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    c'était le 18 janvier dernier

    une émission devait être diffusée en direct

    mais la covid nous a empêché de la voir

    ALORS AUJOURD'hui la voici en différé

      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

    18 janvier 2022 à 18h

    Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

     

    L’association Josette et Maurice Audin (AJMA) organise son Assemblée Générale comme annoncé le 18 janvier à 18h, avec pour commencer le débat entre Benjamin Stora et Amar Mohand Amer. Mais les règles qui viennent de nous être communiquées par la Mairie de Paris interdisent d’y tenir cette session comme prévu : elle aura lieu en distanciel.

    Rencontre animée par Gilles Manceron.

    Association Josette & Maurice Audin

    Créée dans la foulée de l’inauguration d’une place Maurice Audin à Paris en 2004, l’Association « Maurice Audin » est devenue « Association Josette et Maurice Audin » en 2019.

    Ses objectifs :

    • Faire vivre la mémoire de Josette et Maurice Audin et leur combat pour l’indépendance de l’Algérie, agir pour faire la clarté sur les circonstances de la mort de Maurice Audin, assassiné en 1957 par des militaires français.
    • Favoriser la coopération entre scientifiques français et algériens, notamment par l’organisation du Prix de mathématiques Maurice Audin. Agir pour le développement de l’amitié entre peuples algériens et français.
    • Agir pour l’ouverture des archives ayant trait à la guerre d’Algérie et pour la vérité sur les disparus de cette guerre du fait des forces de l’ordre françaises. Lutter contre l’utilisation de la torture dans le monde.
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      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

      Ce soir deux rendez-vous  18 janvier 2022 à 18h *** Diffusion en direct de l'Assemblée Générale de l’AJMA

    En archives et avec l’éclairage d’historiens, une passionnante traversée de l’Algérie coloniale sous Vichy, où persécutions des juifs et discriminations systémiques envers la majorité musulmane encouragent la lutte pour l’indépendance, à voir mardi 18 janvier à 22:30 sur ARTE. 


      DOCUMENTAIRE

    22:30

    L'Algérie sous Vichy

    Juin 1940 : après la débâcle, suivie par l'exode en métropole, l'Algérie française, épargnée par les bombardements et l'Occupation, ne s'en rallie pas moins avec ferveur, de l'été 1940 à 1943, à la révolution nationale du maréchal Pétain. Renforcement de l'ordre colonial et de la puissance de l'Église, exaltation de l'Empire et mise au pas des populations "indigènes"… : les Européens plébiscitent les orientations politiques de Vichy. Animés d'un profond antisémitisme, nombre d'entre eux approuvent l'abrogation du décret Crémieux qui, en 1870, avait accordé aux juifs d'Algérie la citoyenneté française, contribuant alors à diviser juifs et musulmans "pour mieux régner". Ce zèle à anticiper les injonctions allemandes vise aussi à signifier aux 7 millions de musulmans (90 % de la population) qu'ils ne doivent en rien espérer cette citoyenneté. Dénoncée par des leaders comme Ferhat Abbas ou Messali Hadj, cette "égalité par le bas" entraîne, à rebours des attentes de l'autorité coloniale, un mouvement de solidarité entre deux communautés désormais unies dans la misère. Exclus du jour au lendemain de la fonction publique et de l'école, humiliés et spoliés de leurs biens, les juifs seront aussi internés dans des camps. À l'automne 1942, les persécutions vont se poursuivre, malgré le débarquement en Afrique du Nord. Car l'amiral Darlan puis, après son assassinat le 24 décembre, son successeur le général Giraud, professent en leitmotiv : "Les juifs à l'échoppe, les musulmans à la charrue." Histoire méconnue En archives, dont certaines en couleur, ce passionnant documentaire, inspiré par le livre de Jacques Attali L'année des dupes – Alger 1943 (éd. Fayard, 2019), éclaire, avec des historiens dont Benjamin Stora − lequel y évoque le passé douloureux de sa famille −, un pan méconnu de l'Algérie française pendant la Seconde Guerre mondiale. Un sombre épisode qui, au passage, bat en brèche toute tentative fallacieuse de distinction entre juifs français et étrangers sous Vichy. Convoquant Albert Camus ou encore Jacques Derrida, qui portera les stigmates de cette période après son exclusion de l'école française à l'âge de 10 ans, le film montre aussi combien la violence des persécutions contre les juifs a anéanti la promesse coloniale de "civilisation" en Algérie et attisé le feu naissant de la lutte nationaliste vers l'indépendance. Dès le 10 février 1943, Ferhat Abbas publiait ainsi le Manifeste du peuple algérien, réclamant l'abolition de la colonisation et la liberté et l'égalité pour tous les habitants.

    Juin 1940 : après la débâcle, suivie par l’exode en métropole, l’Algérie française, épargnée par les bombardements et l’Occupation, ne s’en rallie pas moins avec ferveur, de l’été 1940 à 1943, à la révolution nationale du maréchal Pétain.

    Renforcement de l'ordre colonial et de la puissance de l’Église, exaltation de l'Empire et mise au pas des populations "indigènes"… : les Européens plébiscitent les orientations politiques de Vichy. Animés d'un profond antisémitisme, nombre d’entre eux approuvent l’abrogation du décret Crémieux qui, en 1870, avait accordé aux juifs d'Algérie la citoyenneté française, contribuant alors à diviser juifs et musulmans "pour mieux régner".

    Ce zèle à anticiper les injonctions allemandes vise aussi à signifier aux 7 millions de musulmans (90 % de la population) qu’ils ne doivent en rien espérer cette citoyenneté. Dénoncée par des leaders comme Ferhat Abbas ou Messali Hadj, cette "égalité par le bas" entraîne, à rebours des attentes de l’autorité coloniale, un mouvement de solidarité entre deux communautés désormais unies dans la misère. Exclus du jour au lendemain de la fonction publique et de l’école, humiliés et spoliés de leurs biens, les juifs seront aussi internés dans des camps.

    À l’automne 1942, les persécutions vont se poursuivre, malgré le débarquement en Afrique du Nord. Car l’amiral Darlan puis, après son assassinat le 24 décembre, son successeur le général Giraud, professent en leitmotiv : "Les juifs à l’échoppe, les musulmans à la charrue."

    Histoire méconnue

    En archives, dont certaines en couleur, ce passionnant documentaire, inspiré par le livre de Jacques Attali L’année des dupes – Alger 1943 (éd. Fayard, 2019), éclaire, avec des historiens dont Benjamin Stora − lequel y évoque le passé douloureux de sa famille −, un pan méconnu de l’Algérie française pendant la Seconde Guerre mondiale. Un sombre épisode qui, au passage, bat en brèche toute tentative fallacieuse de distinction entre juifs français et étrangers sous Vichy.

    Convoquant Albert Camus ou encore Jacques Derrida, qui portera les stigmates de cette période après son exclusion de l’école française à l’âge de 10 ans, le film montre aussi combien la violence des persécutions contre les juifs a anéanti la promesse coloniale de "civilisation" en Algérie et attisé le feu naissant de la lutte nationaliste vers l’indépendance. Dès le 10 février 1943, Ferhat Abbas publiait ainsi le Manifeste du peuple algérien, réclamant l’abolition de la colonisation et la liberté et l’égalité pour tous les habitants.

    Mais vous pouvez visualiser ce documentaire dans son tégralité, dès maintenant, en cliquant sur le lien ci-dessous : 

     

    https://www.arte.tv/fr/videos/098131-000-A/l-algerie-sous-vichy/

     


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  • Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron marche

    sur les braises de la mémoire

    Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron marche sur les braises de la mémoire

     © Rafael Yaghobzadeh Emmanuel Macron au pont de Bezons (Hauts-de-Seine), commémorant le massacre du 17 octobre 1961, le 16 octobre 2021.

    A trois mois de la présidentielle et à l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, l’exécutif cherche à s’adresser aux rapatriés d’Algérie, sans froisser d’autres descendants de participants au conflit.

    «Ce dossier mémoriel est une affaire de chapelles.» De l’avis d’un conseiller ministériel, le chantier des mémoires de la guerre d’Algérie ouvert par le chef de l’Etat n’a pas fini d’attiser les «conflits.» Alors que l’année présidentielle qui s’ouvre marque le 60e anniversaire de la fin de la guerre, l’exécutif planche sur les commémorations à venir. Et cherche, dans un souci d’apaisement, à adopter à la fois le bon ton mais également à trouver un calendrier idoine. Un exercice de funambule.

    Début décembre, l’Elysée avait fait savoir dans un communiqué que le chef de l’Etat s’adresserait, «dans les premiers jours» de 2022, «aux personnes qui ont dû abandonner un pays où ils étaient nés, qu’ils aimaient» – l’Algérie. Des associations de rapatriés devaient ainsi être reçues à l’Elysée. Annoncée dans la presse pour jeudi dernier, la rencontre n’a pas eu lieu. «Il n’y a jamais eu de date officielle, glisse un observateur. Ni de convocation.» La date du 26 janvier circule depuis, sans que l’Elysée ne confirme.

    «Racines communes»

    Depuis la remise en janvier du rapport de l’historien Benjamin Stora sur la «mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie» à Emmanuel Macron, aucun geste n’a été effectué envers les pieds-noirs et leurs descendants. Les mémoires de ces exilés d’Algérie sont diverses et sensibles. «J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né», écrivait Albert Camus. «Les racines des pieds-noirs sont communes, mais chacun a fait sa vie, dit aujourd’hui Georges Morin, un enfant de Constantine, rapatrié en France quelques années après l’indépendance et président de l’association Coup de Soleil. Ils ne se ressemblent pas. Il ne faut donc pas les enfermer dans ces mémoires.»

    Lors de la campagne de 2017, le candidat Macron avait provoqué des réactions outrées de certains pieds-noirs, notamment dans le sud de la France, en qualifiant la colonisation de «crime contre l’humanité.» «Ça a été perçu comme une insulte», assure aujourd’hui Jean-Félix Vallat, président de la Maison des agriculteurs et des Français d’Afrique du Nord (Mafa), l’une des plus vieilles associations de défense des rapatriés. A Toulon, quelques jours après ses propos polémiques, l’ex-ministre de l’Economie avait tenté un «je vous ai compris» auprès des descendants de pieds-noirs, avant de demander «pardon».

    «Rééquilibrage mémoriel»

    Après avoir reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort du militant communiste Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel, puis reconnu les «crimes inexcusables» commis lors de la manifestation du 17 octobre 1961, Emmanuel Macron a effectué un geste fort à l’égard des harkis, en septembreen leur demandant, ainsi qu’à leurs descendants, là aussi «pardon»Depuis, l’expression de «rééquilibrage mémoriel» est en vogue dans son entourage. «Il est indispensable, estime Jean-Félix Vallat. Pas un mot n’a été dit sur les victimes du FLN. Mes parents ont été égorgés sous mes yeux par le FLN. Pourquoi honorer Maurice Audin qui a aidé des terroristes durant la bataille d’Alger et pas les victimes civiles de la guerre ? Nous sommes excédés par cette balance mémorielle défavorable.»

    Le chef de l’Etat, qui souhaite «reconnaître toutes [les] mémoires» de la guerre d’Algérie, veut prendre soin, dans un contexte de crispations identitaires, de s’adresser à tous. Au risque de ne convaincre personne ? «Quelles revendications spécifiques les pieds-noirs pourraient-ils avoir ? s’interroge ainsi Jacques Pradel, président de l’Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA). Ils se sont fondus dans la société française, très rapidement… Ça n’a rien à voir avec les harkis par exemple. Il faut arrêter d’entretenir ce conflit des mémoires.» Au sein du gouvernement, le dossier est devenu sensible, selon plusieurs sources interrogées. Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et le Premier ministre, Jean Castex, qui ont tous deux des attaches familiales avec l’Algérie, plaideraient ainsi la cause des rapatriés auprès du président. «J’ai peur de son entourage», a ainsi récemment soufflé un interlocuteur de Macron sur le sujet. Et d’ajouter, lucide : «Il y a une lutte d’influence très forte autour de lui.»

    «Bataille des mémoires»

    Le 60e anniversaire des accords d’Evian et du cessez-le-feu du 19 mars 1962, prélude à l’indépendance algérienne, interviendra à trois semaines du premier tour de la présidentielle. L’Elysée reste pour l’heure silencieux sur les commémorations. Plusieurs autres dates jalonneront cette année des 60 ans de la fin de la guerre : l’anniversaire des violences policières du métro Charonne, le 8 février, où neuf manifestants furent tués par la police ; l’assassinat de l’écrivain algérien Mouloud Feraoun par l’OAS, à Alger, le 15 mars ; la fusillade de la rue d’Isly, le 26 mars. «Le 60e anniversaire, c’est toutes ces dates à la fois, défend Benjamin Stora. Car aucune ne fait consensus. Chacune renvoie à une bataille des mémoires, d’appropriation de différents groupes.» Reste également en suspens l’hommage national à l’avocate Gisèle Halimi, promis par Macron le 23 août, mais qui, pour l’heure, reste incertain.

    Le 5 février, à Amboise (Indre-et-Loire), un passage en hommage à l’émir Abdelkader, qui lutta contre la colonisation française et fut emprisonné dans le château, sera inauguré à l’entrée de la ville. Une série documentaire, C’était la guerre d’Algérie, produite par Georges-Marc Benamou, doit également être diffusée sur France 2 courant mars. «Tout se fait par petits pas», glisse Stora. Le chef de l’Etat l’a déjà dit : le chemin de la réconciliation des mémoires sera long. Et difficile.

    SOURCE : Guerre d’Algérie: Emmanuel Macron marche sur les braises de la mémoire (msn.com) 

    Les vrais oubliées des mémoires de la guerre d’algérie restent les victimes de l’oas… pour combien de temps encore ?

    Les victimes de l’OAS les oubliés des autorités françaises depuis longtemps mais jamais, comme cette année 2021, aucun président n’avait osé se faire représenter à une cérémonie pro-OAS.

    Les victimes de l’OAS les oubliés des autorités françaises depuis longtemps mais jamais, comme cette année 2021, aucun président n’avait osé se faire représenter à une cérémonie pro-OAS.

     

    C'était il y a quelques années, en 2013 précisément, la cérémonie en hommage aux participants de la manifestation de l’organisation séditieuse OAS du 26 mars 1962 a pu se tenir  sous l’Arc de Triomphe à Paris. Plusieurs associations ont protesté "contre la réhabilitation de l’OAS par les autorités françaises". Vous allez reconnaître nos amis Jean-François Gavoury, Henri Pouillot, Jean-Philippe Ould Aoudia.

    Cliquez sur le lien pour pouvoir voir ou revoir cette vidéo de 2013 :

    https://dai.ly/x4uxwr 

    Voici le lien de mon article de 2013

    http://dandelotmije.over-blog.com/article-la-republique-bafouee-ils-vont-remettre-a-en-2013-un-gouvernement-de-gauche-va-t-il-laisser-fair-115874580.html 

    M. Macron a aggravé le scandale en 2021

    c’est une honte absolue 

    Jean-François Gavoury nous a écrit

     

     

    Madame, Monsieur, 

     

    En même temps, à titre associatif, que celui de l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France, je porte avec fierté le souvenir de mon père, Roger Gavoury, assassiné le 31 mai 1961 dans l’exercice de ses fonctions de commissaire central d’Alger.
    Alger a pu compter sur mon père de février 1960 à mai 1961, parfois dans des circonstances d'extrême tension, en particulier lors des manifestations musulmanes du 11 décembre 1960 au cours desquelles il s’est physiquement interposé pour éviter que leur répression par des parachutistes désireux d’en découdre ne se solde par un véritable carnage.
    Soixante ans après, l'Algérie, au travers de son quotidien "El Watan", a tenu à rendre hommage à sa mémoire en lui donnant et en me donnant la parole.
    La France n'en fera pas autant, dont j'ai sollicité en vain le chef d'État à cette fin.
    Entre victimes et partisans de l’OAS, il a fait le choix d’honorer ostensiblement ces derniers le 26 mars : deux mois après, ses conseillers le lui font assumer.
    En d’autres termes, l’Algérie reconnaît les victimes de l’OAS cependant que la France les ignore.
    Vous trouverez l’article dont il s’agit en page 10 de l’édition papier du journal en première pièce jointe ainsi que la reproduction de sa teneur (version en ligne) en seconde pièce jointe.
    Je vous remercie de votre attention,
    Et vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de ma parfaite considération. 
     

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation
    Orphelin de guerre
    Officier ONM
     

     

     

     Rappelons-nous la raison pour laquelle

    Jean-François Gavoury a écrit cette phrase :

     

    "Entre victimes et partisans de l’OAS, le président Macron a fait le choix d’honorer ostensiblement ces derniers le 26 mars 2021"

     

    Ils ont osé… Ils ont occulté l’OAS !!!

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

    Aucun président de la République avant M. Macron avait osé envoyer (son, sa ministre) en l'occurrence pour le 26 mars 2021 la Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq participer à la Commémoration de la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962 au mémorial du Quai Branly, c’est une honte !!!

     

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

    Auprès de Geneviève Darrieussecq et Arnaud Ngatcha, Hugues Renson commémorait le 26 mars dernier la fusillade de la rue d’Isly.

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

     

     

    SOURCE : https://huguesrenson.fr/commemoration-de-la-fusillade-de-la-rue-disly-au-memorial-du-quai-branly/ 


    **************************************************************

    Chaque année, le 26 mars, des groupuscules extrémistes organisent des commémorations pour les victimes de la fusillade rue d'Isly à Alger qui ne sont pas « Mortes pour la France », mais tombées pour soutenir l’OAS qui les a manipulées et les noms de ces victimes n’auraient jamais dû avoir leur place au Mémorial National du Quai Branly à Paris, qui devait demeurer le lieu d’hommage aux militaires français « Morts pour la France » durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc, sans oublier les victimes des jusqu’au-boutistes de l’Algérie française agissant au sein des commandos de la mort de l’OAS : c’est-à-dire les civils, les représentants des forces de l’ordre, les magistrats, les fonctionnaires de l’éducation nationale restés fidèles à la République jusqu’au sacrifice de leur vie.

    La présence de la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq à la Commémoration de la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962 au mémorial du Quai Branly a occasionné l'envoie de 2 lettres (sans réponses pour le moment) de présidents d'associations des victimes de l'OAS, avec leur autorisation les voici :

    Le président Macron à une part de responsabilité concernant la lettre des généraux : un texte séditieux qui menace la République

    " L'autre 21 avril 2021 ", la lettre

    de l'ANPROMEVO au Président

    de la République

     

    Le président
     

    Chaville, 21 avril 2021.

     

     

    Monsieur le Président de la République

    Cabinet Palais de l'Elysée  

    55, rue du Faubourg Saint Honoré 

    75008 Paris 


    Monsieur le Président de la République,

    Les sites Internet du ministère des Armées et de l’office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) ont gardé le silence sur un événement exceptionnel.
    Pour leur part, l’ensemble des blogs de la mouvance OAS (anciens activistes, sympathisants, revanchards de l’Algérie française) l’ont annoncé en ces termes : « En mémoire des victimes de la fusillade rue d’Isly à Alger, vendredi 26 mars 2021, au Mémorial national de la guerre d'Algérie, Mme Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, déposera une gerbe du Président de la République lors de la cérémonie qui demeure associative ».

    Ces mêmes sites ont rendu compte de cette commémoration, lui consacrant un reportage documenté (cf. http://popodoran.canalblog.com/archives/2021/03/24/38883741.html à titre d’exemple).

    L’image de représentants des plus hautes institutions de la République aux côtés de personnes ayant répondu, le 26 mars 1962 après-midi, à un appel à manifester lancé le matin même par l’OAS est des plus malencontreuses :

     cet appel, par tract, se concluait par la formulation d’une volonté « de lutter jusqu’au bout contre l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste » et s’inscrivait dans la stratégie insurrectionnelle développée par l'OAS qui, après s’être opposée par la violence à l’application des Accords signés à Évian le 18 mars 1962, a poussé l'armée française à rompre le cessez-le-feu ;

     la cérémonie du quai Branly peut être regardée comme l’expression d’un désaveu des autorités civiles et militaires en charge, à l’époque, du maintien de l’ordre républicain et/ou une approbation de l’attitude de citoyennes et citoyens, Français d’Algérie, acquis au putsch organisé un an plus tôt ;

     l’initiative du 26 mars 2021 va largement au-delà des préconisations contenues dans le rapport que M. Benjamin Stora vous a remis il y a trois mois, intitulé Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ;

     s’il existe de fait, côté algérien, « quelques résistances » au dessein d’une réconciliation mémorielle « très largement partagée » entre Alger et Paris, l’on peut également soutenir que, côté franco-français, perdurent d’insurmontables antagonismes mémoriels trouvant leur origine dans la radicalité d’un discours invariant des nostalgiques de l’Algérie française ainsi, hélas, que dans la partialité d’administrations centrales qui refusent avec constance d’admettre au bénéfice du statut de "Mort pour la France" des fonctionnaires de police victimes de l’OAS, illégalement privés de cette qualité (cf. Annexe - pages 6 et 7 - en pièce jointe).

    Au nom de l’apaisement et du « en même temps », s’imposent désormais deux engagements prioritaires : la promesse de la régularisation pré-évoquée dans le délai maximal de cinq mois ; l‘annonce d’une représentation, au niveau sommital de l’État, à la cérémonie prévue le 6 octobre prochain, au cimetière parisien du Père-Lachaise, dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire du dévoilement par le maire de la capitale, M. Bertrand Delanoë, de la première stèle dédiée par une collectivité publique à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France.

    Dans l’attente d’une écoute enfin respectueuse du souvenir de celles et de ceux - civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires tombés, sans pouvoir se relever, sous les coups de l’OAS, parce qu’ils respectaient les institutions et valeurs de la République,

    Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de ma très haute considération.

    Jean-François Gavoury
    Président de l’ANPROMEVO

     


    Le président Macron à une part de responsabilité concernant la lettre des généraux : un texte séditieux qui menace la République

    Siège social : Jean-Philippe Ould Aoudia

    191, avenue Victor Hugo 92140 Clamart

    Le Président

     

    23 avril 2021

     

     

    Madame Geneviève Darrieussecq

     

    Ministre déléguée auprès de la       ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants       14, rue Saint-Dominique      

     75700 Paris 07  SP LRAR

     

    Madame la Ministre,

     

    Vous avez représenté l’État, le 26 mars 2021, à la commémoration associative d’une manifestation insurrectionnelle fomentée le 26 mars 1962, à Alger, par l’OAS, érigée dès avant sa création formelle le 11 février 1961 en partie belligérante au conflit algérien.

    Seul le rappel de faits remontant à cinquante-neuf ans permet d’apprécier le sens à donner au dépôt par vos soins, au nom du Président de la République, d’une gerbe de fleurs devant les colonnes du quai Branly à Paris.

    Cette manifestation avait fait l’objet de deux interdictions, largement diffusées, émanant l’une du préfet de police d’Alger et l’autre du général commandant le secteur Alger-Sahel : les participants ont fait le choix de désobéir aux autorités civiles et militaires de l’époque.

    Trois jours auparavant, le 23 mars, sept jeunes Français, appelés du contingent -11 autres seront blessés- avaient été abattus par l’OAS qui considérait l’armée française comme une armée d’occupation, et exprimait sa résolution à…lutter jusqu’au bout contre l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste » : motifs formulés sur le tract d’appel à rassemblement distribué au cours de la nuit du 25 au 26 mars.

    Rue d’Isly, se heurtant à des soldats chargés de maintenir l’ordre républicain alors que le cessez-le-feu était en vigueur depuis une semaine, des personnes ont trouvé la mort pour avoir répondu à un mot d’ordre insurrectionnel de l’OAS.

    Cinquante-neuf ans après, le Président de la République et le Gouvernement ont été représentés à une cérémonie initiée par des associations qui révèrent des criminels de l’OAS condamnés par la Justice, et qui célèbrent régulièrement les épisodes au cours desquels la République fut mise en danger : les « Barricades » le 24 janvier 1960 et le coup d’état militaire du 21 avril 1961.

    Pourtant, il y a d’autres Français qui méritent l’attention de l’État et en demeurent les oubliés. Ceux-là sont morts pour s’être opposés à l’OAS. Dans le cadre de leurs missions respectives, ils sont restés à leur poste, au péril de leur vie, pour maintenir la République en ordre de marche.

    L’impartialité de l’État exige l’alignement du statut des six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger, sur celui de l’instituteur Guy Monnerot, abattu par le FLN le 1er novembre 1954, et reconnu "Mort pour la France" le 3 juillet dernier en tant que victime civile de la guerre d’Algérie.  

    L’impartialité de l’État exige que soit attribuée la mention « Mort pour la France » à ceux des militaires et des policiers assassinés par l’OAS, qui en ont été injustement privés et dont les noms sont connus tant de vos services que de l’ONAC-VG.

    Depuis le 6 octobre 2011, une stèle s’élève au cimetière du Père-Lachaise à Paris portant l’inscription :

     

    En hommage à toutes les victimes de l'OAS en Algérie et en France

    Civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires,

    Défenseurs des institutions et des valeurs de la République

     

    La date du 6 octobre est devenue Journée associative de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de l’OAS.  

    Il vous tiendra à honneur d’être présente, le 6 octobre prochain à 11h00, devant ce monument, au côté, le cas échéant, d’autres membres du Gouvernement.

    L’impartialité de l’État sera ainsi démontrée.

     

    Dans l’attente de vous y rencontrer,

     

    Je vous assure, Madame la ministre, de ma considération choisie.


    Docteur Jean-Philippe Ould Aoudia 

                                                                       

     


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    Haut-Doubs Houtaud : à 18 ans, il fait un documentaire sur la guerre d’Algérie avec les souvenirs de son grand-père

    Thibaut Garcia, jeune réalisateur et Gaby, son grand-père : une tendre complicité sur fond de guerre d’Algérie.  Photo ER

    Thibaut Garcia, 18 ans, écrit et réalise un film de 52 minutes d’après les souvenirs de son grand-père, Gabriel, un jeune agriculteur du Haut-Doubs. Le documentaire se nomme « Mémoire d’appelé ».

    Ces deux hommes ont sensiblement le même âge à quelque soixante-dix ans d’écart. 18 ans pour Thibaut Garcia en 2021 et 21 ans pour Gabriel quand ce dernier, tout jeune homme, part pour l’Algérie en décembre 1956. Petit-fils et grand-père se rejoignent sur ces huit années d’affrontements et de cruautés encore largement ignorées par les manuels scolaires.

    Gabriel raconte alors son quotidien dans le désert saharien à Aïn-Sefra et Thibaut construit un documentaire, intime et historique. Un film de qualité qui confirme la vocation du lycéen pour le cinéma, surtout pour la direction de la photo puisque tel est son objectif : le cadre et la lumière.

    Un an et demi de travail

    Thibaut a consacré toutes ses «  petites » vacances scolaires et ses week-ends à l’élaboration du film au cours de sa Première et de sa Terminale à Pontarlier. Le classement des lettres, des photos, de mots annotés, la recherche des faits de l’histoire officielle, tout un long travail de préparation a précédé l’écriture du scénario. Ont suivi les six interviews de son grand-père puis la laborieuse période de montage.

    « Sur fond de musique originale et de narrations, une multitude de photos et de documents appuient le témoignage de Gabriel et retracent chronologiquement la guerre d’Algérie et le vécu d’un jeune agriculteur du Haut-Doubs parachuté dans le conflit. »

    « Je n’avais rien vu d’autre que mon chez-moi »

    « J’avais pris le train une fois pour aller aux trois jours à Mâcon mais n’avais jamais vu la mer ». Il connaîtra le train, les convois, la traversée de la Méditerranée, le désert à l’infini, la faim, la soif, l’ennui des siens, les embuscades, la solitude, les gardes de jour et de nuit, la peur de sauter sur une mine, les 48° à l’ombre sans ombre, l’amitié. Il verra la torture. Il perdra des copains. Il jugera de l’absurdité de la guerre comme bon nombre des trois millions d’hommes qui ont été mobilisés de 1954 à 1962. Il entendra De Gaulle clamer à la foule « Je vous ai compris ». En 21 mois, une seule perm. Dur, dur. Et le 5 octobre 1958, à l’aube de fêter son 23e anniversaire, il montera à bord de l’Athos 2 et quittera Oran pour Marseille et rejoindra les siens à Houtaud.

    « On est même retourné là-bas en 1990 »

    Pendant 30 ans, il s’ensuivra les retrouvailles avec les copains. « Ça, c’était formidable ! On est même retourné là-bas en 1990. Peu de choses avaient changé. On a retrouvé d’anciens fellagas qui nous ont dit qu’ils avaient ordre de nous laisser tranquilles. Ils visaient les légionnaires et les pieds-noirs. Et c’était vrai ».

    SOURCE :  https://www.estrepublicain.fr/insolite/2021/08/02/a-18-ans-il-fait-un-documentaire-sur-la-guerre-d-algerie-avec-les-souvenirs-de-son-grand-pere

    « Mémoire d’appelé »

    Entre 1954 et 1958, plus d’un million de jeunes français ont vu, à l’âge de vingt ans, leur quotidien bouleversé par la guerre d’Algérie et toutes ses horreurs. De la colonisation du territoire Algérien à la fin du conflit d’indépendance en 1962, ce film retrace l’histoire de la guerre d’Algérie à travers le témoignage de Gabriel Ferreux, appelé 28 mois, de 1956 à 1958, dans le sud-ouest Algérien.

    MON COMMENTAIRE 

    Ce témoignage me touche car j’ai beaucoup de ressemblances avec Gabriel : il habite le Haut-Doubs et moi je suis né à Besançon (Doubs) où j’ai vécu 8 années, j’ai encore de la famille dans cette ville.

    Moi aussi j’ai connu Aïn-Sefra (à mi-chemin entre Oran et Colomb-Béchard) j’avais à peine 20 ans le 1er mai 1961… jusqu’au 8 janvier 1963.

    Moi aussi j’ai connu le train, les convois, la traversée de la Méditerranée, le désert à l’infini,  la soif, l’ennui des siens, la solitude, les gardes de jour et de nuit, les 48° à l’ombre sans ombre, l’amitié. En 21 mois, une seule perm. Dur, dur.

    Mais j’ai aussi de grandes différences

    Car dans la période où j’étais là-bas

    Il ne s’est rien passé à Aïn-Sefra

    Je n’ai jamais vu ce qu’on appelait les fellagas. Je n’ai pas vu la torture. Je n’ai pas perdu des copains. Je n’ai pas pu juger de l’absurdité de la guerre parce que je ne l’ai pas vu… contrairement à un bon nombre des trois millions d’hommes qui ont été mobilisés de 1954 à 1962.

    Pour ceux qui n’ont jamais connu « ma guerre d’Algérie », merci de cliquer sur le lien ci-dessous :

    http://www.micheldandelot1.com/mon-temoignage-d-ancien-appele-de-la-guerre-d-algerie-pourquoi-j-ai-re-a108352502 

    Michel Dandelot

     


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  • Clash entre l’anticolonialiste

    Henri Pouillot

    et les nostalgiques

     de l’Algérie française

     Les sombres pages de la villa Susini d’Alger

    Clash entre l’anticolonialiste Henri Pouillot et nostalgiques de l’Algérie française

    Une vue de la villa Susini : un haut lieu de torture

    Pour rafraîchir la mémoire de la candidate du LR, Henri Pouillot témoigne « J’ai été affecté de juin 1961 à mars 1962 à la villa Susini à Alger. Cette villa a eu le ‘’ privilège’’ d’être un centre de torture qui a fonctionné pendant toute cette période. »

    La candidate des Républicains (LR), Valérie Pécresse, lors de sa première sortie dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, où l'extrême droite réalise de très bons scores, jouait à «Clint Eastwood». Quel panache ?
    «Je vais ressortir le Kärcher de la cave. Cela fait dix ans qu'il y est et il est temps de l'utiliser. Il s'agit de remettre de l'ordre dans la rue », menaçait Valérie Pécresse, la semaine dernière dans les colonnes de « La Provence ».
    Plus grave encore, elle poursuivra dans un point de presse : « Aujourd'hui il est temps de nettoyer les quartiers, il faut traquer les caïds, les voyous, les criminels, les dealers, ce sont eux qu'il faut harceler et punir, qu'il faut priver de leur citoyenneté ».
    Les déclarations de la candidate à l'Élysée ne sont pas passées sans réaction en France, heureusement d'ailleurs.
    Ainsi, le fabricant du fameux nettoyeur, qui détient la « Marque Kärcher » à haute pression, a dénoncé, le 11 janvier dernier dans un communiqué, « des propos mal déplacés » de la candidate des Républicains, qui a utilisé à plusieurs reprises «la marque Kärcher de manière inappropriée ».
    Le fabricant, va au-delà, et exige immédiatement « des médias français de ne plus faire usage de sa « Marque » dans les sphères politiques, qui portent atteinte à sa marque et valeurs de l'entreprise ».
    Doit-on rappeler que la présente société avait déjà fait savoir dans les colonnes de Libération « qu'elle ne veut plus être associée à la sécurisation des banlieues ». Finalement, le syndrome «Sarkozy» récidive et anime le discours de la droite française.
    Paradoxalement, l‘ancien président de la République française et chef du parti des Républicains, Nicolas Sarkozy, fut condamné en septembre dernier « à trois ans de prison pour corruption et trafic d'influence », alors qu'il promettait aux Français « la guerre sainte » contre «la racaille », désignant les quartiers et banlieues. Savez-vous Mme la candidate que la dernière personnalité politique française qui avait parlé du « Kärcher » pour nettoyer les banlieues a fini avec un bracelet électronique, accroché au pied et assigné à résidence surveillée ?
    On peut aussi rappeler que des personnalités influentes de cette mouvance ont eu des problèmes graves avec la justice : François Fillon, les époux Balkany et même l'homme fort du régime sarkosyste, l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant qui est actuellement emprisonné.

    Où doit-on passer le Karcher ?

    Au-delà de ces sombres histoires, on ne comprend pas pourquoi le débat politique en France se cristallise sur la question de l'émigration, avec son corollaire l'insécurité, deux sujets que les extrémistes et les populistes n'hésitent pas à lier l'un à l'autre. Faudra-t-il souffler, Mme la candidate, sur le brasier colonial et redéfinir le Français, l'Européen d'Algérie et l'indigène? Comment expliquer une panne de perspective et l'absence de renouveau politique de la droite française, 60ans après la guerre d'Algérie ? Il faut dire que la crise politique se nourrit de la crise mémorielle et ses conséquences collatérales.
    Outre le domaine sécuritaire et l'émigration, que propose la candidate des Républicains aux Français ? La polémique sur la mémoire serait-elle décidément l'apanage de la droite française ? Avez-vous perdu la mémoire Mme Valérie Pécresse ?
    Le discours de la droite française exprime la faillite mémorielle dans toute sa splendeur. Cela apparaît clairement au cours de la présente campagne présidentielle française. La devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité », dont le triptyque remonte pourtant à l'année 1848, soit près de vingt ans après l'envahissement de l'Algérie par la France en 1830, a cédé allègrement le pas au fameux principe de Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », pour faire en sorte que les « vertus » qu'elle prétend colporter à travers le monde soient nulles et non avenues au-delà de la Méditerranée.
    La rhétorique amère et rancunière autour de la perte de «l'Algérie française» anime le discours de la droite et son extrême. « En Algérie, il y a eu effectivement des exactions, il y a eu des pages sombres de l'histoire de France qui ont été écrites, mais crimes contre l'Humanité, c'est ce qu'on reproche aux nazis et à Hitler, et je ne pense pas qu'on puisse parler de crimes contre l'Humanité », avait déclaré le 3 janvier dernier, Valérie Pécresse. Et elle ajoutera, présidente de la République, elle fera « appel à l'Armée » pour assurer l'ordre dans les quartiers... etc… en France.
    Ces propos ne sont pas sans écho auprès des Français, dont la mémoire est encore vivace. Appelé pendant la guerre de libération de l'Algérie, Henri Pouillot, auteur de: « La villa Susini - Tortures en Algérie, un appelé parle », a, dans une lettre ouverte datée du 5 janvier dernier et adressée à Valérie Pécresse, souligné: « Je dois dire que je suis inquiet qu'une candidate à la présidence de la République puisse déclarer une telle énormité ».
    Pour rafraîchir la mémoire de la candidate du LR, Henri Pouillot témoigne: «j'ai été affecté de juin 1961 à mars 1962 à la villa Susini, à Alger. Cette Villa a eu le « privilège » d'être un centre de torture qui a fonctionné pendant toute cette période (d'autres centres de torture à Alger n'ont fonctionné que quelques mois ou quelques années). C'est là que Jean-Marie Le Pen s'est « remarquablement » distingué pendant la bataille d'Alger, faisant disparaître, selon les rumeurs, des corps dans des cuves d'acide.
    La Légion étrangère avait « abrité » de nombreux SS qui s'y étaient réfugiés pour échapper aux jugements, mais qui ont mis en oeuvre leur expérience et formé des tortionnaires français».


    Relisez « La Question » d'Henri Alleg !

    On peut aussi conseiller à la candidate des Républicains de lire « la Question » d'Henri Alleg publié en 1958, qui dénonce la torture pratiquée pendant la guerre d'indépendance par certains éléments de l'armée française et dont l'auteur fut la victime.
    C'est à l'arrivée de Nicolas Sarkozy en 2005 que les débats sur le fait colonial gagnent l'espace public et officiel, et ils l'occupent à ce jour. Ainsi, loi sur les rapatriés du 23 février 2005, mentionnant le « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », a été adoptée par les Républicains.
    Les nostalgiques de la grandeur de la France coloniale persistent à glorifier la mission de civilisation portée alors par l'Empire. Êtes-vous Mme la candidate des Républicains amnésique ou tentée par le négationnisme ? Au fond et pour conclure, la citation qui suit résume en quelques mots toute l'ambiguïté de la position de la France. Mouloud Mammeri disait, en s'en prenant au discours de l'Europe des Lumières, dans son roman « Le Sommeil du juste » : « Le Contrat social. Discours sur l'inégalité. Les Châtiments. Jaurès. Auguste Comte.
    Ha ! Ha ! Mesdames et Messieurs, quelle blague ! Quelle vaste blague ! Quelle fumisterie ! Tout ça, c'est pour eux, ce n'est pas pour des Iman ! (les indigènes) ». Les milliers nord-africains, qui avaient servi de chair à canon pour libérer la France contre les nazis, se sont-ils sacrifiés pour que vous ; vous osiez dire n'importe quoi ?
    De Gaulle et Pompidou ont travaillé à l'aménagement du territoire, à la création de l'Europe, Giscard d'Estaing a oeuvré pour moderniser le pays. Sous les mandats de Jacques Chirac, peu de réformes ont été réalisées, mais un mot d‘ordre persistait : pas de compromission avec l'extrême droite. Ironie de l'histoire : le parti du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de Jacques Chirac, colle désormais aux idées des extrémistes. Il semble que les idées de Jean-Marie Le Pen ont germé et fleurissent sur la terre de la Révolution française, mère présumée des droits de l'homme.
    La digue sanitaire infranchissable entre la droite et son extrême, réaffirmée au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle française de 2002 par Jacques Chirac a sauté. Il était le dernier rempart contre le Front national. Il avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen, au deuxième tour de la course à l'Élysée ? Mais, depuis, les barrières entre la droite et son extrême semblent être brisées. On ne comprend plus qui est qui. En France, une conjoncture de « crise mémorielle » s'est enclenchée au début des années 2000, qui a brouillé les frontières entre ces espaces de controverses et a modifié les logiques de prises de parole et de prises de position qui leur étaient inhérentes. Fruits d'alliances tactiques ou du partage inaperçu d'enjeux et de langages de dénonciation, des fronts communs, incompréhensibles à l'aune des dynamiques polémiques antérieures, se sont ainsi dessinés », analyse l'historien français, Romain Bertrand.
    L'insécurité et l'émigration, voire les questions mémorielles, qui étaient autrefois des sujets périphériques au discours de la droite française dans ses campagnes électorales, deviennent, aujourd'hui malheureusement, les mamelles nourricières de son discours.
    Les réformes économiques, politiques, sociales... etc… s'effacent dans le discours des Républicains et cèdent la place au populisme notoire, voire vulgaire, depuis au moins une décennie.

    SOURCE : https://www.lexpression.dz/nationale/les-sombres-pages-de-la-villa-susini-d-alger-352493 

     


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    L’un de mes blogs s’appelle :

    Présidentielle 2022 : Les pieds-noirs fâchés contre Emmanuel Macron

    BLOG DE MICHEL DANDELOT 

    Le Blog des Appelés et Rappelés des guerres coloniales d'Afrique du Nord 1952-1962 *** Le Blog des Victimes de l'OAS *** Le Blog des Amis des Pieds-Noirs Progressistes et de tous les Pieds-Noirs non extrémistes nostalgériques.

    Pourquoi je vous rappelle ceci ? Parce que je fais une distinction entre les rapatriés d’Algérie.

    Pour ceux qui sont fâchés contre Emmanuel Macron je ne vais pas « pleurer »…

    Par contre il serait important que les victimes de l’OAS ne soient pas oubliées non plus comme c’est le cas actuellement.

    Michel Dandelot   

     

    Présidentielle 2022 :

     Les pieds-noirs fâchés contre

    Emmanuel Macron

     

    Présidentielle 2022 : Les pieds-noirs fâchés contre Emmanuel Macron

    Le président français Emmanuel Macron à l'Elysée, à Paris (France), le 11 janvier 2022 (GONZALO FUENTES / POOL)

    Les rapatriés d’Algérie et leurs descendants devaient être reçus à l'Elysée ce jeudi 13 janvier. Mais la présidence ne les a jamais rappelés.

    Le 5 décembre, l’Elysée avait diffusé un communiqué pour la journée d’hommage aux "morts pour la France" pendant la guerre d’Algérie. Ce communiqué annonçait que les associations représentatives des rapatriés seront "reçues par le Président de la République dans les premiers jours de l’année prochaine". 2022, donc.

    Dans la foulée, l’Elysée faisait savoir à France Info que la date du 13 janvier tenait la corde. Mais à l'agenda du chef de l'État, rien de prévu ce jeudi avec les pieds-noirs. En revanche, un entretien avec l’amiral Philippe de Gaulle, fils du général, est à l'ordre du jour.

    "Assez cocasse" commente, un peu acerbe, un responsable d’association. Mais bien plus que ce télescopage, c’est une série de maladresses qui ont agacé les représentants des rapatriés. Comme d'apprendre par communiqué qu’un rendez-vous est envisagé, puis par la presse que la date du 13 décembre est envisagée. Bernard Coll, secrétaire général de Jeune Pied-Noir, pointe  le côté "cavalier" de la présidence, qui n'a répondu à aucune de ses 40 lettres adressées au cabinet d'Emmanuel Macron. "C'est en train de se caler", répond l'Elysée, faisant valoir un ajustement d'agendas.

    Brigitte Macron à la manœuvre

    La présidence renvoie aussi vers le cabinet de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Armées, chargée de la Mémoire. Laquelle dit "n'être absolument pas dans la boucle""On n'est pas à la manœuvre là-dessus", explique son entourage.

    À l'Elysée, une personne suit néanmoins le dossier de très près : c’est Brigitte Macron. Le cabinet de la "première dame" a appelé Bernard Coll, le secrétaire général de Jeune Pied-Noir, lundi 10 janvier, pour l’assurer qu’elle allait s’en occuper personnellement, transmettre le message au plus haut. "C'est elle qui a été la plus coopérative", selon lui.

     

     


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  • Il y a 60 ans, ce Jurassien était assassiné

    pendant la guerre d'Algérie par l'OAS

    Il y a 60 ans, ce Jurassien était assassiné pendant la guerre d'Algérie par l'OAS

    13 janvier 1962… Une date qui restera à jamais gravée dans les mémoires de la famille Cornet. Ce jour-là, André Cornet, un Selliérois de 47 ans, géologue et hydrologue renommé, pionnier de l’hydrologie saharienne, était assassiné par l’OAS, à Alger. Soixante ans plus tard, les membres et les amis de la famille vont se retrouver au cimetière de Sellières pour lui rendre hommage.

    Le nom d’André Cornet ne parle sans doute pas spontanément au commun des Jurassiens. À tort sans doute. Pourtant, c’est à Sellières qu’il est né, en 1915. Son père, Émile Armand, et sa mère, Madeline Paris, une jeune femme de Sellières, se sont vite installés à Lons-le-Saunier. Ils y ont tenu un négoce d’objets en bois et autres objets de tournerie, route de Montaigu.

    Leur fils, André, fera ses études primaires à Lons-le-Saunier, avant de rejoindre les bancs de l’École Normale…

    Engagé dans la 2e DB de Leclerc

    Très vite, passionné par l’Algérie et le Sahara, il sera nommé « instituteur de l’enseignement des indigènes » et rejoindra l’Algérie à seulement 19 ans. Il est également professeur adjoint de lycée et, en parallèle, obtiendra une licence de géologie… Et un titre de géologue hydrologue…

    La guerre éclate et André Cornet est mobilisé comme officier. Alors qu’il est affecté dans un service de Santé, il demande à rejoindre une unité de combat, dans les chars. Ce qui lui sera accordé. Démobilisé en août, il regagne alors l’Algérie et sera à nouveau mobilisé en 1943, comme officier des Affaires indigènes. Affecté à nouveau, et à sa demande, dans un régiment de chars, il devient lieutenant. En 1944, il rejoint les rangs de la deuxième DB du général Leclerc, au sein de laquelle il fera toute la campagne de France. Son comportement et son adresse comme commandant de char lui vaudront la Croix de Guerre et la Presidential unit citation, distinction attribuée par les États-Unis d’Amérique.

    Après sa démobilisation, il rejoindra l’Algérie où il se mariera avec Suzanne Huet, une Alsacienne qui lui donnera cinq enfants.

    Détaché par l’Éducation nationale, en 1941, en qualité de géologue au réseau de chemin de fer de la Méditerranée au Niger, puis au service de la colonisation et de l’hydraulique de l’Algérie, il exercera des fonctions de chef de service, jusqu’à son décès.

    Rechercher l’eau au Sahara

    Toutes ces années, il les passera à parcourir le Sahara. Dans tous les sens et par tous les moyens. Pendant longtemps à dos de chameau, puis aux commandes d’un avion. Il a fait partie de plusieurs missions de recherche. Au Tchad, en 1953, au Guatemala, en 1956, et au Ténéré, en 1960, avec la mission Berliet, dont l’alpiniste et explorateur Roger Frison-Roche rendra compte dans son livre Mission Ténéré.

    Ses recherches seront à l’origine de la découverte et de l’exploitation de la nappe phréatique aquifère souterraine du Sahara du nord-est. Il avait même commencé à préparer une thèse sur le Continental intercalaire et le Continental terminal, qu’il n’a malheureusement pas pu terminer ni présenter. Aujourd’hui, soixante ans plus tard, ses travaux et les cartes géologiques qu’il a établies font encore référence et sont souvent citées dans de récentes thèses d’étudiants en géologie, tant en France qu’en Afrique du Nord.

    Très attaché à l’Algérie

    « André Cornet était très attaché à l’Algérie et à l’Afrique du Nord, en général, où il avait espéré voir se mettre en place une politique d’intégration sincère et lucide, confie son fils, Louis Cornet. Il était un humaniste et s’efforçait, dans le chaos des derniers mois de l’Algérie française, de lutter contre les haines entre les deux communautés et de préserver les intérêts de la France dans l’Algérie à venir… » Ce qui, de la bouche même de son fils, le désigna comme cible des tueurs de l’OAS.

    Le matin du 13 janvier 1962, ils sonnèrent à sa porte et l’abattirent froidement. Dix jours plus tard, un jeune géologue, tout juste arrivé de France, était assassiné à son tour. Les cinq enfants d’André Cornet sont alors rentrés en France. Avec le temps, et dans l’intimité familiale, ils ont « mis le boisseau » sur cette histoire. Ce n’est que cinquante ans plus tard, en 2012, avec l’aide de gens de Sellières, où ils ont toujours des attaches, qu’ils ont souhaité rendre un hommage posthume à leur père. À leur ami…

    Ce jeudi 13 janvier, ceux qui gardent un souvenir de cet homme remarquable que fut d’André Cornet, ne manqueront pas de se retrouver, à 15 heures, sur le cimetière de Sellières, où un hommage anniversaire lui sera rendu.

    SOURCE : https://www.leprogres.fr/societe/2022/01/13/il-y-a-60-ans-ce-jurassien-etait-assassine-par-l-organisation-de-l-armee-secrete

    Il y a 60 ans, ce Jurassien était assassiné pendant la guerre d'Algérie par l'OAS

      

     


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    Présidentielle

    Guerre d’Algérie : en 2022, Macron veut être

    le président de toutes les mémoires ?

    Pour le moment les victimes de l’OAS sont oubliées

    et humiliées !!!

      Présidentielle  Guerre d’Algérie : en 2022, Macron veut être le président de toutes les mémoires ?  Pour le moment les victimes de l’OAS sont oubliées, humiliées !!!

     Emmanuel Macron en visite à Alger en 2017 

    Dans sa dernière ligne droite de mandat, le président Macron accélère la reconnaissance des exactions de l’armée française en Algérie. Un projet de loi de réparation envers les harkis doit être examiné au Sénat à partir de mercredi.

    Les mémoires de la guerre d’Algérie sont une affaire de famille. Il ne faut froisser personne, avec le risque de braquer tout le monde. 2022, année d’élection présidentielle, marque les 60 ans de la fin du conflit. A trois mois du premier tour, les cérémonies du 19 mars risquent d’enflammer le débat. Date controversée, qui rappelle à la fois le cessez-le-feu de 1962, mais aussi le début de l’exode des Français d’Algérie. Le quasi-candidat Emmanuel Macron ne veut rien laisser au hasard. «Tout ce qui a trait à cette mémoire est sensible. Il faudra être extrêmement précautionneux», anticipe un conseiller élyséen, alors que le quinquennat a été marqué par de nombreuses prises de position du locataire de l’Elysée... nous annonce ce matin le quotidien Libération.

     

    être extrêmement précautionneux

    ce n’est pas oublier, humilier

    les victimes de l’OAS

    Geneviève Darrieussecq souhaite trouver une date neutre... quelle hypocrite !!! Car on l'a vu le 26 mars 2021 et le 5 décembre 2021... Concernant le 19 mars il faut trouver une autre date !!! 

    Geneviève Darrieussecq, la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, pilote le dossier. "Il faut construire un temps mémoriel qui ait du sens pour tous", explique-t-elle. Elle souhaite "trouver une date neutre" autour de laquelle "unir toutes les mémoires de ce conflit douloureux". Elle a commencé à réunir les associations du monde combattant pour plancher sur un rendez-vous commun. Les Invalides sont cités comme lieu probable pour cette commémoration.

    Ils ont osé… Ils ont occulté l’OAS !!!

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

    Aucun président de la République avant M. Macron avaient osé envoyer (son, sa ministre) en l'occurrence pour le 26 mars 2021 la Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq participer à la Commémoration de la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962 au mémorial du Quai Branly, c’est une honte !!!

     

    Ils ont osé… Ils ont oublié l’OAS !!!

    Auprès de Geneviève Darrieussecq et Arnaud Ngatcha, Hugues Renson commémorait le 26 mars dernier la fusillade de la rue d’Isly.

     

    Ce 5 décembre : Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle

    Hommage aux morts pour la France

     de la guerre d’Algérie le 5 décembre 2021

     à Paris

     

    Une parodie cérémonielle

     pour un simulacre

     de réconciliation mémorielle 

     

    Ce dimanche matin, de 10h00 à 11h00, en la Cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides à Paris (7e), Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, a présidé la cérémonie officielle d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie. 

    Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’autorités civiles et militaires, d’élus ainsi que de représentants d’associations : j’y étais invité et je m’étais inscrit en vue d’y assister. Au dernier moment, je me suis ravisé et ne l’ai pas regretté. 

    Il s’est agi, en effet, d’un spectacle parodique, marqué par le dépôt d’une gerbe minuscule au pied d’un chevalet dérisoire supportant un écriteau porteur de l’inscription "Journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie". 

     

    Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle


    Le ton avait été donné, quelques minutes auparavant, avec un message tendancieux, diviseur, confinant au caricatural. 

    Reconnaissant le sacrifice des militaires (soldats de métier, jeunes appelés ou rappelés sous les drapeaux, personnels féminins des Armées), des supplétifs, des rapatriés d’Afrique du Nord, des personnes disparues, des victimes civiles des 26 mars et 5 juillet 1962, respectivement à Alger (rue d’Isly) et dans les rues et immeubles d’Oran, Geneviève Darrieussecq n’a pas eu un mot pour les membres des forces de l’ordre (gendarmes, policiers, CRS). Aucune mention, fût-ce allusive, aux victimes militaires et civiles de l’OAS ! 

    Pire, au risque de se voir reprocher une certaine forme de réécriture de l’histoire, elle a affirmé, à propos des Français d’Algérie d’origine européenne : « Ils n’étaient pas les exploiteurs haineux souvent caricaturés. Ils partageaient une vie, un pays, une terre avec les populations arabes ou berbères d’Algérie. ». Aucune précision, cependant, sur les modalités de la répartition. 

    En conclusion d’une manifestation à la tonalité nostalgérique assumée, la ministre déléguée a longuement salué chacune et chacun des invités cependant que la musique militaire interprétait le chant des Africains, hymne des partisans de l’Algérie française et de l’OAS. 

    Ni le député de Paris Gilles Le Gendre (LREM), ni le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi (Les Républicains) n’ont sourcillé. 

    Espérée digne, inclusive, respectueuse de toutes les mémoires des victimes de la guerre d’Algérie, la prestation de la ministre Darrieussecq aura contribué de la pire façon à la rémanence des antagonismes. Elle aura par ailleurs desservi le dessein gouvernemental d’une relation apaisée entre la France et l'Algérie. 

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation
    Orphelin de guerre
    Président de l’Association nationale
    pour la protection de la mémoire
    des Victimes de l’OAS (ANPROMEVO) 
     

    PS : cf. https://www.youtube.com/watch?v=gBv6qejR1No)

     

     

    Hier, à Alençon, Jean-François Gavoury

    a eu des mots très durs et sans

    concession pour Geneviève Darrieussecq

      Présidentielle  Guerre d’Algérie : en 2022, Macron veut être le président de toutes les mémoires ?  Pour le moment les victimes de l’OAS sont oubliées, humiliées !!!

     

    Aux yeux de l’association représentative de l’ensemble des victimes survivantes et familles de victimes de l’OAS, le ministère français des Armées, de la Mémoire et des Anciens combattants présente les apparences d’un monstre :

    …/

    - un monstre froid qui ne s’est pas satisfait du temps de la paix ouvert par le cessez-le-feu en Algérie et qui, sous le couvert de mandats internationaux ou d’appels au secours de ses anciennes colonies, s’est érigé en belligérant dans le cadre d’opérations militaires à l’extérieur du territoire national ;

    - un monstre d’opportunisme qui, soutenu par certaines associations, voit dans cette relève des anciens d’Algérie, une forme d’aubaine puisqu’à défaut le monde combattant serait voué à disparaître ;

    - un monstre qui entretient sa propre croissance non seulement en étendant sa liste des « Morts pour la France » mais aussi en créant de nouvelles bases de données telles que celle des « Militaires décédés en Opérations extérieures » et en leur dédiant un « haut lieu de la mémoire nationale », dixième du nom derrière le Mémorial national des Morts pour la France en Afrique du Nord ;

    - un monstre qui se repaît, à rythme hélas régulier, de brillants panégyriques lors de cérémonies laïques à fonction psychopompe ;

    - un monstre à deux têtes : l’une que l’on dit gestionnaire rigoureuse ; l’autre que l’on sait mal faisante.

    Oui, Geneviève Darrieussecq fait mal.

    Elle fait mal aux victimes de l’OAS, à l’égard desquelles elle ressent une véritable allergie qui, selon toute vraisemblance, ne date pas de son accès à des responsabilités de niveau gouvernemental.

    Elle fait mal au Premier ministre et au Président de la République en affichant sa proximité physique et sa complicité idéologique avec les anciens membres et sympathisants de l’OAS. S’inscrivant ainsi dans la lignée d’un Hubert Falco inspirant son maître Hervé Morin, elle entraîne sa supérieure, Mme Florence Parly, sur le terrain de la rupture avec le pacte républicain au nom duquel Messieurs Jean Castex et Emmanuel Macron affirment qu’une mémoire objectivée - autrement dit, plurielle - est seule de nature à ouvrir la voie à une réconciliation des peuples.

    Le Gouvernement ne saurait porter la marque de l’idéologie coloniale et de l’OAS : pas plus que le colonialisme à prétention émancipatrice, le néocolonialisme à vocation pacificatrice ne peut se prétendre compatible avec les libertés démocratiques ; moins que quiconque Geneviève Darrieussecq n’est habilitée à porter la parole de la mémoire de la guerre d’Algérie et de sa douleur si elle occulte et insulte celles des victimes de l’OAS, comme elle fait par ailleurs à l’égard des membres des forces de l’ordre qu’elle ignore et méprise, quels qu’aient été leurs assassins !

    J’exhorte le chef de l’État à mettre de l’ordre dans les rangs de ses collaborateurs et à accomplir d’ici au 19 mars prochain le geste auquel je l’ai invité en dernier lieu le 15 novembre dernier : un geste d’apaisement d’une blessure mémorielle cruellement ravivée par Geneviève Darrieussecq les 26 mars et 5 décembre 2021 ; un geste qu’apprécieront celles et ceux qui, dans tout juste un mois, à Paris, célèbreront le souvenir des Morts de Charonne ; un geste qui sera salué de part et d’autre de la Méditerranée ; un geste que Madame Brigitte Macron ne désavouera pas, je crois pouvoir l’indiquer ici.

    À toutes et tous, bonne année du soixantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, et grand merci tant aux médias locaux qu’au quotidien El Watan d’avoir annoncé, dans leurs colonnes ou sur leurs ondes, ce rendez-vous exceptionnel du 8 janvier.

     Jean-François Gavoury

     

     


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    Alençon. En présence de l'historien

     Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol

    assassiné par l'OAS

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

    Une quarantaine de personnes s’est réunie devant la stèle en hommage à Alfred Locussol à Alençon, samedi 8 janvier. (©L’Orne hebdo)

    La presse de l’époque avait largement relayé l’information : Alfred Locussol, fonctionnaire et militant au sein du parti communiste, était assassiné devant la porte de son domicile, avenue Wilson à Alençon, le 3 janvier 1962.

    Les deux assassins ont été jugés et reconnus coupables par le tribunal d’Alençon (Orne), en juillet de la même année. Ils s’agissaient de membres de l’OAS, l’organisation armée secrète opposée à l’indépendance de l’Algérie.

    60 ans plus tard, le souvenir est toujours présent. Vendredi 7 janvier 2022, une exposition et une conférence étaient organisées salle des Tilleuls à Saint-Germain-du-Corbéis (Orne).

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

    Alain Ruscio (au centre sur la photo) était à Alençon afin de donner une conférence sur l’histoire de l’OAS et assister à l’hommage rendu à Alfred Locussol.

    Une cinquantaine de personnes était venue écouter Alain Ruscio, historien ayant travaillé sur l’histoire de la colonisation et des luttes pour l’indépendance, du Vietnam à l’Algérie.

    Cette conférence évoque le parcours de l'OAS, de 1961 à 1964 mais surtout les racines profondes en Europe qui ont permis son éclosion, du fait de la colonisation.

    Alain Ruscio n’a pas hésité à parler de « folie meurtière ».

    L'OAS a fait payer le prix fort, à ses opposants mais aussi à sa propre communauté.

    Si c’est la première fois qu’il venait à Alençon, il connaît bien l’histoire d’Alfred Locussol « un crime parmi les nombreux commis par l’OAS ».

    Le lendemain, une quarantaine de personnes s’est réunie devant la stèle érigée sur le parvis de la gare en hommage à l’Alençonnais tombé sous les balles des agents de l’OAS.

    En présence du maire de la ville, Joaquim Pueyo, de Jean-François Gavoury, le président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, de Françoise Nordmann, la présidente de l’association des amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons et de Pierre Frenée, ancien combattant en Algérie et militant communiste, des gerbes ont été déposées en souvenir d’Alfred Locussol.

    Les discours ont rappelé combien honorer les victimes de l’OAS « est un enjeu mémoriel ». Un enjeu d’actualité même « face aux dangers qu’engendrent les haines, les injustices et les replis communautaires », a indiqué pour sa part François Tollot.

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

    La stèle est installée sur le parvis de la gare depuis 2019, après avoir été dégradée à plusieurs reprises avenue Wilson. (©L’Orne hebdo)

    SOURCE : https://actu.fr/societe/alencon-ils-rendent-hommage-a-alfred-locussol-assassine-par-l-oas-en-1962_47779629.html 

     

     

    Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

    Allocution de Françoise Nordmann

    Chaque année voit à Alençon se renouveler l’hommage à Pierre Locussol, instauré, entretenu, enrichi par ses amis lointains.  Ceux-ci furent touchés, des années après, par la brutalité de son assassinat et curieux de mieux connaître l’homme aussi lâchement abattu.

    Venue ici pour témoigner de la solidarité d’autres héritiers de la violence ignoble et imbécile réunis dans l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, autres ‘activistes’ de la mémoire honnête, je voudrais limiter mon intervention à l’expression d’un très grand respect.

    Alençon peut s’honorer et se réjouir d’avoir en son sein des ‘cœurs vaillants’ qui savent en émouvoir et motiver d’autres encore, jusqu’aux élus locaux et départementaux ici présents, qui les soutiennent officiellement. Grâce à eux tous cette mémoire a bel et bien été au fil du temps documentée, augmentée, vivifiée. Elle s’actualise chaque année.  – L’érection, la restauration, le déplacement de la stèle en espace sécurisé ne sont pas moins à saluer.

    A Alençon le temps n’est pas figé, l’année s’ouvre par un vigoureux rappel. C’est à la nécessité pour un citoyen de s’instruire à tout moment, en toute occasion, de connaître entre autres son histoire, celle de son pays, celle de sa région ; - un rappel à l’importance d’en faire une entreprise collective, - aux retombées utiles pour le plus grand nombre. Enfin, à chacun là où il est, de ne pas craindre s’assumer et de défendre des valeurs légitimes encore à ce jour, inscrites au fronton de nos écoles. Et ce, pacifiquement, malgré l’adversité sans cesse renaissante.

    Merci pour la belle leçon d’humanité donnée à vivre au présent, en mémoire de Pierre Locussol, à Alençon.

    Frances Savarin Nordmann pour Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons : Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène, Salah Ould Aoudia.

    Alençon, le 8 janvier 2022.

     

     

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

     

    - à l’attention de Mesdames et Messieurs les adhérents,
    amis et correspondants de l’Association nationale
    pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS
    -
     

    Alençon, 8 janvier 2022.

    Chère Madame,
    Cher Monsieur,

    Ce samedi, à 11h00, dans le cadre de la cérémonie d’hommage à la mémoire du directeur-adjoint des services de l’Enregistrement d’Alençon Alfred Locussol, assassiné il y soixante ans, j’ai eu l’honneur de formuler les vœux pour 2022 de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO).

    Étaient notamment présents, outre sa petite-nièce, Alexandrine Brisson, le maire et conseiller départemental Joaquim Pueyo, l’historien Alain Ruscio, des représentants de l’ANPROMEVO et de l’association "Marchand-Feraoun" ainsi qu’un aréopage composé d’une quarantaine d’élus ou anciens élus et de militants syndicaux (CGT) ou associatifs (Ligue des droits de l’Homme, …) de l’agglomération alençonnaise.

    Était excusée Mme Chantal Jourdan, députée de la 1re circonscription de l’Orne.

    J’ai le plaisir de partager avec vous le message dont j’étais porteur à l’occasion de ce premier rendez-vous mémoriel de l’année du soixantenaire de la fin de la guerre d’Algérie (cf. première pièce jointe).

    Dans son allocution, le maire d’Alençon a très chaleureusement remercié l’ANPROMEVO pour son travail de vérité accompli sur la guerre d’Algérie et les leçons à en tirer. Il a salué la présence à Alençon de l’historien Alain Ruscio, venu d’Ile-de-France pour donner, hier en fin d’après-midi, une conférence sur l’Algérie française et l’OAS. Enfin et surtout, il a dit combien sa ville devait à ce collectif de cherchants qui se sont dévoués à l’établissement du parcours d’Alfred Locussol et du contexte dans lequel il a été si lâchement assassiné à son domicile, situé à quelques dizaines de mètres du site, désormais protégé, de la stèle érigée à sa mémoire.

    Il a tenu à préciser, non sans émotion, que, s’il quittait la cérémonie immédiatement après mon intervention, c’était pour célébrer, en l’Hôtel de Ville, un mariage entre deux personnes, l’une d’origine afghane et l’autre d’origine polonaise : il y a vu une forme de conjonction dans la promotion des valeurs de la République.

    L’une des adjointes au maire a assisté à la suite de la cérémonie, marquée par des messages des représentants du collectif précité, de l’association Marchand-Feraoun et de la Ligue des droits de l’Homme.

    L’hommage à Alfred Locussol s’est conclu sur une minute de silence, autour de la stèle et des gerbes déposées pour en honorer le souvenir.

    La presse écrite du département de l’Orne et certaines stations de radio locales ont couvert l’événement.

    Recevez, chère Madame, cher Monsieur, avec mes souhaits pour une année responsable, citoyenne et fraternelle, l’expression de mes sentiments sincèrement les meilleurs.

    Jean-François Gavoury
    Président de l’ANPROMEVO

     


     

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

     

          Le président

     

    VŒUX POUR 2022 PRONONCÉS

     À ALENÇON LE SAMEDI 8 JANVIER 2022 À 11 H 00

    DEVANT LA STÈLE DÉDIÉE

     À ALFRED LOCUSSOL, VICTIME

     DE L’OAS.

     

    Préambule :

    Mon propos étant bref, je me permets de l'accompagner d'un avertissement à destination de l'auditoire. 

    Mon intervention se décline en : 

    - un complément, pardon, un compliment circonstanciel ; 

    - une charge quelque peu musclée ; 

    - une note d'espérance qui pourrait conduire à une conclusion telle que « Vive la République et, surtout, vive la République ». 

     * 

    Monsieur le Maire d’Alençon,

    C’est à vous que je m’adresse en premier lieu afin de vous renouveler publiquement les respectueuses félicitations que je vous ai adressées le 3 janvier, jour du soixantième anniversaire du lâche homicide commis par deux tueurs à gages sur la personne d’Alfred Locussol.

    C’est au titre du ministère en charge de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales que vous avez été promu au grade d’officier dans l’ordre national de la Légion d'honneur aux termes d’un décret publié au Journal officiel du 1er janvier.

    Je vous l’ai écrit : dans la mesure où c’est l’élu du département de l’Orne et de son chef-lieu qui a vu ses éminents mérites ainsi distingués, je ne puis résister à la tentation de voir là reconnue, entre autres engagements dignes de considération, l’implication courageusement assumée qui a été la vôtre, en 2012, dans la mise à l’honneur du premier fonctionnaire de l’État victime de l’OAS sur le territoire métropolitain.

    Mesdames et Messieurs, chers amis ici présents autour de cette stèle qui attire l’œil, interpelle et éveille les consciences, pourquoi et aux ordres de quel sabreur ont-ils tué le pied-noir Alfred Locussol, dont l’activité militante au service d’une Algérie libre et pacifiée était suspendue depuis son affectation en métropole au cours de l’année 1956 ?

    Pour Paul Stephani et Robert Artaud, la réponse est simple : pour l’argent (200 000 francs de l’époque, soit 290 000 euros de 2022). Pour les commanditaires, cette initiative obéissait moins à une menace ou à un besoin de vengeance qu’à une volonté de démontrer avec éclat la capacité des "groupes d'action" de l'OAS en métropole, pilotés depuis Alger par le sous-préfet dévoyé Jacques Achard, à frapper aussi efficacement qu’en Algérie. En tout cas, le colonel félon Jean Gardes verra dans cette action un glorieux fait d'armes et exprimera le regret que ses auteurs aient été arrêtés.

    Aux yeux de l’association représentative de l’ensemble des victimes survivantes et familles de victimes de l’OAS, le ministère français des Armées, de la Mémoire et des Anciens combattants présente les apparences d’un monstre :

    …/

    - un monstre froid qui ne s’est pas satisfait du temps de la paix ouvert par le cessez-le-feu en Algérie et qui, sous le couvert de mandats internationaux ou d’appels au secours de ses anciennes colonies, s’est érigé en belligérant dans le cadre d’opérations militaires à l’extérieur du territoire national ;

    - un monstre d’opportunisme qui, soutenu par certaines associations, voit dans cette relève des anciens d’Algérie, une forme d’aubaine puisqu’à défaut le monde combattant serait voué à disparaître ;

    - un monstre qui entretient sa propre croissance non seulement en étendant sa liste des « Morts pour la France » mais aussi en créant de nouvelles bases de données telles que celle des « Militaires décédés en Opérations extérieures » et en leur dédiant un « haut lieu de la mémoire nationale », dixième du nom derrière le Mémorial national des Morts pour la France en Afrique du Nord ;

    - un monstre qui se repaît, à rythme hélas régulier, de brillants panégyriques lors de cérémonies laïques à fonction psychopompe ;

    - un monstre à deux têtes : l’une que l’on dit gestionnaire rigoureuse ; l’autre que l’on sait mal faisante.

    Oui, Geneviève Darrieussecq fait mal.

    Elle fait mal aux victimes de l’OAS, à l’égard desquelles elle ressent une véritable allergie qui, selon toute vraisemblance, ne date pas de son accès à des responsabilités de niveau gouvernemental.

    Elle fait mal au Premier ministre et au Président de la République en affichant sa proximité physique et sa complicité idéologique avec les anciens membres et sympathisants de l’OAS. S’inscrivant ainsi dans la lignée d’un Hubert Falco inspirant son maître Hervé Morin, elle entraîne sa supérieure, Mme Florence Parly, sur le terrain de la rupture avec le pacte républicain au nom duquel Messieurs Jean Castex et Emmanuel Macron affirment qu’une mémoire objectivée - autrement dit, plurielle - est seule de nature à ouvrir la voie à une réconciliation des peuples.

    Le Gouvernement ne saurait porter la marque de l’idéologie coloniale et de l’OAS : pas plus que le colonialisme à prétention émancipatrice, le néocolonialisme à vocation pacificatrice ne peut se prétendre compatible avec les libertés démocratiques ; moins que quiconque Geneviève Darrieussecq n’est habilitée à porter la parole de la mémoire de la guerre d’Algérie et de sa douleur si elle occulte et insulte celles des victimes de l’OAS, comme elle fait par ailleurs à l’égard des membres des forces de l’ordre qu’elle ignore et méprise, quels qu’aient été leurs assassins !

    J’exhorte le chef de l’État à mettre de l’ordre dans les rangs de ses collaborateurs et à accomplir d’ici au 19 mars prochain le geste auquel je l’ai invité en dernier lieu le 15 novembre dernier : un geste d’apaisement d’une blessure mémorielle cruellement ravivée par Geneviève Darrieussecq les 26 mars et 5 décembre 2021 ; un geste qu’apprécieront celles et ceux qui, dans tout juste un mois, à Paris, célèbreront le souvenir des Morts de Charonne ; un geste qui sera salué de part et d’autre de la Méditerranée ; un geste que Madame Brigitte Macron ne désavouera pas, je crois pouvoir l’indiquer ici.

    À toutes et tous, bonne année du soixantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, et grand merci tant aux médias locaux qu’au quotidien El Watan d’avoir annoncé, dans leurs colonnes ou sur leurs ondes, ce rendez-vous exceptionnel du 8 janvier.

     Jean-François Gavoury

     

      Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

       Alençon. En présence de l'historien Alain Ruscio, ils rendent hommage à Alfred Locussol, assassiné par l'OAS

    La clôture de la cérémonie avec " La minute de silence "


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    Lettre ouverte à Valérie Pécresse envoyée

     le 5 janvier 2022 par Henri POUILLOT

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant  Emmanuel Macron : «La colonisation est un crime contre l’humanité»

    Valérie Pécresse

     et le révisionnisme

     

    Madame,

    Je viens de prendre connaissance de vos propos tenus le 3 janvier : « En Algérie, il y a eu effectivement des exactions, il y a eu des pages sombres de l’histoire de France qui ont été écrites mais crimes contre l’humanité, c’est ce qu’on reproche aux nazis et à Hitler, et je ne pense pas qu’on puisse parler de crimes contre l’humanité ».
    Je dois dire que je suis inquiet qu’une candidate à la Présidence de la République puisse déclarer une telle énormité.

    Appelé pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, j’ai été affecté de juin 1961 à mars 1962 à la Villa Susini à Alger. Cette Villa a eu le « privilège » d’être un centre de torture qui a fonctionné pendant toute cette période (d’autres centres de torture à Alger n’ont fonctionné que quelques mois ou quelques années). C’est là que Jean-Marie Le Pen s’est « remarquablement » distingué pendant la Bataille d’Ager, faisant disparaître, selon les rumeurs, des corps dans des cuves d’acide. La Légion étrangère avait « abrité » de nombreux SS qui s’y étaient réfugiés pour échapper aux jugements, mais qui ont mis en œuvre leur expérience et formé des tortionnaires français.

    Je vous joins mon livre de témoignage sur cette triste expérience que j’y ai vécue dans cette villa. Je vous invite aussi à visiter mon site qui devrait vous permettre de combler une partie de vos lacunes au sujet de cette période.

    Comment pouvez-vous dire, compte tenu de la pratique institutionalisée de la torture, qu’il ne se serait pas commis de crimes contre l’humanité. En 2002, dans le cadre des émissions qui allaient éclairer la commémoration du 40ème anniversaire de la fin de cette Guerre, un documentaire, essentiellement tourné à la Villa Susini (dans lequel je témoigne) est passé sur France 2 relatant justement ces tortures et tout particulièrement les viols massivement utilisés alors.

    Mais il n’y a pas eu que ce type de crimes contre l’humanité commis au nom de la France. La liste est longue : il y a eu aussi les crevettes Bigeard, les camps d’internement pudiquement appelés de regroupement (à ce sujet, le rapport Rocard établi avant la fin de cette guerre dénombrait déjà plusieurs centaines de milliers de morts).

    Il y a eu aussi ces crimes de guerre comme les villages rasés au napalm : les historiens estiment entre 600 et 800 villages. Sur mon site vous trouverez le reportage que j’ai fait quand j’ai découvert les ruines de ce village de Zaatcha, village alors de 800 habitants (2 fois Oradour sur Glane, même si ce n’est pas seulement le nombre des victimes qui en détermine l’importance) et ce, dès novembre 1954. Dans les crimes de guerre il y a aussi l’utilisation du Gaz VX et Sarin, les essais nucléaires au Sahara...

    Il y a eu également ces crimes d’état (même si dans ce cas il n’y a pas eu de définition juridique) commis à Paris le 17 octobre 1961 et le 8 février 1962 où la décision de répression a été prise en conseil des ministres.
    Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive !!!

    Alors, non, Madame de tels propos sont inacceptables, d’autant plus pour une candidate à la fonction suprême à la Présidence de la République. Un tel négationnisme est comparable à celui de Jean-Marie Le Pen considérant que les chambres à gaz sont un « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale »

    Recevez, Madame, mes salutations indignées

    Henri POUILLOT

    ********************************************************************************

    Merci cher Henri pour ta lettre que tu as envoyée à Pécresse et je tiens à rajouter ce crime contre l'humanité car comme les nazis la France coloniale et raciste a aussi brûlé des corps dans des fours à chaux
    Algérie-France: les gestes d’apaisement de Macron de nouveau critiqués

     


    Photo transmise par Jacki Malléa que je remercie

     

    Algérie-France: les gestes d’apaisement de Macron de nouveau critiqués

    Arrestations de civils menés vers leur propre exécution avant de finir brûlés

    dans des fours à chaux de Guelma.

     

    J’ai honte de cette France là : ce qui m’a le plus marqué dans le documentaire  «L’autre 8 mai 1945»  à la manière des nazis, l’armée coloniale française a employé des fours à chaux pour brûler des corps.

    Le 8 mai 1945 signifie la fin du nazisme. Il correspond aussi à l’un des moments les plus sanglants de l’histoire nationale. La répression colonialiste venait d’y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d’indépendance.

    Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer la condition sociale de la population musulmane algérienne colonisée par la France, population surtout agricole souvent déplacée car les colons s’étaient saisis des meilleures terres, et de plus dans une période de guerre, de sécheresse et d’invasion de criquets. « Des hommes souffrent de la faim et demandent la justice… Leur faim est injuste. » écrivait Albert Camus début 1945 dans Combat.

    Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les gens massacrés ne l’étaient pas pour diversité d’avis, mais à cause d’un idéal. La liberté. Ailleurs, il fut célébré dans les interstices de la capitulation de l’état-major allemand. Ce fut la fin d’une guerre. La Seconde Guerre mondiale. Cela pour les Européens.

    Mais pour d’autres, en Algérie, à Sétif, Guelma, Kherrata, Constantine et un peu partout, ce fut la fête dans l’atrocité d’une colonisation et d’un impérialisme qui ne venait en ce 8 mai qu’annoncer le plan de redressement des volontés farouches et éprises de ce saut libertaire.

     

    « S'il n'y a pas de corps, il n'y a pas de victimes à recenser »

    Le gouvernement français provisoire, ordonne l'intervention de l'armée dans une répression violente contre la population musulmane. La marine y participe avec son artillerie, ainsi que l'aviation. La répression, menée par l'armée et ses milices, est d'une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Deux croiseurs, le Triomphant et le Duguay-Trouin, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif.

    L'aviation bombarde et rase complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de mechtas sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux.

    À l'image d'une milice de 200 personnes qui se forme à Guelma sous l'impulsion du sous-préfet André Achinais qui distribue toutes les armes disponibles, soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux « émeutiers ».

    Pendant deux mois, l'Est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. De nombreux corps ne peuvent être enterrés, ils sont jetés dans les puits et dans les gorges de Kherrata.

    Des miliciens utilisent les fours à chaux pour faire disparaître des cadavres. Un témoin du massacre qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux décrit l'insupportable odeur de chair brûlée et l'incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre. Les auteurs de cette épuration décidèrent de réemployer les «techniques» que les nazis allemands avaient utilisées dans les camps de la mort. Ils brûlèrent les corps dans des fours selon la logique voulant que «s'il n'y a pas de corps il n'y a pas de victimes à recenser».

    L' histoire n'en retiendra rien, le négationnisme étant pour les autres. Un bachagha travaillant pour l'administration française expliqua dans les colonnes d'un journal de l'époque : «Jamais, tant que je vivrai, je n'oublierai le souvenir de ces viols, ces incendies, de ces canons, de ces mitrailleuses, de ces troupes, l'arme au pied, amassées aux abords du village et dans le village, de ces arrestations, de ces exécutions massives, de ces délations de fellahs terrorisés…».

    Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, j'ai vu des Français faire descendre d'un camion cinq personnes les mains ligotées, les mettre sur la route, les arroser d'essence avant de les brûler vivants». Un massacre sans précèdant qui se produisait au moment ou des défilés officiels étaient organisés en Algérie même pour célébrer la capitulation allemande et la fin de la guerre.

      Le nombre de victimes

    Le nombre de victimes algériennes reste encore aujourd’hui impossible à établir mais on peut l’évaluer à plusieurs dizaines de milliers de morts. Le consul général américain à Alger parlera de 40.000 morts. Les Oulémas plus proches du terrain, avanceront le chiffre de 80.000 morts.

    Selon l’historienne Annie Rey-Goldzeiguer, « la seule affirmation possible, c’est que le chiffre dépasse le centuple des pertes européennes et que reste, dans les mémoires de tous, le souvenir d’un massacre qui a marqué cette génération ».

    L’autre 8 mai 1945 marque le début de la guerre d’Algérie et, aujourd’hui, en France, il y a encore des nostalgiques du colonialisme, il y a encore des nostalgiques de l’Algérie Française… vos amis… nous savons qui ils sont… ils vous accompagnaient lors de la sortie du film "  Hors la Loi "  en avant-première à Marseille… ce sont des xénophobes et des racistes… leur chef a dit un jour : « les fours crématoires ne sont qu'un « point de détail de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale ».

     Honte à celui qui a osé dire cela.

     Honte à vous qui êtes ses amis.

    Guelma: le four à chaux d’Héliopolis, le crématoire pour les martyrs du 8 mai 1945

     

    Algérie-France: les gestes d’apaisement de Macron de nouveau critiqués

    « Habitant la même commune que moi... le témoignage de Jean Bossut « Le poète a écrit : l’Algérie reste un beau pays, je réponds la France aussi »...


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    ET NOTAMMENT SON DERNIER ARTICLE

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    Je ne sais pas ce que vont devenir nos sites ou blogs après notre disparition c’est pourquoi je tiens à mettre le maximum de témoignages concernant la guerre d’Algérie en particulier et le colonialisme en général.

    Aujourd’hui c’est celui de Jacques Cros, rédigé sous forme d’un livre qui comporte 190 pages.

    Je mets en ligne les toutes dernières pages de ce livre témoignages précieux qui sont aussi sa conclusion car ces pages j’aurais pu les écrire aussi, elles reflètent tellement mon ressenti par rapport aux décorations, moi qui a refusé la croix du combattant… Jacques Cros nous parle du comportement de la FNACA concernant un triste 14 mars 2015 à Béziers ou le maire extrémiste a supprimé le nom de la rue du 19 Mars 1962 et la remplacé par le nom d’un putschiste qui a tenté de renverser la République…La FNACA,  à titre officiel, a brillé par son absence.

    Michel Dandelot

    L'Espace National Guerre d'Algérie (E.N.G.A.) présente le témoignage de Jacques Cros

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    L'Espace National Guerre d'Algérie (E.N.G.A.) présente le témoignage de Jacques Cros

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    Jacques CROS

     

    Témoignage de Jacques Cros

    Je suis un « Ancien d’Algérie » classe 60 1/A. J’ai participé à cette guerre de mars 1960 à avril 1962. Oui, j’ai fait partie de la première classe libérée après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 si on ne tient pas compte des appelés de la classe 59 2/C qui avaient fait leur classe en France.
    Je n’ai rien vécu d’extraordinaire. En tout cas je n’ai pas été exposé et je n’ai pas été témoin direct d’exactions. J’ai par contre côtoyé la misère consécutive au colonialisme, pour moi forme aggravée du capitalisme. J’ai également souffert de ce qu’était l’institution militaire.
    J’ai rédigé le récit de mes souvenirs de cette période de ma vie que j’ai évacué de mon esprit dès que j’ai pu. Il est rédigé dans un registre picaresque, ce qui explique le titre que je lui ai donné. Il n’a pas valeur de témoignage universel, d’autant que l’histoire de chacun de ceux qui ont participé à la guerre d’Algérie dépend de l’époque, du lieu, de l’affectation, de l’engagement aussi sans doute qui était le sien au moment où il a été appelé. Ceci étant il me paraît assez représentatif de ce qu’ont connu plusieurs des soldats du contingent envoyés là-bas.

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    Publié le 05/01/2022 à 15:08 par cessenon
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    Nous avons appris que Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National pour les présidentielles de 2022 doit venir à Béziers. Elle y sera accueillie par le maire de la ville qui lui a promis son parrainage et qui a déclaré qu’il tiendrait sa promesse.

    Il avait déjà reçu Eric Zemmour, autre concurrent à ces élections et s’est déclaré disposé à faire de même avec Valérie Pécresse. Il est cohérent et fidèle à la position qui est la sienne, il souhaite l’union de la droite. Il pourrait d’ailleurs élargir son éventail à tous ceux qui refusent la rupture avec un système social incapable de répondre aux besoins actuels de l’humanité.

    Mme Le Pen va donc visiter notre ville. Nous lui suggérons de se rendre au cimetière neuf pour s’incliner devant la stèle des assassins de l’OAS qu’elle porte en médaillon. Il y a en particulier Bastien-Thiry organisateur de l’attentat du Petit Clamart qui visait de Gaulle et Degueldre créateur des commandos Delta qui a connu plus de réussite dans ses actions meurtrières.

    Ah, il ne faudrait pas qu’elle oublie de se rendre rue du Commandant Denoix de Saint Marc, et officier putschiste dont le nom a remplacé celui du 19 mars 1962. Nous suggérons ici qu’elle se fasse accompagner par les responsables du comité de la FNACA 34 qui avait prévu de tenir son congrès départemental dans la bonne ville de Ménard. Ils pourraient être accompagnés des dirigeants du comité biterrois de la même fédération qui s’étaient abstenus de participer à la contremanifestation organisée par les forces progressistes lors du changement de nom de la rue en question !

    Oui, on pourrait pour la circonstance mettre les drapeaux en berne comme on le fait chaque année à Béziers les 19 mars en contradiction avec le vote du Parlement. Surtout qu’en 2022 c’est le 60ème anniversaire de la fin d’une guerre dont avec un minimum de bonne volonté on pouvait encore bénéficier. C’est qu’ainsi que l’a proposé Mme Pécresse nous avons besoin d’honorer nos héros. Et il faut bien reconnaître que parmi les appelés du contingent certains manquaient de conviction.

    Voilà donc quelques suggestions que nous soufflons à l’oreille de ceux qui seront chargés de faire connaître l’histoire de notre cité à la candidate du RN.

    Ah oui, on évitera de lui montrer la misère ambiante : chômage, difficultés financières de la majorité de la population, réduction des services publies, mise en cause de la protection sociale, dégradation de l’environnement, violence et insécurité… Quoique elle pourrait en tirer argument pour développer ses théories xénophobes et racistes qui sont dans l’air du temps et qui tiennent lieu de projet d’avenir !

    Jacques Cros

     

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    Algérie-France: les gestes d’apaisement

     de Macron de nouveau critiqués

    Algérie-France: les gestes d’apaisement de Macron de nouveau critiqués

     

    Entre l’Algérie et la France, une longue histoire marquée par la colonisation et le combat pour la libération s’est écrite. Un passé houleux, qui continue de hanter les esprits aussi bien en Algérie qu’en France. Ce passif historique est toutefois, et de plus en plus, instrumentalisé par certains politiciens les deux rives afin de satisfaire leurs agendas électoraux.

    C’est notamment le cas en France, où les élections présidentielles ont été une occasion qui n’a pas été ratée pour user de l’Algérie comme d’un sujet permettant de monter dans les sondages. La droite française ne s’est pas gênée pour faire de peu de gestes d’apaisement entrepris par Macron envers l’Algérie, un aveu de faiblesse dans le meilleur les cas, et au pire, un signe «déracinement».

    Après le controversé Eric Zemmour, qui a qualifié Macron « d’adolescent incomplet », voilà qu’une autre candidate à la présidentielle s’y met encore. Il s’agit de Valérie Pécresse, la candidate LR, qui a vivement critiqué la politique de l’actuel président français envers l’Algérie.

    Quand les mythes contre l’humanité deviennent les mythes nationaux

    Selon cette candidate à l’Elysée, et actuelle présidente de le région Ile-de-France, « Emmanuel Macron a un problème avec l’histoire de France ». Elle explique « il est allé dire en Algérie que nous avions commis les crimes contre l’humanité », ce qui est selon elle loin d’être le cas.

    Pourtant, elle avoue « qu’en Algérie, il y a eu effectivement les exactions » et « qu’il y a eu les pages sombres de l’histoire de France qui ont été écrites ». Cela ne l’empêche pas toutefois de répéter que l’on ne « peut pas parler de crimes contre l’humanité ».

    « Crimes contre l’humanité, c’est ce qu’on reproche aux nazis et à Hitler », tempête Pécresse pour qui l’histoire de la France coloniale n’est pas si horrible que cela. En effet, la candidate de parti Les Républicains souhaite que les « mythes » d’une France coloniale civilisatrice soient gardées.

    « Je ne crois pas qu’il faille déconstruire l’histoire de France, je pense que tous les pays ont besoin de mythes, tous les pays ont besoin d’être fiers de leurs héros », a-t-elle déclaré. Pécresse rappelle que Macron lui est « est allé dans un média anglo-saxon dire qu’il voulait déconstruire l’histoire de France ».

    Revenant enfin sur les déclaration d’Eric Ciotti qui a qualifié Macron de «président déraciné »  qui « n’aime pas la France », Pécresse estime que son ancien adversaire « a ressenti cela comme ça et s’il l’a ressenti comme ça, eh bien il l’a dit avec ses mots ».

    SOURCE : https://www.algerie360.com/algerie-france-les-gestes-dapaisement-de-macron-de-nouveau-critiques/ 

     

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant

     Emmanuel Macron

    «La colonisation est un crime contre l’humanité»

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant  Emmanuel Macron : «La colonisation est un crime contre l’humanité»

     

    La droite, l’extrême droite et il faut ajouter ce qu’on appelle la fachosphère sont vent debout, criant au scandale contre les propos qu’a déclarés Emmanuel Macron, à Alger « La colonisation est un crime contre l’humanité » avant lui Henri Pouillot, ancien appelé de la guerre d’Algérie, qui a été témoin de la torture à la villa Susini (terme exact : Sésini) à Alger avait envoyé une lettre ouverte à François Hollande (et je suis solidaire avec Henri Pouillot) dont voici un passage essentiel : « En particulier pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, la France a une terrible responsabilité qu’elle n’a toujours pas reconnue, ni donc condamnée :
      Ce
    sont des crimes d’état  : du 8 Mai 1945 à Sétif / Guelma / Khératta les massacres qui ont fait plus de 40.000 victimes, du 17 octobre 1961 au Pont Saint-Michel à Paris où plusieurs centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés dans la Seine, assassinés par la police, du 8 février 1962 au Métro Charonne à Paris où 9 militants pacifiques ont été assassinés par le Police
     
    Ce sont des crimes de guerre  : avec l’utilisation des gaz VX et Sarin (voir les témoignages publiés sur mon site : le premier et le second ), avec l’utilisation du napalm (600 à 800 villages ont été rasés : des Oradour-sur-Glane algériens !!!)
     
    Ce sont des crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements qui ont fait des centaines de milliers de morts)… Alors Monsieur le Président, avant de donner des leçons de droits de l’homme comme vous venez de le faire, la parole de la France dans ce domaine aurait un autre poids si vous aviez fait les gestes symboliques nécessaires de reconnaissance et de condamnation de ces crimes commis au nom de notre pays. Dans quelques mois, ce sera le 60ème anniversaire de la Bataille d’Alger où l’Armée Française a généralisé les exactions, ne serait-il pas plus que temps que la France, par votre intervention intervienne dans ce sens ? » 

    La Villa SUSINI (SESINJ), un lieu symbolique, d’un lourd passé 

    Henri Pouillot l’a dit et même écrit avant  Emmanuel Macron : « La colonisation est un crime contre l’humanité »

    « C’est dans cette Villa, à Alger, que je me suis retrouvé à effectuer la fin de mon service militaire, pendant la Guerre d’Algérie, de juin 1961 à mars 1962.
    Ce lieu fut utilisé, pendant les 8 années de cette guerre, sans interruption, comme centre de torture. »

    Henri Pouillot

    SOURCE : http://www.micheldandelot1.com/henri-pouillot-l-a-dit-et-meme-ecrit-avant-emmanuel-macron-la-colonisa-a128448746

     

    Algérie-France: les gestes d’apaisement de Macron de nouveau critiqués

     Arrestations de civils menés vers leur propre exécution avant de finir brûlés

    dans des fours à chaux de Guelma.

    Photo transmise par Jacki Malléa que je remercie


    J’ai honte de cette France là : ce qui m’a le plus marqué dans le documentaire  «L’autre 8 mai 1945»  à la manière des nazis, l’armée coloniale française a employé des fours à chaux pour brûler des corps.

    Le 8 mai 1945 signifie la fin du nazisme. Il correspond aussi à l’un des moments les plus sanglants de l’histoire nationale. La répression colonialiste venait d’y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d’indépendance.

    Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer la condition sociale de la population musulmane algérienne colonisée par la France, population surtout agricole souvent déplacée car les colons s’étaient saisis des meilleures terres, et de plus dans une période de guerre, de sécheresse et d’invasion de criquets. « Des hommes souffrent de la faim et demandent la justice… Leur faim est injuste. » écrivait Albert Camus début 1945 dans Combat.

    Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les gens massacrés ne l’étaient pas pour diversité d’avis, mais à cause d’un idéal. La liberté. Ailleurs, il fut célébré dans les interstices de la capitulation de l’état-major allemand. Ce fut la fin d’une guerre. La Seconde Guerre mondiale. Cela pour les Européens.

    Mais pour d’autres, en Algérie, à Sétif, Guelma, Kherrata, Constantine et un peu partout, ce fut la fête dans l’atrocité d’une colonisation et d’un impérialisme qui ne venait en ce 8 mai qu’annoncer le plan de redressement des volontés farouches et éprises de ce saut libertaire.

     

    « S'il n'y a pas de corps, il n'y a pas de victimes à recenser »

    Le gouvernement français provisoire, ordonne l'intervention de l'armée dans une répression violente contre la population musulmane. La marine y participe avec son artillerie, ainsi que l'aviation. La répression, menée par l'armée et ses milices, est d'une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Deux croiseurs, le Triomphant et le Duguay-Trouin, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif.

    L'aviation bombarde et rase complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de mechtas sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux.

    À l'image d'une milice de 200 personnes qui se forme à Guelma sous l'impulsion du sous-préfet André Achinais qui distribue toutes les armes disponibles, soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux « émeutiers ».

    Pendant deux mois, l'Est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. De nombreux corps ne peuvent être enterrés, ils sont jetés dans les puits et dans les gorges de Kherrata.

    Des miliciens utilisent les fours à chaux pour faire disparaître des cadavres. Un témoin du massacre qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux décrit l'insupportable odeur de chair brûlée et l'incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre. Les auteurs de cette épuration décidèrent de réemployer les «techniques» que les nazis allemands avaient utilisées dans les camps de la mort. Ils brûlèrent les corps dans des fours selon la logique voulant que «s'il n'y a pas de corps il n'y a pas de victimes à recenser».

    L' histoire n'en retiendra rien, le négationnisme étant pour les autres. Un bachagha travaillant pour l'administration française expliqua dans les colonnes d'un journal de l'époque : «Jamais, tant que je vivrai, je n'oublierai le souvenir de ces viols, ces incendies, de ces canons, de ces mitrailleuses, de ces troupes, l'arme au pied, amassées aux abords du village et dans le village, de ces arrestations, de ces exécutions massives, de ces délations de fellahs terrorisés…».

    Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, j'ai vu des Français faire descendre d'un camion cinq personnes les mains ligotées, les mettre sur la route, les arroser d'essence avant de les brûler vivants». Un massacre sans précèdant qui se produisait au moment ou des défilés officiels étaient organisés en Algérie même pour célébrer la capitulation allemande et la fin de la guerre.

      Le nombre de victimes

    Le nombre de victimes algériennes reste encore aujourd’hui impossible à établir mais on peut l’évaluer à plusieurs dizaines de milliers de morts. Le consul général américain à Alger parlera de 40.000 morts. Les Oulémas plus proches du terrain, avanceront le chiffre de 80.000 morts.

    Selon l’historienne Annie Rey-Goldzeiguer, « la seule affirmation possible, c’est que le chiffre dépasse le centuple des pertes européennes et que reste, dans les mémoires de tous, le souvenir d’un massacre qui a marqué cette génération ».

    L’autre 8 mai 1945 marque le début de la guerre d’Algérie et, aujourd’hui, en France, il y a encore des nostalgiques du colonialisme, il y a encore des nostalgiques de l’Algérie Française… vos amis… nous savons qui ils sont… ils vous accompagnaient lors de la sortie du film "  Hors la Loi "  en avant-première à Marseille… ce sont des xénophobes et des racistes… leur chef a dit un jour : « les fours crématoires ne sont qu'un « point de détail de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale ».

     Honte à celui qui a osé dire cela.

     Honte à vous qui êtes ses amis.

    Guelma: le four à chaux d’Héliopolis, le crématoire pour les martyrs du 8 mai 1945

     

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    UN CONSTAT

     

    Le 1er janvier 2022, j’entre

    dans ma douzième année de blogueur 


    Bloguer fait aujourd'hui partie intégrante de ma vie et il m'arrive parfois de me faire peur en imaginant qu'un gros bug irréversible vienne  faire disparaître et réduire à néant près de 12 ans d'efforts, de temps, d'énergie et de passion investis... 

    Mais ce qui est formidable avec cette aventure, c'est que je ne la vis pas seul dans mon coin car vous êtes en moyenne 1500 à m'accompagner chaque jour c'est pour moi un moteur extraordinaire pour continuer... encore un peu... un tout petit peu... si j'ai de la chance... Oui un moteur extraordinaire (malgré l'âge qui s'est empiré, lui aussi de 12 ans... me faisant approcher lentement mais sûrement de l'âge de ma retraite de blogueur mais cela est irréversible).


     Bonne année 2018 à tous mes amis de Facebook et aux autres


     

    *** Un grand, grand, grand merci, du fond

    du coeur, vraiment ! ***



    UN CONSTAT

     Michel Dandelot

     


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    2022, une année mémorielle française

    très algérienne

    2022, une année mémorielle française très algérienne

    Des Parisiens lisent l'édition de « France-Soir » annonçant, le 19 mars 1962, qu'un cessez-le-feu a été conclu à Evian.

    2022, une année mémorielle française très algérienne

     

     

     

     

     

    Par Jean-Dominique Merchet 

    Le soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie tombe trois semaines avant le premier tour de la présidentielle

    Les faits -

    Outre le 17 décembre, bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, l’un des inventeurs de la vaccination, alors que la planète aborde l’année nouvelle en pleine pandémie, 2022 sera année mémorielle politiquement risquée, autour de la question de la fin de la colonisation et de la guerre d’Algérie, en 1962.

    Attention, date dangereuse ! L’année 2022 sera marquée par le soixantième anniversaire de la fin de la colonisation française en Algérie. La commémoration des accords d’Evian et du cessez-le-feu en Algérie (18 et 19 mars 1962) interviendra trois semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle. Difficile d’y échapper, alors que les questions identitaires liées au passé colonial reviennent en force dans les discours de la droite et de l’extrême-droite. Pour Emmanuel Macron, président et (vraisemblablement) candidat, l’exercice est à haut risque. Tout geste, tout propos risquent d’enflammer le débat politique, d’autant que les relations avec l’Algérie restent compliquées.

    « A l’Elysée, l’idée est sans doute de ne pas trop en faire, en attendant de voir jusqu’où les candidats de droite et les Algériens feront monter la pression sur cette question », indique un interlocuteur de la présidence sur les questions mémorielles. Wait and see, surtout que le chef de l’Etat peut estimer que l’essentiel a été fait en 2021. La publication du rapport de l’historien Benjamin Stora a été une étape importante dans la politique de « reconnaissance » des pages noires de l’histoire, à défaut d’une « repentance » mais dans le souci d’une « réconciliation des mémoires ».

    En septembre, Emmanuel Macron a ainsi demandé pardon aux harkis, puis il a participé aux cérémonies commémorant les massacres du 17 octobre. Après avoir reconnu la responsabilité des autorités françaises dans la disparition des militants pro-indépendance Maurice Audin et Ali Boumendjel, le président de la République a tenu, le 23 décembre, sa promesse de faciliter l’accès aux archives judiciaires de cette période. En 2020, il avait permis la restitution symbolique à l’Algérie des restes mortuaires de 24 combattants algériens du XIXe siècle.

    Corde raide. Ces gestes ont toutefois été gâchés par une déclaration malencontreuse du chef de l’Etat, rapportée par Le Monde début octobre, dans laquelle il mettait en doute l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. En novembre, il a dû faire amende honorable, en « regrettant les malentendus ». Emmanuel Macron sait qu’il marche sur une corde raide dès lors qu’il aborde le sujet algérien : sa campagne de candidat en 2017 avait été secouée par ses propos sur la colonisation, alors qualifiée de crime contre l’humanité.

    Que faire, donc, de cette date symbolique du 19 mars ? Depuis une loi de décembre 2012, c’est officiellement la « journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ». Preuve de la complexité de la situation, il existe une autre date de commémoration, le 5 décembre, qui est depuis 2003 la « journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie ». Sauf que le 5 décembre ne correspond à rien... à part à la date d’inauguration d’un monument par Jacques Chirac en 2002, quai Branly.

    Reste le cas de Gisèle Halimi, féministe et avocate de la cause algérienne, dont Emmanuel Macron a refusé l’entrée au Panthéon en même temps que Josephine Baker. L’Elysée a promis qu’un « hommage » lui serait rendu aux Invalides « début 2022 »

    En revanche, le 19 mars 1962 est une date lourde de symboles. La veille, le gouvernement français et celui, provisoire, de l’Algérie, signaient à Evian (Haute-Savoie), des accords mettant fin à la guerre l’Algérie avec la mise en œuvre du cessez-le-feu le lendemain. C'était la victoire politique du FLN algérien, la perspective de l’indépendance, officiellement proclamée le 5 juillet, et la fin de la guerre pour les appelés du contingent – les anciens combattants d’aujourd’hui. Mais ce fut aussi le signal de l’exode pour environ un million de pieds-noirs, alors que les violences ne cessaient pas. (PS. Vous oubliez d’évoquer la responsabilité de l’OAS M. Mermet) Le sort tragique des harkis ou le massacre d’Oran, parmi d’autres, restent des plaies non cicatrisées chez beaucoup.

    Côté algérien, on célèbre au contraire la victoire face à un colonisateur installé dans le pays depuis 1830. Difficile de trouver les mots justes, à 22 jours d’une élection présidentielle, quand plusieurs millions de Français se sentent encore personnellement concernés par ces événements.

    Reste le cas de Gisèle Halimi, féministe et avocate de la cause algérienne, dont Emmanuel Macron a refusé l’entrée au Panthéon en même temps que Josephine Baker, le 30 novembre dernier. L’Elysée a promis qu’un « hommage » lui serait rendu aux Invalides « début 2022 », mais l’un de ses fils a récemment fait part au Monde de son « inquiétude » face aux silences de la présidence de la Présidence.

    Enfin, 2022 est le centenaire de la pose de la première pierre de la Grande Mosquée de Paris, le 19 octobre 1922. Financée par l’Etat, il s’agissait alors d’un geste à l'égard des soldats de confession musulmane tombés durant la Première Guerre mondiale. Les politiques s’y précipiteront-ils cette année, alors que l’organisation de l’Islam en France, dont la Grande Mosquée est un acteur important, reste un casse-tête ?

    Posture difficile. La mémoire algérienne française est d’autant plus sensible qu’elle s’inscrit parallèlement dans le cadre des relations bilatérales avec l’Algérie. La réduction par la France du nombre de visas est très mal perçue sur l’autre rive de la Méditerranée. Les tensions très sérieuses entre l’Algérie et le Maroc mettent la diplomatie française dans une posture difficile, ne pouvant choisir entre Rabat et Alger. Surtout, la dégradation de la situation au Mali (voisin de l’Algérie) est dans tous les esprits. Malgré la visite de Jean-Yves Le Drian à Alger, le 8 décembre, les vols militaires français ne peuvent toujours pas emprunter l’espace aérien algérien. A Paris, on redoute un rapprochement entre Alger et Moscou, alors que la société militaire privée russe Wagner s’installe au Mali.

    Très politique également devrait être la poursuite de l’initiative Portraits de France, confiée à l’historien Pascal Blanchard. Il s’agit, pour l’Elysée, de mettre en avant la « diversité » de notre pays, comme lors des cérémonies autour de Josephine Baker. Un rendez-vous est prévu le 4 avril.

    On pourrait également voir resurgir la question de Vichy et de la Shoah – une réponse à la candidature Zemmour. Le 27 mars marque en effet le 80e anniversaire du premier train de déportés juifs à destination d’Auschwitz, depuis la gare de Compiègne. La commémoration des rafles de 1942 interviendra en juillet, après la présidentielle.

    SOURCE : https://www.lopinion.fr/politique/2022-une-annee-memorielle-francaise-tres-algerienne 

    Ne noyons pas le poisson

    2022, une année mémorielle française très algérienne

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le point de vue de Jacques CROS

     2022, une année mémorielle française très algérienne

    2022 sera l’année du 60ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Une guerre qui a duré plus de 7 ans et qui s’inscrivait dans les 132 ans de colonialisme que ce pays situé de l’autre côté de la Méditerranée a vécus

    Une guerre qui ne voulait pas dire son nom, on parlait seulement d’événements et l’armée française ne faisait officiellement que maintenir l’ordre et assurer la sécurité. On sait que ce n’était pas la réalité et ce conflit a causé bien des souffrances, avec des degrés divers, selon les protagonistes et les circonstances particulières qui ont été les leurs.

    Le 19 mars 1962 c’était le cessez-le-feu, une date incontournable au point de vue historique et il serait hautement souhaitable qu’elle soit commémorée avec toute la dimension qu’elle mérite. D’ailleurs le Parlement a choisi le 19 mars comme journée de recueillement.

    Il va de soi qu’en 2022 ce 60ème anniversaire d’une telle journée prend un relief exceptionnel ! Aussi il ne faudrait pas embrouiller la situation avec des dates concurrentes telle le 5 décembre ou d’autres encore.

    Il ne faudrait pas évacuer ce que représentera ce 19 mars 2022 comme reconnaissance de la sortie d’un conflit que certains se refusent toujours à analyser. Il était anachronique, injuste et n’offrait d’autre perspective que l’indépendance de l’Algérie. Il aurait été préférable qu’on ait plus tôt conscience de l’absurdité de ce qui se passait, on aurait évité bien des drames.

    Soixante ans après ayons un regard lucide sur ce qui s’est déroulé alors. Ne prenons pas prétexte du sort que l’on a fait subir à certains, en refusant de reconnaître qu’on s’était mis en travers de l’histoire. Il y a eu des conséquences douloureuses et même cruelles pour ceux qui se sont trouvés dans ce chaos indescriptible.

    Ne fuyons pas les responsabilités qui sont celles de notre pays qui  a entretenu la confusion sur la nature de cette guerre. Ne continuons pas à nous  voiler la face sur le rôle qu’on nous a fait jouer. Exigeons qu’en cette année 2022 soient commémorées comme il se doit la paix et l’amitié.

    Et n’obscurcissons pas les nécessités avec des atermoiements qui n’ont qu’un but, éviter que s’expriment d’autres voix que celles de la domination militaire telle qu’on les entend encore, aggravées par le racisme et la xénophobie.

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6574975-Ne-noyons-pas-le-poisson#c27313043 

     

     

     


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     Quand les médias français mentent pour exacerber

    le racisme et l’islamophobie

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

      Les Français sont manipulés par leurs médias. D. R.

    Le spectre de cette presse que beaucoup qualifient de réactionnaire est très large. Une tripotée de journaux, sites internet, magazines et autres publications périodiques, qui s’étalent du Figaro à Valeurs Actuelles, dont la ligne éditoriale n’a rien à envier au Völkischer Beobachter (L’Observateur populaire), l’organe de presse officiel du parti nazi de 1920 à 1945, en passant par l’empire médiatique de Vivendi, propriété de l’oligarque breton Vincent Bolloré.

    La mémoire a retenu cette Une du Figaro Magazine du 26 octobre 1985, qui disait ceci : Dossier immigration : «Serons-nous encore Français dans 30 ans?» illustrée par un buste de Marianne. Trente-six années plus tard, rien n’a changé. La France demeure toujours la France ; les Français sont restés des Gaulois réfractaires ; le français la langue nationale, Paris la capitale, et les métiers répugnants encore et toujours exercés par les immigrés.

    Le comble est que, un peu plus de trois décennies et 21 lois sur l’immigration plus tard, la même question revient. Et cette fois encore les pseudo-patriciens nostalgiques d’un passé glorieux sonnent le tocsin, alertant sur le Grand remplacement, lequel, claironne-t-on, devrait intervenir dans cinquante ans (sic).

    Quelques chiffres qui démentent formellement les médias racistes, leurs discours mystificateurs et les forgeries du pantin du milliardaire marionnettiste sus-cité. En effet, en 2020, les immigrés vivant en France représentent 10,2% de la population totale, contre 7,4% en 1975 et 5% en 1946, selon les chiffres de l’Insee.

    Par ailleurs, s’il est admis que la France est un pays, historiquement, d’accueil, il n’en reste pas moins que c’est l’un des pays de l’Europe de l’Ouest où l’immigration est parmi les plus faibles (13%, selon l’ONU, contre 14% pour le Royaume-Uni ou 18% en Allemagne). Avec 277 000 entrées permanentes, c’est-à-dire un taux de 0,4% de la population, la France occupe le 16e rang en matière d’accueil de nouveaux immigrés dans l’Europe des 27, loin derrière l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède ou l’Autriche, données fournies par l’OCDE.

    Voici des données d’une évidence irréfragable que Le Figaro, CNews ou Valeurs Actuelles se gardent bien de publier.

    R. A.

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2021/12/29/quand-les-medias-francais-mentent-pour-exacerber-le-racisme-et-lislamophobie/ 

     

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Je vous souhaite une bonne année 2022. Qu’elle vous apporte toute la convivialité et la joie qu’il est possible d’espérer.
    En cette période de fin d’année, si difficile pour tant de personnes étrangères, pour les enfants oubliés, pour les sans-abri, pour les pauvres de plus en plus nombreux, sans oublier celles et ceux qui ont été atteints par le virus Covid je ne vous remercierai jamais assez de porter les valeurs d’hospitalité et de solidarité qui nous sont si chères : elles sont notre plus grande force pour résister face au mépris, à la haine et à l’intolérance.

     

    Je ne regarde pas, je n'écoute pas, je ne lis pas

    les médias racistes... ce sont tous des menteurs !!!

    Si les pseudo-patriciens nostalgiques d’un passé glorieux sonnent le tocsin, alertant sur le Grand remplacement, lequel, claironne-t-on, devrait intervenir dans cinquante ans... Mais Le grand remplacement est une théorie du complot d'extrême droite introduite en 2010 par l'écrivain français Renaud Camus... Alors je vous présente des couples français, très minoritaires et que j'aime bien et qui ont eu sur ma page Facebook un énorme succès... Ce sont les couples métissés.

    Michel Dandelot

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

     La France est belle quand elle n'est pas raciste !!! VIVE LA FRANCE ARC-EN-CIEL !!!

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Nous aussi nous sommes Français dans cette France multiculturelle, arc-en-ciel, dans cette France de l'avenir et nous vous disons BONNE ANNEE 2022, personne ne nous empêchera de nous aimer, malgré les vents mauvais qui tournent autour de nous...

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Nous avons une grande famille (5 filles) mais nous avons décidé de l'agrandir tant que n'avons pas un garçon. C'est le grand remplacement Zemmour le vautour, mais c'est la France métissée de l'avenir arc-en-ciel.

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Fais du feu dans la cheminée,
    Je reviens chez nous.
    S'il fait du soleil à Paris,
    Il en fait partout !
    Vive la France métissée...

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Tu peux faire ta valise Zemmour, les couples du "grand remplacement" sont arrivés et emmène avec toi toute la fachosphère ça va améliorer l'atmosphère, ça va nous faire de l'air sans virus... car tu es le plus virulent microbe du siècle.

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Elle est belle notre France merci pour votre merveilleuse famille française.

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

     Nous vous souhaitons la plus belle année 2022 possible dans notre France que nous aimons malgré ceux qui nous haïssent.

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    C'est la France de l'amour contre celle de Zemmour et de toute la fachosphère

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie

    Dans les provinces françaises il y a des couples ARC-EN-CIEL qui s'aiment. VIVE LA FRANCE ANTI RACISTES !!! VIVE LA FRANCE DE TOUTES LES COULEURS...

    Quand les médias français mentent pour exacerber le racisme et l’islamophobie


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    Guerre d’Algérie : 5 minutes pour comprendre

    les enjeux de l’ouverture  des archives

    Guerre d’Algérie : 5 minutes pour comprendre les enjeux de l’ouverture des archives

    Des indépendantistes algériens manifestent à Alger, rue Albin-Rozet, dans le quartier de Belcourt le 11 décembre 1960. Ces premières manifestations de masse de musulmans en Algérie depuis le début de la guerre ont été accompagnées de violences entre les deux communautés et d'affrontements avec les forces de l'ordre. (AFP)

    La France a ouvert jeudi ses archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l’Algérie en guerre contre la colonisation, avec 15 ans d’avance. Une décision attendue de longue date par les chercheurs et les associations.

    Elles étaient inaccessibles pendant 75 ans, sauf dérogation. Ce jeudi, la France ouvre ses archives liées aux affaires judiciaires et aux enquêtes policières pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), avec quinze ans d’avance. Annoncée début décembre par Roselyne Bachelot, cette décision symbolique s’inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle entreprise par Emmanuel Macron : le président avait promis d’aider les historiens à éclairer les zones d’ombre de l’action de la France en Algérie, du début de l’insurrection indépendantiste en 1954 jusqu’à l’indépendance en 1962.

    Que pourra-t-on y apprendre ?

    « Ce sont des dossiers liés aux nationalistes algériens, aux partisans de l’Algérie française, à l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Ils concernent des faits commis en Algérie et en métropole », résume dans Libération Françoise Banat-Berger, cheffe du service interministériel des archives de France.

    Ils couvrent un large spectre : du banal contrôle d’identité des Algériens jusqu’aux actes de torture. « Ces faits, on les connaît dans leur masse, on parle de la torture avec un grand T, mais nous n’avons pas toujours identifié les victimes, les bourreaux et les exactions, explique l’historienne Naïma Yahi, chercheuse associée à l’Urmis (Unité de recherche migrations et société). Au-delà des cas emblématiques, médiatiques, nous devrons maintenant écrire les trajectoires individuelles de chaque victime lambda pour savoir où, quand et comment ça s’est passé ».

    Pour la spécialiste de l’histoire culturelle des Maghrébins en France, l’ouverture de ces archives pourrait aussi permettre d’éclairer des zones d’ombre sur des séquences importantes de la guerre d’Algérie, comme la bataille d’Alger.

    Après l’accès aux archives sur les personnes disparues en 2020, celles-ci « ouvrent les champs très larges de la justice militaire et des affaires étrangères, se réjouit Pierre Mansat, président de l’association Josette et Maurice Audin. Il y a fort peu de chances de trouver des rapports sur la torture ou un tortionnaire. Mais peut-être des plaintes déposées par les familles des victimes sur des enlèvements, des disparitions, la façon dont la justice les a traitées, les enquêtes policières qu’il a pu y avoir, l’impunité ou pas des tortionnaires sur les actes de torture… »

    Ces archives peuvent aussi fournir aux spécialistes « des détails sur l’organisation et les procédés de l’OAS » (organisation de l’armée secrète, anti-indépendantiste et proche de l’extrême droite), espère M’Hamed Kaki, président de l’association mémorielle Les Oranges à Nanterre (Hauts-de-Seine).

    Pourquoi le gouvernement a-t-il pris 15 ans d’avance ?

    C’était l’une des préconisations du rapport Stora (pour parvenir à une « nécessaire réconciliation » franco-algérienne). Le 17 octobre dernier, 60 ans après le massacre des Algériens lors d’une manifestation, Emmanuel Macron avait déjà fait un geste fort en devenant le premier président à commémorer en personne cette date funeste.

    Alors que la relation franco-algérienne est en crise depuis des mois, cette annonce apparaît comme un nouveau pas « positif » contribuant à son amélioration, remarque Pierre Mansat.

    Mais « c’est un geste qui pèse peu par rapport à d’autres enjeux en Méditerranée », nuance l’historienne Naïma Yahi, pour qui cette démarche est avant tout franco-française : « Elle pèse dans les débats publics actuels sur l’islam, l’immigration, et sur les prochaines élections électorales. C’est la place de ces Français issus de l’immigration, notamment algérienne, qu’on rend légitime en traitant notre Histoire. Il s’agit d’apaiser les tensions identitaires qui fracturent notre société. »

    Derrière la « manœuvre politicienne » visant cet électorat, « il y a aussi une volonté d’apaisement sincère de la part du gouvernement », pense M’Hamed Kaki. « C’est l’Histoire de France, notre histoire collective, pas uniquement celle des Algériens » que ces archives éclaireront. « À l’époque, l’Algérie était un département français, les Français sont donc amputés d’une grande partie de leur histoire. »

    Que reste-t-il à faire ?

    Selon Pierre Mansat et M’Hamed Kaki, il faut continuer à ouvrir d’autres archives, comme celles des services de renseignement. Par ailleurs, rien ne dit si les documents seront accessibles au grand public, ou uniquement aux historiens. Et qui dit archives, dit recherches. Mais les chercheurs en ont-ils les moyens ? « La seconde étape serait de doter la recherche de bourses sur le sujet, si on veut en faire le récit, plaide Naïma Yahi. À l’université française, il n’existe pas de chaire dédiée à la mémoire de la guerre d’Algérie et peu de chercheurs y travaillent. Nos collègues algériens doivent aussi y avoir accès. Faciliterons-nous leur venue grâce à des visas de recherche ? »

    SOURCE : https://www.leparisien.fr/politique/guerre-dalgerie-5-minutes-pour-comprendre-les-enjeux-de-louverture-des-archives-23-12-2021-7V55QPQW4JER7ODKOMAYGJLYMI.php 


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    La famille de Gisèle Halimi craint qu’Emmanuel Macron renonce à l’hommage promis aux Invalides

     

    La famille de Gisèle Halimi craint qu’Emmanuel Macron renonce à l’hommage promis aux Invalides

    L’avocate et présidente de Choisir la cause des femmes, Gisèle Halimi, à Paris, le 14 novembre 2003. JACK GUEZ / AFP

    Aucune date n’est prévue pour la cérémonie en l’honneur de l’avocate qui a défendu des militants du FLN, alors que le chef de l’Etat tente d’amorcer un « rééquilibrage » mémoriel sur la guerre d’Algérie.

    La promesse avait été formulée d’un tweet, le 23 août. « Sa “farouche liberté”, elle l’utilisa pour libérer les autres. Par ses combats pour l’égalité, Gisèle Halimi changea et change encore la vie de millions de femmes. En accord avec sa famille, la Nation lui rendra hommage début 2022 aux Invalides », avait écrit ce jour-là Emmanuel Macron sur son compte Twitter.

    Le message témoignait d’une forme d’empressement, au lendemain de l’annonce de l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon. Quid de Gisèle Halimi, morte le 28 juillet 2020, s’enquéraient alors la famille et les admirateurs de l’ancienne avocate, militante des droits des femmes et de la lutte pour l’indépendance algérienne ?

    L’hommage, prévu à l’origine le 3 septembre 2020, n’avait pu se tenir car le chef de l’Etat s’était rendu au Liban pour soutenir un pays frappé par l’explosion sur le port de Beyrouth. Son tweet valait réassurance. Mais depuis, le silence pèse à nouveau. Avec en toile de fond une concurrence mémorielle liée à la guerre d’Algérie.

    L’avocat Jean-Yves Halimi, l’aîné des trois garçons de Gisèle Halimi, confie au Monde son « inquiétude ». Aucune date de cérémonie ne lui a été communiquée par l’Elysée. Pire, la présidence de la République ne répond même plus à ses messages ; pas plus le conseiller « mémoire » d’Emmanuel Macron, Bruno Roger-Petit, que son directeur du cabinet, Patrick Strzoda. Deux hommes avec qui il échangeait pourtant depuis un an et demi.

    Le premier avait proposé que l’événement coïncide avec la journée des droits des femmes, le 8 mars 2022 : trop proche de l’élection présidentielle, les 10 et 24 avril, lui a répondu Jean-Yves Halimi. « Il faut un moment le plus neutre possible, estime ce dernier. J’ai suggéré à Bruno Roger-Petit d’organiser ça plutôt début janvier, avant que la campagne électorale ne batte son plein. Il m’a dit “c’est d’accord”. » La discussion remonte à la fin du mois d’août. Depuis, plus de nouvelles.

    « Un renoncement non assumé »

    Un brouillard s’est installé autour de la promesse présidentielle. « On y travaille », jure un conseiller du chef de l’Etat, sans plus de précisions. « Projet en cours et en discussion avec la famille », affirme un autre. Jean-Yves Halimi, pourtant, ne reçoit aucun écho. « Je n’exclus pas qu’il n’y ait pas de cérémonie, souffle-t-il. Je m’attendais au moins à ce qu’on m’en confirme le principe. Il est possible qu’ils aient décidé de ne rien faire, et de n’en rien dire. »

    L’avocat William Bourdon, qui envisage de lancer, avec son confrère Jean-Pierre Mignard, un comité de soutien à la panthéonisation de Gisèle Halimi, se montre de son côté plus direct. « La situation présente toutes les apparences d’un renoncement non assumé à un engagement public », regrette-t-il. Les hommages rendus au cours du quinquennat au fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel, à l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson, ou encore à l’acteur Jean-Paul Belmondo, tous organisés dans la cour des Invalides, se sont à chaque fois tenus quelques jours après la disparition de ces personnalités.

    SOURCE : https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/12/22/hommage-a-gisele-halimi-la-famille-craint-un-renoncement-d-emmanuel-macron_6106956_823448.html?xtor=EPR-32280629-[a-la-une]-20211222-[zone_edito_1_titre_3]&M_BT=44294467348655 

    De promesses en renoncements

    nous ne sommes pas au bout

     de nos surprises ?

    Rappelez-vous de mon article concernant la commémoration du 19 mars 1962 : http://www.micheldandelot1.com/contradictions-entre-la-fnaca-et-cet-article-de-france-info-a211550336 

    De source officieuse un lanceur d’alerte m’a précisé qu’il n’y aurait aucun représentant officiel du gouvernement lors des cérémonies du 19 mars 2022 ? Qui vivra verra !!!

    Geneviève Darrieussecq, la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, pilote le dossier. "Il faut construire un temps mémoriel qui ait du sens pour tous", explique-t-elle. Elle souhaite "trouver une date neutre" autour de laquelle "unir toutes les mémoires de ce conflit douloureux". Elle a commencé à réunir les associations du monde combattant pour plancher sur un rendez-vous commun. Les Invalides sont cités comme lieu probable pour cette commémoration.

    Une date serait avancée le 18 octobre… c’est la date de la reconnaissance du mot guerre, le 18 octobre 1999 par l’Assemblée nationale pour qualifier les événements d’Algérie.

    Tout cela est au conditionnel mais tout cela ressemblerait à un « cirque » interminable… si cela se confirmait en comparaison aux deux premières guerres mondiales : une seule date pour la première guerre mondiale : 11 novembre 1918, une seule date pour la seconde guerre mondiale : 8 mai 1945, mais 5 dates pour la guerre d’Algérie : 19 mars 1962, 25 septembre pour les harkis, 18 octobre 1999, 11 novembre et 5 décembre 2002…

    Michel Dandelot 

     


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    Bien qu’il contienne les paroles : « lorsque finira la guerre, nous reviendrons dans nos gourbis »

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

     

    Le chant des « indigènes »  
    enrôlés dans l’armée française
    annexé par les nostalgiques

     de la colonisation,
    par Alain Ruscio

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

     Alain Ruscio dirige la rédaction de l’Encyclopédie de la colonisation, une œuvre titanesque.

    Le 5 décembre 2021, dans de nombreuses villes de France, les cérémonies officielles en hommage à la mémoire des soldats « morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie » se sont terminées comme à l’habitude par la reprise en chœur du fameux « Chant des Africains ». Alain Ruscio explique dans cet article pourquoi il s’agit d’une sorte de « larcin mémoriel » puisque ce chant dont la première version date de 1915 et qui était entonné par les « indigènes » de l’armée française est devenu durant la guerre d’Algérie un signe de ralliement des partisans de la colonisation. Et il le reste aujourd’hui pour les « nostalgériques ». Bien qu’il contienne les paroles, « lorsque finira la guerre, nous reviendrons dans nos gourbis », qui ne sont guère à la gloire du bilan de la colonisation… 

    Le « Chant des Africains »

     un larcin mémoriel

     des « nostalgériques »

    Le 5 décembre 2002, le président Jacques Chirac a inauguré le Mémorial situé sur le Quai Branly à la mémoire des soldats « morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie ». Dès l’année suivante, il fut décidé que cela devienne une journée nationale d’hommage à ces « morts pour la France ». Date sans signification historique, qui est devenue une « date concurrente » de la date anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, le 19 mars. Mais là n’est pas l’objet de cette mise au point. On peut s’interroger en revanche sur le fait qu’il soit devenu habituel, lors de ces cérémonies, que les « nostalgériques » restés attachés à l’image idyllique d’une « Algérie heureuse » entonnent le Chant des Africains, couplets de ralliement, signe de reconnaissance entre eux et comme un défi à leurs opposants. Cette année 2021, ce fut encore le cas. 

    Cette pratique est ancienne. C’est surtout lors de la guerre d’indépendance (1954-1962) que ce chant est devenu une sorte d’hymne de l’Algérie française. Lors de tous les rassemblements — la « journée des tomates » du 6 février 1956, le 13 mai 1958, sur les barricades d’Alger en janvier 1960 —, il fut chanté à tue-tête. Plus tard, en juin 2011, lorsque les partisans de l’Algérie française eurent pour la première fois l’autorisation de poser une plaque portant la mention OAS, sur la tombe d’Antoine Argoud, ils se séparèrent une fois de plus avec ce Chant des Africains.

    Aujourd’hui encore, il reste un air de reconnaissance pour les « nostalgériques »… et pour certains hommes politiques, comme par exemple Georges Frêche qui, par goût de la provocation, le chanta en 2010 à forte voix face à ses adversaires qui lui avaient reproché certains propos sur les harkis (1). Dans maintes villes et villages de France, les images des cérémonies de ce 5 décembre 2021 montrent de même bien des élus, bien des officiels figés au garde-à-vous, écoutant ce « chant des Africains ». Oui mais… Sait-on vraiment ce qu’il signifie ? Et s’il s’agissait d’une sorte de « larcin mémoriel » entretenant une ancienne vocation colonialiste aux origines largement oubliées (2) ?

    Une première version méconnue

     lors de la Grande Guerre

    C’est lors du premier conflit mondial, en 1915, que ce chant fut initialement lancé, sous le titre C’est nous les Marocains. Premier étonnement, car le protectorat sur le Maroc ne datait que de trois ans. Mais le recrutement de soldats « indigènes » par l’armée française y avait déjà commencé et il s’agissait d’accompagner la politique du premier résident général du protectorat français au Maroc, le général Hubert Liautey, promoteur d’un colonialisme sophistiqué. La musique était alors celle de l’Hymne de l’Infanterie de Marine. Le capitaine Léon Lehuraux, dont l’ouvrage fait autorité, l’attribue sans précisions à deux auteurs, Bondifala et Marizot. D’autres études nous apprennent que le premier était sergent et le second simple tirailleur. Divers sites internet de Français d’Algérie attribuent la paternité des paroles de ce premier chant à un certain « commandant Reyjade ». Il s’agirait en fait du pseudonyme d’une femme, Jeanne Decruck, dite également Jeanne Breilh, Breilh-Decruck ou Fay-Béryl (3). En tout cas, le nom de ce(tte) même Reyjade est cité trente ans plus tard comme parolier(e) du Chant des Africains, le mot « Marocains » ne figurant plus.

    Quant à la musique connue aujourd’hui, elle est due à un certain Félix Boyer, auteur d’airs populaires dans l’entre-deux-guerres (dont Boire un petit coup, c’est agréable). Capitaine d’active, prisonnier lors de la bataille de France, il fut libéré et autorisé à se rendre en Algérie en 1941. C’est là qu’il composa la nouvelle mélodie du Chant des Africains et le dédia au colonel Alphonse Van Hecke, chef des Chantiers de jeunesse d’Afrique du Nord. C’est donc sous le drapeau pétainiste que le nouveau « chant » fut joué, d’abord à Rabat, puis à Alger, Oran, Constantine et Tunis.

    Après le débarquement allié en Afrique du Nord, Boyer, qui ne manqua pas d’à-propos, dédia désormais son « chant » au général Joseph de Monsabert, qui s’apprêtait à mener au combat la 3e division d’infanterie algérienne lors de la campagne d’Italie (4). Le 30 mai 1943, il le fit jouer devant de Gaulle, fraîchement débarqué à Alger (5). Étrange porosité des cloisons : un chant vichyste est ainsi passé imperceptiblement dans les rangs de l’armée de la France libre partie d’Afrique du Nord à la reconquête de l’Europe. Il a alors été véhiculé par cette armée.

    Ces combattants, qui vont se révéler d’élite, furent de tous les combats, contribuant avec la résistance intérieure à la libération totale de la Corse en septembre 1943. Lors de la bataille de Monte Cassino (mai 1944), ils se comportèrent avec un héroïsme qui emporta l’admiration des officiers alliés. De l’avis de tous les experts, c’est cette prise qui ouvrit la route de Rome, prélude à la débâcle italo-allemande. Le 15 août 1944, deux mois après la Normandie, les alliés débarquèrent en Provence. Dans l’armée française qui participa à l’opération (320 000 hommes), un soldat sur deux était un colonisé ou para-colonisé : 40 % venaient du Maghreb (6), 10 % d’Afrique noire, quelques centaines étaient des volontaires antillais (7), le reste des effectifs étant constitué d’Européens du Maghreb, essentiellement d’Algérie (30 %) et d’éléments métropolitains ayant rejoint la France libre en Afrique du Nord.

    Le chant des « indigènes » de la France libre

    Le Chant des Africains peut donc tout aussi bien être revendiqué par les Africains colonisés, ce mot d’« Africains » étant à cette époque ambigu. Il est par exemple chanté lors de l’une des premières scènes du film de Rachid Bouchareb Indigènes (2006) par de jeunes recrues maghrébines de l’armée d’Afrique, Saïd (Jamel Debbouze), Yacir (Samy Naceri), Messaoud (Roschdy Zem) et le caporal Abdelkader (Sami Bouajila). Divers témoignages soulignent qu’il fut alors effectivement chanté par ces soldats.

     

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

    Les jeunes recrues maghrébines de l’armée d’Afrique – incarnées par Samy Naceri, Roschdy Zem, Jamel Debbouze et Sami Bouajila – entonnent « Le chant des Africains » dans le film Indigènes de Rachid Bouchareb (2006) qui en restitue l’origine. 


    C’est cette utilisation qui paraît la plus en phase avec l’esprit des paroles : les versions de 1915 et 1941 se terminent toutes deux par un couplet qui, manifestement, ne pouvait être chanté que par les « indigènes » :

    « Et quand finira la guerre
    Nous rentrerons dans nos gourbis
    Le cœur joyeux et l’âme fière
    D’avoir défendu le pays. »


    Rentrer dans les « gourbis », comme avant : on conviendra que la France coloniale remerciait ses « indigènes » d’une drôle de manière. Les Européens d’Algérie, eux, retournaient dans leurs « maisons ». Un simple mot peut parfois définir la « situation coloniale » (Georges Ballandier). En toute logique, que ce soit arithmétiquement ou sémantiquement, C’est nous les Africains devrait donc être d’abord – mais certes pas seulement – chanté par ceux qui étaient majoritaires au sein de cette armée de la France libre, ceux que l’on appelait « indigènes » ou « musulmans ». Reprenons notre formule : oui, l’accaparement de ce chant par les seuls Européens d’Algérie ou par leurs descendants est bien un « larcin mémoriel ».


    Le texte de 1915

    Nous étions au fond de l’Afrique
    Embellissant nos trois couleurs,
    Et sous un soleil magnifique,
    Retentissait ce chant vainqueur :
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain
    C’est nous les Marocains,
    Qui venons de bien loin.
    Nous v’nons d’la colonie,
    Pour défen’le pays.
    Nous avons abandonné
    Nos parents nos aimées,
    Et nous avons au cœur,
    Une invincible ardeur,
    Car nous voulons porter haut et fier
    Ce beau drapeau de notre France entière :
    Et si quelqu’un venait à y toucher,
    Nous serions là pour mourir à ses pieds.
    Roulez tambour, à nos amours,
    Pour la Patrie, pour la Patrie
    Mourir bien loin, c’est nous les Marocains !

    Le texte de 1943

    Nous étions au fond de l’Afrique,
    Gardiens jaloux de nos couleurs,
    Quand sous un soleil magnifique
    A retenti ce cri vainqueur :
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain
    C’est nous les Africains
    Qui revenons de loin,
    Nous venons des colonies
    Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
    Nous avons tout quitté
    Parents, gourbis, foyers
    Et nous gardons au cœur
    Une invincible ardeur
    Car nous voulons porter haut et fier
    Le beau drapeau de notre France entière
    Et si quelqu’un venait à y toucher,
    Nous serions là pour mourir à ses pieds
    Battez tambours, à nos amours,
    Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
    C’est nous les Africains !

    II

    Pour le salut de notre Empire,
    Nous combattons tous les vautours,
    La faim, la mort nous font sourire
    Quand nous luttons pour nos amours,
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain 

    III

    De tous les horizons de France,
    Groupés sur le sol Africain,
    Nous venons pour la délivrance
    Qui par nous se fera demain.
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain 

    IV

    Et lorsque finira la guerre,
    Nous reviendrons dans nos gourbis,
    Le cœur joyeux et l’âme fière
    D’avoir libéré le Pays
    En criant, en chantant : en avant !

    Refrain 

     

    (1) « Georges Frêche, un habitué des dérapages », Le Monde, 28 janvier 2010.

    (2) Pour une plus ample information, on pourra se reporter à : Capitaine Léon Lehuraux, Chants et chansons de l’Armée d’Afrique, P. & G. Soubiron, Alger, 1933 ; Alain Ruscio, Que la France était belle au temps des colonies. Anthologie de chansons coloniales et exotiques françaises, Maisonneuve & Larose, Paris, 2001 ; Théo Bruand d’Uzelle, À propos du chant « C’est nous les Africains », 2008.

    (3) Théo Bruand d’Uzelle, loc. cit.

    (4) Capitaine Francis Josse, site Internet Le Burnous, s.d. ; site.

    (5) Philippe Lamarque, Le Débarquement en Provence, jour après jour, Cherche-Midi, Paris, 2011.

    (6) Dont certains, Ahmed Ben Bella et Ali (dit Alain) Mimoun, deviendront célèbres pour des raisons fort différentes.

    (7) Dont Marcel Manville et Frantz Fanon.

    SOURCE : https://histoirecoloniale.net/Le-chant-des-indigenes-enroles-dans-l-armee-francaise-annexe-par-les.html 

     

    **********************************************

    « Le Chant des Africains » accaparés par les nostalgiques de l’Algérie française, anciens membres de l'OAS ou leurs descendants a en effet été joué le 5 décembre 2021 en présence de l’hypocrite ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants : 

     

     

    Ce 5 décembre : Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle

    Hommage aux morts pour la France

     de la guerre d’Algérie le 5 décembre 2021

     à Paris

     

    Une parodie cérémonielle

     pour un simulacre

     de réconciliation mémorielle 

     

    Ce dimanche matin, de 10h00 à 11h00, en la Cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides à Paris (7e), Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, a présidé la cérémonie officielle d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie. 

    Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’autorités civiles et militaires, d’élus ainsi que de représentants d’associations : j’y étais invité et je m’étais inscrit en vue d’y assister. Au dernier moment, je me suis ravisé et ne l’ai pas regretté. 

    Il s’est agi, en effet, d’un spectacle parodique, marqué par le dépôt d’une gerbe minuscule au pied d’un chevalet dérisoire supportant un écriteau porteur de l’inscription "Journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie". 

     

    Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle


    Le ton avait été donné, quelques minutes auparavant, avec un message tendancieux, diviseur, confinant au caricatural. 

    Reconnaissant le sacrifice des militaires (soldats de métier, jeunes appelés ou rappelés sous les drapeaux, personnels féminins des Armées), des supplétifs, des rapatriés d’Afrique du Nord, des personnes disparues, des victimes civiles des 26 mars et 5 juillet 1962, respectivement à Alger (rue d’Isly) et dans les rues et immeubles d’Oran, Geneviève Darrieussecq n’a pas eu un mot pour les membres des forces de l’ordre (gendarmes, policiers, CRS). Aucune mention, fût-ce allusive, aux victimes militaires et civiles de l’OAS ! 

    Pire, au risque de se voir reprocher une certaine forme de réécriture de l’histoire, elle a affirmé, à propos des Français d’Algérie d’origine européenne : « Ils n’étaient pas les exploiteurs haineux souvent caricaturés. Ils partageaient une vie, un pays, une terre avec les populations arabes ou berbères d’Algérie. ». Aucune précision, cependant, sur les modalités de la répartition. 

    En conclusion d’une manifestation à la tonalité nostalgérique assumée, la ministre déléguée a longuement salué chacune et chacun des invités cependant que la musique militaire interprétait le chant des Africains, hymne des partisans de l’Algérie française et de l’OAS. 

    Ni le député de Paris Gilles Le Gendre (LREM), ni le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi (Les Républicains) n’ont sourcillé. 

    Espérée digne, inclusive, respectueuse de toutes les mémoires des victimes de la guerre d’Algérie, la prestation de la ministre Darrieussecq aura contribué de la pire façon à la rémanence des antagonismes. Elle aura par ailleurs desservi le dessein gouvernemental d’une relation apaisée entre la France et l'Algérie. 

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation
    Orphelin de guerre
    Président de l’Association nationale
    pour la protection de la mémoire
    des Victimes de l’OAS (ANPROMEVO) 
     

    PS : cf. https://www.youtube.com/watch?v=gBv6qejR1No)

     

    « Le Chant des Africains » a aussi été chanté par la bande à Ménard un certain 14 mars 2015 à Béziers :

    Aujourd'hui 14 mars 2015, le maire de Béziers débaptise la rue du 19-mars-1962, date du cessez-le-feu mettant officiellement fin à la guerre d'Algérie, pour lui donner le nom de rue du Commandant-Hélie-Denoix-de-Saint-Marc, un militaire ayant participé au putsch des généraux (1).

    selfie chouquette

     

    Voici donc votre Maurane Bob municipale en route vers la Devèze, quartier périphérique et populaire de la ville où va se dérouler la cérémonie, et où les forces de l'ordre se déploient en nombre pour l'occasion. Ceux de mes amis qui se sont déplacés sont tous à la contre-manifestation pour exprimer leur désaccord avec la décision du maire. Tous, sauf une...

    - De Chouquette à Maurane :  suis dans la place. Je t'attends. Terminé.
    - De Maurane à Chouquette : bien joué, tu es drôlement en avance. Terminé.
    - T'inquiète, j'ai pris de quoi bouquiner : numéro spécial printemps 2015 tendance beauté mine superbe.
    - Alors ?
    - Alors, faut pas picoler, pas fumer, se coucher tôt... Finalement, je préfère les années tendance printemps mine de chiotte - mais faut reconnaître qu'elles sont plus rares.
    - Nan, je voulais dire : alors y a du monde ?
    - Des bus entiers, ma pauvre.

    « Elle est déjà là-bas » , je dis à mon amoureux qui a choisi de se rendre à la contre-manif, mais qui est tout de même tenté de m'accompagner de l'autre côté car il craint d'éventuels débordements. En effet, la Devèze, où va se dérouler la cérémonie, est un quartier multiculturel régulièrement stigmatisé par la nouvelle municipalité (2). Aujourd'hui, cette dernière y fait venir de la France entière des bus remplis de nostalgiques de l'Algérie coloniale. Cela pourrait mal tourner. Au cas où, on a mis les baskés - comme on dit chez nous.

    Il est 14h15, nous sommes du côté de l'avenue Pierre Mendes-France, et une foule mécontente obstrue l'entrée du boulevard Cadenat, à l'autre bout duquel va se tenir la cérémonie à partir de 14h30. Entre les deux, les forces de l'ordre munies de barrières, empêchent toute circulation.
    - Comment fait-on pour passer de l'autre côté ? Je demande.
    - Faut faire le tour par derrière, on me répond.
    - Je viens avec toi, dit mon amoureux.
    - Et la contre-manif ?
    - Je viens avec toi.

    Nous voilà engagés, sous un soleil radieux, dans un dédale de rues pavillonnaires toutes semblables les unes aux autres. On se repère aux grandes tours et barres d'immeubles qui surplombent le décor, où les rapatriés d'Algérie furent les premiers à poser leurs valises dans les années 1960. L'actuel maire de Béziers était un de ceux-là, un enfant né sur l'autre rive de la Méditerranée et contraint de venir grandir ici, à la Devèze. Depuis d'autres enfants ont suivi le même itinéraire que lui, enfants d'immigrés nés de l'autre côté de la mer, relégués ici dans les mêmes espaces périphériques. Mais l'actuel maire de Béziers n'exprime jamais aucune empathie à l'égard de ses jumeaux migratoires. Au contraire.

    Au détour d'un croisement, nous arrivons au pied des barres et rencontrons un groupe d'adolescents qui papotent en arabe. Avec mon amoureux, on s'approche et on demande notre chemin.
    - Vous allez au truc du changement de nom de rue, là ? Demande un grand brun à lunettes.
    - Oui, je dis, vous n'y allez pas, vous ?
    - Nous ? Pourquoi on irait ? C'est pas un truc pour nous, ça. C'est un truc contre nous (il accentue « contre »).
    - Ouais, disent les autres.
    - Pourquoi c'est un truc contre vous ?, je demande.
    - Vous savez pas pourquoi ?, me dit le gamin. Parce que le 19 mars 1962, le nom de la rue qu'il a enlevé, ça voulait dire la paix entre la France et l'Algérie. Le nouveau nom de la rue, c'est le nom d'un militaire qui voulait continuer la guerre entre les Français et les Arabes. On dirait que le maire, il préfère la guerre !
    - Il a qu'à l'appeler carrément la rue de la guerre, tant qu'il y est, renchérit un autre ado, au moins ça sera plus clair.
    - Et pourquoi vous n'allez pas à la manif, alors, si vous n'êtes pas d'accord ? je demande encore.
    - Vous êtes journaliste ? dit le grand à lunettes d'un air soupçonneux.
    - Oui, je fais, on est journalistes, et mon amoureux montre son appareil photo.
    - Alors écoutez bien, Madame la journaliste, je vais vous dire pourquoi on va pas à la manif : parce que le maire il veut nous énerver exprès pour que ça se passe mal. Et après il dira encore : « Vous avez vu, les jeunes de la Devèze c'est des voyous ! » Alors quand vous ferez votre article, s'il vous plaît, écrivez bien que les jeunes de la Devèze c'est pas des voyous. Ecrivez qu'on est dignes.

    Écrivez qu'on est dignes.

    Il marque une pause. Faut promettre de l'écrire, ça, Madame la journaliste : dignes . Je promets.

    Sur les pare-brises des voitures, tout le long du trajet, quelqu'un a pris la peine de distribuer un tract écrit à la main et photocopié sur des demi-feuilles A4. Il y en a partout ! Mon amoureux en pique un au passage : « Oui aux urnes de la paix » est inscrit en plus gros, comme un titre, et en dessous un texte qui commence par « Non au matador tueur de notre Démocratie » et se termine par « Aux urnes citoyen(ne)s de la NON-VIOLENCE et du PACIFISME ». Signé : « Une apassionata du Bon-Vivre pour TOUT, TOUTES et TOUS. Bien sincèrement... et vous ? » Á côté de nous, une automobiliste achève la lecture du tract qu'elle a prélevé sur sa propre voiture. Je croise son regard. « C'est pas faux tout ça, elle nous dit, mais c'est mal écrit. » Et elle disparaît au volant de son véhicule.

    Plus loin nous demandons encore notre chemin. Cette fois c'est une femme coiffée d'un foulard qui nous répond, tandis que ses trois enfants nous dévisagent avec attention. Les haut-parleurs de la mairie ont commencé à diffuser les discours officiels : une voix de femme retentit dans tout le quartier, probablement l'une des filles du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, qui retrace les grandes lignes de la vie mouvementée de son père. Les protestations de la manifestation montent d'un ton.
    - Ça vous fait beaucoup de bazar dans le quartier, je dis.
    - Oui, dit la dame, j'espère qu'ils ne vont pas nous faire ça trop souvent...
    - Vous n'y allez pas, vous ? Je demande.
    - Oh non , elle dit, avec un sourire gêné. Mon fils il m'a expliqué, la guerre, tout ça, il a appris à l'école, mais bon, il faut respecter. S'ils veulent changer le nom de la rue, il faut respecter.
    - Oui, je dis, mais aussi on a le droit de dire si on est pas d'accord.
    - C'est des vieilles histoires, me dit la dame, c'est du passé. Il faut regarder l'avenir maintenant. Le nom d'une rue ça fait pas grand-chose. C'est l'avenir qui compte. Il faut respecter.

    En repartant, nous croisons une dame d'une soixantaine d'années qui cherche à rejoindre la cérémonie elle aussi. Nous l'invitons à se joindre à nous.
    - Si on ne trouve pas le chemin, on verra ce soir à la télé, mais quand même ce serait dommage, moi je voudrais bien faire ma curieuse, elle nous explique.
    - Moi pareil, je dis.
    Mon amoureux se tait.
    - Vous cherchez la manif ou la cérémonie ? Nous demande un monsieur du quartier, visiblement amusé par l'agitation soudaine au pas de sa porte.
    - Ah, non surtout pas la manif ! Dit la dame. Nous on veut aller à la cérémonie !
    - Alors c'est par là, indique notre guide en se marrant.

    Nous arrivons enfin de l'autre côté du boulevard Cadenat. Le cordon de sécurité se déploie sur toute la largeur.
    - On ne peut pas passer ? Je demande à l'un des agents postés devant la barrière.
    - Ça dépend , il me dit.
    - Ça dépend de quoi ?
    - Ça dépend de ce que vous pensez de la manif, il me dit.
    - On ne veut pas aller à la manif, s'exclame la dame d'une soixantaine d'années, « on veut aller à la cérémonie ! »
    - Alors c'est par là, indique l'agent en tirant la barrière, tandis que les haut-parleurs annoncent le discours du maire.
    - Ah, on n'a pas raté le meilleur ! Se réjouit notre compagne de route.
    - HOU ! HOU ! Clame la foule en haut du boulevard.
    - On a rendez-vous avec une copine, dit mon amoureux, on va se séparer là. Au revoir Madame.
    - Au revoir, alors !
    - Au revoir...

    L'entrée de la rue est celle d'un lotissement comme il y en a des milliers en France. La particularité ici est que les villas, plutôt modestes, ont vue sur le béton. La rue est pleine de monde, de nombreux bérets verts et rouges flottent à la surface de la foule, permettant de localiser les anciens combattants de la guerre d'Algérie. Contre les clôtures des jardinets, des petits stands ont été installés, vendant des pin's à l'effigie du Commandant Denoix de Saint-Marc, ou des journaux spécialisés. Quelque part dans la foule, nous repérons la chevelure extraordinaire de Chouquette. Vas-y, dit mon amoureux, je fais quelques photos et je vous rejoins.

     

    selfie poteau

     

    Je me faufile jusqu'à elle, tapote son épaule, elle se retourne et me sourit. Un pin's « Commandant Denoix de Saint-Marc » orne sa veste. Points d'interrogation dans mes yeux.
    - Je vais pas t'apprendre ton job, ma loutre, faut se fondre dans le décor...
    - Et qu'est-ce que tu vas en faire, de ce pin's, après ?
    - J'en ferai don à un musée archéologique. Regarde-les, tes fachos : on peut tous les dater au carbone quatorze !
    Coup d'œil panoramique : c'est vrai la moyenne d'âge est particulièrement élevée.
    - Ne te moque pas, Chouquette, ils pourraient être tes grands-parents...
    - Tu crois pas si bien dire, ma loutre, ils sont pieds-noirs justement, mes grands-parents, mais l'Algérie Française, tu vois, ça fait un moment qu'ils ont changé de disque ! Ils étaient pauvres là-bas, ils sont pauvres ici, pas de quoi en faire des caisses.
    - Parle moins fort , je dis, en croisant le regard courroucé d'un grand-père qui n'a pas tellement l'air d'avoir changé de disque, lui.

    Pendant ce temps, le maire de Béziers a déjà remercié et honoré ceux qui ont parcouru 500 ou 1000 kilomètres pour être ici, il a déjà évoqué sa « lignée » , salué son père (3) et toute sa famille, et là il en est à parler du 19 mars 1962, date des accords d'Évian mettant officiellement fin à la guerre d'Algérie – mais dire cela c'est un mensonge, affirme-t-il, une ignominie, une insulte à la mémoire des pieds-noirs, des harkis et des appelés qui ont subi des violences après cette « capitulation » , cet « abandon » , ce « renoncement à la grandeur de la France. » Le maire de Béziers ajoute qu'il ne peut pas se résigner (et nous non plus) , parce qu'il pense à sa famille (et aux nôtres) , à son père (et à nos pères) et puis aux cimetières qu'il a fallu abandonner là-bas. Les cimetières...

    Estoy cansada de no saber dónde morirme. Ésa es la mayor tristeza del emigrado. ¿ Qué tenemos nosotros de ver con los cementerios de los países donde vivimos ? Je suis fatiguée de ne pas savoir où mourir. Telle est la plus grande tristesse de l'émigré. Qu'avons-nous à voir, nous, avec les cimetières des pays où nous vivons ? Cette citation de María Teresa León me revient en mémoire, et me serre le cœur. Universelle mélancolie des émigrés. D'Algérie ou d'ailleurs...

    Mais le maire de Béziers, lui c'est pas pareil : il est (nous sommes) victime(s) de gens qui mentent, trompent et falsifient comme Benjamin Stora (4). Il le dit à l'adresse de « ceux qui s'agitent là-bas, pleins d'une haine titubante » (il parle de la manifestation qui, à l'autre bout du boulevard, clame son désaccord, et que l'on entend assez fort d'ici) . Ce sont des « spectres errant dans le dédale de leur rancœur et de leur ignorance » . Et il ajoute : « La traîtrise est leur patrie. Nos victoires leurs châtiments. »

    Quand il parle de ses victoires, il parle de changer le nom d'un lotissement avec trois bus de potes grabataires ?  s'interroge Chouquette.

    - Oui, je dis, c'est notre châtiment.
    - M'en parle pas, dit Chouquette en levant les yeux au ciel... Enfin toi, c'est le soleil qui est en train de te châtier, ma loutre, tu ferais mieux de mettre ton bob !

    Tout en pestant contre l'inefficacité des écrans solaires, j'essaie de me concentrer sur la suite du discours. Le maire de Béziers en a marre de la repentance, de la contrition, et tout ça. Après tout si la France a envahi l'Algérie au XIXème siècle, c'était pour la bonne raison qu'il y avait des pirates, et pas des rigolos, on oublie trop souvent de le dire. L'Algérie y a gagné des routes, des ports, des écoles et des hôpitaux, alors bon. L'Algérie, disait la mère du maire, « c'est notre paradis à nous, ce paradis qu'on nous a enlevé » . Et rien que d'y penser ça le met en colère, le maire, qu'on vienne lui rebattre les oreilles avec le 19 mars 1962. Il y a des Européens qui ont été enlevés et même vidés de leur sang, rappelle-t-il, car il est là pour dire haut et fort sa vérité sur les assassins et les bourreaux des Français d'Algérie.

    - Ouais, ironise Chouquette à voix basse, par contre les mecs de l'OAS, eux, quand ils chopaient un Arabe du FLN, ils lui faisaient un peu des guilis sous les pieds, et puis ils le relâchaient avec des lignes à copier : je ne dois pas lutter pour l'indépendance de mon pays à tous les temps et à tous les modes. C'est bien connu !

    Le maire poursuit le fil de sa pensée : les mêmes qui assassinaient hier les Français d'Algérie, assassinent aujourd'hui des journalistes, des policiers et des juifs par haine de la France (les mêmes pas tout à fait quand même, je me dis, à part s'ils ont plus de 70 ans...) , et c'est une insulte pour les bons musulmans que sont les Harkis (5).

    Que s'est-il donc passé, alors ? Et bien c'est simple. Encore un coup c'est la faute de l'immigration. L'Algérie était une colonie de peuplement. Aujourd'hui c'est la France qui subit une immigration de peuplement. Une immigration de remplacement (6). Qui aura des conséquences dramatiques. Il voudrait se tromper, notre maire d'extrême droite, mais il craint bien d'avoir raison au sujet des conséquences dramatiques – du coup j'essaie d'imaginer le tableau : l'Europe peuplée d'enfants qui pourraient mettre le nez dehors dès le mois de mars sans se ramasser illico un teint de fraise Tagada... dramatique, on vous dit !

     

    chute maurane

     

    Transition : face aux drames d'hier, il y a eu des hommes prêts à mourir pour des valeurs, on appelle ça des héros, et on ferait bien d'en prendre de la graine aujourd'hui, à une époque où on nous serine qu'on ne va quand même pas mourir pour des idées (7). Hélie Denoix de Saint-Marc, lui, est « un preux, un orphelin d'un ordre spirituel et guerrier, tenant sa vie comme une lance » . (Chouquette me jette un regard de sole meunière auquel je réponds par une moue de daurade bouillie.)

    Selon feu le Commandant, la vie est un combat, et le dire n'est pas une apologie de la guerre mais un simple constat et une adresse d'espoir : il faut faire de son espoir un bélier qui fracasse toutes les murailles et espérer au-delà de toute raison. « Ici je le sais, nous espérons, » dit le maire en élevant le ton, « nous n'avons jamais cessé d'espérer. Nos espoirs sont nos fidélités. Et nos fidélités comme nos espoirs trouvent en ce jour leur récompense, comme elles trouveront demain, en d'autres lieux et sur d'autres plans, des satisfactions encore plus décisives pour notre nation et notre peuple. »

    Applaudissements intenses et huées vigoureuses portées par le vent depuis l'autre bout du boulevard. « Il est flippant, ou c'est moi ? » demande Chouquette. Je ne réponds pas. Malgré le soleil de plomb, il me semble soudain qu'il fait très froid, tandis qu'à l'intérieur de moi, cette interrogation déploie les ramifications de ses multiples possibles : de quelles satisfactions encore plus décisives pour notre nation et pour notre peuple parle-t-il ?

    En lisant la prose du Commandant putschiste, notre orateur n'a pas honte de le dire, il a eu les larmes aux yeux, regrettant presque d'avoir été trop jeune pour être confronté à des choix qui forcent le destin et font de vous un homme. « Il est flippant, » diagnostique Chouquette, tandis que le public commence à scander « Algérie fran-çaise ! Algérie fran-çaise ! »

    « Il faut dire NON à la France métissée et multiculturelle qu'on nous impose, » s'emporte le maire de notre ville ! « Vive la France !! Vive la France française !!! » Et il entonne, suivi par la foule, le « chant des Africains » (8).

     

    chanson finale

     

    - Sympa, les paroles ! Dit la voix de mon amoureux par-dessus mon épaule.
    - Un chant de guerre comme un autre, je réponds...
    - T'en veux, du communautarisme ? Demande Chouquette.

    - On s'en va ? Je propose.
    - On s'amusait bien, proteste mon amoureux...

    Tandis que les applaudissements tarissent, la foule commence à refluer, commentant avec enthousiasme la force de vérité du discours. Des files indiennes s'organisent devant les cabines vécés installées pour l'occasion. Les marchands de pin's écoulent les derniers stocks. Une dame me tend un tract intitulé « Les identitaires de la ligue du midi, solidarité, identité, sécurité » m'invitant à adhérer pour, entre autres choses, « stopper l'immigration et promouvoir la remigration » .
    - Remigration, de qu'es aquò ?, je demande.
    - Ça veut dire  déportation, traduit Chouquette.
    - C'est comme on dirait « non intelligent » pour dire « gros con » , ou « non empathique » pour « psychopathe » » , précise mon amoureux.

    J'en reste sans voix. On marche en silence comme ça. Promouvoir la déportation. Ben merde, alors...

    - Il avait raison, le gosse , je dis.
    - Quel gosse, fait Chouquette...
    - Pour le nom : « rue de la guerre » . Un gosse de la Devèze, tout à l'heure. Il avait raison...

    Mon amoureux se plante devant moi comme s'il venait de penser à un truc, il plisse les yeux, hoche la tête, pince les lèvres et déclare : « Fascinant ! »
    - Quoi, fascinant ? Je dis.

    - Ta figure. Tu as encore pris un coup de soleil. Fascinant...

    Et c'est ainsi que, sévèrement rougie mais toujours en vie, votre intrépide reporter termine sa mission et vous dit : à bientôt à Béziers !

    (1) Le putsch des généraux : pour tenter d’empêcher le processus menant à l’indépendance de l’Algérie, plusieurs anciens chefs de l’armée française en Algérie tentèrent de prendre le pouvoir à Alger du 20 au 26 avril 1961. Après l’échec du putsch certains d’entre eux furent arrêtés (le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc en fit partie) et d’autres entrèrent dans la clandestinité au sein de l’OAS (Organisation Armée Secrète), menant des opérations terroristes diverses en Algérie et en France.

    (2) Dans le bulletin municipal n°6, par exemple, on peut lire à propos des dégradations ayant eu lieu dans une aire de jeu pour enfants que la municipalité refuse de réparer : « Il faut que les habitants de ces quartiers dénoncent les auteurs de ces exactions. Ces gens-là brulent, détruisent des installations communales et c’est leurs propres familles qui en font les frais. […] La balle est maintenant dans le camp des habitants du quartier. » L’article énumère d’autres dégradations attribuées à « des voyous du coin » appelés également « les vandales ». Le quartier de La Devèze n’est en revanche jamais cité par la municipalité pour les initiatives positives portées par ses habitants.

    (3) Le père de Robert Ménard milita au sein de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe clandestin qui menait des actions terroristes pour tenter d’empêcher l’indépendance de l’Algérie.)

    (4) Benjamin Stora est un Historien français professeur à l’université Paris XIII et inspecteur général de l’Éducation Nationale. Né en 1950 en Algérie française, il assiste à la guerre et est rapatrié en France à l’âge de 12 ans. Après de brillantes études, il devient docteur en Histoire et en sociologie. Ses recherches portent sur l'Histoire du Maghreb contemporain, l' Algérie, les  guerres de décolonisation et l' immigration en France. Il assure la présidence du conseil d'orientation de la  Cité nationale de l'histoire de l'immigration depuis août  2014.

    (5) Les Harkis : on désigne généralement par ce nom des supplétifs de l’armée française recrutés sous contrat parmi les musulmans pendant la guerre d’Algérie. Certains furent rapatriés en France après les accords d’Évian, mais nombre d’entre eux subirent les représailles du FLN après l’indépendance.

    (6) La notion de « grand remplacement » est utilisée par l’idéologue d’extrême droite Renaud Camus pour exprimer l’idée que l’immigration a pour but de provoquer le « remplacement » des populations européennes par des populations extérieures à l’Europe.

    (7) Référence à la chanson de Georges Brassens Mourir pour des idées.

    (8) Le chant des Africains est un chant militaire écrit pendant la deuxième guerre mondiale et repris par les pieds-noirs partisans de l’Algérie française pendant la guerre d’Algérie. Après l’indépendance, il fut interdit jusqu’en 1969. Il est parfois encore appelé « chant de l’OAS ».



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    28 minutesMémoire - Hors-série

    28 minutesMémoire - Hors-série *** avec Benjamin Stora (20/12/2021) ***  Ce soir à 20 h sur ARTE

    avec Benjamin Stora (20/12/2021)

     

    Ce soir à 20 h sur ARTE

     

    L'historien Benjamin Stora revient sur son rapport, remis à l'Élysée, consacré aux questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie.

     

    L’historien d’Algérie. Il s'interroge également sur le conflit persistant, de part et d’autre de la Méditerranée, entre les mémoires française et algérienne.

     

     

     

     


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    Archives de guerre :

     une autre « enfumade » ?

      Archives de guerre :   une autre « enfumade » ?

    Peu de jours après que Roselyne Bachelot, la très médiatique et sympathique ministre française de la Culture (pourquoi pas celui de la Justice ?) annonçait que la France a décidé d'ouvrir «avec 15 ans d'avance» (Merci m'dame la France !) les archives judiciaires en rapport avec la guerre d'Algérie (alors qu'elles «devraient rester classées jusqu'en 2037»), tout en expliquant qu'«on a des choses à reconstruire avec l'Algérie» et qu'elles «ne pourront se reconstruire qu'avec la vérité». Voilà qu'une proposition de loi relative à la reconnaissance et à la commémoration officielle de la répression d'Algériens le 17 octobre 1961 et les jours suivants à Paris, (estimant que «l'adoption d'une loi puisse contribuer à l'apaisement et au travail mémoriel commun») présentée par quelques sénateurs, est rejetée jeudi 9 décembre par le Sénat français. Un Sénat majoritairement de droite, faut-il le préciser.
    On peut mettre toutes ces positions et choix politiques sur le compte d'une élection présidentielle, en France, qui approche à grands pas, chaque tendance cherchant à attirer et/ou à récupérer des voix, surtout celles des communautés ayant un lien avec l'Algérie. Mais, cela ne nous regarde pas !
    Ce qui nous gêne, c'est cette manière pour nous prendre pour ce que nous ne sommes pas, c'est-à-dire avalant n'importe quelle couleuvre et à la recherche d'on ne sait quelle faveur. C'est, aussi, croire que nos historiens et chercheurs sont prêts à mordre à n'importe quel hameçon, pourvu qu'on leur fasse croire que le poisson à pêcher (en France, donc visa au compteur) sera gros.
    Car, il faut savoir que ce que vont fournir comme renseignements les archives judiciaires «promises» ne seront pas « appétissantes » car elles ne fourniront rien de plus intéressant que ce qui est déjà dit, écrit et connu : seulement «des rapports relatifs aux conditions d'arrestation et aux interrogatoires» (Fouad Soufi). Quid de ce qui s'est passé par la suite dans les salles de torture des campements militaires, des camps d'internement et des locaux des paras, légionnaires et harkis et des centaines d'assassinats d'Algériens par l'OAS ? Heureusement, nous avons eu les témoignages de Alleg, d'Ighilahriz et d'autres (dont des Français) qui ont raconté leur martyr, dévoilé les pratiques et fourni des noms et des lieux. Quant aux procès, on sait déjà, grâce à la magnifique recherche universitaire de Sylvie Thénaut («Les magistrats dans la guerre d'Algérie». Edit 2000, Alger 2021) et le livre d'Emmanuel Blanchard («La police parisienne et les Algériens, 1944-1962». Casbah Editions, Alger 2013), comment les affaires étaient «expédiées», toujours tranchées en faveur de l'occupant, militaire, civil ou OAS par «La drôle de justice», (sous-titre assez explicite du livre de S. Thénaut).

    SOURCE : https://moroccomail.fr/2021/12/19/archives-de-guerre-une-autre-enfumade/ 

     


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    Devoir de mémoire. Une plaque commémorative inaugurée au camp d'internement de Thol, dans l'Ain

     

    Devoir de mémoire. Une plaque commémorative inaugurée au camp d'internement de Thol, dans l'Ain

    Le vendredi 10 décembre 2021, la sous-préfète de l’Ain a inauguré une plaque commémorative au camp d’internement de Thol, où furent enfermés des militants indépendantistes algériens durant la Guerre d’Algérie. (©Préfecture de l’Ain)

     

    L'Histoire de l'Ain, elle aussi, a été marquée par celle de la colonisation et de la guerre d'Algérie. Pour "mieux vivre ensemble", une plaque commémorative a été inaugurée à Thol.

    Aujourd’hui un domaine récréatif avec court de tennis et terrain de boules, hier un camp d’internement où furent enfermés des militants indépendantistes algériens pendant la Guerre d’Algérie.

    Le vendredi 10 décembre 2021, Pascaline Boulay, sous-préfète de l’Ain, a inauguré la plaque commémorative du camp de Thol, en faisant ainsi un lieu de mémoire reconnu à part entière « afin d’aller vers une meilleure connaissance de l’histoire par chacune des parties concernées et, in fine, un meilleur vivre ensemble ».

    Un dur passé à ne pas oublier

    Le 2 mars 2021, Emmanuel Macron était le premier président français à reconnaître officiellement le crime perpétré par l’armée française lors de la Guerre d’Algérie, suivant le rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie.

    Cette inauguration s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des préconisations de ce rapport à la demande du président de la République. Benjamin Stora appelait à « la création de lieux de mémoire donnant à comprendre des pans de notre histoire méconnus ». Ce, « afin d’aller vers une meilleure connaissance de l’histoire par chacune des parties concernées et, in fine, un meilleur vivre ensemble ».

    Ainsi, le camp de Thol, situé sur la plaine de Thol entre les communes de Pont-d’Ain et Neuville-sur-Ain, accueille désormais une stèle historique pour subvenir à ce devoir de mémoire. Une plaque commémorative qui tend à assumer et rappeler les crimes français perpétrés à l’encontre des opposants algériens pendant la Guerre d’Algérie.

    « En décembre 1958, pendant la guerre d’indépendance algérienne, Thol devint l’un des quatre centres d’assignation à résidence surveillée (CARS) de France métropolitaine, conçus à l’imitation des nombreux camps d’internements créés en Algérie depuis 1956. En vertu d’un décret d’octobre 1958, plus de 2.600 Algériens résidant en France y ont été enfermés sur arrêté ministériel, pour une durée indéterminée, sans décision de justice, parce que soupçonnés d’être impliqués dans des organisations indépendantistes, principalement le FLN. 

    Administré par le ministère de l’Intérieur, le camp était capable d’accueillir dans une extrême précarité un millier d’hommes à la fois. En 1960, le mouvement de l’Action civique non violente manifesta contre cette politique d’internement, trouvant le soutien d’intellectuels tels l’ethnologue Germaine Tillion, le journaliste Robert Barrat ou encore l’écrivain Louis Martin-Chauffier. Transformé en établissement pénitentiaire en 1962, le camp servit à regrouper les détenus algériens de différentes prisons françaises avant leur libération, dans le cadre des accords d’Évian. Par la suite, et jusqu’en 1965, des activistes de l’OAS condamnés à des peines légères les remplacèrent avec un régime carcéral spécial. En 1997, la commune de Neuville-sur-Ain a racheté le camp pour le transformer en domaine aux fonctions économiques, résidentielles, culturelles et récréatives. »

    Voilà ce que nous apprend cette plaque commémorative, enrichie d’une citation du philosophe Joseph Pyronnet datant de 1960 : « Les camps d’internement administratif sont en France l’expression permanente et tangible de la guerre que nous poursuivons en Algérie sous le nom de pacification. »

    Les Aindinois pourront également y trouver des photos issues des archives départementales de l’Ain relatant les faits.

     

    SOURCE : https://actu.fr/auvergne-rhone-alpes/neuville-sur-ain_01273/devoir-de-memoire-une-plaque-commemorative-inauguree-au-camp-d-internement-de-thol-dans-l-ain_47181257.html

     

     

    Devoir de mémoire. Une plaque commémorative inaugurée au camp d'internement de Thol, dans l'Ain

    Les officiels qui ont assisté à cette inauguration. Photo Progrès /Jean-Alain MILLET


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    Essais nucléaires en Algérie comme

    en Polynésie : la France doit assumer

    ses responsabilités

    Essais nucléaires en Algérie comme en Polynésie : la France doit assumer ses responsabilités

    La France doit « assumer ses responsabilités historiques » et « décontaminer » les sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien dans les années 1960, a déclaré un haut responsable militaire algérien.

    « Plus de 60 ans sont passés après le premier essai nucléaire en Algérie. La France persiste dans son refus de livrer les cartes révélant la localisation de ses restes nucléaires », a déplore ce haut gradé du commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua, dans l’édition de février de l’influente revue du ministère de la Défense, El Djeich, publiée dimanche.

    Selon le général Boufrioua, la remise des cartes est « un droit que l’Etat algérien revendique fortement, sans oublier la question de l’indemnisation des victimes algériennes des essais ».

    Le 13 février 1960, à Reggane, dans le désert du Sahara (sud), la France a procédé à son premier essai nucléaire, baptisé « Gerboise bleue »: une bombe au plutonium d’une puissance de 70 kilotonnes -trois à quatre fois plus puissante que celle d’Hiroshima- dont les retombées radioactives allaient s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest et au sud de l’Europe.

    La France, qui a colonisé l’Algérie de 1830 à 1962, a procédé au total à 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre 1960 et 1966, sur les sites de Reggane puis d’In Ekker.

    Onze d’entre eux, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d’Evian de 1962, qui actaient l’indépendance de l’Algérie mais une clause permettait à la France d’utiliser jusqu’en 1967 les sites du Sahara.

    « La France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 Etats de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui vient s’ajouter aux traités antérieurs », a estimé le général algérien.

    « Le principe du "pollueur-payeur" y a été d’ailleurs introduit et reconnu officiellement. C’est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé », selon lui.

    Au sol, les autorités françaises assureront trois jours après l’explosion du 13 février 1960 que la radioactivité est partout très inférieure aux normes de sécurité admises. Mais des documents déclassifiés en 2013 révèleront toutefois des retombées radioactives beaucoup plus importantes que celles admises à l’époque, s’étendant à toute l’Afrique de l’Ouest et au sud de l’Europe.

    Ces essais ont causé un « grand nombre de victimes parmi la population locale et des dégâts à l’environnement qui perdurent hélas jusqu’à nos jours », dit encore le général Boufrioua.

    Le dossier des essais nucléaires est l’un des principaux contentieux mémoriels entre Alger et Paris.

    En Polynésie française, Emmanuel Macron est aussi attendu par ses détracteurs

    Le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, et Emmanuel Macron en 2019. © Photo Régis Duvignau / Pool / AFP

    Le président de la République commence samedi 24 juillet 2021 un voyage de quatre jours dans la collectivité ultramarine d’Océanie. Les attentes de la population, notamment sur le sujet ultrasensible du nucléaire, sont en passe d’être déçues.

    C’est une visite dont les Polynésiens finissaient par penser qu’elle n’aurait jamais lieu : reporté à de multiples reprises depuis plus d’un an en raison de la crise sanitaire et de ses nombreux rebondissements, le voyage officiel d’Emmanuel Macron en Polynésie française débute finalement ce samedi 24 juillet.

    À force d’être annoncé puis annulé à la dernière minute, ce voyage présidentiel a suscité de fortes attentes, notamment sur la question, ultrasensible sur place, des conséquences contemporaines des essais nucléaires français.

    Entre 1966 et 1996, dans l’archipel des Tuamotu, 193 tirs aériens et sous-marins ont secoué les atolls de Mururoa et Fangataufa. Nuages toxiques, irradiations, acculturations et changements sociétaux : les activités du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) ont produit des changements irréversibles et souvent catastrophiques – en particulier sur le plan sanitaire – désormais bien documentés.

    Des rapports parlementaires puis des investigations de la presse et plus récemment encore les enquêtes du site Disclose ont peu à peu permis au peuple polynésien de prendre la mesure du fléau nucléaire qui s’est abattu sur les îles au fil des années.

    Bien au fait de cette prise de conscience progressive, mais peu désireux de s’engager dans un processus perçu à Paris comme de la « repentance », le président de la République et les services de l’Élysée ont tenté de déminer le sujet en organisant à Paris au début du mois de juillet une « table ronde sur les conséquences des essais nucléaires ».

    Cet événement, organisé conjointement avec Édouard Fritch, président de l’exécutif local de Polynésie française – la collectivité de quelque 350 000 habitants dispose d’un gouvernement, d’une large autonomie, en particulier fiscale, et de nombreuses compétences non régaliennes – a déçu. Pas question, notamment de remettre en cause les critères d’indemnisation des victimes des essais atteintes de maladies « radio-induites », c’est-à-dire de cancers dus à l’exposition aux nuages toxiques, aux rayons ionisants.

    Pour l’instant, en raison de critères extrêmement restrictifs et d’une charge de la preuve trop lourde à porter par les victimes, le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) n’a dédommagé qu’une soixantaine de Polynésiens ou ayants droit pour leur cancer, sur une population exposée que des estimations raisonnables situent autour de 150 000 personnes.

    « Le président aura l’occasion d’évoquer cette question du nucléaire, il aura une parole pour le peuple polynésien, dans la continuité des échanges qui ont commencé lors de la table ronde » parisienne, a fait savoir l’entourage d’Emmanuel Macron, peu avant son départ pour l’Océanie.

    « Mao’hi lives matter »

    « La vie des Mao'hi compte »

    Pas de quoi convaincre les militants antinucléaires et en particulier les politiques indépendantistes, à l’origine de la mobilisation populaire de longue date sur ce sujet. Avec les églises protestantes et les associations de victimes – tout aussi opposées à la table ronde et à la politique actuelle d’indemnisation de la France – le parti Tavini huiraatira a organisé une grande manifestation à Papeete, le 17 juillet, intitulée « Mao’hi lives matter » (« Les vies du peuple polynésien comptent »).

    Rassemblant plus de deux mille personnes sur le front de mer de la capitale polynésienne, ce rassemblement visait surtout à envoyer un message clair à Emmanuel Macron. « Ce n’est pas la peine de venir si tu ne respectes pas le peuple polynésien, si tu n’es pas prêt à faire des excuses et à demander pardon : nous ne voulons pas de toi pour faire ta communication sur le dos des souffrances de notre peuple », s’est par exemple indigné le député de Polynésie Moetai Brotherson.

    Contacté par Mediapart, ce dernier va plus loin encore et dénonce « une confirmation de la mascarade de la soi-disant table ronde de haut niveau organisée à Paris alors qu’elle aurait dû avoir lieu à Papeete puisque c’est [là] qu’ont eu lieu les essais et pas à Matignon ». « Le 17 juillet, à Papeete, lors de la manifestation, nous avons recueilli, comme nous l’avait demandé la Cour pénale internationale (CPI) plus de cinq cents plaintes individuelles, poursuit-il. Elles seront transmises avant octobre 2021 et alors le travail de la CPI, qu’Oscar Temaru a saisi en 2018 pourra réellement démarrer ».

    La « stratégie indo-pacifique », cet axe géopolitique d’affirmation de la puissance occidentale face à la Chine dans cette partie du monde, le changement climatique et la montée des eaux ou encore la culture avec la candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco : le président de la République a envie de parler de tout autre chose que des conséquences des essais lors de son voyage polynésien.

    Il se rendra aux Tuamotu mais pas sur un atoll « nucléarisé » et concentrera sa parole à ce moment-là sur des actions « innovantes » et de « beaux projets » en faveur de la « neutralité climatique ». Lors de son passage aux Marquises, le chef de l’État devrait également se rendre sur la tombe de Jacques Brel.

    Le Covid ne sera pas oublié, en revanche, du voyage présidentiel. Plusieurs prises de parole à ce sujet sont prévues, dont une bonne part doit mettre en avant le soutien de la France à l’économie de la Polynésie. L’archipel a été fortement éprouvé par la crise sanitaire, en raison de la fermeture des frontières à l’échelle globale et de sa dépendance à la mono-industrie touristique.

    L’ouverture ou non des frontières de ce territoire grand comme l’Europe est une compétence assumée par Paris et non par le gouvernement local. Les conditions de circulation entre Papeete et Paris ont fait l’objet de nombreuses négociations parisiennes, tout comme l’envoi de vaccins dans les archipels dont l’entourage du président de la République aime à rappeler qu’il ne s’agit « pas d’une compétence de l’État ».

    Le plan de relance post-Covid dont le gouvernement et la présidence de la République se félicitent et font la promotion, consiste essentiellement en une série de prêts de l’Agence française de développement (AFD), pour un montant global d’environ 600 millions d’euros.

    Présentée comme un voyage organisé en contact étroit avec l’armée – Emmanuel Macron va rencontrer plusieurs familles de soldats polynésiens tombés au champ d’honneur – cette séquence océanienne s’annonce comme une « carte postale » élyséenne tout à fait classique. C’est surtout la dernière fenêtre du calendrier d’Emmanuel Macron pour honorer sa promesse de venir au fenua (la patrie en langue polynésienne) avant l’élection présidentielle de mai 2022.

    SOURCE : https://www.mediapart.fr/journal/france/230721/en-polynesie-francaise-emmanuel-macron-est-aussi-attendu-par-ses-detracteurs 

     

    La France doit assumer

    ses responsabilités !!!

    Qu’ont-ils fait ? 

    Essais nucléaires en Algérie comme en Polynésie : la France doit assumer ses responsabilités

     

    Essais nucléaires en Algérie comme en Polynésie : la France doit assumer ses responsabilités

    Essais nucléaires en Algérie comme en Polynésie : la France doit assumer ses responsabilités

    Essais nucléaires en Algérie comme en Polynésie : la France doit assumer ses responsabilités

     


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    Le libre accès aux archives

     est certainement utile

    Un article de Jacques CROS

     

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6574948-le-libre-acces-aux-archives-est-certainement-utile

     

    Le libre accès aux archives est certainement utile ***  Un article de Jacques CROS

     

    Utile aux historiens dont c’est la responsabilité de décrypter avec la consultation des documents ce qu’ont été les atrocités de la guerre d’Algérie. Il y a aussi les témoignages de ceux qui y ont participé et qui en ont été victimes. En premier lieu il y a, c’est l’essentiel, les Algériens.

    Il y a eu une manière d’occultation de ce qu’ont vécu une catégorie importante des protagonistes de cet épisode peu reluisant de notre histoire. Il s’agit des appelés du contingent. Il serait temps, au soir de leur vie, que les bouches et les claviers se délient.

    Tous n’ont pas souffert au même degré d’une situation qu’ils n’avaient pas choisie mais qui a dépendu de divers paramètres. Il y a eu l’époque de leur incorporation, le lieu où ils se sont trouvés, l’affectation qu’ils ont eue, les circonstances particulières auxquelles ils ont été confrontés. Mais tous, absolument tous, ont connu l’amputation de longs mois de leur jeunesse dans un conflit anachronique, injuste et sans autre perspective que la fin du colonialisme et l’indépendance de l’Algérie.

    Je considère comme impératif qu’ils exigent un regard lucide sur cet épisode de notre passé. Un regard qui n’épargne pas les dirigeants politiques de notre pays et leurs héritiers actuels. C’est ce qui me parait devoir être le fond du problème et en fait de nos revendications.

    Ce n’est sûrement pas l’attribution d’une quelconque breloque qui répond à cette exigence ! De ce point de vue il faudrait en finir avec un esprit cocardier qui a encore cours auprès de certains anciens d’Algérie. Ce qui est déterminant aux yeux de notre présent et de notre avenir c’est de reconnaître enfin la nocivité du système colonial et les horreurs immanquables de la guerre menée pour le perpétuer.

    Nous avons un devoir de mémoire aux yeux des générations futures. C’est bien ce qu’il faut dégager de l’actualité. Nous ne sommes pas historiens, nous avons simplement été témoins. Témoins de la misère que connaissaient les autochtones quand nous étions en Algérie, témoins quelquefois des exactions commises par l’armée coloniale dont nous faisions partie, et même pour quelques-uns acteurs de ces exactions.

    Le reste est le travail des historiens qui doivent avoir effectivement libre accès aux archives qu’elles soient conservées en France ou en Algérie. La vérité y gagnera à coup sûr et la réconciliation entre nos deux peuples aussi.

    Jacques CROS

    C’est aussi mon point de vue concernant, entre autres, ce paragraphe :

    Ce n’est sûrement pas l’attribution d’une quelconque breloque qui répond à cette exigence ! De ce point de vue il faudrait en finir avec un esprit cocardier qui a encore cours auprès de certains anciens d’Algérie. Ce qui est déterminant aux yeux de notre présent et de notre avenir c’est de reconnaître enfin la nocivité du système colonial et les horreurs immanquables de la guerre menée pour le perpétuer.

    Michel Dandelot

    C’est aussi le point de vue de Jean-Claude Doussin de la 4acg qui a écrit ce poème :

    Devons nous continuer à considérer les anciens des guerres coloniales de la France comme des combattants au même titre que ceux qui se sont engagés pour des causes justes ? (contre le nazisme par exemple)


    Les textes ci dessous ne reflètent que ma pensée et bien sûr ne peuvent plaire à tous, j'en conviens.

    Les Vétérans 

    Le libre accès aux archives est certainement utile ***  Un article de Jacques CROS

     

    Ils sont fiers !
    De leurs guerres
    Et surtout d’la dernière
    Ils sont fiers !

    Ils paradent
    Et défilent
    Commémorent
    Se décorent
    Et arborent

    Cependant
    Ont-ils tué ?
    Ou blessé
    Torturé ou violé
    Humilié ou brimé

    Asservi ou trahi ?

    A vingt ans Ils étaient des enfants
    Envoyés par les Grands
    Dans c’pays.
    Pour sauver la Patrie !
    Voilà bien un destin…

    Revenus…
    Grand silence
    Sur la France.
    Trop longtemps

    On a tu
    C'qu'on a vu
    C’qu’on a fait
    Pour quelle Paix ?

    Trop de haine
    Trop de peur
    De racisme
    Pensez-donc !
    Les melons
    Les ratons
    Tous des cons…

    Ils connaissent
    Que l’plus fort
    Alors cogne !
    T’as pas tort…
    Et cette arme

    Dans tes mains
    C’est viril
    Mais malsain.
    Ça ne fait
    Qu’des embrouilles
    Et des hommes
    Qu’on pas d’couilles.

    Et les autres ?
    Sont pas là,
    Ils sont morts
    C’est la guerre
    Y’a des risques,
    Pensez-donc !


    Et les autres ? Les années ont passé
    Les voilà pensionnés.
    D’cet argent, ils n’veulent pas
    Qu’on leur donne donc là-bas
    Pour qu’il soit reconstruit
    Pour aider c’beau Pays… L’Algérie.


    Ecrit le 19 mars 2009 en mémoire d’un certain 19 mars 1962

    Jean-Claude DOUSSIN

    de la 4acg

     


    1 commentaire
  • Cet article est paru le 19 mars 2016

    Un commentaire écrit dans une langue

    incompréhensible pour moi, paru ce matin 11 décembre

    m'a donné l'idée de le mettre de nouveau en ligne

    Michel Dandelot

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    C’est l’image-histoire, celle de la délégation algérienne qui a négocié à Evian avec le gouvernement français. Une image et une date qui font encore enrager les nostalgiques de l’ordre colonial: à Béziers, Robert Ménard, maire pro-front national va mettre aujourd'hui les drapeaux en berne après avoir "effacé" l’indésirable date du 19 mars d’une rue de Béziers pour la remplacer par le nom d’un putschiste du 21 avril 1961.

    On voit dans cette image Krim Belkacem, chef de la délégation du GPRA (Gouvernement provisoire de la république) aux négociations d’Evian. Ses accompagnateurs du moment sont Mohamed Seddik Benyahia, Tayeb Boulahrouf, Lakhdar Bentobal, Redha Malek et M’Hamed Yazid.

    L’image a fait le tour du monde. Elle ne marque pourtant pas un "tournant", elle fixe une conclusion. Celle d’un long et douloureux combat des Algériens pour l’indépendance et la libération. Mais aussi celle de négociations dures entre le FLN et la France.

    Le 18 mars 1962, Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne et ministre des Affaires extérieures du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes de de Gaulle, signaient, après onze jours de discussions à l’Hôtel du Parc, les accords d’Evian, un document de 93 pages et de 2026 mots.

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Les accords proclament un cessez-le-feu dès le lendemain, 19 mars 1962, devenu en Algérie le "jour de la victoire" (Youm Ennasr)... "Et en France LA VICTOIRE DE LA PAIX" Ils prévoient l'organisation rapide d'un référendum pour que les populations "choisissent leurs destins".

    Une conclusion à laquelle ne se résigneront pas les tueurs de l’OAS (Organisation armée secrète) qui engageront la politique de la terre brûlée en multipliant les tueries et les ratonnades et en créant un climat de haine et de peur qui poussera les français d’Algérie à quitter le pays.

    Le temps des Indigènes 

    54 ans, plus tard, Robert Ménard, maire de Béziers et ex-président de Reporters sans Frontières, n’a toujours pas digéré la "conclusion" du 19 mars, il met les drapeaux en berne, il continue, sur les thématiques du Front National, la guerre perdue pour son "paradis perdu".

    La photo de la délégation algérienne fixe un moment. Celui des "indigènes", d’une humanité de "second collège" qui, à la suite d’un combat dur et sanglant, négocie fermement l’indépendance sans aucune concession sur l’intégrité territoriale.

    Réda Malek, membre de la délégation algérienne, évoquera dans son livre (L'Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes 1956-1962. Paris, Le Seuil 1995) un "psychodrame" et un "feuilleton à rebondissement".

    De "suspension en reprise, de pourparlers publics en conciliabules secrets", les négociations entamées secrètement par l’intermédiaire de la très discrète diplomatie suisse, vont durer une année. Ce n’était pas la première négociation entre le FLN et les autorités françaises. Des discussions secrètes et parfois publiques ont commencé dès 1956.

    Evian était bien une conclusion. Le général de Gaulle, ainsi que le rapporte Yves Courrière, dans sa série sur la guerre d’Algérie, appelait régulièrement Louis Joxe, pour poser la question "Alors, c’est pour bientôt ?".

    Le 19 mars 1962, la France officielle a pris acte de la fin de l’Algérie coloniale.

     

     

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Evian, une eau peu limpide

    Un article du quotidien algérien 

     

    L'Algérie à Evian : l'issue victorieuse du 19 mars 1962 que les nostAlgériques ne digèrent toujours pas

    Longtemps, le mythe gouvernemental français aura leurré son monde. «De simples opérations de maintien de l'ordre dans nos départements français d'Afrique du Nord» était la litote officielle servie pour accompagner les cercueils et les blessés de retour en France. Cette fable ne pouvait perdurer et, depuis le 1er Novembre 1954, elle s'émoussa au fil des ans pour laisser place à la vérité, toute crue, d'une guerre de Libération, une guerre qui bottait les fesses à une armée française déjà vaincue lors de la bataille de Diên Biên Phu, moment clé de la guerre d'Indochine en 1954... Puis, vint l'annonce du cessez-le-feu !

    Le 19 mars 1962 à 12 heures, les «gueux» et les «bougnoules» devenaient enfin des êtres humains et pouvaient même boire de leur eau d'Evian… Une eau d'Evian qui aura charrié, entre ici et là-bas, l'esprit harki du courant colonialiste ! Un colonialisme machiavélique et manœuvrier. Le général De Gaulle n'avait-il pas lancé, à Alger, son fameux «Je vous ai compris !» aux colons, militaires et harkis ? Le même De Gaulle n'avait-il pas proposé, à nos combattants des villes et des campagnes, «la paix des braves»? Manœuvres, de part et d'autre, sans résultat car le peuple algérien, martyrisé, exigeait l'Indépendance. Un peuple qui malgré ses harkis continuait d'affirmer sa confiance au FLN et à son bras armé, l'ALN. En France, en 1961, la manifestation pacifique du 17 octobre où des Algériens de la région parisienne furent violemment réprimés par la police du préfet Papon, avait sonné le glas de la politique colonialiste. 

    Des centaines de manifestants ont été tués, blessés, jetés dans la Seine ou portés disparus. La police du ministre Frey et du préfet Papon fut l'alliée de l'innommable OAS et ses crimes perpétrés contre les pourparlers engagés alors à Evian. L'OAS criminelle est encore dans les mémoires. Elle aura avalé son bulletin de naissance mais laisse derrière elle des nostalgiques.
    La guerre qui avait duré près de huit ans laissait sur le carreau, à une heure d'avion, près d'un million de pieds-noirs originaires de France, d'Espagne, d'Italie ou de Malte. Combien de familles françaises comptaient des leurs en Algérie ? Beaucoup, et parmi elles, des Ménard ou des Sanchez qui ont encore cette date en travers de la gorge. C'est pour chouchouter ces nostalgiques que l'actuel maire de Béziers et ancien leader de «Reporters Sans frontières», Robert Ménard, a débaptisé une rue consacrée à la mémoire des accords d'Évian pour lui donner le nom d'un putschiste de l'OAS. C'est dans la même veine que le maire FN de Beaucaire dans le Gard, Julien Sanchez, a lui aussi annoncé qu'il allait débaptiser la rue du 19 Mars 1962, pour lui donner un nom «moins polémique».
    Une polémique qui court, qui court, comme la maladie d'amour chez un Sarkozy qui critiquait, hier, le fait que François Hollande ait choisi, aujourd'hui samedi, de commémorer la fin de la guerre d'Algérie avec «un bon et un mauvais côté de l'Histoire». Enième polémique franchouillarde qui renvoie à une Histoire où il est bel et bien inscrit, pour la postérité, que la France a subi une défaite militaire en Algérie. Cette France, n'en déplaise aux Sarko and Co, est du mauvais côté de l'Histoire et le restera tant que les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Kherrata et Guelma n'ont pas été reconnus comme crimes coloniaux. Avec de tels événements, comment ne pas boire nos eaux minérales limpides et se dire que l'eau d'Evian est finalement insipide, chez nous !

    A. N.


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    L'ouverture des archives de la guerre d'Algérie avancée de 15 ans, annonce Roselyne Bachelot

    la ministre de la Culture qui veut ainsi répondre aux "falsificateurs de l'histoire"

    L'ouverture des archives de la guerre d'Algérie avancée de 15 ans, annonce Roselyne Bachelot  la ministre de la Culture qui veut ainsi répondre aux "falsificateurs de l'histoire".

     HuffPost/Roselyne Bachelot a annoncé l'ouverture en avance des archives de la guerre d'Algérie

    Face aux “falsificateurs de l’histoire”, la vérité des archives. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé ce vendredi 10 décembre la prochaine ouverture des archives sur “les enquêtes judiciaires” de la guerre d’Algérie qui s’est déroulée de 1954 à 1962. Cette ouverture interviendra près de 60 ans après les faits et alors que la relation franco-algérienne est en crise depuis des mois.

    “J’ouvre avec 15 ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d’Algérie”, a-t-elle ainsi annoncé sur BFMTV. Une déclaration qui intervient deux jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. 

    “On ne construit pas un roman national sur un mensonge”

    “Je veux que sur cette question -qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l’histoire à l’œuvre- je veux qu’on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge”, a argué la ministre. “C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c’est à partir de ce moment-là qu’on peut construire une autre histoire, une réconciliation”, a poursuivi Roselyne Bachelot.

    “On a des choses à reconstruire avec l’Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité”, a estimé la ministre de la Culture, qui a dans son périmètre la question des archives.

    Reconnaître la torture et soigner les plaies

    Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la confirmation à venir d’actes de torture commis par l’armée française en Algérie, “c’est l’intérêt du pays que de le reconnaître”, a ajouté Roselyne Bachelot. Cette annonce s’inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle initiée par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l’armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives.

    Le 9 mars 2021, poursuivant sa politique de “petits pas”, le chef de l’Etat avait annoncé une simplification des accès aux procédures de déclassification des archives classifiées de plus de 50 ans, permettant d’écourter les délais d’attente liés à cette procédure. 

    En janvier 2020, un rapport remis par l’historien Benjamin Stora qui détaillait les conséquences de la guerre d’Algérie dans la société française, 60 ans après avait déclenché une avalanche de commentaires. Preuve que la plaie mémorielle sur ce sujet est loin d’être refermée et qu’il y a urgence à poser des mots sur ce douloureux passé.

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    CLIQUEZ SUR LE LIEN CI-DESSOUS POUR VOIR ET éCOUTER ROSELYNE BACHELOT, lorsque vous êtes sur le site descendez un peu pour trouver la vidéo :

    https://www.bfmtv.com/politique/en-direct-roselyne-bachelot-invitee-de-bfmtv-rmc_LN-202112100080.html#article_69495
     

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    SOURCE : https://www.huffingtonpost.fr/entry/roselyne-bachelot-a-annonce-louverture-en-avance-des-archives-de-la-guerre-dalgerie_fr_61b3111de4b04ae319fd5fcf 

     


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  • C'est l'histoire de Bernard Zimermann pied-noir non extrémiste, non nostalgique du colonialisme et surtout de l'OAS... Et proclame qu'il rejette le FN

    Terrorisme, justice d’exception, Rassemblement national, islamophobie... Soixante ans après la signature des accords d’Évian, le 18 mars 1962, la guerre d’Algérie et ses stigmates hantent plus que jamais la société française. Des hommes et des femmes rompent le silence, et tentent de lancer des passerelles au-dessus de la Méditerranée, comme autant de points de suture sur la plaie d’un conflit qui n’en finit pas. Parmi eux, Bernard Zimermann, pied-noir progressiste, raconte son histoire. 

    BERNARD ZIMMERMANN, PIED-NOIR 

    "Le trouble dans la nationalité"

    « Enfant, lorsqu’on voyageait en Algérie, je cherchais le panneau indiquant « Verdun ». Le 13 mai 1958, j’avais 18 ans et j’étais enthousiasmé par le putsch des généraux. Enfin, la guerre allait finir, et nous allions pouvoir vivre en paix avec les Algériens », se souvient Bernard Zimmermann. Le petit pied-noir grandit à Oran et la seule France qu’il connaît, c’est l’Algérie. Son regard change lorsqu’il entre à l’École normale d’Alger. « J’entendais nos camarades de classe dire qu’ils avaient eu « les melons »... Le 13 mai 1959, un camion de l’armée française a essayé de rafler le cuistot de l’école pour le forcer à aller manifester sur le forum d’Alger et faire croire que les Algériens soutenaient les généraux. Ça a été le déclic ». L’année suivante, il échappe au service militaire, car de Gaulle ayant décidé de scolariser tous les enfants algériens, les instituteurs pieds-noirs sont réquisitionnés et envoyés au bled. « En 1962, avec ma femme, nous ne pouvions plus mettre les pieds à Oran ; l’OAS menaçait de mort ceux qui continuaient à faire la classe aux Arabes, contrairement à leurs consignes. » L’été 1962, l’instituteur part en vacances en France et, sous la pression de sa famille inquiète, y reste un an. « L’été suivant, nous n’en pouvions plus. La vie métropolitaine nous semblait très matérialiste. Nous voulions rentrer en Algérie et adopter la nationalité. » Mais, très vite, le clientélisme, la corruption s’installent dans l’administration. « En 1965, Boumediene fait son coup d’État. À Oran et Mostaganem, il y a des descentes dans l’administration pour agresser les femmes qui travaillent et les renvoyer au foyer. C’est ce qui nous a décidés à partir. J’avais réalisé que, sur le plan des valeurs, je me sentais français. »

    PIEDS-NOIRS ET OPA DU RN

    En 1985, Bernard rejoint l’association Coup de soleil, qui valorise les productions d’artistes originaires du Maghreb. Il fonde ensuite Soleil en Essonne, qui propose des activités culturelles aux résidents du foyer Adoma de Montgeron. Parallèlement, le professeur écrit l’ouvrage « les Résistances piedsnoires à l’OAS » (Éditions l’Harmattan). « Parce que je ne supporte pas qu’on assimile les pieds-noirs à l’OAS. Et encore moins l’OPA menée par le Front national (devenu RN) sur cette population. » 

     

    Bernard ZIMMERMANN: « Pieds-noirs face à l’OAS »

     

    Les résistances pieds-noires à

     

    l’OAS, de Bernard Zimmermann

     

    L’histoire des Européens d’Algérie — les Pieds-Noirs — est encore l’objet de tabous ; la question des résistances pieds-noires à l’OAS en est un. S’appuyant sur des travaux dispersés de diverses disciplines et des témoignages de Pieds-Noirs, Bernard Zimmermann fait le constat des résistances pieds-noires à l’OAS, qui se sont manifestées dans tous les milieux de la société européenne de la colonie. Un constat qui va à l’encontre des idées reçues ayant cours encore dans la société française qui, trop souvent, ne fait pas le partage entre Pieds-Noirs et OAS et abandonne le terrain aux ultras de l’Algérie française. Il donne surtout la parole à ceux qui sont restés des invisibles de l’histoire jusqu’à nos jours.

    Bernard Zimmermann est né à Oran dans une famille installée en Algérie depuis quatre générations. Il y a été instituteur dans un village jusqu’en 1966. En France, après des études de géographie, il a enseigné avant d’animer une association interculturelle en banlieue parisienne.

    Les résistances pieds-noires à l’OAS, de Bernard Zimmermann un article de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon (Var)

    Les résistances pieds-noires à l’OAS, de Bernard Zimmermann un article de la LDH Toulon

     

    Né à Oran, l’enseignant Bernard ZIMMERMANN signe un ouvrage qui bouscule les a priori sur les rapatriés en éclairant l’histoire d’un jour nouveau, 60 ans après le déclenchement de la guerre d’Algérie.

    Bernard Zimmermann est professeur émérite d’histoire-géographie. Né de l’autre côté de la Méditerranée, il est issu d’une famille installée en Algérie depuis quatre générations.

    Votre ouvrage prend la forme d’un essai plutôt que d’un livre d’histoire. Pourquoi ?

    Je suis géographe et formé en histoire mais j’ai fait ce choix car le genre essai me donne plus de liberté. Je dis souvent « je » dans ce texte. J’assume ma subjectivité. A travers cet ouvrage ma démarche est citoyenne tout en essayant d’être la plus rigoureuse possible. C’est le respect dû au lecteur.

    Quel a été l’élément déclencheur de son écriture ?

    Il y a d’abord une dimension personnelle. J’ai vécu cette période de guerre. J’avais toute ma famille en Algérie et depuis un demi siècle je ne reconnais pas les miens, je ne me reconnais pas dans l’image renvoyée par les pieds-noirs. Ils en sont largement responsables en ayant laissé parler en leur nom des personnes qui ne représentaient parmi eux qu’un petit groupe. Et puis, il y avait un questionnement : pourquoi les rapports des pieds-noirs à l’Organisation de l’armée secrète (OAS) n’ont jamais été traités par des historiens ? Il s’agissait pour moi de donner la parole à des gens auxquels on n’avait jamais demandé ce qu’ils avaient pu vivre, ressentir ou faire durant la guerre. Le panel des témoins pieds-noirs est très large. Du chercheur au CNRS à la mère de famille, du militant communiste au chrétien...

    Vous parlez des résistances pieds-noires à l’OAS et non d’une résistance. Pourquoi ce pluriel ?

    Je récuse le singulier car les résistances à l’OAS ont été très diverses dans leurs formes et leurs motivations. Si on raisonne par analogie avec la Résistance française pendant la Seconde guerre mondiale, on constate qu’avant d’être unifiée sous une direction commune, la Résistance a d’abord été composée d’une multitudes de groupes venus de tous les horizons. Chez les pieds-noirs qui ont fait face à la politique de terreur de l’OAS, il y avait des résistances individuelles, des communistes qui agissaient par idéologie anti-colonialistes et antifascistes, des gaullistes et des chrétiens dont les motivations étaient différentes. Certains, un très petit nombre, ont choisi l’action violente, d’autres le soutien au FLN, d’autres encore ont bravé les interdits lancés par l’OAS  : ne pas faire la classe aux Arabes pour les enseignants, ne pas sortir...

    Quelles réactions votre livre suscite-t-il ?

    Je suppose qu’il ne va pas me valoir l’amitié des « ultras », comme on les nommait en Algérie. J’ai pour l’instant beaucoup de réactions positives de la part de pieds-noirs dont certains ont eu à un moment de leur vie quelque sympathie pour l’OAS. Ils me disent : « tu as bien fait de dire tout ça, ça fait partie de la mémoire pied-noire ». Des français métropolitains découvrent une facette de l’histoire qu’ils ne soupçonnaient pas, enfermés dans une représentation où pieds-noirs équivaut à soutiens de l’OAS et à fascistes. Quant aux Algériens de France ou d’Algérie qui ont lu mon livre, ils lui réservent un accueil favorable. 60 ans après le déclenchement de la guerre, n’y a pas d’attitude hostile dans le peuple algérien vis-à-vis des pieds-noirs. Cette ouverture n’empêche pas les Algériens d’être très critiques sur le système colonial et l’acte colonisateur. En Algérie le problème vient plutôt de l’instrumentalisation de la mémoire de la guerre à des fins politiciennes.

    Dans le Sud de la France des élus de droite et d’extrême-droite instrumentalisent quant à eux la mémoire pied-noire en dressant des stèles rendant hommage à l’OAS. Quel regard portez-vous sur ces actes ?

    J’ai suivi cela d’assez près. Pendant le conflit nous avons vécu les manipulations de l’OAS, nous savons quel danger cette instrumentalisation des pieds-noirs représentent pour eux-mêmes et pour la République. J’ai aussi conçu ce livre comme une dénonciation de l’accaparement de la mémoire pied-noire, comme une alerte.

     

    Propos recueillis par Léo Purguette

     

    http://lasourceinfos.com/tag/zimmermann/

    Bernard Zimmermann fait partie de cette race d’homme forgé dans l’acier trempé. Ce polyglotte, natif d’Oran,  respire l’humanisme et la fraternité. La moustache fournie et l’œil averti, il peut scruter votre âme en quelques minutes de discussion. Cet ancien instituteur, à l’oreille attentive et au phrasé courtois, ne vous laisse pas indifférent quand vous croisez son chemin. Portrait d’un homme qui croit en l’Homme malgré la vanité, la lâcheté et la barbarie de ce dernier.
    Il était à La Source mi-décembre pour me rendre visite, avec sa petite silhouette et son teint hâlé je ne pouvais pas le rater à la descente du tramway, station de l’indien.

    Humble
     

    Parler avec Bernard Zimmermann, c’est avant tout l’assurance d’être écouté attentivement. Vous relançant, de temps en temps, pour extraire votre récit, à l’aide de sa voix chaude, sentant bon les terres  andalouses et oranaises réunies. Pas cabot pour un sou, il a ce trait de caractère des gens qui ont atteint le summum de l’intelligence, l’humilité ! Humble et sage voila la définition qui lui sied à merveille. Il a dû en voir des loustics au long de ses 70 années d’existence. L’esprit toujours alerte, il ne perd pas une miette des rencontres qu’il peut effectuer de-ci de-là. Cet homme est un puits de savoir qui abreuve, abondamment, les assoiffés de culture comme moi.

    Infatigable pédagogue
     

    Président d’une association interculturelle en banlieue parisienne, il n’a de cesse de travailler, bien qu’il soit à la retraite. Cet ancien instit et géographe sait mieux que quiconque, que la pédagogie est une arme contre les dégâts de la pauvreté. Intervenant dans des cités et des établissements scolaires de l’Essonne, il se bat comme un damné pour faire coexister les cultures et les esprits. Il est comme ça, Bernard Zimmermann, pied noir au cœur blanc ! Cet homme fidèle en amitié semble être en décalage avec les gens de sa génération,  plutôt conservateurs et renfermés.
    Aujourd’hui, j’en sais un peu plus sur ce pudique homme, grâce à son dernier opus «Une amitié algérienne», aux éditions l’Harmattan. Ce digne fils d’Albert Camus nous plonge dans l’Algérie française et toutes les tourmentes qui en découlent. J’ai compris aussi que l’on oubliait, très souvent, ce bien inestimable qu’est l’amitié. Et pour peu qu’on l’alimente, elle devient fraternité…

    Les résistances pieds-noires à l’OAS, de Bernard Zimmermann

    Bernard Zimmermann a aussi écrit

    « Une amitié algérienne »

    Oran 1961-1962
    La guerre d'Algérie tire à sa fin.
    La ville est livrée à la tuerie absurde, à la folie, à l'autodestruction.
    Un peu à l'écart, un village algérien de paysans et de pêcheurs apparaît comme un havre de paix.
    Ce n'est qu'une apparence.
    Un jeune instituteur, Antoine Esquirol, y a été nommé.
    Il a cru en l'Algérie française mais, sur place, il découvre une société qui lui avait été tenue invisible jusque-là, avec sa culture, son histoire, ses contradictions propres.

    Les résistances pieds-noires à l’OAS, de Bernard Zimmermann

     

     


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    De l'affaire Audin à la liberté d'accès

     aux archives

     

    Trois films, « Maurice Audin, une histoire de mathématiciens », « Les archives et les disparus » et « Sadek Hadjérès parle du PCA et de Maurice Audin », témoignent de ce que, depuis 1957, les mensonges d'Etat et l’accès aux archives sont des enjeux majeurs. Entre les promesses d'Emmanuel Macron en 2018 et, à l’opposé, les fermetures d'archives qui ont suivi, la mobilisation citoyenne continue.

    Trois courts films sont présentés ci-dessous par le blog Histoire coloniale et postcoloniale de Mediapart. Deux de François Demerliac, « Maurice Audin, une histoire de mathématiciens » et « Après l'affaire Audin, les archives et les disparus de la guerre d'Algérie », suivis de l'entretien filmé « Sadek Hadjérès parle du PCA et de Maurice Audin » de Mehdi Lallaoui.

    Trois films qui témoignent de ce que, depuis l'arrestation et l'assassinat de Maurice Audin en juin 1957 lors de la guerre d'Algérie, les questions de l’accès aux archives et de la recherche de la vérité à l'encontre des mensonges de l'armée et de l'Etat, ont été posées comme des enjeux démocratiques majeurs.

    Ce fut le combat de l'historien Pierre Vidal-Naquet dans son premier livre L'Affaire Audin, en 1958, et du Comité qu'il a fondé avec le mathématicien Laurent Schwartz. Un combat qu'a mené durant plus de soixante ans le journal l'Humanité et que d'autres ont poursuivi comme l'Association Josette et Maurice Audin et le quotidien Mediapart.

    Mais c'est un combat inachevé.

    Entre les promesses d'Emmanuel Macron lors de sa visite à Josette Audin en septembre 2018, et, à l'opposé, les fermetures d'archives qui ont suivi, la mobilisation des citoyens continue.

    Ces trois films ont été projetés à Nanterre le 1er décembre avec l'aide de la municipalité dans le prolongement de son inauguration, peu avant, d'une rue « Josette et Maurice Audin », en présence de Pierre Audin, leur fils, né à Alger quelques mois avant l'assassinat de son père, et de Fatiha Hassanine, qui est intervenue au nom de l'Association Josette et Maurice Audin, une inauguration réclamée par diverses associations dont le MRAP et la Ligue des droits de l'homme. 

    « Maurice Audin, une histoire de mathématiciens » retrace la personnalité de ce jeune chercheur âgé de 25 ans qui était en passe de soutenir sa thèse de mathématiques quand il a été enlevé par des parachutistes français à son domicile d'Alger, le 11 juin 1957, durant la grande répression qu'on a appelé la « bataille d'Alger ».

    Il relate la manière dont sa jeune épouse, elle-même enseignante de mathématiques, a écrit aussitôt à ses professeurs à Paris pour attirer leur attention sur la disparition de son mari qui lui était présentée par les autorités françaises comme une évasion mais dont elle a vite compris qu'elle résultait d'un assassinat.

    L'organisation à Paris, dans un amphithéâtre de la Sorbonne, de la soutenance de la thèse in abstentia de Maurice Audin, le 2 décembre 1957, a constitué un moment fort de protestation de l'université française contre les crimes de la répression coloniale.

    Comme l'affaire Dreyfus un demi-siècle plus tôt, l'affaire Audin a constitué « un moment de la conscience humaine ». De nombreux intellectuels et autres citoyens se sont mobilisés contre les mensonges de l'armée et de l'Etat. Et le film explique que l'affaire Audin a ensuite représenté un modèle de mobilisation en faveur d'autres scientifiques victimes d'autres répressions, en Amérique latine ou en URSS, comme, en particulier, le mathématicien ukrainien et dissident soviétique Léonide Pliouchtch.

    « Maurice Audin, une histoire de mathématiciens » 

    Reportage | Maurice Audin, une histoire de mathématiciens © Le blob, l’extra-média

    Il a fallu attendre soixante-et-un-an ans pour qu'un président de la République, Emmanuel Macron, en septembre 2018, rendant visite à Josette Audin qui avait lutté toute sa vie pour réclamer la vérité sur la mort de son mari, mette fin aux mensonges proférés par les autorités françaises et lui dise qu'il avait été tué par les militaires français qui le détenaient.

    Le film « Après l'affaire Audin. Les archives et les disparus de la guerre d'Algérie » de François Demerliac montre comment cette visite avait été préparée par des rencontres à l'Elysée entre Josette Audin et ses enfants, des historiennes et historiens spécialistes de la guerre d'Algérie, des journalistes et des citoyens engagés contre ces mensonges, avec des conseillers du président de la République. Il montre qu'aussitôt après, Josette Audin est venue célébrer ce moment à la Fête de l'Humanité.

    Un moment historique, même si, à des journalistes qui lui demandaient après la visite présidentielle si elle était satisfaite, elle a répondu : « Oui et non…» Car Emmanuel Macron n'avait rien dit sur comment cette mort était intervenue. Restant au milieu du gué. Peut-être pour éviter de désigner les responsabilités des autorités d'Alger, militaires et civiles, d'alors, dans cet assassinat.

    Le film montre aussi que, logiquement, la question du sort des milliers d'autres disparus de la « bataille d'Alger » a été aussitôt posée. Car le cas de ce jeune universitaire d'origine européenne, s'il a davantage fait parler de lui en France que ceux de milliers d'Algériens autochtones, n'a été qu'un exemple parmi d'autres, dans une répression massive qui a causé de nombreuses disparitions forcées.

    C'est le but du site internet 1000autres.org, ouvert dès le lendemain de la visite présidentielle, de tenter, avec l'aide des familles algériennes de ces disparus, de leur rendre un nom, une profession, un visage.

    Enfin, l'historienne Raphaëlle Branche y explique que la demande d'Emmanuel Macron, formulée au même moment, d'une pleine ouverture des archives sur tous les disparus de cette guerre a été loin d'être suivie d'effet, puisque de nouvelles entraves se sont dressées, au contraire, contre l'accès aux archives.  

    « Après l'affaire Audin, les archives et les disparus 

    de la guerre d'Algérie » 

    Archives disparus © Place Audin

    D'où une mobilisation des historiens, des archivistes et autres citoyens qui ont constitué un Collectif Accès aux archives publiques et se sont exprimés dans la presse. Ils ont déposé deux recours au Conseil d'Etat et ont obtenu le 2 juillet 2021 une décision de sa part qui leur a donné raison en annulant purement et simplement un instruction interministérielle qui avait voulu faire obstacle à l'application de la loi (1).

    Mais la mobilisation se poursuit car les partisans de la fermeture des archives ont été prompts à réagir : à la hâte, ils ont fait adopter par le Parlement un article inséré dans la loi contre le terrorisme et sur le renseignement du 30 juillet, qui limite l'accès à certaines archives. La riposte s'organise du côté des citoyens et des associations qui sont bien décidés à défendre le droit démocratique que constitue l'accès aux archives.

    Sur la période des guerres coloniales et en particulier de la guerre d'Algérie, le travail historique doit pouvoir se développer librement. Le troisième film présenté ici incite, par exemple, à de plus amples recherches sur le contexte de l'affaire Audin. Intitulé « Sadek Hadjérès parle du PCA et de Maurice Audin », il porte sur l'orientation politique prise, entre le lendemain du déclenchement de l'insurrection algérienne, en novembre 1954, et la « bataille d'Alger », en 1957, par le parti dont Josette et Maurice Audin étaient membres, le parti communiste algérien. Hadjérès, qui était alors l'un des principaux dirigeants de ce parti, explique le choix qui a été fait alors par sa direction.

    Le choix, à partir de 1955, de participer à la guerre d'indépendance en organisant ses propres opérations armées (2). Il rapporte les conversations qu'il a eues à ce sujet avec Josette et Maurice Audin, à leur domicile d'Alger, tout en expliquant que les tâches confiées à ces deux militants étaient strictement politiques et non militaires.

    Il souligne aussi que les actions résultant de ce choix politique n'ont pas seulement été menées par des militants communistes d'origine autochtone puisque nombre de ses membres d'origine juive ou européenne y ont participé – Hadjerès cite ainsi, comme exemple des partisans de cet engagement dans la guerre d'indépendance algérienne, le jeune étudiant en droit oranais en 1955, Paul Bouaziz, qui a plus tard obtenu la nationalité algérienne, et, à sa mort à Paris le 20 novembre 2021, a été l'objet de plusieurs hommages dans la presse de ce pays. Un autre, Fernand Iveton, guillotiné «pour l'exemple», l'a payé de sa vie. Il est évoqué dans le beau film, « De nos frères blessés », sur les écrans en mars 2022 (3), qui restitue son parcours.

    « Sadek Hadjérès parle du PCA et de Maurice Audin » 

    Sadek Hadjerès parle du PCA et de Maurice Audin court © Histoire Coloniale

    (1) Voir le livre Les disparus de la guerre d'Algérie suivi de La bataille des archives (2018-2021), Paris, l'Harmattan, 2021, présenté notamment sur le site de la Ligue des droits de l'homme, ainsi que sur celui du MRAP.

    (2) Voir sur le site histoirecoloniale.net : « Un témoignage essentiel. 1955-1957 : la participation du parti communiste algérien à la lutte armée d’indépendance et le rôle de Maurice Audin, par Sadek Hadjerès ».

     

    Je me permets d'ajouter cette importante référence qui concerne le dernier livre de Jean-Philippe Ould Aoudia.

    Michel Dandelot

    De l'affaire Audin à la liberté d'accès aux archives

    Jean-Philippe Ould Aoudia : Alger 1957. La ferme des Disparus. Préface d’Alain Ruscio. Editions Tirésias, 2021

    Avec la publication de son plus récent ouvrage, Jean-Philippe Ould Aoudia, président des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, continue la quête de vérité et le travail de mémoire pour honorer la mémoire des victimes.

    Cette fois-ci, le sujet concerne les atrocités de « la bataille d'Alger » de 1957 et les crimes de masse qui ont été commis.

    Jean-Philippe Ould Aoudia réfute l'appellation « la bataille d'Alger » et utilise plutôt «l'Écrasement d'Alger ». A cet effet, le gouvernement français et l'Assemblée nationale ont voté des mesures qui ont accordé des pouvoirs exceptionnels aux militaires avec «l'ensemble du système consistant en l'arrestation, la détention, la torture mais aussi l'enfouissement clandestins des corps suppliciés. » Sans oublier d'autres dispositions barbares telles que l'usage de la guillotine à la prison Barberousse (Serkadji) à partir du 19 juin 1956, dont le nombre sinistre s'élève à 40 personnes guillotinées.

    Jean-Philippe Ould Aoudia utilise le nombre de 3024 disparitions telles que comptabilisées par Paul Teitgen, Secrétaire général de la police française à Alger, pendant la guerre d'Algérie, tout en affirmant qu'il pourrait être plus élevé et encourage d'autres recherches à cet effet.

    Les investigations de Jean-Philippe Ould Aoudia l'ont amené à émettre l'hypothèse que la plupart des victimes de la torture sont transportées à la ferme "La Cigogne" à Chebli dans la Mitidja, qui appartenait au terroriste du nom de Robert Martel et qu'occupait le commando de tueurs professionnels sous le commandement du tortionnaire notoire Paul Aussaresses.

    Les autorités algériennes se doivent de chercher et de trouver les charniers, vont-ils procéder à de telles fouilles ?

    L'auteur ne manque pas de souligner que des militaires qui ont commis des crimes, tout comme des terroristes de l'OAS ont eu droit de la part de la France, à des promotions, à des médailles et à de généreuses pensions, ce qui lui fait qualifier la France, tristement et à raison, de « Nation reconnaissante ».

    Tout au long de son livre, Jean-Philippe Ould Aoudia rend hommage à toutes les victimes et à leurs familles et mentionne le travail de mémoire des historiens Malika Rahal et Fabrice Riceputi qui ont mis en place le site 1000autres.org qui est à la disposition des témoins pour répertorier les cas d’enlèvement, de torture et de disparition.

     Le président de la République vient de reconnaître la responsabilité de la France et de ses forces armées dans l’arrestation, la torture et la disparition de Maurice Audin et d’Ali Boumendjel à Alger, en 1957. Ce livre révèle les lieux où se trouvent les corps des 3024 disparus en 1957, à Alger. ? Jean-Philippe Ould Aoudia, qui signe ce nouvel ouvrage, en a subi dans sa chair toutes les brûlures. Les deux bras armés de la réaction coloniale tardive, les services secrets et les terroristes de l’OAS, ont frappé de plein fouet sa famille. Et quand dans les années 1990-1991, il recherche les instigateurs et les exécutants du massacre commis par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger, au cours duquel ont été assassinés son père et cinq autres dirigeants des Centres sociaux éducatifs, il prit la mesure de l’étroite collaboration de ces Européens, — appelés contre-terroristes, impliqués dans la torture, les exécutions sommaires et l’OAS —, avec la police locale et les services spéciaux. Ils ne s’en cachaient d’ailleurs pas. Voire même la revendiquaient. Par ses recherches l’auteur partage la douleur des milliers de familles dont un ou plusieurs de leurs parents sont toujours considérés comme ayant disparu au cours de cette année 1957 à Alger, du fait des forces de l’ordre françaises. Participant à la recherche de l’emplacement des corps afin de pouvoir leur offrir une sépulture digne de leur sacrifice. Dans son ouvrage, Jean-Philippe Ould Aoudia emploie le terme de « contre-terroristes » pour désigner les Robert Martel, André Achiary et Cie. Mais ne furent-ils pas, plus terriblement, des terroristes ? Le mérite de ces pages c’est de rappeler les faits bruts, de synthétiser en quelques pages toute la violence paroxystique de cette année 1957. Les unités militaires ont obstinément refusé d’indiquer les lieux où sont enterrés les corps de tous ces Algériens disparus, dont ceux de Maurice Audin et Larbi Ben M’hidi.

     

     

    (3) L'association Le Maghreb des films présentera ce film en avant-première en février 2022 au cinéma Le Louxor, en présence du réalisateur.

    L’Association histoire coloniale et postcoloniale invite le samedi 11 décembre 2021 à 16h30,
    au CICP, 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.

    (et aussi à distance à l'adresse : https://meet.jit.si/histoire-coloniale mot de passe HCO-111221)

    à une rencontre – débat. 

    Les traces du passé colonial et les débats qu’il suscite eurocentrisme tardif, approche intersectionnelle et questions sur l’universalisme
    avec Kaoutar Harchi et Michèle Riot-Sarcey.

    Les adhérents sont conviés à 14h30 pour l’AG de l'association, présidée par Malika Rahal.

    SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/071221/de-laffaire-audin-la-liberte-dacces-aux-archives 

     


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    En visite en Algérie, Le Drian appelle

     à une "relation apaisée"

      En visite en Algérie, Le Drian appelle   à une "relation apaisée"

     Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, le 6 avril 2021à l'Assemblée nationale à Paris. Photo AFP / Bertrand GUAY 

    Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi 8 décembre à une "relation apaisée" entre la France et l'Algérie où il a effectué une visite destinée à désamorcer une crise bilatérale d'une rare gravité.

    "Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d'une relation apaisée et puissent regarder vers l'avenir", a déclaré M. Le Drian à la presse après avoir rencontré le président Abdelmadjid Tebboune. "Nous souhaitons que le dialogue que nous relançons aujourd'hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022, au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face au regard des malentendus qu'il nous revient de dépasser", a-t-il ajouté. Il a aussi affirmé que l'Algérie était "un partenaire essentiel pour la France sur le plan bilatéral mais également sur le plan régional". "La France et l'Algérie font face ensemble à des défis majeurs dans un environnement régional et international incertain. Nous devons être en mesure de proposer des réponses opérationnelles aux défis que représentent le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l'émigration clandestine ainsi qu'aux enjeux de développement économique", a-t-il dit.
    "Sur tous ces sujets et parce que nos intérêts sont communs, notre concertation est primordiale et c'était le sens de ma présence aujourd'hui à Alger", a poursuivi le ministre français.

    Les autorités algériennes n'ont fait aucun commentaire sur la teneur des entretiens avec M. Le Drian, qui a également rencontré son homologue algérien Ramtane Lamamra.

    "Mission délicate" 


    Le président Emmanuel Macron avait déclenché l'ire d'Alger en octobre en accusant, selon des propos rapportés par le quotidien français Le Monde, le système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle" autour de la guerre d'indépendance et de la France, ancienne puissance coloniale, et ce alors que Paris a engagé des travaux pour tenter d'apaiser cette question mémorielle en France. D'après le quotidien, il s'était également interrogé sur l'existence d'une "nation algérienne" avant la colonisation française, suscitant de vives réactions dans la société algérienne.

    En signe de protestation, l'Algérie avait rappelé son ambassadeur à Paris le 3 octobre et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel.

    Le président français a depuis fait part de ses "regrets" devant la polémique engendrée et s'est dit "fortement attaché au développement" de la relation bilatérale.

    "Face au blocage dans ses relations avec Alger, le président Macron a chargé son ministre des Affaires étrangères d'une mission délicate : retour à une +normalité+ avec l'Algérie, contrer les tensions existantes et renouer le dialogue politique avec les autorités algériennes", a estimé dans un tweet Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Suisse).

    La présidence française avait fait savoir le 9 novembre que M. Macron "regrettait les polémiques et les malentendus" avec l'Algérie et assurait avoir "le plus grand respect pour la nation algérienne" et "son histoire". Le chef de la diplomatie algérienne avait salué ces déclarations "manifestant du respect" envers son pays et s'était rendu à Paris pour assister à la conférence sur la Libye.

    "Partenariat ambitieux" 

    Le chef d'Etat algérien avait prévenu début novembre qu'il ne ferait pas "le premier pas" pour tenter d'apaiser les tensions avec son homologue français avant d'envoyer le signe d'une possible détente en prédisant "un retour à la normale" des relations avec la France à condition qu'elles se fassent sur une base d'"égal à égal".

    Les relations entre Paris et Alger ont connu de nombreuses turbulences. La dernière crise aussi grave date du 23 février 2005 quand le Parlement français avait adopté une loi reconnaissant "le rôle positif de la colonisation".

    La visite de M. Le Drian survient alors qu'approchent des anniversaires importants, comme ceux des accords d'Evian du 18 mars 1962 mettant fin à la guerre d'Algérie. Le président Macron a multiplié les initiatives mémorielles, dans une démarche inédite en France pour tenter d'apaiser la mémoire de ce conflit qui touche encore des millions d'habitants. Il a commandé à l'historien Benjamin Stora un rapport sur la question et fait plusieurs gestes symboliques en direction de l'Algérie comme la restitution de restes de combattants indépendantistes du XIXe siècle ou la reconnaissance de l'assassinat de l'avocat algérien Ali Boumendjel en 1957. Il a aussi dénoncé pour la première fois des "crimes inexcusables pour la République", à l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre par la police française de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris.

    SOURCE : https://www.lorientlejour.com/article/1284083/le-drian-a-alger-mercredi-pour-relancer-la-relation-franco-algerienne.html 

     

     

    Il parle comme un livre mais il manque des pages !

    Le point de vue de Jacques CROS

     
    Il parle comme un livre mais il manque des pages !

     

     

    Il s’agit de Le Drian, notre ministre des affaires étrangères. En cette veille du 60ème anniversaire du cessez-le-feu en Algérie il appelle à l’apaisement sur les deux rives de la Méditerranée. On ne pourrait que souscrire à de telles perspectives. Sauf que…

    Personnellement je n’ai aucun contentieux avec les Algériens. J’en ai par contre avec les dirigeants de la France qui m’ont volé vingt-six mois de ma jeunesse me mettant dans une situation proprement absurde. Qu’avais-je à voir avec ce conflit anachronique qui se déroulait à plus de mille kilomètres de chez moi ? Une guerre injuste et sans autre perspective que l’indépendance d’un pays que nous avions conquis et maintenu sous notre domination par la force armée !

    Alors si on veut se réconcilier il faut reconnaître ses torts. Quelles étaient les conséquences pour les autochtones du colonialisme qu’on avait instauré comme mode de fonctionnement de la société en Algérie ? Un jugement avait été porté par Macron alors candidat à la présidence de la République le colonialisme est un crime contre l’humanité.

    Il n’est pas repris par son ministre des affaires étrangères. Celui-ci fait également l’impasse sur les exactions d’une guerre menée  pour perpétuer un tel système. A partir de là son appel à l’apaisement n’a aucune chance d’être entendu. Et ce par les Algériens ou les autres victimes de notre politique coloniale. Parmi celles-ci on n’oubliera pas les appelés du contingent qui ont au mieux perdu une partie de leur existence dans cette affaire.

    Du côté de Macron c’est un pas de deux qui nous est dansé. A l’opposé de déclarations auxquelles nous souscrivons il y a des initiatives que nous réprouvons sans restriction.  La présence de la ministre déléguée aux anciens combattants à la cérémonie pro-OAS devant le mémorial du Quai de Branly le 26 mars 2021 en est une. Son communiqué lors du 5 décembre de la même année en est une autre.

    L’opération politicienne de séduction en direction des harkis s’inspire de la même volonté de faire des concessions aux tenants des nostalgériques de l’Algérie française. Idem avec les dispositions prises contre le libre accès aux archives de cette période douloureuse de notre histoire.

    La vérité exige une position sans ambiguïté concernant ce qu’a été notre passé et ce qu’est notre présent. Le Drian, pas plus que Macron, ne se place dans le droit fil de la franchise qui permettrait une réconciliation nationale et internationale claire qui est souhaitable.

    Jacques CROS

     

     

     


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    Tortures françaises en Algérie :

     Quand l’ignominie porte un nom

    Tortures françaises en Algérie : Quand l’ignominie porte un nom

    La France, chantre des droits de l’Homme, a érigé en Algérie, un système institutionnalisé et loin d’être une «dérive ou un aléa de la guerre», en l’occurrence la torture, où la barbarie le disputait à l’horreur.

    [Les paradoxes de l'histoire ont voulu que l'un des pays les plus sanguinaires de l'histoire humaine, la France, soit aussi l'un des défenseurs des droits de l'homme, ou du moins ce que laisse croire une image entretenue au fil des décennies après l'ère coloniale, où les victimes innocentes se comptent par milliers. 

    Le jour de la célébration de la déclaration universelle des droits de l'homme, dont la France se veut l'un des pionniers, l'agence Anadolu partage avec ses lecteurs, dans sa série sur les crimes commis par la France pendant l'ère coloniale, un article illustrant un aspect de ces crimes commis pendant près d'un siècle et demi, à savoir les tortures et les massacres perpétrés en Algérie. 

    Le pays des "libertés et des lumières" ne s'est jamais excusé de ces crimes.]

    « Le berceau des droits et des libertés et la Patrie des Lumières » sont deux hyperboles pour désigner la France qui a été le théâtre, le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot à Paris, de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

    Depuis, la date symbolique du 10 décembre est devenue la Journée durant laquelle la Communauté internationale célèbre les droits de l’Homme.

    Le choix de la France pour la signature et l’adoption d’une résolution phare de l’Assemblée générale de la naissante ONU était-il judicieux et pertinent ? L’Empire colonial français, avec ses lots de violations de ces mêmes droits de l’Homme, et son palmarès tristement célèbre en la matière, dans le continent africain, en particulier en Algérie, n’avait-il pas empreint à jamais ce pays du sceau de la honte ?

    En effet, et bien que les exactions, dont la barbarie le disputait à l’horreur, furent perpétrées par la France, indifféremment en Indochine, en Afrique subsaharienne et au Maghreb, il n’en demeure pas moins que c’est en Algérie, pays colonisé pendant un siècle et un tiers de siècle et annexé à la Métropole, où la France a fait le plus étalage de sa sauvagerie.

    De la baignoire et la corvée de bois à la gégène et au sérum de vérité en passant par les viols, les pendaisons, l’arrachage d’ongles, la guillotine, l’emmurage et les enfumades, la France a doublé d’ingéniosité pour inventer et sophistiquer des méthodes de torture, aussi abjectes les unes que les autres.

    De nombreux spécialistes et historiens, aussi bien algériens que français, ont traité dans leurs écrits et recherches de cette question, qui demeure, six décennies environ après l’indépendance de l’Algérie arrachée au prix fort, une plaie ouverte en attente d’un mea culpa de l’Hexagone, qui tarde à être fait, malgré quelques tentatives timides mais hélas étouffées et tuées dans l’œuf.

    Mahfoud Kaddache, un des plus éminents historiens algériens (1921-2006) a, en évoquant ce sujet, dit que « La France doit assumer son passé devant le tribunal de l’Histoire ».

    « Quand on parle de torture (française) pratiquée en Algérie, il ne faut pas sous-entendre celle liée seulement à la Guerre de Libération (1954-1962), la torture a existé en Algérie depuis le début de la conquête française en 1830 », a relevé l’historien, auteur entre autres de « L’Algérie des Algériens, Histoire de l’Algérie 1830 – 1962 » et « L’Algérie durant la période ottomane ».

    Ces exactions généralisées dans le temps ne se limitent pas à la torture mais s’étendent aux massacres et aux tueries, dont les plus célèbres furent celles de Sétif – Guelma -Kharrata, en mai 1945, lorsque des dizaines de milliers d’Algériens désarmés, sortis réclamer pacifiquement leurs droits les plus élémentaires, ont été assassinés par l’armée coloniale.

    Nombre d’experts et de spécialistes de la question estiment, à juste titre, qu’à côté des célèbres 1,5 million de martyrs tombés dans le champ d’honneur durant la Guerre de libération qui a duré plus de sept ans et demi, les pertes algériennes, humaines s’entend, s’élèvent à 6 millions de morts, moins connus, durant les 132 ans de colonisation.

    De son côté, l’historien français Pascal Blanchard a souligné dans ses écrits que « la torture ne fut pas seulement liée à des situations de conflit, mais elle fut consubstantielle de la colonisation » de l’Algérie.

    Pascal Blanchard, un historien spécialiste de l'Empire colonial français, d'études postcoloniales et d'histoire de l'immigration, relève que « La torture en Algérie, qui est inscrite dans l’acte colonial, elle est l’illustration ‘normale ‘ d’un système anormal ».

    Il a ajouté que « la torture n’est pas une dérive ou un aléa d’une guerre » mais il s’agissait plutôt selon lui d’une politique institutionnalisée et d’une pratique systématique, ce qui le pousse à s’interroger, en l’absence d’excuses officielles de la France de ses pratiques : «Pourquoi alors l’histoire et la mémoire coloniales restent-elles un point aveugle de notre inconscient collectif ?».

     

    SOURCE : https://www.trt.net.tr/francais/afrique-asie/2020/12/10/tortures-francaises-en-algerie-quand-l-ignominie-porte-un-nom-1543189 

     

    N’oublions pas ces livres références :


     

    Tortures françaises en Algérie : Quand l’ignominie porte un nom

    Tortures françaises en Algérie : Quand l’ignominie porte un nom

     

    Raphaëlle Branche 

    La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie

     (1954-1962)

    Collection La Suite des temps, Gallimard

    Parution : 12-09-2001

    La torture pratiquée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie a marqué durablement la mémoire nationale, au point de ne cesser de revenir dans l'actualité, souvent pour y nourrir des affrontements ou des scandales.
    Loin des polémiques, le livre de Raphaëlle Branche éclaire comme jamais auparavant les mécanismes de la torture, qui trouvent leur origine dans le racisme colonial et les méthodes héritées de la guerre d'Indochine.
    Grâce à des archives publiques enfin ouvertes et des témoignages de soldats et d'officiers, Raphaëlle Branche analyse, outre le fonctionnement de l'institution, les gestes des tortionnaires, le discours et les ressorts de l'autojustification ainsi que l'engrenage de la violence individuelle et collective face aux fragiles barrières de la conscience ou de la morale.
    En toile de fond apparaissent les responsabilités du pouvoir politique et les échos parvenus à l'opinion publique tout au long d'une guerre qui ne voulait pas dire son nom.
    Le livre de Raphaëlle Branche restitue ce pan dramatique de l'histoire en mêlant un travail d'archives inédit et des enquêtes auprès des témoins, dans une étude serrée qui se nourrit d'anthropologie comme d'histoire politique.

     

    Tortures françaises en Algérie : Quand l’ignominie porte un nom

    La torture a été officiellement abolie en France en 1788. La Révolution n'en usa pas, ni l'Empire. En 1959, pourtant, quatre étudiants portaient plainte à Paris, pour avoir subi la question des mains de policiers en service, rue des Saussaies, à deux pas de l'Elysée. Encore ne représentaient-ils qu'un cas parmi les milliers qu'on aurait découverts au même instant dans ces départements français que formait alors l'Algérie. Comment en était-on arrivé là ? Historien, Pierre Vidal-Naquet est animé d'une passion, celle de la justice. Il démonte ici la logique d'un système qui, une fois mis - ou plutôt remis - en marche, est bien difficile à bloquer. Comme il paraît tentant en effet, lorsqu'on est persuadé d'avoir raison, d'user de sa force pour écraser le " rebelle " désarmé ! Raison d'Etat. C'est précisément contre cette forme de régression que les hommes ont inventé le droit. On voit dès lors où se situe le combat véritable, et comment, même gagnées, les " batailles d'Alger " sont toujours des défaites.

     

     

     


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  • Agde - L’hommage aux morts de la Guerre  d’Algérie et du conflit du Maroc  et de la Tunisie "Comme cet article est orienté et comporte des erreurs et des mensonges"

     

    Comme cet article comporte des erreurs et des

    mensonges je le dédie à Mme Geneviève Darrieussecq

    ministre déléguée auprès de la ministre des Armées

    chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants

    qui n'a pas dit mieux à Paris

     

    La guerre d’Algérie s’est terminée le 5 décembre ? MENSONGE !!! Seuls les pieds-noirs en ont subi les conséquences ? MENSONGE!!! Deux toutes petites lignes consacrées aux militaires du contingent : COMME SI VOUS N’EN N'AVIEZ RIEN A FAIRE DE CEUX-LA… Et l’OAS elle n’a pas existé ? Les pieds-noirs ont vécu en fraternité avec les Algériens ? Quelques-uns seulement, car les communautés s’ignoraient et dont l’une était très dominatrice est très privilégiée… Vous êtes fiers de votre histoire… NOUS AVONS HONTE DE LA FRANCE COLONIALE EN ALGERIE… Alors nous allons vous répondre VOUS LES FALSIFICATEURS DE L’HISTOIRE… Commençons par lire votre torchon...

     

    Agde - Commémoration : L’hommage

     aux morts de la Guerre d’Algérie

     et des conflits du Maroc et de la Tunisie 

    Comme chaque 5 décembre, la cérémonie d’hommage a pris devant le monument aux morts, par un dépôt de gerbe côté Sud où se trouve la stèle commémorant les morts pour le conflit d’Afrique du Nord. Etaient présents nombre de personnalités parmi lesquelles le Maire d’Agde Gilles D’Ettore, Sébastien Frey, Premier Adjoint et Conseiller Départemental, Robert Craba, Adjoint au Maire délégué aux Associations Patriotiques et Président de l’Amicale des Français d’Afrique du Nord, Charlotte Nouet, Commissaire de Police d’Agde, Nicolas Amouret, vice-Président de l’Union Nationale des Combattants section Agde, ainsi que des représentants des organisations patriotiques et des porte-drapeaux.  

    Après les dépôts de gerbes, suivis de la Marseillaise et du chant « C’est nous les Africains», Robert Craba a pris la parole pour évoquer les terribles conséquences et actes de cette guerre dont « nous savons qu’elle ne s’arrêta pas le jour du cessez-le-feu, mais qu’elle se poursuivit, avec combien de douleurs et parfois, d’horreur. La guerre d’Algérie, fut une guerre terrible. Elle a eu ses morts civils et militaires (…), elle a eu ses blessés, elle a causé d’immenses souffrances, elle a laissé dans nos mémoires des cicatrices profondes. Ces Français d’Algérie : les pieds-noirs, qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes, ils ont soigné, ils ont éduqué, ils ont cultivé la terre, ils ont construit et modelé l’Algérie contemporaine. Non, l’immense majorité d’entre eux n’étaient pas des colons arrogants, c’était des braves gens. Ils durent tout quitter : les paysages qui les avaient vu grandir, les maisons qu’ils avaient construites, tout ce qu’ils aimaient et dont ils seraient désormais privés.  Nous pensons aussi, avec émotion à leur famille, à leurs proches. Nous leur devons respect et reconnaissance ». 

    Nicolas Armouet a mis en balance dans son allocution, par de petites touches évocatrices, la vie constructive des Français d’Algérie face à  l’horreur des massacres perpétrés : «ils étaient des instituteurs», « il a été abattu parce qu’il apportait la paix, l’instruction et la prospérité dans les villages», mais aussi l’attachement à la France pour ces gens de toutes origines sur ce sol : «Walter», «Jean-Claude», «Pierre», «Ahmed» ou encore «Ali, né de l’amour d’une Algérienne et d’un Européen, tué à 7 ans parce qu’il était le fils d’un étranger. Saluons le sacrifice de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants au destin brisé ». 

    Le Maire d’Agde Gilles D’Ettore a ensuite pris la parole, soulignant pour sa part que «cette cérémonie du 5 décembre vient rappeler que les combats ont officiellement pris fin à cette date. Cette cérémonie nous rappelle aussi à quel point nos frères pieds-noirs et harkis ont souffert après cette date. Ils ont dû être arrachés à leur terre natale alors qu’ils avaient fait une œuvre civilisatrice de plus de 130 années en Algérie. Je suis là pour leur rappeler toute la solidarité de notre Ville d’Agde qui est très fière et heureuse de les avoir accueillis et aujourd'hui de les compter parmi nous comme des âmes bienfaitrices pour notre cité. Ce que dit Robert Craba, mon ami, et Président de l'amicale des Français d’Afrique du Nord, est tout-à-fait vrai. Les Français ont amené la civilisation. Ils ont permis à tout un peuple de franchir les étapes pour construire des ponts, des écoles, drainer des marécages, faire en sorte que les terres soient cultivables… N'oublions pas qu'aujourd'hui ce pays est totalement fermé à toute visite d’étranger. N’oublions pas, non plus, que la France a depuis accueilli beaucoup d'Algériens et que certains aujourd’hui se prêtent à des activités plus que déplorables.  Cessons de nous battre la coulpe, soyons fiers de notre histoire.  N'oublions pas que tous ces pieds-noirs étaient avant tout des gens de condition modeste qui étaient partis là-bas, qui ont vu plusieurs générations, les unes derrière les autres transmettre les valeurs de République. Ces pieds-noirs ont combattu aux côtés de leurs frères dans les deux guerres mondiales 14-18 et 39-45. Voilà le message que nous devons aujourd'hui dire à notre jeunesse ; un message positif de fraternité parce que les pieds-noirs ont vécu en fraternité avec les Algériens. C’est une vérité importante à dire à nos jeunes. Nous sommes là également pour rendre hommage aux morts durant ce conflit, à ceux qui ont fait un service militaire long et qui en ont payé le prix fort. Nous avons une pensée émue pour eux ». 

     


       

     

    La-rue-d-Isly-en-1957.jpg

    La rue d'Isly à Alger en 1957

    La France de votre enfance (l’Algérie française) vous l’a décrivez ainsi... sauf que...

    « Faut-il rappeler que sur un territoire sinistré, les pieds-noirs ont ouvert des routes, ont construit des villages puis des villes, ont défriché, ont ouvert les grandes voies de communications et ont contribué à façonner le pays. Puis la conquête de l’Algérie a été celle des instituteurs, des médecins, des ouvriers et des paysans qui ont contribué au développement et à la pacification d’une Algérie exsangue. La France n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait là-bas ! »

    Puis votre nostalgie prend le dessus et vous écrivez :

    « Depuis mon départ, il ne s'est pas passé un seul jour sans que mes pensées volent vers toi. Je revois avec émotion et ravissement tes rues inondées de soleil, tes maisons aux murs blancs, tes plages au sable chaud. J'entends encore le bruit des vagues contre les rochers, les cris des enfants jouant dans la rue et celui des hirondelles volant dans un ciel d'azur.

    Je voudrais pouvoir encore m'enivrer du parfum sublime des fleurs d'orangers, de citronniers, de jasmin, d'acacia, froisser entre mes doigts des feuilles d'eucalyptus, mâcher une caroube, m'asseoir enfin à l'ombre d'un figuier ou d'un néflier. Je voudrais encore pouvoir caresser le sable d'or du Sahara, contempler la beauté majestueuse des dunes du désert et la splendeur des palmeraies.

    Je sens toujours ton soleil éclatant sur ma peau, le goût salé de l'eau de mer sur mes lèvres. Je m'étire, je respire doucement et m'abandonne pour m'imprégner complètement de tes saveurs et de tes richesses.
    Alors je me sens revivre, mon cœur bat plus vite et se remplit d'espérance car tu es ma vie, mon refuge. »

    Mais la France de votre enfance ce n’était pas que cela !!!

    Le maréchal Lyautey proclamait : « Faire des maisons, construire des villes, dessiner des routes, c’est bien, mais il faut aussi élever les âmes de ceux à qui on les destine... Il faut faire de l’urbanisme jusqu’au cœur des hommes... Libérer l’homme de l’inégalité politique, de l’ignorance, du logement insalubre, de la maladie, de l’inégalité sociale et du chômage, telle est la mission que la France entendait remplir en Algérie. »

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    Après tout ce que nous avons fait

    pour eux ! 

    C’était un argument avancé au moment de la guerre d’Algérie pour condamner ceux qui avaient pris les armes pour leur libération du joug colonial. Et ce alors que la France et les Européens avaient mis le pays en valeur, créant les infrastructures nécessaires à sa modernisation ! Des routes, des voies ferrées, des ponts, des barrages, des écoles, des hôpitaux, des bureaux de Poste… que sais-je encore, avaient été construits par la puissance coloniale !

    L’idée a refait surface des années plus tard et Georges Frèche, a créé à Montpellier un musée de la présence française en Algérie.

    Aujourd’hui Marine Le Pen en remet une couche en vantant les mérites de la colonisation. On est presque en droit de s’interroger : les Maghrébins à qui nous apportions les bienfaits de la civilisation n’étaient-ils pas quelque part un peu masochistes de refuser ce bonheur clé en main ? J’ai extrait d’un livre de dessins de Jean Effel que mon frère m’avait offert il y a une vingtaine d’années celui qui illustre le présent article. On y voit deux colons et un militaire suant sang et eau pour construire une route tandis qu’un indigène regarde leur travail à l’ombre d’un palmier en reniflant le parfum d’une fleur ! Il ne me semble pas nécessaire de développer davantage ! 

    Jacques CROS

    Deux sociétés juxtaposées.

    Alain Ruscio - Historien

    Le 19 mars 1962, l'Algérie et la France connaissaient leur première journée de paix depuis... 132 ans ! Cette affirmation peut surprendre.

    Et, bien sûr, il n'est pas question d'affirmer ici que l'Algérie a été, en permanence et dans chacun de ses douars, à feu et à sang.
    Il y eut des moments d'affrontement : la phase que bien des historiens appellent la première guerre d'Algérie, entre la conquête de 1830 et la reddition dans l'honneur de l'Emir Abd el Kader (1847), le soulèvement massif de Mokrani en 1871, les affrontements du Constantinois en 1945, enfin la seconde guerre d'Algérie, plus connue, de 1954 à 1962.
    Il faut bien être conscient de la violence de ces guerres.

    Oh, certes, les thuriféraires du colonialisme évoquent, aujourd'hui encore, celle des colonisés. Mais ils oublient deux choses. D'abord que ces actions furent une réponse à la violence fondamentale que représenta la conquête, puis l'établissement de la soi-disant paix française. Ensuite, la supériorité technique des Français fut toujours et partout écrasante, que ce soit grâce aux fusils Chassepot du début de cette histoire ou au napalm durant les années de guerre de 1954 à 1962.

    Mais même hors de ces moments de paroxysme, la paix n'a jamais existé dans les coeurs.

    Il faut dire que le racisme le plus dégradant a trop souvent été la principale idéologie de bien des Français d'Algérie. En témoignent mille faits, mille mots blessants (il n'est pas utile de reproduire ici le vocabulaire raciste, mais chacun l'a, hélas, encore en tête).
    Trop souvent, le seul contact entre les membres des deux communautés furent ceux de supérieur à subordonné, quand ce ne fut pas de maître à domestique.
    Que savaient les Français d'Algérie des indigènes, comme ils disaient? Neuf sur dix ne connaissaient pas la langue arabe, encore moins le kabyle.
    Au travail, si les deux communautés se côtoyaient certains donnaient des ordres, les autres les recevaient, apparemment soumis.
    Que pouvaient bien avoir à se dire, dans les champs, le colon et le fellah? Que pouvaient bien se dire dans les usines, le contremaître (99 fois sur 100, un Européen) et le manœuvre (toujours des indigènes)? Ou, dans les bureaux, le cadre européen et l'employé aux écritures : musulman?
    Dans les quartiers? Dans certains, les enfants pouvaient jouer ensemble, jusqu'à un certain âge.
    L'école, c'était plus rare, puisque tous les enfants européens étaient scolarisés, contre, en moyenne, un enfant musulman sur dix.
    Par la suite, insensiblement, les préjugés l'emportaient.
    Dès l'adolescence et, a fortiori, à l'âge adulte, une cloison étanche séparait les deux communautés (plus d'ailleurs, car à l'intérieur de chacune il y avait des sous divisions : Français de souche, Espagnols, Italiens, Maltais chez les Européens. Arabes, Kabyles, Juifs chez les indigènes.) À la maison, les familles ne se fréquentaient pas : trop de différence de niveau de vie (les plus pauvres des Européens - n'évoquons pas les gros colons - avaient tout de même l'eau, l'électricité, un minimum de confort... ce que ne pouvait espérer l'immense majorité des indigènes.), trop de différences de coutumes, de moeurs, de religions. Il était, par exemple, rarissime qu'un enfant d'une communauté épouse un enfant de l'autre. Quels indigènes pénétraient dans les maisons européennes? Les femmes de ménage (uniformément appelées Fatmas, ce qui était une blessure supplémentaire), parfois des ouvriers d'entretien, plombiers ou peintres. C'était à peu prés tout.
    Quels Européens allaient chez les Musulmans? Pratiquement aucun. Car déjà, pour la plupart ces Musulmans vivaient dans des maisons très pauvres, certains dans de véritables gourbis, selon un mot très usité à l'époque, d'autres même dans les bidonvilles.
    Il aurait fallu ensuite, pour le faire, un sacré sens de l'anticonformisme, il aurait fallu braver les regards et les «ont-dit » des autres Européens.
    Dans la rue? Là encore, les deux communautés se côtoyaient sans se parler. Il y avait un phénomène bien connu, et du reste généralisé à toutes les colonies, des quartiers européens et des quartiers musulmans. Les européens n'allaient pratiquement jamais dans les quartiers musulmans.

    Un Algérois pouvait passer sa vie dans la capitale sans jamais avoir mis les pieds dans la Casbah, par exemple. A contrario, il y avait quelques indigènes pour fréquenter les quartiers européens.

    Quelques promeneurs, quelques Arabes évolués (vilain mot de l'époque coloniale), qui venaient acheter des produits et vêtements modernes. Mais la plupart venaient pour y travailler : les femmes de ménage ou les ouvriers, déjà cités, se rendant à leur travail, quelques employés de cafés et restaurants, les inévitables cireurs de souliers, au labeur dès l'âge de 5 ans. Il pouvait bien y avoir, parfois, des contacts. Beaucoup évoquent les traversées des villes en tramways. La cohabitation s'y faisait cahincaha mais n'empêchait pas les heurts : telle femme voilée adulte, interpellée par un jeune Européen, la sommant de donner sa place assise, tel autre Européen en faisant à voix hautes des remarques désobligeantes sur les odeurs... Le grand écrivain Kateb YACINE raconte une expérience vécue: « Dans un tramway, en 1950, l'Européenne de Bab el Oued, avec son lourd  couffin. A ses mains, à ses rides, la façon dont elle tient son bébé, son effarement encore souriant, on voit que cette jeune femme a eu déjà plusieurs enfants, qu'elle travaille dur, mais n'ignore pas la joie. On lui accorde immédiatement un préjugé de sympathie. Quant à son voisin, c'est l'Arabo-Berbère passé par un heureux hasard sur les bancs d'une école. Gravement moustachu, vêtu d'un bleu de chauffe, il dévore son journal.
    Et tous deux coexistent au soleil des grands jours, un soleil justicier. On dirait d'eux, à première vue, qu'ils sont l'incarnation d'une Algérie paisible et fraternelle, celle de l'avenir. Mais le bébé n'est pas content. Il crie, il se démène, et sa mère le gronde, toujours en souriant :
    - Tais-toi, ou bien l'Arabe va te manger.
    - Non, Madame, les Arabes ne mangent pas de cochon.

    Il a suffi de quelques mots. Le vieux tramway de l'Algérie française roule vers la catastrophe.» Il existe, fort heureusement, des exceptions.
    De tous temps, il y eut, en Algérie, des Européens respectueux, ouverts à la diversité humaine et culturelle. Certains traduisent cela par la littérature (on pense à Isabelle Eberhardt), d'autres par l'oeuvre picturale (les tableaux d'Etienne Dinet), d'autres par leurs activités professionnelles (bien des médecins de campagne, la majorité des instituteurs, véritables héros des temps modernes, mais disposant de si peu de moyens), d'autres enfin par la charité (quelques religieux et religieuses qui n'étaient pas liés au système)...
    Il faut faire ici une place à certains Européens d'Algérie qui choisirent le combat politique. C’étaient les « Internationalistes »
    Leur stratégie n'a pas toujours été en adéquation avec la réalité. Mais il reste qu'ils ont dénoncé les atteintes aux libertés et les violences de l'ère coloniale, qu'ils ont tenté, avec d'autres, de tracer la voie vers la sortie du colonialisme. Surtout, il faut souligner une spécificité : ils ont été les seuls de toute l'histoire coloniale française (et peut-être mondiale) à réunir en leur sein des militants de toutes origines (Européens, Musulmans, Juifs), peu leur importait, ils étaient tous des Internationalistes… mais, hélas, ils n'ont pas été entendus. La société fraternelle qu'ils préconisaient n'a jamais vu le jour.
    A la place s'est imposé une société à deux ou même à trois vitesses.
    Augustin BERQUE, le père du grand orientaliste, disait naguère, que les Indigènes et les Européens, n'étaient pas associés mais «juxtaposés ».

    La France de votre enfance, telle que vous l'a décrivez... Et l'article de l'historien Alain Ruscio : "Deux sociétés justaposées"

    Alain Ruscio contre les OAStalgiques

    Le chercheur rafraîchit les mémoires sur les ignominies de l’armée secrète

    Il y a le sourire de Robert Ménard, maire de Béziers, quand il débaptise, au milieu du mois de mars 2015, la rue du 19 mars 1962, date des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, pour dévoiler la plaque de la rue Commandant-Denoix-de-Saint-Marc. Et puis il y a ses mots : «Notre paradis à nous, comme disait et dit toujours ma mère.»

    Passons sur l’ancien commandant du 1er Régiment étranger de parachutistes, admirable pendant la Seconde Guerre mondiale, respectable en Indochine et misérable en Algérie quand il participe à la bataille d’Alger et au putsch des généraux en retraite, qui n’étaient pas 25, un quarteron, mais quatre : Salan, Jouhaud, Challe et Zeller.

    Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS devrait rafraîchir les mémoires. «Notre paradis… ma mère», toute la guerre tient en quatre mots pour les nostalgiques. Après, il y a les chiffres et l’histoire d’un mouvement qui passera alternativement de l’horreur absolue à la bêtise, du ridicule à l’ignominie. Alain Ruscio dresse un bilan de ceux qui rêvaient de se mettre dans les pas de Franco marchant sur Madrid, pour conquérir Paris. Les chiffres : 15355 attentats, faisant 1622 morts (239 Européens, 1383 musulmans), entre mars 1961 et avril 1962, au nom du paradis que représentait l’Algérie pour quelques militaires en rupture de ban et des «braves gens» pour reprendre une expression du Canard enchaîné pour désigner des hommes de main.

    «Le 15 mars 1961, un commando armé envoyé par Roger Degueldre, dirigé par deux chefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade, et comprenant Félicien "Kiki" Gardiola, "Petit Vincent", "Pierrot la Grue", "Jeannot" Martinez, fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould-Aoudia.» Voilà l’affaire dite du Château-Royal, au cours de laquelle ces «braves gens» règlent leur compte aux dirigeants des centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillion. Des méthodes si proches de l’attentat contre Charlie Hebdo. Pourquoi ? Ils répondaient à la violence du FLN et des «barbouzes» gaullistes. Sans doute, mais le niveau de haine - réciproque - touche à l’indicible. Le 19 février 1962, Francine Dessaigne, partisane de l’Algérie française, rend compte d’une opération : «Hier à midi, un commando OAS a tiré sur une voiture qui sortait de l’hôpital Maillot. Il y avait quatre barbouzes. La voiture a pris feu […]. Un cercle s’est formé. On a regardé se consumer le véhicule et ses occupants dont certains n’étaient que blessés […]. Qui n’a jamais dans sa vie tué des rats ou brûlé des scorpions.»

    L’imbécillité avait sa place aussi, comme le rappelle Alain Ruscio : «En février 1962, le siège des Editions sociales françaises, maison totalement apolitique spécialisée dans les publications de droit du travail, fut plastiqué à la place des Editions sociales, émanation du PCF… En mars, l’appartement d’un certain M. Léon, journaliste à la retraite, fut à son tour détruit, le commando l’ayant confondu avec Georges Léon, critique musical à l’Humanité…» A force de se tromper de cible et de méthodes, les plastiqueurs de l’OAS vont perdre tout soutien populaire, comme en témoignent les résultats aux référendums de janvier 1961 (74,9% des suffrages approuvent l’autodétermination) et d’avril 62 (90,8% en faveur de la ratification des accords d’Evian). Bilan de l’OAS, qui voulait rendre coup pour coup au FLN, mettant un terme à tout espoir de cohabitation entre les «indigènes» et les «Européens» : la guerre totale promise par des officiers qui avaient choisi de désobéir se transformait en une défaite totale.

    En voulant aller contre l’histoire - le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé par le général de Gaulle -, les amis de Jean-Marie Le Pen, que l’on croise une douzaine de fois dans le livre d’Alain Ruscio, opposaient la force de quelques-uns à la volonté populaire. Ils auraient dû lire Alexis de Tocqueville qui écrivait en 1830 : «La société musulmane et la société chrétienne n’ont malheureusement aucun lien, elles forment deux corps juxtaposés, mais complètement séparés […]. Tous les jours cet état de choses tend à s’accroître par des causes contre lesquelles on ne peut rien.» Dire notre «notre paradis à nous», c’est encore naviguer entre le ridicule et l’ignoble pour faire plaisir à sa maman, sans rien avoir appris de l’histoire.

    Philippe DOUROUX

     

    Alain Ruscio écrit après avoir pris connaissance de cet article :

    Merci de l’honneur que vous me faites en citant mes travaux.
    Le combat mémoriel n’est jamais achevé ! Mais nous ne lâcherons rien.

    Amicalement

    Alain

     


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    " Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute " Alphonse Lamartine

    " Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute " Alphonse Lamartine

    Dimanche 5 décembre 2021, un repris de justice, récidiviste, s'est exprimé, condamné à plusieurs reprises pour des propos haineux raciaux, en 2014 il a écrit dans un journal italien qu'il voulait déporter 5 millions de musulmans. En 2021 il a rappelé son projet abjecte.

    Si par malheur il était élu président de la République, car il est candidat, cet anti républicain homophobe, raciste, misogyne, déclencherait une guerre civile assurée. Refusons cette terrible éventualité.

    Attentats de Paris en 2015 au Bataclan : Une mamie pleine de bon sens… son avis c’est aussi le mien :

     

    Michel Dandelot

     

    En 2014 Eric Zemmour songeait déporter 5 millions

     de musulmans français

    Dans un entretien passé inaperçu en France au "Corriere della Sera", le «polémiste» de droite extrême envisage une manière radicale de stopper un « grand remplacement » fantasmé.

    " Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute " Alphonse Lamartine

    Déporter 5 millions de musulmans français ? Réponse de Zemmour, nostalgique : "Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante."Photo AFP

    Le 30 octobre 2014, interrogé par le Corriere della Sera, Eric Zemmour « se lâche » en laissant entendre que les musulmans de France peuvent être déportés.

    Zemmour commence fort, suggérant un « remplacement de population » dans les « périphéries », comme il l’avait fait sur RTL pour Bagnolet (Seine-Saint-Denis) : « Les musulmans ont leur code civil, c'est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller. » A ce stade, le journaliste sursaute : « Mais alors que suggérez-vous de faire ? Déporter 5 millions de musulmans français ? » Réponse de Zemmour, nostalgique :  « Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu’1 million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu'après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? »

    Pour Éric zemmour : "Vivre à la française ? C'est donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple."

    L’évocation d’Eric Zemmour, qui prend bien garde de ne pas reprendre lui-même le terme de « déportation » mais ne nie pas l’expression, prend place dans son imaginaire personnel développé dans son succès (dans les milieux réactionnaires) de librairie Un suicide français. Car la France se dirige « vers le chaos », dit-il au journaliste italien. « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent vivre à la française. » C’est bien la théorie du « grand remplacement » chère à l’écrivain Renaud Camus et reprise depuis par les ténors de l’extrême droite qui est ici mise en avant. Suffira-t-il de « vivre à la française » pour éviter la « guerre civile », semble se questionner Zemmour ? Et d’ailleurs, lui demande son intervieweur, « que signifie : vivre à la française ? » Le polémiste BBR est catégorique : « donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple. Blaguer au café, faire la cour aux filles. Aimer l’Histoire de France et se sentir dépositaire de cette Histoire et vouloir la continuer, je cite ici Renan. »

    Rien à voir avec le Front national, promet Zemmour. Mais sur des paroles et une musique de Marine Le Pen, le même petit refrain lancinant chanté par l’omniprésente voie de la vraie droite nostalgique. Il accomplit là non pas une tâche d’idéologue – puisqu’il réfute le terme -, mais de répétiteur. Dernière pirouette, histoire de placer une référence italienne de gauche : « Je mène une guerre culturelle, comme le dirait Gramsci. » La guerre, on l’a vu, il la prévoit. Pour la culture, on repassera.

     

    Mes amis algériens commentent 

    Zemmour « président » aux Algériens :

     «Reniez-vous sinon je vous expulse ! »

    " Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute " Alphonse Lamartine

    Eric Zemmour lors de son meeting, ce dimanche. D. R.

    Le candidat à la présidentielle française Eric Zemmour ne pouvait contourner la communauté algérienne dans son meeting de ce dimanche, à Villepinte, dans le nord de Paris. Accueilli par des manifestations à l’entrée de la salle où s’est tenu son rassemblement, qui a réuni une dizaine de milliers de partisans, dont un grand nombre de jeunes membres d’une organisation identitaire extrémiste, le prétendant à la succession d’Emmanuel Macron, qui promet d’éjecter les socialistes et les républicains du pouvoir, où qu’ils soient, a fait mine de tendre la main aux musulmans de France auxquels il offre la «protection» contre leur «assimilation».

    Eric Zemmour, chauffé à blanc par une assistance surexcitée, n’a pas manqué de glisser le mot «Algériens» entre deux ou trois autres nationalités pour ne pas paraître comme étant particulièrement remonté contre une seule catégorie de binationaux qu’il menace de déchoir de leur nationalité française au cas où ils ne rentreraient pas dans les rangs. C’est clairement à un reniement de leurs origines et de leur culture que l’ancien chroniqueur de CNews, la chaîne qui l’a propulsé jusqu’à se sentir pousser des ailes pour répondre «enfin» à la «demande de son fils» de «passer de la parole à l’acte», a appelé sur un ton martial. «Soit vous agissez comme les juifs et les chrétiens, soit la porte de la France est ouverte» a-t-il dit, en substance.

    «Casser de l’Algérien est l’unique projet de société que propose Eric Zemmour aux Français», résume une source algérienne qui fustige un «acharnement prévisible de celui qui porte une haine incommensurable à l’égard de l’immigration, toute l’immigration sans distinction aucune, quand bien même il a tenté de montrer qu’il distinguait bien entre les bons et les mauvais étrangers». «La France qui doit son essor aux centaines de milliers de Maghrébins, d’Algériens notamment, qui ont contribué à la reconstruction d’une France à genoux au sortir d’un conflit planétaire dans lequel elle a joué un rôle secondaire, qui lui ont servi de chair à canon durant les Première et Seconde Guerres mondiales, doit répondre à cet apport par la sueur et par le sang par un déni total, selon Eric Zemmour», dénonce-t-il.

    Les médias français se sont focalisés sur le discours du politicien novice, reléguant au second plan le meeting que le vieux routier de la politique Jean-Luc Mélenchon venait d’animer entre celui de son rival d’extrême-droite dans la course à l’Elysée et l’annonce de la victoire de Valérie Pécresse à la primaire de droite, bien qu’il ait fait carton plein à la Défense, dans l’ouest de la capitale. Il y a comme une complicité quelque part avec ce nervi qui veut nettoyer la France au Karcher, comme l’avait voulu Nicolas Sarkozy et la droite qu’il incarnait avant lui, si bien d’ailleurs qu’il s’est étonné de la coïncidence entre le lieu de son rassemblement à Villepinte et celui, trente ans plutôt, du RPR de Jacques Chirac qui tenait «exactement» le même discours «anti-immigration» prôné par les ténors de cette obédience «qui étaient tous présents ce jour-là».

    C’est un «prends 10 000 balles et casse-toi» qu’Eric Zemmour veut remettre au goût du jour, quatre décennies après la tentative ratée de Giscard d’Estaing de «foutre dehors» les immigrés devenus encombrants une fois la France reconstruite et placée dans l’orbite des puissances économiques mondiales. Mais c’est surtout des millions de voix qu’il a offertes au candidat sortant, Emmanuel Macron, qui apparaît de plus en plus comme proche d’un second mandat face à des adversaires englués dans un électoralisme vain.

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2021/12/06/zemmour-president-aux-algeriens-reniez-vous-sinon-je-vous-expulse/ 

     

     


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