. Chacun en adulte est face à sa conscience.

    Michel Dandelot

    Militant anti capitalisme

    Militant anti racisme

    Militant anti colonialisme

    Militant anti fascisme

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Je vous trouve belle !!! “ le voile “ me laisse indifférent, contrairement aux islamophobes… je ne déclarerai jamais la guerre à mes amis musulmans et ici musulmanes pour un morceau de tissus. Les femmes de toutes religions et les autres non croyantes doivent pouvoir s’habiller comme elles le veulent.

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Nous nous sommes débarrassé de Zemmour et dimanche 24 avril, nous l'espérons, ce sera le tour de Le Pen. Vive la France arc-en-ciel. Vive la France multiculturelle. Signé "Un couple métissé"

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

     

    À la veille du second tour de l’élection présidentielle 2022, Jack Lang, Président de l’Institut du monde arabe, souhaite vous adresser quelques mots personnels.

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous :

    https://www.facebook.com/institutdumondearabe/videos/5217632504954360/

     

     

      Pour barrer la route à l’extrême-droite, je vote Macron en désapprouvant sa politique

    Eh Zemmour tu as pris une claque à l'élection présidentielle... On se marre bien... Maintenant on s'occupe de Le Pen.
    Henri Pouillot, Michel Tiétard et 81 autres personnes ont aimé cette photo sur Facebook.
     
     


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    Hier à Avignon la dangereuse comédienne

    raciste Le Pen

     a tenu un discours de gauche ?

    (ATTENTION DANGER)

    Elle ne fera jamais ce qu'elle raconte

     

    Hier à Avignon la dangereuse comédienne  raciste  Le Pen  a tenu un discours de gauche ?  (ATTENTION DANGER)

    Au terme du premier tour de la présidentielle 2022, les citoyens d'Avignon ont placé en tête Jean-Luc Mélenchon, le même candidat qu'ils avaient choisi cinq ans plus tôt. Dimanche 10 avril, l'ancien ministre du gouvernement Jospin a réuni 37% des suffrages dans cette commune de PACA. Il y a surclassé Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui complètent la fin du podium avec respectivement 20% des votes et 19% des suffrages.

    Objectif : rassembler tous azimuts. Marine Le Pen a livré son premier meeting d’entre-deux-tours, ce jeudi 14 avril à Avignon, dans le Vaucluse. Contrainte de gommer les aspérités de son programme pour attirer, dans son sillage, un maximum de Français hostiles à Emmanuel Macron, la candidate d’extrême droite a joué le service minimum.

    Un discours bref, de moins de trois quarts d’heure, relativement consensuel ou expurgé de thèmes les plus polémiques. La cheffe de file du Rassemblement national, vêtue de rouge, a voulu s’adresser aux abstentionnistes et aux “patriotes de droite” comme “de gauche”, à l’heure où les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont très convoités

    Une façon de brasser large pour essayer de détourner le “front républicain”- traditionnellement érigé pour empêcher l’accession de l’extrême droite au pouvoir - contre son rival. 

    Si les Français ont à faire barrage, c'est au retour d'Emmanuel Macron" a dit cette dangereuse comédienne.

    Dès les toutes premières minutes de son discours, Marine Le Pen a appelé les Français à “faire barrage” à la réélection du chef de l’État en se présentant comme la candidate du “peuple face à l’oligarchie”. Du “bloc populaire” contre le “bloc élitaire”. Ou des “défenseurs de la sécurité sociale contre le pouvoir de l’argent”. Un mélange de références populaires dans son camp, et de mots habituellement entendus dans la bouche de responsables plus à gauche.

    “Le 24 avril, si les Français ont à faire barrage, c’est au retour d’Emmanuel Macron”, a-t-elle notamment lancé devant une salle de quelque 4000 militants selon les organisateurs, avant de filer l’anaphore, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

    “Faire barrage à l’effondrement du pouvoir d’achat des Français. Faire barrage au matraquage fiscal. Faire barrage à la retraite à 64 ou 65 ans on ne sait plus. Faire barrage à une immigration qui met en péril l’équilibre de nos systèmes sociaux. Faire barrage à un nouveau quinquennat de désolation sociale. Faire barrage à cette caste qui nous gouverne avec arrogance, ce pouvoir de quelques-uns. Ce pouvoir de l’entre-soi.”

    Marine Le Pen a concentré l’essentiel de son propos à fustiger le bilan ou le programme d’Emmanuel Macron, du “mépris” présidentiel à son projet de réforme du RSA, avant de dérouler son programme. Un pan seulement, sur le pouvoir d’achat par exemple ou la “démétropolisation” en faveur des campagnes.

    Service minimum 

    La candidate du Rassemblement national a notamment cité l’exonération d’impôt qu’elle promet aux moins de 30 ans, la réintégration des 15.000 soignants “expulsés comme des malpropres”, la baisse de la TVA sur l’énergie ou l’instauration du RIC, le référendum d’initiative citoyenne porté par les gilets jaunes en leur temps. “Je rendrai leur argent aux Français, je remettrai à l’honneur la valeur travail et pour cela, nous nous attacherons à ce que le travail paie”, a-t-elle ainsi promis sous les applaudissements de ses partisans.

    Exit les propositions sulfureuses sur lesquelles le camp Macron insiste, comme l’interdiction du port du voile dans la rue, ou celles, comme la “préférence nationale” qui aboutiraient à un “coup d’État constitutionnel”, selon de nombreux spécialistes; la cheffe de file du RN a tout fait pour lisser son image et son propos.

    Pas sûr que cela suffise pour autant. Une heure avant que la candidate prenne la parole, quelque 200 à 300 personnes avaient défilé à travers Avignon pour exprimer leur rejet de l’extrême droite. “À bas le Front national, F comme fascistes, N comme nazis”, criaient les manifestants qui tenaient des drapeaux des syndicats Sud ou Solidaire, de l’Action antifasciste et même de l’Ukraine.

    5 éléments pour comprendre l’extrême-droite française :

     du FN au RN

     

    Hier à Avignon la dangereuse comédienne  raciste  Le Pen  a tenu un discours de gauche ?  (ATTENTION DANGER)

    La candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen, fera face à Emmanuel Macron dimanche 24 avril pour prendre la tête de l’Etat. Nous essayons de comprendre sa politique en retraçant l’histoire de son parti, une histoire constitutive de l’extrême droite française. C’est la deuxième partie de notre dossier sur l’extrême droite en France.

    Qu’est-ce que l’extrême droite ? L’extrême droite se définit avant tout par un nationalisme exacerbé, valorisant le “nous” contre les “autres”, donc les Français contre les autres nationalités, religions ou cultures qui ne seraient pas originaires de France. En France, elle naît avec l’Affaire Dreyfus, à la fin du XIXème siècle, sur bases de nationalisme et d’antisémitisme (voir la partie 1 de notre dossier sur l’extrême droite : 5 éléments pour comprendre … l’extrême droite française : l’Action Française et Charles Maurras). Après la prise de pouvoir du Maréchal Pétain, qui met en place une véritable politique d’extrême droite pour la première fois en France, l’extrême droite se reconstitue lentement après la guerre. Guerres de décolonisations, poujadismes, crises mènent à la création du Front national. Celui-ci devient le Rassemblement National en 2018. Retour sur ces filiations.

    Les racines de l’extrême droite d’aujourd’hui : le poujadisme et la guerre d’Algérie

    A la Libération, l’extrême droite est très marginale sur la scène politique. Des organisations, rappelant le modèle des ligues, reprennent vie à la fin de la guerre d’Algérie : OAS, Ordre nouveau, GUD. L’OAS (organisation de l’armée secrète) est une organisation terroriste qui se bat pour conserver une Algérie française. Le GUD (groupe union de défense) et l’Ordre nouveau sont des groupes militants, à la base étudiants, avec des idées néofascistes et racistes.

    A côté de ces organisations, un mouvement politique et syndical naît dans les années 1950 : le poujadisme. En 1953, Pierre Poujade, prend la tête d’un groupe de commerçants du Lot qui s’opposent à un contrôle fiscal. Cette révolte donne naissance à un mouvement politique et syndical dans les classes moyennes qui se sentent menacés par un monde de plus en plus libéral.

    Bon orateur, Poujade prend la voix pour les “petits” et dénonce “l’Etat-vampire” qui les vole pour donner aux “grands” et aux “apatrides qui occupent la maison France“, le “racket fiscal“, et les “métèques parasites qui campent sur notre sol“. Le mouvement condamne l’inefficacité du parlementarise de la IVème République et l’hypocrise des intellectuelles et politiques. Ils réclament réclame la défense des commerçants et artisans, qu’ils estiment en danger par le développement des grandes surfaces, de l’industrialisation et par le traité de Rome. Des thèmes qui sont toujours d’actualité dans les programmes de l’extrême droite.

     

    Hier à Avignon la dangereuse comédienne  raciste  Le Pen  a tenu un discours de gauche ?  (ATTENTION DANGER)

    Victor Weisz, “Poujadolf,” Daily Mirror, Jan. 6, 1956. Hitler souffle à Poujade “Bravo petit ! Ils se moquaient de moi aussi à mes débuts…”

    1956 : un jeune député nommé Le Pen

    C’est lors des législatives de 1956 que le Poujadisme connaît son plus grand succès, en faisant 11,6% des voix. 52 députés font leur entrée à l’Assemblée Nationale. Parmi eux Jean-Marie Le Pen. C’est avec le poujadisme que la figure française de l’extrême droite fait son entrée en politique en devenant député de la Seine. De retour d’Indochine et déjà proche de l’Action Française, dont il vendait les journaux à la criée pendant ses études, il sait convaincre Poujade de le prendre sous son aile. Mais les deux hommes tombent en désaccord rapidement et Le Pen siège parmi les non-inscrits jusqu’à la fin de la législature. Il part se battre 6 mois en Algérie puis milite pour l’Algérie française, notamment en créant Le Front National pour l’Algérie française.

    Comme Poujade, il s’élève contre Pierre-Mendès France, homme politique juif, avec des propos antisémites : « Monsieur Mendès France, vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques, presque physiques ». Il se crée une place de plus en plus importante dans le paysage politique en France, gagnant en popularité. Ainsi, en 1958 il gagne la troisième circonscription de la Seine avec 45,2% des voix. À l’Assemblée Nationale, Jean-Marie Le Pen s’apparente au groupe parlementaire du CNIP, les Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS), dont il représente l’aile droite.

    5 octobre 1972 : naissance du Front National, l’extrême droite s’organise

    C’est l’Ordre Nouveau (voir plus haut) qui a contacté Jean-Marie Le Pen pour créer un parti qui reprenne leurs idées. Le but : rassembler les forces d’extrême droite du pays (anciens poujadistes, pétainistes, néo-nazis, nostalgiques de l’Algérie française) et passer de l’activisme à un mode d’action légaliste en se constituant une vitrine électorale. Le 5 octobre 1972, le Front National est créé. Le logo : la flamme tricolore créée en 1946 par le MSI proche de Mussolini. Le Pen déclare lorsqu’on lui reproche sa proximité avec le groupe fasciste : « Je n’ai aucun contact avec le MSI italien. Encore que je ne vois pas leur action avec antipathie ».

    A ses débuts, le parti ne pèse guère. Une première scission à lieu avec l’Ordre Nouveau, ce qui l’endette et le coupe d’une parti de sa base militante. Avec le FN, Jean-Marie Le Pen se présente à la Présidentielle de 1974 et ne récolte que O,75% des voix. Mais il trouve les résultats du nouveau parti encourageants. Mais le parti commence à réellement prendre de l’ampleur dans les années 1980. La défaite de la droite républicaine en 1981 et le début de la crise favorisent son ascension. Dérapage en 1987 : JMLP affirme que les chambres à gaz sont un “point de détail de l’histoire“. Cela ne l’empêche pas de réunir 14, 38% des voix à l’élection présidentielle.

    21 avril 2002 : le Front national au second tour des élections présidentielles

    Le 21 avril 2002, le Front National réalise son plus haut score à l’époque et accède pour la première fois au second tour de la présidentielle. En effet, les années 1990 sont marquées par une forte augmentation du chômage en France, ce qui permet au FN de réunir plus de mécontents. En plus des traditionnels discours identitaires, une nouvelle rhétorique est mise en avant : la dénonciation de la corruption des grands partis républicains. Le FN gagne plusieurs municipalités à la fin des années 90 (comme Toulon ou Orange) et fait des scores toujours supérieurs à 10%, à part aux Européennes.

    Hier à Avignon la dangereuse comédienne  raciste  Le Pen  a tenu un discours de gauche ?  (ATTENTION DANGER)

    En 1998, le FN connait une crise interne : JMLP entre en désaccord avec Bruno Mégret, qui souhaite nouer des alliances avec la droite. Ce dernier organise un nouveau parti d’extrême droite : le Mouvement National Républicain (MNR). Tous les médias estiment que le FN est fini. Cependant, les présidentielles de 2002 sont un coup de théâtre : le FN dépasse le PS et passe au second tour avec 16,86% des suffrages. Néanmoins, en 2007, la candidature du Nicolas Sarkozy change la donne pour le FN. Nombreux sont ses électeurs qui sont séduits par le discours de droite dure du futur président. Le FN commence alors une lente régression.

    2018 : le Rassemblement National

    En 2003, une des filles de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, devient vice-présidente du Front National. En 2011, elle prend la tête du parti. C’est un renouveau pour l’extrême droite. Sa stratégie : normaliser et dédiaboliser le parti. Et cela paye : lors de sa première course à l’Elysée en 2012, elle réunit 17,9 % des voix. La crise des subprimes de 2008 a certes joué en sa faveur mais elle consolide son électorat. A nouveau, des députés du FN entrent à l’Assemblée Nationale (dont sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen).

    Elle pousse la dédiabolisation à son paroxysme en excluant son père, et le père du parti, en 2015. L’image de son père est trop négative : ses discours homophobes, racistes et antisémites entachent le parti qu’elle tente de rebâtir. En 2017, Marine Le Pen perd au second tour des élections présidentielles avec 33,90% des voix.

    Dans la continuité de ses velléités de renouveau du parti, Marine Le Pen rebaptise le Front National en Rassemblement National en 2018. Jean-Marie Le Pen avait dénoncé cette “trahison” :  « C’est une longue et courageuse histoire militante que l’on renie ». Sur le plan politique Marine Le Pen soutient toujours les idées de l’extrême droite, valorisant l’amour de la France et le rejet de l’étranger, avec des mesures anti-européennes et racistes. Cependant, sur le plan économique ses programmes sont de moins en moins libéraux, ce qui lui permet de servir un discours populiste au nom des “plus démunis”. Un programme qu’elle ne respecterait pas mais nous vivons là une tragique et dangereuse comédie.

    Quelques articles anciens de mon blog

    Torture : les propos de Marine Le Pen, dans la lignée de son père

     

     
    Torture : les propos de Marine Le Pen, dans la lignée de son père

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/10/pour-marine-le-pen-il-peut-parfois-etre-utile-de-faire-parler-sous-la-torture_4537731_823448.html 


    Pour
    Marine Le Pen, la torture est un mal nécessaire. C'est ce que la présidente du Front national a affirmé en substance, mercredi 10 décembre. Interrogée par BFM-TV et RMC sur le rapport américain détaillant des sévices infligés par la CIA à des personnes suspectées de terrorisme, l'eurodéputée a déclaré : « Moi, je ne condamne pas (...). Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire : “Ouh la la ! C'est mal”. » 

    Interrogée sur le point de savoir si l'on pouvait utiliser la torture, Mme Le Pen a répondu :

    « Oui, oui, bien sûr, cela a été utilisé dans l'Histoire. Je crois que les gens qui s'occupent de terroristes et accessoirement de leur tirer des informations qui permettent de sauver des vies civiles sont des gens qui sont responsables ».

    Pour Mme Le Pen, nécessité fait loi. Et dans les cas où une « bombe – tic-tac tic-tac tic-tac – doit exploser dans une heure ou deux et accessoirement peut faire 200 ou 300 victimes civiles », « il est utile de faire parler la personne ».  

    Des propos validés par Gilbert Collard, député Rassemblement bleu Marine (RBM) du Gard, le même jour sur i-Télé :

    « C'est vrai que la torture doit être le recours ultime quand il faut sauver des vies, la torture pour la torture c'est ignoble, mais cette espèce de lâcheté qui consiste à dire 'Tant pis que les innocents meurent pourvu que j'aie les mains propres'...»  Si pour sauver vingt, ou dix, ou deux ou une vie, je dois malmener un tortionnaire, je le fais, je le fais avec dégoût, mais ces choix sont absolument courageux ».


    TRADITION LEPÉNISTE

    Avec ces propos, Marine Le Pen s'inscrit dans la tradition lepéniste. Jean-Marie Le Pen a, en effet, répété à plusieurs reprises que la torture pouvait être utilisée dans certains cas. Ainsi, en juin 2002, en réponse à des accusations de tortures qu'il aurait pratiquées lorsqu'il était parachutiste en Algérie, il a affirmé lors d'une conférence de presse :

    « C'est un terme très vague la torture. Ça commence où ? Ça finit où ? Les procédés d'interrogatoires musclés se trouvaient justifiés par le secret, qui était l'arme principale des terroristes. » 

    Quelques mois plus tôt, M. Le Pen avait donné une interview retentissante au quotidien israélien de gauche Haaretz. Son argumentation de l'époque entre étrangement en résonance avec les propos de sa fille aujourd'hui.

    M. Le Pen évoque encore une fois les tortures lors de la guerre d'Algérie :

    « C'est très facile d'être critique quand on est assis dans son fauteuil. (…) Nous n'avons pas écrasé les terroristes en étant gentils avec eux. La guerre contre le terrorisme est une chose brutale ».

    Il disait préférer l'expression « interrogatoires poussés » plutôt que « tortures » car ce mot ferait « le jeu des terroristes ».

    Enfin, en 1987, Jean-Marie Le Pen affirmait au Monde :

    « S'il faut torturer un homme pour en sauver cent, user de violences pour découvrir un nid de bombes, la torture est inévitable. »

     Abel Mestre 

          SOUVENONS-NOUS

    La guerre d'Algérie ou le spectre de la torture

    Réélu député en 1958, Jean-Marie Le Pen devient rapporteur du budget de la Guerre à l’Assemblée nationale. Un poste stratégique alors que la guerre d’Algérie continue. Le jeune élu en profite pour marquer son indépendance vis-à-vis du gaullisme et défend l’Algérie française. Geste fort, il quitte, au cours de son mandat, les bancs de l’Hémicycle pour se porter volontaire en Algérie. Ayant été officier de renseignement, il a avoué, le 9 novembre 1962 dans la revue Combat, "avoir torturé parce qu'il fallait le faire". Au lendemain de cette déclaration fracassante, il est revenu sur ses propos, évoquant des "méthodes de contraintes" plutôt que de tortures. Malgré cela, Jean-Marie Le Pen est décoré de la Croix de la valeur militaire. Dans les années 80-90, plusieurs personnalités –Michel Rocard, Pierre Vidal-Naquet ou le général Aussaresses– l’accuseront d’avoir pratiqué la torture en Algérie. Dans un livre, Torturés par Le Pen (2000), l’historien Hamid Bousselham émet des accusations particulièrement détaillées et précises.

    REUTERS

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire. Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle et l'Algérie française.

     

     Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé

    le pire

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.  Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle et l'Algérie française.

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    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.  Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle et l'Algérie française.

    Après Morano, Marine Le Pen dérape sur de Gaulle

    et l'Algérie française.

    Sur Europe 1, Marine Le Pen a pris ses distances avec Nadine Morano, mais aussi avec le général de Gaulle, coupable d'avoir renoncé à l'Algérie française. Un dérapage politique qui montre que le gaullisme du FN est un trompe l'oeil.

    Le gaullisme de Marine Le Pen est un gaullisme d’opérette. Vertu collatérale de la sortie de Nadine Morano sur la France, "pays de race blanche", Marine Le Pen a dérapé au micro d’Europe 1, jeudi 1er octobre. Pour le moment, la machine médiatique ne retient que la formule "Morano s’est pris les pieds dans le buzz", passant à côté de l’essentiel politique : l’aveu par Marine Le Pen qu’en dépit de ses efforts, sa conversion aux valeurs du gaullisme est un trompe-l’œil.

    Interrogée sur la polémique Morano, Marine Le Pen a pris une double distance. Avec la députée européenne perdue dans sa tourmente, mais aussi et surtout avec le général de Gaulle, dont elle se réclame depuis peu.

    "Ce sont les propos du général de Gaulle, avec lesquels je suis en désaccord, puisqu’il les a tenus précisément pour justifier son refus de l’Algérie française" a déclaré Marine Le Pen, ajoutant : "Or nous, nous étions pour l’Algérie française car nous considérions qu’au-delà des races et des religions, l’on pouvait être Français pour peu, encore une fois, que l’on se sente Français, que l’on adopte l’histoire, que l’on adopte la culture, que l’on ait le souhait de participer à un avenir commun, que l’on adopte le mode de vie".

    L'héritage des fascistes français

    Sortie passionnante, en ce qu’elle démasque le gaullisme d’opérette de Marine Le Pen, inspiré par Florian Philippot. Il est difficile de se défaire d’un habitus hérité du maréchalisme. D’un coup, dans la bouche de Marine Le Pen, le "nous" marque l’appartenance à l’histoire de son camp, de l’extrême droite française qui, de l’affaire Dreyfus en passant par le 6 février 34, Vichy et l’OAS mène à la création du Front national de 1972, celui de Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen est l’héritière de ces fascistes français (car ici nous pensons comme Raymond Aron, qu’il y a eu des fascistes français, mais qu’il n’y a jamais eu de fascisme français) qui se sont toujours trompés, ont toujours échoué, et ont toujours été nuisibles à la France.

    Le propos mérite d’autant plus d’être relevé qu’il démontre que Marine Le Pen n’a rien compris à ce que de Gaulle avait confié à Alain Peyrefitte, et que ce dernier a rapporté dans son "C’était de Gaulle". Pas plus que Nadine Morano (qui ne cite même pas bien de Gaulle, qui parle d’un "peuple européen de race blanche" et non d’un "pays de race blanche") la présidente du FN ne comprend ce que signifie de Gaulle, à ce moment précis de l’histoire, quand il sait que l’indépendance de l’Algérie est inéluctable. A savoir que l’intégration du peuple algérien est impossible dans un espace de citoyenneté française, compte tenu du poids de l’histoire, des cultures, mais aussi des impératifs sociaux et économiques de l’époque, est une lubie insensée, porteuse d’une contradiction qui mènerait à l’implosion de la France.

    Il n’y a pas de lecture racialiste chez de Gaulle, confronté à une situation de crise exceptionnelle et qui s’exprime en un temps où l’immigration venue d’Afrique du nord vers la France n’a même pas débuté. Bien au contraire. En 1959, le général, qui a déjà compris que le concept "d’Algérie française" est un oxymore politique, s’apprête à en tirer les conséquences, au nom de l’intérêt des deux peuples, français et algérien. Il agit en Homme d'Etat, position que Marine Le Pen, cinquante ans plus tard, est encore incapable d’appréhender. Il est sidérant de contempler l’expression d’une vision de l’histoire, aussi datée et obsolète, étayée par des références qui pointent une faiblesse politique peu digne d’une personnalité qui postule à la présidence de la République.

    Mieux encore, Marine Le Pen avoue implicitement qu’elle porte en elle une vision post-coloniale de l’histoire et des rapports entre les peuples. Elle conçoit la France comme un modèle supérieur de civilisation, dont la bienveillance s’exprime par la coercition politique. C’est absurde. Certes, il est évident que Marine Le Pen évoque sa nostalgie française et réfute de Gaulle pour mieux stigmatiser, de manière sournoise, ceux qui sont aujourd’hui présents en France et ne seraient pas des Français selon les vues qui sont les siennes, mais cette évocation dit aussi le danger que représente la présidente du FN, qui estime qu’être Français, c’est adopter l’histoire et la culture du pays.

    Gaullienne? gaulliste? Ni l'un ni l'autre

    Et pourtant, on peut être Français et refuser d’adopter des pans entiers de l’histoire de France, ou ne pas se sentir lié par des éléments de culture. On peut être Français et vibrer au souvenir du sacre de Reims et lire avec émotion le récit de la Fête de la fédération et rejeter le Bonapartisme impérial, le Maréchalisme et Vichy, l’OAS et l’Algérie française… On peut même être Français, et ne pas être gaulliste, tout en refusant d’être anti-gaulliste, comme l’écrivait François Mitterrand dans "La Paille et le grain", au nom même de ce que représente le général, porteur des valeurs du Conseil national de la Résistance…

    A cela, Marine Le Pen objectera sans doute qu'elle se prétend gaullienne, plus que gaulliste. Mais le distingo ne trompera personne. Marine Le Pen n'est ni gaulliste, ni gaullienne, tout simplement parce qu'un nostalgique de "l'Algérie française" ne peut pas l'être, c'est ontologique.

    Sur Europe 1, Marine Le Pen a renoué, elle, avec l’anti-gaullisme traditionnel de d’extrême droite ; celui qui a toujours préféré la Révolution nationale au programme du Conseil national de la Résistance ; celui qui n’a jamais pardonné au général le procès de Pétain, l’exclusion de Maurras de l’Académie, l’exécution de Brasillach, la fin de l’utopie Algérie française et le châtiment de Bastien-Thiry [à l'origine de l'attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle en 1962]…

    Car c’est bien à cette conscience politique de l’extrême droite traditionnelle, façonnée par un siècle et demi de feu et de sang, de violences et de tumultes, de haine de la République et de la Nation que renvoie le "Nous, nous étions pour l’Algérie française" de Marine Le Pen.

    Le vol de l'héritage des Républicains

    Que faire de cet aveu de renonciation au Gaullisme, à ses pompes et à ses œuvres? La question vaut pour ceux qui sont, en principe, les dépositaires du legs politique du Général, "Les Républicains". De ce point de vue, leur manque d’empressement à défendre ce qui leur revient de droit et de tradition ne lasse pas d’étonner.

    Depuis que le FN a entamé son opération de triangulation du gaullisme, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé et les autres laissent faire. Ni révolte, ni combat contre le vol d’un héritage qu’ils devraient défendre bec et ongle. Combien de temps encore supporteront-ils le dépôt de la gerbe Philippot sur la tombe du Grand homme enterré à Colombey-les-deux-églises, chaque 10 novembre, date anniversaire de sa disparition? L’affaire n’est pas anecdotique, elle est politique. Qui de la nouvelle génération, Bruno Le Maire ou un autre, aura un jour le courage de signifier à Philippot, sur la tombe du général et devant les caméras, en novembre prochain, qu’il n’est pas légitime à s’en réclamer?

    Le FN ne prospère pas seulement sur les peurs sociales, économiques et culturelles, il est aussi passé maître dans l’art de préempter un univers mental politique et historique qui n’est pas le sien, parce que les autres, inconscients et émollients, laissent faire.

    La présidente du FN fait ainsi coup triple, qui assume et revendique l’héritage politique de son père, se proclame gaulliste tout en niant, sans que personne ne relève ses contradictions, la vertu même du gaullisme. En dépit de ses proclamations, inspirées par Florian Philippot, à la gloire du général de Gaulle, elle montre que dans les tréfonds de sa conscience, elle est la dépositaire d’une histoire politique, d’une tradition, qui la relie, sans contestation possible, aux heures les plus sombres de l’histoire contemporaine de ce pays.

    Marine Le Pen a tué le père, mais elle a gardé le pire.

    SOURCE : http://www.challenges.fr/politique/20151001.CHA0011/apres-morano-marine-le-pen-derape-sur-de-gaulle-et-l-algerie-francaise.html

     

    Une mise au point de l’historien Alain Ruscio Marine Le Pen et l’affaire Audin : quand la haine le dispute à l’ignorance crasse

     

    Une mise au point de l’historien  Alain Ruscio  Marine Le Pen et l’affaire Audin : quand la haine le dispute   à l’ignorance crasse

    Une mise au point de l’historien  Alain Ruscio  Marine Le Pen et l’affaire Audin : quand la haine le dispute   à l’ignorance crasse

    Maintenant Racaille Nationale 

    Une mise au point de l’historien  Alain Ruscio  Marine Le Pen et l’affaire Audin : quand la haine le dispute   à l’ignorance crasse

    Une mise au point de l’historien

     Alain Ruscio

    Marine Le Pen et l’affaire Audin :

     quand la haine le dispute

    à l’ignorance crasse

     

    Quand a été rendue publique, le 13 septembre 2018, la déclaration du président Macron sur l’assassinat par des militaires français en 1957 de Maurice Audin, une personnalité politique d’extrême droite s’est distinguée par son déni de réalité et ses contre-vérités. La dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, a cru bon de dire que « Maurice Audin a caché des terroristes du FLN qui ont commis des attentats ». L’historien Alain Ruscio fait un sort à cette inexactitude et précise l’engagement politique de Maurice Audin.

    Marine Le Pen et l’affaire Audin : quand la haine

     le dispute à l’ignorance crasse

    Par Alain Ruscio, historien 

    Dans les heures qui ont suivi la déclaration du président Macron, reconnaissant — enfin ! — la responsabilité des plus hautes autorités de l’État dans l’assassinat de Maurice Audin, les prises de position sont arrivées en avalanche, la plupart plutôt favorables à cet acte de courage.

    D’autres, venant le plus souvent de la nébuleuse d’extrême droite, l’ont condamnée. Sans grande importance. Il en est une, cependant, qu’il est catégoriquement hors de question de laisser passer. Mme Le Pen, dirigeante du Rassemblement national, a laissé tomber cette phrase : « Maurice Audin a caché des terroristes du FLN qui ont commis des attentats ».

    Sans revenir sur toute l’affaire, il est nécessaire de rappeler qui était Maurice Audin, quel était son rôle au sein du Parti communiste algérien.

    Membre du Parti communiste algérien depuis 1950 — il avait alors 18 ans —, mathématicien brillant, assistant à la Faculté d’Alger, il s’apprêtait à soutenir une Thèse et à devenir ainsi un des plus jeunes Docteurs ès Sciences de France. Son directeur, René de Postel, témoigna de la qualité exceptionnelle des travaux de celui qui était un des espoirs de la recherche française (1).

    En novembre 1954, la guerre d’indépendance éclate. Le PC Algérien, sans comprendre immédiatement la portée historique du pas qui vient d’être franchi, dénonce la répression et les actes de guerre qui commencent. Il est dissous en septembre 1955. La direction du PCA répartit alors ses militants en deux catégories : ceux qui plongent dans la clandestinité, voire qui rejoignent les maquis, et ceux qui, non chargés de responsabilités importantes, et donc considérés comme peu surveillés, restent dans la vie active, effectuant un travail discret. Rien là que de très classique : tous les mouvements politiques frappés d’interdit procèdent de la sorte.

    Quelles furent, entre la dissolution de septembre 1955 et l’arrestation de juin 1957, les activités politiques de Maurice Audin ? Son appartement servit de « planque » à des militants politiques recherchés, lui-même stocka et transporta de la documentation, du matériel de propagande, etc. Il participa également à des activités dangereuses, comme par exemple l’exfiltration vers les pays socialistes du Secrétaire général Larbi Bouhali (septembre 1956) : ce fut en quelque sorte une affaire de famille, Maurice Audin ayant assuré la logistique avec sa sœur Charlie et son beau-frère Christian Buono.

    L’engrenage se mit en place le 9 juin 1957. Le Dr Hadjadj, membre du PCA, fut arrêté. Torturé, il résista durant trois jours, mais craqua devant la menace de voir sa propre femme torturée. Il finit, le 11 dans la soirée, par dire qu’il avait soigné Paul Caballero, un dirigeant communiste de premier plan, au domicile de la famille Audin. Les paras s’y précipitèrent. C’est là, à 23 heures, en présence de sa femme Josette et de ses enfants, que Maurice Audin fut arrêté. Son épouse protesta, sa fille aînée Michèle — trois ans — donna même des coups de pieds aux paras (2). Le prisonnier fut transporté à El Biar, dans un immeuble réservé, où, déjà, Ali Boumendjel avait été assassiné, puis immédiatement torturé.

    La triste suite est connue.

    Aucun terroriste poseur de bombes hébergé. Aucun lien avec un quelconque attentat. La pure figure de Maurice Audin ne méritait pas cette ignominie supplémentaire. Le père « travaillait » dans les caves durant la bataille d’Alger. La fille vient d’y ajouter l’ignorance crasse. Faut-il en rire ou en pleurer ? Non : il faut crier sa honte, sa répulsion.


    (1) « Mon assistant, Maurice Audin », Les Lettres françaises, 19 décembre 1957.

    (2) Michèle Audin, Une vie brève, Paris, L’Arbalète / Gallimard, 2013. 

    SOURCE : http://histoirecoloniale.net/Marine-Le-Pen-et-l-affaire-Audin-quand-la-haine-le-dispute-a-l-ignorance-crasse.html 

     


     


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    Le journaliste algérien qui avait reçu Emmanuel Macron en 2017 commente l’élection présidentielle 2022

    Le journaliste algérien qui avait reçu Emmanuel Macron en 2017 commente l’élection présidentielle 2022

     

    Au terme d'une campagne atone et largement éclipsée par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés pour le second tour, selon l'estimation Ipsos-Sopra Steria pour France 24. Jean-Luc Mélenchon arrive en troisième position avec 22,2 % des suffrages. Les précisions de Khaled Drareni, le journaliste algérien qui avait interviewé Emmanuel Macron en 2017, lorsqu’il avait déclaré « La colonisation est un crime contre l’humanité ».

     

     


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    Il s’opposa aux crimes de l’armée française à Alger

    en 1957

      Il s’opposa aux crimes de l’armée française à Alger en 1957  Rendre hommage à Paul Teitgen par Fabrice Riceputi

    Rendre hommage à Paul Teitgen
    par Fabrice Riceputi

     

    Dans une tribune publiée dans Le Monde Afrique, l’historien Fabrice Riceputi relève que Paul Teitgen, qui s’opposa aux exactions de l’armée française à Alger en 1957, témoigna sur elles et fut sanctionné pour cela par le gouvernement de Michel Debré, et qu’il n’a fait l’objet d’aucun hommage officiel. « Pour la même raison, selon lui, qui a fait annuler la panthéonisation de l’avocate Gisèle Halimi » : la difficulté à reconnaître comme tels les crimes de l’armée française en Algérie. Outre cette tribune, nous publions la lettre de démission de Paul Teitgen au ministre Robert Lacoste, ainsi qu’un extrait de film dans lequel il explique son refus de la torture.

    Rendre hommage à Paul Teitgen

    par Fabrice Riceputi, tribune publiée le 8 avril 2022 dans Le Monde Afrique.
    Source.

    Il faudrait « élever une statue » à Paul Teitgen, écrivait le romancier Alexis Jenni. Parmi les gestes symboliques relatifs à la guerre d’indépendance algérienne accomplis par Emmanuel Macron, il en est un qu’on pourrait s’étonner de ne pas trouver : un hommage enfin rendu au seul des hauts fonctionnaires de la République qui, au cœur de l’appareil d’Etat colonial en 1957 à Alger et dans une terrible solitude, eut le courage de mettre en péril une brillante carrière en refusant d’être le complice de crimes contre l’humanité.

    Pourquoi cette sorte de héros moral reste-t-il dans l’anonymat ? Il n’était pas de ces « ennemis de la France » que les rapports de police qualifiaient alors de « séparatistes » et qu’il est toujours trop gênant politiquement d’honorer aujourd’hui, à l’image de l’avocate Gisèle Halimi, qui défendit des combattants du FLN. Chrétien-démocrate, ancien résistant déporté, issu de la première promotion de l’ENA, « France combattante », partisan à cette date de la présence française en Algérie, il avait été nommé en 1956 à la préfecture d’Alger pour participer à rétablir l’ordre colonial menacé par l’insurrection.

    C’est lui, par exemple, qui supervisa l’arrestation en novembre 1956 du militant communiste Fernand Iveton, interdisant du reste en vain à la police de le torturer. Puis vint en 1957 ce que la propagande française baptiserait la « bataille d’Alger ». Chargé d’un contrôle civil illusoire sur l’activité répressive des militaires, Paul Teitgen devint alors la caution morale d’une terreur militaro-policière qui le révulsait.

     

      Il s’opposa aux crimes de l’armée française à Alger en 1957  Rendre hommage à Paul Teitgen par Fabrice Riceputi

    Paul Teitgen en uniforme de préfet (le deuxième en partant de la gauche) Alger, 1957 

    Menacé de mort par les militaires et l’OAS

     éloigné au Brésil

    C’est au nom d’un attachement viscéral à des valeurs républicaines dont il constatait à ce poste le viol quotidien et massif qu’il tenta en vain de s’opposer à Massu et à ses parachutistes, ces « seigneurs de la guerre aux terrifiants caprices » (Sartre). Et c’est au nom de ces mêmes valeurs, associées à celles du christianisme, qu’après deux mois il adressa au gouverneur Robert Lacoste une lettre de démission solennelle et accusatrice. Il y demandait à être relevé de fonctions qui le rendaient complice de crimes selon lui identiques à ceux de la Gestapo. Lui-même, rappelait-il, avait été de ces « humiliés dans l’ombre » suppliciés à l’eau et à l’électricité, comme à présent les milliers de « suspects » algériens.

     

      Il s’opposa aux crimes de l’armée française à Alger en 1957  Rendre hommage à Paul Teitgen par Fabrice Riceputi

    Fiche d’internement au Struthof de Paul Teitgen 

    Il mit ainsi en danger sa carrière, mais aussi sa vie : haï par les militaires et les « ultras » de l’Algérie française comme « traître », il fut menacé de mort par les parachutistes de Massu puis par l’OAS. Après son expulsion d’Algérie par le général Raoul Salan en mai 1958, témoin trop gênant, il fut privé – fait sans précédent dans l’histoire de la préfectorale – de poste et de traitement durant deux ans, à l’instigation du premier ministre Michel Debré, et même éloigné au Brésil pendant six mois, avant d’être nommé au Conseil d’Etat, bâillonné ainsi par l’obligation de réserve. Malgré cela, il témoigna auprès de l’historien Pierre Vidal-Naquet et devant la justice, notamment en défense de « porteurs de valises » pourtant fort éloignés de lui politiquement. En 1991, il mourut dans l’anonymat.

    A ce jour, nul n’a formulé, au nom de la République qu’il adulait, le moindre regret pour ce traitement. Pourtant, quelle plus belle figure pour l’édification citoyenne que celle de ce courageux grand commis de l’Etat, intransigeant sur les principes républicains ? D’autant que le système de terreur auquel Paul Teitgen s’opposa a été, on l’a peu noté, reconnu officiellement comme tel par l’Elysée en 2018, dans une déclaration sur le meurtre par l’armée française de Maurice Audin, mathématicien et militant communiste arrêté en juin 1957 lors de la « bataille d’Alger ».

    Des crimes comparables à ceux des nazis

    Mais il est toujours politiquement impossible de faire de Teitgen un « juste » de la République. Pas plus, du reste, que du général de Bollardière, qui quitta l’armée pour protester contre la torture. Et pour les mêmes raisons exactement que celles qui ont empêché la panthéonisation de Gisèle Halimi.
    Car honorer l’une comme l’autre reviendrait à reconnaître que la République coloniale à l’agonie et ses dirigeants commandèrent et couvrirent en Algérie – comme auparavant en Indochine et plus tard notamment au Cameroun – des crimes en effet comparables, beaucoup osaient alors le dire en métropole, à ceux des nazis durant l’Occupation : disparitions forcées, torture, viols, exécutions sommaires, toutes exactions aujourd’hui solidement documentées par les historiens et qualifiées en droit international de crimes contre l’humanité.

     

      Il s’opposa aux crimes de l’armée française à Alger en 1957  Rendre hommage à Paul Teitgen par Fabrice Riceputi

    Archives nationales, fonds de la Commission de Sauvegarde des droits et libertés individuels,
    F 60 / 3125.
    Voir :
     

    https://texturesdutemps.hypotheses.org/4027#more-4027

     

    Ce serait aussi rappeler le passé criminel de nombreux officiers, dont certains, véritables Klaus Barbie français, n’en firent pas moins après 1962, à la faveur de l’amnistie et de l’omerta sur ce passé honteux, de brillantes carrières, couverts d’honneurs alors qu’ils auraient dû l’être d’opprobre.

    Enfin, ce serait s’engager sur une voie que sembla un temps vouloir emprunter l’actuel président lorsqu’il était candidat [en 2017], mais qu’il quitta bien vite une fois élu, s’évertuant depuis à éviter d’affronter la question pourtant essentielle : celle d’une nécessaire condamnation morale et politique par la République de la colonisation elle-même, dont la sale guerre d’Algérie et son cortège de crimes et de souffrances ne furent que l’aboutissement tragique.

    Fabrice Riceputi est historien. Il est notamment l’auteur d’Ici on noya les Algériens (Le Passager clandestin, 2021) et de l’article « Paul Teitgen et la torture pendant la guerre d’Algérie, une trahison républicaine », 20 & 21. Revue d’histoire, (Presses de Sciences Po, n°142, avril-juin 2019, pp. 3-17). Il anime avec l’historienne Malika Rahal le projet 1000autres.org, consacré à la disparition forcée durant la guerre d’indépendance algérienne.

     


     

    Lettre de Paul Teitgen au ministre

    de l’Algérie Robert Lacoste

     

    Alger, 24 mars 1957.


    Le 20 août 1956, vous m’avez fait l’honneur d’agréer ma nomination au poste de secrétaire général de la préfecture d’Alger, chargé plus spécialement de la police générale.

    Depuis cette date, je me suis efforcé avec conviction, et à mon poste, de vous servir — et quelquefois de vous défendre — c’est-à-dire de servir, avec la République, l’avenir de l’Algérie française.

    Depuis trois mois, avec la même conviction, et sans m’être jamais offert la liberté, vis-à-vis de qui que ce soit d’irresponsable, de faire connaître mes appréhensions ou mes indignations, je me suis efforcé dans la limite de mes fonctions, et par-delà l’action policière nouvelle menée par l’armée, de conserver — chaque fois que cela a été possible — ce que je crois être encore et malgré tout indispensable et seul efficace à long terme : le respect de la personne humaine.

    J’ai aujourd’hui la ferme conviction d’avoir échoué et j’ai acquis l’intime certitude que depuis trois mois nous sommes engagés non pas dans l’illégalité — ce qui, dans le combat mené actuellement, est sans importance — mais dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre.

    Je ne me permettrais jamais une telle affirmation si, au cours de visites récentes effectuées aux centres d’hébergement de Paul-Cazelles et de Beni-Messous, je n’avais reconnu sur certains assignés les traces profondes des sévices ou des tortures qu’il y a quatorze ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo de Nancy.

    Or ces deux centres d’hébergement, installés, à sa demande, par l’autorité militaire d’Alger, sont essentiellement pourvus par elle. Les assignés qui y sont conduits ont d’abord été interrogés dans les quartiers militaires après une arrestation dont l’autorité civile, qui est celle de l’Etat, n’est jamais informée. C’est ensuite, et souvent après quelques semaines de détention et d’interrogatoires sans contrôle, que les individus sont dirigés par l’autorité militaire au centre de Beni-Messous et de là, sans assignation préalable et par convoi de cent cin­quante à deux cents, au centre de Paul-Cazelles.

    J’ai, pour mon compte personnel et sans chercher à échapper à cette responsabilité, accepté de signer et de revêtir de mon nom jusqu’à ce jour près de deux mille arrêtés d’assignation à résidence dans ces centres, arrêtés qui ne faisaient que régulariser une situation de fait. Je ne pouvais croire, ce faisant, que je régulariserais indirectement des interrogatoires indignes dont, au préalable, certains assignés avaient été les victimes.

    Si je n’ignorais pas qu’au cours de certains interrogatoires des individus étaient morts sous la torture, j’ignorais cependant qu’à la villa Sesini, par exemple, ces interrogatoires scandaleux étaient menés, au nom de mon pays et de son armée, par le soldat de Ire classe F…, sujet allemand engagé dans le 1er REP, et que celui-ci osait avouer aux détenus qu’il se vengeait ainsi de la victoire de la France en 1945.

    Rien de tout cela, bien sûr, ne condamne l’armée française, non plus que la lutte impitoyable qui doit être menée par elle dans ce pays, et qui devait l’être à Alger plus spécialement contre la rébellion, l’assassinat, le terrorisme et leurs complices de tout ordre.

    Mais tout cela condamne la confusion des pouvoirs et l’arbitraire qui en découle. Ce n’est plus tel ou tel responsable connu qui mène les interrogatoires, ce sont des unités militaires. Les suspects ne sont plus retenus dans les enceintes de la justice civile ou militaire, ni même dans les lieux connus de l’autorité administrative. Ils sont partout et nulle part. Dans ce système, la justice — même la plus expéditive — perd ne serait-ce que l’exemplarité de ses décisions. Par ces méthodes improvisées et incontrôlées, l’arbitraire trouve toutes les justifications. La France risque, au surplus, de perdre son âme dans l’équivoque.

    Je n’ai jamais eu le cynisme et je n’ai plus la force d’admettre ce qu’il est convenu d’appeler des « bavures », surtout lorsque ces bavures ne sont que le résultat d’un système dans lequel l’anonymat est seul responsable.

    C’est parce que je crois encore que dans sa lutte la France peut être violente sans être injuste ou arbitrairement homicide, c’est parce que je crois encore aux lois de la guerre et à l’honneur de l’armée française que je ne crois pas au bénéfice à attendre de la torture ou simplement de témoins humiliés dans l’ombre.

    Sur quelque 257 000 déportés, nous ne sommes plus que 11 000 vivants. Vous ne pouvez pas, monsieur le ministre, me demander de ne pas me souvenir de ce pour quoi tant ne sont pas revenus et de ce pour quoi les survivants, dont mon père et moi-même, doivent encore porter témoignage.

    Vous ne pouvez pas me le demander parce que telle est votre conviction et celle du gouvernement de mon pays.

    C’est bien, au demeurant, ce qui m’autorise à vous adresser personnellement cette lettre, dont il va sans dire qu’il n’est pas dans mes intentions de me servir d’une quelconque manière. Dans l’affirmation de ma conviction comme de ma tristesse, je conserve le souci de ne pas indirectement justifier les partisans de l’abandon et les lâches qui ne se complaisent que dans la découverte de nos erreurs pour se sauver eux-mêmes de la peur. J’aimerais, en revanche, être assuré que vous voudrez bien, à titre personnel, prendre en considération le témoignage d’un des fonctionnaires installés en Algérie par votre confiance et qui trahirait cette confiance, s’il ne vous disait pas ce qu’il a vu et ce que personne n’est en droit de contester, s’il n’est allé lui-même vérifier.

    J’ai, en tout état de cause, monsieur le ministre, perdu la confiance dans les moyens qui me sont actuellement impartis pour occuper honnêtement le poste que vous m’aviez assigné. Je vous demande, en conséquence, de bien vouloir prier M. le ministre de l’Intérieur de m’appeler rapidement à d’autres fonctions.

    Je vous demande enfin, monsieur le ministre, d’agréer cette lettre comme l’hommage le plus sincère de mon très profond et fidèle respect.

    Paul Teitgen

     

    Source : Charlotte Delbo, Les Belles Lettres, Paris, Minuit, 1961, p. 80. 

     


     

    Paul Teitgen et la torture (extrait de film)

     

    Dans cet extrait du film d’André Gazut, Hommage au Général Bollardière (1974), Paul Teitgen revient sur son refus de la torture, comme chrétien, comme républicain et comme ancien torturé.

    L’affaire qu’il évoque au début de la séquence est celle de Fernand Iveton, militant du Parti Communiste Algérien, arrêté en novembre 1956, ayant déposé une bombe pour saboter l’usine à gaz où il était ouvrier. Cette dernière, placée pour ne faire aucune victime, n’explosa pas. Fernand Iveton fut condamné à mort et exécuté le 11 février 1957, son recours en grâce ayant été rejeté avec l’approbation du Garde des Sceaux François Mitterrand.

    Ce que Paul Teitgen ne sait pas en 1974, mais que Jean-Luc Einaudi lui apprendra dans les années 1980, c’est qu’il fut désobéi par la police d’Alger. En effet, malgré l’interdiction du secrétaire général de la préfecture, Iveton fut torturé à quatre reprises, sur l’ordre du commissaire Honoré Gévaudan, si l’on en croit les mémoires du général Aussaresses. Mais, s’il « parla », il envoya les policiers sur une fausse piste. Sa torture ne servit donc nullement à empêcher un attentat.

    Fabrice Riceputi

    SOURCE : Rendre hommage à Paul Teitgen, par Fabrice Riceputi - Histoire coloniale et postcoloniale 


    Paul Teitgen : le fonctionnaire qui a dit non

    à la torture

    Ebauche de mémorial pour Paul Teitgen et tous les disparus d’Algérie

     

    Sous la plume de l’historien Fabrice Riceputi et d’autres, la mémoire de Paul Teitgen est très souvent évoquée depuis quelques semaines. Paul Teitgen, c’est l’histoire d’un grand commis de l’État qui avait dit non à la torture en Algérie. Il est décédé en 1991 dans le plus strict anonymat à Colombe-lès-Vesoul.

    Parce qu’il avait connu lui-même la torture, l’internement et l’arbitraire pendant la guerre, Paul Teitgen a dit non. Devenu secrétaire général de la préfecture d’Alger, il a refusé, en son nom, de cautionner ce qui était en train de se mettre en place en Algérie.

    La figure de Paul Teitgen apparaît en filigrane dans toute l’histoire des « événements » d’Algérie. Cet habitant du village d’Essernay, près de Colombe-lès-Vesoul, n’a jamais voulu être un héros. Il est d’ailleurs décédé en Haute-Saône en toute discrétion sans jamais avoir réellement fait parler de lui. Et pourtant le personnage continue à fasciner. On retrouve forcément son nom au moment où Emmanuel Macron reconnaît l’implication de l’État français dans le meurtre de Maurice Audin. Plusieurs articles s’intéressent de très près au personnage. Un sculpteur a même voulu prendre au mot l’auteur de « L’art français de la guerre », Alexis Jenni, qui a écrit : « Il ne paie pas de mine, son acte est modeste, mais je voudrais élever une statue à Paul Teitgen ».

    Fabrice Riceputi, l’historien bisontin, a consacré plusieurs articles à ce personnage étonnant, aussi discret que charismatique. « Et puis aussi plein d’humour et formidable orateur, comme le disait Pierre Vidal-Naquet, son grand ami. Mais c’est surtout son geste qui est admirable. Il a refusé de cautionner la torture, il a dit non. Et travailler sur Paul Teitgen donne un éclairage essentiel sur l’enchaînement des faits et la folie collective qui s’est alors emparée de l’État. Son témoignage décrit comment on a organisé la torture ».

    Lui-même ancien déporté, il n’a pas pu fermer les yeux

    Paul Teitgen était né à Colombe-lès-Vesoul, mais il a grandi à Nancy dans une famille de démocrates chrétiens. Dès 1940, d’ailleurs, son propre père Henri et son frère Pierre Henri (plusieurs fois ministre de la IVe  République) se sont engagés comme lui dans la Résistance au nom des valeurs de la famille. Ils ont d’ailleurs été déportés tous les trois. Paul Teitgen a, de plus, subi les interrogatoires et la torture avant d’être envoyé au Struthof puis à Dachau dans un état épouvantable.

    Et c’est seulement 13 ans après qu’il se retrouvera secrétaire général de la police à Alger. Très vite, il met en place un système de contrôle des prisonniers faits par l’armée mais se rend vite compte qu’on lui ment. C’est alors qu’il choisit de démissionner, se rendant compte qu’il est en train d’échouer dans sa mission. Il était impossible pour lui, qui avait subi le pire quelques années auparavant, de cautionner les mêmes méthodes au niveau de responsabilités où il était parvenu. Il est alors devenu la bête noire de l’armée qui lui promettait le pire. Il a été renvoyé à Paris avec toute sa famille puis à Brasília pour qu’il y soit oublié.

     

    Les crevettes Bigeard évoquées par Paul Teitgen 


    Paul Teitgen n’a jamais refusé de témoigner même s’il n’a jamais cherché à le faire. Il est par la suite entré au Conseil d’État où il a terminé sa carrière.

    « C’est le seul haut fonctionnaire qui ait dénoncé les crimes de l’Armée française en Algérie », résume Fabrice Riceputi. « On sait aujourd’hui grâce à lui que Maurice Audin a été assassiné. Et il n’y a pas une rue en France qui porte son nom. Ce serait quand même la moindre des choses. Et peut-être en Haute-Saône d’ailleurs, ce département qu’il aimait tant ».

    SOURCE : https://www.estrepublicain.fr/societe/2020/01/07/paul-teitgen-le-fonctionnaire-qui-a-dit-non-a-la-torture?fbclid=IwAR2-wa7M7meyfNEVClW_QQPnX5lZxOZw_QdRmXpJSQcp1lYK_z5oKp_E5mk

     

    Paul Teitgen, le fonctionnaire, originaire

    de Haute-Saône, qui a refusé la torture

     en Algérie

    Il est le seul haut-fonctionnaire a avoir dit "non" à la torture en Algérie en 1957. Paul Teitgen, a grandi en Haute-Saône. C'est d'ailleurs là aussi qu'il repose dans le petit cimetière de Colombe-les-Vesoul. Si son nom ne vous est pas connu, il mérite pourtant d'être inscrit dans les manuels. Voici son histoire racontée par l'historien Fabrice Riceputi, qui a consacré plusieurs articles à Paul Teitgen et travaille sur la guerre d'Algérie. Il a créé le site 1000autres.org, qui répertorie les personnes enlevées, détenues clandestinement, torturées et parfois assassinées par l'armée française - des Maurice Audin par milliers.

     

     

     

    Ebauche de mémorial pour Paul Teitgen

     et tous les disparus d’Algérie

    Par Michaël Duperrin, photographe et écrivain 

     

    Ebauche de mémorial pour Paul Teitgen et tous les disparus d’Algérie

     

    Torturé par la Gestapo, puis déporté à Dachau, cet ancien résistant  fut nommé secrétaire général de la préfecture d’Alger en 1957. Il démissionna pour protester contre les actes de torture pratiqués par l’armée française. Mort en 1991, il aurait eu 100 ans le mercredi 6 février 2019. 

     

    Tribune. Le 6 février 1919 naissait Paul Teitgen. On l’aurait oublié si Alexis Jenni n’avait écrit, dans l’Art français de la guerre : «Il ne paie pas de mine, son acte est modeste, mais je voudrais [lui] élever une statue, […] une belle statue en bronze.» Teitgen était secrétaire général de la préfecture d’Alger en 1957, durant la bataille d’Alger. A l’époque, les bombes du FLN tuaient leur lot quotidien de civils, et il pleuvait des morts, les «Crevettes Bigeard», indépendantistes jetés à la mer d’un hélicoptère, les pieds pris dans le béton. Teitgen découvrit que l’armée, dotée des «pouvoirs spéciaux» par le Parlement, avait systématisé le recours à la torture pour faire parler la population et démanteler le réseau FLN. Près de 24 000 Arabes d’Alger furent arrêtés et soumis à un «interrogatoire approfondi» ; Teitgen recensa parmi eux 3 024 disparus. Tenant de la légalité républicaine, ancien résistant torturé par la Gestapo et à Dachau, il jugeait la torture déshonorante pour la France et dégradante pour tous. Il fit cette chose simple mais hautement symbolique : il demanda aux militaires de signer une assignation à résidence pour chaque personne arrêtée, et ce qu’il était advenu de chaque disparu. Les réponses restaient évasives, et son action ne changeait rien. Teitgen démissionna. Mais l’important était là : affirmer que ces vies comptaient, et demander des comptes pour les disparus. Ces actes de Paul Teitgen ne sont pas héroïques. Ils n’en sont peut-être que plus importants, non entachés de l’éclat suspect de la gloire. Il n’y a là qu’une exigence humaine de justice.

    Faudrait-il prendre au pied de la lettre la proposition d’Alexis Jenni ? Près de soixante ans après, la mémoire de la guerre d’Algérie reste douloureuse et conflictuelle. Les blessures des groupes concernés (pieds-noirs, harkis, Algériens immigrés, appelés), souvent silencieuses, n’en continuent pas moins d’avoir des effets. Comme, plus largement, la plaie du colonial a des effets dans le corps social. Si la figure de Paul Teitgen paraît inattaquable, ses actes peuvent-ils fédérer les multiples protagonistes de la guerre d’Algérie ? On pressent déjà le reproche : «Ce ne sont pas les seuls disparus.» Il y a les dizaines d’Européens tombés sous les balles françaises lors d’une manifestation rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, les victimes des attentats de l’OAS comme du FLN, les dizaines de milliers de harkis assassinés à l’indépendance, les civils européens disparus durant le conflit et jusqu’après l’indépendance, comme le 5 juillet 1962 à Oran, mais aussi bien plus tôt, les «enfumades», par l’armée française, en 1844-1845, de centaines d’hommes, femmes, vieillards et enfants retranchés dans des grottes. Et le 1,5 million de morts indigènes, les expropriations, exactions, brimades et humiliations permanentes durant cent trente-deux ans d’Algérie coloniale.

    Sans doute faudrait-il une statue dédiée à tous ces disparus. Elle ne serait pas en bronze, matériau trop chargé d’héroïsme viril. Sa forme, sobre, dirait à la fois la justesse de Paul Teitgen, la douleur de chacun et l’hommage rendu aux disparus. J’imagine ceci : une plaque verticale, dans laquelle serait découpée la silhouette en creux de Paul Teitgen et, à l’intérieur de celle-ci, une trame grillagée composée de 3 024 cases, autant que de disparus de la bataille d’Alger, 3 024 cases qui vaudraient aussi bien pour tous les morts de l’Algérie coloniale, qui diraient à la fois leur absence et la douleur des vivants. La sculpture serait en fer, matériau qui rouille et se décompose, comme tombent en poussière les souvenirs lorsqu’un jour ils cessent d’être traumatiques, de hanter les vivants et finissent par s’effacer de la mémoire transmise entre les générations. Dans les creux des 3 024 cases, chacun pourrait venir déposer sa peine, ses morts, ses disparus, sa nostalgie, sa honte, son remords, sa rancune, sa colère…

    Ce mémorial pourrait être érigé à Colombe-lès-Vesoul, où Paul Teitgen est né. On pourrait rêver que cette sculpture soit aussi installée sur le port de Marseille, qui a vu débarquer tous les acteurs de la guerre d’Algérie. Poussons le rêve plus loin encore, et imaginons qu’elle ait son double exact sur l’autre rive, à Alger. Il faudrait pour cela que les pouvoirs politiques acceptent, au moins un temps, de cesser d’instrumentaliser l’histoire à des fins partisanes et clientélistes, et de commémorer les Justes et les victimes, de quelque bord qu’ils soient. C’est aujourd’hui encore impossible, et c’est pourquoi il faut le demander… Et le faire.

    Michaël Duperrin photographe et écrivain 

    SOURCE : https://www.liberation.fr/debats/2019/02/05/ebauche-de-memorial-pour-paul-teitgen-et-tous-les-disparus-d-algerie_1707592


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    La guerre d’Algérie bat encore la campagne

     

    Posters candidats présidentielles 2022 – 1er tour : 10 avril 2022 – Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

    Il y a quelques semaines était célébré le 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, l’occasion pour le président Macron de tendre une main (électoraliste ?) pour une réconciliation entre les deux pays. Thème souvent abordé, la colonisation divise les candidats à la présidentielle de ce dimanche. Revue d’effectifs.

    Par Donia Ismail 

     

    C’est un thème régulier de l’élection présidentielle française. La guerre d’Algérie, et plus précisément la question de la mémoire autour de ce conflit, réapparaît tous les cinq ans lors de l’entrée en lice des candidats. Dans un paysage politique où les stigmates de la colonisation prennent de plus en plus de place, le scrutin du printemps prochain ne risque pas d’y échapper.

    A ce vif débat s’ajoute une conjonction des calendriers : le premier tour est prévu le 10 avril, trois semaines après l’anniversaire des 60 ans des accords d’Evian, qui avaient mis un terme à huit ans de guerre. Le président français ayant une importance considérable dans l’évolution de la mémoire collective, Le Courrier de l’Atlas s’est intéressé aux différentes positions des candidats face à cette problématique.

    MARINE LE PEN (Rassemblement national)

    Elle est l’une des candidates les plus volubiles sur la question. Depuis des années, Marine Le Pen inonde le débat politique de ses commentaires, comme son père, ancien combattant français en Algérie, le faisait jadis. “C’est un élément essentiel de la reconquête politique électorale du parti”, affirme Olivier Le Cour Grandmaison, politologue. Sa posture tient en trois mots : pas de repentance, comme elle l’affirme dans un tweet, au moment de la commémoration des massacres du 17 octobre 1961. “Alors que l’Algérie nous insulte tous les jours, Emmanuel Macron continue à rabaisser notre pays. Ces repentances à répétition de[1]viennent insoutenables et attentent à l’image de la France !” Car c’est bien ce qu’elle prône : le retour à un nationalisme français agressif, dénué de toutes vérités historiques. “Elle magnifie l’entreprise coloniale, n’hésite pas à réécrire une partie de l’histoire”, martèle Benjamin Stora, historien spécialiste de la guerre d’Algérie et commissaire général de l’exposition Juifs d’Orient à l’Institut du monde arabe. Marine Le Pen, à l’image de son parti, refuse que l’on attaque la grandeur supposée de la France et peint l’Algérie française comme une sorte d’Eden. Une rhétorique apologétique plutôt classique, forgée sous la IIIe République, bien présente à la droite de l’échiquier politique français.

    ÉRIC ZEMMOUR (Reconquête !)

    Ses discours sont plus radicaux que ceux de Marine Le Pen. Il n’hésite pas à en faire sa marque de fabrique, “dans un contexte de rivalité politico-électorale avec le RN”, note Le Cour Grandmaison. Le fond reste semblable : Eric Zemmour condamne toute forme de repentance et glorifie la présence française en Algérie. Sur CNews, il ira même jusqu’à se dire, en tant que français, “du côté du général Bugeaud”, lequel avait “commencé à massacrer les musulmans et même certains juifs” lors de son arrivée en Algérie. Une sortie qui vaudra à la chaîne de Vincent Bolloré une mise en demeure du CSA. Autre argument qui le différencie de la candidate du RN : Zemmour utilise son histoire personnelle à des fins politiques. “Il cherche à légitimer son discours sur la colonisation en forgeant une sorte de roman familial”, analyse le politologue français. L’essayiste est lui-même issu d’une famille de juifs pieds-noirs, arrivés en France en 1952. Il joue de cet élément autobiographique pour s’attirer le vote d’un lectorat convoité à droite : celui des rapatriés. Comme Marine Le Pen, il évite de parler des exactions commises par l’Hexagone. Et lorsqu’il s’y attarde, c’est pour les légitimer. En 2018, sur RTL, il réagit à la reconnaissance par l’Etat français de la disparition de Maurice Audin, résistant communiste. “En décembre 1956, il y avait 122 attentats. Imaginez, tous les jours un Bataclan (…). Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de torture, mais le jeu en valait la chandelle.” Il ajoute, un peu plus tard, que sur ce fait historique, la France Magali Cohen/Hans Lucas/AFP n’était pas responsable. Pire, qu’elle “n’a rien fait de mal, c’était légal”.

    VALÉRIE PÉCRESSE (Les Républicains)

    Ses sorties autour de la question mémorielle sont plus rares. Elles émergent en même temps que sa candidature et dépassent le cadre de la guerre d’Algérie. C’est au sujet de la critique de la colonisation qu’elle s’élève. “Je souhaite qu’on ne réécrive pas l’histoire de France avec la vision du XXIe siècle. C’est ça le vice de cette ‘cancel culture’, l’anachronisme”, avait-elle déclaré. Et cela s’applique à l’Algérie française. “Je ne pense pas qu’il faille déconstruire l’histoire (…). Tous les pays ont besoin de se dire qu’ils sont à l’origine de grandes choses et c’est le cas de la France”, soulignait-elle sur RTL en ce début d’année. Avant d’ajouter que la colonisation a apporté “de bonnes et de mauvaises choses” et qu’Emmanuel Macron avait “honte” de l’histoire du pays. Encore ce refus de repentance, d’égratigner l’imaginaire de l’Hexagone. “Son discours, plutôt classique, trouve son origine dans la volonté des droites parlementaires à voter, en février 2005, la loi sur les rapatriés”, explique Le Cour Grandmaison. Pour rappel, ce texte porté par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avait soulevé une vive controverse, notamment du fait de son article 4 alinéa 2 : “Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française Outre-mer, notamment en Afrique du Nord.” Un texte abrogé un an plus tard. Cette rhétorique permet à Valérie Pécresse et au parti Les Républicains de tenir un discours équilibré. “Ils re[1]connaissent, certes, qu’il y a eu des éléments négatifs dans la colonisation de l’Algérie. Mais ils seraient, affirment-ils, en partie pondérés par des éléments prétendument positifs, contre toutes vérités historiques et statistiques.” Et encore, ce sont les infrastructures et l’alphabétisation qui sont mises en avant.

    EMMANUEL MACRON (La République en Marche)

    Sa position est finalement à l’image de sa politique dite du “en même temps”. En 2017, alors qu’il est candidat à l’élection présidentielle, il qualifie, en Algérie, la colonisation de “crime contre l’humanité”. Une déclaration qui a suscité un tollé retentissant à droite. Jamais aucun prétendant à l’Elysée n’avait osé dire cela. Au cours de son quinquennat, il commande au spécialiste français de la question, Benjamin Stora, un rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie. “C’est le sujet historique sur lequel Emmanuel Macron s’est beaucoup investi, souligne Thomas Guénolé, politologue et essayiste. Il a fait pour cette thématique ce que Jacques Chirac avait fait pour la collaboration et la déportation des Juifs de France.” En se fondant sur ce rapport, le chef de l’Etat a multiplié les gestes en l’espace de quelques années. Parmi eux, la reconnaissance de la disparition et de l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel, la demande de pardon aux harkis, la restitution à l’Algérie de 24 crânes de résistants décapités en 1849. Soit “plus de décisions que lors des soixante dernières années, commente Benjamin Stora. Il y a eu les discours, maintenant il y a les actes.” Et puis, il y a les déceptions. Lors de la dernière commémoration du 17 octobre 1961, le président dénonce des “crimes inexcusables (…) commis sous l’autorité de Maurice Papon”. “Ce sont des propos indignes. Chacun sait que le préfet de police de l’époque n’a fait qu’obéir à des ordres”, rappelle Le Cour Grandmaison, directeur de l’ouvrage collectif Le 17 octobre 1961, un crime d’Etat à Paris (éd. La Dispute). “Par sa déclaration, Macron a transformé ce crime d’Etat en un crime personnel.” Quelques semaines plus tard, il faisait la une de la presse après avoir questionné lors de discussions privées, l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. Il reprend ainsi l’une des rhétoriques les plus courantes de l’extrême droite : celle qui insinue que sans la France, l’Algérie ne serait qu’un désert aride.

    ANNE HIDALGO (Parti socialiste)

    La candidate du PS est à l’image de la position de son parti : moins elle en parle, mieux elle se porte. Les discours et gestes sur cette thématique se comptent sur les doigts d’une main. En octobre dernier, la maire de Paris a dévoilé une stèle commémorative “pour mieux rendre hommage” aux victimes algériennes du 17 octobre 1961, sur le pont Saint-Michel. “C’est l’histoire de Paris, notre histoire, celle d’une ville qui n’accepte pas ce type de répression, qu’on puisse tuer des femmes et des hommes parce qu’ils manifestaient pacifiquement pour une cause”, a-t-elle déclaré lors de la cérémonie. En dehors de cela, Anne Hidalgo ne s’est pas aventurée sur ce su[1]jet. “C’est sans doute générationnel. Au moment de la guerre d’Algérie, elle était gamine”, avance Guénolé. Un silence qui interpelle Benjamin Stora : “En refusant de faire un examen critique de son passé, la gauche laisse la porte ouverte à l’extrême droite.

    YANNICK JADOT (Europe Ecologie-Les Verts)

    Là encore, les écologistes paraissent peu impliqués dans la discussion : “Pour eux c’est un non sujet, car ils arrivent dans le champ politique français après l’indépendance de l’Algérie”, explique Thomas Guénolé. Yannick Jadot a pourtant manifesté dans les rues de Paris à l’automne dernier, lors de l’hommage aux victimes du 17 octobre 1961. “Il faut nommer la réalité de ce qui s’est passé : c’est un crime d’Etat. Il n’y a pas de démocratie sans vérité”, a-t-il exprimé sur les réseaux sociaux. “Les écologistes ont été à la pointe du combat sur l’égalité et cela passe par la reconnaissance des mémoires différentes”, rappelle Sabrina Sebaihi, porte-parole du candidat à la présidentielle. Quant à l’épineuse question de la repentance, la conseillère d’Ivry-sur[1]Seine admet qu’“il est difficile de se positionner, car nous n’avons pas les faits objectifs. Une fois que les archives seront ouvertes, que les historiens auront fait leur travail, on pourra adapter la réponse de l’Etat français par rapport à ce qui s’est réellement passé.”

    JEAN-LUC MÉLENCHON (La France Insoumise)

    A l’image de la gauche, le candidat de la France insoumise reste globalement très discret sur ce sujet. Néanmoins, il demeure un défenseur de l’apaisement entre les deux peuples. “Il avait annoncé lors de sa campagne de 2012 que s’il remportait le scrutin, il effectuerait son premier voyage officiel en Algérie et non en Allemagne, pour entériner solennellement la réconciliation franco-algérienne”, raconte Guénolé. Cette position tient de ses origines : Jean-Luc Mélenchon est un pied-noir du Maroc. “Le fait qu’il reste des traces d’animosité très lourdes entre les deux rives de la Méditerranée l’interpelle personnellement”, poursuit le spécialiste de l’extrême gauche. Le natif de Tanger avait déclaré, la même année : “Les pieds-noirs qui raisonnent savent une chose : maintenant, la guerre est finie, on s’aime, on a des enfants ensemble.”

    FABIEN ROUSSEL (Parti communiste)

    Le PCF entretient une relation plutôt spécifique avec la question algérienne. “Historiquement, les communistes ont toujours été pour la décolonisation et l’indépendance du pays, rappelle Guénolé. Ils étaient fondamentalement anti-colonialistes et sont restés sur cette ligne-là de manière très ferme.” Aussi ont-ils milité pour la vérité sur la disparition de Maurice Audin. Plus récemment, le candidat du PCF, Fabien Roussel, s’est exprimé dans une lettre ouverte en faveur d’“une journée d’hommage aux victimes des crimes du colonialisme”, de la désignation d’“une commission d’enquête afin de faire toute la lumière sur la terreur coloniale dont ont été victimes les Algériens de France”. Le tout pour permettre “aux mémoires de la nation algérienne et de la nation française de s’accorder enfin”.

    SOURCE : https://www.lecourrierdelatlas.com/la-guerre-dalgerie-bat-encore-la-campagne/ 

     

     

    L'armée française a-t-elle utilisé des armes chimiques

    en Algérie ?

    © JEAN-CLAUDE COMBRISSON/AFP or licensorsDes voitures renversées en feu lors de manifestations de musulmans algériens pro-indépendance, le 11 décembre 1960, dans les quartiers européens d'Alger

    Des historiens et journalistes ont lancé jeudi un appel aux autorités françaises pour que les archives militaires, "cadenassées" selon eux, sur le recours aux armes chimiques par l'armée française dans des grottes pendant la guerre d'Algérie soient ouvertes et consultables.

    "Soixante ans après la fin de la colonisation et de la guerre d'Algérie, on parle d'un apaisement des mémoires. Mais est-ce possible (...) si l'accès aux archives est encore partiel ?", indique un communiqué des participants à une conférence de presse jeudi à Paris, dont les historiens Christophe Lafaye et Gilles Manceron.

    "Il en est ainsi de la guerre des grottes qui a fait rage durant la guerre d'Algérie dans les gigantesques réseaux souterrains de l'Aurès, du nord-est de l'Algérie et du massif du Djudjura dans la chaîne de l'Atlas, où des sections de grottes organisées par l'armée française ont été chargées d'utiliser des gaz toxiques contre les personnes, combattantes ou non, qui s'y trouvaient cachées", poursuit le communiqué.

    Guerre d'indépendance

    La guerre d'indépendance algérienne (1954-1962) a opposé des nationalistes algériens à la France. "Entre 1956 et 1962, la France a mené en Algérie une guerre souterraine contre le Front de libération national et l'ALN, qui utilisaient des réseaux souterrains, des grottes naturelles, des caches pour pouvoir combattre", a décrit Christophe Lafaye.

    L'armée française a elle utilisé du gaz toxique "pour pouvoir chasser les indépendantistes de leurs réduits souterrains, faire des prisonniers pour recueillir du renseignement" mais aussi pour rendre inutilisables ces grottes. "Cette guerre des grottes, c'est un grand impensé de la guerre d'Algérie", a-t-il lancé.

    Et d'ajouter : "Ces faits sont connus mais n'ont jamais été travaillés parce qu'ils renvoient à une mémoire douloureuse, à des questions taboues - l'usage de l'arme chimique - et à un manque de sources, à des archives cadenassées".

    Anciens combattants

    L'historien appelle le président français Emmanuel Macron "à prendre un décret qui permette l'ouverture de l'intégralité de ces fonds d'archives sur la guerre souterraine, qui sont au ministère des Armées, et la levée des obstacles législatifs". Selon lui, "il est encore possible, alors que les derniers témoins disparaissent, d'écrire cette histoire".

    Grâce aux témoignages d'anciens combattants français, "on a appris qu'il y a eu beaucoup d'appelés (du contingent) au sein des unités qui utilisaient ces gaz toxiques ; certains en gardent une mémoire extrêmement traumatique", a-t-il souligné.

    Gaz toxiques

    Dans une enquête au long cours intitulée la "guerre des grottes" et publiée dans la revue XXI, la journaliste Claire Billet, présente à la conférence de presse, a rencontré d'anciens militaires français qui ont accepté de raconter ce recours aux gaz toxiques.

    "On employait des gaz. C'était ça le spécial de notre section. Ça, fallait pas en parler. On fouillait la grotte, on la gazait, et, si possible, on faisait sauter l'entrée", a ainsi raconté à la journaliste un ancien appelé qui a passé 28 mois en Algérie. Emmanuel Macron a fait au cours de sa présidence plusieurs gestes pour tenter d'apaiser la mémoire douloureuse entre la France et l'Algérie.

    SOURCE : L'armée française a-t-elle utilisé des armes chimiques en Algérie ? (msn.com)

    Henri POUILLOT nous informe qu'un article sur son site existe

    depuis 2013

    Utilisation du Gaz sarin pendant la Guerre d’Algérie

     

    Cet usage est très peu connu. Un article du journal "Le Bien Public" du 8 septembre 2013 publie un témoignage terrible, repris dans "ledauphine.com", sous la signature de Alexandre OLLIVIERI.

    Article mis en ligne le 10 septembre 2013
     

    par Henri POUILLOT

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    Le retraité Auguste Cuzin, d’Arandon entend reparler du gaz sarin lors de l’attentat du métro de Tokio en 1995, puis récemment avec les évènements en Syrie. De vieux souvenirs datant de 1959 surgissent alors.

    Le gaz sarin. Ce nom fait frémir la communauté internationale depuis plusieurs semaines. Depuis que Barack Obama, le président américain, envisage une intervention en Syrie, persuadé que le régime totalitaire de Bachar el-Assad en a fait l’usage contre sa population civile.

    Lorsqu’il entend parler du puissant neurotoxique aux informations, Auguste Cuzin, retraité vivant à Arandon, voit resurgir de vieux souvenirs. Ceux d’une autre époque, où il a expérimenté ce gaz de combat sur ordre de sa hiérarchie. Il était alors sergent dans l’armée française. En pleine guerre d’Algérie.

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    Auguste Cusin, en 1959, lors de tests

    au gaz sarin

    "J’étais chef de pièce dans l’artillerie, de février 1958 à avril 1960, en Algérie, détaille Auguste Cuzin. Durant le deuxième semestre de l’année 1959, j’ai été appelé à la base secrète de Beni-Ounif". Là-bas, dans le nord du Sahara, à quelques kilomètres de Colomb-Béchar, il va réaliser des tirs d’expérimentation avec des obus chargés de gaz sarin.

    "Chaque matin, les officiers nous donnaient l’ordre de tirer à 6 ou 8 kilomètres, au canon, durant deux heures. Nous avons expérimenté le gaz sarin". La cible ? Des caisses, disposées dans le désert, dans lesquelles étaient emprisonnés des animaux. "Uniquement des petits animaux, se souvient l’ancien soldat. Des rats, des lapins…" Chaque obus contenait un demi-litre de gaz, qui se répandait dès l’impact au sol. "Nous allions dans le désert 48 heures plus tard, équipés de masques à gaz, pour aider les techniciens à ramasser les animaux morts, qu’ils emmenaient au laboratoire pour des analyses." Aucun tir sur l’homme, selon les historiens. Dans quel but ? Des tirs sur l’homme ont-ils existé ? Auguste Cuzin n’en sait pas plus. Benjamin Stora, éminent historien, spécialiste de l’Algérie, juge "probable" l’idée d’expérimentations au gaz sarin durant le conflit algérien. Frédéric Médard, auteur d’une thèse sur la présence militaire française en Algérie, croit lui aussi à ce témoignage. "La base de Béni-Ounif servait de centre d’essais et était surnommée ’le site des armes spéciales’. Mais ces tests ont été réalisés en marge des opérations de maintien de l’ordre en Algérie. À ma connaissance, aucun humain n’a été victime du gaz sarin durant ce conflit."

    Pour l’historien, l’armée française cherchait avant tout à développer des modes de combat à opposer aux forces du Pacte de Varsovie. "La menace soviétique était très présente à l’époque, rappelle Frédéric Médard (1). Il s’agissait avant tout de contrer la tactique russe, qui s’appuyait beaucoup sur les gaz".

    Appliquant scrupuleusement les ordres, Auguste Cuzin a poursuivi le rituel des exercices de tir durant un mois. Lui et ses camarades ont été confrontés de très près à ce gaz hautement mortel. "Un jour, un collègue incommodé par la chaleur a soulevé furtivement son masque pour cracher. Quelques secondes après, sa peau commençait à le brûler. Il a fallu lui administrer une piqûre d’atropine de toute urgence. Il a survécu."

    L’ancien sergent se souvient aussi avec précision des centaines de mouches mortes qui reposaient sur les caisses contenant les obus. "On n’a pas été mis en condition pour manipuler ce gaz. On secouait les obus, sans se rendre compte du danger. Ce n’était vraiment pas notre heure…"

    (1) “Technique et logistique en guerre d’Algérie”, ouvrage de Frédéric Médard, 2002.

    P.S. :

    Comme pour les essais nucléaires de Réggane, la France a "testé" ces armes horribles, sans s’inquiéter des victimes civiles qui ont pu être touchées simplement parce qu’elles se sont trouvées au mauvais moment, au mauvais endroit. Après l’utilisation de cet "agent orange" (la dioxine) au Vietnam, le napalm pour détruire (des Oradour-sur-Glane à la Française) entre 600 et 800 villages algériens, la France est vraiment mal placée pour donner des leçons sur les armes interdites par d’autres pays.

     


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    Anciens appelés en Algérie et leurs Amis

    contre la guerre : une motion

     contre la guerre en Ukraine

     

      Anciens appelés en Algérie et leurs Amis  contre la guerre : une motion contre la guerre en Ukraine

    Un habitant de Boutcha prend une photo de la ville détruite, le 5 avril 2022. | GENYA SAVILOV / AFP

    Face aux événements actuels particulièrement douloureux et inquiétants qui opposent la Russie à l’Ukraine, les Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre, en assemblée générale à Vichy, prend la parole.

    Face aux événements actuels particulièrement douloureux et inquiétants qui opposent la Russie à l’Ukraine, la 4ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre) ne peut se taire, écrivent Rémi Serres et Christian Travers, dans un communiqué. Elle apporte son soutien et sa solidarité au peuple ukrainien dont le territoire est envahi par l’armée russe. Elle partage les souffrances des victimes, des familles terrées dans les caves de Kyiv et des villes situées à l’est et au sud du pays, des réfugiés bloqués aux frontières. Par ailleurs, les sanctions économiques et financières contre la Russie vont infliger au peuple russe son lot de souffrances. « Nous lui exprimons également notre solidarité ». Et dans le même temps, les pays de l’OTAN concentrent leurs troupes sur toutes les frontières occidentales de l’Ukraine, ce qui accroît la menace d’un élargissement de la guerre, voire de l’utilisation de l’arme nucléaire brandie aveuglément par le président Poutine.

    « Nous, anciens appelés qui avons combattu malgré nous en Algérie, nous connaissons de près les horreurs de la guerre, les bombardements, les embuscades, les tortures, les exécutions, la fuite ou l’internement des populations, les villages brûlés. Alors, avec force nous disons : plus jamais ça ! Nous pensons aussi à tous ces soldats qui n’ont rien choisi et à qui on impose de tuer leurs frères, à toutes ces armées russes qui obéissent à un seul homme possédant tous les pouvoirs et qui réprime par la prison les résistants russes qui s’opposent courageusement à la guerre en Ukraine. » 

    La 4ACG exhorte surtout les responsables politiques à abandonner le choix des armes et à s’engager dans une solution pacifique basée sur le dialogue et la négociation et à faire ainsi entendre l’aspiration de tous les peuples à la paix et à disposer librement d’eux-mêmes. Djoudi Atoumi, un moudjahid qui a combattu sept ans dans le maquis algérien, aimait à dire : « On ne résout jamais les problèmes avec la guerre »

    SOURCE : https://www.ouest-france.fr/auvergne-rhone-alpes/vichy-03200/anciens-appeles-en-algerie-et-leurs-amis-contre-la-guerre-une-motion-contre-la-guerre-en-ukraine-d3fb68ba-b5c8-11ec-a299-c9106b4183f5

      Anciens appelés en Algérie et leurs Amis  contre la guerre : une motion contre la guerre en Ukraine

    Comme vous avez raison amis de la 4ACG et notamment pour cet article :

      Anciens appelés en Algérie et leurs Amis  contre la guerre : une motion contre la guerre en Ukraine

    Rémy Serres

     

      Anciens appelés en Algérie et leurs Amis  contre la guerre : une motion contre la guerre en Ukraine

    Christian Travers

     

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant

     Emmanuel Macron

    «La colonisation est un crime contre l’humanité»

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant  Emmanuel Macron : «La colonisation est un crime contre l’humanité»

     

    En 2017 la droite, l’extrême droite et il faut ajouter ce qu’on appelle la fachosphère sont vent debout, criant au scandale contre les propos qu’a déclarés Emmanuel Macron, à Alger « La colonisation est un crime contre l’humanité » avant lui Henri Pouillot, ancien appelé de la guerre d’Algérie, qui a été témoin de la torture à la villa Susini (terme exact : Sésini) à Alger avait envoyé une lettre ouverte à François Hollande (et je suis solidaire avec Henri Pouillot) dont voici un passage essentiel : « En particulier pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, la France a une terrible responsabilité qu’elle n’a toujours pas reconnue, ni donc condamnée :
      Ce
     sont des crimes d’état  : du 8 Mai 1945 à Sétif / Guelma / Khératta les massacres qui ont fait plus de 40.000 victimes, du 17 octobre 1961 au Pont Saint-Michel à Paris où plusieurs centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés dans la Seine, assassinés par la police, du 8 février 1962 au Métro Charonne à Paris où 9 militants pacifiques ont été assassinés par le Police
      
    Ce sont des crimes de guerre  : avec l’utilisation des gaz VX et Sarin (voir les témoignages publiés sur mon site : le premier et le second ), avec l’utilisation du napalm (600 à 800 villages ont été rasés : des Oradour-sur-Glane algériens !!!)
     
    Ce sont des crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements qui ont fait des centaines de milliers de morts)… Alors Monsieur le Président, avant de donner des leçons de droits de l’homme comme vous venez de le faire, la parole de la France dans ce domaine aurait un autre poids si vous aviez fait les gestes symboliques nécessaires de reconnaissance et de condamnation de ces crimes commis au nom de notre pays. Dans quelques mois, ce sera le 60ème anniversaire de la Bataille d’Alger où l’Armée Française a généralisé les exactions, ne serait-il pas plus que temps que la France, par votre intervention intervienne dans ce sens ? » 

    La Villa SUSINI (SESINJ), un lieu symbolique, d’un lourd passé 

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant  Emmanuel Macron : « La colonisation est un crime contre l’humanité »

    « C’est dans cette Villa, à Alger, que je me suis retrouvé à effectuer la fin de mon service militaire, pendant la Guerre d’Algérie, de juin 1961 à mars 1962.
    Ce lieu fut utilisé, pendant les 8 années de cette guerre, sans interruption, comme centre de torture. »

    Henri Pouillot  

       Anciens appelés en Algérie et leurs Amis  contre la guerre : une motion contre la guerre en Ukraine

    Comme vous avez raison amis de la 4acg je suis solidaire avec vous, oui la France a commis des horreurs en Algérie. C'est pourquoi ma conclusion sera les paroles de Rémy Serres :

    La France crée
    les fours crématoires

    Mais la 4ACG veut d'abord ouvrir les yeux des Français, surtout des plus jeunes, sur la véritable histoire de leur pays. « Bien avant la guerre, nous enfermions les Algériens dans des grottes avant de les brûler vivants. C'est la France qui a inventé les fours crématoires. Pendant la guerre d'Algérie, les dictatures sud-américaines prenaient des cours de torture auprès de l'armée française. » Rémy Serres n'a jamais torturé. « J'ai dû tirer deux balles, vers une montagne au loin. Si j'ai tué quelqu'un, c'est bien par hasard. Mais attention, certains soldats étaient totalement fous et ne pensaient qu'à tuer. Chez les gradés, on se taisait. »

    Un seul officier supérieur a dénoncé ouvertement la torture : le général de Bollardière.

    Dans l'association, les adhérents débattent : sommes-nous pour la paix ou contre la guerre ? Rémy a son avis. « Nous sommes contre la guerre. La guerre est absurde puisqu'à la fin, les cravates décident dans leurs bureaux de mettre fin au combat. Ils pourraient le faire avant, mais il leur faut quelques milliers de morts pour se décider. »

     


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    Une parole difficile : « Algérie, la guerre

     des appelés »

     

    Une parole difficile : « Algérie, la guerre   des appelés »

    « Algérie, la guerre des appelés »© What’s Up Films

    Mêlant archives amateurs, extraits de lettres et témoignages d’anciens appelés sur l’épreuve qu’ils ont vécue et qui les hante encore, Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman offrent le récit intime et poignant d’une sale guerre longtemps passée sous silence. Dans « La Case du siècle », dimanche à 22.40 sur France 5.

    Ils avaient vingt ans, et sans doute ils ne laisseront personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. De 1956 à 1962, deux millions de jeunes appelés furent envoyés en Algérie pour ce que l’on nomma d’abord une « opération de maintien de l’ordre » et qu’il fallut bien se résoudre à appeler « la guerre d’Algérie » : 30 000 soldats tués, 450 000 morts du côté des combattants et civils algériens, deux millions de déplacés, un million de pieds-noirs et de harkis rapatriés en métropole. Après leur retour, les appelés d’Algérie, pour la plupart, se sont tus. Du reste, dans la France des Trente Glorieuses et des années yéyé qui commençaient, on ne leur posait guère de questions, tout le monde – à commencer par cette génération, la dernière à avoir connu le feu – voulait oublier cette guerre longue, sale et traumatisante, commencée par des escarmouches et des attentats, marquée par une escalade de la violence et achevée dans l’amertume et le silence. Aujourd’hui, ils ont ressorti leurs photos, leurs films amateurs ; la parole qui se libère est difficile, les yeux s’embuent, la voix est parfois brisée par une émotion intacte. « Pendant quarante ans, j’ai oublié que j’étais allé en Algérie », dit l’un. « Il se passe pas un jour sans que ça se remette à péter dans ma tête », dit un autre. Ou encore : « J’aimais pas trop en parler. Aujourd’hui, je témoigne pour que cette “guerre oubliée” ne soit pas complètement oubliée. »
    En 1956, le président du Conseil Guy Mollet, après avoir évoqué une « guerre imbécile et sans issue », fait volte-face et décide d’envoyer les appelés en Algérie et de prolonger le service militaire de 18 à 27 mois. Entre la rage d’avoir été arrachés à leurs existences et la fascination pour une terre exotique et inconnue, des milliers de gamins découvrent la réalité de la colonisation – le racisme à l’égard des « Français musulmans », l’injustice et la misère, une population « nus pieds, sale, malade et apeurée » – et réalisent qu’ils ont pénétré dans une guerre. « Dans la nuit noire, tomber sur un égorgé qui émet encore des râles, c’est une confrontation dantesque. » Le quotidien est fait de peur, d’ennui, de cafard, d’oisiveté, de manque de sommeil et de nourriture, de frustration sexuelle... Certains tentent de se suicider, d’autres sombrent dans l’addiction à l’alcool. Pris entre deux injonctions contradictoires – la « pacification » à coups de canon ! –, ils ne comprennent rien à cette situation. Les Sections administratives spécialisées (SAS) sont chargées du soin, de l’instruction et de la gendarmerie (en somme, il s’agit de faire en quelques mois ce qu’on n’a pas fait en plus d’un siècle), mais elles sont de manière à peine voilée un outil de propagande et de renseignements auprès de la population. « Mais moi, j’étais un menuisier... un menuisier habillé en fusiller marin ».

              Une parole difficile : « Algérie, la guerre   des appelés »

    « Poser des questions, c’était commencer à désobéir »

    Quatre ans ont passé depuis le début de la révolte. C’est l’enlisement. Les « bandits » sont devenus des combattants rompus à la guérilla, armés de fusils mitrailleurs. Mais l’ennemi est invisible, il se fond dans la population... qu’il faut faire parler. Le renseignement est l’arme du diable : la troupe connaît le sort commun aux armées d’occupation. « Il suffit qu’on vous mette une arme entre les mains, des rangers, une casquette... On était des sortes de voyous en uniforme. Je me comparais aux Allemands qui nous occupaient en 40. » Le reste est connu. Ce sont des méthodes héritées de l’Indochine. Les villages mis à sac, la « corvée de bois », les viols, les blessés achevés. La torture. Mais surtout, rendant cela possible, ce conditionnement des appelés, cette « anesthésie de la pensée » qui mène, à quelques exceptions près… (Sur 2 millions d’appelés, 11 000 se sont opposés à la guerre)  …au « renoncement à toute velléité de résistance ». « Poser des questions, c’était commencer à désobéir. » Le silence des appelés est sans doute né précisément là. Et dans un sentiment cuisant de honte et de culpabilité. En métropole, on veut passer à autre chose et, en 1961, on approuve à 75 % le principe de l’autodétermination des Algériens. Plus tard, sur le bateau qui ramène les appelés chez eux, pour beaucoup, c’est le moment de « se réconcilier avec soi-même et avec les autres ». On aimerait être certain que tous y sont parvenus.

    Printemps 1956 : le gouvernement français décide d’envoyer massivement les appelés du contingent en Algérie. Sans expérience de la vie, ces jeunes hommes sont confrontés à des dilemmes moraux auxquels aucune autre génération n’avait eu à répondre, et leur insouciance va se consumer dans une entreprise dont personne ne connaissait le but. Après des décennies de silence, à l’heure du bilan de leur vie, ils libèrent leur parole. À partir de leurs témoignages et d’images amateurs inédites, Algérie, la guerre des appelés, un documentaire en deux parties, raconte l’épreuve qu’ils ont traversée.

    Une parole difficile : « Algérie, la guerre   des appelés »


    Documentaire (128 min - 2019) – Écrit et réalisé par Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman – Conseiller historique Tramor Quemeneur – Commentaire dit par Johanna Nizard – Musique originale Stéphane Lopez – Production What’s Up Films – Avec le soutien de la ProcirepAngoa – Avec la participation du Centre national de cinéma et de l’image animée et de France Télévisions

    A voir sur France 5 dimanche 10 avril à 22 h 40...  Mais comme c’est la soirée électorale pour l'élection présidentielle vous pouvez voir ce film immédiatement où quand vous le souhaitez en cliquant sur le lien ci-dessous :


    https://www.france.tv/france-5/la-case-du-siecle/

    Il se peut que vous devez mettre la vidéo à son début en cliquant sur reprendre

     

    SOURCE : https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a-ne-pas-manquer/une-parole-difficile-algerie-la-guerre-des-appeles-11173 

     

     


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    « L’Algérie, c’était une aventure

    dont on ne voulait surtout pas »

    « L’Algérie, c’était une aventure  dont on ne voulait surtout pas »

    Histoire. « Pendant la période du 8 mai 1945 jusqu’au 19 mars 1962 et au-delà, notre France n’a pas eu une action glorieuse loin s’en faut »

    J. D., un ancien combattant, Valanjou 

    « Il y a quelques jours, nous accompagnions à sa dernière demeure, Pierrot, le président de notre association, ami de tous. Cérémonie émouvante, rassembleuse qui vous prend aux tripes, huit drapeaux portés dignement par les amis CATM (Combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc) venus des environs pour honorer la mémoire de notre défunt.

    C’est là que me vient un certain ressentiment : ces drapeaux représentent la France, ses couleurs. Bleu, blanc, rouge ont eu ô combien leurs périodes de gloire ; mais en Algérie nous étions la France, et pendant la période du 8 mai 1945 jusqu’au 19 mars 1962 et au-delà, notre France n’a pas eu une action glorieuse loin s’en faut (massacres de Sétif, soumission, maltraitance de la population, arrestation arbitraire, abandon des harkis, des pieds noirs, chefs irresponsables…)

    « Nos pères aussi, dans un autre temps ont haï

     les envahisseurs »

    Tout pour se faire détester. Nous pouvions, un jour, faire une visite dans les villages avec médecin et infirmier et le lendemain organiser une rafle de toute la région. Nos pères aussi, dans un autre temps ont haï les envahisseurs.

    Les fellagas n’étaient pas tendres, sanguinaires, mais ils étaient chez eux. À cette époque nous avions un gouvernement laxiste, considérant mal son armée d’appelés : petite solde, favoritisme, et pire : la honte ; n’assumant même pas en totalité les frais de sépulture d’un soldat tombé là-bas. L’Algérie, c’était une aventure dont on ne voulait surtout pas. Qu’a-t-il vécu là-bas Pierrot pour avoir été si secoué. Je laisse à vous, lecteurs, le soin de poursuivre la réflexion. »

    SOURCE : https://www.ouest-france.fr/le-courrier-de-l-ouest/co-courrier-des-lecteurs/l-algerie-c-etait-une-aventure-dont-on-ne-voulait-surtout-pas-149f1d7e-785a-11eb-a603-d5c5a15b4bb2 

    Mon commentaire

    Cher J.D. je ne te connais pas, tu me parles de Valanjou, alors j’ai cherché sur le Net et j’ai trouvé ceci : Valanjou est une ancienne commune française située dans le département de Maine-et-Loire, en région Pays de la Loire. La commune est née en 1974 de la fusion des anciennes communes de Joué-Étiau et Gonnord. Le 15 décembre 2015, elle est devenue une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Chemillé-en-Anjou.

    Cher J.D. je ne connais pas plus Pierrot le président de ton association CATM que tu as accompagné à sa dernière demeure alors j’ai cherché, tu me diras si je me trompe, car j’ai trouvé ceci : 

    Avis d'Obsèques

    Monsieur Pierre Le Bihan

    Ancien combattant d'Algérie

    survenu à l'âge de 79 ans.

    Chemillé-en-Anjou, Valanjou, Chemillé (49) - Mazé-Milon, Mazé (49) - Les Bois d'Anjou, Fontaine-Guérin (49) - Bretignolles-sur-Mer (85) 

    Cher J.D. ton article est émouvant sauf que je n’apprécie pas que tu écrives sous l’anonymat qui reste pour moi le contraire du courage.

    Cher J.D. tout est vérité dans ton article sauf que tu oublies des pages : tu écris « Pendant la période du 8 mai 1945 jusqu’au 19 mars 1962 et au-delà, notre France n’a pas eu une action glorieuse loin s’en faut »

    Cher J.D. je te rappelle qu’avant et après le 19 mars 1962 il ne faut surtout pas occulter l’OAS cette organisation terroriste et criminelle responsable de 2700 victimes algériennes et françaises, en Algérie et en France.

    Cher J.D. avant le 8 mai 1945 tu oublies de nombreuses pages car le 5 juillet 1830, Alger capitulait devant les troupes françaises. La colonisation de l’Algérie pouvait alors commencer.

    Cher J.D. il ne faut pas oublier ceci : Femmes et enfants asphyxiés : le scandale des « enfumades » du Dahra pendant la conquête de l’Algérie.

    Dans les années 1840, pour mater la révolte algérienne, l’armée française allume des feux à l’entrée des grottes où sont réfugiées les tribus rebelles. Dans le massif du Dahra, plus de 700 personnes meurent asphyxiées.

    « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, enfumez-les à outrance comme des renards. » En cette année 1845, l’Algérie est aux mains des officiers français. Cela fait quinze ans que les troupes du roi Charles X ont débarqué dans la baie d’Alger. Du jour où elles ont posé le pied à Sidi-Ferruch (aujourd’hui, Sidi-Fredj), la résistance des Algériens s'est organisée, emmenée, notamment, par l’émir Abd el-Kader. La France envoie l’immonde général Thomas-Robert Bugeaud pour mater la révolte.

    Aujourd’hui certains voudraient voir disparaître les rues et statues de l’horrible Bugeaud.

    Tu vois cher J.D. moi je ne reste pas anonyme je signe mes commentaires.

    Michel Dandelot

    Ancien appelés de la sale guerre d’Algérie contre ma volonté, j’ai refusé la croix du combattant car en Algérie on ne défendait pas la France mais le colonialisme.

     


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    Sylvie Thénault : « Je suis frappée de voir

    l’Algérie française ressurgir

     dans la campagne présidentielle »

    Sylvie Thénault : « Je suis frappée de voir l’Algérie française ressurgir   dans la campagne présidentielle »

     « Ce qui me gêne, c’est l’instrumentalisation de cette histoire pour servir des objectifs qui ne sont pas nobles », explique l’historienne Sylvie Thénault (AFP)

    L’historienne déplore l’instrumentalisation du passé colonial à des fins électorales et la déformation des faits relatifs à la guerre d’Algérie par certains candidats. L’absence de consensus ne permet pas encore, selon elle, d’identifier la colonisation de l’Algérie comme un mal.

    Finie dans les faits il y a 60 ans, mais pas dans les esprits. En France, la guerre d’indépendance de l’Algérie est un sujet encore très clivant, comme le montre la campagne pour la présidentielle du 10 avril, au cours de laquelle il est régulièrement instrumentalisé.

    Les candidats – plutôt de droite ou d’extrême droite – convoquent les questions mémorielles liées à la colonisation et les placent dans le débat, en ciblant des niches électorales, pour promouvoir leur récit national.

    Éric Zemmour, par exemple, est accusé de « réviser » l’histoire lors de ses sorties polémiques : c’est le cas des massacres du 17 octobre 1961 à Paris, dont il a justifié la répression et minimisé le nombre de victimes.

    La candidate de la droite Valérie Pécresse estime de son côté que la France « ne doit pas faire acte de repentance pour ses crimes coloniaux ».

    Même chose pour la présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine Le Pen, qui déplore des « repentances à répétition », en référence à la politique de réconciliation mémorielle du président Emmanuel Macron.

    Le chef de l’État français, qui a saisi, dès sa première campagne pour la présidentielle en 2017, l’importance des questions mémorielles, multiplie en effet les déclarations.

    Après avoir admis certains crimes coloniaux (assassinat du résistant Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel), il a choisi ces derniers temps de se tourner vers les Français rapatriés d’Algérie à l’indépendance et les harkis (supplétifs de l’armée française pendant la guerre).

    Samedi 19 mars, il a déclaré « assumer cette main tendue » à l’Algérie à l’occasion d’une cérémonie pour le 60e anniversaire des accords d’Évian.

    Pour Sylvie Thénault, chercheuse en histoire au Centre national de recherche scientifique (CNRS) et auteure d’une série d’ouvrages sur la colonisation française en Algérie, dont Ratonnades d’Alger 1956 : une histoire sociale du racisme colonial (qui vient de paraître aux éditions Le Seuil), l’interférence de la guerre d’indépendance algérienne dans le débat politique, surtout en période électorale, s’explique par le fait qu’une grande partie de la société française est « directement touchée par ce conflit ».

    Elle considère par ailleurs que plusieurs sujets d’actualité sont traités en référence à l’histoire de la colonisation, comme l’islam, l’immigration et, plus globalement, le sens qui est donné à la nation française.

    Zemmour, qui a choisi de « déformer le passé pour développer un récit nationaliste et identitaire », vient d’être épinglé par un collectif de seize historiens, dont Sylvie Thénault. Dans Zemmour contre l’histoire (éd. Gallimard), l’historienne a choisi notamment de démonter ses déclarations sur le massacre du 17 octobre 1961.

    Middle East Eye : Zemmour a légitimé la répression des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris. Pourquoi avez-vous souhaité lui apporter la contradiction ?

    Sylvie Thénault : Parce qu’il y a, dans son rapport à l’histoire, des particularités. Tous les hommes politiques utilisent l’histoire mais lui l’utilise de façon démesurée et décuplée. Il y a une violence qui transparaît dans tous ses usages de l’histoire.

    Plus personnellement et au regard de mes travaux sur la colonisation et la guerre d’indépendance de l’Algérie, je suis extrêmement frappée de voir d’une certaine façon l’Algérie française ressurgir alors qu’il s’agit pour moi, historienne, d’un passé révolu.

    Je trouve qu’on a beaucoup identifié la façon dont Vichy est une ressource politique pour l’extrême droite, mais on n’a pas assez compris, analysé et identifié la colonisation et l’Algérie française.

    Je trouve qu’on a beaucoup identifié la façon dont Vichy est une ressource politique pour l’extrême droite, mais on n’a pas assez compris, analysé et identifié la colonisation et l’Algérie française

    MEE : Les contre-vérités sur la guerre d’indépendance de l’Algérie, qu’elles soient le fait de Zemmour ou d’autres politiques, résistent bien au temps. Cela est-il dû à un manque de reconnaissance officielle des événements ?

    ST : Même si je suis très critique de la politique mémorielle mise en place par le président Emmanuel Macron depuis quelques années, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de reconnaissance. Le président n’a peut-être pas bien fait les choses mais il a multiplié les gestes officiels.

    Aussi pour moi, c’est moins un problème de reconnaissance qu’un problème de consensus. Sur Vichy, il y a plus ou moins un consensus sur le fait que l’État français et Pétain ont pris des partis condamnables au regard de l’histoire.

    En revanche, les opinions sont plus contrastées dès qu’on parle de la colonisation et de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

    Historiquement pourtant, il n’y a qu’une vérité dans ce qu’est la colonisation, ses violences et son racisme. En tant qu’historienne, il fallait que je dise cette vérité. Donc, encore une fois, c’est moins une question de reconnaissance que de consensus moral, politique et dans la société. Vichy a été identifié comme le mal mais la colonisation ne l’est pas encore.

    MEE : À quoi est due cette absence de consensus ?

    ST : Nous sommes les héritiers, en partie, des positions des forces politiques qui, à l’époque même de la guerre d’Algérie, n’avaient pas condamné la colonisation.

    En 1956, c’est un socialiste de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) [Guy Mollet], à la tête du gouvernement du Front républicain, qui mène la politique d’enfoncement dans la guerre. Il n’existe pas, dans la gauche française, un héritage anticolonialiste puissant.

    Des anticolonialistes français ont toujours existé et les Algériens ont pu compter sur leur solidarité. Mais dans la politique française, aucun courant anticolonialiste suffisamment fort n’a réussi à développer un discours de condamnation de la colonisation et à le perpétuer.

    Par ailleurs, remarquons que c’est un homme de droite, en l’occurrence Charles de Gaulle, qui a signé les accords d’Évian qui ont conduit à l’indépendance de l’Algérie. Ceci permet d’ailleurs à Éric Zemmour de dire que c’est lui, le général, qui a donné l’indépendance à l’Algérie.

    De manière générale, quand j’entends ce genre de discours de la part de Zemmour ou d’autres hommes politiques, je déduis que nos travaux en tant qu’historiens n’arrivent pas à pénétrer dans la société

    MEE : Il n’est pas le premier à tenir ce discours…

    ST : Tout à fait. Zemmour reproduit des discours datés de l’extrême droite. Quand il parle de Pétain, il reprend les arguments de ses avocats que les historiens ont complètement balayés.

    De la même manière, quand il dit que de Gaulle a donné son indépendance à l’Algérie, il perpétue le discours des partisans de l’Algérie française à la fin de la guerre.

    Un temps, il critique le général, un autre, il l’utilise comme référence en rappelant une citation qui n’est même pas authentifiée, selon laquelle de Gaulles aurait dit qu’il ne voulait pas que Colombey-les-Deux-Églises devienne « Colombey-les-Deux-Mosquées ».

    De manière générale, quand j’entends ce genre de discours de la part de Zemmour ou d’autres hommes politiques, je déduis que nos travaux en tant qu’historiens n’arrivent pas à pénétrer dans la société.

    MEE : Pourquoi Zemmour et Le Pen parlent-ils autant de l’Algérie ?

    ST : Pour deux raisons. Le premier élément est tout simplement quantitatif. Comparée à toutes les autres colonies de l’Empire français, l’Algérie est celle qui a concerné le plus de Français.

    Un million vivait en Algérie pendant la colonisation et la plupart ont été rapatriés en France après l’indépendance. Il y a aussi tous les soldats qui y ont été envoyés.

    Par ailleurs, de nombreux immigrés algériens vivent en France, sans compter les harkis. En résumé, c’est une grande proportion de la population en France qui a été touchée directement par la guerre, toutes catégories confondues.

    D’ailleurs, lorsqu’on consulte les biographies des hommes politiques français, on retrouve souvent un lien avec l’Algérie.

    En plus de l’aspect numérique, il y a un élément qualitatif, car cette guerre se trouve liée à de nombreux thèmes d’actualité, comme le sens qui est donné à la nation française et à sa conception : est-ce qu’une nation grandit quand elle reconnaît les pages sombres de son histoire ou faut-il glorifier ce passé comme le fait Zemmour ?

    Quand on parle de la guerre d’Algérie, on parle aussi de l’islam et des musulmans, du terrorisme, de la torture… À travers ce passé-là, on traite de plusieurs questions qui constituent de véritables enjeux aujourd’hui.

    MEE : La guerre d’Algérie a-t-elle toujours constitué un thème de débat électoral ?

    ST : La guerre de l’indépendance de l’Algérie est un thème de politique tout simplement. François Mitterrand a par exemple autorisé, en 1982, les anciens partisans de l’Algérie française à reconstituer leurs carrières pour leurs retraites.

    Quand on parle de la guerre d’Algérie, on parle aussi de l’islam et des musulmans, du terrorisme, de la torture… À travers ce passé-là, on traite de plusieurs questions qui constituent de véritables enjeux aujourd’hui.

    Jacques Chirac s’est notamment distingué avec la loi du 23 février 2005 sur la reconnaissance de la nation et la contribution nationale en faveur des Français rapatriés, qui reconnaissait dans un article abrogé une année plus tard le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord.

    Nicolas Sarkozy a été particulièrement actif, avec une conception de la droite clientéliste, allant vers les partisans de l’Algérie française.

    François Hollande a commencé quant à lui un travail de reconnaissance, sur l’affaire Maurice Audin et les massacres du 17 octobre 1961. Il a également fait voter une loi qui introduit le 19 mars (jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie) comme date de commémoration dans le calendrier français.

    MEE : Dans combien de temps pensez-vous que cette histoire de la guerre d’Algérie sera évacuée du débat politique ?

    ST : Je n’en sais rien et je ne suis pas sûre de le vouloir parce que c’est une leçon de démocratie pour moi. C’est un passé qui fait sens pour beaucoup de monde et sur de nombreuses thématiques.

    Je ne suis pas gênée par la forte présence de cette histoire dans le débat public. Ce qui me gêne, c’est son instrumentalisation pour servir des objectifs qui ne sont pas nobles. Je souhaiterais que l’on parle du passé en tenant compte de ce que les historiens ont pu établir comme faits et vérités.

    SOURCE : Sylvie Thénault : « Je suis frappée de voir l’Algérie française ressurgir dans la campagne présidentielle » | Middle East Eye édition française

    Sylvie Thénault : « Je suis frappée de voir l’Algérie française ressurgir   dans la campagne présidentielle »

     

     

     


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    Triste souvenir de 2021 et de la COVID

    Raymond Lévesque, auteur

    de « Quand les hommes vivront d’amour »

    est mort le 15 février 2021

    Raymond Lévesque, auteur de « Quand les hommes vivront d’amour », est mort

    Raymond Lévesque


    L’auteur-compositeur-interprète québécois Raymond Lévesque est décédé lundi 15 février à l’âge de 92 ans après avoir contracté le virus Covid-19. Poète, romancier, dramaturge et acteur, il a composé des centaines de chansons qui ont rythmé la vie culturelle québécoise.

    Son œuvre la plus connue restera l’hymne pacifiste « Quand les hommes vivront d’amour » (« Quand les hommes vivront d’amour/Il n’y aura plus de misère/Et commenceront les beaux jours/Mais nous nous serons morts mon frère »).

    D’Eddie Constantine à Céline Dion en passant par Bourvil ou Renaud, elle sera reprise par de nombreux artistes et traduite dans le monde entier.

     

     

    « Toutes mes condoléances à la famille et aux proches du grand Québécois Raymond Lévesque, auteur d’une des plus belles chansons de tous les temps « Quand les hommes vivront d’amour » composée en 1956 sur fond de guerre d’indépendance de l'Algérie et de brutalité policière dont étaient victimes les immigrés maghrébins à Paris, les sinistres « ratonnades ». 

    Michel Dandelot 

        Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois lui rendent hommage dans cette vidéo :

    Raymond Lévesque, auteur de « Quand les hommes vivront d’amour », est mort

     

    A Chaussin (Jura) on a chanté aussi " Quand les hommes vivront d'amour "

     

    Raymond Lévesque, auteur de « Quand les hommes vivront d’amour », est mort

     

    Le 20 mars 2022 Danièle Ponsot écrit : «  Souvenir de la commémoration du 19 mars 1962, cessez-le-feu marquant la fin de la guerre en Algérie. C'était hier, à Chaussin (Jura), devant une assistance recueillie et attentive. J'ai remplacé Chantal Torck (maire), empêchée et cela m'a fait du bien d'évoquer cette date qui m'est doublement chère : elle marque un événement essentiel pour la "Pied-Noir" pacifiste que je suis et elle me rappelle des souvenirs : le 19 mars 1962, j'étais à Palikao*, en Algérie !

     *Aujourd'hui, Palikao a repris son nom d'origine : Tighenif.

    Mes amis, algériens et français, je vous salue !


                  Album-44-4301.jpg

    Une rue du 19 MARS 1962  inaugurée  à CHAUSSIN (Jura)  le  11 septembre 2010  par Madame le Maire Danièle PONSOT. Je rapelle que Danièle Ponsot est née à Palikao en Algérie et qu'elle est, à ma connaissance, la seule "pied-noir" à avoir inauguré une rue du 19 Mars 1962. Il faut dire que Danièle est adhérente de l'Association des Pieds-Noirs Progressifs.

    Raymond Lévesque, auteur de « Quand les hommes vivront d’amour », est mort

     

    Ce 19 mars Danièle Ponsot a dit quelques mots en hommage au peuple d'Ukraine qui souffre de la guerre, en ce moment...

    Avec tous les présents Danièle Ponsot a chanté "Quand les hommes vivront d'amour.... " Hommage aux Ukrainiens et aux victimes de toutes les guerres...

    Raymond Lévesque, auteur de « Quand les hommes vivront d’amour », est mort

     

     


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  • L’ANPNPA nous informe :

    Il y a même des Français heureux en Algérie pourtant elle n’est plus française... heureusement !!!

    (Article écrit en 2018)

    Marie-France Grangaud, retraitée à Alger

    Marie-France Grangaud, retraitée à Alger 

    Comme son mari, Marie-France se définit comme une «Algérienne d'une génération particulière». Née en 1943, il y a soixante-quinze ans, à El-Asnam (à près de 200 kilomètres à l'ouest d'Alger), elle n'a, durant sa scolarité, rencontré qu'une seule Arabe, au lycée de Bab el-Oued. «Les Français et les Algériens de France, explique-t-elle, se connaissaient mieux que nous ici.» Originaire d'une famille de confession protestante, elle est élevée dans le respect des valeurs humanitaires. Elle se souvient ainsi que, dans les années 50, son père s'était démené pour sortir de prison un de ses amis, un responsable du FLN. «Même s'il n'était pas favorable à l'idée d'indépendance, l'idéal humanitaire de mon père m'a préservée du racisme», dit-elle. C'est chez les scouts qu'elle rencontre Jean-Paul, qu'elle épouse en mars 1962. Son mari mobilisé, Marie-France n'a d'autre choix que de suivre ses parents lorsque ces derniers décident de partir, peu avant l'indépendance. «Mais il était très clair dans ma tête que mon pays c'était l'Algérie. J'avais un attachement charnel à cette terre. Plus qu'aux gens, puisque je ne les connaissais pas.» Aussi, lorsque Jean-Paul obtient un poste de médecin militaire à Alger, elle le rejoint immédiatement. «D'abord, j'ai été étonnée de voir que nous étions accueillis avec beaucoup de chaleur et de gentillesse par ceux-là mêmes qui avaient combattu la France. Ils n'étaient pas du tout rancuniers. Ensuite, j'ai découvert qu'ils pouvaient partager des valeurs que je croyais exclusivement chrétiennes. Après cela, j'ai appris à tout relativiser, ma culture, ma foi, mon patriotisme. Et ce fut pour moi une grande libération.» En 1972, elle prend la nationalité algérienne. Il est arrivé que, dans son travail, on lui rappelle sa différence: «Surtout quand je pensais différemment. Et, en plus, j'étais une femme.» Elle n'a pas eu de promotion, par exemple. Pour elle, la décennie 1990 a été une autre forme de libération. «Des Algériens ont marqué leur différence par rapport à d'autres Algériens. On est enfin sorti de l'uniformisation.» 

    Les Européens qui sont restés en Algérie après l'Indépendance

    Comme on le sait, la colonisation n'a pas détruit uniquement les fondements de la société algérienne, elle a, aussi contribué, par la création d'un apartheid, à creuser le fossé entre les Européens d'Algérie et les Algériens. Pourtant, il y eut -contrairement à la triste condition des supplétifs harkis en France- des Européens qui ont choisi de rester en Algérie, après l'Indépendance. 200.000 Européens avaient choisi en effet, de rester dans le pays. Ces oubliés de l'histoire, Hélène Bracco les raconte, aussi, écoutons-la: «.... Je me suis penchée sur une autre face de l'histoire, celle des Européens qui ne sont pas partis à l'Indépendance de l'Algérie en 1962. Quelques revues auxquelles j'ai envoyé des articles n'ont pas voulu les passer bien qu'ils viennent en réponse à d'autres articles qui disaient que tous les Européens étaient partis à l'Indépendance de l'Algérie (...) J'ai mis Européens entre guillemets parce que cette frange de population se dit algérienne et quand je suis allée en Algérie, je me suis adressée à ces personnes en leur disant: «Vous êtes des Européens qui ont choisi de rester en 1962 et je voudrais connaître les raisons de votre choix.» Et ils m'ont dit qu'ils étaient Algériens, ils ne se reconnaissaient pas comme Européens. (...) Quand on avait la chance d'être Alsacien, c'était très très bien. Ensuite, venaient les autres Français et en dessous, (...) tout-à-fait en-dessous, ceux que les Européens ne voyaient pas, ou ne voulaient pas voir, et qu'on a vu, tout-à-coup, se lever pour lutter et prendre leur indépendance : c'était le peuple algérien.»
    «Arrivée là-bas, j'ai commencé à interroger des personnes qui s'étaient battues au côté du peuple algérien... J'ai pu interroger des médecins, des cadres techniques, des enseignants, mais aussi des employés, des ouvrières d'usine, des femmes au foyer, des religieux, toute sorte de gens qui m'ont donné de bonnes raisons d'être restés. D'autres avaient fait le choix, assez curieux, de rester là parce qu'ils aimaient le climat, qu'ils y avaient leurs petites affaires. Ils étaient là, avec une mentalité coloniale, à peu près la même qu'avant l'indépendance de l'Algérie. Il était assez curieux d'entendre certains, des ultras qui avaient été au côté de l'OAS et qui étaient restés parce qu'ils n'arrivaient pas à vendre leurs biens. (...)»
    Dans une contribution à ce propos, Aurel et Pierre Daum écrivent à propos du consensus sur le départ total, précipité des pieds-noirs pour éviter le lynchage des Algériens : Depuis quarante-cinq ans, les rapatriés ont toujours soutenu l'idée qu'ils avaient été «obligés» de quitter l'Algérie au moment de l'indépendance en 1962, car, menacés physiquement par les «Arabes», ils n'auraient pas eu d'autre choix. (...) Alger, janvier 2008. Pour trouver la maison où habite Cécile Serra, il vaut mieux ne pas se fier aux numéros désordonnés de la rue. En revanche, demandez à n'importe quel voisin: «Mme Serra? C'est facile, c'est la maison avec les orangers et la vieille voiture!» Cécile Serra reçoit chaque visiteur avec une hospitalité enjouée. A écouter les récits de cette délicieuse dame de 90 ans à l'esprit vif et plein d'humour, on aurait presque l'impression que la «révolution» de 1962 n'a guère changé le cours de son existence de modeste couturière du quartier du Golf, à Alger. «Et pourquoi voulez-vous que ça ait changé quelque chose? vous apostrophe-t-elle avec brusquerie. J'étais bien avec tout le monde. Les Algériens, si vous les respectez, ils vous respectent. Moi, j'ai jamais tutoyé mon marchand de légumes. Et aujourd'hui encore, je ne le tutoie pas.»
    L'auteur s'interroge: «Comment se fait-il qu'elle n'ait pas quitté l'Algérie en 1962? «Mais pourquoi serais-je partie? Ici, c'est notre pays. Tout est beau. Il y a le soleil, la mer, les gens. Pas une seconde je n'ai regretté d'être restée.» Et il ne nous est jamais rien arrivé. Sauf quand y a eu l'OAS [Organisation armée secrète]. La vérité, c'est que c'est eux qui ont mis la pagaille ! Mais ´´La valise ou le cercueil´´, c'est pas vrai. Ma belle-soeur, par exemple, elle est partie parce qu'elle avait peur. Mais je peux vous affirmer que personne ne l'a jamais menacée.» Jean-Bernard Vialin avait 12 ans en 1962. Originaire de Ouled Fayet, petite commune proche d'Alger, son père était technicien dans une entreprise de traitement de métaux et sa mère institutrice. Ancien pilote de ligne à Air Algérie, il nous reçoit sur son bateau, amarré dans le ravissant port de Sidi Fredj (ex-Sidi-Ferruch), à l'ouest d'Alger. «Mes parents appartenaient à ceux qu'on appelait les libéraux (...) On s'imagine mal aujourd'hui à quel point le racisme régnait en Algérie. A Ouled Fayet, tous les Européens habitaient les maisons en dur du centre-ville, et les ´´musulmans´´ pataugeaient dans des gourbis, en périphérie. (...) En janvier 1962, une image s'est gravée dans les yeux du jeune garçon. «C'était à El-Biar [un quartier des hauteurs d'Alger]. Deux Français buvaient l'anisette à une terrasse de café. Un Algérien passe. L'un des deux se lève, sort un pistolet, abat le malheureux, et revient finir son verre avec son copain, tandis que l'homme se vide de son sang dans le caniveau. Après ça, que ces mecs aient eu peur de rester après l'Indépendance, je veux bien le croire...» «L'inquiétude des Européens était-elle toujours justifiée? La question demeure difficile à trancher, sauf dans le cas des harkis (...) Toutefois, la plupart des pieds-noirs de France semblent avoir complètement oublié que durant cette guerre, la direction du FLN a pris soin, à plusieurs reprises, de s'adresser à eux afin de les rassurer. «Moi je les lisais avec délectation» dit Jean-Paul Grangaud, professeur de pédiatrie à l'hôpital Mustapha d'Alger, puis conseiller du ministre de la Santé.» Marie-France Grangaud confirme: «Nous n'avons jamais ressenti le moindre esprit de revanche, alors que presque chaque famille avait été touchée. Au contraire, les Algériens nous témoignaient une véritable reconnaissance, comme s'ils nous disaient: "Merci de rester pour nous aider"! Le déchaînement de violence, fin 1961 - début 1962, venait essentiellement de l'OAS, rectifie André Bouhana. A cause de l'OAS, un fossé de haine a été creusé entre Arabes et Européens, qui n'aurait pas existé sinon.» (...) Quand l'OAS est venue, un grand nombre d'entre eux l'a plébiscitée. Pourtant, une grande majorité d'Algériens n'a pas manifesté d'esprit de vengeance, et leur étonnement était grand au moment du départ en masse des Européens.»
    «Mais, conclut l'auteur si la raison véritable de cet exode massif n'était pas le risque encouru pour leur vie et leurs biens, qu'y a-t-il eu d'autre? Chez Jean-Bernard Vialin, la réponse fuse: «La grande majorité des pieds-noirs a quitté l'Algérie non parce qu'elle était directement menacée, mais parce qu'elle ne supportait pas la perspective de vivre à égalité avec les Algériens! Peut-être que l'idée d'être commandés par des Arabes faisait peur à ces pieds-noirs. Nous vivions de facto avec un sentiment de supériorité. Nous nous sentions plus civilisés. Et puis, surtout, nous n'avions aucun rapport normal avec les musulmans. Ils étaient là, autour de nous, mais en tant que simple décor. Ce sentiment de supériorité était une évidence. Au fond, c'est ça la colonisation. Moi-même, j'ai dû faire des efforts pour me débarrasser de ce regard...» Entre 1992 et 1993, la chercheuse Hélène Bracco a parcouru l'Algérie à la recherche de pieds-noirs encore vivants. Elle a recueilli une soixantaine de témoignages, dont elle a fait un livre. Pour cette chercheuse, «la vraie raison du départ vers la France se trouve dans leur incapacité à effectuer une réversion mentale. Les Européens d'Algérie, quels qu'ils soient, même ceux situés au plus bas de l'échelle sociale, se sentaient supérieurs aux plus élevés des musulmans. Pour rester, il fallait être capable, du jour au lendemain, de partager toutes choses avec des gens qu'ils avaient l'habitude de commander ou de mépriser». Néanmoins, Pour Marie-France Grangaud: «Depuis quelques années, de nombreux pieds-noirs reviennent en Algérie sur les traces de leur passé. L'été dernier, l'un d'eux, que je connaissais, m'a dit en repartant: ´´Si j'avais su, je serais peut-être resté.´´»
    Un autre exemple d'empathie qui transcende les clivages. Georges Morin et sa mère continuent d'habiter le n° 17, boulevard Pasteur. «Si la ruée sur les appartements vides a été importante, pour ceux qui sont restés, il n'y a eu aucun problème! Jamais aucune pression pour déguerpir!»(...) Georges Morin partit en France et devint chef de cabinet de l'université de Strasbourg, fut sollicité par son ancien condisciple en Algérie le professeur Abdelhak Brerhi - plus jeune professeur agrégé d'histologie de l'Algérie indépendante- pour l'aider à mettre en place un pont aérien pour l'enseignement des sciences médicales dans la jeunes université de Constantine naissante. C'est un exemple de réussite rendu possible par deux Algériens, deux coeurs. Il se trouve même que le recteur de Grenoble, Jean-Louis Quermonne, qui avait commencé sa carrière en 1956 comme jeune agrégé de droit à Alger fut l'ancien professeur de Mohamed Seddik Benyahia, le ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque. La délégation grenobloise s'est rendue à Alger, et fut reçue comme des princes par le ministre Benyahia. Une «superbe machine» de coopération interuniversitaire se met en place...
    Je veux dire pour ma part la grande joie que j'ai éprouvée quand j'ai pu rétablir le contact avec mon ancien condisciple européen d'Algérie avec qui j'ai lustré les bancs au lycée de Sétif.
    «Vous êtes vraiment d'une incurie incroyable. Vous êtes des sous-hommes! Rien du tout! Il faut que quelqu'un vous le dise! Vous êtes sans honneur. Allez, dégagez!» C'est par ces mots que le 11 février 2006, le maire socialiste de Montpellier résume l'affection de la France pour ceux qui ont combattu pour elle. Ces «anciens indigènes algériens» qui ont cru à la grandeur de la France au point de se battre contre d'autres «indigènes» comme eux, ont été ainsi récompensés par leur abandon puis leur marginalisation en France pour ceux qui ont choisi de partir, car il existe dans l'Algérie de 2012 des harkis qui ont préféré rester au pays. Lors du Conseil des ministres français du 25 juillet 1962, Pierre Messmer déclare: " Des Musulmans harkis et fonctionnaires se sentent menacés, l'armée demande la position du gouvernement ". Le président de Gaulle répond: " On ne peut pas accepter de replier tous les Musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendraient pas avec le gouvernement ", "Le terme d'expatriés ne s'applique pas aux Musulmans, ils ne retournent pas dans la patrie de leurs pères. Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés. On ne peut les recevoir en France, comme tel que s'ils connaissent des dangers ". Voilà qui est net et qui explique toutes les politiques d'indigénat qui eurent lieu par la suite à l'encontre de variables d'ajustement. Par leurs statuts et les modes d'administration dont ils sont l'objet, l'histoire des harkis apparaît donc indéfectiblement liée à celle de la colonisation et de l'immigration postcoloniale, illustrant le continuum de «la vieille attitude raciste et coloniale» dénoncée, dès novembre 1962, par Pierre Vidal-Naquet dans les colonnes du Monde.

     

     

    2022 : Les dernières nouvelles

     de Marie-France Grangaud

    «C’est chez nous, on y est nés, on y reste»: des pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance témoignent

    Marie-France Grangaud, retraitée à Alger

     

    En 1962, les rapatriés d’Algérie ont débarqué en masse à Marseille. Certains pieds-noirs ont préféré rester en Algérie.

    Photo archives AFP

    Par charentelibre.fr avec AFP, publié le 22 février 2022.

    Soixante ans après les accords d’Evian marquant la fin de la guerre d’Algérie et le départ des colons après 130 ans d’occupation française, les Européens pieds-noirs, restés sur leur terre natale, se définissent comme de « vrais Algériens ». Témoignages.

    « Mon seul regret est de n’avoir pas vraiment appris l’arabe », explique Marie-France Grangaud, née il y a bientôt 84 ans en Algérie. « Jusqu’à la terminale, il n’y avait aucun élève algérien dans ma classe », se souvient cette dame qui vivait alors dans un milieu « exclusivement européen ». Née à Chlef, à 200 km à l’ouest d’Alger, elle passe sa petite enfance non loin de là, chez sa grand-mère paternelle à Oued Rhiou, son père ayant rejoint le front au début de la deuxième guerre mondiale (1939-1945).

    À son retour, la famille déménage à Alger pour scolariser Marie-France car « il n’y a pas d’école » dans son village. Dans une réunion de jeunes protestants, elle fait la connaissance de Jean-Paul Grangaud. Ils se marient le 10 mars 1962, une semaine avant les accords d’Evian (centre-est de la France) de cessez-le-feu entre l’armée française et les indépendantistes du FLN.

    Peu avant l’indépendance en juillet, Marie-France suit en France son mari, appelé sous les drapeaux, mais le couple « rentre définitivement » début 1963 quand Jean-Paul Grangaud est affecté à Alger. Durant les années 1961-1962, ce médecin a tissé des liens avec des militants du FLN auxquels il fournissait des médicaments et du sang, selon son épouse.

    Les pieds-noirs étaient tous très attachés à l’Algérie, c’est pour cela que partir était un drame pour eux.

    Comme les « Grangaud », certains « pieds noirs », parfois engagés dans la lutte pour l’indépendance, ont choisi de rester. « Les pieds-noirs (colons européens, ndlr) étaient tous très attachés à l’Algérie, c’est pour cela que partir était un drame pour eux », relate-t-elle. Environ 200.000 en 1963, ils n’étaient plus que 30.000 en 1993, selon l’historienne Hélène Bracco. Et un grand nombre a rejoint la France pendant la décennie noire (1992-2002).

    « Nous n’avons pas cherché à vivre avec les autres Européens restés en Algérie, nous voulions plutôt connaître les Algériens », souligne-t-elle, racontant avec émotion comment son mari essayait de « répondre aux besoins des malades, des étudiants avec peu de moyens ». Jean-Paul est devenu professeur de pédiatrie à l’hôpital Beni Messous d’Alger, puis conseiller du ministre de la Santé en 1994.

    Cet artisan du calendrier de vaccination pour les enfants, qui a adopté la nationalité algérienne en 1970, s’est éteint en août 2020 à l’âge de 82 ans. Trois des cinq enfants des « Grangaud », comme on les appelle à Alger, portent des prénoms algériens. « Ils ont grandi ici, fait l’école algérienne et parlent l’arabe couramment. Quand on les écoutait parler entre eux en arabe, c’est à peine si on les comprenait », précise Marie-France. Comme son mari, elle a pris la nationalité algérienne en 1972, « par choix ».

    « Jeunes et optimistes » -

    Les Grangaud « étaient jeunes et optimistes ». « On s’est dit, c’est chez nous, on y est nés. On y reste », explique-t-elle, même s’ils ont rencontré des difficultés. « Ce n’est pas évident de ne pas être comme tout le monde, pas toujours très bien accepté. Ne pas être comme tout le monde, cela veut dire ne pas être musulman. Être d’origine française. Avoir les prénoms qu’on avait », affirme cette femme qui a fait l’essentiel de sa carrière dans des ministères.

     

     

     


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    Le passé colonial, un sujet incontournable de campagne

    Le passé colonial, un sujet incontournable de campagne

     

    TRIBUNE

    De Pascal Blanchard (historien)

     

    Les candidats de droite et d’extrême droite font de la surenchère sur la question. Le choix du président sera aussi celui d’une vision sur la colonisation.

    C’est parti. Il a fallu attendre les commémorations des accords d’Evian (60e anniversaire) le 19 mars, institué depuis 2012 « journée nationale du souvenir » en référence au cessez-le-feu de 1962 en Algérie, pour que les candidats - à droite et à l’ultra-droite surtout - fassent entrer le passé colonial dans la campagne. Pour Eric Zemmour, qui semble se polariser sur le sujet, c’est une manière de créer du buzz, de s’affirmer comme alternatif sur ces enjeux et surtout d’imposer un contre-discours. Pour ses deux concurrentes, c’est une « obligation de campagne » que de prendre la parole sur le thème.

    La colonisation, sujet inévitable à droite

    La colonisation est sans doute le seul sujet d’histoire (en dehors de l’actualité de l’Ukraine et du « retour » de la Guerre froide) qui soit abordé par les candidats de droite dans cette campagne. Y compris par le candidat-président de la République, Emmanuel Macron, qui dans l’émission « Outre-mer 2022 » vient de déclarer : « L’Histoire, il faut la regarder en face. » Pour lui, la solution serait de « continuer ce travail de mémoire, valoriser nos héros et mettre en valeur des modèles pour valoriser dans l’Outre-mer, mais aussi dans l’Hexagone ». A l’image du projet « Portraits de France » développé depuis début 2021 [1] ou du rapport Stora. Dans cette perspective, Emmanuel Macron a jugé qu’il fallait que de nouveaux « monuments puissent être érigés », à l’image de celui rendant hommage à Abdelkader à Amboise en février dernier… et qui a été vandalisé à la veille de son inauguration. Enfin, Emmanuel Macron a particulièrement insisté sur la nécessité de mieux enseigner ce passé, notamment les « sujets de l’esclavagisme et la colonisation ».

    Le trio qui se partage les voix de l’électorat à la droite d’Emmanuel Macron est composé de Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour - les deux candidates sont nées après les indépendances, seul Eric Zemmour est né au crépuscule de l’empire colonial, en 1958. Face au président, ce trio semble désormais en pleine surenchère sur ces enjeux (Nicolas Dupont-Aignan est resté étonnamment silencieux sur le sujet) et chacun veut imposer une mémoire rigide et un regard historique immaculé. De fait, le passé colonial reste un argument historique majeur pour les droites – la gauche est quasi silencieuse sur le sujet au cours de cette campagne – et c’est une manière explicite de se distinguer du président de la République depuis sa phrase « historique » de la campagne de 2017 (« La colonisation est un crime contre l’humanité »).

    Bon, rien de nouveau, pour ces trois personnalités. Sur cette phrase de l’actuel président de la République qui était alors candidat, Valérie Pécresse avait plagié le titre d’un livre célèbre, affirmant, en décembre 2021, qu’un « président ne devrait jamais dire cela ». Tout est dit dans cette posture de la candidate du parti Les Républicains, dans la pure tradition de son aile droite (de Bruno Retailleau à Eric Ciotti, toujours en première ligne sur le passé colonial) et dans la continuité du candidat de 2017, François Fillon. On se rappelle que lors d’un discours donné à Sablé-sur-Sarthe, ce dernier avait précisé que pour lui « la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord » à travers la colonisation ; il avait ensuite déclaré que la France n’avait « jamais fait la guerre au Cameroun » (le conflit, meurtrier, a commencé en 1955), s’affirmant aussi comme le héros de l’anti-repentance, à la suite de Nicolas Sarkozy et de son discours de campagne donné à Toulon en 2007. Valérie Pécresse s’inscrit donc dans une longue tradition « électorale » de la droite qui ne veut pas laisser cette « page d’histoire » et cette posture « anti-repentance » à l’extrême droite. Mais si, auparavant, l’ennemi était à gauche (aujourd’hui la gauche est inaudible sur ce sujet), Emmanuel Macron occupe désormais tout l’espace politique et s’est imposé comme la cible désignée des attaques.

    La concurrence est féroce. De concert – et le même jour –, Valérie Pécresse et Marine Le Pen réclament une autre date pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie (le cessez-le-feu du 19 mars ne marquant pas, pour elles, la fin du conflit algérien [2]), alors que dans le même temps, à cette même date, Emmanuel Macron commémore la fin de la guerre d’Algérie à l’Elysée [3]. Bien entendu, l’une part d’une volonté de « réconciliation » mémorielle et l’autre affirme vouloir sauvegarder l’honneur de la France. Toutes les deux se placent dans un discours installé depuis le milieu des années 1970, qui reprend et légitime le discours des rapatriés et de leurs associations militantes – un espace de concurrence électoraliste qui existe depuis cinquante ans entre la droite et l’ultra-droite [4].

    Mais, à cette occasion, Valérie Pécresse va plus loin que ses prédécesseurs, en affirmant que cette date ravive chaque année « les blessures enfouies ». Pour elle, la seule mémoire légitime désormais est celle des soldats français et des Européens morts sur la terre d’Algérie, qui ne sont en rien coupables (contrairement à ce qu’affirme Emmanuel Macron d’après elle) de « crime contre l’humanité qu’ils n’ont pas commis », tout en reconnaissant que « ces huit années de guerre furent terribles » et même que « le système colonial » fût « injuste » (Emmanuel Macron l’avait qualifié de « barbarie »). Cette nuance est à noter, car elle distingue la candidate LR de ses prédécesseurs.

    Marine Le Pen se place dans un registre plus nostalgique, refusant de parler de cette « injustice », refusant la repentance et la flagellation, accusant l’Algérie d’empêcher une réconciliation des mémoires : « S’il s’agit de réconcilier les mémoires en se flagellant devant l’Algérie qui ne cesse de réclamer des actes de repentance, en ce qui me concerne, ce sera non, sauf si l’Algérie demande elle-même pardon aux harkis sur la manière dont ils se sont comportés à leur égard » (France Inter). Pour elle, ce n’est pas une question franco-française, mais un conflit de mémoire avec un autre Etat.

    La colonisation, une surenchère électorale

    La posture devient complexe plus la campagne avance, car il leur faut se distinguer l’une de l’autre dans leurs discours respectifs, face à un Emmanuel Macron qui a fait de la guerre d’Algérie – mais pas de la colonisation – un sujet central de sa politique mémorielle, abordant depuis cinq ans toutes les questions : harkis, rapatriés, 17 octobre, crime de l’armée et de la police, disparus, hommage à des personnalités, retour des têtes décapités en Algérie, création d’un musée à Montpellier…

    De fait, depuis janvier 2020 [5], la stratégie « kaléidoscopique » du président Macron a été de polariser son action sur l’Algérie, après quelques gestes préfigurateurs en 2018 [6]. Au-delà des raisons historiques de ce choix (la guerre d’Algérie est le sujet majeur du passé colonial dans l’historiographie française), de l’engagement de Benjamin Stora, de l’axe diplomatique initial de cette approche à destination de l’Algérie (en lien avec le conflit sahélien), cette stratégie est aussi une manière de se distinguer de la droite LR, et bien entendu aussi de l’ultra-droite. La colonisation dans sa globalité est plus complexe à appréhender – moins politique/politicienne aussi, sauf dans les régions ultramarines – et ne polarise pas de la même manière les électeurs (absence d’un électorat identifié [7]). En outre, appréhender la question coloniale dans sa totalité aurait obligé la présidence de la République à bâtir un véritable lieu de savoir, un musée. A contrario, le choix retenu est d’engager un projet de musée de l’Histoire de France et de l’Algérie, à Montpellier, et d’une Maison des mondes africains et des diasporas (projet né au dernier sommet Afrique-France).

    Les réactions aux décisions et actions du président de la République avaient donné le ton bien avant la campagne. Au moment de la reconnaissance de la responsabilité française dans l’assassinat d’Ali Boumendjel, Marine Le Pen avait dénoncé sur Twitter des « signaux désastreux de repentance, de division et de haine de soi » (elle fera, comme d’autres responsables du RN, de même sur la commémoration du 17 octobre 1961, le rapport Stora et ses conclusions, et d’autres initiatives de la présidence de la République).

    Eric Zemmour et l’apologie de la colonisation

    Dans ce jeu symbolique et politique entre Pécresse, Le Pen et Macron, un dernier acteur est désormais entré dans la danse : Eric Zemmour. Pour lui, la question coloniale est un « fondamental ». C’est son histoire – pour Marine Le Pen aussi, mais via l’engagement de son père et l’héritage du FN au regard de sa fondation dans les années 1970 et ses créateurs historiques –, celle de ses parents et sa famille, mais aussi son histoire politique et idéologique. Elle est consubstantielle de son identité.

    Tous ses livres (enfin presque) font référence à ce passé colonial (et à l’Algérie), et son approche de l’immigration (une « colonisation de la France ») est le fruit direct de cette histoire. Allant même jusqu’à justifier la torture (en Indochine, en Algérie, à Madagascar ou au Cameroun) comme permettant de réduire les attentats, revendiquant « les apports positifs de la colonisation » (Figaro Vox), dénonçant le travail des spécialistes sur cette question – j’en ai fait personnellement l’expérience dans plusieurs émissions en face à face – et la manière d’enseigner la colonisation au sein de l’Education nationale.

    Désormais, il fait basculer ses thématiques livresques dans son phrasé de campagne avec un objectif : dénoncer Emmanuel Macron, surenchérir avec ses deux concurrentes, envoyer des signaux forts à ses électeurs. D’ailleurs, comme ses adversaires directes, il affirme qu’Emmanuel Macron aurait « un problème avec l’histoire de France », Valérie Pécresse affirmant pour sa part qu’Emmanuel Macron n’aurait qu’un but : « déconstruire l’histoire de France ».

    Face à ce discours à quatre voix, les autres candidats et candidates, notamment à gauche, sont quasi inaudibles et appréhendent peu la question, tant Emmanuel Macron a « tué le match ». Il ne reste, pour Anne Hidalgo, que le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 pour faire entendre sa « différence » (elle a l’antériorité sur ce point en termes de commémoration et de reconnaissance) et à Jean-Luc Mélenchon, qui en 2013 parlait encore de « guerre civile » en parlant de l’Algérie, qu’à revendiquer un travail lucide sur la colonisation. Le candidat communiste, lui, est totalement mutique sur le sujet et Yannick Jadot en appelle (sans en faire une question majeure) à un « débat » sur la colonisation.

    Dans le contexte de la campagne, Eric Zemmour est le candidat qui veut le plus marquer sa différence sur ce thème, notamment dans la dernière ligne droite avant le premier tour). Lors d’un échange avec un jeune Amérindien de Guyane qui l’interrogeait dans « Outre-mer 2022 » [8], il affirme désormais que « la colonisation a été une bénédiction ». Une manière de relancer sa campagne en enfourchant de nouveau cette thématique, au moment où il est distancé par Marine Le Pen (il est récemment tombé sous la barre des 10 % dans les sondages).

    Dans le même échange, il nuance l’impact de l’esclavage (« tous les peuples ont été en leurs temps esclavagistes ou esclaves ») et surtout il récuse la « repentance » ou la « culpabilité », tout en refusant une « colonisation de la France » avec les minarets des mosquées. Et de conclure que la France est désormais recolonisée par ses anciens sujets (le « Grand remplacement ») et de souligner « l’ironie » de la France actuelle : « Imaginez l’équipe du Sénégal avec 10 joueurs blancs, cela ne vous dérangerait pas ? ». De peur de n’avoir pas été assez entendu, il fait une relance sur RMC (les Grandes Gueules), récusant l’idée même pour la France de continuer à respecter les Accords d’Evian (puisque les Algériens ne les ont jamais respectés !).

    Très clairement, il pense que, pour son électorat, cette question raconte une certaine manière de penser l’histoire de France, mais explique aussi le présent, dans une forme de continuité entre passé et présent. Certains, dans l’espace politique, proposent des analyses assez proches, à l’image de Jean-Michel Blanquer qui affirmait sur BFM, en octobre 2020 : « Si on fait de la repentance plus-plus, on a de l’intégration moins-moins », faisant explicitement le lien entre l’histoire coloniale, son écriture et ses effets sur le présent en matière d’immigration/intégration.

    Pour sa part, Eric Zemmour en fait même un récit personnel : « Je ne considère pas que la colonisation fut un crime contre l’humanité. Je ne suis pas Emmanuel Macron. Tout peuple a été colonisateur et a été colonisé. Les Algériens eux-mêmes sont des colonisateurs, moi qui suis d’origine berbère, j’ai été colonisé par les Arabes d’Algérie qui gouvernent aujourd’hui le pays. J’ai été ensuite colonisé par la France. Je le répète : je bénis la colonisation française. Ça m’a permis de venir à Paris. D’avoir accès à la grande littérature française, de découvrir Chateaubriand, Pascal, Victor Hugo… Je bénis la colonisation. » La colonisation est un récit, c’est le sien.

    Comment réagir ?

    Rien de neuf en fin de compte. Il y a dix ans, en 2011, face à Edwy Plenel, le débat était déjà celui-là. « La question coloniale, vous l’incarnez […]. Vous continuez cette guerre 50 ans après », avait déclaré Plenel, qualifiant Eric Zemmour d’« hubris colonial ». Dix ans plus tard, le sénateur socialiste de Guadeloupe, Victorin Lurel, demande une loi « pour condamner pénalement ce type de provocations outrancières » que professe Eric Zemmour au cœur de la campagne (en référence à sa phrase « La colonisation a été une bénédiction »). Déjà, en 2019, le CSA avait mis en demeure CNews, suite à l’émission « Face à l’info » et aux déclarations d’Eric Zemmour, qui avait précisé qu’il aurait été du côté du général Bugeaud lors de la conquête de l’Algérie.

    Très clairement, l’un des marqueurs forts de cette campagne est la manière d’appréhender le passé colonial, mais je ne crois pas qu’il soit utile de légiférer sur la question. Il faut prioritairement faire de l’histoire et expliquer. Dans le même temps, Emmanuel Macron a totalement capté ce discours à la gauche, la rendant inaudible. Pour la droite conservatrice et la droite extrême, il s’agit de se différencier impérativement du Président, mais aussi de faire de ce récit colonial un véritable marqueur de surenchère. La matrice électorale et mémorielle a donc évolué, il faut en tenir compte pour analyser les nouveaux enjeux qui émergent à propos de ce passé.

    Marine Le Pen vient de cette histoire (via son parti) et celle de l’Algérie française, mais tente désormais de lisser ce récit ; Valérie Pécresse en fait un étendard de la droite (comme ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Fillon) et tente d’ajuster sa posture à son concurrent de la République en marche !, alors qu’Eric Zemmour assume son marqueur nostalgique, y compris en faisant référence à Bugeaud, parle de « colonisation positive » et prend son exemple personnel comme la preuve du succès de l’assimilation coloniale. Il fait de « son histoire » le récit national à offrir aux Français.

    Si cet espace mémoriel est aujourd’hui encore disponible, c’est parce que la République n’a pas pacifié ces mémoires : la question coloniale reste, en 2022, le dernier tabou de l’histoire de France. Le fait qu’Emmanuel Macron a initié un travail majeur sur la guerre d’Algérie — il a fait en 5 ans sur ce sujet plus que ses prédécesseurs en 50 ans — ne change au final pas grand-chose dans le débat politique français. Pas encore. La question reste brûlante, puisqu’elle parle à des millions de Français (et d’électeurs) et reste un marqueur fort (à droite) sur la manière dont on pense l’histoire de France, dont on regarde la République et décrypte le présent.

    Les élections présidentielles de 2022, 60 ans après la chute de l’Empire [9], seront sans doute les dernières où cette question s’affirme comme un épicentre « idéologique ». Le gagnant ou la gagnante imposera une vision pour les cinq ans à venir (vision qui n’a rien à voir avec le travail des historiens, des artistes, des écrivains ou des cinéastes), et cette vision sera un des enjeux majeurs des prochaines années.

    Cette vision sera explicitement politique et deviendra aussi une politique publique : l’enjeu est devenu générationnel, comme le montrent les projets et musées dans les anciennes puissances coloniales en Europe. Par définition, elle marquera une rupture et déclenchera des oppositions. Chaque présidence a porté une posture : l’oubli avec de Gaulle ; l’union des droites avec Pompidou et Giscard ; l’effacement avec Mitterrand ; l’ambiguïté avec Chirac ; la nostalgie avec Sarkozy ; la « lucidité » avec Hollande ; la polarisation sur l’Algérie avec Macron. Les années 2022-2027 seront le fruit des urnes. Dans le vote, s’écrit aussi la manière dont l’histoire coloniale sera transmise aux Français demain. Histoire, politique et colonisation ont toujours été liées en France.

    1. Un recueil (https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/portraits-de-France) de 318 personnalités issues de l’immigration et des outre-mer, destiné aux élus pour nommer les rues et bâtiments publics, et dont j’ai présidé le conseil scientifique à la demande du président de la République, devenu une exposition (au musée de l’Homme) fin 2021 et depuis début mars une exposition itinérante (présentée actuellement à Reims au musée Saint-Remi). 2. En référence à la fusillade de la rue d’Isly, à Alger, le 26 mars 1962, ou le massacre d’Européens à Oran du 5 juillet 1962 après l’indépendance. 3. Ce jour-là, le président de la République donne la parole à un appelé, une Algérienne engagée dans la guerre, un harki et une pied-noir (en présence du chef d’état-major Thierry Burkhard) pour bien montré qu’il s’adresse « à tous ». 4. Depuis des années, des maires de communes FN puis RN (ou proches du RN) ont déboulonné des rues « 19 mars 1962 ». 5. Dans un avion qui le ramenait d’un voyage officiel à Jérusalem en janvier 2020, le président de la République avait confié aux journalistes qu’il conférait au défi mémoriel sur l’Algérie « à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995 ». 6. Le 13 septembre 2018, il reconnaît, « au nom de la République française », que le mathématicien Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien, « disparu » le 11 juin 1957, avait été « torturé puis exécuté ou torturé à mort » par des militaires français. 7. En France, sept à huit millions de personnes ont connu, personnellement ou à titre familial, l’histoire de l’Algérie coloniale. 8. Outre-mer 2022, le rendez-vous politique d’Outre-mer la 1re. 9. Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, « Décolonisations françaises. La chute d’un Empire », Paris, Editions de la Martinière, 2020.

    Pascal Blanchard, bio express

    Le passé colonial, un sujet incontournable de campagne

     

     

     

     

     

    Pascal Blanchard est historien (CRHIM/UNIL). Il est co-auteur du livre illustré « Colonisation & propagande. La force des images », aux éditions du Cherche Midi.

     

     


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    Seine-et-Marne. A Livry-sur-Seine, une stèle érigée pour les victimes de la guerre d'Algérie

     

    Seine-et-Marne. A Livry-sur-Seine, une stèle érigée pour les victimes de la guerre d'Algérie

    Inauguration de la stèle en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie (©DR)

    Le maire communiste de Livry-sur-Seine, Régis Dagron, a fait ériger une stèle en mémoire de toutes les victimes de la guerre d'Algérie. Il a prononcé un discours engagé.

    Le samedi 19 mars 2022, pour le 60e anniversaire de la fin officielle des combats en Algérie, Régis Dagron, maire communiste de Livry-sur-Seine (Seine-et-Marne), a souhaité rendre hommage à ceux, Algériens comme Français, militaires comme civils, qui sont tombés sur le sol algérien. Même si aucun décès n’a été recensé dans son village, une stèle en mémoire des victimes a été inaugurée le samedi 19 mars au monument aux Morts. En pavés de grès, elle a été construite par les services techniques.

    Avant de dévoiler cette réalisation, aux côtés des élus locaux, Régis Dagron a effectué un rappel historique dans un discours engagé : « Le 14 juin 1830, 37 000 soldats français débarquent sur la côte algérienne. La conquête de l’Algérie vient de commencer. Cela va durer 17 ans. Dès le début, elle est écrite en lettre de sang, a-t-il déclaré. Les premières migrations arrivent, les Algériens sont dès lors traités en indigènes, leurs droits étouffés et leurs terres spoliées au profit des migrants. Beaucoup veulent croire en l’idéal républicain et ses promesses d’égalité. Le 8 mai 1945, la révolte éclate. Elle fut réprimée dans le sang. »

    Guerre civile

    L’élu, qui a également fait lire par un enfant du village un poème écrit par un appelé du contingent, poursuit : « La guerre devenait inévitable. Le 1er novembre 1954, une série d’attentats en marque le début, inaugurant une guerre civile qui ne voulait pas dire son nom. Elle durera huit ans. La conscription du contingent est décidée, au total 1 500 000 jeunes partirent pour l’Algérie. Certains d’entre vous en furent, vous aviez 20 ans… Vous découvrez alors la guerre et ses dérives monstrueuses. Vous étiez nombreux à vous interroger sur le sens de votre mission puisqu’aucune discussion n’était possible en dehors de l’indépendance. Pour les habitants d’Algérie, ce fut le couvre-feu, les attentats, les massacres, la torture, les représailles, les charniers. Comme les négociations, la vie devint impossible. »

    Le maire a également évoqué les victimes collatérales en métropole, notamment la manifestation de 30 000 Algériens à Paris, le 17 octobre 1961. « 12 000 furent arrêtés, certains y laissèrent leur vie, rappelle-t-il, en évoquant aussi le 8 février 1962, à Charonne. Cette manifestation, comme toutes les autres à cette époque, était interdite. La répression fit des centaines de blessés et neuf morts. Puis il y a eu les attentats organisés par l’OAS, structure factieuse, visant des personnalités politiques dont le chef de l’État. Voilà pour l’histoire. »

    Pour la paix

    Aujourd’hui, alors que la guerre fait rage aux portes de l’Europe, Régis Dagron ne pouvait pas finir son allocution sans se faire l’écho de l’actualité : « Tous ces souvenirs doivent nous conduire à toujours privilégier le dialogue dans la résolution des conflits car la guerre n’a jamais été une bonne option. Finalement, ce sont les populations qui règlent l’addition. Seule la paix, le partage et l’entente entre les peuples peuvent permettre le bien-vivre de chacun ! »

    SOURCE : https://actu.fr/ile-de-france/livry-sur-seine_77255/seine-et-marne-a-livry-sur-seine-une-stele-erigee-pour-les-victimes-de-la-guerre-d-algerie_49745173.html 

     


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    Lettre ouverte d’Henri Pouillot

    à Madame G. DARRIEUSSECQ 

    Lettre ouverte d’Henri Pouillot  à Madame G. DARRIEUSSECQ

     

    Objet : 19 mars 2022 / 26 mars 1962

    Madame la Ministre

    Témoin de la Guerre de Libération de l’Algérie, comme appelé (de juin 1961 au 13 mars 1962), affecté à la Villa Susini, j’ai eu l’occasion de constater de très nombreuses exactions commises dans cette période par l’Armée Française (en particulier la torture), des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre, des crimes d’état dont la France porte la terrible responsabilité. Ce 19 mars, pour le 60ème anniversaire de ce cessez-le-feu, je portais le drapeau de l’ARAC, devant la stèle honorant les victimes de cette Guerre de Libération de l’Algérie de Trappes.

    J’ai entendu la lecture de votre message (que j’ai retrouvé sur internet). Dans ce message, j’y ai remarqué 3 points qui m’ont interpellé :

    - Vous évoquez « Près de 30.000 d’entre eux avaient été tués, près de 70.000 blessés ». Or, jusqu’à maintenant l’évaluation officielle de soldats français morts pendant cette Guerre de Libération de l’Algérie était d’environ 23.000 (chiffre déjà important). D’où vient cette sur évaluation ? Par contre, le chiffre de 70.000 blessés me semble sous-évalué : avec un tel décompte, ne sont pas pris en compte tous les traumatismes découlant de cette guerre.

    - Au sujet de la fusillade de la Rue d’Isly à Alger du 26 mars 1962, vous reprenez la falsification historique prononcée le 26 janvier dernier par le Président de la République selon laquelle « ce drame aurait un caractère impardonnable ». Je vous joins la lettre que j’ai envoyée le 27 janvier dernier au Président de la République. Vous verrez que j’y ai joint le plan de positionnement du commando de l’OAS qui a provoqué la riposte de la troupe. Donc « oublier » cette provocation est incompréhensible, inacceptable. Ce plan, j’ai pu le consulter aux archives de l’Armée au Fort de Vincennes en 2010, (la référence d’alors était 1H2703-D9). Les conseils, services mémoire... de l’Elysée ne peuvent pas ne pas avoir préparé un dossier complet correct sur cet évènement. Tronquer le déroulement de cette manifestation ne peut donc être considéré que comme une disculpation délibérée de l’action criminelle, terroriste de l’OAS, cette organisation qui attaqua les fondements de la République (putsch, attentats contre le Président de la République...)

    - Ainsi, le 18 octobre 2022 un hommage national sera organisé. La tradition républicaine française veut que toutes les commémorations patriotiques honorant les victimes d’un conflit soit faites le jour anniversaire de la fin officielle (signature du cessez-le-feu, de la capitulation, du traité de paix...) et non pas un hasard du calendrier.

    Lettre ouverte d’Henri Pouillot  à Madame G. DARRIEUSSECQ

    Samedi dernier, 26 mars 2022, vous avez fait déposer une gerbe pour commémorer les victimes de la fusillade de la Rue d’Isly du 26 mars 1962. Cette commémoration organisée par un groupe de nostalgiques de l’Algérie Française, est donc cautionnée par le Gouvernement puisqu’une haie militaire y présente les armes (en plus du dépôt de votre gerbe et de celle du Président de la République). Alors, comment peut-on admettre qu’elle soit clôturée par l’interprétation du « Chant des Africains » (cette chanson qui fut l’hymne de l’OAS), avec les militaires au garde à vous, ce qui ne peut donc que s’interpréter comme un hommage à cette organisation fascisante, terroriste antirépublicaine puisqu’elle organisa un putsch pour tenter de renverser la République, et tenta 2 attentats contre le Président de la République d’alors.

    Quel Scandale !!! Quel message !!!

    Veuillez agréer, Madame la Ministre, mes sincères salutations dépitées.

    Henri POUILLOT

    Ancien Combattant pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, militant antiraciste, anticolonialiste, défenseur des droits de l’homme.

     


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  • Rencontre-débat "ITS" du 26 mars 2022 –

    Le PSU et l'OAS

     Contribution J-F. Gavoury

      Rencontre-débat "ITS" du 26 mars 2022 – Le PSU et l'OAS *** Contribution J-F. Gavoury

     

    L’Institut Tribune Socialiste (ITS) se présente comme un fonds de dotation dont le groupe "Algérie" regroupe des anciens membres ou sympathisants du Parti socialiste unifié (PSU) intéressés par cette thématique. 

     Ce groupe de travail a fait un double constat :
    – l’opposition à la guerre d’Algérie est un des éléments fondateurs du PSU, qui s’est beaucoup investi dans ce combat et dans les années qui ont suivi l’indépendance ;
    – de nombreuses questions posées par l’indépendance de l’Algérie restent d’actualité : racisme, décolonisation, importance de l’Islam, nationalisme arabe, statut de la femme, etc.
     

    Il a en conséquence souhaité recueillir les témoignages écrits et filmés de militants dont le parcours a croisé à la fois la guerre d’Algérie (participation à la guerre, refus de la guerre, luttes pour la paix et l’indépendance, aide au FLN et aux insoumis, coopération…) et le PSU (avant, pendant ou après la guerre), en les interrogeant aussi sur leurs appréciations actuelles de la politique en France et en Algérie … et sur l’état de leurs engagements d’aujourd’hui. 

    Institut Tribune Socialiste 

     

     

    Contact N°06 - 2022 - 19 mars 

     

    COMMÉMORATION

    Dans le cadre de la journée de commémoration
    du 60e anniversaire des Accords d'Évian

     
     

    LE PSU ET LES ACCORDS D'ÉVIAN
    LE PSU ET LA LUTTE CONTRE L’OAS
    UNE RELECTURE DE L’ANNÉE 1962

    Le samedi 26 mars de 14h à 18h
    Au Maltais Rouge, 40 rue de Malte 75011 Paris

    Le 18 mars les Accords d’Évian sont signés, mettant fin à la guerre d’Algérie. Soulagement, mais pas pour tout le monde cependant. Dès le lendemain, l’OAS initie un nouveau et terrible cycle de violences dans le but d’empêcher leur application et l’indépendance de l’Algérie. Profitant de son désarroi, l’OAS va entraîner une partie importante de la population européenne dans cette entreprise suicidaire.

    Résultat, des attentats, des morts, des blessés, de la contre violence, des destructions, l’exode de la majorité de la population européenne, les harkis laissés pour compte. Le PSU, également dans le viseur de l’OAS, participe à la lutte contre l’OAS, intervient dans le débat, notamment lors du référendum du 8 avril 1962. 

    L’Institut Tribune Socialiste organise une rencontre-débat pour un retour lucide sur cette période qui n’est pas sans écho sur la situation d’aujourd’hui en France et en Algérie.

    Programme

    1ÈRE SÉQUENCE (DE 14 H À 15 H 45)
    LES ACCORDS D’ÉVIAN

    • Introduction : contexte politique et contenu des accords
    • Les débats et les positions du PSU par Bernard RAVENEL, historien, Président de l’Institut Tribune Socialiste
    • Projection
    • Témoignages d’Hubert ROUAUD, ancien appelé en Algérie et Alain JOXE sociologue
    • Débat avec la salle et les personnes à distance.

    2ÈME SÉQUENCE (DE 16 H 15 À 18 H)
    STRATÉGIE DE L’OAS ET POSITIONS DU PSU

    • Introduction : origines, objectifs et stratégie de la terreur de I’OAS par Marc MANGENOT, avec la contribution de Jean-François GAVOURY
    • Le PSU contre l’OAS par Georges GONTCHAROFF avec Bernard RAVENEL • Projection
    • Témoignages de Michel CAPRON et Dominique WALLON
    • Débat avec la salle et les personnes à distance.

    Animation : Marc MANGENOT, Monique DENTAL et Nora BELMOKHTAR

    Je livre ci-après la teneur de mon intervention (à distance) dans sa version intégrale, étant    

     

      Rencontre-débat "ITS" du 26 mars 2022 – Le PSU et l'OAS *** Contribution J-F. Gavoury

    Je vous livre ci-après la teneur de mon intervention (à distance) dans sa version intégrale, étant entendu que j’ai été appelé à improviser des coupes en cours d’exposé afin de compenser une partie du retard pris sur l’horaire de la 1ère séquence.

    Remerciements et excuses 

    Je suis honoré d’avoir été invité à prendre part à cet après-midi de réflexion consacré à la lutte contre l’OAS. Pardonnez-moi de n’être pas physiquement présent parmi vous.

    Un mot pour vous dire qu’une personne fait le lien entre Michel Rocard et l’association de victimes de l’OAS que je représente et dont il fut membre jusqu’à son décès en avril 2018. Il s’agit de Michel Levallois, dont la carrière débuta en Algérie et que son parcours dans le corps préfectoral amena à conseiller l’ancien Premier ministre dans les négociations qui aboutiront aux accords de Matignon de 1988 sur la Nouvelle-Calédonie.

    Éléments de contexte 

    La date du 26 mars 1962 n’est neutre ni pour les historiens ni pour les porteurs de la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie quelles qu’elles soient : elle est celle du début du procès de sept des participants à l’assassinat du commissaire central d’Alger Roger Gavoury, mon père (le chef des commandos Delta de l’OAS étant alors en fuite) ; elle est celle aussi - ô combien - d’une tragédie dont je déplore autant l’origine que le dénouement.

    Hélas, il est vain d’attendre d’un ancien activiste, partisan ou simple sympathisant de l’OAS le moindre pas vers les porteurs d’une autre mémoire de la guerre d’Algérie que la sienne.

    Nicole Ferrandis, présidente de l’une des deux associations revendiquant la représentation des victimes de la fusillade de la rue d’Isly le 26 mars 1962 à Alger, a défié le chef de l’État en refusant d’honorer de sa présence le rendez-vous élyséen du samedi 19 mars 2022.

    Elle est même allée jusqu’à expliciter, le jour dit, son comportement auprès de l’AFP : « Le Président de la République, avec ses gestes mémoriels, ne fait qu’attiser notre souffrance » car « le 19 mars est une blessure pour les Français d’Algérie ».

    Se soucie-t-elle de ce que les victimes de l’OAS ont ressenti lorsque Geneviève Darrieussecq lui a témoigné son affectueuse compassion le 26 mars 2021 quai Branly et la lui a renouvelée le 5 décembre suivant aux Invalides. Et pourtant, je serais volontiers allé à sa rencontre samedi dernier.

    Les criminels de l’OAS et leurs complices ont à ce point obtenu de l’État et de la Nation au cours de ces cinquante-cinq dernières années qu’ils entendent conserver l’exclusivité de la reconnaissance et des rentes afférentes. 

    À la veille du 18 mars, dans un article intitulé « Guerre d’Algérie : le kaléidoscope mémoriel d’Emmanuel Macron », le journaliste du Monde Frédéric Bobin écrivait « Le chef de l’Etat se transforme en grand thérapeute des traumas du passé. La question mémorielle est abordée sur un mode purement psychique. ». Ce constat est pertinent. Je pense en effet que l’empathie se paritarise, et il fondera la conclusion de mon propos.

    I]
     CE QU’ÉTAIT L’OAS 

    Chacun a le droit de s’exprimer à propos de l’OAS.

    Mais il en est qui me paraissent plus qualifiés que d’autres.

    J’aurais aimé, à cet égard, pouvoir mentionner le ministre en charge des Anciens combattants et victimes de guerre.

    Il se trouve, par malheur, que la titulaire du poste en fréquente les criminels ou leurs affidés et en ignore les victimes, instrumentalisée qu’elle est par un cabinet à direction partiale.

    Qu’importe, je vais parler de ceux qui ont - ou ont eu - autorité pour le faire, à commencer par … l’autorité judiciaire elle-même.

    Que nous disent les services de la direction générale de la sûreté nationale (direction des services de police judiciaire) en réponse à une commission rogatoire du 15 décembre 1961 émanant d’un juge d’instruction près le Tribunal de grande instance de la Seine ?

     « L’organisation de l’armée secrète est le résultat de toutes les oppositions de l’extrême droite à la politique algérienne du Gouvernement français. Dès le début de la rébellion algérienne, naquirent, en Algérie, un certain nombre de groupements qui avaient pour but de conserver à cette région le système d’administration en cours. Tous ces groupements, opposés à un changement du statu quo, ne pouvaient réaliser leur unité en raison de leurs divergences de doctrine, d’intérêts et de moyens d’action. Mais l’insurrection du 24 janvier 1960 mit en évidence les graves inconvénients pouvant résulter d’un manque d’homogénéité. Les principaux activistes, réfugiés par la suite en Espagne, tentèrent de regrouper les mouvements intéressés à la cause de l’Algérie française.

     « Pierre Lagaillarde revendique la paternité de l’OAS, qu’il prétend avoir créée par deux directives en date des 21 et 24 février 1961.

    « Selon lui :
    « - l’OAS, organisme de combat des civils algériens, s’intégrait dans une opération d’ensemble, civile, militaire, métropolitaine et algérienne ;
    « - toutes les formations activistes s’intégraient dans l’OAS ;
    « - Salan, au sein des « Comités des six », assurait la présidence et la direction de l’ensemble des opérations ;
    « - Lagaillarde, assisté d’une direction centrale, assumait le commandement de l’OAS.

    « Après l’échec du putsch d’avril 1961 à Alger, la majeure partie des organisateurs de l’insurrection se réfugia dans la clandestinité, sous la direction de l’ex-général Salan.

    « L’équipe militaire insurrectionnelle supplanta Lagaillarde resté à Madrid et prit en charge tous les mouvements clandestins qui fusionnèrent sous la dénomination « Organisation de l’armée secrète ».

    « L’examen des documents saisis au cours des différentes opérations de police effectuées en Algérie permet de reconstituer la structure actuelle de cette organisation subversive :

    « Responsable Algérie-Métropole du comité politique et militaire : l’ex-général Salan, alias "Soleil" ou "Santiago", assisté de son officier d’ordonnance, le commandant Ferrandi.

    […]

    « En Espagne, un état-major est installé depuis plusieurs mois. Cette faction, en désaccord sur le plan doctrinal avec l’état-major d’Alger, tant par rapport aux moyens à employer pour amener le général de Gaulle à démissionner qu’au regard de la structure et de l’orientation à donner au gouvernement qui devra lui succéder, est composée de civils et de militaires au sein de laquelle l’unité de vues est loin de régner. »


    II] LES BUTS DE L’OAS

    Reprenons ici la même source, nous replaçant dès lors à la date de décembre 1961 :

    « Pour justifier son existence et son action, […] l’OAS a entrepris, par une diffusion intensive de tracts, de faire connaître à la population son programme sur les plans politique, administratif, économique et social.

    « Les mesures proposées prétendent tenir compte de certaines garanties essentielles : le respect de la personne humaine, la conciliation entre les justes libertés et le souci du bien commun, la sauvegarde des communautés, l’inaliénabilité du territoire national, la nécessité de défendre les valeurs morales que sont la volonté de promotion, le respect de son semblable et l’instauration d’un ordre pacifique.

    « Sur le plan politique, la doctrine élaborée préconise la déchéance de la Ve République et son remplacement par un Gouvernement de salut public constitué par les responsables du mouvement nationaliste et leurs correspondants dans l’armée.

    « Appelé à sauvegarder le territoire national, à hâter le redressement de la Nation et à satisfaire les revendications des travailleurs, ce Gouvernement doit être aidé dans sa tâche par un Conseil de gouvernement civil et militaire, constitué par des représentants de la résistance intérieure de la Nation.

    « Sur le plan administratif, il est fait état de la provincialisation de la métropole, de l’intégration de l’Algérie - province française - et d’une décentralisation accentuée dans tous les domaines.

    « Du point de vue économique et social, le Gouvernement, issu d’un putsch militaire devrait s’employer à améliorer le niveau de vie des plus défavorisés par un réajustement des salaires, à accorder des garanties aux petites et moyennes entreprises, à réintégrer l’agriculture dans l’économie nationale et, d’une façon générale, à alléger la fiscalité des forces productives de la Nation.

    « Enfin, une politique de la jeunesse et de l’enseignement devrait permettre aux jeunes de se former et d’exercer leurs responsabilités rapidement.

    « En fait, l’activité de l’OAS s’est surtout manifestée par la prolifération d’attentats au plastic visant les personnes connues pour leur fidélité et leur soutien à la politique algérienne du chef de l’État. »

    III] LE BILAN HUMAIN DE L’OAS

    Je vais citer, à ce titre, M. Alain Ruscio :

    « Lors du second jour du procès de Salan, le 16 mai 1962, le président du Tribunal, M. Bornet, président de la Cour de cassation, présenta à l’accusé la liste des victimes de l’OAS (ou, précisa-t-il, prudent, attribuées à cette organisation), chiffres officiels en date du 19 avril 1962. En Algérie, il y avait eu 15 355 attentats (2 546 attaques individuelles, 510 attentats collectifs, comme des mitraillages ou jets de grenades, 12 299 plasticages), faisant 1 622 morts (239 Européens, 1 383 musulmans) et 5 048 blessés.

    « Mais il faut rappeler que ce bilan officiel, dressé en avril, s’alourdit considérablement jusqu’au cœur de l’été 1962.

    « Le journaliste américain Paul Hénissart, témoin de ces derniers temps tragiques, cite un chiffre officieux : 2 200 morts, probablement le plus proche de la réalité, peut-être même inférieur.

    « En métropole, les chiffres généralement retenus, à la suite de l’étude d’Arnaud Déroulède, sont de 71 morts et 394 blessés.

    « Au global, une fourchette de 1 600 à 2 400 morts est généralement admise, dont 80 à 85 p. 100 de Musulmans. D’autres sources avancent des chiffres bien supérieurs, partant du principe que la responsabilité morale de l’OAS dans les ratonnades des derniers mois de la guerre lui est imputable.

    « Certes, dans les flots de sang et de douleur que créa la guerre d’Algérie, dans le décompte des centaines de milliers de morts de ce conflit, ce chiffre peut paraître minime.

    « Mais il s’est agi, là, non de combattants, mais de victimes, désignées par des comités secrets, tombées sans avoir même eu le temps de se défendre, abattues dans la rue, dans les domiciles, arrachées de cellules de prison, voire achevées dans des ambulances ou sur des lits d’hôpital. Sans compter les plasticages soi-disant ciblés, mais qui provoquaient la mort ou la mutilation de proches, de voisins, de passants ; sans compter encore les tirs de mortier sur des quartiers ou sur des foules, les voitures piégées, les incendies … »

    IV] LA NON-RECONNAISSANCE DES VICTIMES DE L’OAS : UNE FAUTE INEXCUSABLE !

    Depuis le tout début des années soixante-dix, les pouvoirs publics centraux et locaux (État, collectivités territoriales) ont, directement ou indirectement, apporté leur concours à la glorification des tueurs de l’OAS le long du littoral méditerranéen, depuis Nice jusqu’à Perpignan, en passant par Toulon et Marignane. Cette apologie des crimes et attentats commis par l’OAS a pris la forme de stèles érigées afin de perpétuer le souvenir de quatre de ses membres condamnés à mort et exécutés, les monuments en question rappelant qu’ils ont symbolisé l’Algérie française et en ont été les martyrs et héros.

    À l’inverse, les institutions de la République se sont ingéniées à écarter leurs victimes - notamment civiles - du moindre droit, par exemple, au statut de "Mort pour la France". Un avis consultatif du Conseil d’État, commandé par le ministre délégué aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera et signé le 13 février 2003 par M. Renaud Denoix de Saint Marc, indique que l’OAS n’était pas partie belligérante engagée dans la guerre d’Algérie et que, dès lors, ses victimes ne peuvent être regardées comme éligibles à cette qualité.

    Cet avis, fruit d’une construction juridique alambiquée - pour ne pas dire inintelligible -, cet avis discriminatoire, cet avis ultérieurement fragilisé - et même démenti - à la faveur de démarches individuelles de descendants d’ayant droit, constitue un forfait.

    Pour s’en convaincre, il convient de rappeler deux faits :
    - les militants indépendantistes du FLN condamnés à la peine capitale et à l’exécution desquels le ministre de la justice François Mitterrand ne s’est pas opposé en 1956-1957, ont été traités à la manière de criminels de droit commun et ont eu la tête tranchée[1] au motif que le statut de combattant ne leur était pas applicable dans la mesure où la France n’était pas en situation de belligérance ;
    - les quatre condamnés à mort de l’OAS ont, pour leur part, été passés par les armes.

    CONCLUSION 

    Une conclusion toute provisoire en l’occurrence !

    Les deux guerres mondiales du siècle dernier nous ont appris que la reconnaissance des victimes s’inscrit dans le temps long.

    La situation conflictuelle dont nous parlons - à laquelle le législateur a conféré la dénomination de guerre le 18 octobre 1999 - présente pour particularités :
    - d’avoir impliqué le peuple français et le peuple algérien : un peuple français formé, des deux côtés de la Méditerranée, d’adversaires et de partisans de la colonisation, ces derniers censés être incarnés par les Français dits de souche européenne ; un peuple algérien composé, en Algérie, de partisans du statu quo (les harkis) et de partisans de l’indépendance, eux même partagés, en métropole entre le Front de libération nationale (FLN) et le Mouvement national algérien (MNA) ;
    - d’avoir engagé l’État contre lui-même et son armée de métier et même son armée de conscription.

    Face à la complexité d’un conflit armé à ce point anachronique et inutile, l’humilité s’impose en même temps que la vérité.

    Il y a soixante ans jour pour jour, tout paraissait encore possible après la signature des Accords d'Évian, même si l’OAS, les 22 et 23 mars, avait abattu gendarmes et appelés du contingent à Bab el Oued. La stratégie de mise sous tension du quartier atteint son paroxysme avec l’appel à l’insurrection que l’organisation adresse aux Algérois afin d’obtenir la levée du blocus que leur quartier subit. S’ensuivra la si meurtrière fusillade algéroise de la rue d’Isly. Alors pris dans un tourbillon de folie sanguinaire, l’OAS n’épargne personne. Enfants, ouvriers, femmes de ménage, instituteurs, policiers, Européens et Algériens sont visés par des meurtres et attentats qui se conjuguent avec des opérations de vol d’armes et de véhicules, de hold-up et de racket, la mise en place de filières de faux papiers. Les plasticages, les ratonnades, les attentats à la voiture piégée se répandent dans les rues d’Alger et d’Oran, cependant qu’en métropole les bâtiments publics, les sièges de journaux, les domiciles privés de personnalités plus ou moins sensibles à la cause de l’Algérie algérienne sont pris pour cibles.

    Consciente qu’elle ne parviendra pas à imposer sa loi aux autorités françaises et à la jeune nation algérienne, l’OAS déploie la stratégie de la terre brûlée, qui consiste à détruire les infrastructures économiques : « S’il faut quitter l’Algérie, on la laissera dans l’état où les premiers colons l’ont trouvée en 1830 ». L’autodafé fait partie du plan.

    Un authentique sage de la politique, inconditionnellement respectueux de l’ensemble des victimes de la guerre d’Algérie et pied-noir lui-même, a donné de l’OAS la définition la plus brève et la plus pertinente de l’OAS à savoir « une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare » : c’était le 6 octobre 2011, au cimetière du Père Lachaise.

    Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, inaugurait alors le premier monument élevé par une institution publique En hommage à toutes les victimes de l'OAS en Algérie et en France. Civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République.

    J’incline à penser que, comme lui, l’actuel chef de l’État considère :
    - qu’il ne peut y avoir d’unité de la collectivité nationale si le peuple français a peur de la vérité ;
    - que les Français ne peuvent envisager leur avenir sur l’ambiguïté ou sur une sorte de lâcheté par rapport à l’Histoire. 

    C’est le sens du message que, dans un environnement de brouhaha peu propice il est vrai, je lui ai adressé de vive voix il y a une semaine, à l’issue de la cérémonie commémorant l’entrée en vigueur, soixante ans plus tôt, du cessez-le-feu en Algérie.

    Pour que l’hommage courageusement rendu, à cette occasion, à l’écrivain Mouloud Feraoun et à ses cinq compagnons massacrés à ses côtés le 15 mars 1962 à Ben Aknoun s’étende à toutes les victimes de l’OAS (anciens menacés de mort, rescapés d’attentats et mutilés à vie) au même titre que les descendants d’assassinés, le combat de l’ANPROMEVO va devoir se poursuivre.

    Je me plais à imaginer le futur Président de la République accompagnant Bertrand Delanoë, en octobre (le 6 ou le 18), dans une démarche de fleurissement de la stèle du Père Lachaise !

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation - Orphelin de guerre
    Président de l’Association nationale pour la protection
    de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)


    [1] Sur 45 dossiers d'exécutés lors de son passage place Vendôme, François Mitterrand n’a émis que sept avis favorables à la grâce (six autres avis étant manquants).

    *************************************************************************************

    J'ai assisté dans son intégralité à cette rencontre-débat "ITS" que j'ai trouvé très intéressante. Mais pour vous donner une idée de ce qu'est une rencontre-débat je vous présente la précédente qui concernait le 60e anniversaire de Charonne.  Car celle du 26 mars 2022 n'est pas encore en ligne sur le site de

      Rencontre-débat "ITS" du 26 mars 2022 – Le PSU et l'OAS *** Contribution J-F. Gavoury

     Michel Dandelot

      Rencontre-débat "ITS" du 26 mars 2022 – Le PSU et l'OAS *** Contribution J-F. Gavoury

     

    De cliquer sur ce lien :

    https://vimeo.com/showcase/9276253


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     Photos privées prises hier par un ami

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

    Les gerbes de la ministre Darrieussecq et de Macron (énorme) ont été déposées par des militaires. Une gerbe, modeste de la Ville de Paris a été déposée par une élue. Vous n’avez pas honte Mme Hidalgo ? Une fois de plus la République s'est abaissée, et la Ville de Paris se venge, par gerbe interposée, du ralliement de Bertrand Delanoë à Emmanuel Macron.

    Petit tout cela, infiniment petit !

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

     

    M. le candidat Macron il se moque de vous !

    Le site d’extrême-droite Boulevard-Voltaire écrit : Une date historique à retenir, le 26 mars 1962... pour la première fois, des Français tirent sur d’autres Français.

    S’il peut être salvateur de procéder à un droit d’inventaire historique, c’est-à-dire d’émettre une dilection particulière pour telles ou telles époques, périodes ou civilisations passées qui nous renseignent sur la vision du monde et la réalité événementielle qu’elles recouvrent, il faut récuser toute forme de concurrence des mémoires, de toutes les mémoires qui empêchent une nécessaire résilience pour le pays ! Oui à la provenance objective, non à la repentance sélective ! Raison pour laquelle la communication et le « pardon » de M. Macron concernant la fusillade de la rue d’Isly paraissent complètement bidon. Rappelons-nous le sens des nuances de ce dernier lorsqu’il évoquait « la colonisation comme un crime contre l’humanité ».

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

    Le chant des africains cet

    hymne de l'OAS  a été repris

    en conclusion de la cérémonie...  Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

     

     

     

    Il y a soixante ans

    26 mars 1962, rue d’Isly à Alger,
    les archives militaires françaises
    qu’Emmanuel Macron veut ignorer

     

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

    La volonté d’Emmanuel Macron de « réconcilier les mémoires » des différentes catégories de victimes de la guerre d’Algérie, en faisant parfois l’économie d’un regard historique sur la véracité ou les mensonges des récits sur lesquelles certaines mémoires sont fondées, connait de sérieuses limites. Dans le cas du massacre de manifestants européens le 26 mars 1962 rue d’Isly à Alger, il a donné satisfaction aux associations « nostalgériques » qui en attribuent toute la responsabilité à l’armée française. Ci-dessous, en complément de l’article d’Alain Ruscio publié par notre site, un document qui montre que des armes automatiques installées par l’OAS ont ouvert le feu sur le barrage tenu par des militaires français. Cette organisation terroriste a donc une lourde responsabilité dans ce massacre.

     

    26 mars 1962. Les armes automatiques installées par l’OAS

    Que montrent les archives françaises ?

                                                                                                         

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

    Ci-dessus la copie du plan conservé au Service historique de la Défense (SHD), faite par un lecteur qui n’a pas eu l’autorisation de le photographier. Il figure au SHD dans un dossier correspondant à la cote GR1H2703 dont la neuvième chemise — sous la cote 1H2703-D9 — concerne la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962. 

    Il montre, en pointillé bleu, le barrage constitué par le 4e régiment de tirailleurs algériens, qui a effectivement ouvert le feu sur des manifestants, mais a aussi été pris sous le tir d’armes automatiques installées par des commandos de l’OAS sur des balcons et des toits de la rue d’Isly et des alentours, dont les emplacements repérés par l’armée sont marqués en rouge sur ce plan (les ronds bleus désignent les postes de commandement de l’armée française).

     

     

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

      Il y a soixante ans  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, les archives militaires françaises qu’Emmanuel Macron veut ignorer

     

    Quelques-uns des emplacements des armes automatiques utilisées par l’OAS
    Photos d’un rapport de l’armée
    publiées par Yves Courrère, 
    « Les Feux du désespoir », Fayard, 1971,
    p. 544.
     

     

    Voir aussi sur notre site


    • 
    Le 26 mars 2008, à Paris et à Toulon publié le 28 mars 2008.

    • Retour sur la fusillade de la rue d’Isly : le drame. Par Yves Courrière publié le 6 juillet 2008.

    • Carnage rue d’Isly, par Rémi Kauffer publié le 6 octobre 2008.

     La feuille de route de l’OAS par le général Salan en février 1962 publié le 18 mars 2011.

    • Il y a cinquante ans : la fusillade de la rue d’Isly publié le 26 mars 2012.

    • La fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962, par Alain Ruscio publié le 30 janvier 2022.

    SOURCE : https://histoirecoloniale.net/26-mars-1962-rue-d-Isly-a-Alger-les-archives-militaires-francaises-qu-Emmanuel.html 

     


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    Origines et résurgences du racisme colonial

     

    Origines et résurgences du racisme colonial

    Origines et résurgences du racisme colonial

    Le 60anniversaire des accords d’Évian, qui scellaient le 18 mars 1962 la fin de la guerre d’Algérie et ouvraient la voie à l’indépendance du pays après 132 ans d’oppression coloniale, survient dans une société française traversée par l’expression publique d’un racisme assumé et d’une nostalgie décomplexée pour la colonisation. 

    Pour l’historienne Sylvie Thénault et le politiste Paul Max Morin, rien de surprenant dans un pays qui ne parvient toujours pas à regarder son passé en face, la question coloniale étant intimement liée au racisme. Mediapart a réuni le chercheur et la chercheuse dans l’émission « Écrire l’histoire France-Algérie ».

    L’occasion de revenir également sur la politique mémorielle conduite par le président Emmanuel Macron, qui s’est fixé pour ambition de « réconcilier » les mémoires et s’est appuyé sur un rapport commandé à l’historien Benjamin Stora. Nos deux invité·es en dressent un bilan critique. 

    « Quand vous êtes dans la répétition des discours, le symbolique s’use, et il s’use d’autant plus que les sens des discours ont été complètement divergents puisqu’on a dit à chacun ce qu’on pensait devoir lui dire », déplore Sylvie Thénault. 

    « Le point aveugle reste la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui est une forme de réparation. Cela ne figure pas dans le rapport Stora, ni dans les discours du président, qui emploie très peu le mot “colonial”, très peu le mot “racisme” », pointe Paul Max Morin. 

    • Sylvie Thénault est historienne, directrice de recherches au CNRS, spécialiste de la colonisation de l’Algérie et de la guerre d’indépendance algérienne. Elle publie Les Ratonnades d’Alger, 1956 (Seuil), une histoire du racisme colonial, un livre qui nous plonge au cœur de la brutalité de la société coloniale en Algérie et retrace les violences racistes qui ont émaillé les obsèques d’Amédée Froger, un des leaders pieds-noirs, fervent défenseur de l’Algérie française, symbole du refus de toute évolution.
    • Paul Max Morin est chercheur au Cevipof-Sciences-Po Paris. Il vient de soutenir une thèse sur la mémoire qu’ont les jeunes Français de la colonisation et de la guerre en Algérie. Elle est déployée dans un livre, Les Jeunes et la guerre d’Algérie (Presses universitaires de France) et dans un podcast diffusé sur la plateforme Spotify : Sauce algérienne« Un voyage dans la part algérienne de la France ».

    Extraits de notre émission

    Sylvie Thénault : Les sociétés coloniales sont des sociétés qui catégorisent et hiérarchisent très rigidement. La catégorisation de la société coloniale algérienne est tripartite : Européens, juifs et musulmans, pour employer les termes de l’époque. [...] Cette catégorisation, doublée d’une hiérarchisation, est vraiment l’un des moteurs de violence essentiels. 

    Aujourd’hui, dans la culture politique française, l’héritage est là, dans la reproduction d’une vision de l’humanité en catégories rigidement construites, avec une hiérarchie, entre ceux promis à la stigmatisation, voire à la persécution si certains arrivent au pouvoir, et les autres, dont la domination semble naturelle et doit être défendue.

    Documenter le racisme colonial a des vertus pédagogiques. Amédée Froger représentait cette minorité coloniale d’un million de Français [...] sur la défensive, qui ne peut se maintenir qu’à condition qu’on maintienne la majorité algérienne dans l’infériorisation permanente. C’est pour cela que c’est une société de la ségrégation, on dit « musulmans » et on ne dit pas « Algériens ».

    Le lien avec aujourd’hui est évident. À l’époque même, Amédée Froger fait partie de ces gens qui se décrivent en danger sous la menace de la submersion démographique algérienne, qui favorisent le terrain idéologique à l’idée du « grand remplacement ». Les partisans de cette fausse théorie du « grand remplacement » d’aujourd’hui peuvent complètement avoir en tête cette société coloniale algérienne et reproduire cette mentalité de minorité coloniale sous la menace de la submersion démographique.

    Paul Max Morin : L’idéologie coloniale qui a soutenu la colonisation et le colonialisme n’a pas été déconstruite en 1962. Cela n’a jamais fait l’objet d'un travail politique en termes de parole politique ou de politiques publiques qui feraient comprendre que ce système colonial a été soutenu par un imaginaire racial et raciste, et qu’il doit être déconstruit pour passer dans le monde des indépendances, de l’égalité. 

    Cette idéologie reste active dans une partie de la jeunesse minoritaire, principalement chez les jeunes qui se positionnent à l’extrême droite ou dans une partie de la droite. Ils vont déployer un discours en trois temps : refuser tout regard critique sur le passé car ils pensent que cela va disloquer la nation, stigmatiser les descendants d’immigrés associés de toute façon de manière uniforme aux Algériens, se placer aujourd’hui en tant que victimes de l’histoire, du « grand remplacement », du déclassement, dans une position d’assiégés physiquement et dans l’identité qui, du coup, justifie ce statut de victime, voire parfois le recours à la violence. 

    Cela reste actif aussi, car les jeunes héritent de ces catégories fixes. Quand on est descendant d’Algériens, de juifs algériens, on va subir le racisme et l’antisémitisme, conséquences de cette histoire. Les Européens ne sont pas devenus racistes par nature. C’est en faisant l’esclavage et la colonisation que ces techniques de gouvernement, cette idéologie ont été inventées. 

    Ces descendants doivent négocier une fluidité des identités, combattre le racisme, l’antisémitisme dont ils sont victimes ou parfois témoins dans leurs familles, quand ils sont dans des familles de pieds-noirs, par exemple, et qu’ils voient des grands-parents parler de manière négative des Algériens ou des descendants d’Algériens.

    Voir sur Mediapart l’émission animée par Rachida El Azzouzi 

     


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    La confrontation au système colonial, à ce qu’il produit

    et charrie encore, est le seul chemin pour faire passer

    le passé

    La confrontation au système colonial, à ce qu’il produit et charrie encore, est le seul chemin pour faire passer le passé

     Comme vous aviez raison M. Macron, en 2017, alors que vous étiez candidat à la présidence de la République... Hélas vous avez bien changé...

    Dans une Tribune publiée le 18 mars par Le Monde, de nombreux signataires, dont la 4ACG, estiment qu’il est plus que temps de clarifier notre rapport politique à la colonisation. 

    Le texte de la Tribune 

    Le 19 mars 2022, nous commémorerons le 60e anniversaire de la fin de la guerre d’indépendance algérienne (1954 – 1962), qui fut aussi la fin de 132 années de colonisation française en Algérie.
    Cet anniversaire revêt une double importance pour la société française : une importance générationnelle d’abord car les personnes ayant vécu la guerre disparaissent, parfois sans avoir pu raconter leurs histoires et se débarrasser du poids du passé. Une nouvelle génération émerge avec un désir de connaissance et des besoins de compréhension qui lui sont propres. Une importance politique ensuite, car, en cette année d’élection présidentielle, les mémoires de la guerre d’Algérie n’échappent pas aux instrumentalisations. Entre appel à la réconciliation ou spectre de la guerre civile, le monde politique se saisit du sujet pour lire les tensions dans la société française. Parce qu’elle renvoie à notre relation à la République et à l’altérité, l’Histoire algérienne de la France est intimement liée à ce que nous sommes et voulons être.
    La société française d’aujourd’hui est en effet héritière de ce passé. Nos institutions républicaines comme le capitalisme français se sont en partie construits dans l’expérience de la colonisation et de la guerre. Des familles françaises touchées par ce passé algérien - que l’on pense à celles des appelés, des pieds-noirs, des immigrés algériens, des Juifs d’Algérie, des harkis et des militants pour ou contre l’Indépendance – regroupent actuellement des millions de personnes sur notre territoire. 39% des jeunes de 18 à 25 ans ont grandi dans ces familles, où l’Algérie est une histoire intime mêlant douleurs et nostalgie.
    Emmanuel Macron a fait de la guerre d’Algérie le défi mémoriel de son quinquennat. Son volontarisme politique s’est traduit par un nombre important de gestes mémoriels issus pour parties des préconisations retenues dans le rapport commandé à Benjamin Stora : reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin, de la pratique de la torture et, plus récemment, de, l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel ; processus de restitution de crânes de résistants algériens à la conquête ; préfiguration d’un projet de musée de l’histoire de la France et de l’Algérie à Montpellier ; hommage inédit aux victimes décédées au métro Charonne lors de la manifestation anti OAS du 8 février 1962.
    Les gestes cités constituent d’indéniables avancées. Mais d’autres donnent également l’impression d’un rendez-vous manqué tant ils ont pu paraître insuffisants (à l’image de la reconnaissance des responsabilités sur le massacre du 17 octobre 1961 qui, si elle fut bienvenue, fut « muette » et incomplète) ou manquer de cohérence politique.


    Relier les histoires de toutes les familles

    Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron s’est laissé enfermer dans une logique catégorielle, répondant à certaines associations de harkis ou de rapatriés, sans considérer l’utilité d’un discours orienté vers l’ensemble de la société et notamment la nouvelle génération. Emmanuel Macron n’aura pas non plus échappé au piège politique. En cinq ans et à mesure que l’activisme de l’extrême-droite tendait la société, le Président sera passé de « la colonisation est un crime contre l’humanité » à « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question ».
    Mais Emmanuel Macron aura surtout fait l’impasse sur ce que le candidat reconnaissait sans mal à Alger en février 2017 : l’inscription de note Histoire algérienne dans le fait colonial.
    En effet, le Président n’a jamais de mots pour nous confronter à la source de ce passé, c’est-à-dire au système colonial. Il ne donne pas non plus de direction pour traiter ce qu’il reste de ce passé, c’est-à-dire le racisme et l’antisémitisme.
    La confrontation au système colonial, à ce qu’il a produit et à ce qu’il charrie encore, est le seul chemin pour faire passer le passé, pour comprendre notre présence au monde et pour relier les histoires de toutes ces familles françaises. Sans système colonial, il n’y a ni harkis, ni pieds noirs, ni appelés du contingent, ni Juifs d’Algérie exilés, ni militants indépendantistes.
    Or, malgré des avancées, le Président n’a pas organisé ce travail, comme s’il s’empêchait de produire des outils et de proposer un cadre qui puisse projeter la société vers un dépassement. l ne commissionne personne pour enfin établir un bilan du 17 octobre. Il n’y a toujours pas de chaire universitaire sur l’Histoire coloniale ou le postcolonial. Il n’y a pas de fondation pour financer des projets culturels, scientifiques ou pédagogiques. Il n’y a pas d’office organisant la rencontre entre les jeunesses des deux rives. Et la lutte contre le racisme est au point mort, si ce n’est suspecte.
    Nous pensons que le traitement de ces 132 ans de colonisation et de leurs conséquences nécessite davantage de structures et d’outils pour connaître et comprendre ce passé. Non pas pour le ressasser mais pour le dépasser et ainsi pouvoir collectivement nous projeter avec sérénité dans un avenir commun.
    Ainsi nous demandons que le Président de la République porte un discours de reconnaissance et de clarification de notre rapport moral et politique à la colonisation.
    Nous demandons des moyens pour améliorer la production et la diffusion des connaissances sur ce passé, c’est-à-dire des financements pour la recherche, une fondation et un musée pour accompagner des projets culturels, pédagogiques ou scientifiques. Nous réitérons notre appel à la création d’un office franco-algérien pour la jeunesse afin que les jeunes des deux rives puissent se rencontrer, échanger et construire une nouvelle relation faite d’égalité et de curiosité mutuelle.



    S’attaquer aux origines du racisme 

    Enfin le travail mémoriel ne doit pas se substituer à une transformation du réel. Le racisme et l’antisémitisme font encore des victimes aujourd’hui. La lutte contre ces phénomènes doit faire l’objet d’une politique plus ambitieuse et être – aussi - considérée comme une forme de réparation de cette histoire coloniale. Il ne s’agit pas seulement de s’attaquer aux seules discriminations mais bien aux origines du racisme. La colonisation était soutenue par une idéologie et des images qui ont déterminé notre manière de nous définir et de percevoir les Arabes, les musulmans, les Juifs et les immigrés. Une forme d’idéologie coloniale est encore active dans une partie de la société française d’aujourd’hui. Elle se lit dans le refus du travail critique sur le passé, notamment les attaques virulentes de l’extrême-droite contre le rapport Stora et son auteur, le mépris pour l’Autre, la peur du « grand remplacement » et la demande de violence que l’extrême-droite française porte avec une vigueur déconcertante. La déconstruction de ces imaginaires en friches ne passera que par une politique culturelle, éducative et sociale plus ambitieuse.

    Parmi les signataires :

    Dominique Sopo, Président de SOS Racisme ; Saphia Aït Ouarabi, vice-présidente de SOS Racisme ; Hakim Addad, membre fondateur d'un RAJ en Algérie ; Pierre Audin, mathématicien, fils de Josette et Maurice Audin ; Raphaëlle Branche ; Margaux Eskenazi ; Bachir Hadjadj ; Mathieu Kerbouche ; Nicolas Lebourg ; Pierre Mansat, président de l’association Audin ; Jacques Pradel, président de l’ANPNPA ; Alain Ruscio, historien ; Eric Sirvin, président de la 4ACG (anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre) ; Sylvie Thénault, historienne.

    SOURCE : La confrontation au système colonial, à ce qu’il produit et charrie encore, (...) - 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre) 


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    France-Algérie : en finir avec la guerre

     des mémoires

      France-Algérie : en finir avec la guerre des mémoires

     

    Le 19 mars 1962, il y a soixante ans, les accords d’Evian étaient signés et mettaient fin à la guerre d’Algérie. Comment mettre fin à la guerre des mémoires ? Quelle place des jeunes générations dans leur réconciliation ? Avec l'historien Todd Shepard, l'anthropologue Giulia Fabbiano, la journaliste Donia Ismail, co-fondatrice d'ArabiaVox et Farah, co-fondatrice de Récits d'Algérie.

    Chers amis (es) vous qui êtes 1500 en moyenne chaque jour à me suivre et je vous dis sincèrement merci, je vous présente un débat intéressant organisé par Mediapart, sur le thème « France-Algérie : en finir avec la guerre des mémoires », mais comme il y a deux débats dans la vidéo ci-dessous, le premier débat n’a absolument rien à voir avec celui que je tiens à vous proposer je vous demande de passer directement à la 18e mn 26 sec.

    Bonne écoute et visualisation.

    Bien amicalement.

    Michel Dandelot


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    Je ne reconnais plus la commémoration

     du 19 mars 1962 au Mémorial de la guerre d’Algérie

    à Paris *** Trop d'occultations *** Trop de réécritures

    de l'Histoire

      Je ne reconnais plus la commémoration du 19 mars 1962 au Mémorial de la guerre d’Algérie à Paris

     

    Dans la vidéo que vous pourrez visionner à la fin vous pourrez entendre la ministre déléguée aux anciens combattants dans un discours où elle évoque entre autres les tragédies des 26 mars et du 5 juillet 1962. Son discours commence à partir de la 19e minute.

    Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est permis de falsifier gravement l’histoire, en particulier le 26 janvier dernier en évoquant la fusillade du 26 mars 1962 à Alger. Il a considéré que le 4e RTA était seul responsable de la fusillade des manifestants de l’OAS : il a « oublié » d’évoquer qu’un commando de l’OAS était juché sur les toits et balcons et avait ouvert le feu sur la troupe. Cette falsification ne peut s’expliquer que par une volonté de récupérer des voix zémouriennes et lepénistes aux prochaines élections. Une telle expression de la part d’un président de la République, donnant une version officielle mais volontairement fausse parce que tronquée est un scandale inacceptable. Il y avait déjà eu un précédent, le 26 mars dernier, avec le dépôt d’une gerbe au mémorial du Quai Branly, en son nom, par sa ministre : la première fois qu’un président de la République osait une telle provocation. Ce président, par cette presque « réhabilitation » de l’OAS, semble donc oublier son caractère terroriste, fascisant, qui n’avait pas hésité à mettre en cause la République française par un putsch et les tentatives d’assassinat de son président de la République d’alors. Nul doute que l’instrumentalisation de cet anniversaire n’est pas terminée, même si l’actualité, avec la Russie et l’Ukraine, va mettre au second plan ce débat. Il est urgent et indispensable que la France reconnaisse et condamne sa responsabilité dans les crimes commis en son nom à cette période-là. C’est une démarche indispensable pour que des relations apaisées, ouvrant à un traité d’amitié, de coopération entre nos deux pays qui ont un tel passé commun puisse voir le jour.

     

    Dépôt d'une gerbe, au nom du Président de la République, aux victimes du 26 Mars 1962, rue d'Isly… Sans doute l’OAS n’a pas existé pour M. Macron ?

    Dépôt d'une gerbe, au nom du Président de la République, aux victimes du 26 Mars 1962, rue d'Isly… Sans doute l’OAS n’a pas existé pour M. Macron ?

     

     

    Mais vous avez occulté l’OAS en Algérie

    Suite à la proclamation du cessez-le-feu entre la France et le FLN (accords d'Évian), le 19 mars 1962, qui marque officiellement la fin de la guerre d'Algérie, le Haut-Commandement de l'OAS (général Raoul Salan) lance un appel aux Français d'Algérie le 22 mars 1962.
    Les troupes du contingent sont déclarées comme une force d'occupation. Un combat fratricide, la bataille de Bab El Oued, débute le 23 mars 1962. Elle oppose l'Armée Française (général Charles Ailleret) aux Commandos Delta dans le quartier européen d'Alger.
    Le dénouement de ce siège est la fusillade de la rue d'Isly, le 26 mars 1962. Le bilan officiel fait état de dizaines de morts et de centaines de blessés, pourtant la guerre d'Algérie est censée être terminée...
     

    Le 18 mars 1962, des accords sont signés à Evian par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA). Ces accords qui allaient pouvoir mettre fin à la guerre d’Algérie stipulaient, dans leur Article 1, que le cessez-le-feu serait proclamé le 19 mars 1962 à midi sur le terrain par les Etats-majors de l’Armée française et de l’Armée de Libération Nationale Algérienne.  

    Le même 18 mars, l’OAS présente publiquement les accords d’Evian  de façon tronquée.  

    Le 19 mars les suppléments hebdomadaires des journaux algériens « La Dépêche quotidienne » et « Le Journal d’Alger » se font largement l’écho de l’OAS et annoncent « l’abandon complet de la minorité européenne livrée aux tueurs du F.L.N. »  

    Le 19 mars, alors que le général Ailleret proclame le cessez-le-feu, une émission pirate de l’OAS diffuse une déclaration du général Raoul Salan – chef de l’OAS – qui condamne le cessez-le-feu et donne l’ordre de « commencer immédiatement les opérations de harcèlement dans les villes, contre les forces ennemies », c'est-à-dire l’armée, le contingent, les CRS, les gendarmes, les policiers, etc.  

      Le 20 mars :  

    A  Oran l’OAS règne et multiplie – depuis des jours déjà – fusillades, ratonnades et hold-up sous les ordres de Jouhaud et de ses adjoints.  

    Une édition spéciale OAS est tirée à « l’Echo d’Oran » et diffusée à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires Des commandos OAS, en uniforme, parcourent la ville et un affrontement avec l’armée fait 10 morts et 16 blessés.  

    A Alger Un commando « Delta » de l’OAS assassine, dans la cellule du commissariat de police d’Hussein-Dey où ils sont détenus, 4 algériens arrêtés, tandis que d’autres ultras lâchés en ville « ratonnent » dans les quartiers européens qu’ils veulent interdire complètement aux Algériens.  

    - Un détachement OAS tire au mortier sur l’un des endroits des plus populeux d’Alger, la place du gouvernement au bas de la Casbah. Bilan : 24 morts et 60 blessés, tous algériens.  

    Le 22 mars à Oran l’OAS s’empare de tout l’argent liquide de la Banque d’Algérie située Bd Galliéni – Butin : 2 milliards 200 millions de francs de l’époque !  

      Nuit du 22 au 23 mars, Alger  

    Les commandos « Z » de l’OAS s’installent à Bab-el-Oued. Au matin, une patrouille d’appelés du contingent tombe dans leur embuscade : bilan, 3 morts et 3 blessés graves.  

    Les gendarmes mobiles bouclent le quartier. L’OAS tire des balcons, des terrasses, transformant les rues en terrain de guérilla. Malgré l’appui de l’aviation, l’OAS tire à la mitrailleuse sur les gendarmes. Bilan : 15 morts, 70 blessés.  

    Bab-el-Oued est alors bouclée, coupée d’Alger et fouillée durement de fond en comble.  

    Briser le blocus de Bab-el- oued telle est sa dernière chance, estime l’OAS, pour réussir à Alger, et faire oublier aux « pieds noirs » l’échec de la bataille de Bab-el-Oued et l’arrestation de Jouhaud à Oran par le général Katz. et désarmer l’armée en lui opposant une masse de civils désarmés, pour  recréer au centre d’Alger une zone insurrectionnelle.  

    - Le Préfet de police d’Alger, Vitalis Cros, interdit la manifestation, fait diffuser toutes les demi-heures un communiqué, tandis que des voitures haut-parleurs militaires sillonnent la ville pendant toute la matinée, répétant inlassablement – tout au long des rues – la « mise en garde officielle » qui avertit que « les forces du maintien de l’ordre les dispenseront (les manifestations), LE CAS ECHEANT, AVEC LA FERMETE NECESSAIRE ».  

      Le 26 mars à Alger  

     

    Un cortège de 3000 à 4000 européens, descendus du plateau des Glières (au centre d’Alger), se dirige vers Bab-el-Oued pour « affirmer leur solidarité avec le quartier martyr ».  

    A Oran ils occultent l'OAS

    Par Anne Guérin-Castell

    Le 5 juillet à Oran… Tous ceux qui avancent cette date avec la litanie des morts et disparus de ce jour-là oublient de dire la politique de terreur sanglante que menait depuis des mois l'OAS toute puissante dans cette ville, les descentes nocturnes et armées dans les quartiers habités par des Algériens, les snipers pieds-noirs qui depuis le haut de plusieurs immeubles tiraient sur toute personne tentant de sortir ou de rentrer dans le quartier Mdina J'dida (appelé «quartier nègre » !) , la bombe placée dans le même quartier qui a tué de nombreuses personnes et, alors que tout le monde accourait pour porter secours aux victimes, l'explosion d'une seconde bombe  avec un intervalle de temps calculé pour faire un carnage, l'intimidation ciblée des quelques «Européens» favorables à l'indépendance de l'Algérie, les pressions exercées sur les autres pour qu'ils se joignent aux expéditions meurtrières.
    Oran, fief des plus extrémistes et obtus membres de l'OAS, tel celui qui, des années après, déclarait fièrement qu'il n'avait tué personne de sa main mais qu'il en avait fait tuer beaucoup, Oran était devenue une ville de sang bien avant ce funeste 5 juillet, la mort avait été semée dans ses rues par ceux qui aujourd'hui s'accrochent à une histoire falsifiée qu'ils ont transmise à leurs descendants et qui, après la reconnaissance de la responsabilité de l'État dans la mort de Maurice Audin se lamentent pitoyablement : «Et nous, et nous ?»
    Est-ce trop leur demander que d'avoir au moins la pudeur de ravaler leurs larmes et le courage de regarder en face le mal auquel ils ont participé, ne serait-ce que par leur silence, ou qui a été fait en leur nom, au prétexte de les protéger ?
    Ah, disent-ils aujourd'hui, comme on les aimait, les arabes (ça leur arracherait les tripes de dire les Algériens), comme on était proches ! Ah, que je l'aimais, ma fatma, c'est elle qui m'a élevée (sans se rendre compte de ce que peut avoir de choquant l'utilisation de ce nom «fatma» donné indifféremment à toute femme algérienne) !
    Ce n'est pas l'État français qui est responsable de ce qui s'est passé le 5 juillet à Oran, c'est l'OAS et tous ceux qui ont soutenu ces assassins, implicitement ou explicitement, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui aujourd'hui se lamentent.

     

    Anne Guérin-Castel

     

     


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    Communiqué de PresseCommuniqué de presse de l'association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

    Les hommages des 15 et 19 mars 2022

    Lundi 14 mars, la Présidence de la République a diffusé un communiqué de presse annonçant que : « Le 15 mars 2022, l’ambassadeur de France en Algérie déposera une gerbe au nom du Président de la République sur la stèle qui a été érigée à Alger en l’honneur de Mouloud Feraoun (1) ».

    Le site de l’Élysée précisait ensuite : « Le 15 mars 2022, c’est à l’instituteur et romancier algérien Mouloud Feraoun, assassiné par un commando se réclamant de l’Organisation armée secrète 60 ans plus tôt, que le Président a souhaité rendre hommage, ainsi qu’aux cinq autres victimes de cet attentat, inspecteurs des centres sociaux créés par Germaine Tillion. Il a fait déposer en son nom, par l’ambassadeur de France en Algérie, une gerbe sur la stèle érigée en l’honneur de Mouloud Feraoun à Alger. »

    Samedi 19 mars au palais de l’Élysée, lors de la réception organisée à l’occasion des 60 ans de la fin de la guerre d’Algérie, le chef de l’État a déclaré, citant les gestes mémoriels qu’il avait accomplis pour réconcilier les mémoires blessées de la guerre d’Algérie : « Et le 15 mars 2022, c’est (à) un instituteur et romancier algérien, Mouloud Feraoun assassiné par un commando se réclamant de l’Organisation armée secrète 60 ans plus tôt que nous avons rendu hommage. Et je veux ici rendre hommage aux six inspecteurs des centres sociaux créés par Germaine Tillion : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia, tous les six. »

    Les six noms ont été prononcés lentement, gravement, avec solennité.

    L’hommage d’Alger et la déclaration de Paris sont le résultat du travail des différents conseils d’administration qui ont animé depuis plus de trente ans l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, avec le soutien de ses fidèles adhérents.

    Les deux gestes du Président de la République sont de la plus haute importance : l’OAS est pour la première fois désignée, dénoncée et ses victimes honorées dans un hommage et une déclaration officiels.

    Dans le contexte électoral actuel, Emmanuel Macron a pris une position courageuse qu’un certain nombre de nostalgiques de l’Algérie française n’ont pas appréciée.

    Après la mémoire des victimes du 17 octobre 1961 à Paris, du 8 février 1962 à Charonne et du 26 mars 1962 rue d’Isly, la date du 15 mars est désormais un marqueur historique des 16 derniers mois de la guerre marqués par l’ultraviolence de l’OAS.

    Le communiqué de la Présidence précise que « cette reconnaissance s’inscrit dans une politique mémorielle de temps long ». Aussi, le 15 mars ne peut être qu’une étape sur le chemin de la mémoire et viendra le moment où celle de toutes les victimes de l’OAS sera honorée comme elle l’a été le 6 octobre 2011 par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en inaugurant une stèle élevée à leur mémoire au cimetière du Père-Lachaise.

    Après deux ans de crispations entre l’Algérie et la France, la participation à Alger aux côtés de François Gouyette, ambassadeur de France, de Laïd Rébiga, ministre algérien des Moudjahidine et des Ayants droit, pourrait signifier le retour du dialogue mémoriel entre les deux pays.

    Auquel cas le sacrifice de Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia, n’aurait pas été vain.

    Eux qui, tous les six, sont morts sur leur lieu de travail et dans l’exercice de leurs fonctions pour la défense des valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France.

    Jean-Philippe Ould Aoudia

     

    (1) Il s’agit d’une plaque et non d’une stèle, apposée le lundi 14 mars 2022 sur le mur d’enceinte de l’école primaire Salah Ould Aoudia inaugurée en 1969.

     

    Communiqué de presse de l'association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

    Communiqué de presse de l'association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

     

     


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    Le 23 mars 2022

    Algérie - France : Le 19 mars sonne-t-il

     la fin de la lune de miel ?

    Le président français a présidé la cérémonie du 19 mars sans aucun officiel algérien, même l’ambassadeur de l’Algérie à Paris a boudé la cérémonie parce que les harkis y étaient.

    L’Algérie et la France ont connu un réchauffement significatif de leurs relations diplomatiques ces dernières semaines après une période de froid suite à la sortie du président français Emmanuel Macron sur l’exploitation mémorielle de la Guerre d'Algérie. Mais voilà, les différentes sorties des politiques français lors de la célébration des accords d'Évian et du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie remettent ces questions qui fâchent sur la table.

    Ce 19 mars 2022 est arrivé dans un contexte électoral en France. Emmanuel Macron a fait le choix de ne brusquer personne. À la cérémonie qu'il a organisée à l'Élysée, le président français a certainement évoqué l'apaisement des mémoires, mais il est resté sur la vision franco-française de l'histoire commune entre les deux pays. En donnant de la place aux harkis, Emmanuel Macron a de fait exclu la présence d'officiels algériens à cette cérémonie. Ce geste pourra être interprété par Alger comme un reniement de la France de ses engagements sur la reconnaissance des crimes commis en Algérie.

    En effet, cette année, la célébration du 19 mars fut particulière. Dans sa prise de parole, Emmanuel Macron a effleuré la question de cette guerre pour d'un côté préserver ses potentiels d'électeurs de droite et d'un autre côté ne pas déclencher l'ire d'Alger.

    Le président français a présidé cette cérémonie sans aucun officiel algérien, même l’ambassadeur de l’Algérie à Paris a boudé la cérémonie parce que les harkis y étaient.

    Dans son intervention, le président français est allé jusqu'à lorgner du côté des nostalgiques de l’Algérie française, en déclarant que « cette date [du 19 mars] ne marque ni la fin de la guerre [d'Algérie], ni le début de la paix ». Emmanuel Macron rejoint les thèses défendues par la droite et l’extrême droite française. Des déclarations qui peuvent être à l'origine de nouvelles tensions avec l’Algérie.

    Le ton offensif de l'Algérie

    Le chef de l'État algérien, Abdelmajid Tebboune, a célébré cette date appelée en Algérie « fête de la victoire ». Dans son discours prononcé le 18 mars, Abdelmadjid Tebboune a choisi un ton offensif sur certaines questions. Il a notamment rappelé les points de divergences avec la France en soulignant le retard pris par la récupération des archives de la guerre. Le chef de l'État algérien a également soulevé la question de l’indemnisation des victimes des essais nucléaire, ainsi que celle des disparus.

    Ainsi, la célébration du 19 mars a remis sur le tapis les divergences de fond entre l’Algérie et la France. En célébrant cette journée chacun de son côté, l’Algérie et la France démontrent encore une fois que leurs relations restent fragiles. Cette célébration qui, du côté français, a l'allure d'un événement pour réconcilier surtout les Français entre eux en ignorant l’Algérie, peut donc sonner le glas d'une période de stabilité dans les relations diplomatiques entre les deux pays.

    SOURCE : https://observalgerie.com/2022/03/21/politique/algerie-france-le-19-mars-sonne-t-il-la-fin-de-la-lune-de-miel/ 

    Saint-Front-sur-Lémance : Le 19 mars a été commémoré dans la vallée

    Les décorés du 19 mars avec les maires. © Crédit photo : Michel Debiard 

    Soixante ans après, le comité FNACA de la Vallée de la Lémance a commémoré le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie. Outre les anciens combattants, on notait la présence de l’ensemble des maires des vallées de la Lémance et de la Briolance et de nombreux habitants. Après le discours d’accueil de Marie Costes, maire de Saint-Front-sur Lémance, et la lecture de ceux de la ministre et de la FNACA, Claude Blot, responsable local de la fédération, lisait un témoignage poignant sur son propre vécu du 19 mars avec « des explosions de joie » et des événements qui ont suivi : « Des combats de rue avec des blessés et des morts dus à des nostalgiques de l’Algérie française et aux généraux de l’OAS ». Rendant hommage à tous les soldats et civils tués, il rappelait « avoir dû (son) salut à des soldats du FLN ».

    SOURCE : Saint-Front-sur-Lémance : Le 19 mars a été commémoré dans la vallée (sudouest.fr) 

     

    Claude Blot pour avoir mentionné la responsabilité des nostalgiques de l’Algérie française et les généraux de l’OAS et le fait que des soldats du FLN vous ont sauvé la vie.

    Michel Dandelot

     

    Guerre d'Algérie : le viol des femmes

     un sujet encore tabou

    Dans la vidéo ci-dessous nous allons voir

     et entendre le témoignage de notre camarade

    Henri Pouillot

    Tabou par excellence, le viol des femmes algériennes par les soldats français a longtemps été censuré des deux côtés de la Méditerranée. Ce sont les anciens appelés, traumatisés par ce qu’ils ont vu ou ce qu’ils ont fait, qui ont témoigné les premiers. En Algérie, le sujet est toujours douloureux… et honteux. Malgré les nombreux obstacles, Florence Gaillard, journaliste à France 24 a mené l'enquête sur ce sujet encore difficile à aborder.


     

     

     


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    Algérie, Ukraine : d’une guerre à une autre

    Algérie, Ukraine : d’une guerre à une autre

    Des soldats ukrainiens au milieu de débris, à Mykolaïv, au sud du pays, le 19 mars 2022. | AFPl

    « Ainsi, nous vivons une époque dangereuse où la violence rode, en interne, et avec parfois une certaine légitimité, on l’a vu avec les Gilets jaunes et la critique des excès policiers, tandis que la probabilité d’une guerre généralisée contre un régime autocratique guerrier doit être prise au sérieux. » Par le sociologue Michel Wieviorka.

    Au moment de commémorer le soixantième anniversaire des accords d’Evian, qui mettaient fin aux sept ans et cinq mois de la guerre d’Algérie le 18 mars 1962, notre pays est embarqué, sans en être un protagoniste direct ou le plus central, dans une nouvelle guerre, en Ukraine. Entre les deux, il a vécu, et continue de vivre avec l’impact d’une décolonisation douloureuse ; il a connu des épisodes terroristes majeurs, et la menace n’a pas disparu. Il a participé à des opérations militaires, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, etc.. Mais depuis 1962, il n’a plus connu la guerre, la vraie, ses morts, ses destructions, sa brutalisation des sociétés. Il est sorti de la grande Histoire durant plus d’un demi-siècle.

    Nous avons vécu cette période sans avoir à définir un ennemi militaire, et dire en 2020 que nous étions en guerre contre le Covid-19 n’était pas sérieux. Nous avons en même temps, depuis la fin des années 70, cru en avoir fini avec l’idée d’une quelconque légitimité de la violence politique ou des idéologies révolutionnaires.

    Mais en fait, la guerre d’Algérie n’est terminée ni sur notre rive de la Méditerranée, ni sur l’autre. Les mémoires des acteurs et des victimes – et certains ont été l’un et l’autre -, descendants de harkis, de Pieds Noirs, de militants et sympathisants de l’OAS, du FLN, du MNA, sans oublier les appelés du contingent, etc., ne sont pas apaisées. En France, elles demeurent conflictuelles entre elles ; et en Algérie, aussi bien le pouvoir que des pans entiers de la population entretiennent une relation souvent ambiguë, éventuellement haineuse vis-à-vis de l’ancien colonisateur que fut la France. Le rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie demandé à Benjamin Stora par le président de la République dresse en janvier 2021 une liste de préconisations qui vont dans le bon sens – mais un long chemin reste à faire pour calmer les plaies de l’Histoire.

    La France renoue avec le souffle de l’Histoire

     et le tragique

    La guerre en Ukraine voit notre pays fonctionner sur deux registres. D’une part, celui des efforts diplomatiques pour obtenir de Vladimir Poutine qu’il accepte réellement des négociations, et d’autre part, celui du soutien affiché, concret, à l’Ukraine, à son peuple et à ses dirigeants actuels. Ce soutien fait de la France un ennemi de la Russie : quelles rétorsions Poutine va-t-il tôt ou tard mettre en œuvre ? N’y a-t-il pas un risque d’entrée dans la spirale d’affrontements qui pourraient s’emballer à une échelle européenne, voire mondiale – sans parler de la façon dont Poutine a brandi la menace nucléaire?

    Nous sommes loin des affirmations du politologue américain Francis Fukuyama, qui voyait dans l’effondrement du système soviétique l’entrée dans un monde sans alternative au marché et à la démocratie. Nous le sommes aussi de la théorie du choc des civilisations proposée par Samuel Huntington, qui annonçait un clash entre l‘Occident chrétien et l’islam. Nous sommes en guerre, vraiment, mais autrement.

    La France renoue avec le souffle de l‘Histoire et avec le tragique, en des termes peu conformes aux prédictions euphoriques ou à côté de la plaque des années 90, qui prospéraient au moment de la disparition de l’URSS. C’est ce qui rend si plate la campagne présidentielle actuelle, et nous fait presque oublier la crise sanitaire.

    SOURCE : https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/point-de-vue-algerie-ukraine-d-une-guerre-a-une-autre-b27ec7c4-a829-11ec-8600-a16fb2899d5d 

     


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    Jean-François Drillien, Président

     de la FNACA Chalon-sur-Saône, dénonce

    le comportement de Gilles Platret 

     

    Jean-François Drillien évoque le "mépris" envers "tous les anciens combattants de la FNACA". 

    L'AFFRONT DE TROP 

    Ce 19 mars, jour du 60ème anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie, le maire de Chalon-sur-Saône a dévoilé son vrai visage.

    Non seulement il a méprisé ouvertement tous les Anciens Combattants de la FNACA en supprimant la lecture du message traditionnel qui devait être lu devant l'assistance à cette occasion. Message de Paix et de réconciliation qu'il s'est refusé à entendre. (Message communiqué ci-après)  

    Mais encore, il a montré son manque de considération, pour ne pas dire plus, envers tous les présents qui étaient venus à la cérémonie commémorative de la journée nationale du Souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. En effet, sans explications ni excuses, le vin d'honneur précédemment annoncé sur son invitation, a purement été supprimé. Il est de coutume  à cette occasion de féliciter les décorés et de remercier les porte-drapeaux. C'est une tradition républicaine respectées dans toutes les villes et villages de France. M. le maire si prompt à prendre la parole en toutes occasions, avec la facilité qu'on lui connaît, s'est abstenu ce jour-là. Par ce mutisme volontaire, il a montré au grand jour le peu de cas qu'il faisait d'une certaine catégorie d'Anciens combattants. Cette discrimination n'est pas pas à son honneur. 

    Jean-François Drillien

     

    LE MESSAGE POUR LE 19 MARS 2022 QUE LE MAIRE DE CHALON-SUR-SAÔNE A REFUSé la lecture

    Il y a 60 ans, le lundi 19 mars 1962, le cessez-le-feu, ordonné en Algérie par le gouvernement français, mettait fin officiellement à 10 années d'une guerre indicible particulièrement sanglante en Afrique du Nord, plusieurs dizaines de milliers de Français et d'Algériens , ayant trouvé une mort tragique.

    Les hommes, les femmes et les enfants confrontés à ces années douloureuses en portent à jamais les stigmates et les déchirures.

    Ce cessez-le-feu se voulait l'avènement d'un printemps de paix, une volonté massivement exprimée par le peuple français, lors du référendum organisé le 8 avril 1962 par le Président de la République, le général de Gaulle.

    Un Oui d'espérance, à la réconciliation entre 2 communautés ayant tissé des liens séculaires et que l'activisme s'évertuait à séparer par la violence.

    Un oui à la raison, qui ouvrait la voie à une Algérie indépendante, étroitement liée à la France, les 2 peuples étant appelés à marcher ensemble sur la route de la civilisation.

    Soldats de la République, du contingent ou d'active et des forces supplétives, ils ont défendu ses valeurs. Et, c'est notre fierté d'avoir su organiser, dès 1964, la 1ère cérémonie commémorative de la guerre d'Algérie, afin que la France perpétue le souvenir de ses enfants morts sous les plis de son drapeau.

    Le 19 mars 1962 est à jamais gravé dans nos mémoires , celles des familles durement éprouvées, pour lesquelles les souffrances restent vives, celles de toutes les personnes attachées aux valeurs d'humanisme.

    Les nombreux lieux de mémoire, perpétuant cette date, évitent de falsifier l'histoire de cette période troublée.

    En ce jour du 60ème anniversaire de cette seule et incontournable date historique, pour ce rendez-vous annuel de la mémoire meurtrie de toute une génération, notre présence traduit notre fidélité à ceux que nous avons connus et aimés.

    Dans nos villes et villages, nous nous recueillons avec émotion pour le respect du sacrifice consenti par nos camarades tombés à l'épreuve du feu en Algérie, Maroc et Tunisie, pour l'honneur des survivants.

    Loin des polémiques et des passions, celles et ceux qui ont servi dans l'honneur, invitent chaque citoyen à s'associer à cette commémoration inscrite dans la tradition républicaine.

    C'est un devoir pour panser les plaies, resserrer le tissu national, préserver l'avenir.

    L'année 2022, 60ème anniversaire du cessez-le-feu, nous ouvre de nouveaux espaces de rencontre avec les jeunes, souvent privés de repères culturels, et vulnérables à la démagogie. Les enfants de France et d'Algérie ont un droit semblable à la vérité de leur Histoire ; les chemins de la mémoire pouvant être variés, différents et complémentaires.

    Quand de sombres nuages s'amoncellent sur l'humanité, affirmons notre volonté d'imposer le silence des armes. Bâtissons un espace de paix et de réconciliation ouvert à tous, un monde de liberté et de fraternité.


    Vive la République,

    Vive la France.

    Revue de presse

    Revue de presse

    Merci de lire cet article d'Info-Chalon

     

    https://www.info-chalon.com/articles/2022/03/21/68283/la-police-municipale-envoyee-au-domicile-d-un-president-d-association-de-chalon-pour-exiger-des-excuses?fbclid=IwAR0i2y72r3b9ivYNoKZoqc7dDuSvjOLXu-Q3gCK1hn4hUvlaURaRr0W5xj4

    Revue de presse

     

    Alors qui est donc ce méprisant individu

     qui se nomme Gilles Platret ?

    Tentation Zemmour : le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, aurait été recadré par Les Républicains.

    Malgré des rumeurs insistantes, Gilles Platret, maire Les Républicains de Chalon-sur-Saône, n’a toujours pas basculé dans le camp Zemmour. Toutefois, l’élu continue de jour en jour à se marginaliser au sein de son camp. À tel point que les instances parisiennes de LR auraient décidé de lui remonter les bretelles


     Mais c'est pas tout, il y a aussi cette autre affaire :

     

    Chalon-sur-Saône : le conseil d'Etat rejette définitivement l'arrêté de Gilles Platret sur les menus de substitution

    La décision est tombée ce vendredi 11 décembre. Le Conseil d'Etat rejette l'arrêté du maire (LR) de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret pris en 2015. Il visait à interdire la possibilité pour les cantines scolaires de proposer des menus de substitution au porc.

    Histoires des provocateurs islamophobes : à Béziers il y a Ménard, à Chalon-sur-Saône il y a Gilles Platret

    Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, lors d'un conseil municipal. • © MaxPPP

    Dans une décision rendue publique ce vendredi, le conseil d'Etat retoque l'arrêté du maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône, également tête de liste pour les prochaines élections régionales en Bourgogne Franche-Comté sur les menus de substitution au porc dans les cantines.

    En septembre 2015, Gilles Platret et le conseil municipal de Chalon-sur-Saône avaient pris un arrêté municipal modifiant le règlement intérieur des cantines scolaires. Le but était alors de ne plus proposer qu'un seul type de repas aux élèves des restaurants scolaires, et d'interdire les menus de substitution au porc. Le motif invoqué était alors que « le principe de laïcité interdit la prise en considération de prescriptions d’ordre religieux dans le fonctionnement d’un service public ». 

    Troisième annulation confirmée par la justice

    Plusieurs particuliers et la ligue de défense judiciaire des musulmans avaient attaqué la décision. D'abord annulé par le tribunal administratif de Dijon, la décision avait été confirmée par la cour administrative d'appel de Lyon en 2018. La commune de Chalon-sur-Saône s'était pourvue en cassation devant le Conseil d'Etat. Elle a été une troisième fois déboutée. 

    Pour justifier sa décision, l'institution développe. "Le Conseil d’État juge tout d’abord qu’il n’existe aucune obligation pour les collectivités territoriales gestionnaires d’un service public de restauration scolaire de distribuer aux élèves des repas différenciés leur permettant de ne pas consommer des aliments proscrits par leurs convictions religieuses. (...) Il juge en revanche que ni les principes de laïcité et de neutralité du service public, ni le principe d’égalité des usagers devant le service public n’interdisent aux collectivités de proposer des menus de substitution."

    Par ailleurs, l'institution enfonce le clou. "Lorsque les collectivités qui ont fait le choix d’assurer le service public de la restauration scolaire définissent ou redéfinissent les règles d’organisation de ce service public, il leur appartient de prendre en compte l’intérêt général qui s’attache à ce que tous les enfants puissent accéder à ce service public".

    SOURCE : https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/saone-et-loire/chalon-sur-saone/chalon-saone-conseil-etat-rejette-definitivement-arrete-gilles-platret-menus-substitution-1904730.html 

     

    À droite, la plaque mise en place par la Municipalité actuelle, à gauche, celle que l’association veut instaurer (Photo Anthony Maurin).

    C’est volontairement que les dates sont inversées. En effet, la rue autour de laquelle se sont rassemblés les militants de l’association Réagir pour Beaucaire est actuellement nommée « 5 juillet 1962 massacre d’Oran à nos morts. » Eux préfèrent l’ancien nom « 19 mars 1962 cessez-le-feu en Algérie » et ne semblent pas oublier qu’en ce 19 mars la France célèbre la journée nationale en mémoire des victimes de ce conflit.

    « Proposons que cette rue retrouve son nom originel de « Rue du 19 Mars 1962.Cessez le feu en Algérie. » Utilisons tous les moyens traditionnels ou plus modernes pour faire avancer cette revendication : tracts, pétitions, réseaux dits sociaux… Non, la Méditerranée, depuis la plus haute antiquité, n’est pas un obstacle, une frontière, des abysses où s’abîment les bateaux de réfugiés, mais un pont, un lien, un lieu où construire la solidarité et la fraternité dont l’Humanité a tant besoin, comme la paume d’une main ouverte à tous ! Demain, c’est le premier jour du Printemps, acceptons en l’augure, mais il ne sera que ce que nous en ferons ! Hâtons la venue du printemps des peuples, de la Paix et du partage ! »

    D’autres idées (Photo Anthony Maurin).

    Et les membre de l’association Réagir pour Beaucaire poursuivent leur explication. « Nous sommes ici pour rappeler le sens de cette journée du 19 mars, que le maire actuel de Beaucaire a voulu nier, à la fin de l’année 2015, en débaptisant la rue qui en portait le nom et sur le tracé de laquelle nous nous trouvons. Il nous paraît important de dénoncer, 60 ans après, la tentative haineuse de réécrire l’histoire en refusant de reconnaitre la légitimité des Accords d’Evian signés le 18 Mars 1962, qui organisaient la transition entre la fin des combats en Algérie et l’autodétermination du peuple algérien. 60 ans après, c’est la tentative jusqu’au boutiste de faire croire que le cessez-le-feu décrété le 19 mars n’est qu’une fiction et que, d’une certaine façon, la guerre entre nos deux nations se poursuit. 60 ans après, c’est la tentative négationniste d’ignorer la volonté commune de deux peuples de parvenir à la paix or ces accords d’Evian furent massivement ratifiés ici, en France, lors du referendum du 8 Avril suivant par plus de 90% des votants et 65 % des inscrits. 60 ans après, c’est la tentative de nier le droit d’un peuple, le peuple Algérien, à disposer de lui-même et à accéder à l’indépendance, adoptée là encore par referendum le 1º Juillet 1962. »

    (Photo Anthony Maurin). 

    Certes, le cessez le feu n’a pas marqué la fin des désastres de la guerre, tant de rancœurs, tant de frustrations, tant d’injustices accumulées en 130 ans de colonisation ont conduit à des exécutions sommaires, des règlements de compte injustifiés, des violences inexcusables, des déchirements insoutenables.

    (Photo Anthony Maurin).

    La guerre d’Algérie a vu un funeste cortège de 25 000 militaires tués dont 13 000 appelés (175 étaient Gardois, 3 Beaucairois), sans oublier les 400 000 victimes civiles. N’oublions pas non plus ceux qui en revinrent sains et saufs dans leur corps mais qui restèrent durablement blessés dans leur esprit, en particulier ces plus d’un 1,4 million d’appelés. Ils furent, 24 ou 30 mois, plongés dans cette tourmente qui leur tint lieu de jeunesse. Ces appelés auxquels il convient de rendre hommage pour avoir fait échouer le putsch des généraux, en Avril 1961, dont la réussite aurait prolongé la tragédie d’on ne sait combien d’années et d’on ne sait combien de victimes, au nombre desquelles notre démocratie !

    (Photo Anthony Maurin).

    « C’est de tout cela dont le 19 mars est aussi chargé et c’est de tout cela qu’a voulu se débarrasser le déposer de plaques de rue, nostalgique d’un ordre ancien et injuste. Il est de ceux qui rêvent de raviver les plaies, de rajouter aux peines des temps présents de nouvelles haines, pour instaurer leur ordre nouveau qui n’est que la caricature grimaçante de l’ordre ancien, celui des temps iniques du mépris et de l’ordre colonial dont ils n’ont toujours pas fait leur deuil. Votre présence, ce jour, atteste qu’on peut mettre en échec cette volonté négationniste et rétrograde » concluent les membres de l’association.

    (Photo Anthony Maurin).

    SOURCE : https://www.objectifgard.com/2022/03/20/beaucaire-du-5-juillet-au-19-mars-1962-debat-didees-et-lutte-historique/

     

    Guerre d'Algérie : les anciens appelés racontent leur révolte face aux violences commises

    Des parachutistes français en patrouille dans le massif de l'Aurès, ont arrêté une caravane et interrogent les paysans algériens, le 12 novembre 1954, dix jours après la série d'attentats qui a marqué le début de la guerre d'indépendance algérienne. © AFP/Pierre Bonnin

    Ce week-end, pour leur 60e anniversaire, les accords d’Évian étaient commémorés. Ces derniers ont mis fin au conflit algérien et ouvert la voie à l’indépendance de l’Algérie. Des deux côtés de la Méditerranée, les mémoires de ce conflit sont encore vives et pas toujours apaisées. En France, d’anciens appelés, contraints de participer à la guerre, témoignent au sein de l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (4ACG). Ils cherchent à transmettre ce qu’ils ont vu de cette guerre qui les a révoltés.

    « Même quand on est montés sur le bateau, on ne savait pas où l'on allait. C'était la désinformation totale », se rappelle Stanislas Hutin, 92 ans, dont la mémoire est restée solide.

    Issu d’une famille de journalistes, il sait qu’on pratique la torture en Algérie, mais la confrontation avec celle-ci va le heurter.

    « Comme nous étions en plein bled et qu'il fallait absolument, selon les officiers, obtenir des renseignements, alors on est entré dans le cycle de la torture. Je raconte l'histoire de ce gamin de 15 ans que j'ai entendu hurler toute une partie de la nuit parce qu'il était à l'électricité, se souvient l'ancien appelé. Pour moi, ça a été vraiment le début de ma révolte. »

    Dire l'absurdité de la guerre

    Pour la plupart originaire de régions rurales, les jeunes appelés du contingent, comme Roger Winterhalter, découvrent l’envers de ce que la France appelle alors la « pacification ». « J'ai vu que, nous-mêmes, on était très vite entrainés par cette violence, par ce mépris des gens. Dans des manifestations, on a tué plus de 50 personnes et ils n'étaient pas armés. C'était le summum où j'ai vu que l'on ne pouvait plus vivre comme ça. »

    Le temps passe, les acteurs s’éteignent, mais il est encore temps de témoigner, estime Rémi Serres, cofondateur de la 4ACG : « Ce qu'on peut faire, tant que l'on est vivant, c'est continuer à aller dans les écoles, dire ce que l'on a vécu. Parce qu'après nous, il y aura des historiens, mais plus de témoins. Profitons des quelques années qui restent pour dire l'absurdité de la guerre. »

    Ces anciens combattants malgré eux espèrent qu’en France comme en Algérie, les jeunes seront capables de dépasser les querelles mémorielles.

    ►À écouter aussi : Reportage Afrique - L’Association des anciens appelés en Algérie tentent de transmettre la mémoire

     

     

     


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    Pierre Daum : « Dire enfin

     que la colonisation était un crime »

      Pierre Daum : « Dire enfin que la coloniasation était un crime »

    "Samedi 19 mars jour anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie j'ai été invité sur France 24 à commenter la politique du président Macron destinée soi-disant à une "réconciliation des mémoires".

     Geste mémoriel envers les pieds-noirs : "Il faut revenir à l'origine de ces souffrances"

    Emmanuel Macron a adressé un geste fort aux rapatriés d'Algérie en reconnaissant les 2 massacres commis en 1962 à Alger et Oran. Pierre Daum, historien spécialiste du passé colonial français, et invité de France 24, insiste sur l'utilité de « dire l'histoire » avant toute chose, bien que les marques de reconnaissance soient louables.

     

      Pierre Daum : « Dire enfin que la colonisation était un crime »

    Ni valise ni Cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, le livre du journaliste Pierre Daum, publié chez Actes Sud, est un ouvrage inédit. Comme le souligne Benjamin Stora dans la préface, «aucune étude approfondie n’avait jusqu’à présent été entreprise sur le sort des Européens et des Juifs restés en Algérie après 1962». S’il en fallait d’autres, voici cinq autres bonnes raisons de le lire…

    Pierre Daum rappelle que les pieds-noirs

    ne sont pas tous des rapatriés 

    "Pour mener une étude fine sur les pieds-noirs, il faut les interroger dans leur diversité. Or depuis cinquante-deux ans, un seul discours domine : celui d’un petit groupe de rapatriés qui monopolise les récits sur les pieds-noirs. Et ce discours écrasant repose sur deux idées piliers : «Nous sommes "tous" partis en 1962» et «Nous n’avions pas d’autre choix». Cette argumentation a permis à tous ces rapatriés, à la fois de se maintenir dans la position confortable de la victime innocente et d’éviter qu’on leur pose la question : «Pourquoi êtes-vous partis ?». Mon travail fait vaciller ces deux piliers. Car à la fin de 1962, ils étaient un peu plus de 200000 pieds-noirs à être restés en Algérie. Et tous les témoignages concordent : ceux qui ont choisi de rester disent qu’ils ne risquaient absolument rien, les violences s’étant subitement arrêtées à la fin de l’été 1962."

    Comment obtient-on le chiffre de 200 000 pieds-noirs restés en Algérie ?


                                

    Pierre Daum par melanimes

    L’auteur revient sur le massacre du 5 juillet 1962 à Oran, peu connu 

    "Il y a un lien entre cet événement et l’histoire générale. Si le massacre du 5 juillet 1962 à Oran est une date familière chez tous les pieds-noirs, il reste inconnu en dehors de ce milieu. Avec la fusillade de la rue d’Isly, ces deux événements sont des points forts de la construction du discours des rapatriés. Dans le cas du massacre d’Oran, ces derniers disent : «Nous ne pouvions pas rester, c’était la valise ou le cercueil ! Regardez ce qui s’est passé à Oran !» Alors qu’en réalité, les rapatriés étaient déjà revenus en masse en avril, mai et juin. La violence du 5 juillet 1962 n’était pas le fait de tous les Algériens mais d’une foule hystérique et s’explique par les six mois qui ont précédé le drame. Les Algériens d’Oran, victimes de la folie meurtrière de l’OAS, vivaient depuis des mois les pires pressions, les pires atrocités. En ce début juillet, alors qu’ils défilent pour fêter l’indépendance, des coups de feu sont tirés contre des manifestants sans que l’on sache d’où ils viennent. Pensant que c’est l’OAS, des manifestants se lancent alors dans une chasse à l’Européen, une chasse au faciès, dans laquelle plusieurs Algériens sont tués. Bilan : au moins 150 personnes, peut-être jusqu’à 400, en quelques heures."

    Pour en savoir plus sur cet événement : lire le reportage "Chronique d'un massacre annoncé. Oran, 5 juillet 1962".

    Il fait tomber une idée reçue : les pieds-noirs restés en Algérie ne sont pas tous des personnes âgées ou des militants de la cause algérienne… 

    "Les quelques travaux qui ont été faits sur les pieds-noirs restés en Algérie sont passés inaperçus et ont eu tendance à véhiculer l’idée que ces pieds-noirs s’étaient engagés aux côtés des Algériens pour l’indépendance. Mon travail m’a permis de découvrir l’extrême diversité de leurs profils. D’abord une diversité idéologique : on trouve des pieds-noirs impliqués auprès du FLN -même s’ils sont minoritaires, d’autres qui n’avaient pas une idée arrêtée sur le sujet, d’autres encore clairement en faveur d'une Algérie française, voire même des sympathisants forts de l’OAS. Il y a ensuite une diversité géographique : les pieds-noirs ne sont pas concentrés dans les grandes villes (une autre idée reçue), ils sont nombreux à être restés dans de petites villes et des villages. C’est l’intérêt de la liste des 150  personnes publiée dans le livre, pour lesquels j’ai indiqué notamment le lieu de résidence après 1962. Enfin, on relève aussi une grande diversité sociologique et professionnelle. Avant l’indépendance, les pieds-noirs n’étaient pas tous des colons ! La classe moyenne était bien représentée, il y avait aussi des pauvres. On retrouve aujourd’hui toutes ces catégories sociales.

    Voir le témoignage d'un chef de gare 

     

    Il nous fait partager des récits intimes de personnes peu habituées

    à se dévoiler 

    "Un des aspects fondamentaux de ce métier est de faire parler les gens : cela fait partie de ma façon de pratiquer le journalisme –car ce livre est une livre de journaliste et pas d’historien. J’ai procédé de la même manière pour mon premier livre sur les travailleurs Indochinois, des gens qui n’avaient jamais raconté leur histoire. Et pour cela, il faut prendre du temps ! Je porte ce projet depuis deux ans et demi, trois ans. J’avais identifié une cinquantaine de pieds-noirs restés en Algérie. Après être entré en contact avec une trentaine d’entre eux, j’en ai sélectionné une quinzaine en fonction de différents critères, l’objectif étant de donner un éventail de profils le plus complet possible. Mais il est vrai que la tendance générale chez les pieds-noirs restés en Algérie est de ne pas parler…"

     Il nous fait découvrir l’Algérie algérienne 

    "Je voulais, à travers le récit de ces pieds-noirs restés en Algérie, faire connaître des bouts de cette Algérie algérienne, via des sujets comme le cinéma, le combat des femmes, l’agriculture... En France, les articles, les livres, les documentaires sur l’Algérie française ne manquent pas mais il n’existe rien sur ce qui s’est passé après l’indépendance. Comme si la porte de l’intérêt pour l’Algérie s’était refermée en 1962…"

    Français d'Algérie : deux soeurs, une mer

    Rencontre avec les «autres» pieds-noirs : ceux restés en Algérie

    Alors que des centaines de milliers de pieds-noirs ont quitté l'Algérie en 1962, Germaine, ici à Arzew en février 2012, a décidé de rester.
    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/francais-d-algerie-deux-soeurs-une-mer_1094027.html 

    Il y a cinquante-deux ans, après les accords d'Evian, des centaines de milliers de pieds-noirs quittent l'Algérie. Parmi eux, Yvette, qui vit aujourd'hui à Palavas, dans l'Hérault. Sa cadette, Germaine, a choisi de rester à Arzew, près d'Oran. Rencontres entre deux rives.

    J'espère que cela ne sera pas de sitôt, mais, quand mon heure arrivera, c'est là-haut que je veux être enterrée. Face à la mer, pour la regarder, comme au premier jour, se balancer d'une crique à l'autre. Je suis née dans ce pays, je lui ai toujours appartenu. C'est logique que ma dernière demeure soit ici". Germaine montre du doigt le vieux cimetière marin, construit en terrasses sur la Méditerranée et peuplé de sépultures chrétiennes dont certaines sont en piteux état. Il n'est qu'à quelques minutes en voiture du modeste pavillon que la vieille dame occupe depuis les premiers jours de l'indépendance algérienne, au lieu-dit de la Fontaine-des-Gazelles, non loin d'Arzew. Française d'Algérie depuis quatre générations, Germaine tient avec son fils, Pierre, sur la place centrale de cet ancien port de pêche devenu après l'indépendance la grande ville pétrolière de l'Ouest algérien, un restaurant aux nappes à carreaux rouges et blancs, la Germainerie. Elle l'a ouvert au début des années 1960, à la place du bar acheté en 1930 par ses parents. 

    Les Pieds-noirs

    L'expression désigne les Européens et les juifs d'Algérie, c'est-à-dire les non-musulmans qui vivaient en Algérie au moment de l'indépendance. Tous jouissaient en 1962 de la pleine nationalité française. 

    Germaine Ripoll, 87 ans, est l'une des quelque 200.000 pieds-noirs qui ont fait le choix en 1962, au moment de l'indépendance, de rester en Algérie. Cette année-là, sa soeur Yvette, de deux ans son aînée, s'est installée avec sa famille en France, où leur mère l'a rejointe peu après. Aujourd'hui, Yvette coule ses vieux jours, elle aussi, au bord de la Méditerranée, mais sur l'autre rive. Elle et son mari habitent depuis quelques années un appartement dans une petite résidence à l'entrée de Palavas-les-Flots (Hérault). Yvette confie que le port de Palavas, "avec les pêcheurs qui vendent leurs poissons sur les quais", lui rappelle celui d'Arzew - avant la raffinerie construite dans les années 1970 par la Sonatrach et l'alignement des tankers dans la rade... "Arzew, se souvient pour sa part Germaine, était ouverte sur la mer. Il n'y avait que le soleil, la plage, les criques, le phare et les pêcheurs". Les photos qu'elle conserve des années 1946-1947 la montrent en pin-up, souriant à la vie et au bleu du ciel et de l'eau. "Ma mère m'a tricoté le maillot deux-pièces que je portais. Mouillé, il était lourd. Mais il m'allait bien".

     

    Rencontre avec les «autres» pieds-noirs : ceux restés en Algérie

    Yvette, à Palavas-les-Flots

    Yvette et Germaine descendent d'une vieille famille catalane, installée en Algérie peu après la conquête du territoire par l'armée française en 1830. Leurs quatre grands-parents comme leurs parents sont nés dans cette partie du littoral oranais qui s'étend d'Arzew à Gdyel, l'ex-Saint-Cloud. Leur grand-père paternel dirigeait à El-Guessiba, à 4 kilomètres d'Arzew, une ferme qui appartenait à un colon français; converti à l'islam, il était devenu un marabout respecté. C'est là que les deux soeurs voient le jour, l'une en 1923 et l'autre en 1925. Un frère, Vincent, né en 1922, sera engagé volontaire et mourra à la guerre, à 21 ans, en 1943.

    Rencontre avec les «autres» pieds-noirs : ceux restés en Algérie

     

    Lorsque leurs parents s'installent à Arzew, Yvette et Germaine ont 5 et 3 ans. Inscrites aux Enfants de Marie, un patronage, elles apprennent leurs premiers mots de français, avant de rejoindre l'école communale. L'une et l'autre donnent ensuite un coup de main à leurs parents, qui tiennent, outre le bar, un entrepôt de vins et liqueurs. Yvette rêve déjà d'aller en métropole. A l'époque, cependant, une jeune fille ne voyage pas seule... Au milieu des années 1940, elle fait la connaissance d'Alain Chauderlot, un fusilier marin, de trois ans son aîné, alors basé à Arzew avec son régiment. C'est en jeune mariée qu'elle découvrira peu après l'Hexagone, et d'abord les Ardennes, dont il est originaire. Mais le couple décide de rester en Algérie. Alain entre aux Affaires maritimes, devient syndic des gens de mer. Trois enfants naissent, un garçon et deux filles. 

    Amoureuse de la mer, excellente nageuse, Germaine réussit à se faire accepter dans un club d'aviron où, précise-t-elle, "il n'y avait que des hommes". Elle y rencontre celui qui deviendra son mari, un Français de métropole, originaire du Creusot et descendant d'une famille russe ayant fui la révolution de 1917. "Il était beau, il m'a plu et nous nous sommes mariés au cours de l'été 1950". Ensemble, ils auront un fils unique, Pierre. Né en 1956 et aujourd'hui marié à Leila, native d'Oran et originaire d'une famille berbère du Maroc, ce père de quatre enfants, deux garçons et deux filles, dirige désormais la Germainerie. 

    Jeunes mères de famille, les deux soeurs traversent les années de guerre sans vraiment s'en rendre compte. "A Arzew, il n'y avait pas de problèmes, affirme Yvette. Juste quelques Français de souche qui se poussaient un peu du col... Nous nous entendions bien avec les Arabes, comme avec les Juifs. Les violences, ce sont des Arabes venus de Tunisie [l'armée des frontières] qui les ont commises". A l'époque, pour les deux soeurs, l'Algérie, c'est la France. Et elle doit le rester. L'une et l'autre auront le sentiment d'avoir été trahies par le général de Gaulle. 

    Yvette n'est revenue qu'une fois après l'indépendance

    Rencontre avec les «autres» pieds-noirs : ceux restés en Algérie

    Germaine, à son mariage en 1950.

    Le 18 mars 1962, le gouvernement français et la rébellion algérienne signent les accords d'Evian, premier pas vers l'indépendance. Le texte précise que les droits et les biens des Européens d'Algérie seront respectés. Mais tout se précipite au cours de l'été: l'OAS bascule dans un combat de plus en plus désespéré. Face à cette "politique de la terre brûlée", les chefs du FLN ne parviennent pas à empêcher de sanglantes représailles. Faut-il partir? Peut-on rester? Les 6000 pieds-noirs d'Arzew, comme tous les autres, s'interrogent. 

    Yvette et son mari, Alain, sont inquiets. Lui qui parcourt tous les jours la route qui sépare Arzew d'Oran, voit monter l'insécurité. Des Arabes sont tués par des pieds-noirs, pêcheurs d'Arzew. Des Français sont enlevés. "Tout le monde s'en prenait à tout le monde", résume Yvette. Et puis il y a les journaux, de plus en plus alarmistes. Le couple décide de mettre les enfants, alors âgés de 12 à 16 ans, à l'abri chez leurs grands-parents, dans les Ardennes. Yvette les accompagne. Aujourd'hui encore, elle se souvient du bateau pour Marseille, bondé, des familles entassées sur le pont, des gens malades... Le retour, en avion, est plus facile. Mais la situation, sur place, est de plus en plus tendue.  

    Début juillet, à Oran, des coups de feu sont tirés contre des Algériens qui défilent pour fêter l'indépendance. Convaincus qu'il s'agit de l'OAS, ils se lancent dans une sanglante chasse aux Européens. Au lendemain de cette tuerie, Yvette et Alain décident de partir, pour toujours. "J'aimais ce pays. Si j'avais été seule, je serais restée. Mais il y avait les enfants. Leur sécurité et leur avenir étaient en jeu." Le couple prend place dans un petit convoi en direction de l'aéroport d'Oran, manque les deux premiers vols, pour Bordeaux et Toulouse, et finit par embarquer à bord d'une Caravelle pour Paris. Après des semaines dans les Ardennes, Alain obtient un poste à Marennes, en Charente-Maritime. Il sera ensuite muté à Fouras, près de La Rochelle. "J'ai souffert de l'humidité et du froid", confie Yvette, heureuse d'avoir, quelque trente ans plus tard, retrouvé sa chère Méditerranée. Aujourd'hui, ses trois enfants ont fait leur vie, en France. Et elle est une grand-mère comblée. 

    Germaine n'a toujours "ni compris ni digéré"

    l'exode massif des pieds-noirs

    La Grande Bleue, Germaine ne l'a jamais quittée. Lorsque survient l'indépendance, elle est sur le point de divorcer et décide d'envoyer son fils, pour un temps, chez son père, qui a trouvé refuge à Toulon. Elle restera. "Bien sûr, il y avait l'OAS, les représailles et les morts... Mais ça se passait à Oran, qui nous semblait à des milliers de kilomètres. A Arzew, la vie était plutôt tranquille. Quand l'indépendance a été proclamée, des Arabes sont descendus de leurs quartiers vers le centre-ville européen, mais ils n'ont rien fait. Ils avaient presque peur d'y mettre les pieds, et ne voulaient pas que les Européens partent et abandonnent leur pays! Certains se sont dirigés vers mon restaurant. Je suis sortie sur le trottoir. Nous nous sommes regardés, puis embrassés. Je me souviendrai toujours de cet instant". Un demi-siècle plus tard, Germaine avoue qu'elle n'a toujours "ni compris ni digéré" l'exode massif des pieds-noirs. 

    Accords d'Evian

    Signés le 18 mars 1962, les accords d'Evian aboutissent à la proclamation d'un cessez-le-feu dès le lendemain sur tout le territoire algérien. Ils prévoient l'organisation d'un référendum d'autodétermination permettant aux Algériens de choisir l'indépendance. 

    Après son départ, Yvette n'est revenue qu'une seule fois en Algérie, trois ans après l'indépendance: la jeune femme est retournée à Arzew pour récupérer un chien de chasse que son mari avait dû laisser en 1962. L'ancien facteur, devenu maire d'Arzew, lui a offert un poste d'institutrice. Elle a poliment décliné. 

    Germaine, elle, a envisagé un temps de partir, à la fin des années 1960. Sa soeur lui avait trouvé un bar non loin de Fouras. Elle a fait le voyage et a même versé des arrhes. Mais elle a rapidement compris qu'elle ne se ferait pas à cette nouvelle vie et a repris le chemin d'Arzew. En 1993, pendant les années de sang, elle a reçu une lettre de menaces, la sommant de quitter l'Algérie. Les services consulaires français lui ont alors conseillé de faire ses bagages. Elle a refusé. "Je ne pouvais pas abandonner mon pays. Ni cette mer que je regarde chaque matin". 

    Ceux qui sont restés

    Le témoignage de Germaine Ripoll figure en bonne place dans un ouvrage publié en 2012 par le journaliste Pierre Daum. Son livre est le premier entièrement consacré aux pieds-noirs qui ont choisi, en 1962, de ne pas gagner la France et de tenter le pari de l'indépendance. Au total, quelque 200.000 Européens et juifs sont restés après l'été 1962, soit pour y finir leurs jours, soit pour finalement quitter le pays, peu à peu, au cours des décennies suivantes. Leurs motivations, comme leurs opinions, étaient diverses. Une réalité trop passée sous silence. Aujourd'hui encore, quelques centaines de pieds-noirs vivent en Algérie. La plupart ont conservé leur nationalité française. Pour le journaliste, 15 d'entre eux ont accepté de témoigner. Leur histoire permet de découvrir un aspect méconnu du passé colonial de la France. 

    Ni valise ni cercueil. les pieds-noirs restés en Algérie après l'indépendance, par Pierre Daum. 

     

     


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    Lettre ouverte de Jean-François Gavoury, président

    de l’ANPROMEVO

    Lettre ouverte de Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO - à l’attention de M. Patrice Latron, Préfet

     

    à l’attention de M. Patrice Latron,
    Préfet,
    Directeur du cabinet
    de la Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées
    chargée de la Mémoire et des Anciens combattants
     - 

    Chaville, 20 mars 2022.

    Monsieur le préfet,

    Hôtes du Président de la République au Palais de l’Elysée, nous avons eu hier l’occasion de nous entretenir à bâtons rompus, la Ministre, vous-même et moi au sujet de la reconnaissance de l’ensemble des victimes, civiles et militaires, que l’OAS a causées en Algérie et en France.

    J’ai pu, à cet égard, exposer mes griefs concernant l’absence de toute régularisation de la situation des fonctionnaires actifs de la sûreté nationale et des personnels de CRS privés à tort de l’attribution à titre militaire de la mention Mort pour la France.

    J’ai pu souligner le dommageable filtrage des courriers adressés par l’ANPROMEVO à la Ministre, y compris ceux introduits par son homologue en charge de la Transformation et de la fonction publiques (cf. première pièce jointe).

    La faculté m’a également été donnée d’évoquer mon entrevue le 13 mai 2019 avec votre prédécesseur, le contrôleur général des armées Éric Lucas, dont il a validé le compte rendu préparé par mes soins (cf. seconde pièce jointe) sans cependant recevoir aucune suite sur quelque point que ce soit abordé lors de cette audience.

    J’ai pu, au risque de vous choquer, reprocher à Madame Geneviève Darrieussecq sa proximité - démontrée le 26 mars et le 5 décembre 2021 - avec les anciens partisans de l’OAS. Cependant que nous échangions, Nicole Ferrandis, présidente de l’une des deux associations de victimes de la rue d’Isly déclarait à l’AFP : « Le Président de la République, avec ses gestes mémoriels, ne fait qu'attiser notre souffrance » car « le 19 mars est une blessure pour les Français d'Algérie ».

    Au vu de ce qui précède, ne croyez-vous pas que j’étais fondé à exprimer mes réserves sur les modalités d’administration de la mémoire officielle et des victimes de la guerre d’Algérie ?

    Au vu de ce qui précède, laisserez-vous sans réponse le présent courriel dont je souhaite vivement la communication par vos soins à la Ministre ?

    Bien entendu, ma démarche ne tend d’aucune manière à minimiser la portée du message du chef de l’État. Compte tenu du vote pied-noir et du positionnement de certaines associations de harkis, il fallait un louable courage au candidat à sa propre succession pour commémorer le 19 mars 1962 ainsi que pour rendre hommage à six victimes civiles de l’OAS éminemment représentatives d’une « organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare », pour reprendre les mots de Bertrand Delanoë prononcés au cimetière du Père Lachaise le 6 octobre 2011.

    Qui plus est, je suis désormais convaincu que, comme l’ancien maire de Paris, Monsieur Emmanuel Macron considère qu’« il ne peut y avoir d’unité de la collectivité nationale si le peuple français a peur de la vérité » et que « les Français ne peuvent envisager leur avenir sur l’ambiguïté ou sur une sorte de lâcheté par rapport à l’Histoire ».

    Veuillez agréer, Monsieur le préfet, l’expression de mes sincères salutations.

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation - Orphelin de guerre
    Président de l’Association nationale pour la protection
    de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)
    Association d’anciens combattants et victimes de guerre
    habilitée à ester en justice et reconnue d’intérêt général

     

     

    Première pièce jointe

    Lettre ouverte de Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO - à l’attention de M. Patrice Latron, Préfet

     

    Seconde pièce jointe

     

    Lettre ouverte de Jean-François Gavoury, président de l’ANPROMEVO - à l’attention de M. Patrice Latron, Préfet

     

     


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    Le quotidien La Marseillaise nous informe

      Le quotidien La Marseillaise nous informe  Jacques Pradel : prise de conscience d’un pied-noir progressiste

    Jacques Pradel : prise de conscience

    d’un pied-noir progressiste

     

      Le quotidien La Marseillaise nous informe  Jacques Pradel : prise de conscience d’un pied-noir progressiste

    Jacques Pradel est installé à Marseille depuis la fin des années 1970. Une ville où il avait débarqué en provenance d’Oran en 1962, avant de rejoindre Paris en stop. PHOTO P.A.

    Itinéraire d’un descendant de colons, qui raconte sa prise de conscience progressive de l’injustice du système colonial. Jacques Pradel, un homme bien déterminé à ce que la parole des pieds-noirs ne soit pas confisquée par l’extrême droite.

    À chaque date commémorative de la guerre d’Algérie, les médias dominants donnent la parole à des pieds-noirs caricaturaux ou leurs héritiers : tempérament de colon chevillé au corps, des nostalgiques de l’Algérie française dont l’accent truculent rendrait plus digeste une xénophobie crasse. L’exact inverse de Jacques Pradel, et de bien d’autres pieds-noirs emmitouflés dans la sobriété mais pas dans l’inaction, comme le prouve le collectif qu’il a créé en 2008 : l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et de leurs amis (ANPNPA). « Ce n’est pas possible de laisser des associations nostalgiques du système colonial parler au nom de l’ensemble des pieds-noirs », pose d’emblée cet homme né en octobre 1944 à Tiaret, alors petite ville du centre-ouest de l’Algérie « où ne se concentrait pas l’essentiel des Européens, contrairement à la côte. C’était plutôt une ville où il n’y avait pas de séparation physique entre les communautés », rappelle Jacques Pradel. Issu d’une « famille de colons et d’un ancêtre chassé du Tarn par la misère fin 1840 », sa prise de conscience de toutes les injustices de la période lui est venue « progressivement ».

    « Pris dans le bain »

    Au gré des lois coloniales, le petit bout de terre concédé à son aïeul se transforme « en deux générations en une immense propriété. J’ai grandi dans un environnement privilégié, mais en même temps, j’avais de la chance que mes parents soient antiracistes, en dépit de leur situation sociale. Je sais, c’est paradoxal car la société coloniale était basée sur un racisme multiétages », confie, regard aujourd’hui extra-lucide, celui qui avait pour meilleur ami un camarade d’école algérien, Kaïli Ouadha. « Ensuite, il y avait beaucoup moins de petits Arabes au collège. La logique du système colonial se souciait bien peu de donner une éducation correcte à tous. À la veille de l’indépendance, une majorité de la population était illettrée », contextualise Jacques Pradel, dont l’esprit refait jaillir un premier gros choc : lorsqu’il aperçoit, depuis son balcon dominant la cour d’une gendarmerie, « un camion qui sort trois cadavres enchaînés. Ils ont été pendus par les pieds sur la grande place de Tiaret ». Mais c’est au moment où son père l’envoie au lycée à Oran, entre 1960 et 62 qu’il voit vraiment « l’horreur de la guerre. C’était une ville où l’OAS a le plus laissé aller sa folie meurtrière. La ville européenne et la ville arabe étaient très séparées. Un jour, j’ai vu une voiture OAS s’arrêter au bout de la rue d’Arzew. Ils ont sorti un type et ont appelé à la foule de le liquider. Il s’est fait lyncher à mort », puise dans ses fantômes de la guerre, ce lycéen de 16 ans « confusément Algérie française. J’étais dans le clan de ceux qui profitent du système. Au lycée d’Oran, il n’y avait plus un seul Arabe. Les ennemis, ce sont les autres : j’étais pris dans ce bain sans avoir la moindre conscience de la réalité de tout cela ».

    Du « brouillard » à l’horizon

    Un mois avant le cessez-le-feu, son lycée ferme ses portes. Retour à Tiaret, où il « mesure la rupture. Un matin, je sors pour aller en ville, et trois gamins me sautent dessus. Moi qui étais bagarreur, je les maîtrise sans difficulté. De l’autre côté de la rue mon ami Kaïli Ouadah et deux autres jeunes regardaient la scène. Ils ne sont pas intervenus. Ça me touchait profondément que mon meilleur ami me tourne le dos. Les choses étaient devenues claires pour tout le monde, mais pas pour moi. Je subissais, sans réfléchir », se remémore Jacques Pradel, qui se fait aborder peu de temps après par un recruteur de l’OAS. Il n’en fallait pas plus pour que son père lui ordonne de partir en France. « Pendant deux mois, j’étais nulle part, dans le brouillard. Plus aucune prise avec la réalité ». C’est dans « le bain nouveau » de sa cité universitaire à Orsay qu’il prendra conscience de ce qu’était réellement la société coloniale. « En France, le fait de me reconnaître parmi les métèques participait de l’idée que je n’étais pas dans mon pays », développe ce déraciné auquel l’attachement à sa terre d’origine « n’est apparu que bien plus tard ». En 1982, un voyage en Algérie lui fait « ressurgir des tas de choses » enfouies en lui. L’idée de laisser le monopole de la parole des pieds-noirs aux associations d’extrême droite lui hérisse le poil. Son combat mûrit jusqu’en 2008, et éclôt sous la forme de l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et de leurs amis. « Avec aussi l’idée que nous sommes sensibles à ce qu’il se passe en Algérie, et pour nos frères algériens en France. Il faut donc se battre contre le racisme contre les Arabes qui est une composante de la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », souligne Jacques Pradel. À l’heure de la commémoration des 60 ans des accords d’Évian, un leitmotiv animé à Marseille par un collectif d’associations citoyennes initiant des rendez-vous culturels et historiques en 2022. Un programme intitulé L’Algérie au cœur. Un organe mémoriel vital de Jacques Pradel, et de bien d’autres pieds-noirs.

     

    Favoritisme nostalgérique

     à Béziers

      Le quotidien La Marseillaise nous informe  Jacques Pradel : prise de conscience d’un pied-noir progressiste

    Le « Journal du Biterrois » consacre deux pages entières à la venue à Béziers d’un chanteur, inconnu du grand public.

    Sauf qu’avec Robert Ménard, l’idéologie extrême droitière n’est jamais bien loin. La date du concert, c’est le 19 mars. Tous ceux qui ont vécu ou entendu parler de la guerre d’Algérie savent qu’il s’agit d’une commémoration très controversée chez les tenants de l’Algérie Française. C’est pourtant le jour anniversaire du cessez-le-feu en 1962, le lendemain de la signature des Accords d’Evian. « Honte et déshonneur » y voient ceux qui ne font pas mystère de leur « nostalgérie », la nostalgie d’une Algérie toujours colonisée. Robert Ménard a d’ailleurs débaptisé la rue qui portait ce nom à la Devèze.

    Quant au chanteur c’est un certain Jean-Pax Méfret qui n’est pas inconnu au bataillon des anciens de l’OAS, responsable de 2 200 morts en Algérie, 71 en France et 394 blessés dans des attentats. C’est d’ailleurs le nom d’un des participants au putsch des généraux en 1961 que Ménard a donné à l’ex-rue du 19 mars.

    Jean-Pax Méfret chante donc ce « paradis perdu », dont les nostalgiques sont la base électorale de Robert Ménard. Emprisonné après le putsch d’Alger, ce chanteur confidentiel a un répertoire ultra-droitier. Il encense Bastien-Thiry, condamné à mort après l’attentat du Petit Clamart.

    Et cerise sur le gâteau (rassi 60 ans après la fin de la guerre) la salle Zinga Zinga, la plus grande de Béziers, a été offerte au chanteur alors même que les places sont payantes et que la ville est recouverte d’affiches payées par le contribuable qui annoncent le concert. Le 19 mars, les drapeaux de la Ville seront en berne. À part ça, la gestion ménardienne n’est pas idéologique !

    SOURCE : https://www.lamarseillaise.fr/politique/billet-KF10730813 

    Pour vous donner une idée de ce que se permet de chanter cet ignoble personnage, nostalgérique extrémiste rendant hommage à un condamné à mort et fusillé. Attention cette video est d’une violence rare... mise en ligne uniquement pour que l'on comprenne bien de qui l'on parle !!! JE M'EXCUSE AUPRès de ceux que je peux blesser.

    mICHEL DANDELOT

     

     


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    Emmanuel Macron "assume" les gestes

    mémoriels sur la guerre d'Algérie

    La France a commémoré samedi

     le 60e anniversaire des accords d'Evian

     et du cessez-le-feu en Algérie.

      Emmanuel Macron "assume" les gestes  mémoriels sur la guerre d'Algérie  La France a commémoré samedi le 60e anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie.

    Emmanuel Macron prononce un discours à l'occasion du 60e anniversaire de la signature des accords d'Evian, le 19 mars 2022 au palais de l'Elysée. (GONZALO FUENTES / AFP)

     

    A tous mes amis (es)

    A celles et ceux qui n’ont pas pu voir la cérémonie organisée par l’Elysée vous pourrez la voir en intégralité à la fin de cet article.

    Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS) présent à cette cérémonie m’a fait parvenir, entre autres, ces quelques lignes :

    « Deux des quatre témoins (appelé du contingent, militante indépendantiste, harki, rapatriée d'Algérie) auxquels la parole a été donnée avant son intervention ont fait mention de l'OAS.

    Le Président de la République a nommément cité les dirigeants des centres sociaux éducatifs en Algérie ; autrement dit six des 2 700 victimes (décédées) de l'OAS, comme vous l'avez écrit il y 2/3 jours.

    J'espérais plus et mieux après ma conversation improvisée avec la Première dame il y a quatre mois (le 15 novembre) !

    Mais je reconnais le courage dont le "candidat Macron" à sa propre succession a fait preuve eu égard au vote pied-noir ».

    Courriel reçu ce matin envoyé par Jean-François Gavoury :

    Merci, cher et fidèle ami Michel.
    Une grande première : la chaine CNEWS a découvert l'OAS et ses victimes !
    Cf. :  https://www.cnews.fr/france/2022-03-19/guerre-dalgerie-des-ceremonies-paris-et-en-region-pour-celebrer-le-60e
    Dois-je m'attendre à être invité un prochain matin sur le plateau de l'émission animée par Pascal Praud ?
    Amitiés,
    JFG

     

     

     

    "J'assume cette main tendue." A l'occasion d'une cérémonie organisée à l'Elysée pour commémorer le 60e anniversaire des accords d'Evian, Emmanuel Macron a déclaré samedi 19 mars "assumer" les gestes mémoriels, parfois controversés, faits depuis le début du quinquennat sur la guerre d'Algérie. "Je pense que le jour viendra où l'Algérie fera ce chemin", a ajouté le chef de l'Etat.

    Il a rappelé toutes les initiatives prises depuis 2017 pour "apaiser" la mémoire de cette guerre qui, avec "ses non-dits", a "été la matrice de nombreux ressentiments" en France comme en Algérie. "Beaucoup me diront : vous faites tout cela, mais vous n'êtes pas sérieux parce que l'Algérie ne bouge pas. A chaque fois, tous mes prédécesseurs ont été confrontés à la même chose", a-t-il déclaré devant quelque 200 invités.

    Aucun officiel algérien n'était présent à l'Elysée, même si l'ambassadeur en France, Mohamed-Antar Daoud, avait été invité, selon l'Elysée.

    Pas de "prescription" pour les "hideux crimes

     de la colonisation", prévient Alger

    Après deux années de crispations, les relations entre les deux pays sont désormais marquées par un certain apaisement. A Alger, le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré vendredi que le dossier mémoriel devait "inévitablement être traité d'une manière responsable et équitable dans un climat de franchise et de confiance". Mais les "hideux crimes de la colonisation ne seront pas oubliés et ne sauraient être frappés de prescription", a-t-il prévenu dans un message diffusé par la présidence à l'occasion de cet anniversaire, célébré en Algérie le 19 mars comme une "fête de la Victoire".

    Emmanuel Macron, candidat à un nouveau mandat à la présidentielle des 10 et 24 avril, a affirmé sa certitude que les gestes mémoriels allaient être poursuivis dans les prochaines années. Le prochain est prévu le 18 octobre pour un hommage aux appelés ayant combattu durant la guerre. "Il y aura encore des moments où on trébuche, il y aura immanquablement des moments d'énervement, il y aura des sentiments d'injustice encore. Mais nous y arriverons", a-t-il conclu.

    SOURCE : Emmanuel Macron "assume" les gestes mémoriels sur la guerre d'Algérie (francetvinfo.fr)

     

     

     


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