• Il y a 60 ans, le drame sanglant du métro Charonne

    à Paris

    Il y a 60 ans, le drame sanglant du métro Charonne à Paris

    Des personnes blessées lors de heurts violents entre la police et des manifestants anti-OAS, le 8 février 1962 au métro Charonne, à Paris
    afp.com - -


    Il y a 60 ans, le drame sanglant du métro Charonne à Paris

    Le 8 février 1962, une manifestation pour la paix en Algérie se soldait par neuf morts au métro Charonne à Paris et devenait, peu avant la fin de la guerre d'Algérie, un symbole sanglant de la répression d'Etat.

    Les jours précédents, une série d'attentats de l'OAS (Organisation armée secrète), opposée à l'indépendance de la colonie française, ont fait plusieurs blessés graves, dont l'un, visant André Malraux, a horriblement défiguré une fillette de 4 ans.

    Les Français se sont pourtant déjà majoritairement prononcés pour l'autodétermination de l'Algérie et les accords d'Evian proclameront bientôt, le 18 mars, un cessez-le-feu ouvrant la voie à l'indépendance.

    Le bref rassemblement pacifique prévu le 8 février Place de la Bastille, à l'appel du Parti communiste, du PSU, de la CGT et d'autres syndicats comme la CFTC, la FEN et l'UNEF ainsi que des organisations de gauche, est interdit par le préfet Maurice Papon, sur fond d'état d'urgence en vigueur depuis avril 1961.

    Mais les organisateurs appellent "les travailleurs et tous les antifascistes de la région parisienne à proclamer leur indignation, leur volonté de faire échec au fascisme et d'imposer la paix en Algérie".

    Cinq cortèges de manifestants partis de différentes stations du métro doivent rejoindre la Bastille pour écouter leur intervention, mais la police a ordre de disperser coûte que coûte les rassemblements.

    Un certain nombre y parviennent toutefois, malgré des heurts déjà violents avec les forces de l'ordre, et un texte est lu. Mais c'est au retour que le drame éclatera.

    - "Pourquoi pas moi ?" -

    Boulevard Voltaire, des heurts entre les CRS qui chargent, "matraques en avant", et "les manifestants qui s'étaient coiffés de cageots à légumes pour se protéger la tête" et "jettent des pierres et des pavés", ont fait plusieurs blessés, écrit à l'époque l'AFP.

    Des manifestants cherchant à fuir une charge policière s'engouffrent dans le métro Charonne.

    Une bousculade meurtrière s'ensuit, des policiers poursuivent les manifestants pour les frapper, d'autres jettent vers ceux qui tentent de ressortir les lourdes grilles qui entourent les arbres.

    Des personnes bloquées par les portillons d'accès aux quais sont étouffées sous la pression, d'autres meurent le crâne fracassé sous les coups. On relèvera huit morts, dont trois femmes et un apprenti de 15 ans. Un homme mourra huit semaines plus tard de ses blessures. Tous sont syndiqués à la CGT et membres du PC, à l'exception d'une victime.

    "La précipitation dans le métro, les portillons fermés, puis le grand trou noir" : Jacqueline Guichard, alors jeune employée des chèques postaux, adhérente à la CGT et au PC, a évoqué en 2002 cette terrible fin de journée.

    "Nous sommes parties à 7 ou 8 copines", a-t-elle raconté. Parmi elles, Anne-Claude Godeau, 24 ans, qui n'en reviendra pas.

    "On défilait depuis un moment, la nuit tombait, on criait +Paix en Algérie+. C'était revendicatif, mais sans plus. A Charonne, la tête de la manif nous a donné l'ordre de nous disperser. Et puis, ça a commencé", poursuit Mme Guichard. "Subitement, la police avec casques et matraques a chargé" et la foule s'est engouffrée dans le métro : "Pourquoi on est entré dans ce métro ? Je ne saurai jamais. Pourquoi Anne-Claude a pris des coups ? Pourquoi pas moi ? Je ne le saurai pas non plus."

    - "Le comble de l'absurde" -

    A l'avant, Jacqueline perd de vue ses camarades et se retrouve coincée contre les portillons. En haut, de premières victimes tombent. Elle parvient, hagarde, à rentrer chez elle vers 21h00 : "J'ai compris le désastre en écoutant la radio...".

    Pour l'historien Pierre Vidal-Naquet, disparu en 2006, "c'est le comble de l'absurde. On a du mal à comprendre cette violence de la police alors que le gouvernement est en pleine négociation avec les représentants algériens pour un accord de paix signé un mois plus tard. Et pourtant ce fut une répression d'Etat", déclarait-il 40 ans après la tragédie.

    "Sans doute de Gaulle voulait-il montrer que son autorité était intacte".

    Il n'avait pas non plus "intérêt à ce que le Parti communiste fasse démonstration de sa force", analysera l'historien Olivier Le Cour Grandmaison.

    Ce "massacre d'Etat", selon l'historien Alain Dewerpe, sera suivi le 13 février du rassemblement de 100.000 à 200.000 personnes pour les obsèques des victimes.

    Il occultera longtemps dans la mémoire collective un autre drame sanglant, celui de la répression policière de la manifestation du 17 octobre 1961 au cours de laquelle plusieurs dizaines d'Algériens protestant à l'appel de la fédération de France du FLN contre le couvre-feu décrété par le même Maurice Papon trouvèrent la mort à Paris.

    Une occultation que l'historien Gilles Manceron explique notamment par le silence imposé par les autorités françaises autour du massacre de 1961 et une mobilisation moindre de la gauche française, qui n'en était pas l'organisatrice.

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour visualiser une vidéo

    https://information.tv5monde.com/sites/info.tv5monde.com/files/jwplayerfield/4e088554-0038-4590-947e-bb4b9dce3f88.640x360.mp4 

     

    SOURCE : https://information.tv5monde.com/info/il-y-60-ans-le-drame-sanglant-du-metro-charonne-paris-443625 

     

    Il y a 60 ans, le drame sanglant du métro Charonne à Paris

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    Il y a 60 ans, le drame sanglant du métro Charonne à Paris

     


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    LILLE : Zemmour accueilli

     par des centaines de manifestants

     avant son meeting

     

     LILLE : Zemmour accueilli par des centaines de manifestants avant son meeting

    Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo (à dr.), lors de la manifestation à Lille avant le meeting d’Eric Zemmour, le 5 février 2022. REUTERS

    Quelques centaines de manifestants, 500 selon la préfecture, se sont rassemblés samedi matin à Lille pour dire «Non au racisme, non à l’extrême droite» avant la venue d'Eric Zemmour. 

    «Nous sommes face à un personnage dont le seul moteur est la haine notamment raciste», «lorsqu’on est face à l’extrême droite, il faut se lever et contester (...) la logique de haine», a lancé à la foule Dominique Sopo, le président de SOS-Racisme, à l’initiative du rassemblement de Lille (nord de la France), soutenu par plusieurs partis de gauche, des syndicats et des associations.

    « Zemmour a le droit de s’exprimer mais nous avons le droit et le devoir de nous réunir pour dire que nous combattons tout ce qu’il est, ce qu’il dit, ses thèses», lui a fait écho la maire socialiste de Lille Martine Aubry, présente à la manifestation. Elle avait appelé ses concitoyens à rallier le rassemblement en déclarant que le candidat n’était « pas le bienvenu ». « Cet homme ne marche que par la haine (…) il porte et entraîne la violence », « prenons l’engagement de ne plus le laisser dire ces horreurs », a-t-elle encore lancé, sous les applaudissements. 

    Avant la manifestation « antifa »

    Ce rassemblement d’un peu plus d’une heure, qui a surtout mobilisé des militants de toute génération, ouvrait le bal des contestations de la présence du candidat du parti Reconquête !, avant une manifestation « antifa » qui doit démarrer en début d’après-midi à quelque 800 m du Grand Palais accueillant le meeting.

    Avec jusqu’à 8000 participants attendus, Eric Zemmour doit y tenir dans l’après-midi une deuxième démonstration de force après le meeting du 5 décembre à Villepinte, en région parisienne, marqué par des violences. A la mi-journée, une longue file d’attente s’était déjà formée dans l’attente de l’ouverture des portes, des jeunes arborant notamment un masque de Zemmour. 

    « L'opposé de nos valeurs »

    Mais pour Sabine Donnaint, 49 ans, co-présidente de la section de Dunkerque de la Ligue des droits de l’homme qui a répondu à l’appel de Sos-Racisme, pas question de ne pas se mobiliser « contre le candidat du rejet de l’étranger et du non-accueil » qui « mène une politique qui n’est pas à la hauteur de la France. » « Zemmour c’est l’opposé de nos valeurs », fulmine Dominique Lesart, 70 ans, retraité et militant associatif, qui déplore que « certains partis trouvent porteur de prendre les migrants et étrangers comme bouc émissaire.»

    « Militants antifa, féministes, antiracistes, on n’a pas le choix, il faut nous réunir » face à l’extrême droite, lance de son côté Raphaël Arnault, un jeune militant « antifa » venu de Lyon. « La vieillesse emmerde Zemmour » proclame un peu plus loin une pancarte brandie par un retraité. Anne-Françoise, médecin, est toutefois déçue de l’affluence limitée : « Pour moi qui ai connu la grande période de la gauche, venir ici et trouver aussi peu de monde c’est navrant », se désole-t-elle.

    (AFP)

    SOURCE : Lille (F)  – Zemmour accueilli par des centaines de manifestants avant son meeting  - Le Matin 

    Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour voir la maire

     de lille martine aubry et dominique sopo

    https://dai.ly/x87na7i 

     

     

     LILLE : Zemmour accueilli par des centaines de manifestants avant son meeting

    « Même si Zemmour et Le Pen et d'autres ne le veulent pas nous sommes Français, nous aimons la France multiculturelle, la France de toutes les couleurs,

     

     LILLE : Zemmour accueilli par des centaines de manifestants avant son meeting


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  • Mémoire

    France-Algérie : la stèle

     en hommage à l’émir Abdelkader vandalisée avant son inauguration

    La stèle de l'émir algérien Abdelkader qui devait être inaugurée ce samedi à Amboise a été vandalisée. (Guillaume Souvant/AFP)

    La sculpture en hommage à cette figure de la résistance à la colonisation de l’Algérie au XIX siècle a été inaugurée ce samedi dans la ville d’Indre-et-Loire où il fut détenu avec sa famille.

    Sa silhouette découpée dans une feuille d’acier rouillée fixe le fleuve. Sur la promenade des bords de Loire, au pied du palais royal d’Amboise (Indre-et-Loire), une sculpture en hommage à l’émir Abdelkader et soutenue par l’Elysée a été inaugurée ce samedi par le maire (LR) de la ville, Thierry Boutard. Mais dans la matinée, elle a été retrouvée vandalisée. Sa partie basse notamment a été largement abîmée. L’édile a aussitôt fait part de son «indignation», l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, a de son côté appelé à «davantage de dialogue et de compréhension».

    L’œuvre de l’artiste Michel Audiard, inspirée d’une photographie conservée par la Bibliothèque nationale de France, a été dévoilée devant une poignée d’élus locaux, quelques curieux et Georges Morin, un rapatrié d’Algérie membre de la commission «Mémoire et vérité» mise en place après la remise du rapport Stora sur «les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie» – rapport dans lequel la construction d’une stèle en hommage à l’émir était préconisée.

    «Une réconciliation mémorielle entre la France et l’Algérie passe par une circulation des images, des représentations réciproques, des découvertes mutuelles», écrivait Stora. «Je ne me situe pas du tout dans une histoire franco-algérienne politique», explique de son côté Thierry Boutard. L’élu tourangeau défend un «personnage historique» dont la ville est fortement attachée. «C’est une figure majeure du XIXe siècle», abonde l’historien franco-algérien Ahmed Bouyerdene, auteur d’une riche biographie de l’émir Abdelkader.

    Sur Twitter le maire d’Amboise Thierry Boutard dénonce un « saccage

    ignoble » dans une « période où certains se complaisent dans la haine

    des autres »

    L’inauguration de cette stèle avait toutefois été ciblée par l’extrême droite sur les réseaux sociaux. Le site Fdesouche qualifiant, sur Twitter, l’émir de «héros de la lutte contre la France». L’ancien député du Gard Gilbert Collard, soutien d’Eric Zemmour, parlait, lui, d’«adversaire historique de la France».

    Reprise partielle de l’article du quotidien Libération : https://www.liberation.fr/societe/france-algerie-la-stele-en-hommage-a-lemir-abdelkader-vandalisee-avant-son-inauguration-20220205_OP6J7PPLINDQ3DMCMD5UROP2GQ/ 

     


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    Guerre d'Algérie : Deux victimes innocentes d’attentats terroristes… Delphine Renard victime d’un attentat OAS, Danielle Michel-Chich victime d’un attentats FLN

    Il y a 60 ans

    Delphine Renard a été victime

    de la bombe (OAS)

    le 7 février 1962…

    Mutilée à vie elle est annoncée

    comme présente à la commémoration

    des victimes de la police aux ordres

    de Papon au Métro Charonne

    le 8 février 2022

     

     

    Il y a 10 ans, en 2012 je mettais en ligne

    cet article

     

    ll y a 60 ans Delphine Renard a été victime de la bombe (OAS) le 7 février 1962… Le 8 février 2022 elle est annoncée comme présente à la commémoration des victimes du Métro Charonnes

    ll y a 60 ans Delphine Renard a été victime de la bombe (OAS) le 7 février 1962… Le 8 février 2022 elle est annoncée comme présente à la commémoration des victimes du Métro Charonnes

     

     

    Le bouleversant récit de la petite victime de l’OAS *** Leçon de vie Février 1962 : Delphine Renard est blessée dans un attentat et perd la vue. Elle n’avait jamais parlé …

     

    Article de Emilie LANEZ dans le Point n° 2079

     paru le 19 juillet 2012 

    Ses mains dansent tandis qu’elle choisit soigneusement ses mots. Elle a 55 ans et de grands yeux couleur noisette, qui ne voient plus. Le 7 février 1962, Delphine Renard, 4 ans et demi, joue dans sa chambre après le déjeuner. Dans quelques instants, elle retournera à l’école maternelle de Boulogne où sa mère la conduira. André Malraux, ministre des Affaires culturelles et locataire de ses parents, s’est absenté, ce qu’ignore le jeune étudiant, activiste de l’OAS, l’Organisation armée secrète, qui pose une bombe sur le rebord de la fenêtre. Il veut tuer le ministre du général de Gaulle, mais c’est la moitié du visage poupin de Delphine qui est emportée, l’œil droit de Delphine qui s’éteint à jamais, son autre œil étant transpercé d’éclats de vitre. Delphine Renard, victime de la folie meurtrière des factieux de l’Algérie française. Incarnation de l’innocence blessée, son visage ensanglanté, mutilé, fera le tour du monde. Il bouleverse la France, qui découvre avec effroi la rage de ces colonialistes. Dès le lendemain, Paris défile pour manifester son chagrin, tandis que des médecins s’acharnent à sauver la fillette.

    "Le jour de l’attentat, les photographes ont retardé mon transport par police secours, car ils voulaient avoir le temps de prendre le plus de photos possible". C’est dit calmement. "Plus tard, à la campagne, je marche avec ma mère. Un journaliste nous demande très poliment la permission de me photographier, ma mère refuse, la conversation est aimable. Il rebrousse chemin et alors ma mère comprend que c’était un piège, un autre caché dans les buissons m’avait photographiée tout le temps de la discussion." Ce 7 février 1962, le premier hôpital sollicité ne souhaite pas accueillir la blessée, tant il est certain qu’elle mourra. Elle sera transportée à l’hôpital Cochin, dont les chirurgiens lui sauvent la vie, mais leurs techniques de reconstruction plastique ne suffisent pas à lui réparer le visage. "Quand je me suis réveillée de la longue anesthésie générale, l’opération continuant sous anesthésie locale, j’ai touché ma joue et mon doigt s’est enfoncé. J’ai demandé pourquoi on m’avait mis tant de crème sur la figure. Le chirurgien m’a priée d’enlever ma main en me disant que ce n’était pas de la crème. J’ai compris plus tard que mon doigt traversait ma joue", dit-elle. Un chirurgien plastique new-yorkais, le professeur Converse, propose à ses parents de l’opérer gratuitement. L’enfant ne peut prendre l’avion, car son œil valide contient encore un éclat de verre, que l’on ne peut extraire et qui risque de bouger en altitude. "Ma grand-mère a vendu tout ce qu’elle a pu pour financer ce qui était nécessaire et nous avons aussi été aidés par des personnes merveilleuses comme Pierre Dreyfus, le patron de mon père à la Régie Renault, qui nous a offert la traversée transatlantique en première sur le paquebot ’France’, je lui en garde une très grande reconnaissance.". À cet instant du récit, lorsqu’elle évoque, émue, ce voyage vers New York, on comprend que Delphine Renard est une sage et heureuse personne, parce qu’elle sait, talent rare, se réjouir d’un instant. "Mes parents n’ont jamais parlé entre eux de l’attentat, c’était une douleur indicible. Ma mère n’a plus trouvé la paix", ajoute-t-elle.

    Le tic-tac du cauchemar 

    À l’invitation du maire de Paris, le 6 octobre 2011, Delphine Renard, accompagnée de sa mère, désormais veuve, assiste, pour la première fois, à une cérémonie officielle ; le dévoilement de la première stèle édifiée à la mémoire des victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise. "J’avais choisi jusque-là de garder le silence sur la guerre d’Algérie. Mais quand j’ai découvert que, depuis presque cinquante ans, jamais un hommage n’avait été rendu aux victimes des exactions de l’OAS, je n’ai pu continuer à me taire. Il m’a paru nécessaire de prendre publiquement position et j’ai voulu que mon nom et le souvenir de ma photo servent à quelque chose. C’est pourquoi j’ai décidé de participer à cette cérémonie". Sa présence est un événement. Profondément choquée par "le révisionnisme rampant de la France", elle soutient l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, créée par le fils du commissaire Gavoury, assassiné par l’OAS à Alger en 1961. Elle raconte, la voix toujours posée, que "dans le Midi sont érigées des stèles à la mémoire des terroristes de l’OAS". Un monument édifié dans le cimetière de Marignane en juillet 2005, dont trois ans plus tard, en novembre 2008, le tribunal administratif de Marseille ordonna la démolition, mais que le lobby des anciens OAS de la région a fait remettre en place un an plus tard, sous couvert d’une infime modification, jusqu’à ce que le Conseil d’État statue définitivement sur son illégalité en novembre 2011. Elle ajoute, avec une froideur écœurée, que "certains de ces anciens militaires, pourtant jadis condamnés par la justice, sont maintenant décorés de la Légion d’honneur. Un sous Chirac, trois sous Sarkozy". Elle perçoit une pension de victime de guerre et comprend mal que ces "criminels, assassins" en touchent une également.

    À New-York, en 1962, la fillette sera opérée tous les mois par le chirurgien Converse. Il accomplit des prouesses sur son jeune visage, qui ne porte aujourd’hui qu’une cicatrice peu visible sur la joue droite. Entre deux interventions, elle est scolarisée. « Ma mère m’avait appris à lire avant l’attentat, lorsque j’avais 3 ans. C’est une chance, non ? ». Elle rit. Elle lit avec une grosse loupe, écoute attentivement mais ne parvient pas à voir le tableau, même assise au premier rang. Elle est une élève douée, travailleuse, elle songe à faire médecine puis entre à Sciences po, suit une préparation à l’Ena, bien que gênée par sa peur insurmontable des oraux. Passionnée d’art, elle travaille comme critique dans une revue spécialisée. « Les tableaux, je pouvais les percevoir puisque je voyais de près, avec mes grosses lunettes, et je pouvais rester longtemps devant. ». Elle emmagasine de la beauté. Elle ne sait pas encore qu’elle en aura besoin. La jeune femme a cessé d’être hantée par son cauchemar, celui d’un bonhomme de neige, qui fait tic-tac dans des rues désertes, où elle fuit, hurle, court pour lui échapper. Le tic-tac s’est tu vers la fin de son enfance.

    Entre 1986 et 1988, elle a à peine 30 ans, sa vision baisse, très vite, de semaine en semaine. Delphine Renard se refuse à y croire : « J’ai peur, terriblement peur, je mets beaucoup de temps à l’admettre, c’est invraisemblable pour moi de perdre la vue une seconde fois, car les deux mois suivant l’attentat j’avais déjà été plongée dans le noir. ». Un glaucome traumatique, séquelle de l’explosion, emporte inexorablement l’œil qui voyait encore un peu. Delphine se cogne, elle tâtonne. Elle marche seule dans la rue, "envahie d’une angoisse vertigineuse, comme perdue dans l’espace". Un ami aveugle de naissance la convainc de prendre enfin une canne blanche. Treize ans après, elle acceptera d’accueillir Phèdre, sa chienne guide, de race golden retriever, qui ronfle, débonnaire, à ses pieds. "Elle m’a changé la vie. Se prendre un lampadaire de plein fouet, c’est chaque fois un gros coup de désespoir". Puis fut inventé l’ordinateur à synthèse vocale, une révolution bienvenue. Désormais, elle peut scanner tous ses livres ou les télécharger de la bibliothèque en libre accès de Chicoutimi, au Québec. L’ordinateur les lui lit à haute voix. Delphine Renard correspond, écrit, travaille. Beaucoup.

    "J’ai perdu la vue tandis que j’étais en analyse, ce fut une aide", à tel point qu’elle conçoit, après plusieurs années, l’idée de devenir elle-même psychanalyste, et pour ce faire s’inscrit en faculté de psychologie, obtient un DESS puis un DEA, avant de rédiger une thèse sur Lacan et le judaïsme, qui donnera lieu à un livre récemment publié (1). "J’avais assisté très jeune à quelques séminaires de Lacan, mais je n’y comprenais pas grand-chose. J’ai d’abord lu ses œuvres sans rien attendre et en laissant faire, puis, grâce à l’enseignement de Jacques-Alain Miller et d’autres professeurs remarquables, les notions se sont éclaircies". Elle reçoit aujourd’hui des patients. "J’ai une autre écoute, je ne suis pas distraite par le visuel". Elle demande parfois au téléphone au futur patient s’il n’est pas allergique aux chiens, précisant qu’elle a un chien guide, étant aveugle. "Mais je ne le dis pas toujours, car je préfère qu’une personne ne revienne pas après un premier rendez-vous plutôt qu’elle ne vienne pas du tout à cause de ce qu’elle fantasme sur les aveugles".

    Chambre condamnée 

    Delphine Renard n’exprime aucune colère. Elle pourrait en ressentir tant. Celui qui a posé la bombe a été jugé et condamné, "mais on arrête la main, pas la tête". Nous évoquons alors André Malraux, l’homme visé par l’attentat. Qu’a-t-il fait pour cette enfant qui paiera de sa vue la tragique méprise et qui faillit la payer de sa vie ? "Rien, jamais". Un hasard qu’il n’ait pas été présent dans la maison le jour de l’attentat ? "Sans doute", répond-elle. Elle se tait. Pourquoi ce "sans doute" ? "Le commissariat du quartier semble avoir été averti d’un risque d’attentat, Malraux a-t-il été prévenu ? À quinze mètres de ma chambre, un gendarme dans une guérite garde notre domicile, qui est celui du ministre. Il n’a rien vu…". André Malraux ne s’est jamais manifesté auprès de sa famille, à laquelle il est pourtant lié d’amitié, ne s’est pas enquis de sa lutte pour la survie ni de sa convalescence. "Après l’attentat, mon père lui a demandé de quitter notre maison, mais Malraux a refusé et a alors coupé toute communication avec lui, au point que mon père a dû se rendre à son ministère pour discuter avec lui. Malraux l’a même menacé de faire réquisitionner la maison". Le ministre finira par quitter les lieux et la famille Renard s’y réinstallera. La chambre de Delphine n’a jamais été réhabilitée, "les volets sont restés fermés, elle servit de garde-meuble".

    Delphine a aujourd’hui rejoint les associations de victimes, qu’elle soutient de cœur et de raison. "J’ai eu beaucoup à faire pour m’en sortir, et longtemps je n’ai vraiment pas été disponible pour la moindre action politique ou publique. Mais, maintenant, le temps en est venu". Intéressée par le judaïsme pour des raisons familiales, elle a étudié la pensée juive, lu avec passion la Torah, "un livre extraordinaire. Le judaïsme porte une vocation de libération, malgré tous ses préceptes, car on peut tout y questionner. D’ailleurs, le premier des dix commandements du Décalogue n’énonce-t-il pas : ’Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir d’Égypte, de la maison des esclaves’ ?". Elle joue du violoncelle, du piano. Elle a monté une troupe d’opérette qui a choisi pour nom, en hommage à un théâtre parisien du second Empire spécialisé dans le répertoire lyrique léger, la compagnie des Délassements comiques. En nous raccompagnant à la porte, Delphine Renard confie nous avoir reçue chez une amie, qui lui a prêté son appartement. Afin que la presse n’entre pas chez elle.

    (1). "Judaïsme et psychanalyse : les ’discours’ de Lacan", de Delphine Renard (Cerf).

    P.-S. 

    Ce témoignage-reportage, ô combien poignant, démontre l’urgence que représentent, pour les plus hautes autorités de la République, la reconnaissance des victimes du terrorisme de l’OAS et la cessation définitive de toute forme de réhabilitation publique des tenants du colonialisme.

    Cela concerne évidemment le président Macron qui hésite d’employer le mot OAS dans ses discours ? 

     

    Les souvenirs de Delphine Renard  

    la petite fille victime de l'OAS 

    Le 7 février 1962, en pleine guerre d'Algérie, une bombe explose chez André Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est grièvement blessée. Elle devient, malgré elle, le symbole des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, dans un livre - "Tu choisiras la vie" (Grasset) - elle raconte l'évènement qui a changé sa vie. 

    Delphine Renard est au milieu de ses jouets, dans sa chambre, à Boulogne Billancourt. Elle est allongée, par terre, plongée dans une livre. Soudain, une énorme explosion retentit. La pièce vole en éclats. La petite fille pousse un hurlement. Elle s'en souvient comme si c'était hier : "j'ai les yeux fermés, collés par le sang, mon côté droit n'est plus qu'une bouillie". Les secours se précipitent. Les reporters, aussi. Paris Match publie la photo de l'enfant. Le magazine écrit : "ce visage mutilé accuse l'OAS". 

    L'OAS, c'est l'organisation de l'armée secrète, qui commet des attentats pour empêcher l'indépendance de l'Algérie. Quand les Français voient cette photo, quand ils découvrent l'histoire de Delphine Renard, ils sont bouleversés. 

    Deux drames, en deux jours  

    Si la bombe a explosé chez elle, c'est simplement parce que Delphine Renard habite le même immeuble qu'André Malraux. C'est lui, le ministre du général de Gaulle, qui était visé. Au moment de l'attentat, Malraux n'était pas chez lui. 

    Le lendemain, une manifestation a lieu à Paris. Le préfet de police, Maurice Papon, l'a interdite. Mais des milliers de personnes descendent malgré tout dans la rue. Elles protestent contre les attentats. La police charge les manifestants. Il y a des bousculades. Neuf personnes sont tuées au métro Charonne. 

    Deux drames, en deux jours. Après des mois de violence, après la répression du 17 octobre 1961, la guerre a atteint un niveau insupportable. D'ailleurs, les Français ne la supportent plus. Le conflit s'arrête quelques semaines plus tard. Les accords d'Evian sont signés le 18 mars 1962.  

    À 56 ans, elle trouve la force d'écrire sur l'événement  

    Pendant ce temps-là, Delphine Renard va d'hôpital en d'hôpital. Dans l'attentat, elle a perdu un œil. Elle subit des opérations en série. Elle grandit. Elle se construit, dans l'ombre de cette histoire. Parfois, dans la rue, des passants la reconnaissent : "Êtes-vous la petite Delphine Renard ?". Elle n'aime pas beaucoup ça. 

    Elle suit des études brillantes. Elle devient critique d'art, puis psychanalyste. A 29 ans, elle perd son deuxième œil. Encore une conséquence, tardive, de l'attentat. Aujourd'hui, Delphine Renard a 63 ans. Elle a trouvé la force d'écrire sur l'événement qui a bouleversé sa vie.

      

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    Delphine Renard, une petite fille victime de l'OAS par FranceInfo

     

     

    « Des élus de la République se recueillent régulièrement devant des monuments élevés en  hommage à quatre assassins de l’OAS »

    ll y a 60 ans Delphine Renard a été victime de la bombe (OAS) le 7 février 1962… Le 8 février 2022 elle est annoncée comme présente à la commémoration des victimes du Métro Charonne

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    Robert Ménard ici avec Elie Aboud devant la stèle de la Honte 




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    Histoire d’une chanson :  Le Temps des Cerises

    Histoire d’une chanson :

     Le Temps des Cerises

    Histoire d’une chanson :  Le Temps des Cerises

    Cette rubrique évoque le destin et l’histoire d’une chanson qui, plus de 150 ans après sa création, reste dans l’idéal collectif la fusion de l’amour et de la révolution. La chanson de Jean-Baptiste Clément " Le Temps des Cerises " est liée à la Commune libre et autogérée de Paris en 1871. C’est aussi une chanson d’amour. Pour les millions de personnes qui l’ont fredonnée,  Le Temps des Cerises  c’est peut-être l’alliance de l’amour et de la révolution.

    Le contexte historique 

    La défaite de Napoléon III en 1870 provoque l’encerclement de Paris et laisse les Parisiens se défendre seuls contre les armées prussiennes. Napoléon III a abdiqué et un gouvernement provisoire a abandonné la capitale pour se réfugier à Bordeaux et plus tard à Versailles. Le siège et l’encerclement de Paris par les Prussiens durent 5 longs mois, entre septembre 1870 et janvier 1871, cinq mois de combats et de famine où Paris ne capitule pas.

    Dès la signature de l’armistice Thiers et son gouvernement multiplient les mesures vexatoires contre la population parisienne qui a résisté seule contre l’envahisseur. Le 18 mars 1871 l’insurrection éclate c’est le début de la Commune de Paris. Pendant plus de deux mois une commune libre et autogérée va résister aux assauts des 130.000 soldats déployés par Thiers pour reprendre la ville. La Commune de Paris s’achève dans le sang le 28 mai 1871 mais cette répression n’efface pas le souvenir de cette merveilleuse parenthèse que fut la Commune.

    La chanson de Jean Baptiste-Clément perpétue ce souvenir depuis plus de 150 ans.

    L’auteur 

    Jean-Baptiste Clément connaît très tôt la prison sous Napoléon ; c’est un républicain qui va évoluer vers le socialisme. Son engagement est passionné, radical et poétique, puisqu’il compose de nombreuses chansons et comptines. La chanson "Le Temps des Cerises" est publiée sans le visa de la censure, depuis la Belgique, où Clément s’est réfugié. Militant pour la commune de Paris dés le 18 mars 1871 (il a été maire de Montmartre) Clément participe aux dernières barricades. Exilé à Londres à la fin de la commune, il est condamné à mort par contumace. Amnistié en 1879, il rentre à Paris en 1880 et participe à tous les combats de la gauche révolutionnaire. Il meurt le 23 juin 1903 à l’Age de 66 ans. Plusieurs milliers de personnes participent à son enterrement au cimetière du Père Lachaise à Paris.

    La chanson 

    Bien qu’écrite 5 ans avant la commune de Paris, la chanson "Le Temps des Cerises " restera à jamais assimilée à la commune et aux révolutions. Cette assimilation s’explique par des paroles qui parlent "d’une plaie ouverte", "d’un souvenir que je garde au cœur ", "de cerises d’amour qui tombent en gouttes de sang", paroles qui peuvent tout aussi bien évoquer une révolution qui a échoué qu’un amour perdu. On peut facilement y voir une métaphore poétique où les cerises représentent les impacts de balles, balles auxquelles il est fait allusion sous l’image des belles qu’il vaut mieux éviter. La coïncidence chronologique fait aussi que la semaine sanglante qui marque la fin de la commune se déroule fin mai au moment du temps des cerises. C’est sans doute tous ces signifiants doublés de la personnalité de l’auteur et son engagement qui ont été investis à posteriori par tous les anonymes qui avaient lutté pour une commune libre et autogérée pour perpétuer un souvenir et une expérience si durement réprimée.

    Chanter  Le Temps des Cerises, c’est leur rendre hommage en chantant l’amour et la révolution. 

    Il existe un nombre incalculable de versions chantées du « Temps des Cerises » : mes préférées sont celles de Mouloudji, Francesca Solleville et Noir Désir… Mais aujourd’hui restons dans l’air du temps, celui des manifestations, des grèves, des violences policières, des yeux éborgnés, des bras arrachés, des femmes tirées par les cheveux dans les bouches du Métro pour les empêcher de manifester la veille de la Journée Internationale des Femmes… Nous n’oublierons jamais ces 18 mois de brutalités et le jour approche où nous ferons payer très cher les responsables de cette honte…

     

    Histoire d’une chanson :  Le Temps des Cerises

     

     


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  • RECTIFICATIF D’ANNE CASTEL 

    L'Élysée rend hommage

     à l'Émir Abdelkader

    L'Élysée rend hommage à l'Émir Abdelkader

    RECTIFICATIF D’ANNE CASTEL

    L'Élysée rend hommage à l'Émir Abdelkader

    La sculpture représentant l’émir Abdelkader, installée jeudi en face du château d’Amboise, sera inaugurée samedi 5 février.

    © Photo NR

    Bonjour Michel,

    Ce n’est pas une « statuette » mais une véritable sculpture en creux visible de loin qui va être inaugurée demain à Amboise :

    https://www.lanouvellerepublique.fr/amboise/amboise-gros-plan-sur-l-emir-abdelkader-une-personne-lumineuse 

    Et le chef de file des protestataires algériens, qui d’ailleurs raconte des bêtises, car cela fait longtemps que, à Amboise et ailleurs en France on dit la vérité sur Abd-el-Kader, à savoir qu’il a été trahi par la France qui n’a pas respecté ses promesses, n’est pas le petit-fils de l’Émir mais son arrière petit-neveu.

    Pendant les premières années de sa détention à Amboise, l’Émir n’est pas sorti du château, mais il a ensuite noué des relations avec des habitants, effectué des promenades le long de la Loire jusque dans la campagne environnante, et dans l’une des églises d’Amboise on peut toujours admirer un magnifique lustre offert par l’Émir.

    Enfin il y a dans l’enceinte du château un lieu consacré à tous les membres de sa suite qui sont morts à Amboise, voir ici : https://www.lanouvellerepublique.fr/amboise/un-lieu-unique-en-france-de-recueillement-et-de-sepultures 

    Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que date l’inscription de la mémoire de cet homme dans la patrimoine de la ville.

    Ce serait bien que vous fassiez un rectificatif.

    Amicalement,

    Anne

    P.-S. Je n’écris pas cela pour défendre Macron ou Stora, vous vous en doutez, mais la ville d’Amboise et ce projet qui durera plus longtemps qu’eux. La promenade le long de la Loire à Amboise est une splendeur à toutes les heures du jour très prisée des habitants et des touristes, nombreux venus de tous pays, le choix de l’emplacement de la statue me semble idéal pour qu’elle attire l’attention.

    Autre lien pour comprendre l’esprit de la sculpture :

    https://www.ville-amboise.fr/58-1724/fiche/devoilement-du-passage-abdelkader.htm

    Anne

     

     Le quotidien algérien observalgerie.com s'exprime ainsi :

     

    La question de la mémoire constitue l'un des sujets de discorde entre l'Algérie et France. Le passé colonial français en Algérie revient souvent dans le débat, notamment depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée. Ce dernier multiplie en effet des gestes allant dans le sens de la glorification de la présence française en Algérie, mais aussi pour dénoncer les « crimes » commis par les Français durant cette période.

    Se voulant le chantre de l'apaisement avec l'Algérie sur la question de la mémoire, le président français Emmanuel Macron a confié, en juillet 2020, à l'historien Benjamin Stora, spécialiste de l'Algérie, la rédaction d'un rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la Guerre d'Algérie. Ce rapport, remis à l'Élysée au mois de janvier 2021, énonce plusieurs recommandations pour avancer sur un chemin d'apaisement et de reconnaissance de toutes les mémoires entre la France et l'Algérie.

    Une statuette à l'effigie de l'Émir Abdelkader

     sera inaugurée le 5 février à Amboise

    C'est dans le sillage de ce rapport que l'Élysée a décidé de rendre hommage à l'un des symboles algériens durant le début de la colonisation française. Il s'agit de l'Émir Abdelkader, chef de guerre qui avait lutté contre la présence coloniale française en Algérie avant qu'il n'abdique en 1847 et se voit ensuite détenu en France en compagnie de sa famille.

    L'hommage de l'Élysée consiste en la réalisation d'une statuette à l'effigie de l'Émir Abdelkader dans la ville d'Amboise en France. Une ville dans laquelle l'Émir a été détenu en 1848 au lendemain de sa reddition, avant qu'il ne soit expulsé, sur sa demande, vers la Syrie. Cette statuette en hommage à l'Émir Abdelkader, « ce modèle de tolérance, érigé en symbole de réconciliation », sera inaugurée le jeudi 5 février 2022 à Amboise sur les bords de Loire.

    Cette statuette de l'Émir Abdelkader, réalisée par le sculpteur Michel Audiard et qui a coûté 35 000 euros, est financée en grand partie par des subventions de l'Élysée, rapporte le journal français La Nouvelle République, qui explique que pour la réalisation de son œuvre, Michel Audiard s'est inspiré d'un portrait en pied de l'Émir Abdelkader issue du fond de la Bibliothèque nationale de France.

    SOURCE : L'Élysée rend hommage à l'Émir Abdelkader (observalgerie.com) 

     

    ET POURTANT

    EN 2021

    La famille de l'Emir Abdelkader

     se prononce sur la construction

     d'une statue en France

    La famille de l’Emir Abdelkader s'est prononcée sur la proposition de l'historien français Benjamin Stora de construire une statue à l'effigie de l'Emir en France. Les proches de ce dernier rejettent catégoriquement cette suggestion, rapporte, dans son édition de vendredi 12 février 2021, le média arabophone El Khabar.

    Selon le même quotidien, les membres de la famille de l’Emir s'opposent tous à la suggestion formulée par l’historien français Benjamin Stora, spécialiste de la guerre d'Algérie, d'ériger une statue en hommage à l’Emir Abdelkader, en France.

    C'est l'un des petits-fils de l'émir Abdelkader, en l'occurrence Mohamed Boutaleb, président d’une association au nom de l’Emir en Algérie, qui a pris la parole pour dire non à cette proposition. Cette dernière a été faite dans le sillage de la démarche de réconciliation des mémoires entre l'Algérie et la France. Une démarche initiée par les gouvernements français et algérien.

    Mohamed Boutaleb dénonce le fait que « la France prétend que l’Emir Abdelkader s’est rendu dans l’Hexagone pour le tourisme, mais la vérité, a-t-il souligné, est qu’il a été emprisonné, et tenu en otage et sujet à de nombreuses tentatives d’assassinat avec d’autres prisonniers ».

    Le petit-fils de l'Emir Abdelkader fait savoir qu'une pétition en ligne a été lancée contre cette proposition figurant dans le rapport élaboré par Benjamin Stora et remis au président français, Emmanuel Macron, dans le cadre du travail mémoriel engagé entre la France et l'Algérie.

    « Nous avons préparé une pétition électronique pour recueillir des signatures afin de rejeter la proposition contenue dans le rapport français, parce que c’est dans l’intérêt de la France et non de l’Algérie. Le nom de l’Emir est internationalement connu et sa position politique et militante n’a pas besoin d’une statue en France, qui a occupé son pays durant 132 années », conclut M. Boutaleb.

    Lire aussi : Des Algériens s’opposent à la construction d’une statue de l’Emir Abdelkader en France 

    A propos d’un monument

    Un article de Jacques CROS 


     

    L'Élysée rend hommage à l'Émir Abdelkader

    Abdelkader a organisé la défense de son pays contre sa conquête par la France. Las, les moyens militaires dont disposait la puissance étrangère étaient supérieurs en armement à ceux dont disposaient les autochtones.

    La prise de la Smala le 16 mai 1843 par le duc d’Aumale avait rendu compte de l’infériorité des défenseurs de l’intégrité territoriale de la Régence. Abdelkader avait toutefois réussi à échapper à l’encerclement de sa capitale mobile. La guerre a encore duré jusqu’en 1847, le 24 décembre l’émir se rend au général Lamoricière.

    Selon les conventions il devait être exilé avec sa famille à La Mecque ou à Saint-Jean d’Acre mais libre. Il fut de fait emmené prisonnier et incarcéré au fort Lamalgue à Toulon. De là il sera transféré à Pau où il restera quelque temps avant de regagner le château d’Amboise où il finira par être libéré le 16 octobre 1852. Il partira alors à Damas où il finira ses jours.

    Nous savons qu’Abdelkader a transité par Béziers le 26 avril 1848, via le Canal du Midi, lors de son envoi à Pau. Auguste Fabrégat, alors conseiller municipal et futur maire de la ville est allé le saluer lors de la montée des Neuf Ecluses de Fonséranes. L’édile nous a fourni un récit du passage de la péniche transportant l’émir et sa suite.

    Il est rapporté un commentaire de l’illustre vaincu devant les paysages verdoyants qu’il a rencontrés « Pourquoi les Français sont-ils venus en Algérie où il y a essentiellement des cailloux ? ».

    Une statue du personnage doit être inaugurée le samedi 5 février devant le château d’Amboise. C’est une des préconisations de Benjamin Stora. Il faudrait se saisir de l’occasion pour dénoncer la conquête de l’Algérie, la colonisation, la domination militaire qui a permis à la France de se maintenir dans un pays qui n’était pas le sien, y compris par une guerre atroce qui a duré plus de sept ans. Et en profiter pour rendre justice à un combattant de l’indépendance de son pays, l’Algérie envers lequel on n’a pas tenu les promesses faites qu’il serait libre après sa reddition.

     

    SOURCE : http://cessenon3.centerblog.net/143-a-propos-d-un-monument?fbclid=IwAR3BPA0uxd32nTK607BHMYv5Ft9x3Bm59ZNl1foxS8fmk1KHAQeAgA5Hfj8

     

     

     

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  • Présidentielle en France : l’Algérie, sujet incontournable des candidats

    Présidentielle en France : l’Algérie, sujet incontournable des candidats

    Histoire, guerre et paix s’imposent à nouveau dans la présidentielle française. La question mémorielle entre Français et Algériens ne cesse d’être ravivée par les candidats à la fonction présidentielle.

    C’est Emmanuel Macron, l’actuel président français qui est le premier à utiliser la relation franco-algérienne dans la campagne présidentielle. Le chef d’Etat, qui n’a certes pas encore officiellement déclaré sa candidature, fait d’opportuns allers-retours sur le passé colonial de la France à quelques mois du scrutin.

    Le non choix d’Emmanuel Macron 

    Le président de toutes les versions de l’histoire. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron est perçu par une partie de l’opinion française, alors que la France et l’Algérie s’apprêtent à commémorer en mars prochain les accords d’Evian.

    La semaine dernière, le président français revenait sur les massacres d’Européens par l’armée française dans la rue d’Isly (actuelle Rue Larbi Ben M’hidi) à Alger le 26 mars 1962, qui ont fait 60 morts.

    Il a qualifié ces « massacres » d' »impardonnables ». « Les soldats français, déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français », a reconnu Emmanuel Macron. Pour la première fois, un président français avouait la responsabilité des autorités françaises dans l’abandon des pieds noirs.

    Emmanuel Macron a également demandé à l’Etat algérien de reconnaître les massacres d’Européens à Oran le 5 juillet 1962, appelant l’Algérie à « regarder en face » cet épisode qui a donné lieu à la mort de « centaines d’Européens, essentiellement des Français ». Une demande décalée au moment où l’Algérie réclame la reconnaissance des crimes commis durant la colonisation française.

    Cette fois, le président semble faire de l’œil à l’électorat pieds-noirs

    Parmi les nombreuses associations de pieds noirs, l’information a été reçue de différentes manières. Si certains Français d’Algérie ont été émus d’entendre les mots « massacre » et « impardonnable » dans la bouche de leur chef d’État, d’autres associations, à l’inverse, n’y ont vu qu’un discours sans fond et sans actes. Et surtout pour beaucoup ils ne viennent pas annuler la reconnaissance de la colonisation comme crime contre l’humanité par Emmanuel Macron en 2017.

    Alors qu’il était seulement candidat à la présidentielle à l’époque, il avait profité d’un déplacement à Alger pour admettre l’horreur de la colonisation. Ces mots, les pieds noirs ne lui ont pas pardonné. Quant aux Algériens, pour eux ce n’était qu’un début de réconciliation et le travail de cicatrisation mémorielle est encore long.

    Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron tente de redessiner les contours de l’histoire entre la France et l’Algérie, il a des mots pour toutes les exactions que la France n’a jamais voulu admettre, des Algériens noyés le 17 octobre 1961, aux tirs sur les Français quelques jours après les accords d’Evian dans la rue d’Isly.

    Refus du manichéisme ou enjeu électoral, la posture d’Emmanuel Macron est surtout perçue comme maladroite.

    L’Algérie, vue de loin, débattue de près 

    La mémoire algéro-française n’est finalement qu’une porte d’entrée pour se positionner face à l’Algérie. Chaque élection présidentielle ressort la carte Algérie pour diverses questions, tant la France est liée à ce pays. Immigration, passé colonial, coopération bilatérale. A chaque élection française, tous les chemins mènent à l’Algérie, ça ne rate pas.

    On aurait pu croire que pour cette présidentielle 2022, l’Algérie serait un bien lointain sujet. D’ailleurs on remarque que cette année aucun candidat ne s’est (encore) déplacé à Alger, alors que c’était une tradition française.

    Les précédentes campagnes impliquaient à minima un voyage présidentiel officiel. Nicolas Sarkozy, François Hollande ou encore Emmanuel Macron avaient effectué leur voyage de « candidat » à Alger avant d’être élus.

    Même les profils un peu plus outsider se pressaient aux portes algériennes. On se souvient d’Arnaud Montebourg, fier de revendiquer les origines algériennes de sa mère. Les négociations en amont avec l’Algérie semblaient être un passage obligé pour les candidats à la présidentielle.

    Cette fois, personne ne se rend sur les terres algériennes. Le covid-19 est une excuse valable pour éviter les déplacements politiques. Alors on joue la question algérienne à domicile.

    Pas de campagne présidentielle sans Algérie

    Dès que les premières candidatures ont été déclarées, le rapport à l’Algérie est très rapidement ressorti. Emmanuel Macron n’a pas été le seul à prendre à bras le corps le sujet Algérie, bien au contraire.

    Eric Zemmour en fait quasiment son thème de campagne. On ne compte plus les mesures anti-algériennes que l’homme a promis.  Sa dernière sortie sur l’Algérie date seulement de dix jours. Il promettait d’exclure la repentance française et de négocier « entre hommes » avec les dirigeants algériens.

    Le candidat d’extrême-droite a promis de détruire les dernières pierres des accords négociés entre la France et l’Algérie au lendemain de l’indépendance. Il veut en finir avec les accords de 1968, qui favorisent les déplacements des Algériens vers la France. Eric Zemmour se sert des vieux désaccords mémoriels pour rompre avec l’Algérie d’aujourd’hui.

    Toujours à droite, Valérie Pécresse s’est également engouffrée dans la question mémorielle. L’occasion pour la candidate de s’opposer à Emmanuel Macron, qui selon elle « a un problème avec l’histoire », puisqu’elle estime qu’il n’y a jamais eu de crime contre l’humanité dans cette histoire commune.

    A l’inverse, à gauche, on observe une mise en scène de soutien à l’Algérie. Jean-Luc Mélenchon s’épanche sur ses liens avec le Maghreb dans des confidences intimes livrées au magazine Gala. Sa grand-mère qui avait quitté l’Algérie pour le Maroc lui fait monter les larmes dans les colonnes du magazine people. Elle qui vivait « en osmose avec les musulmans » suscite aujourd’hui encore son admiration.

    L’Algérie devient ainsi une sorte de balle de tennis que les candidats s’envoient en pleine face pour gagner quelques suffrages par-ci et par-là ou pour mettre en danger les candidats rivaux.

    A trop être citée, l’Algérie en devient un sujet qui permet de toucher de nombreuses communautés, que ce soit les franco-algériens, les immigrés, les pieds-noirs, les anti-immigrations ou encore la fachosphère. Pourquoi donc s’en passer ?

    SOURCE : Présidentielle en France : l’Algérie, sujet incontournable des candidats (tsa-algerie.com)

     

     


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  • Zemmour contre l'histoire Ép.3/ Sylvie Thénault

    Le massacre du 17 octobre 1961 n'est pas la répression

    d'une manifestation

    Zemmour contre l'histoire Ép.3/ Sylvie Thénault. Le massacre du 17 octobre 1961 n'est pas la répression d'une manifestation

    Faut-il répondre à Éric Zemmour sur le terrain de l'histoire ? C'est la question que se sont posée un collectif d'historiennes et d'historiens, agacés des falsifications et manipulations du passé effectuées par le candidat d'extrême droite à la présidentielle. Ce collectif, interpellé depuis des années par cette vision controuvée de l'histoire, qui sert avant tout une doctrine politique, éditent Zemmour contre l'histoireà paraître jeudi 3 février.

    De la première croisade à l'assassinat de Maurice Audin, de Clovis aux mutinés de 1917, de Saint Louis à Pétain, l'histoire selon Zemmour déborde d'erreurs, d'interprétations tendancieuses, et de mensonges grossiers. C'est le constat posé par 16 historiennes et historiens. 

    L'Humanité a invité quatre d'entre eux dans son studio, afin de démonter quelques-uns des mensonges du polémiste candidat. 

    Mathilde Larrère, Nicolas Offenstadt, Sylvie Thénault et Jean-Luc Chappey se sont prétés à l'exercice.

    Aujourd'hui, nous vous proposons la réponse de Sylvie Thénault, directrice de recherche au CNRS. L'historienne réagit aux affirmations d'Éric Zemmour, le 18 octobre 2021, sur BFMTV. Le polémiste avait alors qualifié de " non pacifique " et " d'interdite "la manifestation parisienne du 17 octobre 1961 de la fédération de France du Front de libération nationale (FLN) assurant que les manifestants n'auraient pas dû être là et leur faisant porter la responsabilité du massacre.

    Zemmour contre l'histoire, collection Tracts n°34 chez Gallimard, en librairie le jeudi 3 février 2022.

    SOURCE : VIDÉO. Zemmour contre l'histoire Ép.3/ Sylvie Thénault. Le massacre du 17 octobre 1961 n'est pas la répression d'une manifestation | L'Humanité (humanite.fr)

    En complément les épisodes 1 et 2

     


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  • Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS

    Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio 

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

     

    Le 26 janvier, le président s’est adressé à des « représentants des pieds-noirs » pour « continuer de cheminer sur la voie de l’apaisement des mémoires blessées de la guerre d’Algérie ». Les souffrances des Européens qui quittèrent l’Algérie en 1962 ne sauraient être contestées. Mais certains propos laissent perplexes et ont suscité les réactions des défenseurs de la mémoire des victimes de l’OAS.

    Passons sur l’évocation d’une Algérie française heureuse où, « pas toujours, mais souvent, l’idéal méditerranéen d’une vie harmonieuse entre juifs, chrétiens et musulmans fut la réalité quotidienne de villages et de quartiers ». Évocation émouvante mais contredite par tant de témoignages et de travaux historiques sur les injustices et l’inégalité de statuts qui ont marqué les 132 ans de la colonisation de l’Algérie. Ou sur cette approximation malheureusement courante selon laquelle « près d'un million de personnes […] sont passées d’une rive à l’autre » en 1962, qui occulte le fait que 200 000 Européens environ sont restés dans les débuts de l’Algérie indépendante. 

    Ce qui pose particulièrement problème dans cette allocution, c’est la façon dont a été évoquée de manière incomplète la fusillade de la rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, et aussi le massacre d’Européens à Oran, le 5 juillet 1962. Dans les deux cas, le discours présidentiel a occulté très largement la responsabilité écrasante, qui fait pourtant largement consensus chez les historiens, de l’OAS (1), qu’il a à peine mentionnée. Il a éludé le rôle criminel de cette organisation terroriste et s’est montré perméable au récit construit par les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française, propagé depuis par les groupes pieds-noirs d’extrême droite qui accusent le chef de l’Etat et les autorités françaises de l’époque de traitrise.

    Peut-on « reconnaître » les souffrances des « rapatriés » sans dire que cette organisation, par ses innombrables crimes et destructions, contribua au premier chef à en créer les conditions ?  Durant des mois, à la veille des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, l’OAS se livra, tant à Alger qu’à Oran, à un terrorisme meurtrier (mitraillages, tirs de snipers, attentats aux explosifs) sans équivalent dans notre histoire. Elle visa des Algériens surtout, mais aussi des Européens jugés coupables de trahison, ainsi que des militaires et des gendarmes français, conformément à la stratégie d’insurrection armée définie par Salan. 

    Conformément à ses directives, les dirigeants de l’OAS ont décidé d’ériger le quartier de Bab-el-Oued d’Alger en zone insurrectionnelle et annoncé qu’à partir du 22 mars les officiers, sous-officiers et soldats qui ne se seront pas ralliés à leur combat seront considérés « comme des troupes au service d’un gouvernement étranger ». Le 22 mars au soir, des commandos de l’OAS ont attaqué une patrouille de gendarmerie mobile qui sortait du tunnel des facultés – bilan : 18 gendarmes tués. Le lendemain, ils ont ouvert le feu sur un véhicule de transport de troupes tuant 7 soldats dont 5 appelés du contingent. 

    En réaction, les autorités françaises ont mis en place le bouclage du quartier de Bab el Oued, blocus que l’OAS a tenté de briser en appelant les civils à manifester le 26 mars, conformément à la directive de Salan : «  Sur ordre des commandements régionaux, la foule sera poussée dans les rues à partir du moment où la situation aura évolué dans un sens suffisamment favorable. » Le 26 mars, des rapports de l’armée et des témoignages établissent que les premiers coups de feu ont été tirés, notamment depuis les toits, par des commandos de l’OAS sur les militaires français. Le président Macron ayant promis que « Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement », cela met en péril le récit même qu’il a repris pour conforter certains éléments de son auditoire dans leur vision de ces événements.

     

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Quelques-uns des emplacements des armes automatiques utilisées par l’OAS (Yves Courrière, « Les Feux du désespoir », Fayard, 1971, p. 544)

    Emmanuel Macron a dit des choses justes.

    Il est vrai que lors de la fusillade de la rue d’Isly, l’armée française a tiré sur la foule. Mais sans dire qu’elle réagissait à une manœuvre cynique qui condamnait les manifestants européens à subir une répression sanglante. 

    Il est vrai qu’à l’indépendance de l’Algérie, des massacres de supplétifs de l’armée française, les harkis, et de membres de leurs familles, ont eu lieu. Mais l’histoire du recrutement de ces hommes, dans un statut inventé par le général Salan qui les mettait en danger, doit être restituée dans sa totalité.

    Il est vrai qu’à Oran, le 5 juillet 1962, au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, des Européens furent victimes de violences extrêmes. Mais elles ne peuvent pas être isolées de celles, particulièrement terribles, que l’OAS d’Oran perpétra dans cette ville contre des civils dans les mois précédents, faisant environ un millier de morts algériens. Des violences qu’à la différence des chefs de l’OAS d’Alger qui se décidèrent à suspendre les leurs en refusant le cycle infernal et indéfini d’une escalade meurtrière, les chefs de l’OAS d’Oran poursuivirent jusqu’à leur départ pour l’Espagne franquiste, laissant les civils européens exposés à des violences inacceptables. Nous reviendrons sur cet épisode que des historiens, y compris algériens, ont contribué à mettre en lumière.

    Ne pas rappeler aussi ces faits, n’est-ce pas conforter un aveuglement chez certains pieds-noirs sur les causes de leurs malheurs ?

    N’est-ce pas valider un récit fallacieux encore présent dans leur esprit soixante ans après la fin de cette guerre ?

    C’est ce qu’ont relevé des associations comme l’Association des pieds-noirs progressistes et de leurs amis (ANPNPA), l’Association des amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons et l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)

    Emmanuel Macron, désireux de plaire à certains éléments de son auditoire qui regrettent la colonisation, qu’il cherche à séduire, n’a pas choisi jusqu’au bout un langage de vérité. 

    Jules Roy, lui-même européen d’Algérie, ancien officier de l’armée française, apostropha en 1972 le général Massu en des termes qui s’appliquent aussi aux chefs de l’OAS à la fin de la guerre : « Croyant trouver en vous un sauveur, ces naïfs [certains Européens d’Algérie] se sont précipités derrière vous. Vers le gouffre. […] Les vrais défenseurs de leur avenir étaient ceux qui essayaient, malgré vous qui vous en teniez à la lettre de vos directives, de sauvegarder les chances d’une coexistence entre les deux communautés. […] Vous fûtes le préparateur des malheurs que nous voulions leur épargner ».

    Ce sont les terroristes de l’OAS qui voyaient dans le chef de l’Etat et dans les autorités françaises de l’époque les responsables de leur malheur qui ont tissé en réalité le malheur des pieds-noirs. Et ce serait le courage que de le dire.

    Beaucoup n’ont pas oublié les manifestants du 8 février 1962 contre l’attentat de l’OAS au domicile d’André Malraux qui a défiguré la jeune Delphine Renard, jouant dans la cour, et qui ont subi, au métro Charonne, la répression de la police de Maurice Papon. Ils commémoreront, soixante ans après, les crimes de l’OAS.

    (1) L’Organisation de l’Armée secrète, constituée au début de 1961 dans l’Espagne franquiste, qui a rassemblé des déserteurs de l’armée et des Européens extrémistes et a pratiqué la terreur pour s’opposer à l’indépendance de l’Algérie.

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/010222/macron-s-est-adresse-aux-rapatries-d-algerie-en-eludant-les-crimes-de-l-oas?utm_source=facebook&fbclid=IwAR2b1lMQPZWI1FN4lJCifOxaOxcfajtf_No5ycR3VjHsXJEICwICooiRzbw 

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    A

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Gilles Manceron

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Fabrice Riceputi

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Alain Ruscio

    Même si Macron ne le veut pas ils sont là pour rétablir la vérité historique. Honte à tous les conseillers de Macron qui ne lui ont pas apporté tous les renseignements, conseils ou rapport indispensables afin que  le président disant vouloir concilier toutes les mémoires emploie, dans un long discours, plus de deux fois le mot OAS, cela aurait redonné le moral aux victimes ou descendants des victimes de cette organisation criminelle et terroriste responsables de 2700 victimes en Algérie et en France, avant et après le 19 Mars 1962.

    Deux de ces victimes ou descendants seront présents le 8 février prochain au Métro Charonne pour la commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro Charonne : 

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Delphine Renard

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

    Jean-François Gavoury

     

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio

     

    Macron s’est adressé aux rapatriés d’Algérie en éludant les crimes de l’OAS *** Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio


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    Paris : Bientôt une fresque murale dédiée

     à Josette et Maurice Audin

    La mémoire de Josette et Maurice Audin profanée (voir la vidéo en fin d'article)

    Les hommages au martyr algérien Maurice Audin et son épouse Josette se suivent. Cela a une saveur particulière quand l'hommage leur est rendu en France, c'est-à-dire chez ceux qui ont assassiné le mathématicien en 1957. Cette fois-ci, c'est une fresque murale dédiée au couple Audin qui sera réalisée dans la capitale Paris.

    Cette information ne sera certainement pas du goût des nostalgiques de l'Algérie française. Particulièrement en cette veille de l'élection présidentielle en France qui favorise les discours haineux et extrémistes. Selon le quotidien francophone Liberté, c'est dans le 20e arrondissement de Paris que sera réalisée la fresque murale dédiée à Josette et Maurice Audin.

    Selon la même source, c'est à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie qu'est initiée cette activité. C'est une œuvre qui sera lancée au printemps à l'initiative d'une association et d'un graphiste. Elle sera réalisée au même temps que des ateliers destinés aux habitants, aux jeunes et aux enfants, pour enseigner le message de Maurice Audin, ce mathématicien né en 1932 et mort assassiné par les parachutistes français en 1957.

    Aussi et dans la même activité, une autre association organisera un atelier éducatif au profit des jeunes en difficulté. Ces derniers seront encadrés par des graphistes embauchés pour la circonstance.

    Enfin, le quotidien algérien fait savoir que le projet a eu un écho favorable parmi les habitants du 20e arrondissement. Plusieurs associations et personnalités seront présentes le jour de l'inauguration de l'activité.

    Il faut dire que cette nouvelle va créer de la tension en France, tant Maurice Audin, un communiste qui militait pour l'indépendance de l'Algérie, est, à ce jour, haï par une frange de la société française.

    D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si une plaque commémorative dédiée à Josette et Maurice Audin a été vandalisée en janvier 2021, à Bagnolet, en région parisienne.

    SOURCE : https://observalgerie.com/2022/01/31/societe/fresque-maurice-audin/ 

     

     

    « Nous ne laisserons pas les assassins de la mémoire agir dans notre ville » nous dit

     Laurent Jamet 

      Elu, à Groupe Communiste, Front de gauche et Citoyen - Bagnolet 

     

    L'OAS rincée par la République

     

    « Voilà la photo que je viens de recevoir. Un ou des individus souillent la mémoire de Maurice Audin, assassiné par l’armée française car militant communiste et pour l’indépendance de l’Algérie, et de son épouse Josette.

    Cette tache doit être effacée sans délai ».

    L’esprit colonial et néo-colonial n'a pas sa place à Bagnolet. Josette et Maurice Audin sont vivants, au panthéon de nos mémoires.

    L’innommable. Au lendemain de la remise du rapport de l'historien Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie au Président de la République, les nostalgiques de la guerre d’Algérie ont décidé d’agir et de souiller la mémoire de nos camarades Josette et Maurice Audin, deux militants, honneur de la France, qui ont sacrifié leurs vie pour l’indépendance de l’Algerie et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Maurice Audin a été torturé et assassiné à l'âge de 25 ans par l'armée française pendant la bataille d'Alger, en 1957. Ces fascistes ont osé, parce que la parole raciste et xénophobe s’est libérée. Cet acte ignoble montre que l’histoire coloniale et du système colonial français, dans tous ses aspects, reste à faire et doit être assumée par tous.

    À l’État d’accomplir les actes nécessaires pour la reconnaissance de la responsabilité de la France, pour assumer les crimes contre l’humanité qui ont été commis, alors que l’extrême droite continue d’exploiter et d’instrumentaliser l’histoire de la colonisation.

    Au Maire de Bagnolet de porter plainte contre ces ignobles.

    Aux progressistes de continuer leur combat pour honorer leur mémoire.

    Notre soutien et notre entière solidarité vont aux enfants Audin. Nos camarades Josette et Maurice Audin sont vivants au panthéon de nos mémoires.

     

    La mémoire de Josette et Maurice Audin profanée

     

    La plaque en hommage aux militants communistes Josette et Maurice Audin, installée à Bagnolet (93), a été vandalisée le 24 janvier.

    Cette profanation intervient quelques jours après la publication du rapport Stora, qui adresse les questions mémorielles entre la France et son ancienne colonie d’Algérie.

     

     


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  • A propos de la rencontre du président Macron

    avec les associations de « rapatriés »

     le 26 janvier à l’Elysée

    Jacques Pradel et le Président Macron 

    L’ANPNPA était invitée à la rencontre, bonne chose !

    Notre délégation était composée de Michèle Haensel, Marcel Borg, Gérard Chambon, Jacki Malléa et Jacques Pradel (Julie Laures, Elisa Pradel et Bernard Zimmermann n’ont pas pu nous rejoindre). Il n’y a pas eu d’intervention des représentants d’associations, aussi celle que nous avions prévue n’a pas été faite devant l’assemblée ; vous la trouverez ici. Après son discours, Macron a rejoint la foule pour des discussions individuelles ; il a fallu se frayer un chemin… 

    Dans son discours le président n’a abordé aucune question de fond sur l’histoire de la France en Algérie : Rien sur (la nature de) la colonisation, sinon que les Européens d’Algérie étaient une mosaïque venue des quatre coins de l’Europe, et ‘où il n’y avait pas que des méchants’ ; rien sur la guerre, sinon la fusillade et les morts de la rue d’Isly le 26 mars 62, ce qu’il fallait reconnaître comme un assassinat de Français par l’armée française (en mentionnant cependant que la manifestation avait été appelée par l’OAS, et en annonçant l’ouverture de toutes les archives la concernant), et le massacre du 5 juillet 62 à Oran. 

    Bref un discours dit « d’apaisement » pour caresser les pieds-noirs dans le sens du poil, autour de ces deux moments de la guerre et pour flatter leur réussite en France (‘la France vous a aidé et vous avez aidé la France’ …) ; un discours de racolage électoral . 

    Jacques et Marcel ont pu, l’un et l’autre, jouer des coudes pour accéder à Jupiter, et insister sur les points suivants : 1. On ne peut pas traiter de la guerre (y inclus les événements tragiques de la rue d’Isly et d’Oran) sans parler de ce que fut la colonisation (oui dit le Président, comme s’il ne venait pas de le faire... ; mais à un nostalgérique : je ne retire rien de mes déclarations de 2017 sur la barbarie de la conquête et de la colonisation). 2. Des millions et des millions de jeunes Français étant concernés, et frustrés, il faut inclure dans les programmes scolaires l’étude de la colonisation de de la guerre d’Algérie (c’est prévu répond le Président). 3. Il faut donner suite aux autres préconisations du rapport Stora (c’est prévu répond le Président). 4. Dans le même esprit, le travail sur la transmission mémorielle entrepris avec le groupe de descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie doit se poursuivre (oui répond le Président).

    Bien malin qui pourra le mesurer …

    Je rappelle l’article complet de l’Association Nationale des Pieds-Noirs Progressifs et leurs Amis en cliquant sur le lien ci-dessous, seule la photo de notre ami Jacques Pradel en conversation avec le président Macron manquait.

    http://www.micheldandelot1.com/notre-association-etait-de-la-liste-des-associations-de-rapatries-invi-a211878147 

    Un clin d'œil

    A quand une photo de mes amis Jean-Philippe Ould Aoudia et Jean-François Gavoury représentant les victimes de l'OAS conversant avec le président Macron ? Car je trouve inadmissible et scandaleux que cette mémoire soit, pour le moment occultée...

    Michel Dandelot

     

     


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  • Courriel reçu ce matin envoyé par mon ami

    Jean-Philippe Ould Aoudia

    Courriel reçu ce matin envoyé par mon ami Jean-Philippe Ould Aoudia *** Réponse à Benjamin Stora

    Bonjour Michel,

    Ton site est beaucoup consulté et ma mise au point qui y a été publiée il y a quelques jours a suscité des réactions très positives, sauf une : celle de BS qui m’a agressé en des termes dérisoires dont tu trouveras la teneur dans la pièce jointe.

    Je te remercie de bien vouloir publier ma réponse qui a été validée par un historien universitaire.

    Bien amicalement

    Jean-Philippe

     

     

    31 janvier 2022 

    Réponse à Benjamin Stora

    À la suite de la publication de ma mise au point sur le discours du Président de la République le mercredi 26 janvier 2022 devant des associations de rapatriés et des élus d’extrême droite, Benjamin Stora m’a adressé le 29 janvier le mail suivant :

     

    Monsieur,

     

    J'ai reçu votre communiqué par l'intermédiaire de l'association "coup de soleil" à propos du discours prononcé par le Président de la République sur les Français d'Algérie. Vous me qualifiez "d'historien de la présidence", terme injurieux et blessant. Je n'ai pas touché un centime pour la rédaction de mon rapport, et je ne dispose d'aucun moyen donné par l'Elysée pour l'écriture de mon travail d'historien (commencé il y a plus de 40 ans). Vous continuez à manifester à mon égard une grande hostilité personnelle, où se mêlent appréciations politiques et insultes, que je ne comprends pas.

     

     

    Bonjour Benjamin Stora,

    Le syntagme « historien de la présidence » n’est aucunement une injure car vous êtes devenu, volens nolens, le bénévole Conseiller histoire d’E. Macron, lequel s’inspire très régulièrement de votre rapport pour orienter sa politique mémorielle concernant la guerre d’Algérie.

    J’ignore quelles sont vos opinions politiques ?

    En réalité, et vous le savez très bien, l’origine de notre conflit réside dans votre écriture partisane sur les 16 derniers mois de la guerre d’Algérie et sur la terreur pratiquée par l’OAS.

    Dès 1992, pendant que je travaillais sur L’assassinat de Château-Royal, la lecture de vos ouvrages avait soulevé ma méfiance devant la frilosité de votre écriture, dès lors qu’il s’agissait des forfaits commis par l’OAS. C’est pourquoi l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons vous avait invité à son colloque le 15 mars 1993, à Evreux, pour vous entendre et vous étiez venu avec votre épouse. Vous avez été adhérent. Vous avez été rendu destinataire de la revue Le Lien, même après le non renouvellement de votre adhésion.

    Le fait que l’OAS soit une organisation française à majorité pied-noir, cette communauté à laquelle vous et moi appartenons, obscurcit votre objectivité d’historien au point de vous faire écrire une contre vérité dans la préconisation n° 2, page 96 de votre rapport :

    Un geste pourrait être l’inclusion dans le décret 2003-925 du 26 septembre 2003 instituant une journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie d’un paragraphe dédié au souvenir et à l’œuvre des femmes et des hommes qui ont vécu dans des territoires autrefois français et qui ont cru devoir les quitter à la suite de leur accession à la souveraineté.

    Mais pas du tout ! Lorsque la Tunisie et le Maroc en 1956, puis sept pays d’Afrique noire en 1960 ont accédé à la souveraineté, les Français sont restés. Si ma famille pied-noire, et avec elle des centaines de milliers de nos compatriotes ont cru devoir fuir l’Algérie, c’est uniquement par peur de représailles à la suite des horreurs commises par l’OAS contre les Algériens.

    Vous, historien universitaire, en arrivez à déconsidérer votre travail commencé il y a 40 ans, pour dissimuler la responsabilité des singes sanglants de l’OAS qui, par calculs imbéciles pour maintenir la colonisation en Algérie, ont finalement provoqué l’exode des Européens qu’ils prétendaient défendre !

    À propos du massacre du 15 mars 1962, au cours duquel mon père et ses 5 collègues des Centres sociaux éducatifs ont été froidement mitraillés par des tueurs de l’OAS, Pierre Vidal-Naquet m’avait écrit une lettre, jointe à tous les exemplaires de L’Assassinat de Château royal :

    « Français, j’estime toujours que les crimes français sont plus anciens, plus nombreux et en dernière analyse, plus graves. Les crimes de l’OAS sont aussi nos crimes. »

    À l’opposé, une sorte de mauvaise conscience parcourt tout votre rapport au Président de la République, elle biaise votre regard professionnel et vous pousse à occulter ou à bémoliser les crimes commis par la France pendant toute la période coloniale, et pas seulement ceux dont l’OAS s’est rendu coupable.

    Dans la mesure où votre rapport ne recommande rien en faveur de la mémoire des 2700 victimes de l’OAS, vous empêchez le Président de la République de leur rendre hommage et de parfaire ainsi sa politique de réconciliation des mémoires blessées de la guerre d’Algérie.

    Il faut vous reprendre Mr Stora, et inciter Bruno Roger-Petit, le conseiller mémoire de l’Elysée, à recommander au Chef de l’État d’honorer sans tarder la mémoire de toutes les victimes de l’OAS en Algérie et en France, ce qui constituerait un grand moment de réconciliation entre les deux rives de la Méditerranée auquel vous aurez ainsi contribué.

    Plusieurs opportunités se présentent :

    -         * le 8 février au métro Charonne,

    -        * le 15 mars au ministère de la Transformation et de la Fonction publiques,

    -         * le 19 mars au cimetière du Père Lachaise ou dans tout autre haut lieu de mémoire.

    Aidez-nous, Benjamin Stora, aidez-nous !

    Jean-Philippe Ould Aoudia

    Président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

     


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  • Découvrez les récits intimes de 25 témoins

     civils ou militaires des deux camps

    Découvrez les récits intimes de 25 témoins, civils ou militaires des deux camps, qui nous livrent leurs visions du conflit et contribuent à expliquer de façon subtile les facettes de cette guerre. Éclairé par ces témoignages et l’utilisation d’images d’archives, ce film documentaire revient sur les événements clés de ce que les uns appellent la « guerre d’Algérie » et les autres, la « guerre de libération. Avec les témoignages de militaires appelés et de carrière, d’insoumis, de harkis, de Français ayant soutenu le FLN, de membres du FLN et de l’ALN, du MNA, de l’OAS, de femmes et d’enfants algériens et de pieds-noirs.


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  • À propos de la transformation de l’Algérie

    par la colonisation

    La réplique cinglante de Ferhat Abbas

    À propos de la transformation de l’Algérie par la colonisation *** La réplique cinglante de Ferhat Abbas

    Ferhat Abbas, premier président du GPRA

    C’est une réponse faite en 1955 à des allégations mensongères proférées, aujourd’hui encore, par les nostalgiques de l’Algérie française.

    Dans la foulée des initiatives mémorielles du président Emmanuel Macron, en rapport avec le passé colonial de la France, des voix acquises aux lobbies de l’Algérie française s’évertuent à trouver quelques bonnes actions de la colonisation en Algérie. L’argument de ces nostalgiques tiendrait dans le fait que la colonisation ait transformé le pays. Zemmour et consorts évoquent les villes, les hôpitaux, les routes pour convaincre leurs interlocuteurs français de métropole. « Les traces de l’action française en Algérie sont encore visibles », disent-ils. Cette même phrase a déjà été prononcée par un journaliste français qui, en 1955, interrogeait Ferhat Abbas, à l’époque encore président de l’UDMA. La réponse de celui qui allait être le premier président du GPRA était cinglante. « L’œuvre française en Algérie a transformé le pays. Mais elle l’a transformé à la manière d’un propriétaire qui s’empare de la maison de son voisin et qui l’aménage pour ses propres enfants et à leur goût ».
    Le propos, très bien imagé, donne le ton du caractère raciste du système colonial. Ferhat Abbas poursuit sa démonstration en affirmant que la France a tout fait pour permettre à ses enfants «de vivre normalement, sans se préoccuper de ce que deviendraient les enfants du voisin ». Le tableau ainsi peint en 1955 résume assez bien « l’œuvre civilisatrice » de la France en Algérie. Tout pour les Français et rien pour les Algériens. Les arguments pour étayer son propos ne manquaient pas au leader politique algérien.

    Pas d’écoles, pas de routes…

    Tout en relevant que « l’élément autochtone a profité des routes. Il a profité de la transformation », Ferhat Abbas détruit cette thèse en relevant que «cette transformation a été faite au profit du colon, et uniquement au profit du colon.» C’est on ne peut plus clair. Et de souligner, comme pour précéder une protestation de son interlocuteur : « Ce qui a été fait pour l’autochtone a été fait à l’usage de la propagande. C’est resté à l’état de l’échantillon ».
    Nous sommes en 1955 et Ferhat Abbas, répondant à la question d’un journaliste, lui a rappelé que «la prospérité du colon a pour origine d’abord notre asservissement. » Quant au budget de l’Algérie, «il est autonome depuis 1900, et indépendant par conséquent, du budget de la France. »
    En évoquant l’aspect financier, le politique aguerri qui connaît parfaitement le fonctionnement de la métropole et de sa colonie, place le débat sur le terrain du concret. Posons-nous donc la question de savoir en quoi est traduit le système colonial sur le terrain ? « Lorsqu’il dépense 1000 francs pour un Français en Algérie, il ne dépense qu’un franc pour un Algérien », répond Ferhat Abbas. « Nous n’avons pas d’écoles. Il y a exactement 2 millions d’enfants algériens d’âge scolaire qui ne peuvent pas être scolarisés, alors qu’il n’y a pas un seul Français en Algérie qui ne soit pas scolarisé », poursuit-il, comme pour dire que les villes, les ponts et les routes ne scolarisent pas. Et évoquant la situation réelle vécue par les Algériens sous la colonisation, il assènera : « Nous n’avons pas d’écoles, pas de routes, pas d’hôpitaux. Les hôpitaux dont fait état la propagande française sont tous dans les grandes villes. C’est-à-dire qu’ils ont été édifiés pour l’usage de l’Européen ».

    Le visage de la colonisation

    C’est une réponse faite en 1955 à des allégations mensongères proférées, aujourd’hui encore, par les nostalgiques de l’Algérie française. Cette même Algérie française a fait bien pire ! « Nous avons été privés de nos meilleures terres. La fonction publique nous a été interdite. Notre commerce et notre agriculture sans soutien et sans crédit. La Justice, l’Armée, l’administration, sont exclusivement entre les mains de la minorité française », explique Ferhat Abbas calmement et sans passion. C’est la stricte vérité et le journaliste qui l’interviewait savait pertinemment tout cela, de même que les nostalgiques d’aujourd’hui.
    Nous sommes en 1955 et le dirigeant indépendantiste algérien affirme que les siens « doivent se contenter d’être des soldats pour défendre la liberté de la France, des contribuables pour alimenter le budget de l’Algérie et de la main-d’œuvre à bon marché pour contribuer à la prospérité de l’élément européen. » C’est la stricte réalité de l’époque qu’aucun historien ni politique ne peut nier.
    Les propos de Ferhat Abbas sont documentés. Il n’y a ni exagération, ni idéologie dans sa déclaration. C’est le véritable visage de la colonisation que décrivait un homme qui a passé une bonne partie de sa vie militante à chercher à convaincre les colons, qu’il était possible de vivre en harmonie sous la bannière de la République française. Il a rejoint le FLN parce qu’il a acquis la conviction que le système colonial est pourri, raciste et inhumain. À propos de transformation dont se prévalent les nostalgiques, « la transformation à laquelle vous faites allusion a été réalisée grâce au travail des Algériens et aux ressources propres à l’Algérie. Il n’y a pas eu de grands investissements de capitaux français en Algérie. » C’est dire donc que le système colonial a pillé, affamé, tué des millions d’Algériens pour faire vivre une poignée de colons. Il n’y a pas eu d’effort métropolitain ou quelques «attentions» qu’on pourrait attribuer aux pieds-noirs. « Ce qui a permis la transformation du pays, c’est ce qu’on a appelé les impôts arabes. Ce sont les ressources du pays et surtout le travail des Algériens. Et ça, on a tendance à l’oublier en France », conclut l’intellectuel algérien.

    SOURCE : L'Expression: Nationale - La réplique cinglante de Ferhat Abbas (lexpressiondz.com)
     

     

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    La rue d'Isly à Alger en 1957

    La France de votre enfance (l’Algérie française) vous l’a décrivez ainsi... sauf que...

    « Faut-il rappeler que sur un territoire sinistré, les pieds-noirs ont ouvert des routes, ont construit des villages puis des villes, ont défriché, ont ouvert les grandes voies de communications et ont contribué à façonner le pays. Puis la conquête de l’Algérie a été celle des instituteurs, des médecins, des ouvriers et des paysans qui ont contribué au développement et à la pacification d’une Algérie exsangue. La France n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait là-bas ! »

    Puis votre nostalgie prend le dessus et vous écrivez :

    « Depuis mon départ, il ne s'est pas passé un seul jour sans que mes pensées volent vers toi. Je revois avec émotion et ravissement tes rues inondées de soleil, tes maisons aux murs blancs, tes plages au sable chaud. J'entends encore le bruit des vagues contre les rochers, les cris des enfants jouant dans la rue et celui des hirondelles volant dans un ciel d'azur.

    Je voudrais pouvoir encore m'enivrer du parfum sublime des fleurs d'orangers, de citronniers, de jasmin, d'acacia, froisser entre mes doigts des feuilles d'eucalyptus, mâcher une caroube, m'asseoir enfin à l'ombre d'un figuier ou d'un néflier. Je voudrais encore pouvoir caresser le sable d'or du Sahara, contempler la beauté majestueuse des dunes du désert et la splendeur des palmeraies.

    Je sens toujours ton soleil éclatant sur ma peau, le goût salé de l'eau de mer sur mes lèvres. Je m'étire, je respire doucement et m'abandonne pour m'imprégner complètement de tes saveurs et de tes richesses.
    Alors je me sens revivre, mon cœur bat plus vite et se remplit d'espérance car tu es ma vie, mon refuge. »

    Mais la France de votre enfance ce n’était pas que cela !!!

    Le maréchal Lyautey proclamait : « Faire des maisons, construire des villes, dessiner des routes, c’est bien, mais il faut aussi élever les âmes de ceux à qui on les destine... Il faut faire de l’urbanisme jusqu’au cœur des hommes... Libérer l’homme de l’inégalité politique, de l’ignorance, du logement insalubre, de la maladie, de l’inégalité sociale et du chômage, telle est la mission que la France entendait remplir en Algérie. »

     

     

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    Après tout ce que nous avons fait

    pour eux ! 

    C’était un argument avancé au moment de la guerre d’Algérie pour condamner ceux qui avaient pris les armes pour leur libération du joug colonial. Et ce alors que la France et les Européens avaient mis le pays en valeur, créant les infrastructures nécessaires à sa modernisation ! Des routes, des voies ferrées, des ponts, des barrages, des écoles, des hôpitaux, des bureaux de Poste… que sais-je encore, avaient été construits par la puissance coloniale !

    L’idée a refait surface des années plus tard et Georges Frèche, a créé à Montpellier un musée de la présence française en Algérie.

    Aujourd’hui Marine Le Pen en remet une couche en vantant les mérites de la colonisation. On est presque en droit de s’interroger : les Maghrébins à qui nous apportions les bienfaits de la civilisation n’étaient-ils pas quelque part un peu masochistes de refuser ce bonheur clé en main ? J’ai extrait d’un livre de dessins de Jean Effel que mon frère m’avait offert il y a une vingtaine d’années celui qui illustre le présent article. On y voit deux colons et un militaire suant sang et eau pour construire une route tandis qu’un indigène regarde leur travail à l’ombre d’un palmier en reniflant le parfum d’une fleur ! Il ne me semble pas nécessaire de développer davantage ! 

    Jacques CROS

     

     

    Deux sociétés juxtaposées.

    Alain Ruscio - Historien

    Le 19 mars 1962, l'Algérie et la France connaissaient leur première journée de paix depuis... 132 ans ! Cette affirmation peut surprendre.

    Et, bien sûr, il n'est pas question d'affirmer ici que l'Algérie a été, en permanence et dans chacun de ses douars, à feu et à sang.
    Il y eut des moments d'affrontement : la phase que bien des historiens appellent la première guerre d'Algérie, entre la conquête de 1830 et la reddition dans l'honneur de l'Emir Abd el Kader (1847), le soulèvement massif de Mokrani en 1871, les affrontements du Constantinois en 1945, enfin la seconde guerre d'Algérie, plus connue, de 1954 à 1962.
    Il faut bien être conscient de la violence de ces guerres.

    Oh, certes, les thuriféraires du colonialisme évoquent, aujourd'hui encore, celle des colonisés. Mais ils oublient deux choses. D'abord que ces actions furent une réponse à la violence fondamentale que représenta la conquête, puis l'établissement de la soi-disant paix française. Ensuite, la supériorité technique des Français fut toujours et partout écrasante, que ce soit grâce aux fusils Chassepot du début de cette histoire ou au napalm durant les années de guerre de 1954 à 1962.

    Mais même hors de ces moments de paroxysme, la paix n'a jamais existé dans les coeurs.

    Il faut dire que le racisme le plus dégradant a trop souvent été la principale idéologie de bien des Français d'Algérie. En témoignent mille faits, mille mots blessants (il n'est pas utile de reproduire ici le vocabulaire raciste, mais chacun l'a, hélas, encore en tête).
    Trop souvent, le seul contact entre les membres des deux communautés furent ceux de supérieur à subordonné, quand ce ne fut pas de maître à domestique.
    Que savaient les Français d'Algérie des indigènes, comme ils disaient? Neuf sur dix ne connaissaient pas la langue arabe, encore moins le kabyle.
    Au travail, si les deux communautés se côtoyaient certains donnaient des ordres, les autres les recevaient, apparemment soumis.
    Que pouvaient bien avoir à se dire, dans les champs, le colon et le fellah? Que pouvaient bien se dire dans les usines, le contremaître (99 fois sur 100, un Européen) et le manœuvre (toujours des indigènes)? Ou, dans les bureaux, le cadre européen et l'employé aux écritures : musulman?
    Dans les quartiers? Dans certains, les enfants pouvaient jouer ensemble, jusqu'à un certain âge.
    L'école, c'était plus rare, puisque tous les enfants européens étaient scolarisés, contre, en moyenne, un enfant musulman sur dix.
    Par la suite, insensiblement, les préjugés l'emportaient.
    Dès l'adolescence et, a fortiori, à l'âge adulte, une cloison étanche séparait les deux communautés (plus d'ailleurs, car à l'intérieur de chacune il y avait des sous divisions : Français de souche, Espagnols, Italiens, Maltais chez les Européens. Arabes, Kabyles, Juifs chez les indigènes.) À la maison, les familles ne se fréquentaient pas : trop de différence de niveau de vie (les plus pauvres des Européens - n'évoquons pas les gros colons - avaient tout de même l'eau, l'électricité, un minimum de confort... ce que ne pouvait espérer l'immense majorité des indigènes.), trop de différences de coutumes, de moeurs, de religions. Il était, par exemple, rarissime qu'un enfant d'une communauté épouse un enfant de l'autre. Quels indigènes pénétraient dans les maisons européennes? Les femmes de ménage (uniformément appelées Fatmas, ce qui était une blessure supplémentaire), parfois des ouvriers d'entretien, plombiers ou peintres. C'était à peu prés tout.
    Quels Européens allaient chez les Musulmans? Pratiquement aucun. Car déjà, pour la plupart ces Musulmans vivaient dans des maisons très pauvres, certains dans de véritables gourbis, selon un mot très usité à l'époque, d'autres même dans les bidonvilles.
    Il aurait fallu ensuite, pour le faire, un sacré sens de l'anticonformisme, il aurait fallu braver les regards et les «ont-dit » des autres Européens.
    Dans la rue? Là encore, les deux communautés se côtoyaient sans se parler. Il y avait un phénomène bien connu, et du reste généralisé à toutes les colonies, des quartiers européens et des quartiers musulmans. Les européens n'allaient pratiquement jamais dans les quartiers musulmans.

    Un Algérois pouvait passer sa vie dans la capitale sans jamais avoir mis les pieds dans la Casbah, par exemple. A contrario, il y avait quelques indigènes pour fréquenter les quartiers européens.

    Quelques promeneurs, quelques Arabes évolués (vilain mot de l'époque coloniale), qui venaient acheter des produits et vêtements modernes. Mais la plupart venaient pour y travailler : les femmes de ménage ou les ouvriers, déjà cités, se rendant à leur travail, quelques employés de cafés et restaurants, les inévitables cireurs de souliers, au labeur dès l'âge de 5 ans. Il pouvait bien y avoir, parfois, des contacts. Beaucoup évoquent les traversées des villes en tramways. La cohabitation s'y faisait cahincaha mais n'empêchait pas les heurts : telle femme voilée adulte, interpellée par un jeune Européen, la sommant de donner sa place assise, tel autre Européen en faisant à voix hautes des remarques désobligeantes sur les odeurs... Le grand écrivain Kateb YACINE raconte une expérience vécue: « Dans un tramway, en 1950, l'Européenne de Bab el Oued, avec son lourd  couffin. A ses mains, à ses rides, la façon dont elle tient son bébé, son effarement encore souriant, on voit que cette jeune femme a eu déjà plusieurs enfants, qu'elle travaille dur, mais n'ignore pas la joie. On lui accorde immédiatement un préjugé de sympathie. Quant à son voisin, c'est l'Arabo-Berbère passé par un heureux hasard sur les bancs d'une école. Gravement moustachu, vêtu d'un bleu de chauffe, il dévore son journal.
    Et tous deux coexistent au soleil des grands jours, un soleil justicier. On dirait d'eux, à première vue, qu'ils sont l'incarnation d'une Algérie paisible et fraternelle, celle de l'avenir. Mais le bébé n'est pas content. Il crie, il se démène, et sa mère le gronde, toujours en souriant :
    - Tais-toi, ou bien l'Arabe va te manger.
    - Non, Madame, les Arabes ne mangent pas de cochon.

    Il a suffi de quelques mots. Le vieux tramway de l'Algérie française roule vers la catastrophe.» Il existe, fort heureusement, des exceptions.
    De tous temps, il y eut, en Algérie, des Européens respectueux, ouverts à la diversité humaine et culturelle. Certains traduisent cela par la littérature (on pense à Isabelle Eberhardt), d'autres par l'oeuvre picturale (les tableaux d'Etienne Dinet), d'autres par leurs activités professionnelles (bien des médecins de campagne, la majorité des instituteurs, véritables héros des temps modernes, mais disposant de si peu de moyens), d'autres enfin par la charité (quelques religieux et religieuses qui n'étaient pas liés au système)...
    Il faut faire ici une place à certains Européens d'Algérie qui choisirent le combat politique. C’étaient les « Internationalistes »
    Leur stratégie n'a pas toujours été en adéquation avec la réalité. Mais il reste qu'ils ont dénoncé les atteintes aux libertés et les violences de l'ère coloniale, qu'ils ont tenté, avec d'autres, de tracer la voie vers la sortie du colonialisme. Surtout, il faut souligner une spécificité : ils ont été les seuls de toute l'histoire coloniale française (et peut-être mondiale) à réunir en leur sein des militants de toutes origines (Européens, Musulmans, Juifs), peu leur importait, ils étaient tous des Internationalistes… mais, hélas, ils n'ont pas été entendus. La société fraternelle qu'ils préconisaient n'a jamais vu le jour.
    A la place s'est imposé une société à deux ou même à trois vitesses.
    Augustin BERQUE, le père du grand orientaliste, disait naguère, que les Indigènes et les Européens, n'étaient pas associés mais «juxtaposés ».

    La France de votre enfance, telle que vous l'a décrivez... Et l'article de l'historien Alain Ruscio : "Deux sociétés justaposées"

     

     

    Alain Ruscio contre les OAStalgiques

    Le chercheur rafraîchit les mémoires sur les ignominies de l’armée secrète

    Il y a le sourire de Robert Ménard, maire de Béziers, quand il débaptise, au milieu du mois de mars 2015, la rue du 19 mars 1962, date des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, pour dévoiler la plaque de la rue Commandant-Denoix-de-Saint-Marc. Et puis il y a ses mots : «Notre paradis à nous, comme disait et dit toujours ma mère.»

    Passons sur l’ancien commandant du 1er Régiment étranger de parachutistes, admirable pendant la Seconde Guerre mondiale, respectable en Indochine et misérable en Algérie quand il participe à la bataille d’Alger et au putsch des généraux en retraite, qui n’étaient pas 25, un quarteron, mais quatre : Salan, Jouhaud, Challe et Zeller.

    Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS devrait rafraîchir les mémoires. «Notre paradis… ma mère», toute la guerre tient en quatre mots pour les nostalgiques. Après, il y a les chiffres et l’histoire d’un mouvement qui passera alternativement de l’horreur absolue à la bêtise, du ridicule à l’ignominie. Alain Ruscio dresse un bilan de ceux qui rêvaient de se mettre dans les pas de Franco marchant sur Madrid, pour conquérir Paris. Les chiffres : 15355 attentats, faisant 1622 morts (239 Européens, 1383 musulmans), entre mars 1961 et avril 1962, au nom du paradis que représentait l’Algérie pour quelques militaires en rupture de ban et des «braves gens» pour reprendre une expression du Canard enchaîné pour désigner des hommes de main.

    «Le 15 mars 1961, un commando armé envoyé par Roger Degueldre, dirigé par deux chefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade, et comprenant Félicien "Kiki" Gardiola, "Petit Vincent", "Pierrot la Grue", "Jeannot" Martinez, fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould-Aoudia.» Voilà l’affaire dite du Château-Royal, au cours de laquelle ces «braves gens» règlent leur compte aux dirigeants des centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillion. Des méthodes si proches de l’attentat contre Charlie Hebdo. Pourquoi ? Ils répondaient à la violence du FLN et des «barbouzes» gaullistes. Sans doute, mais le niveau de haine - réciproque - touche à l’indicible. Le 19 février 1962, Francine Dessaigne, partisane de l’Algérie française, rend compte d’une opération : «Hier à midi, un commando OAS a tiré sur une voiture qui sortait de l’hôpital Maillot. Il y avait quatre barbouzes. La voiture a pris feu […]. Un cercle s’est formé. On a regardé se consumer le véhicule et ses occupants dont certains n’étaient que blessés […]. Qui n’a jamais dans sa vie tué des rats ou brûlé des scorpions.»

    L’imbécillité avait sa place aussi, comme le rappelle Alain Ruscio : «En février 1962, le siège des Editions sociales françaises, maison totalement apolitique spécialisée dans les publications de droit du travail, fut plastiqué à la place des Editions sociales, émanation du PCF… En mars, l’appartement d’un certain M. Léon, journaliste à la retraite, fut à son tour détruit, le commando l’ayant confondu avec Georges Léon, critique musical à l’Humanité…» A force de se tromper de cible et de méthodes, les plastiqueurs de l’OAS vont perdre tout soutien populaire, comme en témoignent les résultats aux référendums de janvier 1961 (74,9% des suffrages approuvent l’autodétermination) et d’avril 62 (90,8% en faveur de la ratification des accords d’Evian). Bilan de l’OAS, qui voulait rendre coup pour coup au FLN, mettant un terme à tout espoir de cohabitation entre les «indigènes» et les «Européens» : la guerre totale promise par des officiers qui avaient choisi de désobéir se transformait en une défaite totale.

    En voulant aller contre l’histoire - le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé par le général de Gaulle -, les amis de Jean-Marie Le Pen, que l’on croise une douzaine de fois dans le livre d’Alain Ruscio, opposaient la force de quelques-uns à la volonté populaire. Ils auraient dû lire Alexis de Tocqueville qui écrivait en 1830 : «La société musulmane et la société chrétienne n’ont malheureusement aucun lien, elles forment deux corps juxtaposés, mais complètement séparés […]. Tous les jours cet état de choses tend à s’accroître par des causes contre lesquelles on ne peut rien.» Dire notre «notre paradis à nous», c’est encore naviguer entre le ridicule et l’ignoble pour faire plaisir à sa maman, sans rien avoir appris de l’histoire.

    Philippe DOUROUX

     

      

    Alain Ruscio écrit après avoir pris connaissance de cet article :

    Merci de l’honneur que vous me faites en citant mes travaux.
    Le combat mémoriel n’est jamais achevé ! Mais nous ne lâcherons rien.

    Amicalement

    Alain

     

     

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  • Notre association était de la liste des associations de «rapatriés» invitées à la rencontre avec le président Macron de mercredi dernier 26 janvier à l’Elysée.

    Notre association était de la liste des associations de « rapatriés » invitées à la rencontre avec le président Macron de mercredi dernier 26 janvier à l’Elysée.

     

    Notre délégation était composée de Michèle Haensel, Marcel Borg, Gérard Chambon, Jacki Malléa et Jacques Pradel (Julie Laures, Elisa Pradel et Bernard Zimmermann n’ont pas pu nous rejoindre). Il n’y a pas eu d’intervention des représentants d’associations, aussi celle que nous avions prévue n’a pas été faite devant l’assemblée. Après son discours, Macron a rejoint la foule pour des discussions individuelles ; il a fallu se frayer un chemin…

    Dans son discours le président n’a abordé aucune question de fond sur l’histoire de la France en Algérie :

    - Rien sur la nature de la colonisation, sinon que les Européens d’Algérie étaient une mosaïque venue des quatre coins de l’Europe, et "où il n’y avait pas que des méchants"

    - rien sur la guerre, sinon la fusillade et les morts de la rue d’Isly le 26 mars 62, ce qu’il fallait reconnaître comme un assassinat de Français par l’armée française (en mentionnant cependant que la manifestation avait été appelée par l’OAS, et en annonçant l’ouverture de toutes les archives la concernant), et le massacre du 5 juillet 62 à Oran.

    Bref un discours dit « d’apaisement » pour caresser les pieds-noirs dans le sens du poil, autour de ces deux moments de la guerre et pour flatter leur réussite en France (‘la France vous a aidé et vous avez aidé la France’ …) ; un discours de racolage électoral !

    Jacques et Marcel ont pu, l’un et l’autre, jouer des coudes pour accéder à Jupiter, et insister sur les points suivants :

    - 1. On ne peut pas traiter de la guerre (y inclus les événements tragiques de la rue d’Isly et d’Oran) sans parler de ce que fut la colonisation (oui dit le Président, comme s’il ne venait pas de le faire ... ; mais à un nostalgérique: je ne retire rien de mes déclarations de 2017 sur la barbarie de la conquête et de la colonisation).

    - 2. Des millions et des millions de jeunes français étant concernés, et frustrés, il faut inclure dans les programmes scolaires l’étude de la colonisation de de la guerre d’Algérie (c’est prévu répond le Président).

    - 3. Il faut donner suite aux autres préconisations du rapport Stora (c’est prévu répond le Président).

    - 4. Dans le même esprit, le travail sur la transmission mémorielle entrepris avec le groupe de descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie doit se poursuivre (oui répond le Président). Bien malin qui pourra le mesurer …

     

    Notre association était de la liste des associations de « rapatriés » invitées à la rencontre avec le président Macron de mercredi dernier 26 janvier à l’Elysée.

    Intervention prévue de l’ANPNPA

     

    Notre mémoire n’est pas figée et doit au contraire se caler sur les travaux des historiens, se nourrir du progrès des connaissances de ce que fut la colonisation et la guerre d’Algérie. Quoi que nous ayons pu penser en 62, aujourd’hui nous disons, nous aussi, que la colonisation, quelque que soit le pays, est une barbarie, l'asservissement d’un peuple par un pays étranger ; et il en a été de l'Algérie comme des autres pays colonisés.

    Monsieur le Président, il est aujourd’hui temps de reconnaître les crimes commis là-bas pendant 132ans. Reconnaître, ce n’est ni demander pardon ni faire repentance, c’est dire et faire savoir la réalité du fait colonial. Grâce aux travaux des historiens nous pouvons aujourd’hui regarder notre propre histoire en face et en conscience. Rappelons combien le rapport Stora a marqué les esprits, par son contenu, ses analyses et les préconisations qu’il vous a adressées (quelques-unes ont été suivies, pas beaucoup, pas assez)… Je voudrais insister sur deux points importants :

    - D’une part que le travail d’histoire se poursuive et s’approfondisse, et pour cela que les archives de la colonisation et la guerre soient réellement ouvertes.

    - D’autre part, que ces travaux puissent diffuser plus efficacement dans la sphère sociale, au sens large, tant à l’école que dans les media7 ; avec une mention spéciale pour le milieu scolaire, afin que les programmes de l’Education Nationale s’ouvrent largement à l’enseignement de l’histoire de la France en Algérie, de la colonisation et de la guerre d’indépendance.

    Pour terminer, si nous pieds-noirs sommes aujourd’hui fondus dans la population française, nous sommes des enfants d’Algérie7 ; ce qui s’y passe nous concerne, et nous concerne plus encore le rapprochement de nos deux pays, la France et l’Algérie, l’amitié des peuples des deux rives7 ; et ici, de s’inscrire dans les luttes contre le racisme subit par d’autres, qui ne sont pas pieds-noirs, mais qui comme nous sont aussi enfants et petits-enfants d’Algérie.

    Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis 

    https://histoirecoloniale.net/retour-sur-la-fusillade-de... 

     

    Notre association était de la liste des associations de « rapatriés » invitées à la rencontre avec le président Macron de mercredi dernier 26 janvier à l’Elysée.

    HISTOIRECOLONIALE.NET 

    Retour sur la fusillade de la rue d'Isly : le drame. Par Yves Courrière - Histoire coloniale et postcoloniale

     


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  • Mémoire de la guerre d’Algérie

    Le traitement des victimes de l’OAS

    Mémoire de la guerre d’Algérie *** Le traitement des victimes de l’OAS ***  Communiqué ***

    communiqué

     

    Madame, Monsieur,
     

    En ce début d’année du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, un fait domine : les victimes que l’OAS a causées, notamment en France, bénéficient de l'intérêt de la presse.

    La presse algérienne, s’entend : exclusivement algérienne !
    Cf. pièce jointe.

    Face au silence assourdissant des historiens français au cours de ces douze derniers mois, les victimes de l’OAS devront-elles s’en remettre à leurs homologues algériens pour que soit réaffirmée la vérité des souffrances endurées de part et d’autre de la Méditerranée du fait de ce belligérant ?

    Quoiqu’il en soit, puisse la conversation téléphonique de ce samedi 29 janvier entre les Présidents algérien et français avoir permis d’aborder la question de la reconnaissance de cette catégorie occultée de victimes : non seulement elles ne font pas controverse, mais leur mise en avant, sans distinction de leur origine - européenne ou non -, sera de nature à consolider le réchauffement en cours des relations entre les deux États.

    Jean-François Gavoury
    Président de l’ANPROMEVO

    Mémoire de la guerre d’Algérie *** Le traitement des victimes de l’OAS ***  Communiqué ***

    Entretien entre les présidents

     français et algérien

    Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune samedi, notamment à propos de « l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie », a indiqué l’Elysée.

    Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune samedi, notamment à propos de « l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie », a indiqué l’Elysée.

    Emmanuel Macron « est revenu sur ses dernières initiatives en France pour l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Il a dit se tenir disponible pour travailler sur ce sujet avec son homologue algérien, en particulier en ce qui concerne les recherches sur les disparus et l’entretien des cimetières européens en Algérie », selon un communiqué.

    Paris s’emploie depuis plusieurs semaines à renouer la relation avec Alger, après une nouvelle crise alimentée par des propos rapportés d’Emmanuel Macron en octobre, reprochant au système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962).

    Mercredi, le chef de l’Etat français a en outre exprimé la « reconnaissance » de la France envers les rapatriés d’Algérie et leur a adressé un geste fort en reconnaissant deux « massacres » qui se sont produits après la signature des Accords d’Evian, suivis par un cessez-le-feu le 19 mars 1962.

    Il a ainsi qualifié d’« impardonnable pour la République » la fusillade de la rue d’Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée française le 26 mars de cette année-là.

    Cette série d’actes mémoriels se poursuivra par la commémoration des Accords d’Evian le 19 mars, soit 20 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle en France. L’Elysée a indiqué préparer avec attention cet anniversaire pour qu’il « ne soit pas pris en otage » par la politique.

    L’échange téléphonique avec Abdelmadjid Tebboune a aussi « porté sur la préparation du sommet Union européenne - Union africaine qui aura lieu à Bruxelles les 17 et 18 février prochain, dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne », selon le communiqué.

    « Les deux présidents ont de même abordé les enjeux régionaux de stabilité, en particulier la lutte contre le terrorisme au Sahel », ajoute l’Elysée.

    Agence France-Presse 

    SOURCE : https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290122/entretien-entre-les-presidents-francais-et-algerien 

     


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    Jean-François GAVOURY écrit :

    Les victimes de l'OAS sont soutenues dans la presse... algérienne !

    Exclusivement algérienne.

    En ce début d’année du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, il est réconfortant de constater que les victimes que l’OAS a faites notamment en France bénéficient de l'intérêt de la presse... de la presse algérienne, exclusivement algérienne !

    De la même façon, face au silence assourdissant de leurs homologues français au cours de ces douze derniers mois, il apparaît aujourd’hui vraisemblable que les victimes de l’OAS devront s’en remettre aux historiens algériens pour que la vérité soit dite sur la réalité des souffrances endurées de part et d’autre de la Méditerranée du fait de ce belligérant.

    Amitiés,

    J-F.

     

     


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  • Lettre ouverte

    d’Henri POUILLOT

    au président MACRON

    Lettre ouverte d’Henry POUILLOT au président MACRON

    Lettre ouverte d’Henry POUILLOT au président MACRON

    Lettre ouverte d’Henry POUILLOT au président MACRON


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    N'oublions jamais Charonne


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  • Pierre Daum interviewé par France 24

    Pierre Daum interviewé par France 24 ***

    Ce 26 janvier, Emmanuel Macron a organisé à l’Élysée une cérémonie en hommage aux rapatriés français d'Algérie. Il a notamment insisté sur la fusillade de la rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962, au cours de laquelle l'armée française a ouvert le feu sur des manifestants pro-OAS, faisant une soixantaine de morts.

    Hier soir, la chaîne France 24 m'a demandé de réagir à chaud au discours du président.

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir

     et écouter Pierre Daum 

    https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20220127-geste-m%C3%A9moriel-envers-les-pieds-noirs-il-faut-revenir-%C3%A0-l-origine-de-ces-souffrances

     

    Le point de vue de Jean-Charles Jauffret 

    sur l’allocution de Macron concernant

     les rapatriés 

    Pierre Daum interviewé par France 24 ***

    Jean-Charles Jauffret, professeur émérite d’Histoire contemporaine à Sciences Po Aix, spécialiste de la guerre d’Algérie. (Photo D. R.) DR / Nice Matin

    Auteur du livre La guerre d’Algérie : « Les combattants français et leur mémoire », paru aux éditions Odile Jacob, Jean-Charles Jauffret est un spécialiste de la guerre d’Algérie. Il décrypte la réception ce mercredi à l’Élysée des rapatriés d’Algérie.

    Cette démarche d’Emmanuel Macron est-elle une bonne chose ?

    Le temps a passé. Les rapatriés d’Algérie ont aujourd’hui pour la plupart 80 ou 90 ans. Vouloir apaiser les mémoires, dans la logique du rapport de Benjamin Stora remis il y a un an, va dans le bon sens. Même si l’on peut regretter les maladresses du départ du Président de la République qualifiant la colonisation de "crime contre l’Humanité". Ses paroles ont été très mal vécues par les Français d’Algérie.

    On vous sent malgré tout dubitatif ?

    Il va falloir être très attentif aux mots employés par le Président de la République. Reconnaître la responsabilité de l’État dans la répression sanglante par la police de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 est une chose. La reconnaître à nouveau pour la fusillade de la rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, où des forces françaises ont tiré sur d’autres Français, en est une autre. Ce serait la reconnaissance juridique de la guerre civile.

    Y a-t-il des arrière-pensées électorales derrière cette invitation des rapatriés à l’Élysée ?

    À même pas trois mois de l’élection présidentielle, c’est gros comme une maison. Les fils, petits-fils et même arrières petits-fils de rapatriés d’Algérie, qui entretiennent souvent une mémoire de regrets, voire de haine (comme c’est le cas d’ailleurs chez les Harkis ou les anciens du FLN), représentent plus de deux millions d’électeurs ! En invitant les représentants de cette communauté, Emmanuel Macron veut clairement ratisser les platebandes de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour. Voire de Valérie Pécresse.

    Pourquoi, soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, est-ce si difficile pour les rapatriés et leurs descendants d’être apaisés ?

    Parce qu’on les a arrachés à leur terre natale ! Il ne faut pas oublier que la grande majorité des Français nés en Algérie, et qui s’appelaient d’ailleurs eux-mêmes "Algériens", n’avaient jamais passé de vacances en métropole avant d’y être rapatriés. Et puis il faut voir la façon épouvantable avec laquelle on les a accueillis en France. Alors maire de Marseille, Gaston Defferre a eu des paroles désobligeantes à leur égard. Ils ont par ailleurs très mal vécu le fait de ne pas pouvoir bénéficier de la double nationalité, contrairement aux Algériens vivant en France. Il faut reconnaître que la Ve République ne s’est pas très bien comportée avec eux.

    Croyez-vous la paix mémorielle atteignable ?

    On y arrivera peut-être à condition de laisser les historiens faire leur travail. Cela passe par un plus grand accès aux archives, des deux côtés de la Méditerranée. Cela passe aussi par la lecture de leurs travaux. Or bien souvent les historiens ont en face d’eux des porteurs de mémoires qui ressortent toujours les mêmes stéréotypes, entretiennent la même façon de cultiver la haine.

    Un mot sur la loi d’indemnisation des Harkis débattue au Sénat dans la nuit de mardi à mercredi ?

    C’est une bonne chose que de reconnaître la souffrance des Harkis. On verra si le texte est voté en l’état par l’assemblée nationale en deuxième lecture. Si tel est le cas, les Français d’Algérie pourraient s’en servir de modèle pour demander à leur tour réparation…

    SOURCE : "La Ve République ne s’est pas très bien comportée avec les rapatriés d’Algérie", résume Jean-Charles Jauffret - Var-Matin (varmatin.com)

    Absolument incroyable Élisabeth Lévy

     la “polémiste néo-réac” vient soutenir

     les militaires de la guerre d’Algérie

    Pierre Daum interviewé par France 24 ***

    Issue d’une famille juive pratiquante, Élisabeth Lévy est née en 1967 à Marseille. En 2000, elle acquiert une petite notoriété grâce à son article « Kosovo, l’insoutenable légèreté de l’information », dénonçant le parti-pris des médias français contre les Serbes. Aujourd’hui chroniqueuse multi-cartes et fondatrice du site Causeur.fr et de la web télé Réac’n Roll, Élisabeth Levy fait partie avec Éric ZemmourIvan RioufolRobert Ménard et Philippe Cohen, des journalistes « néo-réacs », dénoncés comme « agents de décontamination de la pensée du FN » (Le Nouvel Observateur – 10 mars 2011).

    Mme Lévy le combat de l'extrême-droite, votre combat, celui des nostalgériques extrémistes de l'Algérie française et des nostalgiques de l'OAS est l'exact contraire du combat des appelés et rappelés de la sale guerre d'Algérie, nous refusons votre soutien, car en Algérie la très grande majorité des militaires du contingent y sont allés contre leur volonté.

    Michel Dandelot

     

     

    Guerre d'Algérie : "Dans ces consolations mémorielles, nos militaires sont toujours les oubliés"

     

    Pierre Daum interviewé par France 24 ***

    Pierre BONNIN - AFP/Archives

    Élisabeth Lévy regrette que nos militaires français soient les grands oubliés des différents discours d'Emmanuel Macron sur l'Algérie. Après le discours d’Emmanuel Macron sur le massacre de la rue d’Isly, Élisabeth Lévy revient sur la mémoire de la guerre d’Algérie.

    "Si on additionne tous les discours d’Emmanuel Macron sur la guerre d’Algérie, presque tous les protagonistes ont eu droit à leur quart d’heure de repentance, voire aux excuses officielles de la France".

    • Les Algériens avec la funeste déclaration du candidat sur "la colonisation de l’Algérie crime contre l’humanité".
    • Les harkis : discours du 20 septembre 2021
    • Le FLN : discours du 16 octobre 2021 sur le massacre du 17 octobre 1961 
    • Les pieds-noirs avec le massacre de la rue d’Isly et celui d’Oran. 
    • La gauche anticoloniale avec la reconnaissance, en 2018, des responsabilités de l’armée française dans l’assassinat du mathématicien communiste Maurice Audin. La Panthéonisation de Gisèle Halimi est toujours à l’étude

    "Bien sûr, on pourrait encore dénoncer ce "en même temps" qui câline tous azimuts. Admettons qu’aujourd’hui il ne s’agit plus de choisir son camp mais d’assumer notre histoire". 

    Que reprochez-vous au Président, alors ?  

    "Ce qui me choque et m‘attriste c’est que, dans cette distribution de consolation mémorielle, il y a de grands oubliés : les militaires. Nos ministres rendent hommage aux moudjahids, les "martyrs" du FLN, mais jamais à nos soldats. Certes, l’armée française a commis des crimes. Mais les fellaghas aussi".  

    "Une partie des militaires d’active ralliés à l’OAS a soutenu le putsch des généraux, d’où la dissolution de plusieurs régiments. Ces régiments, stationnés de longue date en Algérie, ont assuré la sécurité des Européens participé à la modernisation du pays, à l’alphabétisation de la population". 

    "Surtout, à partir de l’été 1955, la guerre est menée par des appelés du contingent. Il est presque impossible alors d’échapper à la conscription, passée à 1 an et demi. En tout, 1,5 million de jeunes sont appelés et 400 000 militaires d'active. 25 600 soldats français seront tués, 65 000 seront blessés et beaucoup traumatisés à vie".

    "On s’est empressés d’oublier leurs sacrifices et personne ne pleure ces vies gâchées, ces familles brisées. Il est facile de proclamer aujourd’hui que cette guerre était absurde. Alors oui, il faut réparer cette injustice et saluer leur sacrifice. Absurde ou pas, ils sont morts pour la France. Ils ont droit à notre reconnaissance et à celle du Président de la République".

     

    SOURCE : Guerre d'Algérie : "Nos militaires français sont toujours les oubliés" (sudradio.fr)

     

     


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  • MISE AU POINT

     

    MISE AU POINT *** ASSOCIATION LES AMIS DE MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN ET DE LEURS COMPAGNONS

     Chères amies, chers amis,

    Mercredi 26 janvier 2022, le Président de la République a prononcé un discours aux mots officiels et pesés, dans le cadre d’une réunion avec des associations de rapatriés d’Algérie. À cette occasion il a rendu hommage aux victimes de la manifestation du 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger. Apparemment, il aurait partiellement cédé aux menaces contenues dans la lettre ouverte que lui a adressée la présidente du Cercle algérianiste huit jours auparavant, le 18 janvier, posant des conditions à sa présence à l’Élysée.

    La manifestation du 26 mars 1962, à caractère insurrectionnel marqué, n’a pas été seulement attisée par l’OAS, comme l’a déclaré Emmanuel Macron sur les conseils de l’Historien de la Présidence. Elle a été au contraire conçue de manière réfléchie et cynique par les dirigeants de l’OAS à Alger, ainsi que le démontre de manière irréfutable, documents à l’appui, l’étude réalisée par l’historien Alain Ruscio. Étude qui reste la référence sur ce point d’histoire (cf pièce jointe et revue Le Lien, n° 62, avril 2013.https://max-marchand-mouloud-feraoun.fr).
    Sept jeunes appelés du contingent ont été mitraillés à bout portant par les commandos de Bab el oued le 21 mars 1962. De ce massacre devait découler une série d’événements tragiques.

    Dans la mesure où le 26 janvier 2022 un hommage a été rendu deux mois avant la date anniversaire de la manifestation pro OAS du 26 mars 1962 à Alger, rien ne s’oppose à ce que la Présidence de la République rende aujourd’hui hommage aux six dirigeants des Centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger. Ou bien aux victimes du 8 février 1962 à Charonne et, à travers elles, à toutes les victimes de cette organisation terroriste et raciste : civiles, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République.

    Emmanuel Macron a aussi critiqué des soldats français, déployés à contre-emploi, mal commandés, moralement atteints qui ont tiré sur des Français.

    C’est oublier que les responsables du maintien de l’ordre à Alger en 1962 ne pouvaient plus compter sur les unités parachutistes. Certaines d’entre elles avaient déjà refusé de rétablir l’ordre le 24 janvier 1960 lors de l’affaire des Barricades. D’autres avaient participé au putsch visant à renverser la République fin avril 1961. De nombreux éléments de ces régiments de choc avaient rejoints l’OAS. Les autorités d’Alger ne pouvaient pas compter non plus sur la Gendarmerie mobile qui venait de perdre une vingtaine d’hommes abattus pas l’OAS.

    Pour défendre la République en Algérie, le commandement ne pouvait compter que sur le loyalisme du 4e régiment de tirailleurs, composé à majorité de musulmans. Emmanuel Macron aurait été bien inspiré de ne pas acccabler ces Français d’origine indigène qui ont formé l’ultime rempart de la République le 26 mars 1962, face à l’insurrection fomentée par l’OAS.

     

                                                                                Jean-Philippe Ould Aoudia

    Président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

     

     

     

    MISE AU POINT *** ASSOCIATION LES AMIS DE MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN ET DE LEURS COMPAGNONS

    De gauche à droite - Gilbert Meynier, Alain Ruscio, Jean-Philippe Ould Aoudia, Yann Scioldo-Zürcher, © Michel Tréboz 

    À propos de la fusillade de la rue d’Isly, Alger 26 mars 1962

     

    La guerre d’Algérie a hélas été ponctuée par des drames en cascade. Parmi ceux-ci, l’épisode de la fusillade de la rue d’Isly, en plein cœur d’Alger, possède une triste spécificité : le 26 mars 1962, des Français tombèrent sous les balles de soldats français.

    Cet épisode doit être, comme tout phénomène historique, replacé dans son contexte.

    L’escalade de la tension [1]

    Depuis début 1962, les entretiens d’Évian sont entrés dans une phase active, et chacun sait que la signature d’un accord France-GPRA est imminente. L’activité de l’OAS redouble. En métropole, l’attentat du 7 février 1962, au cours duquel la petite Delphine Renard est gravement blessée, en est un signe.

    Mais l’escalade en Algérie est infiniment plus sanglante. Ce même 7 février, le général Salan, pour la première fois, autorise ses commandos à ouvrir le feu sur des soldats français, en cas de nécessité. Décision aggravée par une directive, dite OAS/29, en date du 23 février [2], commençant par cette phrase : « L'irréversible est sur le point d'être commis. » L’irréversible ? En fait, l’achèvement du processus de négociations mettant fin à la guerre. Fidèle à cette logique, Salan considérait donc qu’il fallait de toute urgence provoquer les événements par l’adoption d’une stratégie d’ « offensive généralisée » contre « l’Adversaire », nommément désigné : d’abord « les unités de gendarmerie mobile et CRS », considérées comme totalement fidèles au système, secondement « les unités de l’armée », peut-être « moins satisfaites de leur mission ». Salan, logique avec lui-même, donnait alors comme consigne à ses activistes : « Ouverture systématique du feu sur les unités de gendarmerie mobile et les CRS. Emploi généralisé de “bouteilles explosives” pendant les déplacements de jour et de nuit. » On est en présence d’un vocabulaire de guerre civile, on a affaire à un appel ouvert au meurtre contre les forces de l’ordre, légalement mandatées. « Quels sont nos atouts ? » poursuivait Salan. Et il citait en premier lieu « la population » (sous-entendu : européenne), qualifiée d’ « outil valable […] considérée en tant qu’armée dans un premier temps et en tant que masse et marée humaine dans un temps final. »

    Ces phrases sont terribles. Elles condamnent Salan devant l’Histoire plus, à mon avis, que la tentative de putsch d’avril 1961. Car l’ex-général connaissait parfaitement la situation réelle du pays, il ne pouvait pas ne pas savoir, alors, que toute tentative de résister à l’indépendance de l’Algérie était désormais vouée à l’échec. Et il instrumentalise (« outil valable ») la population civile.

    Suivait enfin cette consigne, qui sonne douloureusement quand on connaît la suite rue d’Isly : « Sur ordre des commandements régionaux, la foule sera poussée dans les rues à partir du moment où la situation aura évolué dans un sens suffisamment favorable. » À l’appel au crime contre ses adversaires, Salan ajoutait l’irresponsabilité envers ceux qu’il disait vouloir protéger : il ne pouvait ignorer que, dans son entourage, il y avait des hommes prêts à tout, de véritables fanatiques. Les mémoires de Jean Ferrandi, 600 jours avec Salan [3], prouvent amplement que la direction de l’OAS était consciente qu’elle ne contrôlait pas tous ses éléments, loin s’en fallait. Donner la possibilité à ces hommes de « pousser la foule dans les rues », était vouer à la mort certaine des civils.

    Cette directive est donc du 23 février. Elle est suivie immédiatement d’effet : le 25 février, à Maison-Carrée, près d’Alger, une gendarmerie est attaquée au bazooka ; il n’y a pas (encore) de victimes.

    On imagine que l’annonce de la signature de l’accord augmente la tension et précipite la fuite en avant des éléments les plus déterminés de l’OAS.

    Dès le 19 mars, Salan réaffirme ses consignes à Radio France, la voix de l’Algérie française, captée par toute la communauté pied-noire : « Je donne l’ordre à nos combattants de harceler toutes les positions ennemies dans les grandes villes d’Algérie. [4]» Notons au passage que c’est à ce moment, le 20 mars précisément, selon le témoignage irréfutable de Jean Ferrandi [5], que Salan envisage un repli vers l’étranger (l’Italie ?) pour y poursuivre la lutte.

    Un nom va alors, durant ces terribles journées, symboliser le refus acharné du fait accompli : Bab-el-Oued.

    Qu’est-ce, alors que Bab-el-Oued ? Un quartier de 50 à 70 000 habitants, pour l’essentiel des Européens de condition modeste ou moyenne. Là sont nées quelques-unes des plus succulentes anecdotes colportées par la gouaille de quelques écrivains algérianistes. Mais Bab-el-Oued est devenu, avec le développement du conflit, un réduit des irréductibles de l’Algérie française, de cette catégorie de pieds-noirs qui n’avaient, eux, ni les moyens de se replier en métropole, ni les réseaux de connaissances qui leur auraient permis de le faire facilement. Il y a là une injustice supplémentaire, dans cette guerre qui en compta tant, une injustice de classe : ce furent les petits blancs qui, côté européen, payèrent le prix le plus élevé. Sans le plus souvent, hélas, s’interroger sur ceux qui avaient réellement créé cette situation et qui, eux, s’en sortirent.

    Le 20 mars, une proclamation, signée par Jacques Achard, alias Alpha, prétend interdire le quartier à l’armée et aux forces de l’ordre :

    CRS, gendarmes mobiles, soldats du quadrillage, vous avez jusqu’au jeudi 22 mars, à 0 heure, pour ne plus vous occuper des quartiers délimités par la caserne Pélissier, la caserne d’Orléans, Saint-Eugène, Climat de France [6]. Passé ce délai, vous serez considérés comme des troupes servant un pays étranger… Le cessez-le-feu de M. de Gaulle n’est pas celui de l’OAS. Pour nous, le combat commence. [7]

    Il faut savoir que les portraits que nous possédons d’Achard ne sont guère à son avantage. Il n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire, le plus serein, le plus maître de ses nerfs des cadres de l’OAS.

    Le 21 mars a lieu un acte irréparable : une attaque, cette fois-ci contre des blindés postés près du tunnel des Facultés, en centre-ville, laisse 18 gendarmes morts.

    Le 23, un autre commando tire, avenue de Bouzaréa, sur un camion de soldats du contingent : cinq appelés sont tués. Une dizaine d’autres membres des forces de l’ordre tombent lors d’affrontements isolés. Le bilan de ce 23 mars est de 15 morts et 77 blessés parmi ces forces de l’ordre [8], probablement du même ordre de grandeur parmi les assaillants [9].

    Le 25, la caserne de gendarmerie de Millepère est l’objet d’une attaque en règle : 8 obus de mortier. Il y a des blessés [10].

    Lors du procès Salan, le général de gendarmerie Chérasse livrera au tribunal des chiffres impressionnants des victimes de son corps : pour la période d’après Évian (entre le 19 mars et la mi-mai), 15 morts et 65 blessés par attentats et 162 victimes (morts et blessés confondus pour cette seconde catégorie) lors d’attaques de colonnes de gendarmes [11].

    On imagine l’état d’esprit des gendarmes et soldats visés.

    Les autorités décident alors le bouclage total de Bab-el-Oued. Le quartier est alors littéralement encerclé, les téléphones sont coupés. Des blindés cernent le quartier. Des tireurs isolés de l’OAS sont attaqués par des hélicoptères et même des avions. Mais, à la lisière du quartier, tout est relativement calme. Des pieds-noirs s’approchent des soldats, dialoguent. Volonté sincère de fraterniser ou technique mise au point par l’OAS ? Toujours est-il que les autorités instaurent alors une zone interdite.

    Le même jour, l’OAS décide de changer de tactique et d’organiser une manifestation du reste de la population algéroise, pour marcher sur Bab-el-Oued et rompre l’encerclement. C’est le colonel Vaudrey, qui commande l’OAS pour la zone dite Alger-Sahel, qui prend cette décision :

    Halte à l’étranglement de Bab-El-Oued.
    Une opération monstrueuse, sans précédent dans l’histoire, est engagée depuis trois jours contre nos concitoyens de Bab-El-Oued. On affame cinquante mille femmes, enfants, vieillards, encerclés dans un immense ghetto, pour obtenir d’eux par la famine, par l’épidémie, par « tous les moyens » ce que le pouvoir n’a jamais pu obtenir autrement : l’approbation de la politique de trahison qui livre notre pays aux égorgeurs du FLN qui ont tué vingt mille Français en sept ans. La population du Grand Alger ne peut rester indifférente et laisser se perpétrer ce génocide. Déjà, un grand élan de solidarité s’est manifesté spontanément par des collectes de vivres frais.  Il faut aller plus loin : en une manifestation de masse pacifique et unanime, tous les habitants de Maison-Carrée, de Hussein-Dey et d’El-Biar rejoindront ce lundi, à partir de 15 heures, ceux du centre pour gagner ensemble et en cortège, drapeaux en tête, sans aucune arme, sans cri, par les grandes artères, le périmètre du bouclage de Bab-El-Oued. Non les Algérois ne laisseront pas mourir de faim les enfants de Bab-El-Oued. Ils s’opposeront jusqu’au bout à l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste. Il va de soi que la grève sera générale à partir de 14 heures. Faites pavoiser. [12]

    Cet appel est rapidement porté à la connaissance de toute la population européenne, ce qui était courant à l’époque.

    Quoi de plus naturel, après tout, que de briser le blocus militaire d’un quartier habité par des civils ? Sauf que cedit quartier était truffé d’hommes en armes, que des dépôts d’armes et de munitions y étaient de notoriété publique entreposés, sauf que l’OAS avait déclaré être en guerre et que bien des militaires français, excédés, n’étaient pas loin de penser la même chose sans pouvoir le dire. Ceux qui, connaissant cette tension, prirent la décision de lancer une population civile dans une telle expédition, ont fait une sorte de pari : soit la troupe était contrainte de renoncer, et donc laissait passer la foule, et c’était une victoire politique, soit elle la contenait, nécessairement par la violence, compte tenu des états d’esprit surchauffés, et c’était un drame, profitant de fait, également, à l’OAS.

    Cette dernière jouait donc dans tous les cas gagnant aux yeux d’une partie de la population pied-noire la plus désespérée, mais aussi le plus radicalisée.

    Le 26 mars, avant le drame

    Le 26 mars 1962 était un lundi.

    Le matin, le préfet d’Alger, Vitalis Cros, diffuse un communiqué interdisant la manifestation :

    La population du grand Alger est mise en garde contre les mots d’ordre de manifestation mis en circulation par l’organisation séditieuse. Après les événements de Bab-El-Oued, il est clair que les mots d’ordre de ce genre ont un caractère insurrectionnel évident. Il est formellement rappelé à la population que les manifestations sur la voie publique sont interdites. Les forces du maintien de l’ordre les disperseront, le cas échéant, avec toute la fermeté nécessaire. [13]

    À la périphérie de Bab-el-Oued, les équipes de surveillance, qui contrôlent les barrages, sont sur le qui-vive. Le barrage mis en place rue d’Isly est confié au 4e régiment de Tirailleurs. La composition de cette équipe a fait l’objet d’une controverse : pour les uns, il s’agissait de  supplétifs algériens, arrivés depuis quelques jours seulement de postes isolés du bled et lâchés, quelque peu affolés, dans une Alger au bord du gouffre [14] ; pour d’autres, au contraire, ces soldats étaient habitués au maintien de l’ordre en milieu urbain, ayant été engagé par deux fois déjà lors des émeutes de décembre 1961 à Belcourt et dans l’opération de fouille de Bab-el-Oued les jours précédents [15]. Il y a là un point d’histoire à élucider. Ce barrage est sous le commandement du lieutenant musulman Daoud Ouchène.

    Dans la matinée, toute la population européenne d’Alger est en effervescence. Le préfet Vitalis Cros comprend vite que l’emprise de l’OAS sur la population européenne est telle qu’il risque d’y avoir des centaines de milliers de manifestants. De premiers jets de grenades lacrymogènes, par hélicoptères, ont lieu.

    Vers 14 heures, bravant les interdits, de premiers manifestants se présentent devant la Grande Poste et s’engagent dans la rue d’Isly. Pourquoi ce lieu est-il important ? Les autres axes (boulevard Carnot, rue Alfred-Lelluch, rampe Bugeaud) ont été hermétiquement bouclés par des chevaux de frise. Rue d’Isly, on a manqué de barbelés.

    Nous sommes à un moment fatidique, celui du contact entre la foule, qui alterne les menaces et les tentatives d’attendrissement (certains témoins évoquent des femmes européennes qui embrassent des soldats). Les slogans fusent : Al-gé-rie française… L’ar-mée avec-nous… La foule entonne La Marseillaise, puis l’inévitable Chant des Africains.

    Le barrage mis en place rue d’Isly est compressé, ses défenseurs quelque peu impuissants. Les appels au calme sont sans effet aucun.

    Paris Match, dans son édition du 7 avril, publie une série de photos sur le drame. La première est légendée :

    Le lieutenant les avait suppliés. Personne ne sait encore que le drame va éclater. Drapeaux en tête, 3 000 manifestants, qui voulaient rejoindre Bab-El-Oued bouclé, s’arrêtent à l’entrée de la rue d’Isly devant une section de tirailleurs algériens. Le lieutenant les adjure :

    – N’avancez pas, nous avons ordre de tirer.
    L’instant est dramatique, les nerfs surtendus.
    […]
    – Vous n’allez tout de même pas tirer sur nous, dit un manifestant.
    Un soldat musulman, terrifié, crie :
    – Nous tirerons, je vous dis, nous tirerons…

    Mais il n’y a pas, dans la foule, que des hommes avenants et des femmes qui embrassent. Plusieurs témoignages attestent qu’il y a des agressions verbales, de la part de jeunes gens excités, contre les soldats musulmans. Le mot fellagha est jeté au visage.

    Le lieutenant Ouchène s’approche alors des manifestants et entame un dialogue… qui se révèle de sourds. Les manifestants répètent qu’ils ne veulent que rentrer dans Bab-el-Oued, l’officier qu’il a des ordres. Il consent toutefois à laisser passer une délégation de 30 personnes. Il est 14 heures 15.

    Le lieutenant a-t-il péché par excès de confiance en la parole des porte-parole des manifestants ? Toujours est-il que, cette brèche étant ouverte, ce sont plusieurs centaines de pieds-noirs qui s’y engouffrent. Le climat, déjà tendu, confine à l’insupportable : des insultes racistes sont proférées par la foule, certains crachent sur les soldats. Ouchène correspond avec sa hiérarchie : les ordres formels lui sont confirmés : empêcher l’invasion de Bab-el-Oued.

    Les quelques centaines de personnes qui ont franchi, sans véritable violence, le premier barrage, sont alors prises comme dans une nasse. En cas d’aggravation de la violence, elles seront les premières victimes. C’est ce qui arriva.

    La fusillade

    C’est alors qu’éclate un premier coup de feu. Il est 14 heures 45 – ou 50 –, les témoignages divergent légèrement.

    À la question : qui a tiré ce coup de feu ?, il ne sera jamais vraiment répondu. Le haut-commissaire de France, Christian Fouchet, plus haute autorité de l’État en Algérie, écrira dans ses mémoires : « Les premiers coups de feu furent tirés d’un toit par un provocateur. Mais personne ne le prouvera jamais. »

    C’est également la thèse du préfet Vitalis Cros.

    Yves Courrière reprend cette thèse de premiers coups de feu tirés des toits ou des étages supérieurs du 64 rue d’Isly et du carrefour de cette même rue et de l’avenue Pasteur. Cette thèse est retenue aujourd’hui par la majorité des historiens.

    À l’opposé, la thèse de l’historiographie dominante chez les Français d’Algérie est celle de premiers coups de feu tirés par des soldats chauffés à blanc par la propagande officielle, hostiles aux pieds-noirs, ces empêcheurs de finir une guerre. Une version plus douce est que ces soldats, inexpérimentés, se seraient sentis menacés.

    Certains ajoutent : ce sont des soldats musulmans, placés là intentionnellement par un état-major machiavélique, qui auraient tiré. D’autres vont plus loin, tel Pierre Sergent : « On dit même – et c’est à peu près certain – qu’il y avait là des unités du FLN. [16]»

    On trouve même dans ces milieux la thèse d’un machiavélisme gaulliste : des barbouzes auraient réussi à se faire passer pour des activistes OAS. L’un d’entre eux, un Asiatique (on connaît la hantise des Asiatiques – en fait, des Vietnamiens francophiles de l’époque de la guerre d’Indochine – dans les milieux Algérie française) aurait même été arrêté, mais la police l’aurait fait disparaître. Lors du procès du Petit-Clamart, Me Tixier-Vignancour reprit cette thèse et cita un nom [17].

    Compte tenu du climat, des intentions des uns et des autres, la thèse de la provocation venue d’un toit ou d’un balcon des étages supérieures de la rue d’Isly – et donc d’un homme de l’OAS – paraît la plus probable.

    Ensuite, durant plusieurs minutes, la fusillade éclate, apparemment un temps sans contrôle de la part des officiers français.

    Les cris angoissés et répétés Halte au feu !, que l’on entend sur les bandes sonores, prouvent que, durant en tout cas quelques minutes, les ordres n’étaient plus respectés. Panique ? Vengeance ?

    Les manifestants, sous le feu de projectiles venant de toutes les directions, courent, certains sont fauchés. D’autres se sont couchés sur les marches de la Grande Poste, elle aussi objet de tirs intensifs.

    Récit de Francine Dessaigne, mère de famille pied-noire :

    La première rafale part, c’est la panique. Nous courons quelques mètres et nous nous couchons. Les gens crient, les balles sifflent. Un fusil-mitrailleur tenu par un musulman posté au coin de la rue d’Isly tire à son tour. L’armée française, portant l’uniforme français, vise et tire sur des civils couchés. J’ai vu, je peux témoigner de cette honte. [18]

    Enfin, l’ordre « Halte au feu ! » est respecté. Yves Courrière décrit des « Algérois, hébétés, hagards, les vêtements souillés de poussière et parfois de sang, contemplent le spectacle ». Certains sont la proie de crise de nerfs. Partout, les cadavres sont allongés, mêlés aux blessés, à divers débris, à des éclats de vitres, des objets divers.

    Combien de temps a duré cette fusillade ? Les témoignages divergent. Mais il est vrai qu’en ces circonstances les acteurs des événements ne pensent guère à la postérité.

    En milieu d’après-midi, en tout cas, l’armée est maîtresse du terrain. La population est partie ou reste terrée chez elle, les activistes de l’OAS avaient prévu depuis longtemps des itinéraires de sortie.

    La fouille de la ville commence. On trouvera 579 armes de chasse, 34 fusils de guerre, 9 pistolets-mitrailleurs, 263 grenades, 5 postes émetteurs-récepteurs, 100 kg d’équipement radio et plus de 2 tonnes d’équipements militaires divers [19], ce qui, pour un quartier habité de civils, était une performance…

    Combien de victimes ?

    Les chiffres de Courrière (46 morts relevés le jour même, puis quelques autres morts de leurs blessures, soit un total dépassant 50) sont corroborés par une petite brochure de 1962, émanant des milieux Algérie françaiseLe massacre d’Alger. Alger, 26 mars 1962, publiée sans date ni lieu d’édition, qui avance le chiffre de 53 morts. Dès le 1er juin 1962, un Livre blanc, sous-titré Alger, le 26 mars 1962, publié cette fois-ci en métropole (et immédiatement interdit), est dédié « à la mémoire des 80 morts et en souvenir des 200 blessés de la fusillade ». Chiffre repris, par exemple, par Pierre Sergent, dix ans plus tard [20]. Le site Internet de l’Association des familles des victimes du 26 mars 1962 avance le chiffre de 100 morts.

    Révisant – et niant – quelque peu l’Histoire, l’un d’eux va jusqu’à écrire :

    Le spectacle horrible de la fusillade la plus sanglante connue en France depuis la Révolution, celle commise par Bonaparte sur le parvis de l’église St Roch, usant du canon pour massacrer les insurgés royalistes. Ni en 1830, ni en 48, ni sous la Commune, ni jamais après, des forces françaises n’avaient abattu autant de civils en une seule fois. [21]

    Aujourd’hui, une enquête faite par une adhérente de l’association Alger. 26 mars 1962, qui a dressé une liste nominative, aboutit au chiffre de 65 victimes.

    Qui est responsable ?

    Mais c’est évidemment la question des responsabilités du drame qui s’impose à tous les esprits. Pour la majorité des associations de pieds-noirs, le pouvoir gaulliste a manipulé officiers et soldats français, a organisé la haine contre leur communauté. Pis : il lui fallait du sang français pour parfaire son infamie.

    A contrario, la majorité des commentaires sur cette tragédie dénonce l’irresponsabilité – ou la criminalité – de ceux qui ont envoyé une foule de civils face à des soldats ayant des ordres, sachant à l’avance que le drame était… possible ? probable ? certain ?

    C’était d’un égoïsme splendide et d’un cynisme écœurant. Ces « chefs » ne pouvaient pas ne pas savoir le jeu terrible qu’ils faisaient jouer aux autres. Peut-être espéraient-ils encore, contre toute vraisemblance, un revirement de dernière heure de certaines unités militaires ? Peut-être recherchaient-ils un succès de prestige par le défilé triomphal d’hommes et de femmes, rompant les barrages et allant tendre leurs mains à leurs compatriotes enfermés. Mais peut-être aussi ne pensaient-ils qu’à se servir d’un désastre probable et à pouvoir crier au martyre du moment qu’ils n’avaient pu chanter victoire ! Si tel était leur plan, ils l’ont mené à bien ! La tuerie de la rue d’Isly du 26 mars 1962 a effacé, dans l’esprit des Européens d’Algérie, le meurtre des soldats du contingent et l’échec de l’insurrection de Bab-El-Oued. [22]

    Prudent, Yves Courrière renvoie dos à dos deux séries d’irresponsables.

    Le 26 mars 1962 dans la mémoire pied-noire

    Depuis mars 1962, les plaies ne sont pas refermées. Sans même évoquer ceux qui ont vu leurs proches blessés ou tués par des balles françaises, c’est l’ensemble de la population pied-noire qui est traumatisée.

    Dès le 26 mars 1963, cette communauté a tenu à saluer la mémoire des victimes – messes dites à l’église de la Madeleine à Paris, à Lyon, à Toulouse, dans des petites villes… [23]. Des plaquettes ; des ouvrages de témoignages, nombreux, ont été publiés. Des associations (dont le Souvenir du 26 mars et l’Association des familles des victimes du 26 mars 1962), certains sites Internet, de la mouvance Algérie française honorent toujours la mémoire des victimes. Le Cercle ADIMAD (Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française) signale par exemple diverses initiatives prises le 26 mars 2007 à Paris, Béziers, Antibes (rassemblements, dépôts de gerbes, messes).

    Déclaration du président du Cercle algérianiste de Béziers, Patrice Weiss :

    Nous allons faire un dépôt de gerbes, observer une minute de silence en pensant aux victimes lâchement assassinées par les balles françaises en ce jour anniversaire du 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger, mais aussi à la mémoire de tous ceux civils et militaires, qui sont allés jusqu'au bout de leur engagement, sacrifiant leur vie afin de ne pas trahir le serment de ne pas abandonner aux terroristes, aux barbares, aux islamistes, cette province française.

    Ainsi, de nostalgie pour une Algérie française mythifiée en lutte affirmée contre l’islam (ici appelé islamisme), certains continuent un combat politique, affirmé comme tel. Est-ce bien là honorer la mémoire de victimes ?

    Conclusion

    Le drame du 26 mars 1962 apparaît comme un miroir grossissant des incompréhensions, des difficultés de s’avouer à elle-même la vérité qu’a connues la communauté européenne d’Algérie dès le début de cette guerre et, plus encore, lorsqu’il fut éclatant pour chacun que ce pays serait un jour indépendant.

    Diverses voies s’offraient alors à la minorité européenne. Elle s’engouffra dans une seule, qui se révéla être une impasse – ce qui aurait été largement prévisible si les passions et la négation de l’Histoire en train de se faire n’avaient obscurcis tous les raisonnements. L’OAS, tout à la fois émanation de ce malheur de vivre et arme qui l’accentua, porte la plus lourde responsabilité de ce drame. Pas la seule : la violence, souvent gratuite, de membres du FLN ou d’éléments incontrôlés, surtout à partir du printemps 1962, certains aspects détestables de la politique gouvernementale française, le mépris personnel du général de Gaulle à l’encontre des pieds-noirs, ajoutèrent aux circonstances dramatiques.

    Mais il reste que c’est l’acharnement de l’OAS qui précipita la population européenne d’Algérie dans ce malheur de vivre, qui n’est pas achevé pour l’essentiel. Quand on lit, un demi-siècle plus tard, les Confessions de Jean-Jacques Susini, on est confondu par le calcul froid, cynique, qui présida aux décisions de cette organisation. La violence, dit-il encore en 2012, était :

    … mûrie, planifiée, dès le début de l’organisation. Nous cherchions à remobiliser la population et l’armée en vue d’un nouveau coup de force. Pour les convaincre que cette fois nous pouvons réussir, nous devons apparaître aux yeux de tous comme une armée de combattants, un parti révolutionnaire capable - il y a des précédents - de changer le cours de l’histoire. [24]

    Susini et ses fanatiques ont bien « changé le cours de l’histoire » : ils ont détruit les dernières possibilités, pour des centaines de milliers d’Européens d’Algérie, de rester dans leur pays natal.

    Mais, plutôt que de conclure avec une citation de Susini, je préfère reprendre les paroles de Jules Roy, cet officier, ce pied-noir, lorsqu’il apostropha Massu. Même si les circonstances sont différentes, il y a là des échos qui évoquent l’OAS :

    Croyant trouver en vous un sauveur, ces naïfs [certains Européens d’Algérie] se sont précipités derrière vous. Vers le gouffre. Mais vous en réchappez et vous montez en grade, tandis qu’eux… Les vrais défenseurs de leur avenir étaient ceux qui essayaient, malgré vous qui vous en teniez à la lettre de vos directives, de sauvegarder les chances d’une coexistence entre les deux communautés […]. La victoire ne va pas à celui qui torture, mais à celui qui a raison. Germaine Tillion, cette femme courageuse que vous insultez, a mieux défendu les pieds-noirs que vous, qui fûtes le préparateur des malheurs que nous voulions leur épargner. [25]

    C’est contre eux, les amis de Susini, que devraient manifester en ce moment nos compatriotes de l’ex-Algérie française, avec nous, les amis de Jules Roy.

    Alain Ruscio
    Communication du 17 mars 2012 lors de notre colloque organisé à Évian pour le cinquantenaire des accords.
    Texte publié dans Le Lien 62, avril 2013


    Notes :

    1.     Toute cette chronologie dans Rémi Kauffer, « OAS : la guerre franco-française d’Algérie », in : Mohammed Harbi & Benjamin Stora (dir.), La Guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004. 

    2.     In : OAS parle, Paris, Julliard, coll. Archives, 1964. 

    3.     Paris, Fayard, 1969. 

    4.     Yves Courrière, La guerre d’Algérie, vol. IV, Les feux du désespoir, Paris, Éd. Fayard, 1971. 

    5.     600 jours avec Salan, Paris, Fayard, 1969. 

    6.     Bab el-Oued. 

    7.     Rémi Kauffer, art. cité. 

    8.     Vitalis Cros, « Bab-el-Oued : Fort Chabrol ? », Historia Magazine, série « La guerre d’Algérie », n° 107, 1973. 

    9.     Qui ne laissaient pas leurs morts et leurs blessés sur le pavé (« L’OAS soigne ses blessés seule »). 

    10. Général de gendarmerie André Chérasse, Procès Salan, Témoignage, 17 mai 1962, in : Le procès du général Raoul Salan, Paris, Nouv. Éd. Latines, 1962. 

    11. Jacques Frémeaux, « La gendarmerie et la guerre d’Algérie », in : Jean-Charles Jauffret & Maurice Vaïsse (dir.), Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, Paris, Éd. Complexe, 2001. 

    12. Tract TZ 109, cité par Yves Courrière, op. c. 

    13. Cité par Morland, Barangé & Martinez Martinez, Histoire de l’Organisation de l’Armée Secrète, Paris, Julliard, 1964. René Duval, alors envoyé spécial d’Europe1, témoignage, in : Paris et la guerre d’Algérie. Une mémoire partagée, actes du colloque organisé par l’Espace parisien Histoire/ Mémoire/ Guerre d’Algérie, Paris, Hôtel de Ville, 19 mai 2009. 

    14. René Duval, alors envoyé spécial d’Europe1, témoignage, in : Paris et la guerre d’Algérie. Une mémoire partagée, actes du colloque organisé par l’Espace parisien Histoire/ Mémoire/ Guerre d’Algérie, Paris, Hôtel de Ville, 19 mai 2009. 

    15. Christian Weber, Le massacre de la rue d’Isly (film), 2008. 

    16. Le malentendu algérien, entretiens avec André-Paul Dubois, Paris, Fayard, 1974. 

    17. Jean-Pierre Richarte, ancien officier, présent sur les lieux, « Mars 1962 en Algérie, après les accords d’Évian », site Alger-roi, 8 septembre 2008. 

    18. Francine Dessaigne, Journal d’une mère de famille pied-noire, Paris, L’Esprit Nouveau, 1962. 

    19. « Bilan de la fouille de Bab-el-Oued », coupure de presse non identifiée, fin mars 1962, numérisée sur le site Exode 1962. 

    20. Op. c. 

    21. Site Internet Mauvaise Graine, Rue d’Isly, 3 janvier 2007. 

    22. Morland, Barangé & Martinez, op. c. 

    23. Francine Dessaigne, op. c. 

    24. Propos recueillis par Bertrand Le Gendre, Entretiens avec Jean-Jacques Susini. Confessions du n° 2 de l’OAS, Paris, Les Arènes, 2012. 

    25. J’accuse le général Massu, Paris, Éd. du Seuil, 1972.  


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  • Communiqué de l'Association Nationale

    C O M M U N I Q U É

    La fusillade de la rue d’Isly le 26 mars 1962 à Alger
    a consisté en « un massacre impardonnable
     pour la République »

    (Emmanuel Macron, Palais de l’Élysée, 26 janvier 2022)

    À l’égard de certaines mémoires en relation avec la fin de la colonisation de l’Algérie, la déclaration de Monsieur Emmanuel Macron du 26 janvier 2022 relative aux événements survenus le 26 mars 1962 à Alger pourrait être regardée, en l’état et à ce stade, comme une déclaration de guerre.

    On est d’emblée tenté d’y voir une initiative s’inscrivant dans le droit fil de la réception au Palais de l’Élysée, le 30 septembre dernier, d’un descendant du général félon Raoul Salan, chef suprême de l’OAS, responsable du putsch d’avril 1961.

    Pourtant, cette proclamation doit être replacée dans le contexte d’une intervention, et celle-ci ne s’applique pas à dissimuler l’identité des instigateurs d’une action qui va virer au drame : « Ce jour-là, des soldats du 4e régiment de tirailleurs, une unité de l'armée française, firent feu sur une foule qui manifestait, attisée par l'OAS, son attachement à l'Algérie française en cherchant à rompre le blocus du quartier de Bab-El-Oued. Ce jour-là, des soldats français, déployés à contre-emploi, mal commandés, moralement atteints, ont tiré sur des Français. Il est plus que temps de le dire. Ce qui devait être une opération de maintien de l'ordre s'acheva par un massacre, un massacre dont aucune liste définitive des victimes ne fut établie, qui fit des dizaines de tués et des centaines de blessés. »

    L’hommage rendu aux victimes ne souffre aucune contestation.

    Mais qualifier de « massacre impardonnable pour la République » l’usage de la force face à une manifestation à caractère insurrectionnel appelée par une organisation criminelle en dépit de l’interdiction générale découlant des Accords de cessez-le-feu en Algérie peut placer le chef de l’État en situation délicate si l’ouverture des archives révèle que l’armée a tiré en état de légitime défense.

    Une tel propos est par ailleurs susceptible d’embarrasser le ministre de l’intérieur :
    - dont l’un des illustres prédécesseurs, Monsieur Roger Frey, dans une allocution télévisée au journal de 20h00 le 10 mars 1962, dénonçait la « folie sanguinaire » de l’OAS, cherchant à « s’emparer du pouvoir par des méthodes que le régime hitlérien n’aurait certes pas désavouées », et en fustigeait les membres, qualifiés de « fascistes » et de « revenants de la collaboration » ;
     

    - au moment même où Monsieur Gérald Darmanin a à gérer une situation d’extrême violence à Nantes, livrée à des manifestations non déclarées ou maintenues au mépris de leur interdiction préalable.

    Rappelons par ailleurs, à titre non anecdotique, que le Gouvernement se targue ces jours-ci d’avoir soumis au Parlement le vote d’une indemnisation forfaitaire  en faveur des harkis calculée sur la base de 1 000 euros par année de rétention en camp contre 1 259 euros par trimestre d'activisme belligérant aux anciens tueurs de l’OAS en vertu (!) des dispositions de l’article 13 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005.

    Retenons, enfin et surtout :
    1°) que la Présidence de la République, au soir du 26 janvier 2022, a fait paraître sur son site Internet une communication se concluant en ces termes : « Le Président de la République, comme il s’y est engagé lors de la remise du rapport de Benjamin Stora, participera à la commémoration du 19 mars 1962, sous une forme, là encore, conçue spécifiquement pour notre époque. » ;
    2°) que des propositions ont été remises en ce sens à son conseiller "Mémoire" le 15 novembre dernier et présentées oralement le même jour à la Première dame ;

    3°) qu’entre-temps, le 8 février 2022, sera célébré à Paris, au Métro Charonne, le souvenir tragique, soixante après, des victimes d’une manifestation prônant la paix en Algérie et qu’un geste mémoriel issu du niveau sommital de l’État n’est pas exclu à cette occasion. 

     


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  • Serge Klarsfeld : « Zemmour parle

     des musulmans comme on parlait des juifs »

    Serge Klarsfeld : « Zemmour parle   des musulmans comme on parlait des juifs »

    « Pétain a sauvé les juifs français. » « On n’a pas commis de crime. » À travers ces mots, souvent répétés, le candidat d’extrême droite Éric Zemmour entend réhabiliter le régime de Vichy et le dédouaner de sa responsabilité dans la déportation des juifs en France. Mediapart a rencontré Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles des déportés juifs de France. Historien, avocat, il est connu pour avoir traqué avec son épouse Beate des criminels nazis comme Klaus Barbie. À ce grand témoin, nous avons demandé ce qu’il pense du retour à travers la figure d’Éric Zemmour du révisionnisme historique autour de la déportation des juifs. « Les partisans de Vichy utilisent toujours l’histoire-fiction. Ils nous opposent ce qu’il se serait passé si Vichy n’avait pas été complice des nazis dans la solution finale. » Serge Klarsfeld s’inquiète de voir le révisionnisme de Zemmour emplir l’espace public, des thèses au service d’un projet politique inquiétant : « Cette argumentation de Zemmour laisse présager, au cas où l’extrême droite arriverait au pouvoir, un sort funeste pour les musulmans. Il parle des musulmans comme on parlait des juifs à l’époque. ».


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  • Guerre d'Algérie : Macron va faire un geste mémoriel envers les pieds noirs

     

    Guerre d'Algérie : Macron va faire un geste mémoriel envers les pieds noirs

    Le 20 mars 1962, quatre obus de mortier tombent sur la place du Gouvernement, faisant 24 morts et 59 blesssés parmi les musulmans. (photo © Dalmas - Sipa)

    Le président Emmanuel Macron va faire un geste mémoriel mercredi envers les rapatriés d'Algérie qui portera sur la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée en mars 1962.

    Le chef de l'Etat va porter "une parole de reconnaissance" lors d'une rencontre avec des associations de rapatriés d'Algérie, communément appelés les "pieds-noirs", à l'Elysée, a indiqué mardi la présidence française.

    Un geste mémoriel

    "Un des points saillants du propos du président de la République tournera autour de ce qui s'est passé le 26 mars à Alger, rue d'Isly", a ajouté la présidence, sans plus de précisions.

    Une semaine après la signature des Accords d'Evian et le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, en Algérie, des manifestants civils partisans de l'Algérie française qui tentaient de forcer le passage vers le quartier de Bab El-Oued, dans le centre d'Alger, étaient mitraillés à un barrage tenu par l'armée française.

     

    Revenir sur la fusillade de la rue d'Isly qui a fait une cinquantaine de morts


    La fusillade qui dura plus d'un quart d'heure fit, selon différentes sources, au moins une cinquantaine de morts, tous civils, parmi les manifestants. La fusillade de la rue d'Isly marqua le début de l'exode massif des pieds-noirs d'Algérie.

    Cette "reconnaissance" s'inscrira dans une série de gestes mémoriels, depuis le début du quinquennat, dans la perspective du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie.

    Le 14 septembre 2018, Emmanuel Macron a ainsi reconnu, "au nom de la République française", que le jeune mathématicien communiste Maurice Audin avait été "torturé à mort, ou torturé puis exécuté par l'armée française" en 1957.

    L'objectif reste le même, construire à terme une mémoire apaisée, partagée, commune à tout ce qu'ont été jusque-là les mémoires liées à la guerre d'Algérie et à la colonisation

    Communiqué de l'Elysée

    Le 3 mars 2021, il reconnaissait aussi que l'avocat nationaliste Ali Boumendjel avait été "torturé et assassiné" le 23 mars 1957 par l'armée française, contredisant la version initiale d'un suicide.

     

    Une loi pour les Harkis


    Le 20 septembre 2021, le chef de l'Etat a demandé "pardon" aux harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent "abandonnés" par la France. Un projet de loi, actant ce "pardon" et tentant de "réparer" les préjudices subis, est en cours d'examen en Parlement.

    Emmanuel Macron a aussi dénoncé des "crimes inexcusables pour la République" pour les 60 ans du massacre par la police française de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris.

    "L'objectif reste le même, construire à terme une mémoire apaisée, partagée, commune à tout ce qu'ont été jusque-là les mémoires liées à la guerre d'Algérie et à la colonisation", a souligné l'Elysée.

    SOURCE : Guerre d'Algérie : Macron va faire un geste mémoriel envers les pieds noirs (tv5monde.com)

    Macias, Arcadi et Fabian

    Emmanuel Macron a aussi dénoncé des « crimes inexcusables pour la République » lors des 60 ans du massacre par la police française de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris. « L’objectif reste le même, construire à terme une mémoire apaisée, partagée, commune à tout ce qu’ont été jusque-là les mémoires liées à la guerre d’Algérie et à la colonisation », en reconnaissant la « singularité de chacun », a souligné l’Élysée.

    Outre les représentants d’associations, des artistes « pieds-noirs » emblématiques, dont le chanteur Enrico Macias, le réalisateur Alexandre Arcadi et l’actrice Françoise Fabian, ont été conviés mercredi après-midi à l’Élysée.

    La rencontre s’ouvrira par un témoignage de Danielle Michel-Chiche, blessée à l’âge de cinq ans dans l’attentat du Milk-Bar le 30 septembre 1956 à Alger et autrice de « Lettre à Zohra D », en référence à Zohra Drif qui déposa la bombe, habillée en jeune femme européenne. Mme Michel-Chiche devint avocate puis sénatrice après l’indépendance.

    Les relations restent compliquées entre l’exécutif et les rapatriés depuis qu’Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors d’un déplacement à Alger en 2017.

    Nombre d’associations appellent au retrait de ces propos et l’une d’elles, Le Cercle Algérianiste, a décliné l’invitation à l’Élysée tant qu’il n’en serait rien. L’Élysée réfute de son côté les accusations de visées électoralistes avec ces différents gestes mémoriels à l’approche de la présidentielle d’avril.

    SOURCE : https://www.sudouest.fr/france/guerre-d-algerie-macron-va-faire-un-geste-envers-les-rapatries-8011588.php 

    Monsieur le Président Macron ne réécrivez pas l’histoire et n’oubliez pas aussi de reconnaître les victimes de l’organisation terroriste OAS

    Eux aussi ont été tués

    par des balles françaises

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    C’est pourquoi nous rendons un hommage à :

    Roger Oudin

    Robert Nogrette

    Jean Grasset

    Philippe François

    Daniel Doutre

    Messaoud Secuh

    Saïd Belmiloud

    appelés de l'Armée française

     tous 2e classe

    lâchement assassinés par l'OAS

    le 23 mars 1962, à dix heures

    place Desaix à Alger

    Après les 24 morts civils musulmans du 20 mars 1962

    Après les 18 gendarmes assassinés le 22 mars 1962
     

    Ce furent les premières victimes de l'OAS

     d'après le 19 mars 1962

    Ne les oublions pas

    Alors que le cessez-le-feu ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie a été proclamé le 18 mars, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française sont appelés par l'OAS (Organisation armée secrète) à se diriger le 26 mars vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française après plusieurs meurtres de jeunes du contingent par cette organisation.

    Ils sont invités à s'y rendre "sans armes" et "drapeau en tête", alors que la manifestation est interdite par le préfet. A partir de là, différentes versions circuleront : selon l'une d'elles, contestée notamment par des familles des victimes, ce sont des tirs visant les militaires depuis une fenêtre ou un toit rue d'Isly, qui enclenchent en retour la fusillade paniquée vers la foule des tirailleurs gardant le barrage.

    Cette version est également contestée par des parlementaires français, dont Eric Ciotti ou Valérie Boyer, qui présentèrent en 2019 une proposition de loi demandant "reconnaissance de la Nation des massacres de la rue d'Isly".

    "Sans sommation, à 14h50, la troupe du 4e régiment de tirailleurs ouvrit le feu, s’acharnant sur ceux qui s'étaient jetés à terre afin de se protéger. La version officielle dira que des coups de feu avaient été tirés d'un toit vers les militaires. Mais ceux‑ci, au lieu de riposter vers le toit où devrait se trouver le prétendu tireur, ont tiré à l’arme automatique dans la foule, frappant dans le dos des manifestants qui tentaient vainement de s'enfuir", pouvait-on lire dans leur exposé des motifs.

    "Il est grand temps aujourd'hui que l'Etat français rompe définitivement avec le silence et reconnaisse officiellement les crimes commis le 26 mars 1962 lors de cette manifestation pacifique", poursuivait l'exposé des motifs, en demandant "que l'ensemble des archives soit ouvert" et le massacre reconnu.

    Des historiens souligneront de leur côté la fatigue et l'inexpérience des troupes placées à cet endroit. Après les tirs, la panique saisit la foule : "Ces 10 minutes de fusillade ont été suivies de 30 minutes d'affolement, de désarroi, dans le tintamarre crispant des sirènes et des klaxons, voitures de pompiers, camions, ambulances, des voitures civiles sillonnaient la ville, transportant le plus rapidement possible les blessés", écrit l'AFP ce jour-là.

    En 2010, le gouvernement français décida d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'Etat français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements.

    La rencontre s’ouvrira par un témoignage de Danielle Michel-Chiche mais écoutons aussi la réponse de Zohra Drif. 

     

    Le chanteur emblématique Enrico Macias, également invité, ne pourra en revanche pas être présent ce mercredi à Paris. Pourquoi Enrico n'a jamais pu retourner en Algérie. Le point de vue des Algériens :

    Enrico Macias affirme qu'il quittera

    la France si Marine Le Pen est élue

    à la prochaine présidentielle

    Maurice Papon, Enrico Macias et le 17 octobre 1961 et il faut ajouter le 8 février 1962

    Le chanteur a suggéré qu'il migrerait vers Israël si Marine Le Pen était élue présidente aux prochaines élections DDM - DDM MORAD CHERCHARI

    Invité du journaliste Frédéric Haziza pour la première de l'émission "Les enfants de la République" qui a été diffusée sur la radio communautaire juive Radio J, Enrico Macias a une nouvelle fois réitéré qu'il quitterait la France si jamais la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen était élue.

    L'hypothèse ne lui plaît guère. Invité de la radio communautaire juive Radio J pour la première de l'émission "Les enfants de la République", Enrico Macias a déclaré qu'il quitterait la France si Marine Le Pen était élue aux prochaines élections présidentielles. "Ah oui, je ne reste pas, bien sûr" a-t-il avancé.  "Je ne sais pas où j'irai" a ajouté le chanteur. 

    Il a néanmoins évoqué Israël comme choix de destination dans l'hypothèse où la candidate du Rassemblement National était élue : "Israël de toute façon c'est la seule destination qu'un juif habitant du monde peut avoir, peut espérer.. Parce qu'avant, quand on était persécuté, c'était Auschwitz. Maintenant, c'est Israël. Heureusement qu'on a Israël. Mais il ne faut pas y aller forcé, il faut aller de son plein gré en Israël." 

    L'interprète des "Filles de mon pays" a tout de même tenu à tempérer ses propos : "Je ne crois pas qu'elle sera élue." 

    Ce n'est pas la première fois qu'Enrico Macias menace de quitter la France si la candidate RN est élue à la tête du pays. En 2017, il avait déclaré qu'il prendrait l'avion le lendemain pour aller "peut-être en Suisse, peut-être en Corse, peut-être en Israël".

    En 2015, il avait confié sur le plateau de BFMTV qu'il migrerait vers Israel si Marine Le Pen parvenait un jour à la tête de l'Etat français. Il avait invité les juifs et les musulmans de France à faire de même. 

     

    SOURCE : https://www.ladepeche.fr/2020/10/11/enrico-macias-affirme-quil-quittera-la-france-si-marine-le-pen-est-elue-a-la-prochaine-presidentielle-9131925.php 

    Nous savions que le chanteur "pieds-noirs" Enrico Macias ne pouvait pas retourner en Algérie et qu’il le regretterait ?…

    Maurice Papon, Enrico Macias et le 17 octobre 1961 et il faut ajouter le 8 février 1962

    Le 17 octobre 1961 a été l'œuvre de l'Etat français, porteur du système colonial.

    Un homme s'y était illustré : Maurice Papon.

     

    Le même Maurice Papon avait officié auparavant à Constantine, où il avait été préfet.

    Maurice Papon a donc doublement sévi contre les Algériens. D'abord sur les berges du Rhummel, à Constantine, où il était le représentant de l'Etat français ; puis sur les berges de la Seine, à Paris, où il occupait les mêmes fonctions.

    A la fin de sa vie, Maurice Papon a été rattrapé par l'histoire. Il a été jugé, mais pour d'autres faits, pas pour ses crimes contre les Algériens. Pourtant, ce qu'il a commis contre les algériens pouvait juridiquement être qualifié de crime de guerre. On retrouve dans ses décisions les éléments constitutifs du "crime de guerre" tel que défini par les conventions les plus connues.

    A Constantine, Maurice Papon, avait entres autres, un complice, un homme devenu tout aussi célèbre : Enrico Macias. Celui-ci, natif de Constantine, a toujours clamé un amour inconsidéré pour l'Algérie et pour "sa" ville Constantine.

    Pourtant, Enrico Macias était, durant la guerre d'Algérie, membre d'une milice locale, les "Unités territoriales". C'était une milice composée d'Européens, des supplétifs de l'armée française, un peu comme les harka. Mais dans le système de ségrégation de l'époque, on ne mélangeait pas "harki de souche" et harki indigène.

    Au sein des unités territoriales, Enrico Macias, pourchassait de l'arabe, aux côtés de l'armée coloniale, des harkis et de différents services de sécurité.

    Enrico Macias est un homme particulièrement passionné. On peut imaginer qu'il a fait preuve de beaucoup de zèle dans la chasse à l'arabe.

    Ce volet de sa carrière n'a jamais été évoqué. Lui-même n'en a jamais parlé.

    Plus troublant encore : à part de très rares témoins, la partie algérienne n'a jamais su exploiter ce côté trouble de la jeunesse d'Enrico Macias.

    Abed Charef, écrivain et journaliste de renom, aborde ici la question douloureuse de la guerre d’Algérie et rappelle qu’à Constantine par exemple, des milices avaient été constituées sous la houlette de Maurice Papon, alors préfet de cette ville. Au sein de cette milice, il cite Enrico Macias qui en faisait partie et il en veut pour preuve les nombreux témoignages de personnages encore vivants, des Constantinois l’ayant connu et vu portant l’uniforme et l’arme.

     

     

     

    Enrico Macias et la guerre d'Algérie :

    Quand Gaston chassait du fellagha...

    Il jouait au messie et chantait l'amour, la paix et la fraternité, il s'est avéré être un ultra-sioniste richissime qui chassait le fellagha dans sa jeunesse.
    Aujourd'hui acculé à la ruine par la providence, Enrico Macias restera dans les mémoires comme un charlatan qui a réussi à berner son monde avec de belles paroles.

     


     

     

    Gaston Ghenaïssia – le vrai nom de Macias – n'a jamais abordé le volet le plus sombre de son histoire algérienne. Il n'a jamais dit comment il a lui-même contribué à mettre le feu à ce pays bien aimé. Il a, en fait, réussi à maintenir un voile pudique sur son militantisme de cette époque, un militantisme qui l'a mis dans la même tranchée que Maurice Papon !
    Enrico Macias évoque régulièrement sa volonté de revoir son «pays natal», et comment il en est empêché. Sa visite devait se faire en 2007, en compagnie de Nicolas Sarkozy. Auparavant, il avait affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika lui-même l'avait invité, mais que des méchants, héritiers de la tendance obscurantiste du FLN, s'étaient opposés à son retour. Qu'en est-il au juste ?
    A Alger, on affirme officiellement qu'Enrico Macias peut se rendre en Algérie quand il veut, mais qu'il est hors de question d'en faire un évènement politique. Certains fonctionnaires montrent un certain embarras devant le tapage médiatique provoqué par Enrico Macias lui-même. «Il n'a pas envie de revenir, il ne viendra pas, et il le sait parfaitement», a déclaré, sûr de lui, un ancien haut responsable. «Et ce n'est pas seulement à cause de son soutien public à Israël», ajoute-t-il, estimant que le thème Algérie ne constitue pour Enrico qu'un «fond de commerce».
    Pour cet homme, qui avoue avoir apprécié la musique de Enrico dans sa jeunesse, Enrico Macias ne reviendra pas en Algérie parce qu'il y a commis des crimes pendant la guerre de libération. Selon lui, Enrico faisait partie d'une milice locale, les «unités territoriales», composées de partisans de l'Algérie française, qui formaient des milices de supplétifs de l'armée coloniale. L'unité à laquelle appartenait Enrico Macias a commis de nombreuses exactions, et a participé à des ratonnades, affirme cet ancien haut fonctionnaire.
    A cette époque, Enrico Macias est un jeune artiste prometteur, qui joue dans la troupe du «Cheikh Raymond», le plus célèbre artiste juif de Constantine. Raymond Leyris est alors au faîte de sa gloire : notable de la communauté juive, ami des «arabes» de la ville, il est riche et célèbre. Sa musique est si appréciée qu'une jeune recrue FLN, en pleine guerre d'Algérie, rejoint le maquis ALN en wilaya II avec des disques de «Cheikh Raymond», nous raconte un ancien moudjahid qui a passé toute la guerre dans le Nord Constantinois !
    Raymond Leyris n'avait pas d'enfants. Il en a adopté deux, dont Enrico Macias. Celui-ci est donc à la fois l'enfant adoptif, le disciple et l'héritier de Cheikh Raymond. A-t-il été l'héritier en tout ? Seul Macias pourra le dire. En tous les cas, les réseaux FLN avaient alors une conviction. Pour eux, Raymond Leyris avait été contacté par les services spéciaux israéliens. Il organisait des collectes, montait des réseaux, et travaillait en sous-main avec les services spéciaux israéliens, qui avaient alors un objectif : organiser le transfert massif des juifs des pays arabes vers Israël. En Algérie, leur première cible était Constantine, avec ses 25.000 à 30.000 juifs : il y avait presque autant de juifs à Constantine que dans les grandes villes israéliennes.
    Par ailleurs, le discours de Enrico Macias a longtemps bénéficié d'une cacophonie chez les responsables algériens, qui n'ont jamais adopté une position claire sur le personnage. En fait, côté algérien, plusieurs points de vue se côtoyaient : ceux qui faisaient l'éloge de l'artiste, ceux qui prônaient la réconciliation, ceux qui dénonçaient son soutien à Israël, et ceux qui étaient d'abord soucieux d'établir les faits historiques.
    Un ancien haut fonctionnaire affirme toutefois que Enrico n'avait aucune chance de revenir en Algérie. Les anciens pieds noirs étaient classés en plusieurs catégories, explique ce fonctionnaire. Enrico Macias fait partie d'une sorte de liste rouge officieuse, qui comporte les noms de militaires, colons et ultras ayant commis des exactions. Ceux-là ne peuvent pas entrer en Algérie, dit-il.
    Autre détail troublant dans l'histoire d'Enrico : quand il sévissait au sein des «unités territoriales», il collaborait avec un personnage célèbre, Maurice Papon ! Celui-ci a en effet exercé comme préfet à Constantine, où il a contribué à organiser de redoutables escadrons de la mort. Milices, unités paramilitaires, escadrons de la mort, tout ce monde collaborait joyeusement quand il s'agissait de réprimer. Des témoins sont encore vivants. 
     

     

    SOURCES :

     

    http://mouradpreure.unblog.fr/2013/08/03/enrico-macias-et-la-guerre-dalgerie-quand-gaston-chassait-du-fellaga/

     

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5158481

     Quel jeu joue le pouvoir ?

    Par Jacques CROS

    Publié le 26/01/2022 http://cessenon3.centerblog.net/130-quel-jeu-joue-le-pouvoir 

      

     Guerre d'Algérie : Macron va faire un geste mémoriel envers les pieds noirs

     

    Attentat de l’OAS place du Gouvernement le 20 mars : 24 tués, 59 blessés 

     

    Un double-jeu sans aucun doute ! Ainsi, après des déclarations positives qui concernaient la nature du colonialisme, l’assassinat de Maurice Audin, celui d’Ali Boumendjel, les exactions diverses de l’armée française, la reconnaissance du crime d’Etat commis le 17 octobre 1961 il y a toujours des idées qui circulent niant l’histoire.

    Ainsi à propos des harkis. Quand sera-t-on disposé à reconnaître que notre faute fondamentale est de les avoir enrôlés pour combattre, les armes à la main, leurs concitoyens plus conscients qui n’avaient d’autre choix que celui de se battre contre la puissance coloniale qui portait atteinte à leur dignité en même temps qu’elle les spoliait ?

    Et les Pieds Noirs dans cette affaire ? Ils n’étaient sûrement pas responsables de la conquête de l’Algérie en 1830 ! Ils n’étaient pas tous des colons nantis qui faisaient suer le burnous aux Algériens. Ceci étant ils ont été les instruments du colonialisme avant d’en avoir été les victimes. Ils ont servi d’alibis pour justifier une guerre pour laquelle on avait mobilisé des centaines de milliers de jeunes Français dont la question n’était pas de leur ressort.

    S’ils voulaient rester en Algérie, qui était devenu leur pays, ces Européens auraient dû accepter l’évolution des choses et reconnaître le droit à l’indépendance de cette ancienne colonie. Ils auraient dû entretenir d’autres rapports avec la communauté musulmane que ceux qui prévalaient faits au mieux de condescendance.

    Le 26 mars 1962 à Alger ils ont obéi à un mot d’ordre de l’OAS qui était dicté par un refus de la paix telle qu’y engageaient les Accords d’Evian signés le 18 mars et qui prenaient effet le 19 à midi avec le cessez-le-feu. A quoi correspondait un tel mot d’ordre ? A une opposition à prendre acte des décisions qu’avait imposées l’évolution de la situation. Quelles auraient été les perspectives ? La poursuite ad vitae aeternam d’une guerre qui durait depuis plus de sept ans !

    Alors oui, on peut avoir de la compassion pour ces dizaines de victimes qui se sont laissé embobiner par l’OAS. On ne peut absolument pas absoudre leur volonté de continuer à entretenir une fiction, celle de l’Algérie française qui avait déjà produit beaucoup de souffrances. Et encore moins en faire des héros comme cela avait été proposé de leur décerner le titre de « Morts pour la France » !

    Une expression déjà discutable pour les soldats de l’armée française qui ont perdu leur vie en raison de la cécité de nos dirigeants de l’époque. Quel était l’intérêt de notre pays dans cette affaire ? Le travail de mémoire ne doit pas être falsifié par des considérations sans valeur, en l’occurrence ici des opérations politiciennes qui n’ont rien à voir avec la recherche de la vérité.

    Jacques CROS

     

    Le mail d’Henri POUILLOT 

    Michel, je t'envoie ces liens sur mon site

    Au sujet du 26 mars 62 tu trouves sur mon site quelques infos  : http://henri-pouillot.fr/spip.php?rubrique183&lang=fr

    et la liste des victimes : http://henri-pouillot.fr/spip.php?article141&lang=fr 

    J'ai bien peur par rapport à cette réception élyséenne 

    Amitiés

    Henri POUILLOT

    Site www.henri-pouillot.fr

     Réconciliation des mémoires d’Algérie

     la poursuite des petits pas

    Analyse

    Lors d’une rencontre à l’Élysée ce mercredi 26 janvier, Emmanuel Macron aura « une parole de reconnaissance » à l’adresse des pieds-noirs, en évoquant la fusillade de la rue d’Isly le 26 mars 1962 à Alger.

    Guerre d'Algérie : Macron va faire un geste mémoriel envers les pieds noirs

    Photo d'archive prise le 26 mars 1962, montrant des volontaires qui portent le corps d'une victime blessée de la fusillade de la rue d'Isly à Alger-/AFP 

    Il y eut le « pardon » à l’adresse des harkis le 20 septembre dernier. Puis la dénonciation, le 17 octobre, des « crimes inexcusables » perpétrés, soixante ans plus tôt, lors du massacre qui coûta la vie à au moins 120 Algériens à Paris. Il y eut aussi la reconnaissance des crimes commis par l’armée française, à l’encontre de Maurice Audin et d’Ali Boumendjel. Ce mercredi 26 janvier est, lui, consacré aux rapatriés d’Algérie. Pour poursuivre son chantier de réconciliation des mémoires sur la colonisation et la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron reçoit des représentants des pieds-noirs à l’Élysée.

    « En ouvrant ce chantier, il est apparu que beaucoup de mémoires singulières n’avaient jamais bénéficié de reconnaissance, explique-t-on dans l’entourage du président. Depuis soixante ans, des personnes portent des douleurs que l’on n’a pas reconnues ; d’où la nécessité de reconnaître la singularité de chacune d’entre elles, harkis, rapatriés, appelés, militaires, politiques, etc., pour construire une mémoire apaisée, partagée. »

     

    La fusillade de la rue d’Isly

    « Les pieds-noirs ne constituent pas une communauté qui revendique une loi ou des indemnités, mais une parole de reconnaissance », souligne l’Élysée, au moment où le projet de loi portant sur la réparation des préjudices subis par les harkis est en cours d’examen au Parlement. Cette parole d’Emmanuel Macron sur les rapatriés d’Algérie « tournera autour de ce qui s’est passé le 26 mars à Alger, rue d’Isly », a ajouté la présidence.

    Ce 26 mars 1962, sept jours après les accords d’Évian qui actaient le cessez-le-feu, 60 à 80 Européens, partisans de l’Algérie française, périrent sous les tirs de l’armée française. Les manifestants civils tentaient alors de forcer le barrage militaire à l’entrée de la rue d’Isly (aujourd’hui rue Larbi Ben M’Hidi) qui interdisait l’accès au quartier de Bab-El-Oued, aux mains de l’OAS.

    « Un épisode franco-français de la fin de la guerre »

    « L’OAS, contre le cessez-le-feu et la transition pacifique, a télécommandé la manifestation pour se désenclaver. Et l’armée française a tiré sur les civils, c’est certain, rappelle l’historien Gilles Manceron. Il faut aussi rappeler cette période trouble de la fin de la guerre. Selon des témoignages convergents, les militaires avaient essuyé des tirs depuis le toit d’un immeuble, une provocation de l’OAS qui les avait amenés à riposter. » L’événement tragique, particulièrement traumatique, accéléra l’exode massif des pieds-noirs d’Algérie.

    « Les manifestants étaient “pro”-OAS dans le sens où ils défendaient leur avenir en Algérie, dans une Algérie française. Ils n’étaient pas “de” l’OAS », distingue l’historien Tramor Quemeneur. Lui aussi reconnaît la pertinence du choix de cette fusillade comme événement marquant de la mémoire pied-noir : « Parce qu’il s’agit d’un épisode franco-français de la fin de la guerre, qui implique les institutions françaises, il y a de ce fait possibilité d’une reconnaissance de la responsabilité de la France, ou à tout le moins d’une erreur de l’armée française. » Mais il s’interroge : « En quoi la course aux mémoires réconcilie-t-elle ? »

    SOURCE : Réconciliation des mémoires d’Algérie, la poursuite des petits pas (la-croix.com)

     




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    Oppositions intellectuelles françaises

     à la colonisation et à la guerre d’Algérie

    Focus sur les intellectuels

      Oppositions intellectuelles françaises à la colonisation et à la guerre d’Algérie  Focus sur les intellectuels

    «Ceux qui nient qu’il y ait un problème algérien répétant : ‘’L’Algérie, c’est la France’’, sont ou des ignares ou des gredins.»

    Beaucoup d’intellectuels français ont soutenu le peuple algérien dans sa lutte

    La guerre d'Algérie est aussi l'aboutissement de l'engagement des intellectuels français, connus ou anonymes, qui se sont mis du côté du Front de Libération nationale (FLN) et ont emprunté la voie du peuple algérien en lutte pour le recouvrement de son indépendance. Ces opposants intellectuels se sont exprimés contre le colonialisme et la guerre d'Algérie et ont condamné leur propre pays. Certains l'ont déjà fait avant le déclenchement de la guerre de Libération. Ils ont défendu un pays qui n'était pas le leur, tout en sachant le châtiment qui leur était réservé.
    Pourtant, cet engagement exige de se détacher de sa condition et requiert un immense courage. André Mandouze est de cette espèce.


    Accusés de traîtrise 

    Professeur à la faculté des lettres à Alger, André Mandouze, menait une vie parallèle de journaliste et signait, dès l'aube de la révolution, plusieurs articles pour dénoncer le colonialisme français et tirer la sonnette d'alarme sur la situation réelle de l'Algérie.
    Il titrait, quelques jours avant le déclenchement de la Révolution, dans la revue Consciences maghrébines au numéro d'octobre-novembre 1954, Sous le signe de la contradiction. Au secours, messieurs : l'Algérie est calme. Pour ajouter dans le bimensuel : Qui mettra fin aux deux formes de terrorisme autorisé : la police et la presse ? En France, autant les politiques que les médias étaient unanimes pour traiter les insurgés de «terroristes».
    Alors que le ministre de l'Intérieur de l'époque, François Mitterrand, proclamait: «L'Algérie, c'est la France», André Mandouze répliquait, de manière virulente, dans le même article: «Ceux qui nient qu'il y ait un problème algérien répétant : '' L'Algérie, c'est la France ‘', sont ou des ignares ou des gredins.»
    Toutefois, le professeur à la faculté des lettres d'Alger paya lourdement son engagement pour la cause algérienne. Ainsi, il est arrêté et emprisonné, à la fin de l'année 1956, à cause de son activité en faveur du FLN et accusé «d'entreprise de démoralisation de l'armée ou de la nation ayant pour but de nuire à la Défense nationale».
    Pour mémoire: alors que la torture, les pendaisons et la guillotine étaient systématiquement pratiquées dans les geôles contre les Algériens, François Mitterrand était ministre d'État de la Justice dans le gouvernement de Guy Mollet.
    Les liquidations physiques et la torture systématique pratiquée par l'armée française sur les prisonniers algériens avaient eu des répercussions considérables sur la remise en question de la présence française en Algérie, aussi bien en France qu'à l'international. La pratique de la torture est ainsi révélée par Henry Alleg dans son livre La Question, qui va soulever une grande polémique et qui sera interdit de publication en France.
    Selon le témoignage de Roland Rappaport, avocat d'Henry Alleg, le manuscrit La Question, livre paru aux éditions de Minuit en 1958, saisi et interdit, «a été écrit sur du papier toilette, alors que l'auteur était incarcéré à la prison Barberousse d'Alger, et subtilisé à l'extérieur feuille par feuille pour sa publication», ce qui est en soi un extraordinaire exploit de lutte pour la cause algérienne.
    La Question et les révélations sur la réalité de la torture en Algérie et l'ignominie avec laquelle sévissait l'armée française.
    Le débat est enfin ouvert. Deux mondes s'opposent. Celui de la noblesse de cette vieille Europe blanche, majoritairement chrétienne, qui s'autoproclame détentrice de la vérité et oeuvrant pour le bien humain, et celui des indigènes en plein éveil qui maintiennent leur résistance, tout comme l'avait fait cette courageuse minorité française pendant la Seconde Guerre mondiale contre l'envahisseur allemand. Ainsi, de nombreux intellectuels français en métropole décident alors de s'unir et de soutenir le FLN dans sa lutte.
    Des personnalités françaises du monde journalistique et de l'édition parlent de «Gestapo d'Algérie».
    Le général Pâris de Bollardière démissionne de l'armée française, parce que les pratiques des hommes de Massu-Aussaresses-Bigeard réveillaient en lui avec horreur le souvenir des atrocités commises par les nazis.
    Dans un ouvrage intitulé Contre la torture, l'écrivain-journaliste Pierre-Henri Simon s'interroge avec consternation: «Sommes-nous les vaincus de Hitler?» De son côté, le directeur du quotidien Le Monde, Hubert Beuve-Méry, écrit, dans son éditorial du 13 mars 1957, sous le pseudonyme de Sirius: «Dès maintenant, les Français doivent savoir qu'ils n'ont plus tout à fait le droit de condamner dans les mêmes termes qu'il y a dix ans les destructeurs d'Oradour et les tortionnaires de la Gestapo.»
    Quelques journaux paraissant à cette période, à l'exemple de France-Observateur, Témoignage chrétien, le quotidien Le Monde, tout en bravant la censure et les poursuites judiciaires, dénonçaient la torture, passant de leur position initiale du refus de la guerre au soutien à l'indépendance de l'Algérie.


    Médias et partis politiques dénoncent

    À partir de 1957, en pleine bataille d'Alger, Le Canard enchaîné, L'Express, Le Nouvel Observateur, Libération, L'Humanité et Le Monde font un rigoureux travail d'information en mettant en exergue, méthodiquement, les sévices infligés aux Algériens. On découvre ainsi dans diverses dépositions et témoignages, les atrocités des sévices commis par l'armée française en Algérie. «Monsieur le président, en langage militaire on dit: «faire du renseignement´´, en langage du monde on dit ´´presser de questions´´, en français on dit ´´torturer´´. Je déclare, sous la foi du serment, et personne en arrière de cette barre n'osera me contredire, que le lieutenant Godot, comme des centaines de ses camarades, a reçu l'ordre de torturer pour obtenir des renseignements. J'ignore le rang et le nom de l'autorité la plus élevée qui a donné cet ordre, dont on ne trouvera d'ailleurs aucune trace écrite. Mais je sais que pour la 10e division parachutiste où servait Godot, c'est sous l'autorité du général Massu que cet ordre a été répercuté aux exécutants», écrit l'historien, Pierre Vidal-Naquet.
    Ce témoignage est frappant par sa dénonciation de la «légitimation» de l'horreur et la «normalisation» de la torture. La torture était devenue une pratique établie dans les interrogatoires.
    En France, le Parti communiste s'agitait et dénonçait l'outrage fait aux principes de la liberté dont la France se targuait d'être la plus loyale et fidèle représentante sur la scène internationale. L'image de «grandeur» de la France, dont le général de Gaulle se faisait l'apôtre est définitivement ternie.
    Cette agitation est maintenue dans les questions du jour par le Parti communiste français (PCF) en relation avec le Parti communiste algérien (PCA) alors interdit.
    En métropole, Francis Jeanson et sa femme Colette avaient publié leur en 1955 leur livre L'Algérie hors-la-loi, un véritable pamphlet anticolonial, qui devient «le bréviaire des révolutionnaires français», pour reprendre les termes du journaliste Jean Daniel, cité par Hervé Hamon et Patrick Rotman, dans leur publication Les Porteurs de valises, La Résistance française à la guerre d'Algérie.
    C'est avec l'aide de ses amis qu'il fonda le célèbre «Réseau Jeanson», une structure composée de militants gauchistes sympathisants de l'Algérie libre, qui participera activement dans la lutte, grâce à ses «Porteurs de valises» qui transportaient de l'argent et des papiers importants pour le FLN. Leur combat aux côtés des Algériens est aussi une longue histoire de prises de position et de vulgarisation de la réalité algérienne, qui ne correspondait pas aux clichés officiels, et de batailles intellectuelles, âpres et incessantes, exprimées et conduites avec un engagement qui n'a jamais failli, pour accompagner le peuple algérien dans son mouvement d'émancipation.
    Certains de ces intellectuels ont été condamnés par la justice française pour «traîtrise», jugés sommairement puis exécutés ou jetés en prison. Maurice Audin, qui ne représente pour les jeunes générations que le nom d'une place au coeur d'Alger, était enseignant à la faculté d'Alger et militant de la cause algérienne.
    Il a été arrêté par l'armée française le 11 juin 1957, lors de la bataille d'Alger, et assassiné pour son implication dans la guerre de Libération. Pour l'historien Pierre Vidal-Naquet, Maurice Audin est «mort pendant son interrogatoire».


    «On l'a tué au couteau»


    De son côté, le général Aussaresses confirme, au début des années 2000, dans son entretien avec le journaliste Jean-Charles Deniau, «avoir donné l'ordre de tuer Maurice Audin. On l'a tué au couteau pour faire croire que c'était les Arabes qui l'avaient tué».
    Puis fut publiée la Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, plus connue sous le nom de Manifeste des 121.
    En septembre 1960, ils furent 121 écrivains, universitaires et artistes français, à le signer, parmi lesquels Simone de Beauvoir, André Breton, Marguerite Duras, Claude Lanzmann, Jean-Paul Sartre, Vercors et Pierre-Vidal Naquet. Ils ont été 240 personnalités à signer la seconde édition pour informer par des critiques très acerbes, à travers leur manifeste, l'opinion nationale française et internationale quant à la réalité de la guerre d'Algérie. Ils soutenaient fermement le peuple algérien dans sa lutte pour son indépendance : «La population algérienne opprimée» ne cherche qu'à être reconnue «comme communauté indépendante».
    C'est aussi grâce aux signataires de ce Manifeste que le fossé s'est aggravé entre la métropole, le pouvoir politique et les Français d'Algérie, qui commençaient à se détourner du général de Gaulle qu'ils accusaient de les avoir trahis.

    SOURCE : L'Expression: Nationale - Focus sur les intellectuels (lexpressiondz.com)


    3 commentaires
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    c'était le 18 janvier dernier

    une émission devait être diffusée en direct

    mais la covid  nous a empêché de la voir

    ALORS AUJOURD'hui la voici  en différé

      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

    L’association Josette et Maurice Audin (AJMA) organise son Assemblée Générale comme annoncé le 18 janvier à 18h, avec pour commencer le débat entre Benjamin Stora et Amar Mohand Amer. Mais les règles qui viennent de nous être communiquées par la Mairie de Paris interdisent d’y tenir cette session comme prévu : elle aura lieu en distanciel.

    Rencontre animée par Gilles Manceron.

     Association Josette & Maurice Audin

    Créée dans la foulée de l’inauguration d’une place Maurice Audin à Paris en 2004, l’Association « Maurice Audin » est devenue « Association Josette et Maurice Audin » en 2019.

    Ses objectifs :

     

    • Faire vivre la mémoire de Josette et Maurice Audin et leur combat pour l’indépendance de l’Algérie, agir pour faire la clarté sur les circonstances de la mort de Maurice Audin, assassiné en 1957 par des militaires français.
    • Favoriser la coopération entre scientifiques français et algériens, notamment par l’organisation du Prix de mathématiques Maurice Audin. Agir pour le développement de l’amitié entre peuples algériens et français.
    • Agir pour l’ouverture des archives ayant trait à la guerre d’Algérie et pour la vérité sur les disparus de cette guerre du fait des forces de l’ordre françaises. Lutter contre l’utilisation de la torture dans le monde.
    • Un riche débat entre les historiens Benjamin Stora et Mohand-Amer Amar, et des échanges avec les adhérents et sympathisants de l'association.

      00:07 Introduction de Marie-Christine Lemardeley

      02:00 Programme de l’AG par Claire Hoquet

      05:00 Présentation du débat par Gilles Manceron

      06:00 Débat animé par Gilles Manceron

      06:10 Benjamin Stora – Le rapport Stora

      16:20 Amar Mohand Amer – Le rapport vu d’Algérie

      25:20 Benjamin Stora – Les archives en France et en Algérie

      30:40 Amar Mohand Amer – Conditions de travail des historiens en Algérie

      35:40 Catherine Teitgen-Colly – La bataille des archives

      40:50 Fabrice Riceputi – 1000autres.org

      42:00 Echanges

      45:18 Alain Ruscio

      47:50 François Kaldor - Les mouvements anticolonialistes

      53:10 Benjamin Stora – Réponse

      54:50 Hakim Addad – Difficultés d’accès aux archives en Algérie

      56:25 Amar Mohand Amer – Réponse

      01:01:17 Gilles Manceron – Question sur les essais nucléaires

      01:02:10 Aziz Mounde – Décolonisation en Afrique subsaharienne

      01:05:04 Gilles Manceron – Réponse

      01:05:50 Pierre Mansat – Collectif archives et citoyenneté

      01:08:00 Pierre Audin - Reconnaissances présidentielles

      01:10:50 Alain Ruscio - Guerre d’Indochine et disparitions

       

       
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    Colonisation et "crime contre l'humanité" : cinq ans après, le Cercle algérianiste rouvre sa querelle avec Emmanuel Macron

    VOIR UN ajout à la fin de cet article

     Colonisation et "crime contre l'humanité" : cinq ans après, le Cercle algérianiste rouvre sa querelle avec Emmanuel Macron

     APPEL à Roger Hillel : Merci de me faire parvenir l'intégralité de cet article par un @mail en pièce jointe

    • Le sujet de la décolonisation enflamme une nouvelle fois les débats entre les partisans et les opposants à la question de la repentance. L'Indépendant.

     Nouvelle présidente nationale du Cercle algérianiste, principale association de pieds-noirs, la Perpignanaise Suzy Simon-Nicaise a adressé une lettre ouverte au président de la République lui demandant le retrait officiel des termes employés par Emmanuel Macron le 15 février 2017 où il juge la colonisation comme un crime contre l'humanité. Elle s'en explique. La réponse d'une association de pieds-noirs progressistes, favorable à la décolonisation, ne s'est pas fait attendre. 

    Alors que le président de la République doit réunir le 26 janvier l'ensemble des associations de rapatriés à l'approche des commémorations des 60 ans de la fin de la guerre d'Algérie, la principale organisation représentant des pieds-noirs, le Cercle Algérianiste, remet sur le devant de la scène l'intervention d'Emmanuel Macron du 15 février 2017 lors d'une interview donnée à la chaîne d'information Echourouk News.

    Il y déclarait : "La colonisation est un acte de barbarie...c'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie". Une intervention télévisée qui déclencha de l'autre côté de la Méditerranée de vives polémiques alors que l'association, aujourd'hui présidée par la perpignanaise Suzy Simon-Nicaise, avait fait le choix d'une opposition musclée en poursuivant judiciairement celui qui n'était encore que candidat à la présidentielle. À l'approche de cette réunion, elle dit qu'elle n'y assistera qu'à la condition que le Président retire ses propos tenus devant le média algérien.

    Ce qui demeure du peuple Pied-noir et de sa mémoire, ne saurait s’abaisser devant celui qui l’a accusé, et l’accuserait toujours, du pire des crimes qui puisse être.

    "Cette plainte, réglementairement suspendue, attend l'heure où M. Macron quittera l'Elysée", prévient Suzy Simon-Nicaise. Elle confirme, avant la tenue d'une conférence de presse ce lundi 24 janvier à Paris, que son association attend des explications fermes comme elle le précise dans son courrier adressé le mardi 18 janvier depuis Perpignan au Président. "Cette déclaration sur laquelle vous n'êtes jamais revenu constitue une très lourde et très infamante accusation. Contre la France, état colonisateur de l’Algérie. Contre ses personnels civils et militaires, le plus souvent métropolitains, qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour instaurer et faire fonctionner une administration. Enfin, contre les centaines de milliers de civils dont la France a encouragé, facilité et organisé l’installation afin de réaliser une colonie de peuplement, et dont nous sommes les descendants. Une telle déclaration constitue une terrible et inacceptable accusation à notre égard. Nous la ressentons comme une véritable insulte lancée globalement contre nos ancêtres, notre histoire et nous-mêmes".

    Expliquant le sens de sa lettre ouverte, Suzy Simon-Nicaise précise ne pas supporter que les pieds-noirs soient considérés "comme les boucs émissaires" de cette guerre d'indépendance. "Pour qu’un dialogue fécond puisse s’installer, nous considérons qu'il doit retirer officiellement, en un impératif et incontournable préalable, les termes odieux qui ont été les siens ce 15 février 2017 à Alger. C’est l’unique et absolue condition de notre présence à cette invitation. Aucune alternative n’est envisageable. Ce qui demeure du peuple Pied-noir et de sa mémoire, ne saurait s’abaisser devant celui qui l’a accusé, et l’accuserait toujours, du pire des crimes qui puisse être".

    Réponse cinglante des Pieds-noirs progressistes

    Réagissant à cette prise de position du Cercle algérianiste, le perpignanais Jacki Malléa, fondateur de l'association des Pieds-noirs progressistes en 2008, précise qu'il participera bien à la réception de l'Elysée. Il critique ouvertement la démarche du Cercle algérianiste. 

    "Dans son intervention de 2017, Emmanuel Macron rappelle comment s'est faite la colonisation. Le Cercle algérianiste ne connaît pas l'histoire de l'Algérie et n'a jamais voulu se l'approprier. Moi je suis parti à 22 ans et je ne connaissais rien de l'Algérie et de son histoire, je l'ai appris plus tard". Pour justifier les propos du Président, Jacki Malléa cite les enfumades de 1844-1845. "Des villages entiers ont été envoyés dans des grottes et les habitants ont été asphyxiés. Il ne faut pas oublier cette barbarie et ce crime contre l'humanité". Mais aussi le massacre de Guelma du 8 mai 1945 réprimant des manifestants aux slogans anticoloniaux. Ou encore l'assassinat de Château-Royal où un commando de l'OAS exécute six cadres des centres sociaux éducatifs d'Algérie. "On a eu notre Charlie Hebdo avec l'assassinat de Pieds-noirs et d'Algériens le 15 mars 1962. Ceci n'est rien d'autre qu'une barbarie" répète-t-il.

    Concernant l'objectif de son association à l'occasion des commémorations : "Que les archives soient mises à disposition des historiens afin qu'ils puissent travailler. La masse des pieds-noirs, arrivés en 1962, s'est fondue dans la France en s'y intégrant bien. Quant aux Algériens, ils ont acquis ce qu'ils attendaient depuis 130 ans". 

    Julien Marion

     

    SOURCE : https://www.lindependant.fr/2022/01/20/colonisation-et-crime-contre-lhumanite-cinq-ans-apres-le-cercle-algerianiste-rouvre-sa-querelle-avec-emmanuel-macron-10058127.php

     

     

    Colonisation et "crime contre l'humanité" : cinq ans après, le Cercle algérianiste rouvre sa querelle avec Emmanuel Macron

     

    Roger HILLEL

    Pour m’avoir aidé à construire cet article et aussi pour m'avoir fait parvenir la lettre ouverte au président de la République du Cercle algérianiste à laquelle je mets une vidéo de conclusion… pour faire "plaisir ? " à ses membres nostalgériques.

    Michel Dandelot

     

     

    Colonisation et "crime contre l'humanité" : cinq ans après, le Cercle algérianiste rouvre sa querelle avec Emmanuel Macron

     

    C'était en 2017


     

    Colonisation et "crime contre l'humanité" : cinq ans après, le Cercle algérianiste rouvre sa querelle avec Emmanuel Macron

    Des nouvelles de Perpignan

    Une analyse de notre amie Catherine Sicart

    MERCI DE CLIQUER SUR LE LIEN CI-DESSOUS :

     L’instrumentalisation idéologique du 19 mars

    PUIS VOUS POURREZ CLIQUER 

    SUR LES DEUX LIENS (CONCERNANT LOUIS ALLIOT)

    QUE VOUS POURREZ TROUVER

    DANS L'ARTICLE DE CATHERINE SICART  


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  • Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury :

    Michel Dandelot 

    Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury : Michel Dandelot

    Je viens d'intervenir sur la page Facebook de Geneviève Darrieussecq : cf. https://www.facebook.com/gdarrieussecq/ et infra).

    A coup sûr, pas de tête de veau au menu de la toubib ce vendredi… écrit Jean-François, alors j’ai voulu comprendre cette allusion, voir à la fin…   

    "J’ai subi l’épreuve de l’écoute en direct du long message de vœux pour 2022 de la soi-disant ministre déléguée à la mémoire et aux anciens combattants ce 21 janvier 2022. 

    "La voix monocorde et componctueuse de Madame Darrieussecq trahissait sa douleur de ne pas se trouver parmi les siens en ce jour anniversaire de la mort de Louis XVI : c’est en effet auprès des nostalgiques de la monarchie, de l’Empire colonial et de l’Algérie française qu’elle avait sa place et non au Musée de l’Armée. 

    "C’est manifestement sous la contrainte qu’elle s’est pliée à cet exercice de restitution d’un propos qui semblait avoir été écrit, au moins pour partie, sous la dictée hâtive d’un conseiller élyséen. 

    Répétitif, balançant entre l’autosatisfaction (à l’égard du bilan de son quinquennat finissant) et l’éloge du chef des Armées, le discours a passé sous silence les modalités de célébration du soixantième anniversaire de la signature des Accords d’Evian et de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie. 

    "Il s’est conclu sur cette déclaration décalée, pour ne pas dire sidérante : 

    « Je suis optimiste car je vois se lever une France de l'engagement, qu'il soit militaire, associatif, politique, environnemental ou humanitaire. Je suis optimiste car je connais cette France des maires et des milliers d’élus locaux qui agit au quotidien pour leur territoire et le bien de leurs administrés. Je suis optimiste car je vois le comportement du peuple français qui, dans ses profondeurs, est exemplaire, consciencieux et solidaire dans la crise sanitaire. Je suis optimiste car notre pays a retrouvé son attractivité, sa dynamique économique : il attire des investisseurs, il crée des emplois. Car les choix politiques permettent d'agir, de peser et de faire progresser notre pays, lentement diraient certains, mais assurément. Le chemin est là. C'est avec l'espérance au cœur et la foi dans le caractère de notre peuple que je vous adresse mes vœux les plus chaleureux de bonheur » 

    "Jean-François Gavoury 

    "Président d’une association d’anciens combattants et victimes de guerre."

    Comme Jean-François m’a donné le lien pour aller sur la page Facebook de la toubib, c’est ce que j’ai fait (vous pouvez le faire aussi) en effet j’ai vu qu’il avait écrit un commentaire auquel j’ai répondu et Jean-François en a fait de même :

    Jean-François Gavoury 

    J’ai subi l’épreuve de l’écoute en direct du long message de vœux pour 2022 de la soi-disant ministre déléguée à la mémoire et aux anciens combattants ce 21 janvier 2022

    La voix monocorde et componctueuse de Madame Darrieussecq trahissait sa douleur de ne pas se trouver parmi les siens en ce jour anniversaire de la mort de Louis XVI : c’est en effet auprès des nostalgiques de la monarchie, de l’Empire colonial et de l’Algérie française qu’elle avait sa place et non au Musée de l’Armée.

    C’est manifestement sous la contrainte qu’elle s’est pliée à cet exercice de restitution d’un propos qui semblait avoir été écrit, au moins pour partie, sous la dictée hâtive d’un conseiller élyséen.

    Répétitif, balançant entre l’autosatisfaction (à l’égard du bilan de son quinquennat finissant) et l’éloge du chef des Armées, le discours a passé sous silence les modalités de célébration du soixantième anniversaire de la signature des Accords d’Evian et de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie.

    Il s’est conclu sur cette déclaration décalée, pour ne pas dire sidérante :

    « Je suis optimiste car je vois se lever une France de l'engagement, qu'il soit militaire, associatif, politique, environnemental ou humanitaire. Je suis optimiste car je connais cette France des maires et des milliers d’élus locaux qui agit au quotidien pour leur territoire et le bien de leurs administrés. Je suis optimiste car je vois le comportement du peuple français qui, dans ses profondeurs, est exemplaire, consciencieux et solidaire dans la crise sanitaire. Je suis optimiste car notre pays a retrouvé son attractivité, sa dynamique économique : il attire des investisseurs, il crée des emplois. Car les choix politiques permettent d'agir, de peser et de faire progresser notre pays, lentement diraient certains, mais assurément. Le chemin est là. C'est avec l'espérance au cœur et la foi dans le caractère de notre peuple que je vous adresse mes vœux les plus chaleureux de bonheur »

    Jean-François Gavoury

    Président d’une association d’anciens combattants et victimes de guerre.

     

    Michel Dandelot à 

    Jean-François Gavoury Quel beau discours pour les nostalgiques extrémistes de l'Algérie française à qui elle a déjà rendu hommage le 26 mars 2021 tout en refusant que le 19 mars 1962 soit commémoré. Quel beau discours pour les héritiers de l'OAS puisque les victimes de cette organisation terroriste et criminelle ont été occultées.

    Jean-François Gavoury à 

    Michel Dandelot Il est des allergies incurables : le docteur Darrieussecq doit le savoir. Celle que lui inspirent les victimes de l’OAS est de cette nature, y compris celles d'entre ces victimes qui ont reçu la mention « Mort pour la France » sur leur acte de décès.

    Le pire, pour cette personne, est sans doute que ceux qu’elle croyait ses alliés la lâchent, telle la nouvelle présidente nationale des Cercles algérianistes !

    Peut-être les harkis sauront-ils, le moment venu, témoigner au Président de la République une gratitude à la mesure des nouveaux efforts demandés au contribuable français pour les indemniser en même temps - sinon au même taux - que les rapatriés.

     

    Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury : Michel Dandelot

    Pourquoi mange-t-on de la tête de veau pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI, le 21 janvier ?

    Confrérie Rochelaise de la Tête de Veau

    Les trois années qui suivirent le 14 juillet 1789, le roi Louis XVI à qui les pouvoirs avaient été maintenus commit de nombreuses trahisons à la Révolution alors qu’il semblait la soutenir.

    Les caricaturistes de l’époque, à l’humour féroce, sur l’image équivoque qu’ils en percevaient s’en donnaient à cœur joie, représentant le monarque sous les traits bestialisés d’un porc affublé du sobriquet de « Roi Cochon ».

    Le 10 août 1792, la prise des Tuileries par le peuple « sans-culotte » de Paris et par les « fédérés » (volontaires venus de provinces) encouragés par Robespierre et les Jacobins (révolutionnaires intransigeants) entraîna sa déchéance complète. Qualifié de Traite à la Nation, ses privilèges lui furent retirés. Il devint le simple citoyen Louis Capet et fut incarcéré à la Prison du Temple.

    Le 20 septembre suivant, la victoire des armées républicaines à Valmy sur les Autrichiens et les Prussiens mit un terme, à la guerre qu’il avait fomenté pour retrouver son trône, et à toute possibilité de reprendre le pouvoir. Cette victoire majeure des patriotes républicains sur les monarchies européennes occasionna la proclamation de la 1ère République le 22 septembre 1792 et accentua, à une période où « la monte-à-regret » raccourcissait bon train, le désir de certains, de plus en plus nombreux, d’en finir avec l’Ancien Régime .

    Le 21 janvier 1793, quatre mois après la proclamation de la 1ère République, la décollation de Louis Capet fut réalisée, faisant disparaître le dernier symbole vivant de la royauté .

    Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury : Michel Dandelot

    Très vite , le pamphlétaire Romeau dans son opuscule « La Tête et l’Oreille » projeta dès le 21 janvier 1794 l’organisation de banquets républicains pour commémorer la fin de la monarchie absolue de Droit Divin génératrice d’injustices et d’oppressions en tous genres. Il suggéra alors que le plat principal du menu soit concocté à base d’oreilles et de têtes de cochons.
    Des banquets commémoratifs se déroulèrent ainsi chaque année, dès le 21 janvier 1794 et tout au long de la première partie du XIXème Siècle, avec au menu comme plat de résistance : de la tête de cochon farci .


    Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury : Michel Dandelot

     

    Vers 1848, au moment de l’instauration de la 2ème République la tête de cochon farci fut abandonnée au menu des banquets et remplacé par la tête de veau. 

    En avait-on trop consommé au point d’en être rassasié ? Où le peuple révolutionnaire s’était-il quelque peu embourgeoisé ?

    La raison de cette substitution n’est pas élucidée sur le plan historique, et à ce jour il est impossible répondre à ces questions. Mais ce que nous savons c’est que dans « L’Education Sentimentale » Gustave Flaubert fait dire à l’un de ses personnages du roman, participant à la Révolution de 1848 à qui il donne la parole au sujet de la tête de veau, je cite : « c’est une importation anglaise » ; pour parodier la cérémonie que les « Roundheads » célébraient chaque 30 janvier, après la décapitation du roi Charles 1er d’Angleterre, survenu le 30 janvier 1649. Une autre victime décapitée pour que l’installation d’un pouvoir démocratique devienne possible. Ces partisans de la monarchie institutionnelle célébraient cette date lors d’un banquet où la tête de veau était arrosée de vin rouge qui servait à remplir en guise de verre , des cranes de veaux utilisés au cours du repas , pour porter des toasts à l’extermination des Stuart .

    Dans un premier temps j’ai reçu ce mail de Jean-François Gavoury : Michel Dandelot

     
    A servir avec :
    - Rouge : Haut-Poitou ; Bourgueuil ; Beaujolais Village.
    - Blanc : Champagne Brut si vous avez les moyens ; Sylaner ; Entre deux Mers ; Quincy.
    - Rosé : Côtes de Provence ; Sancerre ; Vin de Corse.

    SOURCE : http://ulcgt10.fr/spip.php?article1417 

     

     

     


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  • Alphonse Samson : son témoignage

    sur la guerre d’Algérie

    Alphonse Samson : son témoignage sur la guerre d’Algérie

     Alphonse Samson

    Alphonse Samson : son témoignage sur la guerre d’Algérie

     

    En novembre 2011, Alphonse Samson avait envoyé à ABP son témoignage sur la guerre d’Algérie. A l’occasion de sa disparition, nous avons décidé de publier ici ces 50 pages dont certaines sont dures à lire mais qui ne sont que le reflet de cette « sale guerre » qui fut totalement inutile, voire absurde - en tout cas contraire aux valeurs de cette République. Cette guerre, non déclarée, ne fut que le reflet de l’arrogance d’une république, qui, depuis sa création, n’arrive pas à se remettre en cause, ou à voir les contradictions majeures entre les principes qu’elle proclame à la face du monde, les valeurs sur lesquelles elle dit être fondée, et sa politique agressive d’assimilation tous azimuts, autrefois de ses colonies, et aujourd’hui de ses territoires d’outre-mer ou même au sein de l’hexagone. La République française conduit depuis le début des politiques, voire des guerres, envers les cultures qui ne sont pas la sienne.

    Le drame de l’Algérie, né du colonialisme et du système centralisateur français, n’aurait pas dû voir le jour si un minimum de bon sens démocratique avait un tant soit peu prévalu. En tout cas, il aurait dû être stoppé dès le départ. Guy Mollet ne qualifiait-il pas les évènements d’Algérie de «Guerre imbécile et sans issue» ? C’était en 1956, année où il était possible de ramener la paix alors qu’était décidé d’envoyer le contingent accentuer cette « guerre imbécile ». -Alphonse Samson

    L’usage, régulier et banalisé, de la gégéne y est mentionné, ainsi que d’autres infractions aux conventions de Genève comme la non assistance à des civils blessés. Il reste que l’infraction la plus grave est celle envers le droit fondamental des peuples à disposer de leur destinée et à être encadrés par des institutions librement choisies par eux-mêmes.

    Les responsables de l’Armée nous mettaient en garde contre les velléités que nous aurions à divulguer des faits qui tendraient à discréditer l’Armée. Nous serions vigoureusement sanctionnés si nous transgressions cette directive. Le courrier que nous adressions était surveillé, ouvert même. Alors, par précaution, il était préférable de ne rien dire de ce que nous pouvions savoir et de ce que nous avions vu. Même bien des années après notre retour, par précaution toujours, il valait mieux garder le silence.

    Il s’est agi finalement pour tout le monde de se donner bonne conscience face à ce drame algérien. Un traumatisme, a-t-il été dit. Quel traumatisme ? Plutôt un ressassement d’évènements plus ou moins imaginés, amplifiés par une mémoire approximative. La manipulation intellectuelle est bien connue : faire « porter le chapeau ». Faire croire aux intéressés qu’ils sont responsables de ce qui est arrivé, qu’ils affabulent même, de manière à ce qu’ils se dévaluent et culpabilisent. A partir de ce moment, les gouvernants n’ont plus à craindre de devoir rendre des comptes. - Alphonse Samson

    POUR LIRE LE TéMOIGNAGE

    d’alphonse samson

    merci de cliquer sur le lien

     ci-dessous :

    Document PDF54276-temoignagesamson.pdf Témoignage d’Alphonse Samson, un appelé, sur sa guerre d’Algérie... Source : Alphonse Samson

     

    Voir aussi :

     

    Disparition d’Alphonse Samson

    Alphonse Samson est décédé le 15 janvier à 87 ans à Lorient. Ce Ploemeurois était co-fondateur du Parti Breton et animait la section du Morbihan de ce parti. Il a co-fondé de nombreuses associations culturelles bretonnes comme Emglev bro an Oriant ou Kelc’h ar Brezhoneg Bev. Il était aussi rédacteur en chef de la revue An Doere, une revue en breton vannetais qu’il avait créée (devenue Doereiou ).

    Il fut un grand défenseur de la langue bretonne et de la culture bretonne. Il a lutté toute sa vie pour une dévolution politique et pour une réunification administrative, refusant de séparer la culture de la politique.

    Fervent catholique, il animait l’association Santez Anna Gwened et défendait la langue bretonne et les chants en breton à l’église. Il organisait les messes en breton au Festival Interceltique de Lorient, et aussi tous les ans, une veillée du 11 novembre au sanctuaire de Ste-Anne d’Auray, en souvenir des Bretons tués durant la première guerre mondiale.

    Très marqué par la guerre d’Algérie où parti trop jeune pour comprendre ce qui s’y passait vraiment, il regrettait d’avoir dû participer à cette guerre coloniale inutile. Il en voulait à la France de l’avoir envoyé là-bas. Il avait confié à ABP avoir participé à des opérations militaires au cours desquelles des civils innocents avaient été tués : « j’ai protesté auprès de mon supérieur, lui disant qu’on ne pouvait laisser cette villageoise, grièvement blessée, mourir sur le bord de la route, mais on m’a recadré, me disant que les hélicoptères étaient utilisés pour des choses plus importantes...». Sa prise de conscience politique en tant que Breton s’était produite en Algérie, confiait-il à ses amis. Il a d’ailleurs écrit des mémoires sur cette guerre qui n’ont jamais été publiés.

    Une cérémonie religieuse a eu lieu le jeudi 20 janvier 2022 à 10h30, à la basilique de Guingamp.

    SOURCE : https://abp.bzh/alphonse-samson-son-temoignage-sur-la-guerre-dal-54276

     


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  •  

    Les 21 et 22 janvier la BnF et l'Institut du monde arabe accueillent un colloque historique, «Oppositions intellectuelles à la colonisation et à la guerre d’Algérie».

     

    Les 21 et 22 janvier la BnF et l'Institut du monde arabe accueillent un colloque historique, « Oppositions intellectuelles à la colonisation et à la guerre d’Algérie ».

            

    Le colloque sera retransmis en direct sur la chaîne Youtube

    de la BnF  :


     

    Les 21 et 22 janvier la BnF et l'Institut du monde arabe accueillent un colloque historique, « Oppositions intellectuelles à la colonisation et à la guerre d’Algérie ».

     

    « Il se trouve» que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; « il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et « il se trouve » qu’elles correspondaient en moi à des blessures ; « il se trouve », enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C’est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu’aucune n’a cassé, que je n’ai ni rompu avec la justice pour l’amour de la France, ni rompu avec la France pour l’amour de la justice.»

    Ainsi s’exprime Germaine Tillion le 11 mars 1964 dans le journal « Le Monde », en réponse à Simone de Beauvoir qui l’a mise en cause dans un bref passage de son ouvrage « La force des choses ». Pour comprendre la nature de son engagement au cours de la guerre d’Algérie, il faut revenir sur son parcours singulier.

    Germaine Tillion est une jeune ethnologue, diplômée de l’Institut d’Ethnologie en 1932, lorsqu’elle est recrutée pour une mission ethnographique qu’elle débutera dans l’Aurès, région montagneuse de l’est algérien, en ce temps département français. Elle y mène plusieurs missions dans les années 1930, auprès de la population berbère semi-nomade Ah-Abderrahmane de Kebach, dans le douar de Tadjemout.

    En 1940, de retour dans une France occupée militairement par l’Allemagne nazie, refusant la politique de collaboration, elle rejoint la Résistance et s’implique activement dans les activités de plusieurs groupes. Arrêtée sur dénonciation en 1942, Germaine Tillion est déportée au camp de Ravensbrück. Aidée de ses camarades de détention, elle documente, en ethnologue, le fonctionnement du système concentrationnaire, pour pouvoir en témoigner si l’une d’entre elles au moins survit. Elle est libérée le 23 avril 1945 par la Croix-Rouge suédoise.

    Après presque dix ans de recherche consacrée à la Résistance et à la déportation, l’Algérie se rappelle à elle. Germaine Tillion accepte une mission d’enquête officielle dans l’Aurès, immédiatement après les attentats du 1er novembre 1954, qui marquent le début de la guerre d’Algérie. Frappée par la paupérisation des populations, elle y engage la création de centres sociaux assurant scolarisation, formation professionnelle, services de santé et d’hygiène.

    En 1957, Germaine Tillion effectue une visite des camps et prisons d’Algérie et constate le recours systématique à la torture par les forces armées françaises engagées. Dès lors, elle lutte pour mettre fin à l’escalade de la violence : elle obtient du chef FLN (Front de Libération Nationale) de la zone autonome d’Alger, que les attentats épargnent la population civile et milite, du côté français, contre la pratique de la torture et les exécutions capitales et pour la présentation des tortionnaires devant la justice. Ses prises de position lui valent admiration et reconnaissance mais provoquent aussi de vifs débats et attaques.

     


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