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    Au Vietnam, contrats et mémoire

     de la guerre d'Indochine

     pour Edouard Philippe

    Le Premier ministre Édouard Philippe à Malzieu-Ville en Lozère, le 26 octobre 2018 ©SYLVAIN THOMAS, AFP

     

    Édouard Philippe se rend de vendredi à dimanche au Vietnam pour un voyage alliant diplomatie économique, avec des "accords commerciaux" attendus, et la mémoire de la guerre d'Indochine, avec un rare passage du Premier ministre français à Dien Bien Phu.

    Le dernier - et jusque-là seul - passage d'un haut responsable français sur les lieux de la lourde défaite de l'armée coloniale remonte à février 1993. Le président Mitterrand était alors venu se recueillir sur ce site symbole de l'acharnement des combats et de la victoire historique du Vietminh communiste en 1954.

    Quand Emmanuel Macron s'est déjà à de nombreuses reprises saisi de la mémoire douloureuse de la guerre d'Algérie, Edouard Philippe, qui se rend à Dien Bien Phu samedi, a souhaité faire, selon son entourage, ce "geste important" venant d'une génération qui n'a pas connu les guerres de décolonisation.

    "Pour aller ensemble avec un pays, il faut regarder le passé de manière confiante et être en paix avec ce passé, même s'il peut être douloureux", souligne Matignon.

    Après 56 jours de combats sanglants, la bataille dans la funeste "cuvette" a pris fin le 7 mai 1954 par la chute du camp retranché, scellant la fin de la présence française en Indochine et l'émergence du Vietnam en tant que nation indépendante.

    Plus de vingt ans de guerre et six décennies plus tard, le pays communiste est devenu une puissance émergente de 95 millions d'habitants, qui comme son grand voisin chinois affiche des taux de croissance de près de 7%. Un marché en fort développement qui borde ce qui s'annonce comme une des grandes zones de tensions du XXIe siècle, la mer de Chine méridionale.

    "C'est un des pays dont on a fait notre priorité", souligne Matignon.

    Avec une part de marché de moins d'1% des échanges commerciaux vietnamiens, la France veut davantage "positionner ses entreprises" au Vietnam. "Le but de cette visite sera de concrétiser des accords commerciaux", même s'ils ne seront pas tous "fermes", précise Matignon. Ils devraient porter sur l'aéronautique, les biens de consommation ou encore l'agroalimentaire.

    Une cérémonie de signatures d'accords est prévue vendredi après-midi entre Édouard Philippe et son homologue vietnamien Nguyen Xuan Phuc, avant un entretien avec le président Nguyen Phu Trong.

    - Tensions en mer de Chine - 

    Le contexte est favorable: s'ils n'excluent pas d'y revenir, les Etats-Unis de Donald Trump ont quitté le traité commercial transpacifique TPP. Le Vietnam, en discussions avancées avec l'Union européenne pour un accord de libre-échange, cherche de nouveaux partenaires.

    Face aux revendications territoriales de Pékin en mer de Chine du Sud, et la souveraineté contestée des archipels Spratleys et Paracels, Hanoï est également dans une phase de rapprochement avec les puissances occidentales, même si la Chine communiste reste son partenaire incontournable.

    La France, a fortiori depuis l'élection d'Emmanuel Macron, cherche elle à renforcer un axe "indo-pacifique", avec l'Inde, l'Australie ou encore le Japon.

    Le dossier de la "mer de l'Est", comme elle s'appelle au Vietnam, "sera au menu des discussions", selon Matignon. La France "ne prend pas parti pour l'un ou pour l'autre mais veut le respect du droit, c'est-à-dire de la liberté de navigation et de circulation".

    Avec la fin du quasi monopole russe, et sur fond de montée des tensions maritimes, Paris lorgne également depuis plusieurs années le marché de la défense au Vietnam.

    "On est tout à fait prêts à aider le Vietnam dans ses besoins d'équipements pour mieux surveiller et contenir ses frontières. Il y a des discussions en cours mais elles sont assez longues" et ne devraient pas se concrétiser cette semaine, selon Paris.

    Pour son déplacement, Edouard Philippe est accompagné des ministres Agnès Buzyn (Santé), Gérald Darmanin (Comptes Publics) et du secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi - et d'une délégation d'une quarantaine de personnalités de nombreux domaines.

    Au terme de son voyage au Vietnam, le Premier ministre décollera lundi pour la Nouvelle-Calédonie, au lendemain du référendum d'indépendance, fruit du processus de décolonisation encadré par les accords de Matignon et Nouméa.

    SOURCE : https://actu.orange.fr/france/au-vietnam-contrats-et-memoire-de-la-guerre-d-indochine-pour-edouard-philippe-CNT000001817TC.html 

     
     

    Au Vietnam, contrats et mémoire de la guerre d'Indochine pour Edouard Philippe ***

    Le 7 mai 1954 : la défaite de Dien Bien Phu

    est une étape importante de la fin

    de l’Empire colonial français

    L’historien Alain Ruscio la replace

    dans son contexte 


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    Bigeard à Dien Bien Phu

    Au Vietnam, contrats et mémoire de la guerre d'Indochine pour Edouard Philippe *** Le 7 mai 1954 : la défaite de Dien Bien Phu : L’historien Alain Ruscio la replace dans son contexte

    Les prisonniers français

     

    Dien Bien Phu morne cuvette. Dans l’imaginaire de bien des Français, la défaite tonkinoise a rejoint celles d’Alésia, de Bouvines ou de Waterloo. Avec, en plus, une dimension culpabilisante : Que diable allait f… l’armée française dans cette galère, à l’autre bout du monde ? 

    1953. La guerre d’Indochine dure depuis sept années. Le corps expéditionnaire français s’y est progressivement enlisé. Son adversaire, l’armée populaire, que les Français appellent le plus souvent Viet Minh, voire Viets, d’abord en difficulté, a repris l’initiative sur tous les fronts. En mai, le gouvernement français a nommé un nouveau commandant en chef – le septième ? le huitième ? on ne compte plus – un nouvel homme miracle, le général Navarre. 

    Celui-ci décide d’inverser la tendance par une initiative spectaculaire. C’est donc l’armée française qui a choisi le terrain. Ce sera à Dien Bien Phu. 

    Seuls les spécialistes de l’Indochine connaissaient ce petit village du pays thai, au nord du Vietnam, avant le parachutage, le 21 novembre 1953, de milliers de soldats du Corps expéditionnaire. L’ambition du commandant en chef, est simple : il s’agit de « barrer la route » du Laos et de « casser du Viet » (l’expression court dans la presse pro-guerre). Pour ce faire, il édifie un camp impressionnant, sans doute le plus puissant de l’après Seconde guerre mondiale, autour de points d’appui, amoureusement baptisés de noms de femmes (Anne-Marie, Béatrice, Dominique…). Y affluent les meilleurs soldats français d’Indo, dont le célèbre Bigeard. Le camp est placé sous le commandement du colonel de Castries, un cavalier, qui sera fait général pendant la bataille. 

    Il est de bon ton, aujourd’hui, de critiquer cette initiative. C’est oublier un peu vite que la quasi-totalité des militaires et des politiques français l’approuvèrent. « Le Commandement français est sûr d’infliger une sévère défaite au Viet Minh à Dien Bien Phu. Nous nous attendons à des combats durs et longs. Nous gagnerons » dit ainsi le général Cogny, adjoint de Navarre (Le Figaro, 13 janvier 1954). 

    Mais, face à l’armée française, il y a un tandem d’exception : Ho Chi Minh et Vo Nguyen Giap. Ho le politique et Giap le militaire. Ho le réservé et Giap l’impétueux. Surtout, il y a une majorité de la population, tous les témoignages d’époque en attestent. Pour l’indépendance, certes, pas pour le communisme. Mais une majorité. 

    Et une vraie armée. Ce ne sont plus des va-nu-pieds, comme au début de la guerre, que les Français affrontent, mais des soldats aguerris, entraînés, équipés, en grande partie par la Chine populaire – il est vrai que l’armée française, elle, est équipée à 75 % par les Américains… 

    La bataille ne s’engage véritablement qu’en mars 1954. Navarre a choisi le lieu, Giap choisit le moment. Navarre a édifié son camp au centre d’une cuvette, Giap a massé ses troupes sur les bords. C’est de bonne guerre. 

    Dès le premier assaut Viet Minh, c’est la stupéfaction. Deux des points d’appui réputés imprenables sont enlevés sans coup férir. Puis, c’est la piste d’aviation, intensément bombardée, qui devient inutilisable. De piège à Viets, la cuvette se transforme jour après jour en piège à Français. Rien n’y fait. Ni l’héroïsme indéniable des soldats du Corps expéditionnaire, ni les plans un peu fous de sortie en masse, ni les bombardements aériens (souvent au napalm) des lignes Viet Minh. C’est à un véritable Verdun de la jungle, Verdun tropical, Verdun tonkinois (toutes expressions empruntées à la presse de l’époque) que l’on a affaire. Oui, mais un Verdun sans la voie sacrée, un corps sans poumon, destiné à mourir. 

    C’est chose faite, le 7 mai. Dialogue par téléphone entre les généraux Cogny, à Hanoi, et de Castries, à Dien Bien Phu : 

    « Mon général, situation grave, combats confus partout. Je sens que la fin approche. Nous nous battrons jusqu’au bout.
      Bien compris, bien compris, vous lutterez jusqu’au bout. Pas question de hisser le drapeau blanc, n’est-ce pas ?
      Non, nous détruirons les canons, le matériel et les postes de radio-télèphone.
      Merci !
      Nous nous battrons jusqu’au bout. Au revoir, mon général. Vive Ia France !
     » 

    Mais l’émotion n’empêche pas de réfléchir. A qui, à quoi a servi cette guerre, dont cette ultime bataille ? 

    La vérité est que l’affrontement d’Indochine n’a jamais été vécu par la nation française comme sa guerre. L’opinion, travaillée par un PC alors très actif, a même franchement condamné, et de plus en plus, cet engagement. Et les gouvernements successifs, dirigés par le MRP, le centre, le Parti socialiste, n’ont pas su, voulu ou pu donner à cette guerre une dimension nationale. L’anticommunisme en fut le seul aliment. 

    Les héros de Dien Bien Phu sont morts ou sont revenus traumatisés parce que les politiques n’avaient pas compris que l’ère des décolonisations était commencée, que le sentiment national – vietnamien mais, au-delà, de tous les peuples encore dominés – était devenu une force irrésistible qu’aucune armée ne pouvait briser. 

    Les colonisés, eux, ne s’y sont pas trompés. Divers témoignages attestent qu’à Alger, à Rabat, en AOF et AEF, dans les quartiers populaires, la joie éclata. A la conférence de Bandoeng, en 1955, les chefs de la délégation vietnamienne furent accueillis en héros. Plus tard, Ferhat Abbas, devenu premier chef de l’Etat algérien indépendant, sut trouver les mots justes : « Cette bataille reste un symbole. Elle est le “Valmy“ des peuples colonisés. C’est l’affirmation de l’homme asiatique et africain face à l’homme de l’Europe » (Ferhat Abbas, La nuit coloniale, 1962). 

    Un peu plus tôt, un homme politique français avait, lui aussi, écrit un livre évoquant la bataille du Tonkin. Et avait trouvé une jolie formule : « La politique de force alla jusqu’à son terme en Indochine : ce terme s’appelle Dien Bien Phu ». Il s’appelait François Mitterrand (Présence française et abandon, 1957). 

    Que n’avait-il eu cette sagesse, au lendemain de l’insurrection algérienne, lorsqu’il déclarait : « La seule négociation, c’est la guerre » ? Il aurait évité à la France, non certes un nouveau Dien Bien Phu (il n’y en eut pas en Algérie), mais un nouveau rendez-vous manqué avec l’Histoire en train de se faire. 

    Alain Ruscio, historien 

     

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    LE BRUIT DES BOTTES

    Cette chanson des années 70 est aujourd'hui de plus en

    plus d'actualité !!!

    L'histoire se répète inlassablement Jean, tu pourrais rajouter aujourd'hui beaucoup d'autres couplets. Quand pourrons-nous vivre libre et en paix ? C'est une utopie ? NON ! Pour le moment restons éveillés et vigilants… 

     

    LE BRUIT DES BOTTES

     

    Brésil : le fascisme se combat et sera vaincu

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    LE BRUIT DES BOTTES

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    28 octobre, nuit noire sur le Brésil. Le fasciste Bolsonaro élu président du Brésil avec 55% des voix contre 45% à Haddad le candidat du parti des travailleur. Résultat d’une campagne électorale ultra violente intervenant à la suite du coup d’état de Temer en mai 2016 suivi de l’emprisonnement – condamné par l’ONU – de Lula, principale figure de l’opposition et ultra favori dans les sondages. 

    Comme le laissaient entendre les sondages, Bolsonaro, le candidat fasciste du grand capital brésilien et de l’impérialisme étasunien, l’a emporté dimanche.
    Cette défaite a une cause centrale : la politique de collaboration de classe du PT incapable d’apporter au mouvement ouvrier, aux paysans sans terre, à la jeunesse populaire ce qu’ils étaient en droit d’attendre d’un gouvernement progressiste. Non pas que des gestes positifs ne furent pas accomplis mais l’essentiel, la mise en perspective du socialisme dans un processus révolutionnaire, n’a pas été faite. Le PT réformiste s’est englué dès lors dans des compromissions avec le capital trahissant son mandat. Le PT en se mettant au service du capital n’a fait que préparer sa propre fin. Les masses ce sont logiquement détournées du PT et l’espace politique s’est ouvert pour Bolsonaro et ses bandes fascistes. D’autant que la droite classique avait engagé un processus de fascisation tant sur le plan socio-économique que politique avec le coup d’État contre la présidente élue et l’ancien président Lula. Mais sa corruption ne lui permettait pas d’aller au bout de ce processus de réaction sur toute la ligne.

    Le patronat, les marchés financiers, le gouvernement

     des Etats-Unis, les églises ont fait le choix du fascisme

    Aussi le patronat brésilien, les grands propriétaires terriens, les marchés financiers, le gouvernement des Etats-Unis, les églises ont fait le choix du fascisme. Fernando Haddad le candidat du PT l’a confirmé “Une partie significative de l’élite brésilienne a renoncé à la social-démocratie pour le fascisme” : quel terrible constat qui devrait faire rougir de honte le PT et toute la social-démocratie internationale !
    Mais les conséquences désormais sont devant les travailleurs et le peuple brésilien.

    Les travailleurs brésiliens ont tout notre soutien

    Notre solidarité leur est acquise à eux qui seront les premiers visés par les fascistes. Mais nous savons que le Parti de Luis Carlos Prestes ou d’Oscar Niemeyer, nous savons que “Les cavaliers de l’espérance” que sont nos indomptables camarades feront face comme ils l’ont toujours fait y compris sous la dictature militaire fasciste de 1964 à 1985. Nous serons solidaires du mouvement ouvrier, paysan, et étudiant et de toutes les forces progressistes du Brésil. Mais ce résultat électoral, préparé par la complicté de l’oligarche brésilienne et internationale, aura aussi des conséquences sur le rapport des forces et la lutte de classes à l’échelle internationale, à commencer par la situation en l’Amérique Latine. Les menaces ouvertes proférées par le candidat et son équipe contre le Vénézuéla laissent entendre une accentuation de la pression économico-militaire contre les gouvernements populaires du sous-continent. Là encore, nous ferons tout pour activer la solidarité internationaliste.

    Le fascisme sera vaincu, aux ténèbres succédera le jour

    Le fascisme est une parenthèse de l’histoire. La parenthèse aussi douloureuse et difficile soit-elle, se refermera, et le jour succèdera aux ténèbres.
    Une fois encore disons avec force que le fascisme est une des armes du capitalisme en crise. Il n’est pas une maladie. Il est l’expression de la volonté de capital de terroriser le mouvement populaire pour lui imposer sa politique de régression sociale, de baisse des salaires, de casse des droits du monde du travail, de précarisation à outrance, de privatisation massive, de destruction des services publics, de chômage de masse. La violence du capitalisme se déploie ouvertement avec le fascisme pour imposer par la force sa politique quand le consentement populaire s’effrite et que ses intérêts lui semblent menacés. L’histoire nous montre qu’avant le fascisme une période de transition appelé fascisation prépare le terrain au fascisme, à la dictature terroriste de grand capital financier. C’est à ce moment là et contre ces fourriers du fascisme qu’il faut agir si l’on ne veut pas permettre au fascisme d’accéder au pouvoir. Aujourd’hui être un anti-fasciste conséquent dans les faits et pas seulement en parole, c’est donc lutter contre ceux qui enfantent le fascisme en s’attaquant aux conquêtes sociales et aux libertés démocratiques, en détruisant la souveraineté des peuples, en criminalisant le communisme. En combattant les Macron, les Le Pen, les LR, la fausse gauche et la vraie droite, les ours savants de la social-démocratie, le Medef et leur état-major l’Union Européenne qui, comme hier Renzi en Italie ou Temer au Brésil, ont ouvert la voie aux fascistes.

    Le fascisme se combat, nos anciens l’ont fait

    ici et ailleurs et ils l’ont vaincu

    Ne cédons ni aux lamentations

     ni au découragement, ni à l’amertume

    En le combattant le fascisme ne passera pas. 

     


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    Macron félicite Bolsonaro, insiste   sur «le respect» des «principes  démocratiques»

     

    Macron félicite Bolsonaro, insiste   sur «le respect» des «principes  démocratiques»

     

    Macron félicite Bolsonaro, insiste

     sur «le respect» des «principes

    démocratiques»

     

    Par AFP — 29 octobre 2018

    Le président français Emmanuel Macron, à Istanbul, le 27 octobre 2018 Photo OZAN KOSE. AFP

     

    Emmanuel Macron a félicité lundi le président d’extrême droite brésilien Jair Bolsonaro après son élection la veille et a affirmé sa volonté de poursuivre sa coopération avec ce pays «dans le respect» des «principes démocratiques».

    Emmanuel Macron est l’un des premiers dirigeants étrangers à réagir. Avant lui, le président américain Donald Trump a appelé dimanche soir Jair Bolsonaro pour le féliciter.

    Le chef de l’Etat «félicite Jair Bolsonaro, élu par le peuple brésilien à la présidence», indique l’Elysée dans un communiqué.

    «La France et le Brésil entretiennent un partenariat stratégique noué autour des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques. C’est dans le respect de ces valeurs que la France souhaite poursuivre sa coopération avec le Brésil, pour relever les grands défis contemporains de notre planète, aussi bien dans les domaines de la paix et de la sécurité internationales, que dans le cadre de la diplomatie environnementale et des engagements de l’Accord de Paris sur le climat», ajoute la présidence.

    Jair Bolsonaro prendra ses fonctions le 1er janvier 2019 après avoir obtenu plus de 55% des voix face au candidat de gauche Fernando Haddad à l’issue d’une campagne qui a coupé en deux le plus grand pays latino-américain.

    En France, des responsables de La République en marche, le parti majoritaire, ont exprimé leur profonde inquiétude. Pour le député Sacha Houlié, il s’agit d’une «nouvelle percée des conservateurs» à laquelle «les progressistes (...) devront faire face», alors qu’Emmanuel Macron s’est érigé en Europe en chef de file des «progressistes» face aux «nationalistes».

    AFP  

    SOURCE : https://www.liberation.fr/france/2018/10/29/macron-felicite-bolsonaro-insiste-sur-le-respect-des-principes-democratiques_1688565 

    De Le Pen à Salvini, la victoire de Bolsonaro réjouit l'extrême droite

     

    Par LIBERATION 29 octobre 2018

    Marine Le Pen lors d'une conférence de presse en Italie le 8 octobre 2018. Photo Alberto Pizzoli. AFP

    Marine Le Pen et Matteo Salvini ont salué la victoire du candidat brésilien d'extrême droite, Trump se réjouissant par avance de travailler avec lui. En France, du Parti communiste à LREM, on déplore ce résultat.

    On ne tombera pas de sa chaise en l’apprenant : l’élection du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil est bien accueillie au sein de l’internationale nationaliste. En France, la présidente du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen, a tweeté ce lundi matin qu’avec cette élection, «les Brésiliens viennent de sanctionner la corruption généralisée et la terrifiante criminalité qui ont prospéré sous les gouvernements d’extrême gauche», avant de souhaiter «bonne chance au nouveau Président qui devra redresser la situation économique, sécuritaire et démocratique très compromise du Brésil».

    En Italie, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, homme fort du gouvernement, a livré une analyse similaire : «Au Brésil aussi les citoyens ont chassé la gauche ! Bon travail au président Bolsonaro, l’amitié entre nos peuples et nos gouvernements sera encore plus forte.» Il en a profité pour annoncer qu'«après des années de vains discours, je demanderai qu’ils nous renvoient en Italie le terroriste rouge Battisti». Ancien militant d’extrême gauche durant les années de plomb en Italie, condamné pour assassinats dans son pays, Cesare Battisti a obtenu l’asile au Brésil en 2007 sous la présidence Lula.

    Avec le président américain, Donald Trump, qui l’a félicité au cours d’un échange téléphonique, Bolsonaro a convenu d’un «engagement fort à travailler ensemble pour améliorer la vie des habitants des Etats-Unis et du Brésil, et, en tant que leaders régionaux, des Amériques», a annoncé Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif américain.

    Le président français Emmanuel Macron a lui aussi félicité Bolsonaro pour sa victoire. «La France et le Brésil entretiennent un partenariat stratégique noué autour des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques. C’est dans le respect de ces valeurs que la France souhaite poursuivre sa coopération avec le Brésil», dit le communiqué de l'Elysée.

    «Plutôt Hitler que le Front populaire»

    En France toujours, si l’on excepte la réaction de Marine Le Pen, l’élection de Jair Bolsonaro alarme la plupart des partis politiques. A gauche, le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent, a déploré sur Twitter l’arrivée du «fasciste Bolsorano à la tête du Brésil», une «dramatique nouvelle pour la démocratie». 

    Pour Eric Coquerel, député La France insoumise, «après avoir éliminé Lula en utilisant une pseudo justice, le néolibéralisme a préféré Hitler au Front populaire». Le leader du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, n’a quant à lui pas réagi directement à l’élection, mais il a critiqué «la radio d’Etat France Info», un des ses journalistes ayant visiblement déclaré que «le Brésil vient de tourner la page de L’EXTRÊME GAUCHE en choisissant l’extrême droite». Commentaire de Mélenchon : «La radio qui ment en continu.»

    L’ex-candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, écrit : «Le Brésil vient de voter. Il s’est choisi un chef autoritaire, sexiste, homophobe, raciste, et nie le réchauffement climatique. Les portes se ferment sur la démocratie et les libertés. La gauche écologiste mondiale doit se lever, résister et conquérir les cœurs et les consciences». Le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand, s’est quant à lui inquiété de «l’ombre brune (qui) s’étend encore». «Face à elle, le libéralisme et les nationaux populistes ne sont pas des remparts mais des tremplins.»

    Au Parti socialiste, le premier secrétaire, Olivier Faure, a exprimé sur Twitter ses «pensées» pour les Brésiliens «qui voient l’élection d’un xénophobe, homophobe, misogyne, admirateur de la dictature, ennemi des médias, amateur des fake news». A LREM, la porte-parole Aurore Bergé a réagi sur Twitter en jugeant qu'«aucune démocratie n’est à l’abri», en affirmant que «les démocrates, les libéraux ont une obligation de résultat».

    Quant à Les Républicains, ils n’ont pas encore réagi officiellement. 

     

     


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    Le chanteur Patrick Bruel : «J’aimerais tellement me

    produire à Tlemcen»

    Patrick Bruel. D. R.

     

    Par Lina S. – Le chanteur français Patrick Bruel a souhaité pouvoir se produire en Algérie, son pays de naissance. «J’aimerais tellement animer un concert à Tlemcen», a-t-il déclaré au journal télévisé de France 2 hier soir. Le chanteur a révélé qu’il devait se rendre en Algérie dans les années 1990 mais la situation sécuritaire qui prévalait dans le pays à l’époque l’avait empêché de réaliser son rêve.

    Patrick Bruel a souligné que ses parents ayant quitté le pays alors qu’il n’avait que trois ans, il ne garde, de ce fait, pas de souvenirs de la ville de Tlemcen et de l’Algérie qu’il dit aimer.

    Patrick Bruel, de son vrai nom Maurice Benguigui, est né à Tlemcen le 14 mai 1959. Ses parents, Pierre Benguigui et Augusta Kammoun, deux pieds-noirs d’origine juive berbère, ont regagné la France au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, en 1962.

    De nombreux médias avaient affirmé que Patrick Bruel se serait vu signifier une interdiction d’entrée en Algérie lors de la visite de l’ancien président français Nicolas Sarkozy à Alger en 2007 et à l’occasion d’un concert animé par le chanteur Idir, début 2018. Le chanteur français subirait ainsi le même sort qu’Enrico Macias dont une première visite en Algérie avait été programmée avant que les autorités algériennes décident de ne pas prendre le risque de faire venir un artiste qui ne cache pas sa sympathie pour Israël et dont les déclarations avaient offusqué les Algériens au moment où le régime raciste de Tel-Aviv massacrait des enfants à Ghaza.

    De nombreux pieds-noirs rêvent de visiter l’Algérie. Certains ont réalisé leur souhait, tandis que d’autres attendent que les relations entre l’Algérie et la France transcendent les blessures de l’histoire car la cicatrice de la Guerre de libération nationale est encore ouverte et le temps n’a pas encore apaisé les esprits quant à cette question liée à la mémoire et aux déchirures du passé.

    L. S.

    SOURCE : https://www.algeriepatriotique.com/2018/10/29/le-chanteur-patrick-bruel-jaimerais-tellement-me-produire-a-tlemcen/ 

     


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    Connu du grand public pour avoir animé l’émission culte de Canal+ « Nulle part ailleurs », Philippe Gildas est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 82 ans

    Le journaliste et animateur Philippe Gildas est mort

    Il a fait 22 mois de service militaire  en Algérie et il nous en parle  dans cet article… Oh il n’a rien fait d’extraordinaire, comme moi et comme une grande majorité d'anciens d'Algérie mais comme aucuns médias ne vont parler de ce moment de sa vie… c’est moi qui le fait…

    Michel Dandelot

    Connu du grand public pour avoir animé l’émission culte de Canal+ « Nulle part ailleurs », Philippe Gildas est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 82 ans.

    On ne le retrouve guère, sur le Net, qu’en Monsieur Loyal dans l’émission de Canal+ « Nulle part ailleurs », submergé par des fous rires à l’écoute de la bande des Nuls ou de son délirant comparse Antoine de Caunes. Un complice qui n’aura eu de cesse de le moquer pour sa petite taille et ses supposées talonnettes, ses grandes oreilles ou ses brushings façon « moumoute ». Mais au regard des décennies pendant lesquelles il a officié tant à la radio qu’à la télévision, le parcours professionnel de Philippe Gildas illustre surtout la mutation qu’ont connue les médias au cours des cinquante dernières années ainsi que les relations étroites et mouvantes entre le politique et l’audiovisuel, tant public que privé. Philippe Gildas est mort à Paris dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 octobre 2018 à l’âge de 82 ans, a fait savoir Antoine de Caunes. Il souffrait d’un cancer.

    Philippe Gildas était dans la vie, comme dans le poste. Avec ce rire de gamin qui vient de vous jouer un bon tour, il vous raconte, comme une blague, presque cinquante ans d’un métier qui le passionnait. Insouciant du chemin parcouru. Il faut dire que ces années-là ont été celles de toutes les inventions à la radio et à la télé. S’il se présente non pas comme un magicien mais plutôt comme un praticien des médias, force est de constater que lorsqu’il y a de l’innovation dans l’air, il n’est jamais très loin. La preuve, sur Vivolta, la nouvelle chaîne de télé pour les 50 ans et plus, que ceux d’entre vous qui ont CanalSat ou Numéricable ont pu découvrir. Il renoue avec bonheur, dans l’émission Gildas & Co, avec ses plateaux méli-mélo, mêlant infos et divertissement, au milieu d’une bande de chroniqueurs à la bonne humeur contagieuse. Petit tour dans sa machine à remonter le temps.


    Vous avez été l’ami du petit déjeuner de nombre de Français depuis 1963 et, pourtant, on sait peu de chose de vous. Comment tout cela a-t-il commencé ?


    Par la presse écrite, au journal Combat, et puis après vingt-deux mois de service militaire en Algérie, il a fallu que je gagne mieux ma vie et j’ai fait un échange de poste avec un camarade de Radio Luxembourg. Le hasard a voulu que je me retrouve à l’antenne dès la fin de la première semaine, le 1er janvier 1963. J’écrivais les infos du jour qui devaient être lues par le patron qui disait les journaux à l’antenne, mais comme j’écrivais comme un cochon, il a été incapable de me déchiffrer. C’est comme cela que j’ai commencé à la radio, en travaillant toujours en "exclusivité mondiale", mais au SMIC, à Combat, et toujours bidasse. J’ai dû, pour cette raison, laisser mon nom et prendre le prénom de mon fils comme pseudo. Ce qu’il a moyennement apprécié. D’autant que ses camarades se sont amusés plus tard à l’appeler Gildas Gildas.


    Dites-nous plutôt ce qu’on ne sait vraiment pas de vous. Par exemple, qui était le petit Philippe Leprêtre ? 


    D’accord… Il est l’aîné d’une famille de sept garçons. Il est né au bord de la mer, à Auray, à deux pas de Quiberon et du golfe du Morbihan, mais il savait que ses grands-parents maternels n’étaient pas tous bretons mais moitié acadiens. Très jeune, j’ai eu dans la tête ce rêve me rendre un jour au Canada où je ne suis toujours pas allé. Peut-être à cause de cela d’ailleurs. En fait, je ne sais pas par quel bout prendre la remontée de la famille… J’irai un jour. Le deuxième fait important, est que mon père, clerc de notaire à Auray, soit allé s’installer en pleine campagne. C’est la plus belle période de ma vie, les quinze premières années. En réalité, je suis un vrai rural. Les parents de mon père étaient des paysans d’Ille-et-Vilaine. Je vais vous raconter des choses que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. À la fin de la guerre, période extraordinaire, alors que pendant six ans, il n’y avait pas eu d’hommes ni d’armes, nous, qui avions entre 8 et 12 ans, avons gagné notre croûte en cherchant des œufs de corbeau ou de pie, bref de tout ce qui était déclaré nuisible et qui risquait de piller les récoltes. Aujourd’hui, cela apparaîtrait comme contraire aux lois de l’équilibre écologique. On était payé davantage pour rapporter des vipères. On apprenait, dès 8 ans, à les ramasser sans se faire piquer. Je savais mieux monter aux arbres que faire du vélo.


    Vous arrivez à Paris vers 1955, comme étudiant, une vie pas plus facile aujourd’hui qu’à l’époque. 


    Comme je suis l’aîné de sept garçons, mon père ne pouvait pas me payer des études, et comme j’étais fils de notaire, je n’avais pas le droit à une bourse. J’ai donc travaillé comme pion d’abord dans le Maine-et-Loire, et puis à Paris. Ensuite, j’ai vécu pendant trois ans de leçons particulières de latin et de grec. À deux francs de l’époque, à peu près quatre tickets restaurants. Il m’en reste la capacité à donner l’origine des mots, et puis la façon de parler. Même si j’ai appris à libérer mon langage ensuite, pour être en phase avec mes camarades de Nulle part ailleurs, sur Canal+, j’ai la prétention de parler à peu près naturellement le français, et sans faute.
    À l’époque, le syndicalisme étudiant était répandu, l’UNEF était un syndicat corporatiste et le Breton catholique d’origine que j’étais a pu croiser le cardinal Lustiger comme aumônier, mais aussi les leaders syndicaux qu’étaient le jeune Rocard ou Le Pen, étudiant attardé qui tenait la fac de droit. La Sorbonne était alors partagée entre les communistes, extrêmement forts mais qui avaient à assumer Budapest et les méfaits de Staline, et les chrétiens. Chez ces derniers, la guerre d’Algérie a tout changé, la bascule s’est faite entre les pour et les contre. Et en Sorbonne, ceux qui considéraient qu’il fallait se battre pour l’Algérie française étaient très minoritaires. Je pense surtout que l’on n’avait pas envie d’aller se faire tuer là-bas.

     Vous avez une image de journaliste indépendant. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’agitation médiatique autour de Sarkozy ? 

     Autant j’ai été engagé comme étudiant, autant le passage au journal Combat pendant quatre ans est probablement ce qui m’en a guéri. Au même moment, je vivais sous les drapeaux – avec des militaires divisés entre pro de Gaulle et pro ce qui allait devenir l’OAS. Et à Combat, je retrouvais la même dualité : le patron du quotidien éditait le journal El Moudjahid, le lien du FNL à Tunis, et un autre qui passait pour OAS, à Paris. Donc, nous, on était neutre. Et j’ai appris à faire la différence entre mes opinions personnelles et mon travail de journaliste. Plus encore aujourd’hui qu’hier, je suis dramatiquement dépolitisé. Et je dis bien dramatiquement. Pour moi, il y a ce qui est vrai ou pas, c’est tout ! En revanche avoir une opinion, je n’y arrive pas.

    Finalement, vous n’envisagez pas de nouvelle vie pour vous, ou alors elle ressemble comme une sœur à la première ? 

    … Comme de vouloir créer une chaîne de télé pour les 50 ans et plus, par exemple ! En fait Vivolta est arrivée comme un enfant que l’on n’attendait plus. Il y a cinq ans, l’idée m’amusait, parce que je trouvais incroyable que l’on ne s’adresse pas à cette tranche d’âge, mais le combat entre CanalSat et TPS a pris trop de temps. En bon père de famille, je vais encore plus protéger ce petit dernier, bien sûr, et ma passion est intacte. Comme à l’époque de Nulle part ailleurs, je redeviens avec bonheur, chef de meute avec une équipe autour de moi.
    Mais, ensuite, j’espère bien réaliser notre projet commun avec Maryse, c’est-à-dire, voyager. C’est une frustration commune, nous avons travaillé la nuit, au quotidien, attachés au micro, toute notre vie. Sans pouvoir partir en vacances longtemps. Alors, j’espère que l’on pourra reprendre très vite nos grands voyages. Nous rêvons de Chine, de Japon, d’Amérique du Sud et d’Australie.

    La terrible faucheuse lui aura interdit ces grands voyages… 


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    Ventes d’armes : Une politique qui va

     dans le mur…

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    Cette politique française ne peut aller que dans le mur et les citoyens n’ont qu’à assumer leurs choix ! 

    Plus de 12 milliards d'euros de ventes d'armes par la France à l'Arabie saoudite et plus 400 milliards de dollars pour les américains entre autres, pour alimenter la guerre contre le Yemen. Nous avons donc une grande part de responsabilités ainsi que d'autres pays dans ce qu'il se passe là-bas. Nous sommes capable d'aller faire des leçons de morale au régime syrien, même aller y faire des frappes militaires et à côté de cela nous laissons massacrer et crever de faim 14 millions de personnes par l'Arabie saoudite, ce même pays qui a fait assassiner un journaliste opposant du régime du prince saoudien...

    Les droits de l'homme sont à géométrie variable, selon le sens du vent...

    Comment peut-on dire que l'on veut lutter contre le terrorisme si nous-mêmes nous vendons des armes au pays d'où la mouvance idéologique est née…

    « L’Aide au Développement est la seule réponse viable face au terrorisme de l’Etat Français. Seul un développement authentique des populations et peuples pauvres sauvera la paix. Le reste n’est qu’imposture ! »

    « Oui à une politique de désarmement mondial et une interdiction d’exportation de tout armement des pays de l’UE dans le reste du monde. »

    Il est d’ailleurs bien dommage que très peu de politiques en France aient le courage de proposer des choix courageux qui redonnent un sens au mot Fraternité !

    5 MILLIONS D'ENFANTS MENACÉS DE FAMINE, LA FRANCE EN CAUSE ALORS QUE LE PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON RECEVAIT LE PRINCE-HÉRITIER D'ARABIE SAOUDITE MOHAMMED BIN SALMAN À L'ÉLYSÉE EN AVRIL 2018

    Pour rappel, la France et l'Arabie saoudite ont signé des accords pour plus de 14,5 milliards d'euros. Total et Véolia sont parmi les bénéficiaires ;
    L'un des accords les plus importants concerne le français Total et le saoudien Saudi Aramco, qui entendent développer ensemble un site pétrochimique en Arabie saoudite. Le géant du traitement de l'eau et des déchets Veolia figure aussi parmi les entreprises concernées.

    Mohammed Ben Salmane a passé deux jours en France pour une visite officielle à teneur culturelle et diplomatique plus qu'économique. L'Elysée a par ailleurs annoncé qu'Emmanuel Macron se rendrait en Arabie saoudite "en fin d'année", cette fois pour parapher des contrats.

    Les ventes d’armes sont couvertes par le secret et le gouvernement français entretient une opacité constante sur les contrats. Les risques qu’elles soient utilisées pour commettre des crimes de guerre contre des civils sont élevés. La ministre des Armées, Florence Parly, estime que la France n’est pas responsable de l’usage des armes qui sont censées ne pas être utilisées. Une position irresponsable.

    Nous demandons aussi la création d'une commission d'enquête sur les ventes d'armes dans les plus brefs délaies. La moralisation de la vie publique est surtout une question d'éthique...

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    Yémen: Un enfant meurt toutes

     les 10 minutes

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    Au Yémen, où 70% de la population a besoin d’une aide humanitaire, l’état de santé des enfants n’a jamais été aussi catastrophique qu’aujourd’hui. La malnutrition atteint un niveau record, 1000 enfants par semaine meurent de maladies évitables, d’autres sont victimes d’attaques sur les zones civiles, enrôlés de force, privés d’école…

    L’UNICEF continue tant bien que mal ses actions mais les fonds manquent.

    Ils sont plus de 10 millions d’enfants à avoir besoin d’une aide humanitaire d’urgence au Yémen, a indiqué l’UNICEF qui précise, qu’avant l’escalade du conflit en mars 2015, le pays faisait déjà face à des difficultés en raison de la pauvreté largement répandue, de l’insécurité alimentaire et d’une pénurie dans les services de santé.

    Aujourd’hui, la situation est sans précédent. Les organisations humanitaires sont présentes mais doivent lutter pour acheminer dans le pays des fournitures essentielles à la survie des  enfants et de leurs familles, en raison de l’impasse politique entre les parties au conflit.

    2,2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë 

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    La malnutrition chez les enfants atteint un niveau record : près de 2,2 millions d’entre eux souffrent de malnutrition aiguë et ont besoin de soins de toute urgence. Parmi eux, au moins 462.000  souffrent de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus extrême de malnutrition (une augmentation considérable de presque 200% depuis 2014) tandis que 1,7 million souffrent de malnutrition aiguë modérée.

    Dans certains gouvernorats du pays (Hodeida, Saada, Taizz, Hajjah et Lahej) la situation des enfants gravement dénutris est des plus critiques. Ces gouvernorats affichent le nombre le plus élevé de cas de malnutrition sévère aiguë de tout le pays. Saada présente en outre, le taux le plus élevé du monde en matière de retard de croissance : 8 enfants sur 10 souffrent de malnutrition chronique dans certaines régions, ce qui constitue un nombre sans précédent.

    Stop à la guerre au Yémen, sauvons tous ces enfants de la famine

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    Collectif Contre La Famine Au Yémen 

    Dimanche 28 octobre 2018 

    5 MILLIONS D'ENFANTS MENACÉS DE FAMINE, LA FRANCE EN CAUSE ALORS QUE LE PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON RECEVAIT LE PRINCE-HÉRITIER D'ARABIE SAOUDITE MOHAMMED BIN SALMAN À L'ÉLYSÉE EN AVRIL 2018 

    La communauté internationale s’inquiète régulièrement du sort des civils au Yémen. Selon le dernier rapport de l'ONG "Save the Children", 5 millions d'enfants sont menacés de souffrir de la faim. Un récent reportage par l'américaine ABC News montrait des enfants squelettiques et trop faibles pour pleurer.

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

    Nous avons créé ce collectif dans le but de dénoncer cette catastrophe sans précédent et le conflit y attenant. Un conflit alimenté par les grandes puissances occidentales qui entretiennent des relations douteuses avec l’Arabie Saoudite. Les atteintes aux droits de l'homme au Yémen explosent. Des exactions sont commises par toutes les parties en conflit au Yémen, dont la torture, les disparitions forcées, l'obstruction de l'aide humanitaire, l’enrôlement des enfants, l'attaque des civils sans distinction, la destruction des infrastructures, des écoles, des hôpitaux... 

    Le conflit oppose depuis mars 2015 les forces pro-gouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, aux rebelles chiites houthis, soutenus par l’Iran.

    Les relations entre la France et l'Arabie saoudite ne doivent pas se développer au détriment de la paix et des droits de l'homme, c'est une question d'éthique. La France a vendu du matériel de guerre aux Emirats arabes unis et à l’Arabie Saoudite. Des blindés, des canons, des ravitailleurs, des fusils de sniper, ou encore des missiles et chars dont l’entretien est assuré par la France.

    Pour rappel, la France et l'Arabie saoudite ont signé des accords pour plus de 14,5 milliards d'euros. Total et Véolia sont parmi les bénéficiaires L'un des accords les plus importants concerne le français Total et le saoudien Saudi Aramco, qui entendent développer ensemble un site pétrochimique en Arabie saoudite. Le géant du traitement de l'eau et des déchets Veolia figure aussi parmi les entreprises concernées.

    Mohammed Ben Salmane a passé deux jours en France pour une visite officielle à teneur culturelle et diplomatique plus qu'économique. L'Elysée a par ailleurs annoncé qu'Emmanuel Macron se rendrait en Arabie saoudite "en fin d'année", cette fois pour parapher des contrats.

    Les ventes d’armes sont couvertes par le secret et le gouvernement français entretient une opacité constante sur les contrats. Les risques qu’elles soient utilisées pour commettre des crimes de guerre contre des civils est élevé. La ministre des Armées, Florence Parly, estime que la France n’est pas responsable de l’usage des armes qui sont censées ne pas être utilisées. Une position irresponsable.

    Le quinquennat de François Hollande avait vu les ventes d'armes augmenter de près de 45% ( 8,3 milliards d’euros ) en 2016. Par ailleurs, en Inde, l'opposition soupçonne d'importantes malversations autour de l'achat d'avions Rafale.

    Nous demandons aussi la création d'une commission d'enquête sur les ventes d'armes dans les plus brefs délaies. La moralisation de la vie publique est surtout une question d'éthique...

    Pétition ici :

    https://www.change.org/p/emmanuel-macron-stop-à-la-vente-d-armes-à-l-arabie-saoudite-stop-sale-weapon-saudi-arabia 

    Comité contre la famine au Yémen !

    Le conflit au Yémen n'est pas

     de la démagogie monsieur Macron

     

    Le président français Emmanuel Macron a estimé vendredi que "c'est pure démagogie que de dire d'arrêter les ventes d'armes" à Ryad suite à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Il ne voit pas le lien avec l'Arabie Saoudite et les armes. Monsieur Macron de toutes évidences, confond l'éthique et la rhétorique. Thierry Paul Valette

    L'affaire Khashoggi à ouvert les yeux du monde sur qui est réellement l'Arabie Saoudite, par ricochet sur le conflit au Yémen. Plus de 5 millions d'enfants sont cloutés aux portes de la famine au Yemen, soit près de 14 millions de personnes concernées au total. La raison ? Comme vous le savez le dramatique conflit au Yemen. Ce drame monsieur le Président vous en ête un des co-responsables mais selon vous il s'agit de pure démagogie. 

     

    Ventes d’armes : Une politique qui va   dans le mur…

     

    Le président français Emmanuel Macron à Bratislava en Slovaquie, le 26 octobre 2018Le président français Emmanuel Macron à Bratislava en Slovaquie, le 26 octobre 2018 afp.com/Bertrand GUAY 

    La France équipe la coalition dirigée par L'Arabie Saoudite. Elle a réalisée plusieurs milliards de dollars de bénéfices en quelques années. Ryad est devenu votre deuxième client le plus important. Malgré la guerre au Yémen, vous leur avez livré plus d’1,3 milliard d’euros d’armements en 2017.

    La France monsieur le Président a les mains ensanglantées, rouges de sang, vous également. Vous avez la possibilité de cesser toutes relations commerciales dans le domaine de l'armement avec l'Arabie Saoudite. Ce choix, la chancelière allemande Angela Merkel l'a fait. L'Allemagne vient de suspendre ses exportations. Seulement comme vous l'avez indiqué à une journaliste vous questionnant à ce sujet lors d'une visite au salon Euronaval, cela n'est pas votre calendrier !

    N'oubliez pas monsieur le Président que la France est censé être le pays des droits de l'homme dont vous en êtes le garant. Il n'est donc plus question de calendrier en la matière et encore moins de démagogie.

    Vous vous êtes montré indigné à la disparition du journaliste Jamal Khashoghi. À l'annonce de son assassinat vous avez évoqué d'éventuelles sanctions contre l'Arabie Saoudite. Des sanctions à la Benalla monsieur le président ??? Je sais que l'éthique n'a guère de place en politique lorsqu'il s'agit d'argent et vous ne dérogez pas à cette triste réalité.

    Jamais vous n'avez émit le moindre signe d'humanité au sujet de tous ces millions d'enfants. Ben Salman que vous avez fièrement reçu à l'Elysée est de facto votre complice. La diplomatie Monsieur le Président est devenu une affaire de gros dollars. Des milliards dont ni les français ni les enfants du Yémen ne verront la couleur. Des milliards ensanglantée qui d'une manière ou d'une autre iront aux plus fortunés comme à l'accoutumée !!!

    Votre calendrier monsieur le président est celui de la finance, de la honte et de l'orgueil.

    Votre responsabilité morale est de tenir compte de l'avis de vos citoyens. Vous ne le faites pas. Si l'éthique semble être un mot absent de votre vocabulaire. Pendant un mandat présidentiel il y a bien plus important au calendrier que de changer la porcelaine pour les convives ou d'installer une piscine pour barboter. Il y a la dignité monsieur le président, celle de la fonction, celle des décisions.

    Pendant que vous nous faites des leçons de rhétoriques, des millions d'autres seront en train de crever de faim parce que vous, monsieur le président, vous aurez privilégié la haine à l'amour, l'argent au pain,

    Des dizaines de millions d'hommes, de femmes, se sont battus, sont tombés pour la France. Ils ont payés de leurs vies pour que notre pays garde sa dignité et préserve ses valeurs avec fierté. Leur sang à coulé afin que l'héritage du siècle des Lumières : "Liberté, Egalité, Fraternité", perdure.
    Mais ils ne sont certainement pas morts pour vous donner le droit de considérer que la vie de millions de personnes soient une question de calendrier monsieur le président.

    Thierry Paul Valette 

    Collectif contre la famine au Yémen : https://www.facebook.com/CollectifContreLaFamineAuYemen/ 

    Pétition du collectif :  https://www.change.org/p/stop-aux-ventes-d-armes-sauvons-les-enfants-au-yémen-save-children-in-yemen?fbclid=IwAR31fh_Wyzidz1uR_QFDqyCCOe32ebLJ_FrI_2E8YX_6v2sWbbOREm_hj3k 


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    Nous étions en 2016

    Bataille de la Somme :

     le chant de la discorde

    Ils remettent ça en 2018 pour le centenaire

    de la première guerre mondiale

     

    Indre : la Chanson de Craonne indésirable

    le 11 Novembre

     

    A quelques jours des commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, une étonnante polémique.

    Tournon-Saint-Martin. Des élèves devaient entonner la chanson des mutins de 1917, lors des cérémonies. Le directeur académique s’y oppose.

    Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes. C’est bien fini, c’est pour toujours, de cette guerre infâme. C’est à Craonne, sur le plateau, qu’on doit laisser sa peau, car nous sommes tous condamnés, nous sommes les sacrifiés. 
    Chanson symbole des grandes mutineries du printemps 1917 consécutives aux attaques meurtrières décrétées par l’état-major, La Chanson de Craonne fait désormais partie de notre patrimoine national. A ce titre, elle est notamment chantée, tout comme La Marseillaise, à Tournon-Saint-Martin, lors des cérémonies du 11 Novembre.
    “ Une atteinte à la liberté d’expression ” En cette année 2018, qui marque la fin des commémorations de la Première Guerre mondiale, cette chanson faisait à nouveau partie du répertoire. Les adolescents du collège et les enfants de CM2 de l’école primaire la répétaient d’ailleurs depuis plusieurs mois. En seront-ils finalement privés ?
    Trompettiste à l’Harmonie municipale de Tournon, Julien Natali est dans tous ses états. « Ma fille, qui est en 4e au collège, est revenue à la maison, voilà quelques jours en me disant qu’ils ne chanteraient finalement pas La Chanson de Craonne, lors de la cérémonie. L’interdiction émanait du directeur académique de l’Éducation nationale (Dasen), Pierre-François Gachet. J’ai réussi à le joindre ; il m’a confirmé son refus. La discussion a été courtoise, mais il s’agissait bien d’une fin de non-recevoir. Il a décidé et c’est ainsi. »

    Pierre-François Gachet “ assume ”

     « J’assume totalement, affirme le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), Pierre-François Gachet, contacté hier. C’est le préfet qui m’a averti, à la suite de remontées émues venant de gendarmes et de militaires. Mais je tiens à préciser que M. Morsy ne m’a ensuite donné aucune consigne particulière. »
    « Pour moi il y a deux notions très différentes, dans cette affaire, poursuit le Dasen. La première, c’est que l’enseignement de l’histoire de France ne doit occulter aucun passage, notamment les mutineries de 1917 et les fusillés pour l’exemple. Il faut évidemment étudier ces terribles épisodes et le faire de manière scientifique, avec une mise en perspective. En procédant ainsi, on met tout simplement une vérité historique en lumière. Je n’ai, évidemment, jamais eu l’intention de passer ces épisodes sous silence. »
    « Le second volet complètement différent, c’est la question de la commémoration. Les cérémonies du 11 novembre 2018, celles du centenaire de la fin du conflit, auront une ampleur exceptionnelle. Elles doivent être des moments de recueillement et d’union nationale. Il est hors de question d’entraîner de la discorde, en de pareils instants. Les professeurs l’ont d’ailleurs très bien compris et n’ont fait aucune difficulté. Vraiment, il n’y a là-dedans aucune censure. Simplement, l’Éducation nationale a l’obligation et le devoir de participer à l’esprit de concorde qui doit présider à de telles cérémonies. Faire chanter Craonne par les enfants, en de pareils moments, peut être une source de division. »

     « Je ne comprends pas », poursuit Julien Natali. « Cette chanson fait partie de l’histoire. Qui ses paroles peuvent-elles embêter, sinon les officiers de l’époque qui sont morts et enterrés depuis bien longtemps ? Pour moi, cette décision constitue tout simplement une atteinte à la liberté d’expression. C’est de la censure pure et simple. »

    L’évocation pouvant être choquante pour nos enfants, faudra-t-il aussi interdire aux enseignants d’apprendre à leurs élèves que Jeanne d’Arc a été brûlée vive sur la place du marché, à Rouen ? Pour le maire de Tournon-Saint-Martin, Dominique Hervo, l’histoire est une et indivisible. On ne saucissonne pas : « Notre cérémonie est organisée ainsi depuis trois ans et cela ne choque visiblement personne. Les chansons sont étudiées en classe et font l’objet d’un vrai travail pédagogique. Je tiens enfin à rappeler que la commémoration est organisée hors du temps scolaire. Vraiment, les dirigeants de l’Education nationale n’ont-ils pas d’autres sujets plus importants à traiter, en ce moment ? »
    A Tournon, les enfants continueront donc à chanter La Marseillaise et La Chanson de Craonne. Et ils liront des lettres de poilus. « Pour ne pas mettre les enseignants en porte-à-faux, les gamins seront accompagnés par les responsables de l’Harmonie municipale, poursuit le maire. Mais on continue. C’est ferme et définitif. Cela permettra d’organiser une célébration digne de ce nom. »

    SOURCE : https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/la-chanson-de-craonne-indesirable-le-11-novembre?fbclid=IwAR3RU7uYTjrgqSJYt91dzYLpT9PhEJd6fER6BVxXqnNNW_z_UBUj41b6XYM 

     


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    Toute ressemblance avec des personnes ou des événements existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. 


     

    Victor hugo : les barbares 

    En 93, selon que l’idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c’était le jour du fanatisme ou de l’enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques.

    Sauvages. Expliquons nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le Progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.

    Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit.

    En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d’une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du moyen-âge, du droit divin, du fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud. Quant à nous, si nous étions forcés à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares.

     

    Victor Hugo,  Les Misérables.

     

    « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
    Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front,
    Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime
    Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime ».
     

    Poète, auteur, dramaturge, romancier, journaliste, historien, Victor Hugo est avant tout un homme de principes obsédé par la défense de la liberté et la passion de lutter contre l’injustice sociale. Sa phrase : «je suis une conscience» peut, en effet, résumer toute son œuvre et toute sa vie. Conscience des événements qui ont fait vibrer l’âme de son temps, de ses tourments, de ses espoirs, de ses conquêtes mais aussi de la beauté et de la laideur de la nature humaine. Son engagement aux valeurs universelles va faire de lui la voix des faibles et des exclus, revêtant un caractère particulier. Ni l’art pour l’art ni l’art pour la politique mais l’art pour le progrès et pour le bien de l’humanité. Car les Droits de l’Homme ne sont pas, pour lui, un mot vide de sens. Les Droits de l’Homme sont vivants et doivent être défendus en acte. Hugo, qui se disait « porte-parole de l’humanité», a mis sa plume au service «des opprimés de tous les pays et de tous les partis ».

    LE COMBAT CONTRE LA MISÈRE 

    «Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère
    Victor Hugo, Discours à l’Assemblée Législative

    LA CAUSE DES ENFANTS ET LE DROIT

     À L’INSTRUCTION 

    «L’enfant doit être notre souci. Et savez-vous pourquoi ? Savez-vous son vrai nom ? L’Enfant s’appelle Avenir.»
    Victor Hugo, Actes et Paroles, pendant l’exil, 1869

    LA LUTTE POUR LES DROITS DE LA FEMME 

    «Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme.»
    Victor Hugo, Actes et paroles

    POUR L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE 

    «Un seul esclave sur la Terre suffit pour déshonorer la liberté de tous les hommes.»
    Victor Hugo, journal La Gironde, 17 janvier 1862

    CONTRE LA PEINE DE MORT 

    «La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie.»
    Victor Hugo, Discours à l’Assemblée constituante, 15 septembre 1848
     

     

     


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  • Les jeunes Français qui ont participé à la guerre d'Algérie ne font pas tous partie d'une association d'anciens combattants voici l'histoire de l'un deux : Bernard Bourdet

     

    Les jeunes Français qui ont participé à la guerre d'Algérie ne font pas tous partie d'une association d'anciens combattants voici l'histoire de l'un deux : Bernard Bourdet

    Nous avons fait notre réunion annuelle autour d’un couscous en Juin 2016, mais avec un couvert en moins… celui de Bernard Bourdet qui est décédé en octobe 2015.

    Afin de lui rendre hommage, nous sommes allés au monument aux morts de la guerre d’Algérie où ont été lus des extraits de son témoignage sur le blog de la 4acg et de ses carnets d’Algérie qui ont été publiés par Benjamin Stora dans « Algérie 1954-1962 » (éd. Les Arènes). Il faut en effet souligner ce qu’a été l’action de Bernard en tant qu’instituteur dans une SAS à Dar-el-Beida où il a pris des risques à sa façon. Une goutte d’eau sans doute, mais essentielle, tant il est vrai que beaucoup de petits algériens n’avaient pas la chance d’aller à l’école, au moins dans le bled en Kabylie, alors que les enfants des « pieds noirs » pouvaient en bénéficier. 

     

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    Les jeunes Français qui ont participé à la guerre d'Algérie ne font pas tous partie d'une association d'anciens combattants voici l'histoire de l'un deux : Bernard Bourdet

    Entre 1961 et 1962, l’appelé Bourdet a enseigné aux petits Algériens. (Photo sd) 

    Les souvenirs d’Algérie de l’appelé Bourdet

    Appelé non-volontaire pour la guerre d’Algérie, le Poitevin Bernard Bourdet a fait ce qu’il pouvait sur place. Il le raconte dans un livre de témoignages. Entre 1961 et 1962, l’appelé Bourdet a enseigné aux petits Algériens. Bernard apportait aussi des soins à la population locale dans les villages de montagne.

    Bernard Bourdet ne voulait pas la faire cette guerre. Jeune instituteur à l’époque, il s’inscrit en fac pour être sursitaire. Un temps. Puis il faut bien répondre à l’appel. C’est en mars 1961 que Bernard débarque en Algérie, dans la vallée du Cheliff, à 140 km au Sud d’Alger.

    Dès le départ, il lui semble que « l’indépendance de l’Algérie va dans le sens de l’Histoire. Leur cause me paraît juste, même si ça n’excuse pas certains actes... Je suis issu d’une famille de résistant, je peux les comprendre. » Ce qui n’ôte rien à l’angoisse du jeune soldat fraîchement débarqué. « Je craignais de devoir un jour me servir d’une arme pour défendre ma vie. » Ce ne sera pas nécessaire. Sur place, on lui confie d’autres missions. Recenser la population d’une région, délivrer les permissions de se déplacer, de moudre du blé... « Je devais rendre compte de demandes trop importantes, signe que la population locale approvisionnait des maquisards. Moi, je préférais fermer les yeux, et faire en sorte qu’il y ait le moins d’incidents possibles. » Pas de vague. Ne pas attirer l’attention. Prier pour que ça passe vite. « Le temps que j’ai passé à l’escadron, il n’y a pas eu de tortures », assure Bernard. Mais il sait que ce fut le cas avant. Et après, en d’autres lieux. En août 1961, le Poitevin est envoyé dans un petit poste isolé pour la surveillance de Dar-el-Beïda. « Une ancienne ferme était en cours de transformation pour devenir une école. » Avec un autre appelé instituteur dans le civil, Bernard commence à faire la classe. « Nos familles nous envoyaient des colis de vêtements qu’on donnait aux familles du village. On savait que les maquisards revenaient au village la nuit, on ne disait rien... Tout ça n’a été possible que parce que nous étions restés entre appelés, que les gradés avaient été nommés ailleurs. De toute manière, notre sécurité tenait en grande partie à l’état de nos relations avec le village. »

    Quand il pose son regard d’aujourd’hui sur le conflit d’hier, Bernard ne peut s’empêcher de constater qu’il avait des a priori sur les Harkis, sur les Pieds-Noirs... qu’il a perdus depuis. Au coeur du conflit, on ne voit parfois qu’un pan de vérité. D’ailleurs, une fois rentré, Bernard ne veut plus en parler. « Et je ne suis pas sûr que les gens avaient envie d’entendre... » Ce n’est que quelques années plus tard qu’il a ressorti ses carnets, proche d’un journal intime. D’un journal de guerre qu’il a confié à l’équipe d’historiens de Benjamin Stora.

    Aujourd’hui, le retraité ne participe pas aux commémorations. Il n’est pas davantage inscrit dans les associations d’anciens combattants. Enfin si, une association pour laquelle il reverse sa pension, et qui s’applique à mener des actions humanitaires en Algérie.

    Un livre, plusieurs paroles 

    Plus de 50 ans après l’indépendance de l’Algérie, de plus en plus d’anciens, civils ou militaires, Français ou Algériens, éprouvent le besoin de témoigner sur cette guerre qui a mis 45 ans à dire son nom. Des documents inédits mais aussi des lettres des carnets, des documents reproduits à l’identique en fac-similés, paraissent aujourd’hui dans un livre coédité par France Info et les Arènes, et réalisé sous la direction de l’historien Benjamin Stora.  Des extraits des cahiers de Bernard Bourdet, certaines de ses photos aussi y sont publiés. « Nous sommes entrés en contact par le biais de l’association des anciens d’appelés d’Algérie contre la guerre. » Mais dans ce livre, des anciens d’Algérie, de différente opinion politique et philosophique, témoignent.

    Les jeunes Français qui ont participé à la guerre d'Algérie ne font pas tous partie d'une association d'anciens combattants voici l'histoire de l'un deux : Bernard Bourdet

    Le témoignage complet

     

     

    écrit et parlé

     

    de Bernard Bourdet

     

    Passage difficile à l’indépendance

     

    Bernard Bourdet, présent en Algérie entre mars 1961 et septembre 1962, évoque les événements marquants de cette période : putsch des généraux, lutte contre l’OAS, épuration par l’ALN, départ des harkis pour la France…

    Le fait que, dans la famille de mon père, plusieurs oncles aient pris une part active à la résistance a probablement joué sur mon état d’esprit à mon départ au service militaire. La cause du FLN m’est apparue d’emblée comme une cause juste, même si ses formes d’action étaient condamnables. Il me paraissait évident que l’Algérie deviendrait indépendante parce que c’était dans le sens de l’histoire, même si l’on sait que rien n’est gagné d’avance. Les prises de position des associations d’éducation populaire, de l’UNEF, des principaux syndicats, les multiples initiatives contre la guerre au cours de l’année 1960 ont évidemment renforcé mon point de vue. Bien que participant à certaines manifestations, je n’étais adhérent d’aucune organisation en dehors de la FEN et des œuvres laïques.

    J’ai été incorporé  le 1er septembre 1960 au 5ème Régiment de Dragons de Périgueux où j’ai fait mes classes. Mon peloton était composé de sursitaires - en majorité opposés à la guerre - que l’armée française menait en Algérie. J’ai débarqué en Algérie le 8 mars 1961 et j’ai rejoint le 28ème Régiment de Dragons dont le PC était situé près d’Affreville (aujourd’hui Khenis-Miliana) dans la vallée du Chéliff,  à environ 140 km au sud-ouest d’Alger.

     

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    Un village de regroupement

    J’ai été envoyé au 4ème escadron qui occupait l’ancienne ferme d’un Bachaga au centre d’une cuvette dominée par les hauteurs du Djebel Louh dans  l’Ouarsenis. Sidi-el-Ghézali, un village de regroupement qualifié par un écriteau de «  village de France »,  jouxtait l’escadron. 

    J’ai été affecté au PHR (Peloton hors rang - bureau des problèmes humains) qui n’était pas un peloton de combat. Nous montions cependant la garde à l’escadron et, certains jours, nous nous postions aux alentours sur des lieux d’observation. Nous sortions en urgence quand une patrouille se trouvait en difficulté et nous participions quelquefois à des opérations importantes. J’étais angoissé à l’idée de devoir un jour me servir d’une arme pour défendre ma vie mais j’ai eu la chance de ne pas me trouver mêlé de près à des accrochages. Ce que je craignais également, après avoir été nommé brigadier, c’était la garde de nuit loin de l’escadron, dans une tour située à un carrefour exposé, seul appelé avec un groupe de harkis. Nous avions appris que certains désertaient en emportant leurs armes pour rejoindre l’ALN avant qu’il ne soit trop tard pour eux. Une nuit j’ai bien cru qu’il se préparait quelque chose de ce genre.

    Mon premier travail  a été, avec Pierre, un autre appelé, de recenser la population d’une partie reculée d’un douar, le Dehaguena. Un groupe de harkis était sensé assurer notre protection. En réalité ils s’éloignaient de nous pour fouiller les mechtas et piller les maigres jardins. Le jour où l’on est venu nous dire qu’ils avaient violé une femme devant son mari, nous avons refusé qu’ils nous accompagnent. Cette expérience a influencé mon opinion sur les harkis que je voyais comme des traîtres à la cause de leur peuple. Cependant notre interprète était un brave homme qui s’était engagé pour faire vivre sa famille. Je m’efforçais alors de ne pas généraliser.

    Les mechtas du douar étaient misérables. Certains fellahs avaient travaillé sur les terres d’un colon, plus bas dans la vallée. Ils étaient aussi pauvres que les autres, ce qui renforçait mon point de vue sur le comportement des colons envers leurs ouvriers arabes. Je pensais que les Pieds-Noirs, dans leur majorité, s’estimaient plus civilisés que les Arabes et en nourrissaient un sentiment de supériorité. Ils trouvaient donc légitimes les privilèges, petits ou grands, que leur assurait l’Algérie française. Du pur colonialisme ! En fait, je n’ai eu que peu de contacts avec eux : quelques colons pour qui « un raton serait toujours un raton », mais aussi  un appelé de l’escadron qui n’était pas raciste et qui essayait de comprendre les raisons de la lutte pour l’indépendance.

     

    L’action psychologique de l’armée

     

    Les jeunes Français qui ont participé à la guerre d'Algérie ne font pas tous partie d'une association d'anciens combattants voici l'histoire de l'un deux : Bernard Bourdet


    "Pour permettre aux jeunes kabyles de continuer leurs études, l’armée de pacification utilise différentes formules : ici une classe en plein air a été organisée".

    Mes fonctions au bureau des problèmes humains me permettaient d’être en contact permanent avec les habitants du village de regroupement. Je délivrais les permissions de se déplacer et celles de faire moudre du blé. Je devais bien entendu rendre compte si certains, se déplaçant souvent ou dépassant les besoins de la famille en farine, pouvaient être soupçonnés d’approvisionner les «  fellaghas ». Je fermais les yeux là-dessus, malgré les injonctions du sous-lieutenant du bureau, un appelé qui disait faire la guerre pour défendre les valeurs de l’Occident et qui prétendait avoir rallié à l’armée française la majorité des habitants de Sidi-el-Ghézali. C’est ce qu’il écrivait dans ses rapports. Pourtant, avant mon arrivée à l’escadron, les habitants regroupés avaient voulu mettre le feu au village.

    Il ne fallait pas être un fin observateur pour se rendre compte des effets produits par l’action psychologique de l’armée. Celle-ci avait lieu chaque vendredi, jour de marché. Il arrivait que des cadavres soient exposés au centre du village. On expliquait aux habitants et aux enfants de l’école rassemblés que tel était le sort réservé aux « fells ». Quelques jours après, un ou deux jeunes hommes manquaient au village. Quand une patrouille surprenait un berger en dehors des limites autorisées, sa carte d’identité était saisie. Pour la récupérer il devait payer une amende ou donner un ou plusieurs moutons. Le temps que j’ai passé à l’escadron, il n’y a pas eu d’actes de tortures. Selon les anciens, ce n’était pas rare dans le passé. Mais, sauf au cours d’opérations,  les personnes arrêtées devaient désormais être conduites en des lieux spécialisés pour les interrogatoires.

    Pendant la sédition des généraux en avril 61, des appelés basés près d’Affreville avaient décidé de poster des véhicules blindés sur la route Alger-Oran pour stopper une unité de parachutistes étrangers qui avait rallié les putchistes. Heureusement pour nos camarades,  les parachutistes ne se sont pas pointés. J’ai appris longtemps après d’un ami d’origine algérienne que c’était son régiment, légaliste, qui les avaient empêchés de quitter leur cantonnement. Dans le bled nous étions à l’écart de cela. Les nouvelles de France, l’élan de mobilisation à l’appel des syndicats et des forces progressistes, nous remontaient le moral. Il n’en n’était pas de même pour tous les militaires de carrière…

     Ouverture d’une école et d’un cercle féminin

    En  août 61 j’ai été envoyé dans un petit poste isolé qui avait été construit par l’armée, principalement pour la surveillance de Dar-el-Beïda, un village où l’on avait regroupé les habitants des fermes dispersées dans les contreforts du Djebel Louh. Il fallait aller chercher l’eau à un bon kilomètre en contrebas. Nous étions une dizaine d’appelés avec un sous-officier de carrière. Le poste servait aussi de PC aux opérations importantes qui avaient repris de plus belle malgré l’approche du cessez-le-feu.

    A quelques centaines de mètres du village, une ancienne ferme était en cours d’aménagement pour en faire une école. Maçon de profession, un appelé du poste s’était beaucoup investi avec très peu de moyens. Robert, instituteur dans le civil, et moi, nous avons pu ouvrir une classe le matin et une autre l’après-midi pour 70 garçons et filles - ce qui était malheureusement loin de la totalité des enfants d’âge scolaire. Quand nous ne faisions pas la classe,  nous allions dans le village pour des soins. Avoir des médicaments par la voie officielle n’était pas facile,  mais l’infirmier de l’escadron nous en procurait pour les  maux les plus courants.

    Nous avions aussi trouvé une femme capable d’animer des activités d’économie familiale et nous avons pu ouvrir un cercle féminin à l’école. Faire accepter aux maris que leur épouse fréquente le cercle n’allait pas de soi, cependant progressivement un groupe s’était constitué. Les femmes étaient heureuses de pouvoir se retrouver pour des activités et surtout pour parler entre elles. Faire accepter que les filles aillent en classe ne s’était pas fait non plus sans discussions,  mais le chef du village nous avait aidés. Je crois même qu’il avait été encouragé par des maquisards de l’ALN,  après qu’ils aient pénétré dans l’école et probablement vérifié que nous n’utilisions pas la propagande fournie par l’armée en direction des enfants.

     Un accord tacite avec le village

     En octobre 61 notre chef de poste dut être hospitalisé à cause d’une vieille blessure qui l’empêchait de marcher, ce qui nous arrangeait énormément : nous ne faisions plus de sorties nocturnes autour du village. J’étais seul à avoir le grade de maréchal des logis. Je me suis donc retrouvé chef de poste. J’avais deux préoccupations qui étaient intimement liées : éviter les incidents avec les maquisards de l’ALN qui venaient au village la nuit et essayer de soulager un peu les conditions de vie des familles, quitte à détourner certaines instructions. De toute manière, notre sécurité tenait en grande partie à l’état de nos relations avec le village.

    Dès que nous nous sommes retrouvés entre appelés, nous avons réuni les habitants : « Nous savons que les maquisards viennent ici. Nous respectons leur combat pour l’indépendance de leur pays, pour la liberté et pour plus de justice. Nous pensons qu’il y aura bientôt un cessez-le-feu et que le mieux est d’éviter que cette guerre ne fasse encore des victimes. Nous savons que  la vie est difficile pour vous. Nous nous efforcerons de ne pas la rendre plus dure. Nous sommes tous des appelés. Dites aux maquisards que nous les laisserons tranquilles. Dites-leur qu’ils nous laissent tranquilles de leur côté. » Après cela, une sorte d’accord tacite s’établit entre le village et nous. Nous laissions les bergers faire paître leurs moutons en zone interdite. Certains retournaient voir leurs maisons. Quand nous apprenions que des pelotons de combat monteraient dans les parages, le village était bouclé. Tout le monde comprenait ce que cela signifiait.

    La misère était grande, et pourtant, il n’était pas rare que Robert ou moi revenions d’une tournée de soins avec des oeufs ou un poulet squelettique après avoir bu le café. Refuser aurait été un affront pour la famille. En soirée, il y avait un temps pour régler les « chicayas » et organiser « la corvée d’eau » pour l’école,  parce que nous avions installé des bidons avec des robinets afin que les enfants puissent se laver. Parfois il fallait intervenir pour éviter que cette « corvée » ne devienne uniquement l’affaire des jeunes filles.

     Aux Algériens de trouver leur voie

    Ma vision des habitants du village a évolué. Au début je les trouvais arriérés et étonnamment fatalistes. Je me disais qu’ils avaient besoin d’être guidés. Puis j’ai pris conscience que cette vision me rapprochait sérieusement du point de vue colonialiste,  alors que les Arabes avaient eu une civilisation florissante. Ahmed, le chef du village,  et Akri, le chef de l’autodéfense -   une autodéfense bien inutile dans notre situation - parlaient le français. Je discutais souvent avec eux et je les trouvais plutôt ouverts et tolérants à l’égard d’autres cultures (nous évitions toutefois le sujet de la religion). Avec Akri nous parlions de la nécessité d’une réforme agraire et je pensais alors que c’était bien aux Algériens de trouver leur voie. Le seul point de désaccord que nous avions avec les hommes du village concernait la place des femmes : « Tu ne peux pas comprendre, me disaient-ils, les femmes arabes, c’est pas pareil ! »

    L’hiver était assez  rude dans les djebels. Cinq petits enfants sont morts en janvier-février 62. Les parents de Robert et les miens nous envoyaient des colis de vêtements. Je me souviens d’une anecdote qui nous avait bien amusés.  Nous avions reçus des lots de petites culottes pour les fillettes : le lendemain de la distribution, elles s’étaient mises à faire les pieds au mur à l’école pour bien montrer qu’elles les portaient… Les enfants avaient une formidable soif d’apprendre. Tout les passionnait. Nous les aimions.

    Robert et moi étions les seuls à sortir tous les jours du périmètre du poste. Nous ne portions jamais d’arme et il nous arrivait d’aller faire un tour dans les collines, accompagnés de quelques hommes. Nous étions très occupés. Mais parmi ceux qui n’avaient qu’à monter la garde et qui étaient là depuis de longs mois, certains commençaient « à péter les plombs ». Nous craignions qu’ils ne finissent par s’en prendre à des femmes du village. Une ancienne prostituée de Miliana, plus très jeune,  atterrie ici nous ne savions comment, avait proposé ses services. Alors, très discrètement, quelques-uns la retrouvaient dans un petit local attenant à l’école !

     Tension avec l’OAS

    L’approche du cessez-le-feu ne ralentissait pas le rythme des opérations, au contraire. Un canon de 105 et des caisses d’obus ont été amenés au poste à la fin de février 62. Un peloton de combat s’y est installé pendant une quinzaine de jours. Les sorties consistaient en partie à détruire les maisons restant encore debout,  pour éviter qu’elles ne servent de refuge aux « fellaghas ».

    Parmi les appelés, ceux qui, quelques mois auparavant, parlaient de « casser du fell »,  aspiraient maintenant à la paix. Mais à l’escadron et au poste de Reyder qui en dépendait, la propagande pour la poursuite de la guerre devenait insupportable. Nous apprîmes que des gradés de l’escadron et de Reyder organisaient le ravitaillement en vivres et en munitions d’un commando OAS qui cherchait à s’implanter dans la région. La tension devint rapidement intenable : refus d’obéir des appelés et des harkis, manifestations et slogans anti-OAS, mitraillage de la tour radio de Reyder par le commando OAS après que les camarades aient refusé de transmettre les messages qui lui étaient destinés. Un rapport détaillé des appelés au PC ne fut suivi d’aucun effet.

    A Dar-el-Beida comme ailleurs nous étions sur nos gardes. Des barbelés fermaient l’enceinte du poste. Une nuit celui qui montait la garde dans la tour se mit à tirer au FM (Fusil mitrailleur). Des balles s’écrasaient à l’autre extrémité du bâtiment. Il avait vu des ombres tout près et il avait fait des sommations.  Plusieurs d’entre nous se mirent à tirer au-dessus du blindage des fenêtres. Puis tout s’arrêta. ALN, OAS ?  Nous ne savions pas. Le lendemain, c’était le sujet de discussion au village. «  Ce ne sont pas des maquisards de l’ALN. Ils ont ordre de ne plus harceler les postes et de toute façon ils n’auraient pas tiré sur le vôtre ». En réalité, personne n’était venu rôder ce soir-là près du poste : les impacts venaient probablement des tirs du FM de la tour de garde !

     Le cessez-le-feu

    Le 19 mars 1962, quand la radio annonça le cessez-le-feu,  nous nous sommes précipités dans le village. Nous voulions faire la fête avec les habitants mais le FLN avait donné des consignes pour éviter des  effusions qui pourraient déborder. Je confiai à Akri que je m’étais bien amusé à le voir s’asseoir toujours sur le même rocher, visible de loin, à chaque fois que des militaires arrivaient en vue du poste. Il en avait bien ri lui aussi. Il m’avait dit que j’étais comme son frère et qu’il fallait que je revienne quand l’Algérie serait indépendante. Cependant, les gradés de Reyder avaient décidé d’ignorer le cessez-le-feu et de continuer les patrouilles et les embuscades. Des hommes et des femmes pris dans l’ex-zone interdite étaient ramenés au poste, tabassés, enfermés dans un silo.

    Et puis un jour que les harkis étaient une fois encore appelés par un sous-officier pied-noir à collaborer avec l’OAS : des rafales de PM. On relevait  trois morts (le sous-officier et deux harkis) et plusieurs blessés,  pendant qu’un groupe de harkis s’enfuyait. Les enquêteurs du PC firent disparaître les douilles et firent retomber la responsabilité de la fusillade sur les appelés. Deux de nos camarades furent accusés auprès du tribunal militaire de refus d’obéissance ayant entraîné la mort de trois hommes ! Quelques jours après,  le maquis de l’OAS fut attaqué par l’ALN. Il perdit des hommes dans les combats.  L’armée française prit le relais et poursuivit les rescapés. L’aventure était terminée.

    Le moment d’abandonner le poste arrivait. Robert et moi,  nous nous demandions ce qu’il allait advenir des familles de Dar-el-Beïda. Et les enfants, pourraient-ils retrouver une école ? Le jour de notre départ une grande partie des habitants s’était rassemblée. Ils étaient évidemment heureux de pouvoir retourner dans leurs maisons, si elles n’avaient pas été détruites. L’instant était chargé d’émotion. Des enfants pleuraient. Nous savions que nous ne les reverrions plus et nous étions bouleversés.

     Tension entre appelés et militaires de carrière

    C’est à Reyder que nous nous sommes retrouvés. Après la fusillade qui avait fait trois morts, la tension entre appelés et militaires de carrière  était loin de s’apaiser. Pendant que ceux-ci tambourinaient  les cinq coups d’Algérie française sur des assiettes en métal, nous resserrions les rangs : déplacements armés à l’intérieur même du poste (jusqu’à ce qu’on nous retire nos armes, sauf un FM),  garde de nuit devant notre dortoir, FM en batterie … Bien entendu je ne mangeais pas au mess et je dormais avec les appelés. Il fut décidé de constituer un dossier avec des témoignages et de le faire parvenir à Rocher Noir ( où venaient de s’installer les services de Délégué Général du Gouvernement ) pour défendre les deux camarades qui avaient été accusés.

    De retour à l’escadron, je constatais que le cessez-le-feu n’y était pas respecté. Des maquisards de l’ALN qui se rendaient dans leur famille étaient interceptés et conduits au PC pour être interrogés. Dans un escadron voisin, des appelés étaient tombés sur un groupe important de maquisards de l’ALN. Ils avaient pris contact sans incident. Quelques heures après, sur l’initiative d’un lieutenant qui s’était empressé de faire appel à des renforts, le groupe était encerclé et emmené prisonnier à Miliana.

    En mai 62 j’ai eu une permission pour la France. La section du parti communiste m’invita à faire une projection de diapositives et à participer à un débat sur l’Algérie. Quelques jours après,  des voisins qui habitaient un peu plus haut dans la rue eurent la surprise d’avoir leurs murs couverts de slogans : OAS vaincra… La ville venait de faire changer les numéros des maisons et ils avaient hérité du nôtre !

    Après un bref retour à l’escadron, je fus affecté à la Force Locale d’Affreville, chargée de lutter contre l’OAS. Je m’occupais de l’approvisionnement. Le capitaine et la quasi totalité des hommes étaient arabes. Il n’y avait que quelques appelés et quelques militaires de carrière français. Certains cherchaient à savoir lesquels avaient constitué un dossier sur la fusillade de Reyder. Un jour je trouvais un micro au-dessus du plafond de la pièce où nous avions l’habitude de nous retrouver entre appelés. Nous en parlâmes au capitaine avec qui nous avions de bonnes relations. Il nous assura qu’il avait lui-même porté le dossier à Rocher Noir. Finalement nos camarades furent acquittés par le tribunal militaire.

     Après le vote pour l’indépendance

    Alors que les Européens quittaient la ville, les Arabes se préparaient au grand jour du vote pour l’indépendance qui aura lieu le 1er juillet. Début juillet 62, les forces locales de toute la région rejoignaient l’ALN. Partout, c’était la fête : des milliers de drapeaux, des camions bondés qui circulaient en klaxonnant, des défilés de garçons et de fillettes en vert et blanc, les youyous des femmes…La joie, enfin !

    Ma dernière affection fut Fort Lamothe, sur la route Alger-Oran, en bordure de l’oued Chéliff.

    Le capitaine trouva à m’employer en utilisant le fait que j’arrivais de la Force Locale. Les militaires français étaient cantonnés dans leurs locaux. Les barrages étaient maintenant tenus par les forces de l’ALN, qui inquiétaient parfois les véhicules d’approvisionnement jusqu’à se saisir de denrées. Je fus chargé de l’approvisionnement. En ville, je retrouvais les anciens de la Force Locale d’Affreville qui, bien entendu,  ne me faisaient pas de difficulté pour franchir les barrages.

    Un jour je fus envoyé à Alger avec une ambulance qui transportait deux faux malades, en réalité des harkis qu’il fallait soustraire aux recherches de l’ALN. Je n’étais pas très fier de cette mission : ils avaient peut-être accompli de sales besognes… Mais par ailleurs la terrible épuration à laquelle se livraient la population et l’ALN (souvent le fait de résistants de la dernière heure) était effrayante. Nous voyions des corps mutilés, sans tête, flotter sur l’oued Chéliff. Même si je n’avais pas de sympathie pour les harkis,   je pensais que la France, en les abandonnant ainsi, était vraiment au-dessous de tout !

     Le retour

    Le 2 septembre 62,  je prenais le bateau pour Marseille. J’avais arraché mon galon de maréchal des logis et l’insigne du régiment. A mon arrivée à Poitiers, des gradés accueillaient les nouvelles recrues à la gare. Ils me regardèrent, perplexes, sans m’interpeller. A mon retour je n’eus guère le temps de me ressaisir : une classe d’une bonne quarantaine d’élèves (qui étaient loin d’être aussi heureux d’aller à l’école que les enfants de Dar-el-Beïda), la reprise d’activités périscolaires, les entraînements du club de gym…Je n’avais pas envie de parler de l’Algérie et de toute manière j’avais l’impression que cela n’aurait pas intéressé mon entourage, sauf sans doute quelques amis proches.

    Mon séjour en Algérie m’avait convaincu que le combat pour plus d’égalité, de justice, de démocratie était central. Je me suis donc engagé dans la vie politique : adhésion au parti communiste,  que je quitterai en 1985 pour participer à l’activité des Refondateurs, puis à des mouvements pour un rassemblement des forces de la gauche et de l’écologie. Les évolutions de ma vie professionnelle (instituteur, puis animateur sportif et socioculturel dans un grand ensemble HLM, puis conseiller d’éducation populaire) devaient me permettre d’allier travail et activités militantes sans les mélanger pour autant.

    Mais rien concernant  l’Algérie jusqu’en 1995 où j’ai adhéré à une association intitulée « Algérie urgence » qui venait de se créer à Poitiers. Le but en était d’informer sur la situation en Algérie, de soutenir les démocrates algériens, d’aider les réfugiés. L’une de nos actions fut d’organiser en France un module de formation pour des animateurs médiateurs recrutés par l’Association Algérienne pour la Protection et la Santé des Enfants qui s’inquiétait du désarroi et de la vulnérabilité des jeunes algériens. A la même époque,  j’ai été «  parrain républicain » d’un réfugié algérien sans papiers. Lui obtenir un permis de séjour fut une longue bataille. Il avait été militaire dans son pays et il me racontait les exactions et les coups tordus qui avaient cours là-bas, comme si l’esprit et les pratiques de la guerre passée avaient imprégné les esprits. Nos discussions me ramenaient aux enfants de Dar-el-Beïda : qu’étaient-ils devenus dans cette région où des groupes islamiques avaient été particulièrement actifs ?

     Ma position actuelle

    A plusieurs reprises j’ai été sollicité par des amis pour adhérer à une association d’anciens combattants d’Algérie. Mais d’une part je refusais absolument l’appellation d’ancien combattant, d’autre part des détails m’exaspéraient : cette sorte de distinction que confère pour certains le fait d’avoir crapahuté dans les djebels ; ces cérémonies avec drapeaux et décorations comme si la fin de la guerre d’Algérie et celle de 39-45 pouvaient être commémorées de la même façon ; cette formulation de «  morts pour la France » à l’égard de nos camarades qui ont laissé leur vie là-bas … Il faut bien entendu se souvenir d’eux et  respecter leur mémoire,  mais sont-ils morts pour la France ou à cause des dirigeants de la France d’alors ? Je ne voulais ni de la carte d’ancien combattant ni de la pension.

    Mais un matin je suis tombé dans le journal local sur un article d’André Geay, le correspondant régional de l’Association des Anciens Appelés en Algérie contre la Guerre. Cela changeait tout. Quelques jours après,  je déposai un dossier pour obtenir la pension à reverser. Dans différentes organisations militantes et à la municipalité de Poitiers entre 1995 à 2001 (étant chargé des questions de citoyenneté et de vie des quartiers),  j’ai  rencontré d’anciens harkis et des personnes d’origine pieds- noire qui se battaient pour les droits de la personne et les droits sociaux.  Je me suis débarrassé de mes à priori les concernant.

    Les évènements tragiques qui se sont produits en Algérie après l’indépendance ont bien entendu fourni des arguments aux nostalgiques de l’Algérie française,  mais l’indépendance n’en était pas moins humainement et historiquement juste. La guerre aurait été évitée et les Européens n’auraient sans doute pas dû partir, si la France ne s’était pas obstinée si longtemps à refuser l’égalité des droits,  et si l’OAS n’avait pas exalté une telle haine en 61-62. Les appelés qui étaient contre la guerre et des militaires comme le général de la Bollardière  qui a dénoncé l’usage de la torture ne trahissaient pas leur patrie. C’est leur patrie qui trahissait des valeurs universelles. Ils ont évité que la rupture ne devienne totale entre les deux peuples.

    Pour ma part, le séjour au poste de Dar-el-Beïda m’a profondément marqué et a probablement influencé  mes choix dans mon parcours professionnel et militant. Les relations que Robert et moi avions avec les habitants du village de regroupement m’ont prouvé qu’ils n’avaient pas de sentiment raciste à l’égard des Français et qu’ils faisaient la différence entre les militaires qui se livraient à la répression et ceux qui n’approuvaient pas cette guerre. Je pense toujours à eux avec émotion.

     Mes souhaits

    Plus de cinquante ans après la déclaration d’indépendance, la coopération entre les peuples algérien et français passe encore par une connaissance et une reconnaissance de la vérité sur ce qu’on appelait «  les évènements d’Algérie ». Concernant la France, je pense qu’elle doit aller plus loin dans la reconnaissance de son passé colonial et de l’usage de la torture pendant la guerre. Quant à l’Algérie, il lui faudrait sans doute reconnaître les exactions du FLN et les crimes fratricides entre nationalistes.

    En Algérie comme dans beaucoup d’autres pays, le pouvoir en place n’admet pas que l’action sociale et culturelle ait des effets politiques. Il n’est pas question de nous immiscer dans la politique intérieure de l’Algérie ni de présenter des modèles de développement préfabriqués par la culture occidentale,  mais pouvons-nous rester neutres dans nos échanges ?

    Je pense que l’aide des associations à des projets de développement devrait être orientée prioritairement vers la formation, l’économie solidaire, le commerce équitable, l’agriculture biologique … les échanges qui donnent à réfléchir. La présence de partenaires locaux très impliqués dans la conception puis la réalisation des projets est par ailleurs indispensable. Je crois enfin que nous devons soutenir les démocrates algériens et les associations qui, par exemple, militent pour une évolution effective du statut des femmes. Concernant l’association 4acg, je suis tout à fait d’accord avec les critères de choix retenus.

     

                                                                                                                Bernard  BOURDET

     

    Les débuts, la guerre d’Algérie

    Algérie : instituteur dans un village

    de regroupement

    Algérie : l’indépendance

     

    Les deux livres auxquels a participé Bernard (toujours à la vente) :

    algerie-fotos

    algerie54

     Contre la guerre d’Algérie

     Algérie : qu’en gardes-tu ?

     

     

     


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    Tortures en Algérie :

     «Je remercie E. Macron d'avoir fait un pas

    qu'il en fasse d'autres»

    Tortures en Algérie :   «Je remercie E. Macron d'avoir fait un pas  qu'il en fasse d'autres»

    Louisette Ighilahriz, militante nationaliste algérienne durant la guerre d'Algérie. Ici en compagnie d'Henri Pouillot sortant de la sinistre villa Sésini où il a été témoin de la torture.

     

    Parce qu'elle est contre un cinquième mandat du président Bouteflika à partir d'avril prochain, Louisette Ighilahriz annonce qu'elle démissionne du Sénat algérien. Or cette femme est une grande voix d'Algérie. Pendant la guerre d'indépendance, elle a été torturée par l'armée française. Abdelaziz Bouteflika qui s'accroche au pouvoir, Emmanuel Macron qui reconnait la torture systématique... Sur ces deux faits d'actualité, Louisette Ighilahriz réagit, en ligne d'Alger, au micro de Christophe Boisbouvier.

    RFI : Louisette Ighilahriz, pourquoi démissionnez-vous du Sénat ? 

    Louisette Ighilahriz : J’ai démissionné parce que cela me paraissait impossible vu sa santé, vu son handicap. D’ailleurs, vous le savez mieux que nous, Algériens, puisqu’il [Abdelaziz Bouteflika] a été pris en charge en France. Vous savez de quoi il s’agit. Le quatrième mandat s’est terminé difficilement avec des scandales de cocaïne, des escroqueries… Et avec des arrestations de généraux et beaucoup d’autres, il y a eu beaucoup de corruption… Donc on finit assez lamentablement un mandat et ils veulent nous investir monsieur le président pour un cinquième mandat où je ne le vois pas. Il ne nous a jamais parlé, on l’entrevoit seulement pendant quelques minutes. Et j’ai dit qu’il fallait arrêter de cautionner cette vaste fumisterie finalement.

    Pensez-vous que c’est lui qui veut faire un cinquième mandat ou que c’est son entourage qui le pousse ? 

    Non, non… C’est son entourage. Effectivement, nous avons pensé à cela. Nous avons réfléchi. Mais on ne connaît ni les noms, ni leur profession… Ce sont des gens, une sorte de caste, un clan qui parle et qui agit en son nom, qui a pour but continuer à dépecer les richesses du pays. Donc, basta. Ça suffit. Niet. Personnellement, je dis non. Je ne veux pas cautionner cela. J’ai des principes et j’ai remis mon mandat.

    Pensez-vous qu’Abdelaziz Bouteflika est l’otage d’un clan ? 

    Eh bien écoutez, on l’entrevoit de temps en temps. Donc est-il conscient ? C’est à vous de nous le dire parce qu’il se soigne chez vous. De quoi est-il malade ? C’est à vous de nous le dire. Parce que nous, on ne sait rien. On sait seulement qu’il y a un clan, une caste, qui gère en son nom. C’est tout.

    Vous avez longtemps milité au FLN. Vous en avez même été la directrice centrale en 1980. Alors si aujourd’hui le FLN demande au président de se représenter, est-ce que vous ne risquez pas de parler dans le désert ? 

    Je ne suis pas FLN. Je suis un électron libre. Donc, je ferai tout pour essayer de conscientiser les gens. C’est clair ! Maintenant, si je prêche dans le désert, eh bien j’aurai quand même dit mon mot.

    Actuellement, qui gouverne en Algérie ? 

    Ah… On parle beaucoup de monsieur le président. D'ailleurs, on l’a entrevu hier, hier soir. Il paraît très fatigué, avec des yeux hagards… Alors je me suis dit : non, ce n’est pas possible que monsieur le président… Et je lui souhaite bon rétablissement ! Je me dis : quand même, ce n’est pas lui. Ce n’est pas possible qu’il puisse gérer un pays, comme ça ! Non. Non, non… Donc c’est un clan qui gère en ce moment en son nom.

    Des civils ? Des militaires ? 

    Eh bien, on n’en sait rien ! Justement, on ne sait pas qui c’est ! Tout est bloqué, tout est calfeutré… On vit une situation kafkaïenne.

    Que souhaitez-vous aujourd’hui ? Une transition politique ? 

    Bien sûr ! Une transition politique normale, légitime, légale, démocratique… Et je souhaiterais un président normal, ayant toutes ses facultés mentales et physiques, patriote… En toute démocratie et à nous de choisir.

    En toute démocratie, dites-vous. Mais est-ce que les élections sont libres ? 

    Ah ça ! Alors ça ! Non, mais on va essayer. Essayer.

    Le 13 septembre dernier le président Macron a rendu visite à Josette Audin et a reconnu que son mari Maurice, qui militait pour le FLN, est mort sous la torture à Alger en 1957 du fait d’un système institué alors en Algérie par la France. Vous, qui avez été torturée à la même époque par les mêmes officiers, comment vous réagissez ? 

    Ecoutez, la reconnaissance par la France des tortures qu’elle a employées par le système, je l’ai toujours réclamée. Parce que, ayant subi des tortures innommables, je le remercie et le félicite d’avoir fait un pas. Et je souhaiterais qu’il continue parce qu’il y a d’autres crimes d’Etat qui n’ont pas été reconnus encore. Il y a Larbi Ben M'Hidi… Il y a énormément de crimes !

    Avez-vous été surprise par cette initiative d’Emmanuel Macron ? 

    Non. Parce que, quand il était candidat, il avait déjà déclaré que la colonisation était très sévère et cela avait été…

    Un crime contre l’humanité… 

    Contre l’humanité, exactement. Et je me disais : il viendra un jour où il reconnaîtra. Non, je n’ai pas été surprise. J’attendais, justement. Et pour moi, je vous assure que c’est un gros poids en moins. J’ai commencé, un peu, à faire mon deuil. Parce que c’est très, très lourd à porter ! D’autant plus que les généraux avec qui j'ai esté en justice m’ont humiliée de mensonges ! Eh bien maintenant qu’il reconnaisse qu’il y a la torture, je suis un peu apaisée.

    Pour vous c’est un geste important, c’est cela ? 

    Il y a un proverbe arabe qui dit : « Ne ressent la douleur que celui qui a marché sur la braise et s’est lourdement brûlé ». Donc nous, nous avons marché sur cette braise ! Et on souhaiterait qu’il reconnaisse que nous avons été douloureusement brûlés ! Et là, qu’il reconnaisse la torture qui a été une braise et qu’il reconnaisse que c’était un système. Donc, personnellement, je me sens un peu apaisée quand même qu’il reconnaisse qu’il y avait énormément de tortures brûlantes.

    Alors, quels sont les autres pas que vous attendez ? 

    Il y a le 17 octobre, chez vous, pour commencer [le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines de manifestants pro-FLN sont tués à Paris par la police française, NDLR]. Il y a le 8 mai [le 8 mai 1945, à Sétif, plusieurs milliers de musulmans sont massacrés par l'armée française au cours d'affrontements qui font aussi une centaine de morts chez les Européens], il y a les enfumades… Enfin, qu’il reconnaisse ! Pour que les relations soient apaisées une bonne fois pour toutes.R

    SOURCE : http://www.rfi.fr/emission/20181026-tortures-guerre-algerie-macron-bouteflika-louisette-ighilahriz

     

    Rappelons-nous de ces témoignages sur la torture


     


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    La guerre des appelés en Algérie

     

    « Je ne savais même pas pourquoi

     les Algériens s’étaient révoltés »

    Contre les tabous et l'oubli, ils racontent leur guerre

     sans nom

    Un documentaire de Jane Birmant 

     

    A 20 ans, Rémi, Georges, Gilles et les autres se sont retrouvés soldats, appelés au cœur de la guerre d’Algérie. Une guerre sans nom et sans visage, avec son lot d’atrocités et de crimes. A leur retour en France, personne ne leur a posé de questions : ni leurs femmes, ni leurs parents. Comme beaucoup d'autres ils se sont tus.  
    50 ans plus tard, c’est le déclic quand ils reçoivent leur pension d’ancien combattant. Impossible pour eux d’accepter cet argent pour des crimes qu’ils ont commis là-bas. Alors Rémi et ses amis, une bande de vieux paysans retraités du Tarn, fondent la 4ACG, Association des Anciens Appelés d’Algérie Contre la Guerre. Par ce biais, ils reversent leur maigre pension à des associations humanitaires en Algérie. Mais surtout, ils permettent à tout nouvel adhérent de raconter pour la première fois son histoire de la guerre d'Algérie. Des témoignages émouvants et pas militants, qui font la part des horreurs. Des récits durs et d'autant plus nécessaires pour lever les tabous sur une guerre qui n'a jamais dit son nom.

    SOURCE : https://www.arteradio.com/son/61660266la_guerre_des_appeles_en_algerie

    Ecoutez

    « Je ne savais même pas pourquoi   les Algériens s’étaient révoltés » *** Contre les tabous et l'oubli, ils racontent leur guerre   sans nom


     


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    La "Toussaint Rouge", il y a 64 ans !!!

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 64 ans !!!

    C'est à Béziers qu'on n'y pense le plus... 

     

    Nous sommes dans cette période du 64ème anniversaire de cette "Toussaint Rouge", le déclenchement de la Guerre de Libération, qui aboutira près de 8 ans plus tard, à un Etat Algérien indépendant.  

    Le 8 mai 1945, c’était la prémisse de cette évolution. La manifestation à Sétif, avec le drapeau algérien brandi, c’était l’annonce d’une marche vers un combat pour l’indépendance. La féroce répression organisée par l’Armée, la police et les milices à Sétif mais aussi à Khérrata, Guelma... fera plus de 40.000 morts. Le général Duval dira alors avoir "gagné" 10 ans de paix. 

    Le colonialisme, en imposant un racisme institutionnel, une sorte d’apartheid considérant les indigènes comme des sujets pouvant servir de chair à canon mais pas comme des citoyens à part entière, porte la responsabilité de cette guerre. La France, en refusant des droits élémentaires à la population autochtone, a donc contraint les Algériens à la seule solution qui leur restait : la lutte armée pour obtenir leur dignité. 

    Pendant cette guerre de libération, la France porte une terrible responsabilité d’avoir multiplié les crimes d’état (8 mai 1945, 17 octobre 1961, 8 février 1962...) et les crimes contre l’humanité (torture, viols, corvées de bois, villages rasés au napalm, camps d’internement publiquement appelés de regroupement, utilisation des gaz sarin et Vx, des crevettes Bigeard, des essais nucléaires...). Elle ne les a toujours pas reconnus ni donc condamnés, 64 ans plus tard. 

    Il est plus que temps que les plus hautes autorités de notre pays s’engagent dans cette voie.

    Il n’est pas tolérable qu’à Béziers, le 1er novembre de chaque année, l’extrémiste Ménard s’incline devant une stèle glorifiant l’OAS, cette organisation terroriste et criminelle puis en y déposant une gerbe fleurit la stèle appelée " la plus fleurie de France ".

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!


     C’était le 1er novembre 2016 à Béziers la stèle la plus fleurie de France c'est la stèle glorifiant l'OAS et ses criminels condamnés à mort. 

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!
      

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!! Mais une date historique : le 6 octobre 2011...

     

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!

    Robert Ménard s’inclinerait donc ce 1er novembre 2018, mais cette info reste à être confirmée, une fois de plus, une fois de trop devant une stèle en l'honneur des quatre fusillés membres de l'OAS. Sur cette stèle figurent les photographies de Dovecar et Piegts, à l'origine de l'assassinat du commissaire d'Alger Roger Gavoury, de Bastien-Thiry, organisateur de l'attentat manqué contre De Gaulle au Petit-Clamart, et de Degueldre, fondateur des commandos Delta. Quatre hommes condamnés à mort par les tribunaux français après la guerre d'Algérie. 

     


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    Contrairement à la théorie du grand remplacement de l’extrémiste Zemmour et de la meute du même acabit des amis quittent la France pour l’Algérie… Ils ne se feront plus dénigrer par les adeptes de la fachosphère…

    Dommage que ce ne sont pas ces derniers qui "dégagent", la France républicaine serait moins salie…

    Au-revoir mes amis et bonne chance.

    Michel Dandelot

     

    Des milliers de jeunes d’origine algérienne quittent la France pour s’installer en Algérie...

     

    Des milliers de jeunes d’origine algérienne quittent

    la France pour s’installer en Algérie...

    "C’est un phénomène méconnu qui est en train d’émerger : des milliers d’enfants de l’immigration, des jeunes d’origine algérienne, souvent diplômés, traversent la Méditerranée pour s’installer en Algérie. Ils vont y chercher la réussite et les opportunités qu’ils ne trouvent pas forcément en France. Le déclic, ce sont les aides du gouvernement algérien : crédit gratuit allant jusqu’à 1 million d’euros, à taux zéro et remboursable à partir de 10 ans d’exercice. Mais pas seulement : il y a aussi les logements moins chers et les prix de 40 à 50 % moins élevés… Ce qui leur était inaccessible en France devient possible ici. D’autant que leur double culture est une richesse. Nous avons suivi Fella, créatrice de smartphones, Kader, exportateur de produits agricoles et Bachir, l’architecte en vogue de Marseille. Nous verrons pourquoi ils ont tout quitté pour cette nouvelle vie et ce qu’ils ont trouvé en Algérie". 

    "Algérie, nouvel eldorado des beurs " ? 


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    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains pour les uns, pour ceux qui refusaient de se faire dominer par les Algériens pour beaucoup et de la faute de l'OAS pour les autres… les deux témoignages suivants parmi beaucoup d’autres le prouvent :

    On ne peut refaire l´Histoire, «La valise ou le cercueil» appartient à Salan, Ortiz, Lagaillarde et consorts. Personne ne pourra rien y changer. Voici une Française restée en Algérie après l'indépendance :

     

    Emouvant témoignage 

    de la doyenne des Français en Algérie

    qui est maintenant décédée 

    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains seulement…

    Cécile Serra : «Je suis espagnole d'origine, française de nationalité et algérienne de cœur.» Photo : Binatna 

    Cécile Serra, la doyenne des Français d’Algérie qui avait décidé de rester vivre dans notre pays au lendemain de l’Indépendance, alors que beaucoup d’Européens avaient choisi de partir, a expliqué, dans un entretien paru dans la Lettre d’information de l’ambassade de France à Alger, Binatna, les raisons qui l’ont amené à ne pas se séparer de la terre qui l’a vu naître. 

    Du haut de ses 94 ans (article écrit le 1er novembre 2013), Mme Serra, comme aiment à l’appeler ses voisins avec affection, ne garde que de bons souvenirs de son vécu sur les hauteurs d’Alger, à Bir Mourad Raïs précisément, où elle est née en 1919, mais aussi à Alger où elle vit aujourd’hui. 

    Et lorsqu’on lui demande pourquoi avoir choisi de rester en Algérie à l’Indépendance et si elle avait eu peur à l’époque pour sa vie, sa réponse est sans détour : «Pourquoi serais-je partie ? J'avais toujours vécu ici. Et puis, je n'ai jamais eu peur. Peut-être parce que je n'ai jamais été confrontée à quoi que ce soit qui aurait pu me faire peur. 

    J'aime ce pays. Il y a tout ici : la mer, la montagne… Vous savez, je suis espagnole d'origine, française de nationalité et algérienne de cœur», tranche-t-elle. Et sa relation avec son voisinage qui sait évidemment ses origines européennes ? «C’est simple : je ne peux aller nulle part sans que l'on m'interpelle : comment tu vas, Mme Serra ? Les gens viennent me rendre visite, m'apportent à manger... C'est trop ! Mon congélateur déborde ! Et c'est sans parler de tous ceux qui m'écrivent !», tient-elle à témoigner à propos de cette relation si particulière, si intense, si chaleureuse qu’elle entretient avec tous ceux qui la connaissent. «Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter tout cela mais, en tout cas, je suis une vieille dame gâtée», finit-elle par avouer comme pour marquer d’une pierre blanche les rapports profondément humains qui la lient à ses voisins algériens. 

    Quels souvenirs garde-t-elle de son enfance qui coïncidait avec les années 20 du siècle dernier ? Là, nostalgique, la dame remonte le temps et égrène les images, les unes plus belles que les autres, qui ont coloré ses tendres années. «Birmandreïs (ancienne appellation de Bir Mourad Raïs, ndlr), à l'époque, c'était la campagne. Les champs s'étendaient à perte de vue. Il n'y avait pas de route. A la place, c'était des rangées et des rangées de figuiers de barbarie», raconte-t-elle, avant de poursuivre : «Et puis, nous sommes venus à Alger et mon père a fait construire la villa que j'habite encore aujourd'hui. Le dimanche, il nous emmenait à la mer dans sa carriole. Nous y passions la  journée, à   nous  baigner  et à pêcher. On ne s'ennuyait jamais !» 

     

    Le départ des pieds-noirs

    et l’Histoire

     

    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains pour les uns et de la faute de l'OAS pour les autres…


    Les conditions du départ massif et précipité des pieds-noirs en 1962. Et comme les réactions à un écrit de presse sont ce qu´est le filet pour la pêche, il y a eu aussi celles des falsificateurs qui veulent «triturer» l´Histoire pour accuser les Algériens d´avoir chassé les Français d´Algérie. Certains vont même jusqu´à attribuer le slogan lancé à l´époque par l´OAS «la valise ou le cercueil», au FLN. Mme Cécile Serra est une preuve vivante que les Algériens n´ont jamais chassé personne et que ceux, parmi les Français qui ont choisi de rester en Algérie en 1962 n´ont pas eu pour seul choix le «cercueil». Des mois marqués par «la politique de la terre brûlée» menée par l´OAS (Organisation armée secrète des ultras d´Algérie).
    C´est cette même OAS qui détenait les moyens de communication (journaux, radios et télévision) pour lancer ses mots d´ordre et slogans comme le fameux «la valise ou le cercueil». D´ailleurs, le dernier attentat de cette organisation criminelle, à la veille de l´Indépendance, fut l´incendie de la bibliothèque de l´université (faculté centrale d´Alger). L´ALN n´a quitté les maquis pour rentrer en ville qu´après l´Indépendance.
    Quant au FLN, il était décimé à Alger depuis l´assassinat de Ben M´hidi en 1957. Ce n´est pas la zone autonome que voulait ressusciter à Alger après le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, le commandant Azzedine, ni la faible autorité du «Rocher noir» des accords d´Evian, ni les barbouzes envoyés par De Gaulle qui pouvaient changer le cours de l´histoire. L´objectif de l´OAS, en poussant les pieds-noirs à quitter l´Algérie, était clair. Il s´agissait, ni plus ni moins, que de tenter de paralyser le pays. Tous les postes de commande étaient, en effet, entre les mains de cadres et personnels de maîtrise uniquement pieds-noirs. La colonisation avait laissé derrière elle 99% d´Algériens analphabètes. C´est ce que le Parlement français appelle «l´oeuvre civilisatrice» dans sa loi du 23 février 2005. Il faut admettre que dans de telles conditions, les Algériens ont relevé un défi historique en réussissant à prendre les commandes au pied levé et remettre en marche le pays. Cela dit et aussi vrai qu´on ne peut refaire l´Histoire, «la valise ou le cercueil» appartient à Salan, Ortiz, Lagaillarde et consorts. Personne ne pourra rien y changer.

    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains seulement…

     

    Quand Annie Fiorio-Steiner choisissait l’Algérie

    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains seulement…

    Annie Steiner en 2016 à Alger

    (c) Carole Filiu-Mouhali 

     

    Annie Fiorio-Steiner, pied-noir, a été agent de liaison du FLN durant la guerre d’Algérie. Emprisonnée pendant cinq ans, elle a, après sa libération, travaillé au Secrétariat Général du Gouvernement algérien. Alors que l'Algérie fête comme chaque 5 juillet son indépendance, rencontre avec une femme toujours révoltée.

    Dans les rues du centre-ville d’Alger, la silhouette d’Annie Fiorio-Steiner est familière. Collés aux murs, des jeunes la saluent toutes les deux minutes. Le sourire aux lèvres, Annie leur répond et continue sa route, d’une démarche lente mais assurée. Annie est une Algérienne comme les autres.

    Elle voit le jour en 1928 dans la région de Tipaza d’un père directeur d’hôpital, originaire d’Italie, et d’une mère institutrice, née en Aveyron. Son père, qui parle arabe, « était un grand rebelle », assure-t-elle. « Il se battait contre toute forme d’injustice ». A sa mort en 1941, sa mère ne se remarie pas. Fervente catholique, elle ne comprend pas pourquoi sa fille apprend l’arabe au collège puis se lance dans des études de droit. « Vous savez, à l’époque, les filles pied noir étaient éduquées comme les Algériennes », sourit Annie.

     

    « Applaudir » à l’annonce de la guerre


    Diplômée en 1949, elle travaille dans les centres sociaux algériens, créés par Germaine Tillion (figure de la résistance et ethnologue anticolonialiste entrée au Panthéon en 2015). Leur mission est de soigner et d’alphabétiser la population. Là, avec ses collègues, elle fait face à la misère des Algériens. « Les gens avec qui je travaillais avaient déjà de bonnes idées, se rappelle-t-elle. Mais je suis sans doute allée plus loin qu’eux. »

    « La valise ou le cercueil » comme l’écrivent les falsificateurs de l’Histoire… mais pour ceux qui avaient du sang sur les mains seulement…

    Annie Steiner au temps de son engagement aux côtés des Algériens

    DR

     

    Un souvenir. Lors de la déclaration de la guerre, le 1er novembre 1954, elle est chez elle avec son mari et deux amis. Spontanément, elle applaudit à la nouvelle. Son entourage sourit. Il ignore qu’elle entre, peu de temps après, en contact avec des militants du FLN. « Je ne militais dans aucun parti et les Algériens, sans doute, trouvaient ma décision étonnante. Ils ont peut-être  fait une enquête sur moi et ils m’ont acceptée peu après, raconte-t-elle. Ils m’ont demandé : " Jusqu’où êtes-vous prête à travailler pour le FLN ? ". J’ai répondu : "Je m’engage totalement."

    Annie Fiorio-Steiner devient ainsi agent de liaison du FLN, transportant des lettres et des couffins : « On ne m’a jamais demandé de poser de bombes. J’ai transporté des ouvrages sur la fabrication d’explosifs mais j’ai surtout transporté des lettres qui ont permis les accords entre le FLN et le PCA (Parti Communiste Algérien). » L’ancienne militante reste très modeste quant à son rôle durant la guerre. « J’ai pu faire beaucoup de choses car je n’étais pas fichée, mais non parce que j’étais meilleure que les autres. »

     

    Solidarité sans faille en prison


    Elle est arrêtée à son travail en octobre 1956 et emprisonnée à la prison de Barberousse, où sont enfermés les militants du FLN avant leur procès. Là, elle rencontre ses « sœurs », des moudjahidate, qui l’accompagneront durant sa captivité. Meriem, Fadila et Safia étaient infirmières au maquis. Avec elles, Annie ressent une réelle solidarité, un lien indissociable face à la dureté et la solitude de la prison. Aujourd'hui encore, elle est intarissable sur le sujet. « Sans solidarité, il n’y a plus de groupe. Il fallait faire bloc et se soutenir mutuellement. » Avant son procès, ses "sœurs" lui préparent des bigoudis et l’habillent avec les moyens du bord : « Surtout, il ne fallait pas provoquer de la pitié au tribunal. »

    En mars 1957, elle est condamnée à cinq ans de prison et est emprisonnée à Maison-Carrée où elle rejoint des prisonnières de droit commun. Elle raconte, émue : « J’ai d’abord passé plusieurs jours au cachot où était enfermée une femme qui avait perdu la raison. La surveillante qu’on appelait Baqara (vache en arabe) m’a ensuite amenée dans les "cages à poules". C’était un grand dortoir avec des cellules très petites et grillagées. Devant moi, il y avait toutes les Algériennes, assises sur un banc posé contre le mur. »

    J’étais révoltée et je le suis toujours bien sûr. Vous savez, la prison est une grande école
    Annie Fiorio-Steiner

    Annie Steiner continue à faire front avec ses "sœurs" et paye ses actions au prix fort. « Nous avons obtenu de rencontrer le CICR (Comité International de la Croix Rouge) lors de sa venue dans notre prison. Devant le directeur,  j’ai affirmé qu’il y avait des vers dans la viande qu’on nous servait. J’ai alors passé trois mois en prison disciplinaire à Blida (à 50 kms sud ouest d'Alger, ndlr). » Dans cette nouvelle prison, la jeune femme ne peut pas sortir de sa cellule. Elle obtient une demi-heure de sortie par jour après une grève de la faim de deux semaines. « J’étais révoltée et je le suis toujours bien sûr. Vous savez, la prison est une grande école », affirme-t-elle.

    La perte de ses enfants


    Annie Fiorio-Steiner est ensuite envoyée en France, dans des prisons de Paris, Rennes (Ouest) et Pau (Sud). En 1961, elle est libérée et  se rend en Suisse  Alémanique où résident son mari et ses deux petites filles. «  Après mon arrestation, il avait quitté l’Algérie et il avait emmené mes filles qu’il avait arrachées à ma mère. J’ai essayé  de reprendre leur garde  mais j’ai perdu mon procès devant les tribunaux suisses. » Dans un silence, la dame aujourd'hui âgée a le regard embué : « Finalement, j’ai perdu la garde de mes filles, et c’est ça qui a été le plus dur. Je n’accepte pas le fait que l’on m’ait pris mes enfants. »

    En savoir plus : Le témoignage d’Annie Fiorio-Steiner a été recueilli par la journaliste Hafida Ameyar et a été publié dans un ouvrage « La moudjahida Annie Fiorio-Steiner, une vie pour l’Algérie » édité par l’association « Les Amis de Abdelhamid Benzine ». Des extraits peuvent être consultés en ligne.

    A Genève, elle rencontre Meriem qui lui paie le voyage pour rentrer en Algérie. A l’entrée du port d’Alger, des femmes, des émigrées kabyles de retour  au pays, lancent des youyous pour célébrer la levée du drapeau algérien sur le bateau. Sans le sou,  Annie est accueillie par ses "sœurs" de prison.   Peu de temps après, elle occupe un poste de Directeur au Secrétariat Général du Gouvernement, poste qu’elle gardera plus de trente ans. Elle y aide de nombreux jeunes de l’administration algérienne à se perfectionner : « Ils avaient beaucoup de volonté. Ils sont comme mes enfants maintenant. »

    Par modestie, Annie ne s’est jamais vantée de son parcours. Elle répète à l’envi que la guerre a été collective, menée par le peuple de façon anonyme. De nationalité algérienne, elle n’a plus jamais quitté son pays.  Son attachement  aux principes du 1er novembre 1954 l’incite à se révolter, encore aujourd'hui : « J’ai toujours cet idéal de libération, je ne l’oublierai jamais » assure-t-elle.

    Aujourd’hui, Annie Steiner est grand-mère de trois petits-enfants, Joël, Zoé et Samira. Âgée de quatre-vingt-cinq ans, elle vit à Alger, dans l’appartement de son ancien ami poète Jean Sénac, qu’elle occupe depuis près de quarante ans, entourée de ses amis.

     

     


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    Nous devons réconcilier toutes les mémoires vives

    de la guerre d'Algérie

    La répression sanglante du 17 octobre 1961 par la police aux ordres de Papon a, comme d'autres épisodes de l'histoire franco-algérienne, longtemps été occultée.

    Un passé occulté

    Le 17 octobre 1961 est une date qui compte dans les rapports franco-algériens toujours très passionnés, car elle commémore une répression sanglante commise par la police française, sous les ordres du préfet de police Maurice Papon. Lors d'une manifestation pacifique d'Algériens, organisée par la fédération de France du FLN, une répression brutale s'est abattue sur les manifestants, compromettant les chances d'une indépendance algérienne apaisée.

    Cet épisode tragique de notre histoire a été longtemps occulté. En effet, cette répression sanglante et aveugle qui s'est chiffrée à plusieurs centaines de blessés et à des dizaines de morts selon les estimations les moins élevées, n'a fait l'objet d'aucun traitement politique ou médiatique. Il a fallu attendre les années 90 grâce notamment à des études, à des expos photos et surtout au film documentaire de Yasmina Adi "Ici on noie les Algériens" pour que cette réalité dérangeante soit dite, racontée et montrée.

    Il faudra attendre le 17 octobre 2012 pour qu'elle soit assumée et que le président de la République d'alors, François Hollande, reconnaisse avec lucidité, au nom de la République, la "sanglante répression" au cours de laquelle ont été tués "des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance".

    La maire de Paris, Anne Hidalgo, a quant à elle aussi pris la mesure de cette mémoire amnésique en annonçant cette semaine, 57 ans après cette tragédie, l'édification à Paris d'une stèle dédiée aux victimes de cette terrible répression.

    Emmanuel Macron a compris avant d'autres cette impérieuse nécessité de réconcilier toutes les mémoires vives de la guerre d'Algérie qui représentent à bien des égards un défi pour notre cohésion nationale trop souvent exposée aux surenchères mémorielles. C'est d'une affaire franco-française dont il s'agit. Bien sûr, il serait souhaitable que l'Algérie ouvre elle aussi ses archives et fasse à son tour ce travail de mémoire car les relations franco-algériennes n'en seraient que plus apaisées. Mais nous avons nous-même à conduire ce travail mémoriel sur les heures sombres de la colonisation qui continuent à polluer notre imaginaire collectif.

    Ne rien oublier

    Le président de la République a compris que la guerre d'Algérie restait le nœud gordien "d'un passé qui ne passe pas" selon la formule de l'historien Benjamin Stora.

    Son soutien à la mémoire de Maurice Audin, jeune mathématicien communiste victime de la torture, signe la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans cette plaie béante que fut la torture en Algérie.

    Tout comme le sort des Harkis quand il élève vingt-six d'entre eux à la dignité des ordres de la légion d'honneur ou du mérite. Un symbole fort pour tous les Harkis et leurs descendants réduits souvent au rang de supplétifs qui se voient ainsi reconnus. Leur parcours de "damnés de la terre" victimes de la double peine: l'abandon en Algérie, les camps en France, à Rivesaltes ou à Saint-Maurice- l'ardoise expiant ainsi la faute originelle d'une guerre qui écrasait tout sur son passage. Le livre de l'historienne Fatima Besnaci-Lancou "fille de harki" fut un véritable coup de poing dans une histoire officielle trop binaire où les bons et les méchants jouaient à cache-cache dans une grande Histoire qui se moquait des bons sentiments, de la morale et de la loyauté.

    Il y eut aussi ces millions d'Algériens, vivant en France depuis près de quatre générations, devenus Français par le lien du sol et les valeurs républicaines et dont les parents ou grands-parents ont rejoint les maquis algériens, eux qui rêvaient d'une Algérie libre et indépendante même au prix du sang.

    Dans la danse macabre de ces mémoires endeuillées, il y a aussi ces milliers d'appelés du contingent, partis parfois contre leur gré, à la fleur de l'âge pour faire leur devoir militaire à 20 ans dans les djebels des Aurès ou dans la casbah d'Alger et qui une fois retournés au pays ont sombré dans un silence mutique, pour n'avoir plus rien à se rappeler.

    Chacun le sait l'Algérie a été une colonie de peuplement. Alors que dire de ces milliers de Français partis en 1871 fouler la terre algérienne à Sidi Fredj. Souvent parias en France, enfants de la commune, ils ont bâti ce nouvel Eden sur un code funeste, celui de l'indigénat.

    Peut-on réécrire l'histoire ou la refaire? Certes non, la mémoire des Pieds-Noirs d'Algérie doit être entendue et respectée, pour certains elle saigne encore d'avoir dû quitter en 1962 le soleil d'Algérie, une valise à la main pour solde de tous comptes. Brigitte Benkemoun a décrit avec humanité avec son livre la petite fille sur la photo cette décolonisation, vue à hauteur d'enfant.

    Non ce n'est pas de repentance dont il s'agit aujourd'hui que de mettre toutes ces mémoires fracassées et mal cicatrisées en dialogue.

    Militants du FLN, Harkis, appelés du contingent, rapatriés, Pieds-Noirs, juifs, musulmans, chrétiens ou athées, ils ont aimé l'Algérie passionnément d'un amour sincère qu'ils doivent aujourd'hui partager. Ici en France, ils ont un avenir commun à construire car ils constituent une force, plus d'un Français sur 6 est concerné par la guerre d'Algérie. Ils ont le devoir de vivre ensemble et de "bien" vivre ensemble.

    C'est la condition de notre unité nationale, loin des divisions et des guerres mémorielles. A ceux qui prônent la discorde, nous leur opposerons la phrase de Camus l'algérien "la bêtise insiste toujours".

    Ne laissons pas les ombres du passé, assombrir notre avenir commun, regardons-les en face, assumons-les pour mieux les dépasser.

    SOURCE : https://www.huffingtonpost.fr/fadila-mehal/nous-devons-reconcilier-toutes-les-memoires-vives-de-la-guerre-dalgerie_a_23566132/ 

    "La bêtise insiste toujours"

     

    Robert Ménard: Au nom de la haine

    Il y a 54 ans, le 19 décembre 1964, dans la cour du Panthéon retentissait le célèbre « Entre ici Jean Moulin » par la voix inimitable de M. André Malraux.  

    Le Cercle Jean Moulin, association nationale patriotique et républicaine, rappelle que Jean Moulin, Préfet de la République, est resté digne et droit devant l’adversaire et l’adversité.  

    Il a fait le Conseil de la Résistance. Il fit avec le Général de Gaulle ce que fut la France. Il remit à l’ordre du jour les valeurs de la République et de la France. Jean Moulin est allé jusqu’au sacrifice et au martyr ultime. Il est l’incarnation de la voix de la patrie et de l’unification de celle-ci.  

    En ces heures où la France se cherche, elle ferait bien de regarder vers ces hommes qui ont une vision volontariste, humaniste et progressiste de la Nation.  

    Jean Moulin n’est pas une icône, il est la mémoire de la France et portait avec lui son histoire.  

    « Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé, ce jour là elle était le visage de la France »  André Malraux

     

     

    Robert Ménard : Au nom de la haine

    Reviens, Jean Moulin, le maire de Béziers Ménard

    est devenu fou furieux…

    ainsi que le ridicule Zemmour

    et bien d'autres...

     

    ...Avec ses innombrables provocations, procès, condamnations cet ignoble personnage nous répugne... L'une de ses dernières absurdités mais qu'il a été obligé de retirer forcé par la Justice de la République :


     

    BEZIERS : 

     LA MÉMOIRE PROFANÉE 

     DE JEAN MOULIN 

    Résultat de recherche d'images pour "Photo de la plaque apposée sur la maison qui vit naître Jean Moulin"

     

    20 janvier 2015.  

    Comme s’il brisait de ses mains la plaque apposée sur la maison qui vit naître Jean Moulin le 20 juin 1899 au 6 de la rue d’Alsace à Béziers, Robert Ménard a osé assimiler Hélie Denoix de Saint Marc à cette grande figure de la République française, ce héros national, panthéonisé, érigé en exemple par les défenseurs des principes et valeurs démocratiques.  

    C’est dans la dernière édition (numéro 5/janvier 2015) du Journal de Béziers - dont il est le directeur de publication - qu’il l’a fait, à la fin d’un article de deux pages consacré au projet de la municipalité de débaptiser la rue du 19 mars 1962 en vue de lui substituer le nom de l’officier putschiste, tristement célèbre.  

    Et c’est en ces termes qu’il a établi le rapprochement : « Que la ville de Jean Moulin honore la mémoire de cet éternel résistant, quoi de plus logique ? »  

    Il s’agit là d’une atteinte caractérisée à la mémoire de la personnalité de la Résistance la plus connue en France, son incarnation même aux côtés d’autres personnages tels que le général de Gaulle, Germaine Tillion ou Raymond Aubrac : le procureur de la République de Béziers aurait la faculté de se saisir de ce délit de presse, mais les institutions d’anciens combattants, le Cercle Jean Moulin et l’Association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l'intérieur peuvent intervenir dans le même sens auprès du tribunal de grande instance.  

    Mettre sur le même plan Jean Moulin et Hélie Denoix de Saint Marc relève du révisionnisme. C’est l’expression à la fois la plus indigne et la plus belliqueuse de cette même idéologie qui tend à la réhabilitation de Vichy, engendre le communautarisme, incite à la haine et propage des théories conspirationnistes et falsificatrices.  

    Le temps n’est plus à la constatation hébétée ni à la vaine dénonciation des dérives, transgressions et provocations du nouveau maire de Béziers : l’actualité souligne l’importance qui s’attache à ce que les cours et tribunaux mettent Robert Ménard hors d’état de nuire davantage à une concorde citoyenne dont la fragilité est patente tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de sa commune !  

     

    Jean-François Gavoury  

    Président de l’Association nationale  

    pour la protection de la mémoire  

    des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)  

     

    Robert Ménard : Au nom de la haine 

    Comment le discours xénophobe, raciste et islamophobe se banalise à Béziers ? Robert Ménard utilise tout ce qui est en son pouvoir pour déverser sa haine et prône une France blanche, judéo-chrétienne. Son idéologie inspirée par l'ultra droite trouve son public et s'enracine dans la cité de Pierre Paul Riquet et de Jean Moulin le résistant. Les valeurs de la République sont en danger.

     

    Ménard c’est toi le faux-cul

    le 1er novembre prochain

    comme chaque année, à béziers, c'est devant la stèle de la honte glorifiant l'oas que tu déposeras des fleurs et que tu t'inclineras

     

    Le 1er novembre 2016, Ménard fleurit la stèle de la honte à Béziers

    À l’origine, la stèle de Béziers avait été érigée à la mémoire des morts civils et militaires laissés en Outre-Mer. Peu à peu, elle a été transformée en un hommage à l’action de l’OAS. Sur cette stèle figurent les photos des quatre membres de l’OAS qui ont été fusillés après avoir été condamnés à mort par les tribunaux français, suivies de la phrase "N’oubliez jamais leur sacrifice". Il s’agit de Jean Bastien-Thiry qui organisa en 1962 l’attentat du Petit Clamart dans le but d’assassiner le général de Gaulle ; Roger Degueldre, créateur des commandos Delta de l’OAS, Albert Docevar et Claude Piegts qui avaient participé en mai 1961 à l’assassinat du commissaire central d’Alger Roger Gavoury.

     

    Nous devons réconcilier toutes les mémoires vives de la guerre d'Algérie

     

    quand a zemmour il ose dire que la france n'a rien fait de mal en algérie... pauvre type... IL N'EN n'aura jamais marre de payer ses procès perdus alors je lui offre cette vidéo

    et en pensant à Jean Moulin le seul héros

     de Béziers nous préférons

    entendre chanter

    « Le Chant des Partisans »

     

     

     

     


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    Vitry : la mémoire d’Arsène Tchakarian

     et de Josette et Maurice Audin célébrée

    Vitry : la mémoire d’Arsène Tchakarian   et de Josette et Maurice Audin célébrée

    Vitry, mercredi soir. Le maire PCF Jean-Claude Kennedy entourés des proches d’Arsène Tchakarian et de Maurice Audin dans la salle du conseil municipal. Alex Bonnemaison

    Un mail (lieu vert et piétonnier) va porter le nom du résistant du groupe Manouchian décédé le 4 août dernier. Le futur collège de la ZAC Seine-Gare portera celui du mathématicien et militant communiste Maurice Audin et de sa veuve Josette.

    Le 14 août 2018, il était enterré juste à côté des membres du groupe Manouchian au cimetière Parisien d’Ivry. C’est désormais dans les rues de Vitry que le nom d’Arsène Tchakarian va côtoyer celui de l’avenue du Groupe-Manouchian. Une délibération a été adoptée à l’unanimité mercredi en conseil municipal afin de donner le nom du résistant décédé le 4 août dernier à un lieu vert et piétonnier entre l’avenue Manouchian et l’impasse Jean-Jaurès.

    Sa veuve Jacqueline et leur fille avaient fait le déplacement. De même que les proches de Maurice Audin ce mathématicien et militant communiste « disparu » en 1957 en Algérie qui va donner son nom au futur collège de la ZAC Seine-Gare. Cet homme dont le corps n’a jamais été retrouvé est devenu le symbole des exactions de l’armée française durant la guerre d’Algérie. L’établissement portera également le nom de sa veuve, Josette. Le vœu a été adopté là aussi à l’unanimité. 

    SOURCE : http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/vitry-la-memoire-d-arsene-tchakarian-et-de-josette-et-maurice-audin-celebree-21-10-2018-7924554.php 


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    Dans l'article précédent je vous ai parlé de Roland Dumas, avocat à la retaite, 96 ans, qui avait défendu le réseau Jeanson, voici l'histoire de Francis Jeanson.

     Chalon-sur-Saône n'oublie pas le philosophe Francis Jeanson le 18 novembre 2017 au studio 70

     Chalon-sur-Saône n'oublie pas le philosophe Francis Jeanson c'était le 18 novembre 2017 au studio 70

    "Mais qu’est-ce que tu connais toi de la France si ce n’est Bugeaud et Bigeard... Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n’avons fait que notre devoir, car nous sommes l’autre face de la France. Nous sommes l’honneur de la France." Francis Jeanson s’adressant au Président Abdelaziz Bouteflika - (Juin 2000)

     Chalon-sur-Saône n'oublie pas le philosophe Francis Jeanson c'était le 18 novembre 2017 au studio 70

     Chalon-sur-Saône n'oublie pas le philosophe Francis Jeanson c'était le 18 novembre 2017 au studio 70

     

    Chalon-sur-Saône n'avait pas oublié le philosophe

    Francis Jeanson le 18 novembre 2017

    au studio 70

     

    « Un intellectuel engagé dans le siècle »... mais aussi dans la cité, tel est le thème de la rencontre qui s'est déroulé le samedi 18 Novembre 2017.


    CHALONNAIS...DURANT UN PEU PLUS DE 3 ANNEES...

    MAIS UNE INFLUENCE QUI PERDURE

    En rendant hommage à Francis Jeanson, les membres de l'association bourguignonne des amis du Maitron ( A.B.A.M ) vont rappeler les engagements publics du résistant, de celui qui s'est opposé à la guerre d'Algérie, de celui qui a été à la direction de la préfiguration de la maison de la culture. En effet, en 1967, dans notre ville, Francis Jeanson a porté un nouvel élan culturel avec les soutiens du Ministre de la culture d'alors, André Malraux et celui du maire, Roger Lagrange. Des «  acteurs » chalonnais, engagés à ses côtés comme Colette Andriot, Paul Vannier ou encore Gérard Godot et Lise Visinand, vont au cours de cette rencontre apporter leurs témoignages sur la création de ce qui allait devenir en 1971, la maison de la culture ( M.C)... devenue en 1984, après le changement de majorité municipale, Espace des Arts.

    SANS OUBLIER « LA FOI D'UN INCROYANT » ET « L'ACTION CULTURELLE DANS LA CITE »

    Le philosophe après une campagne de dénigrement active a quitté notre ville, pour d'autres engagements professionnels et politiques, ces derniers seront évoqués. Du militantisme de la pensée, il passe à l'action celui qui avait créé le «réseau Jeanson» démantelé en 1960. Il entre alors dans la clandestinité. Jugé par contumace, condamné en 1960 à dix ans de prison ferme, il sera amnistié en 1966.


    Il a joué son propre rôle dans La Chinoise de Jean-Luc Godard. Engagé jusqu'au bout, il avait été président de l'Association Sarajevo en 1992 et candidat sur la liste L'Europe commence à Sarajevo du professeur Schwartzenberg lors des élections européennes de 1994. Parmi ses ouvrages, on retiendra La Foi d'un incroyant, Éloge de la psychiatrie et Sartre dans sa vie ou encore L'action culturelle dans la cité, paru en 1973 et dont notre ville a été pour le philosophe un laboratoire.....Francis Jeanson est décédé, le 1er Aout 2009...

    Guerre d'Algérie : qui se souvient

     des « porteurs  de valises » ?

    Ces oubliés de l’histoire algérienne

    Le 5 juillet 2012 l’Algérie a commémoré en grande pompe le 50e anniversaire de son indépendance. Une indépendance emportée de haute lutte et acquise dans la souffrance face à l’occupant. Or, les Français qui ont lutté pour l’indépendance et la reconstruction de l’Algérie, n’ont visiblement pas droit au chapitre.

    La Guerre d’Algérie (1954-1962) laisse de nombreuses traces dans les mémoires française et algérienne, chez ceux, civils ou militaires des deux camps, qui ont subi ou pratiqué des atrocités. A l’occasion de la 50e année de l’indépendance algérienne, l’histoire a refait surface dans la douleur, des deux côtés de la Méditerranée, même si les autorités françaises commencent lentement à reconnaître les actes de barbarie et à chercher la réconciliation avec la sœur-ennemie algérienne.

    Or, certains détails de l’histoire évitent la généralisation, l’analyse manichéenne de ce conflit, cette guerre ou guerre civile, assurément horrible. Parmi ceux-là, il est important de citer les « porteurs de valises ». Des journalistes, des artistes, des prêtres, des militants catholiques, qui sont devenus complices du Front de libération nationale (FLN). Qui parle à Alger du « Réseau Jeanson » ? Cette équipe, menée par Francis Jeanson, se chargera pendant pratiquement toute la guerre de collecter et de transporter des fonds et des faux-papiers pour les agents du FLN de métropole, une cinquième colonne indispensable à la résistance algérienne.

    Ce groupuscule sera finalement démantelé en février 1960 et son procès s’ouvrira le 5 septembre de la même année. Six Algériens et dix-huit Français, défendus par le jeune avocat Roland Dumas, sont alors inculpés et condamnés. Quinze d’entre eux sont condamnés à dix ans de prison, trois à cinq ans et huit mois, et neuf sont acquittés. Francis Jeanson quant à lui, sera condamné à dix ans de prison, puis amnistié en 1966.

    Des intellectuels de gauche apporteront par le « Manifeste des 121 » un soutien à ces « porteurs de valises ». Qui se remémore aujourd’hui de ces Français qui ont lutté et qui sont parfois morts, comme Henri Curiel, pour ou en raison de la cause algérienne ?

     

     Algérie : qui se souvient   des « porteurs  de valises » ?  Ces oubliés de l’histoire algérienne *** Francis Jeanson a été le fondateur de la Maison de la Culture de Chalon-sur-Saône

    Pour certains «vieux chalonnais, l’Espace des arts a été avant tout une maison de la culture, la fameuse Ma’cul où l’on militait autant que l’on se cultivait. Mais qui se souvient que justement l’ébauche de cette maison de la culture voulue par Malraux a été constituée par Francis Jeanson, personnage historique s’il en est ? Jeanson, disparu il y a seulement deux ans, à l’âge de 87 ans. Proche de Sartre, il avait géré à sa demande, la revue des Temps modernes.

    Un père nommé Francis Jeanson

    Militant pro FLN, Jeanson est condamné à dix ans de réclusion, par contumace. Celui que l’on nommait le porteur de valises du parti socialiste algérien, paye son engagement dans la guerre d’Algérie. Sous le coup d’une amnistie, il finit par revenir en France en 1966 et Malraux, toujours fidèle, décide de lui confier la charge de créer une préfiguration de la maison de la culture , ce sera à Chalon. Il ne restera dans la ville de Niépce que quatre ans entre 1967 et 1971 .

    Extrait du Journal de Saône-et-Loire

    Lorsque Francis Jeanson est décédé le 1er août 2009 la presse locale "Vivre-à-Chalon" avait écrit cet article :

    Fondateur de la Maison de la culture de Chalon : Francis Jeanson n'est plus

     

    - Vidéos de Francis Jeanson par Dominique-Emmanuel Blanchard Nommé par M. André Malraux, alors Ministre de la Culture, directeur de la Maison de la Culture de Chalon lors de sa création,  M. Francis Jeanson est décédé à Bordeaux, il y a quelques jours.

    Ci-dessous une rétrospective de sa vie, de ses engagements parue sur hebdo-livres.fr :

    "Le philosophe, militant activiste, et écrivain nous a quittés samedi à l’âge de 87 ans.

    Le philosophe Francis Jeanson, fondateur d'un réseau de soutien au FLN pendant la guerre d'Algérie (réseau dit des "porteurs de valise"), est mort à 87 ans, samedi 1er août près de Bordeaux. Il se voulait le défenseur des causes justes et s'était engagé aux côtés des combattants algériens après le déclenchement de la guerre d'Algérie, créant un réseau permettant de collecter et transporter fonds et faux-papiers pour les militants du FLN opérant en France.

    Francis Jeanson est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont plusieurs consacrés à Jean-Paul Sartre, notamment Sartre par lui-même (1955) et Le problème moral et la pensée de Sartre (1966, Le Seuil)... mais aussi à des philosophes comme Montaigne (1994, Le Seuil). On lui doit également La Foi d'un incroyant (1976, Le Seuil), Eloge de la psychiatrie (1979, Le Seuil), Algérie (1991), Conversations privées 1974-1999 (2000, éd. Le bord de l’eau). Les éditions du bord de l’eau ont publié plus tôt cette année Cultures… & non-public et Quel sujet ? Pour quelle foi ?

    Né le 7 juillet 1922 à Bordeaux, licencié de lettres et diplômé d'études supérieures de philosophie, Francis Jeanson rejoint en 1943 les Forces françaises d'Afrique du Nord. Devenu reporter à Alger républicain en 1945, il rencontre Camus et Sartre. Ce dernier lui confie la gérance de la revue Les Temps modernes (1951-1956). Parallèlement, Jeanson crée et dirige aux éditions du Seuil la collection "Ecrivains de toujours".

    En 1955, il publie L'Algérie hors la loi, qui dénonce l'échec du système d'intégration des masses algériennes et affirme la légitimité des hors-la-loi du FLN, avec lequel il prendra contact. Du militantisme de la pensée, il passe à l'action et crée deux ans plus tard le "réseau Jeanson" qui sera démantelé en 1960. Il entre alors dans la clandestinité, quittant la France pendant quelques années. Jugé par contumace, condamné en octobre 1960 à dix ans de prison ferme au terme du procès de son réseau, il est amnistié en 1966. La découverte avait édité Le procès du réseau Jeanson en 2002. Autre biographie sur cette figure activiste : Marie-Pierre Ulloa avait rédigé Francis Jeanson : un intellectuel en dissidence en 2001 chez Berg International.

    Après cela, il se tourne alors vers l'action culturelle, puis l'action sociale en milieu psychiatrique. Il est chargé par André Malraux de diriger la Maison de la culture de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) de 1967 à 1971. Puis il participe ensuite à des expériences de psychiatrie ouverte et des réseaux de réflexion pour faire sortir la maladie mentale des murs de l'hôpital.

    Engagé jusqu'au bout, il est président de l'Association Sarajevo en 1992 et candidat sur la liste "L'Europe commence à Sarajevo" du professeur Léon Schwartzenberg pour les élections européennes de 1994."

    SOURCE : http://www.vivre-a-chalon.com/lire_Fondateur-de-la-Maison-de-la-culture-de-Chalon-_-Francis-Jeanson-n_est-plus,23030d51f775ec264c01adf8189da19ec86676fe.html

     

    Francis Jeanson: Un juste qui sauva l'honneur

    de la France

    "Mais qu’est-ce que tu connais toi de la France si ce n’est Bugeaud et Bigeard... Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n’avons fait que notre devoir, car nous sommes l’autre face de la France. Nous sommes l’honneur de la France."

    Francis Jeanson s’adressant au Président Abdelaziz Bouteflika - (Juin 2000)

    C’est par cette phrase que le philosophe Francis Jeanson a défini son rôle lors de l’aide qu’il a apportée à la Révolution algérienne : il n’a fait que son devoir et il n’en rougit pas, il se démarque des «autres» de tous les «nostalgériques» qui, au mieux, ont protesté mollement, notamment à propos de la torture, au pire, l’ont approuvée comme l’a fait à titre d’exemple avec une charité toute chrétienne, le cardinal Saliège pour qui, «la terreur doit changer de camp». Sait-on qui est Francis Jeanson, celui qui est mort dans l’anonymat le plus strict dans son pays? Peut-être parce qu’il s’est déterminé au moment où même les intellectuels biens pensants humanistes en temps de paix, dénonçaient, de loin, la torture en essayant toutefois de ne pas effaroucher le pouvoir pour ne pas compromettre leur carrière? De l’autre côté de la Méditerranée, dans l’Algérie d’aujourd’hui qui refuse de voir son histoire en face, sait-on que des Français se sont battus, se sont exposés et ont mis en jeu leur liberté et parfois leur vie pour l’indépendance du pays tout en étant fidèle à une certaine idée de la France?
    Le philosophe et écrivain Francis Jeanson proche de Sartre, est mort samedi 1er août à l’âge de 87 ans à Arès, près de Bordeaux. Francis Jeanson «Le porteur de valises» selon le bon mot de Jean-Paul Sartre, les a définitivement posées. Durant la Guerre d’Algérie il avait fondé le réseau Jeanson, le plus important réseau de soutien au FLN en Métropole.
    Jeanson était un intellectuel, un homme de conviction profonde, traduite dans le feu de l’action. Il s’opposera à Camus et à sa thèse que toute révolution débouche sur la négation des libertés. La position de Camus condamnait toute révolution alors que Jeanson soutenait le projet de ces révolutions, notamment les guerres de libération. Sartre interviendra dans cette célèbre controverse en assénant à Camus qui voulait garder ses mains propres : «Avoir des mains propres, c’est ne pas avoir de mains.»  
    Justement, l’action caractérise la vie de Jeanson qui, en 1943, à l’âge de 21 ans avait rejoint les Forces françaises d’Afrique du Nord. A la Libération, il entre aux Editions du Seuil. C’est à cette époque qu’il rencontre Jean-Paul Sartre et collabore aux Temps modernes. En 1948, rappelle Sud-Ouest, il part faire une série de conférences en Algérie et, là, découvre une situation dont il comprend vite qu’elle est intenable. La conviction de Jeanson reposant sur l’existentialisme de J.-P. Sartre postulait que l’opprimé recouvrait son humanité dans le processus même de la lutte contre l’oppresseur et son Etat. Jeanson a été choqué par le racisme des colons en Algérie qui parlaient de la boucherie du 8 Mai 1945 comme s’ils avaient tué des cloportes ! On comprend, alors, comment un intellectuel français qui, a priori, n’avait pas de relation avec l’Algérie, puisse être interpellé par le sort des indigènes et surtout par l’institutionnalisation de la torture qui restera longtemps taboue. Il a fallu attendre quarante ans pour que les langues se délient.  
    «Depuis 2000, écrit Florence Beaugé, témoignages, articles et procédures judiciaires se succèdent en France, portant sur les pratiques de l’armée durant les "événements" d’Algérie. La torture en Algérie ne date pas de 1957, année de la Bataille d’Alger, ni même de 1954. Les exactions commencent dès 1830, quand les troupes françaises débarquent à Sidi Ferruch, pour une expédition coloniale longue de quarante ans. Pillages, carnages, incendies de maisons, rafles de civils à grande échelle, etc. La conquête de l’Algérie s’accompagne d’actes de barbarie, les documents d’histoire en attestent. » « (...) Extrait d’une lettre d’un soldat à sa famille en métropole : Nous rapportons un plein baril d’oreilles, récoltées paires à paires sur les prisonniers. (...) Je lui fis couper la tête et le poignet gauche, et j’arrivai au camp avec sa tête piquée au bout d’une baïonnette. (...) Je l’envoyai au général Baraguay, qui fut enchanté.» »
    « Aujourd’hui encore, les noms des généraux Montagnac et Turenne restent connus en Algérie pour leurs «enfumades» de centaines de civils dans des grottes, en 1836 et 1837. Au XXe siècle, comme au XIXe, la «pacification» en Algérie passe par la répression (comme en Indochine ou à Madagascar).
    Policiers, gendarmes, magistrats disposent de pouvoirs beaucoup plus importants qu’en Métropole. Ils sont surtout totalement autonomes. Dès 1947 et 1948, André Mandouze et Francis Jeanson s’alarment, dans la revue Esprit, de la situation qui prévaut dans les trois départements français. Mais ils crient dans le désert. En 1951, un ancien résistant, le journaliste Claude Bourdet, pose la question «Y-a-t-il une Gestapo algérienne?» dans les colonnes de L’Observateur, et décrit les méthodes en vigueur dans les commissariats(...)La torture se généralise et s’institutionnalise, comme le reconnaîtra le général Massu, en novembre 2000, dans Le Monde.(...) La Guerre d’Algérie terminée, beaucoup de tortionnaires notoires feront carrière, en toute impunité. (...)Tous, abondamment décorés, sont à l’abri des lois d’amnistie décrétées après l’Indépendance. Amnistie signifie-t-elle amnésie ? (1)  
    Francis Jeanson, avec sa lucidité coutumière, explique pourquoi et au nom de quel intérêt la France a été amenée à torturer. Interviewé par le Monde il déclare : «Avant de s’indigner des atrocités commises en Algérie, il faut se demander pourquoi nous avons fait la guerre au peuple algérien et pourquoi nous avons laissé faire des choses qui n’avaient pas de raison d’être. (...) mais je ne comprends pas qu’on pose aujourd’hui la question de la torture sans poser la question de la guerre coloniale. Ce sont deux questions indissociables. On semble dire que, si la guerre avait pu se passer de la torture, elle aurait été justifiée. Pour moi, c’est le contraire. La torture ne pouvait être qu’un des aspects déchirants de cette situation.(...) Il y avait aussi les viols, les camps de concentration, qui faisaient partie de la guerre au même titre que la torture. Ce qui compte, à mes yeux, c’est que nous avons mené une politique de colonisation insoutenable. Depuis mai 1945, et les massacres de Sétif, on aurait dû le savoir. La torture n’est pas née de la Guerre d’Algérie en 1954. (...) Nous avons démissionné, laissant les véritables intérêts de la nation disparaître face aux exigences du grand colonat algérois.» «(...) Oui, je persiste à le penser, l’Algérie va s’en sortir. Cette population composite, et si riche de sa diversité, a toujours fait preuve d’exceptionnelles ressources dans les pires moments de son histoire. Le courage et l’humour ne lui ont jamais fait défaut...» (2)  
    En 1955, il publie L’Algérie hors la loi, qui dénonce l’échec du système d’intégration des masses algériennes et affirme la légitimité des hors-la-loi du FLN, avec lequel il prendra contact. (...) Il faut se replacer dans le lourd climat de l’époque. Depuis six ans, dure cette guerre qu’on refuse de nommer. (...) C’est dans ce contexte de mol conformisme et de démission intellectuelle que surgissent, dans les premiers mois de 1960, deux événements. Le premier tient à la révélation que des Français, généralement issus d’une mouvance de gauche mais réfractaires au militantisme officiel, se sont organisés clandestinement pour apporter leur soutien au FLN. Au nom de la maxime selon laquelle «un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre». «Ils ont choisi de se libérer eux-mêmes de leur virtuel statut d’oppresseurs en aidant les Algériens à se libérer d’une oppression coloniale dont ils refusent d’être solidaires. Au mois de février 1960, au scandale de la bonne presse qui les stigmatise comme des traîtres à la communauté nationale, une dizaine d’entre eux sont arrêtés par la police : ils appartiennent au principal réseau de soutien, qui organisait l’hébergement en France de responsables FLN et l’acheminement de sommes d’argent au profit de l’organisation indépendantiste.» (3)  
     
     
                                                     Le procès du réseau Jeanson en accusation
        
     Le second événement consiste en la mobilisation d’une appréciable partie de l’intelligentsia autour d’une Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, qu’on appellera couramment Manifeste des 121, d’après le nombre de ses premiers signataires, ce manifeste prône le droit à l’insoumission. Le Manifeste des 121 révèle en effet à l’opinion l’existence de jeunes soldats - plus de trois mille - qui refusent d’aller «pacifier» l’Algérie, voire désertent. Quand s’ouvre donc, le 6 septembre, le procès du réseau Jeanson, c’est dans cette atmosphère marquée par le soudain réveil d’une «gauche insoumise», qui n’accepte plus les messages de la guerre d’Algérie. Elle en bénéficiera tout en l’amplifiant. (...) D’emblée, en effet, le procès fut conçu comme une machine de guerre, si l’on peut dire : de guerre contre la guerre. Sa force de frappe en était le collectif des avocats du FLN, dirigé par Abdessamad Benabdallah, Mourad Oussedik et Jacques Vergès, qui rejoignirent de talentueux indépendants, au premier rang desquels Roland Dumas. Échappant chaque jour davantage à un tribunal désemparé, le procès du réseau Jeanson se transforma en «procès de la guerre d’Algérie» (3).  
    Jeanson le «traître». L’homme qui a monté, en France, le réseau de soutien au FLN. C’est lui, ce vieux monsieur qui ne regrette rien. «Je voudrais bien, dit-il, que l’on me donne l’unité métrique du regret.» Dans Notre guerre, livre qu’il fit paraître dans la clandestinité en 1960, il s’est expliqué sur son combat. A ceux qui lui reprochaient de soutenir les ennemis de son pays, il écrivait : «Notre cause n’est certes pas toute blanche. Mais la vôtre, de quelle couleur la voyez-vous?» Il est entré dans la clandestinité à la demande du FLN. «Ce qui se passait en Algérie au nom de la France était inadmissible. Il fallait être contre. La seule façon d’être contre, c’était d’être aux côtés de ceux qui se battent. On m’a souvent dit que c’était de la trahison. Mais, pour moi, il y avait déjà trahison : celle des valeurs de la France.» De ceux qui, dans l’ombre, acheminent les fonds réunis par la Fédération de France du FLN, fournissent des caches, procurent des faux papiers aux militants de l’indépendance algérienne en France. 400 millions de francs transitent chaque mois par les «porteurs de valises», révèle Jeanson aux journalistes. (4) 
    «En cette année 1960, écrit Dominique Vidal, où la France se résigne à la souveraineté d’une quinzaine de ses ex-colonies africaines, elle refuse obstinément celle de l’Algérie. Dès 1958, la diffusion des livres La Gangrène et La Question- publiés par les Editions de Minuit, mais aussitôt interdits parce qu’ils témoignent de la généralisation de la torture, mobilise des centaines de militants. (...) En juin 1960, des personnalités de toutes opinions - y compris gaullistes - se retrouvent dans le Comité Djamila Boupacha, cette combattante du FLN emprisonnée dont l’avocate Gisèle Halimi tente de sauver la tête.» (5)
    «Au début de la guerre, déclarera Hélène Cuénat, une des principales accusées du procès Jeanson, j’ai commencé par participer à des actions légales. (...) Puis il est devenu évident que cela n’aboutissait pas. La guerre continuait. Il m’a semblé qu’il n’y avait plus qu’un seul moyen, se ranger aux côtés d’un peuple qui luttait contre le colonialisme.» Comme elle, plusieurs centaines de militants basculent dans la clandestinité - les premiers dès 1957. Les réseaux, notamment celui dirigé par Francis Jeanson puis par Henri Curiel, prennent en main l’aide aux militants du FLN.
    (...) Malgré l’extrême confusion des débats, le procès braque les feux de l’actualité sur l’engagement de ceux qu’on appellera les «porteurs de valise». (5)
    Si le pouvoir espérait ainsi réduire au silence les partisans de l’indépendance de l’Algérie, il s’est lourdement trompé. (...) Rien, après le procès Jeanson et le Manifeste, ne sera plus comme avant. Le procès Jeanson - estime La Guerre d’Algérie, ouvrage coordonné par le communiste Henri Alleg - catalyse donc les réactions de certaines couches de la population. Il révèle aussi, peut-être surtout, la lente mais constante progression de leur opposition à l’aventure coloniale et aux méthodes barbares qui l’accompagnent. (...) [Ce mouvement] déjà largement développé dans de vastes secteurs de l’opinion publique, marque chaque jour plus fortement, en dépit de la propagande officielle et des savantes ambiguïtés des discours gaullistes, une impatience grandissante devant la guerre qui se prolonge. «L’histoire serait-elle injuste? Pour nombre de spécialistes de la Ve République, de Gaulle, revenu au pouvoir en s’appuyant sur l’armée et les ultras, donc censé maintenir l’Algérie dans le giron de la France, se serait en fait secrètement convaincu de l’inéluctabilité de l’indépendance. Et sa politique - zigzags compris - n’aurait eu d’autre but que d’en convaincre progressivement les Français. (...) Leur liberté, les Algériens la doivent donc d’abord à leur propre combat, et, pour une part, à l’aide de leurs amis français.» (5)
    A côté de Francis Jeanson, d’Henri Curiel mort assassiné, d’André Mandouze, de l’abbé Béranguer, du Cardinal Duval et de tant d’autres de cette «armée de l’ombre» qui joua un rôle non négligeable dans la libération de l’Algérie, quelle a été la reconnaissance de l’Algérie ?
    Est-il concevable que nos étudiants continuent à ignorer l’oeuvre et la pensée de Fanon ou de Jeanson et de tant d’autres. Assumons notre histoire !
    Paradoxalement, nos bourreaux sont mieux connus que nos bienfaiteurs. On continue en Algérie voire à Alger de parler du lycée «Bugeaud» (le fameux Bouchou dont nous parlait nos grands-mères pour nous faire peur !) de la cité «Lavigerie». Sait-on qu’il a tout fait pour christianiser par la force ? On parle de Rovigo de Clauzel, mais personne parmi les jeunes ne connaît l’humanisme de Mandouze, Jeanson, et de tant d’autres. Il nous faut rendre justice à ces «Justes». Des institutions devraient leur être dédiées et ils devraient logiquement faire partie de notre histoire.  
     
    1. Florence Beaugé : La torture, ou que faire de cet encombrant passé ? Le Monde 31.10.2004
    2. Francis Jeanson, «La question de la torture est indissociable de la question coloniale» «Propos recueillis par Thomas Lacoste et Hervé Le Corre Le Monde. 28 mai 2001
    3. Marcel Péju : Le procès du réseau Jeanson Préface à l’édition de
    2002
    4. F. Jeanson «La seule façon d'être contre». Le Nouvel Obs. n° 2085 21 octobre 2004
    5. Dominique Vidal : Ces «traîtres» qui sauvèrent l’honneur de la France.
    Le Monde diplomatique Septembre 2000

     
    Pr Chems Eddine CHITOUR
    Ecole Polytechnique Alger

    SOURCE : http://www.alterinfo.net/Francis-Jeanson-Un-juste-qui-sauva-l-honneur-de-la-France_a35427.html

     

     "Les égorgeurs ne justifient pas les tortionnaires " France Soir, 12 novembre 1957

     


    1 commentaire
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    Roland Dumas, né le 23 août 1922 à Limoges, 96 ans. Il est un avocat et homme politique français. Proche de François Mitterrand, il a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000. Proche de François Mitterrand peut-être, mais il avait une différence majeure dans les valeurs, il était anti colonialiste comme nous le verrons dans cet article… Cet interview a été diffusé en Algérie car en France les Médias le trouvant, peut-être, trop « tabou ? »

    Michel Dandelot

    Roland Dumas : «Les bombardements  de Sétif en 1945 par l'aviation française  ont été une monstruosité !»

    Roland Dumas : « Les bombardements

     de Sétif en 1945 par l'aviation française

     ont été une monstruosité ! »

    Roland Dumas : «Les bombardements  de Sétif en 1945 par l'aviation française  ont été une monstruosité !»

    Le Quotidien d'Oran : Vous avez une longue et riche carrière politique derrière vous, diriez-vous que vous l'avez réussie ? 

    Roland Dumas : Je l'ai réussie parce que je n'ai pas fait la sottise de me mêler de ce qui ne me regardait pas. Dans les années 1950, il y avait la guerre d'Algérie, les Algériens faisaient leur travail de militants. Il y avait donc ce que les Algériens pouvaient faire et ce que l'on ne pouvait pas faire pour eux, il ne fallait pas s'en mêler. Cela a été le choix un peu difficile que l'on a fait avec Jacques Vergès. J'étais anticolonialiste avant que la guerre d'Algérie n'éclate. Et, de ce fait, j'ai rencontré le problème algérien, comme on disait à l'époque. On ne peut nier que l'Algérie était un pays où sévissait un système colonial bien connu, bien organisé. J'ai très tôt pris position pour les Algériens, et j'ai été très tôt partisan du soutien aux Algériens dans leur combat contre le système colonial en vigueur là-bas. J'ai moi-même, avec d'autres, pris pas mal de risques.

    Q.O. : On reviendra dans le cours de l'entretien sur la guerre d'Algérie. Vous dites dans vos mémoires que vous vouliez être président de la République

    R.D. : C'est François Mitterrand qui me l'a suggéré. C'était à la fin de son second mandat, un jour que Mitterrand était en verve, ça lui arrivait d'être très aimable, très direct. C'était au cours d'un déjeuner, il me dit : " Roland, il faut que vous vous prépariez à me succéder. " A quoi j'ai répondu : " En serais-je capable ? ". Il m'a alors expliqué qu'il m'avait choisi pour être le patron de la diplomatie française, que j'étais tout à fait dans la ligne, qu'il m'a donné le plus beau ministère du gouvernement, les affaires étrangères, qu'il a une totale confiance en moi. En effet, c'était exact, je le lui ai prouvé sur le plan de ses affaires personnelles, j'ai été son avocat pendant fort longtemps, et sur sa fille et tout ça, de sorte que sur le plan personnel, il n'avait rien à me reprocher, bien au contraire. Cette idée de président m'a trotté quelque temps dans la tête, et puis je me suis dit que ce n'était peut-être pas possible, de toute façon, je suis quelque peu fataliste, car il y a les événements que l'on peut maîtriser et il y a ceux sur lesquels on ne peut rien. 

    Q.O. : Vous avez publié récemment deux livres " Coups et blessures, cinquante ans de secrets partagés avec François Mitterrand " et " Politiquement incorrect " (éditions du Cherche-Midi). 

    R.D. : Je dis toujours, je rencontre beaucoup de gens, tous ceux qui demandent à me voir, je les rencontre et je continue à agir. Quand on me sollicite, je réponds et je dis ce que je pense et les événements qui se succèdent et que je suis dans les médias m'amènent à des réflexions personnelles 

    Q.O. : Au-delà de ça, vouliez-vous, à travers ces deux livres, livrer un témoignage personnel, donner votre vision des choses, décrire votre action politique

    R.D. : Dans le secteur que je connais bien, les affaires étrangères, puisque j'ai été pendant dix ans le chef de la diplomatie française, c'est dans ce domaine que je travaille, j'ai constitué avec des juristes de politique internationale, le groupe des 22, qui publie régulièrement des communiqués où nous réagissons sur la politique française stricto sensu. C'est comme ça que j'ai été amené à me maintenir dans ce courant et en même temps ça me permet de réfléchir. L'avantage au point où j'en suis maintenant de ma vie, c'est qu'on a du temps pour réfléchir, analyser et exprimer les choses. 

    Q.O. : Quand vous étiez ministre en pleine action c'était plus difficile ? 

    R.D. : Oui, quand on gère un ministère, on est obligé de faire face aux problèmes qui se posent au quotidien, de communiquer, de recevoir et pour la politique globale vous êtres dans un gouvernement, solidaire d'une équipe, vous n'avez le choix de la libre discussion sur tous les sujets 

    Q.O. : Vous dites dans votre livre : " La société française est frappée d'un curieux mal qu'il est convenu d'appeler le " politiquement correct " qui a tôt fait de contaminer classe politique et medias, les maux constamment minimisés et les mots vidés de leur sens ont contribué à rendre femmes et hommes politiques inaudibles et suspects ", comment en est-on arrivé là ? 

    R.D. : C'est une réflexion parmi celles que me permet ma situation, le monde où je me trouve parmi d'autres comme tout citoyen. Je considère que certains aspects de la politique étrangère actuelle du gouvernement français et aussi autour du gouvernement français, les autres dirigeants, la politique étrangère telle qu'elle est menée, est frappée à mes yeux des maux les plus sévères dans mon esprit. 

    Q.O. : Prenons l'affaire des migrants, comment la voyez-vous ? 

    R.D. : Je pars de l'idée qu'il s'agit d'un faux problème que l'on est en train de laisser pourrir alors qu'il suffirait de réunir des gens intelligents et raisonnables, des responsables aux affaires ou dans l'opposition pour trouver des solutions, car je pense qu'on ne saurait admettre dans le contexte où nous sommes, riche comme l'est le monde, qu'on ne puisse pas intégrer une population, malgré tout limitée, surtout en opérant un tri et en faisant le nécessaire. J'étais tout jeune au moment de la guerre civile espagnole (1), l'armée républicaine a été battue et l'on a ouvert les frontières dans la précipitation et on a laissé passer les troupes en déroute. Je me souviens moi que tous les syndicats français de l'époque et le PS qui était influent.

    Q.O. : C'était le parti de Léon Blum (2)

    R.D. : Oui, Léon Blum avait décrété la non-intervention, mais sur le plan humanitaire, il était d'accord pour que l'on prenne des initiatives en faveur des gens qui fuyaient l'Espagne. Mon père qui était secrétaire du syndicat de l'administration publique avait réuni les syndicats et ils avaient décidé d'aller accueillir les réfugiés et les enfants de réfugiés orphelins pour la plupart. La France avait à ce moment-là fait face à un afflux de population. Savez-vous qu'on a été obligé de mobiliser l'armée et on a résolu le problème. Et beaucoup de réfugiés sont restés et certains ont fait carrière en France. Anne Hidalgo, la maire de Paris en est un exemple. 

    Q.O. : Vous pensez, si je vous comprends bien, qu'on se devrait en France et en Europe se montrer plus solidaire avec les migrants. 

    R.D. : On devrait. Aujourd'hui il y a assez de gens, assez de richesses, notre monde est un monde riche 

    Q.O : Pourquoi ne le fait-on pas d'après vous ? 

    R.D. : Par crainte d'une montée du Rassemblement national (3), par crainte d'une sorte de révolution intérieure, par calcul politique. Observez Mme Merkel, qui a une autre politique dans l'esprit, pas totalement désintéressée, mais elle fait quelque chose, elle ne laisse pas les choses dégénérer. On accueille les migrants en Allemagne, on leur assure une formation. En Europe il y en a qui accueillent les migrants et il y en a qui leur ferment les portes. C'est juste une question de volonté politique. Je pense que Macron qui s'occupe de beaucoup de choses, il ne sait pas très bien où il en est du reste, il a dit oui, puis non, en attendant il ne fait rien, c'est flottant. 

    Q.O. : Venons-en à vos rapports avec l'Afrique et notamment avec l'Algérie. Vous écrivez dans votre livre : " Les bombardements de Sétif par l'aviation française ont été une monstruosité " et vous ajoutez : " On ne le dit pas assez, c'est le général de Gaulle qui était au pouvoir " en 1945. 

    R.D. : C'est assez dire que De Gaulle n'a pas toutes les vertus républicaines qu'on croit, Sétif c'est, tout de même, des massacres terribles 

    Q.O. : Est-ce que d'après vous De Gaulle pensait déjà en 1945 que la France ne pouvait pas garder l'Algérie ? 

    R.D.: Je pense qu'immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, De Gaulle n'avait pas encore fait sa mue politique. Il pensait qu'en " serrant les boulons ", qu'en matraquant un peu, en bombardant comme à Sétif, on avait des chances de garder l'Empire. Pourtant de Gaulle en 1945, avec le prestige qu'il avait aurait pu déjà faire évoluer les choses. Il a fait la politique inverse. Il est donc dommage que De Gaulle n'ait pas entrepris une politique d'émancipation 

    Q.O. : A son retour aux affaires, la guerre d'Algérie prend, avec le plan Challe, un tour plus cruel encore. 

    R.D. : C'est ce qui montre qu'au fond l'Algérie en tant que telle a toujours été une colonie au sens le plus cruel du terme. Il ne faut pas nous raconter d'histoires et dire que les Français voulaient à tout prix faire évoluer les choses, amener les médecins, créer des journaux, tout ça, c'est faux. 

    Q.O. : Vous vous inscrivez donc en faux contre les bienfaits supposés de la colonisation ? 

    R.D. : Puisque ce débat est toujours pendant entre Algériens et Français, je suis pour qu'on dise la vérité. Si on dit la vérité, on se met à dos toute une partie de la droite française, " comment ! Vous trahissez nos soldats, vous leur tirez dans la nuque ! etc. " 

    Q.O. : Cela dit Macron a déjà fait un geste quand il est allé en Algérie avant son élection, c'est la première fois qu'un candidat à la présidentielle parle en ces termes de la colonisation. 

    R.D. : C'est vrai, il a osé le dire (4). Il faut qu'il continue sur cette lancée, qu'il donne à ses diplomates des instructions en ce sens. 

    Q.O. : Est-ce qu'il faudrait faire avec les Algériens ce que vous-même vous avez fait avec les Allemands, vous étiez très hostile aux Allemands ? 

    R.D. : Et vous savez pourquoi. Mon père a été fusillé par les Allemands. J'ai beaucoup réfléchi à ça. Un jour de 1982 ou 1983 Mitterrand m'a appelé, j'étais parlementaire et il m'a dit : " Roland, le moment est venu pour vous d'entrer au gouvernement. " et Mitterrand d'ajouter : " Je sais que je vais vous faire souffrir, ça va être difficile pour vous, mais je vous le demande comme un service, service que vous rendrez à la République, c'est d'accepter d'être ministre des affaires étrangères, et vous allez avoir affaire inévitablement aux Allemands. Je sais ce qui est arrivé à votre père ". J'y ai réfléchi toute la nuit et j'ai accepté. Je suis tombé sur un homme très intelligent, mon homologue de l'époque, M. Genscher (5), qui m'a facilité les choses. Nous sommes devenus très amis et nous avons pu réaliser tout ce que nous avions entrepris. 

    Q.O. : Le FLN reproche toujours à François Mitterrand sa position sur la guerre d'Algérie. Vous étiez l'ami de Mitterrand, membre du parti politique qu'il animait et vous votiez contre votre propre formation politique ? 

    R.D. : A cette époque, à chaque fois que le gouvernement auquel appartenait Mitterrand faisait voter quelque projet de loi, moi je votais contre 

    Q.O. : Et Mitterrand ne vous en tenait pas rigueur ? 

    R.D.: Si, il me disait : " Mais enfin Roland quand est-ce vous que allez cesser de voter contre votre gouvernement ? " Et je répondais du tac au tac: " Quand vous changerez de politique " 

    Q.O. : Vous avez même été menacé par Lacoste (6) qui était un homme assez brutal 

    R.D. : Oui, il était à fond pour l'Algérie française. Il m'a dit : " Si je n'avais pas connu ton père, je te ferais fusiller " 

    Q.O. : Parlait-il sérieusement ? 

    R.D. : C'était une menace de parlementaire 

    Q.O. : Pourquoi, à votre avis, Mitterrand avait-il adopté cette position sur l'Algérie ? 

    R.D. : Je vais vous le dire. Mitterrand était un homme politique qui était capable d'avoir des idées neuves et il l'a prouvé. Mais il avait un défaut, il était très opportuniste. Et à l'époque on parlait de son arrivée au pouvoir, et pour arriver au pouvoir, il avait besoin de ménager la SFIO. 

    Q.O. : Et c'était Guy Mollet qui tenait la SFIO (7). 

    R.D. : Or, Mitterrand était dans le gouvernement de Guy Mollet. Je vais vous faire une confidence qui est très intéressante et dont vous pouvez vous servir. Je revoyais souvent Mitterrand à la fin de sa vie. Un jour qu'on faisait le bilan de nos carrières, je lui demandai : " Et vous, votre bilan personnel ? ". Il m'a fait alors cette réponse : " Je n'ai qu'un regret, c'est ma position sur l'Algérie et c'est vous qui aviez raison ". Je lui dis : " C'est bien de me le dire maintenant, ça ratifie mes votes passés ". Mais à mon avis, la véritable explication, c'était que Mitterrand ambitionnait d'être premier ministre (on disait alors président du conseil) et pour parvenir à ses fins, il avait incontestablement besoin des socialistes. 

    Q.O. : Dans quelles circonstances êtes-vous devenu l'avocat du FLN ? 

    R.D. : J'avais fait à l'assemblée un discours très hostile aux placements d'office, sans jugement alors que j'étais député UDSR (8). Je ne faisais que dire ce que je pensais. Un jour que j'étais à l'assemblée, on me dit qu'une femme souhaite me voir. Je ne la connaissais pas, mais j'ai demandé qu'on la fasse entrer. C'était la sœur d'André Philip (9), une femme élégante et qui a joué un rôle en politique intérieure. Elle me fait savoir qu'elle s'occupe beaucoup des Algériens, qu'elle a lu attentivement mon discours et elle me parle de Francis Jeanson (10) qui avait déjà constitué son réseau. La question que je suis chargée de vous poser est celle-ci : " Si les militants algériens étaient arrêtés, seriez-vous prêt à assurer leur défense ? ". J'ai réfléchi cinq minutes et j'ai répondu par l'affirmative. Peu de temps après, certains militants sont arrêtés, cela deviendra l'affaire du réseau Jeanson, et le juge chargé d'instruire le dossier me téléphone et me dit : " Maître, la meilleure preuve qu'il s'agit d'un réseau, c'est que tous vous désignent comme avocat ". A quoi je réponds : " Je passe vous voir " et voilà comment ça s'est passé. Après il y a eu le procès, qui a été une vraie bombe. 

    Q.O. : Pendant ce procès, qui a fait date dans les annales, vous avez, avec Jacques Vergès, ridiculisé la cour. 

    R.D. : Vergès et moi avions rivalisé d'astuce, ce fut pour la défense un grand succès. L'affaire ayant pris de l'ampleur, je dois dire que c'est à partir de là que les Français ont pris conscience que c'était une vraie guerre qui avait lieu en Algérie et non pas des " opérations de police " comme le prétendait Lacoste. 

    Q.O. : Vous écrivez, parlant de l'aide au FLN, " je n'ai jamais eu de cas de conscience " et vous précisez que dans l'aide au FLN vous retrouviez " l'ambiance de la résistance ". 

    R.D. : En écrivant ces mots, j'exprime un sentiment personnel. J'ai été déserteur en 1942. J'avais vingt ans et j'ai été arrêté, placé dans une forteresse en Isère je me suis évadé au bout de quatre semaines, mais j'ai quand même été secoué.

    Q.O. : Que voulez-vous dire par " retrouver l'ambiance de la Résistance " ? 

    R.D. : Je retrouvais le secret, l'organisation, les consignes qu'on nous donnait, c'était les mêmes principes qu'en 1942. 

    Q.O. : Vous avez connu deux hommes qui ont joué un grand rôle dans le soutien actif au FLN, Francis Jeanson et Henri Curiel. 

    R.D. : Oui, c'était les deux rivaux. L'un a succédé à l'autre. Ils se méfiaient l'un de l'autre tout en étant camarades. J'ai connu Curiel (11) lorsqu'il était détenu à la prison de Fresnes. Jeanson, que je connaissais et qui était mon client, n'a jamais été arrêté 

    Q.O. : Quel genre d'homme était Francis Jeanson ? 

    R.D. : Un homme formidable. Je l'ai beaucoup connu. On se voyait toutes les semaines, et puis quand il s'est réfugié en Suisse et en Allemagne, j'allais le voir là-bas. Il y avait avec Vergès un désaccord sur la stratégie de défense. Vergès voulait une défense outrancière : on insulte le tribunal, on enguirlande les juges, on rompt avec eux. 

    Q.O. : C'est sa théorie de la " défense de rupture ". 

    R.D. : Moi, j'étais partisan d'une défense politique. De ce point de vue, ça se passait mal avec Vergès. Mais, en fin de compte, on a été tous les deux sanctionnés par le tribunal. Jeanson a été condamné à dix-huit mois par défaut et moi à douze. C'est là qu'apparaît le caractère de Jeanson qui me disait : "Je serai toujours du côté de ceux qui sont malheureux" 

    Q.O. : Et Henri Curiel, quel homme était-il ? 

    R.D. : C'était un homme discret. Il avait un côté égyptien. Il incarnait le type même du révolutionnaire. 

    Q.O. : Vous dites que vous êtes persuadé que ce sont les services secrets français qui ont assassiné Henri Curiel. 

    R.D. : Il s'agit là d'une conviction personnelle. Une plainte a été déposée par le fils Curiel. Je viens d'apprendre que le parquet a décidé d'ouvrir une information judiciaire. Ça n'aboutira pas, mais enfin...

    Q.O. : " Je respecte Vergès parce qu'il est logique avec lui-même " écrivez-vous à la fin de votre livre. 

    R.D. : Il descendait d'une population colonisée et donc soumise et il en avait déduit que sa position historique était de lutter en faveur des colonisés 

    Q.O. : Pourtant, pendant le procès Klaus Barbie, vous êtes d'un côté et lui de l'autre 

    R.D. : Vergès était d'accord pour assurer la défense d'un ex-officier nazi. Moi, je ne pouvais pas le suivre, mon père ayant été fusillé par les Allemands. Vergès avait trouvé original de défendre Klaus Barbie 

    Q.O. : Qu'est-ce que ça lui a apporté d'être l'avocat de Klaus Barbie ? 

    R.D. : Une considération dans le Tiers-monde et puis le goût du scandale 

    Q.O. : Vergès justifie sa défense de K .Barbie en disant que tout prévenu a le droit d'être défendu. 

    R.D. : C'est ce qu'il disait en effet. Et quand on lui a objecté : " Et Hitler, est-ce que tu le défendrais ? " " Oui, répondait-il, à condition qu'il reconnaisse les faits ". 

    Q.O. : Vergès faisait observer que les parachutistes français, sous les ordres de Massu, ont tué beaucoup plus d'Algériens pendant la bataille d'Alger que Barbie à Lyon. 

    R.D. : Souvenez-vous que Vergès avait fait venir deux avocats, un Africain et un Algérien pour dire voilà ce que la France a fait dans les colonies, alors de quoi me parlez-vous ! Ce n'était pas innocent, mais ce n'était pas idiot non plus. Parce que si on replace les choses dans l'éthique de l'histoire, on s'aperçoit qu'il y a des choses troublantes, la répression en Algérie, ça n'a pas été du gâteau ! 

    Q.O. : Racontez-moi dans quelles circonstances, pendant le procès du réseau Jeanson, la défense a fabriqué un faux témoignage de Sartre. 

    R.D. : Sartre, qui était favorable à la lutte des Algériens contre le système colonial, était, à cette époque, au Brésil. On a eu l'idée, Vergès et moi, de le faire témoigner. Sartre avait donné un accord de principe avant de s'envoler pour le Brésil, puis il est parti. On était très embêté. On appelle Sartre qui dit : " Faites la lettre et je la signerai ". On a fait la lettre, et on a demandé à Siné d'imiter la signature de Sartre à partir de documents que j'avais dans mon bureau. A la fin de la lettre, on a rajouté cette phrase : " Si Jeanson m'avait demandé de porter des valises ou d'héberger des militants algériens et que j'aie pu le faire sans risque pour eux, je l'aurais fait sans hésitation ". Une fois rentré en France, Sartre a été naturellement inculpé, le juge le convoquait toutes les semaines, Sartre me faisait suivre le courrier du juge puisque j'étais son défenseur pour faire reporter l'audition. On avait une amie dans le réseau, proche d'André Malraux. Elle intervenait auprès de Malraux qui en touchait mot au Général de Gaulle. Ce dernier appelait le ministre de la justice en lui disant : " Avez-vous perdu l'esprit ? On ne va pas inculper Sartre. Voulez-vous mettre le monde entier en ébullition ? ". Et c'était à chaque fois reporté 

    Q.O. : Dans les archives du ministère français de la Justice, un faux témoignage de Sartre figure comme un document authentique. 
    R.D. : Tout-à-fait. Tout le monde a gobé l'histoire, c'est incroyable ! 

    Q.O. : Et comment Sartre a-t-il réagi à son retour ? 

    R.D. : La seule chose qu'il m'ait dite : " Porter les valises du FLN, vous y avez été un peu fort, mon cher Dumas ". Sartre était pour un soutien politique, mais pas militaire. 

    1- Conflit qui dura trois années, de juillet 1936 au 1er avril 1939 et qui opposa les nationalistes conduits par Franco aux républicains, socialistes, communistes regroupés autour du gouvernement républicain. 

    2- L. Blum (1872-1950), l'un des dirigeants de la Section française de l'Internationale socialiste, premier ministre du Front populaire. 

    3- Nouvelle appellation du Front national 

    4- Le candidat Macron avait fait la déclaration suivante, en Algérie : «C'est un crime. C'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes» 

    5- Hans-Dietrich Genscher, disparu en 2016, fut pendant dix-huit ans à la tête de la diplomatie allemande. 

    6- Robert Lacoste (1898-1989), syndicaliste et homme politique français. Succéda à Jacques Soustelle comme gouverneur de l'Algérie. Lacoste en fut le ministre jusqu'à mai 1958. 

    7- Section française de l'Internationale socialiste. 

    8- L'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance fut une formation politique de la IVe République. 

    9- Homme politique français qui a critiqué la politique algérienne de Guy Mollet. 

    10- Francis Jeanson, disciple de Jean-Paul Sartre, philosophe et intellectuel engagé. Il créa le réseau qui porte son nom. Jamais arrêté, il fut reconnu coupable de haute trahison. 

    11- Henri Curiel, né en 1914 en Egypte. Pendant la guerre d'Algérie, Il rejoint le réseau Jeanson dont il deviendra le chef. Il fut arrêté en 1960 et passa 18 mois à la prison de Fresnes.

    SOURCE : https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2018/10/roland-dumas-les-bombardements-de-s%C3%A9tif-en-1945-par-laviation-fran%C3%A7aise-ont-%C3%A9t%C3%A9-une-monstruosit%C3%A9-.html 

    Roland Dumas : «Les bombardements  de Sétif en 1945 par l'aviation française  ont été une monstruosité !»

    A la judéophobie a fait place l'islamophobie

     

    Cette vidéo a été diffusée il y a 9 ans, en 2009, c’était avant tous les attentats que l’on a connus en France, notamment en 2015 et ce que nous connaissons aujourd’hui en 2018 avec tous les propos et actes racistes et islamophobes, on peut constater combien Roland Dumas avait prédit justement ce qu’allait devenir la France.

    Au programme d’OummaTV, le dernier volet de notre série d’entretiens avec Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand. Dans cette troisième partie, Roland Dumas se prononce contre le projet de loi sur la burqa, et constate l’existence « d’un sentiment d’islamophobie » en France… En 2018 ce n’est plus un sentiment mais une réalité !!!


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    Vitry : le futur collège s’appellera

     « Josette et Maurice Audin »

    Vitry : le futur collège s’appellera   « Josette et Maurice Audin »

    Jean-Claude Kennedy, le maire PCF de Vitry, veut rendre hommage au mathématicien communiste torturé et tué en Algérie par l’armée française.

    Le futur collège de la ZAC Seine-Gare, dont l’ouverture est programmée à la rentrée 2019, s’appellera « collège Josette et Maurice Audin », du nom du mathématicien et militant communiste « disparu » en 1957 en Algérie à l’âge de 25 ans et de sa veuve. Ce sera le premier de France.

    Le vœu que compte déposer, mercredi 17 octobre, le maire (PCF) Jean-Claude Kennedy lors du conseil municipal afin que le conseil départemental dénomme ainsi le collège, a d’ores et déjà été qualifié « d’excellente idée » par Christian Favier, son président (PCF).

    Cet hommage rendu à l’homme devenu symbole, soixante et an après les faits, des exactions de l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954-1962), intervient un mois après que le président Emmanuel Macron a reconnu l’implication de l’Etat dans son décès, ainsi que l’usage répandu de la torture en Algérie (« développé parce qu’elle restait impunie »).

    Soupçonné de lien avec le Front de libération national (FLN) algérien, Maurice Audin avant été arrêté chez lui dans la nuit du 11 juin 1957 par des parachutistes, devant sa femme et ses trois enfants. Son corps n’a jamais été retrouvé.

    SOURCE : http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/vitry-le-futur-college-s-appellera-josette-et-maurice-audin-15-10-2018-7919850.php#xtor=AD-1481423551

    Vitry : le futur collège s’appellera   « Josette et Maurice Audin »

    Le futur collège du quartier du Port-à-l'Anglais conçu par Rudy Ricciotti, à qui l’on doit notamment le Mucem à Marseille. Cabinet d'architectes Rudy Riccioti 

     


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    Nantes. Ils se repassent le film de cette sale

    guerre d’Algérie

    Nantes. Ils se repassent le film de cette sale  guerre d’Algérie

    Emmanuel Audrain, réalisateur de « Retour en Algérie ». Son documentaire, sorti en 2014, est projeté dans plusieurs salles du département, à partir de jeudi 4 octobre. | OUEST-FRANCE

     

    Ils avaient 20 ans pendant la guerre d’Algérie. Ils en ont 75 à 85 aujourd’hui. Sorti en 2014, « Retour en Algérie », film d’Emmanuel Audrain, raconte l’histoire de ces appelés qui ne sont jamais totalement revenus de leur guerre.

    Entretien 

    Emmanuel Audrain, réalisateur du documentaire

      « Retour en Algérie »

    Votre documentaire s’intéresse à ces appelés, peu nombreux, qui ont décidé de renoncer à leur pension militaire et de la verser à des œuvres humanitaires en Algérie. Comment est né ce film ? 

    Au départ, j’envisageais plutôt un film sur le général Jacques de Bollardière qui s’est opposé à la torture en Algérie. On s’est vite aperçu qu’il y avait un autre sujet, avec ces anciens appelés, qui préfèrent reverser leurs pensions de guerre à une association pour mener des projets humanitaires en Algérie.

    Mais ils ne cherchent pas à faire la leçon à qui que ce soit. En menant des actions humanitaires en Algérie, c’est un peu un retour sur eux-mêmes qu’ils effectuent.

    Une attitude qui a parfois suscité de très vives réactions, de la part de certains appelés. Il y en a toujours ? 

    Lors des toutes premières projections, le film a parfois été chahuté par des anciens appelés qui réagissaient très vivement. Ils disaient, et ils avaient raison, qu’ils n’avaient pas volé leur pension, que les anciens appelés n’étaient pas tous des tortionnaires.

    Quel regard portez-vous sur ces appelés qui consacrent leur pension à ces projets ? 

    Simone de Bollardière a dit un jour, en parlant d’eux, qu’ils avaient été jetés dans un chaudron maléfique et qu’elle les admirait pour leur courage. Je suis moi aussi bouleversé par ce courage.

    Je me souviens par exemple de cet appelé, tout tremblant, qui avait pris la parole, après une projection. Vous parlez de mémoire, avait-il dit, mais moi, j’ai tout fait pour oublier. Et il s’était rassis. C’était bouleversant.

    Ou de cet autre, qui a parlé de ses cinq copains tombés dans une embuscade et qui conserve toujours, aujourd’hui encore, sur sa table de nuit, la photo de ses camarades.

    Comment s’est manifesté ce courage, au cours de la guerre ? 

    Par de toutes petites choses, parfois. Un appelé qui donne à boire à un moudjahidine ligoté à un poteau, qui sera fusillé quelques heures plus tard, un autre qui a desserré les liens ou encore empêché qu’un viol soit commis.

    Il y a eu beaucoup d’actes de résistance, parfois modestes, mais bien réels.

    Et puis, il y a la torture ? 

    Une torture humiliante pour celui qui la subit, dégradante pour celui qui la pratique. Certains s’en veulent de n’avoir pas assez dénoncé.

    Le président de la République vient de reconnaître la responsabilité de la France dans la disparition de Maurice Audin, en évoquant un « système » qui aurait permis l’usage de la torture. Vous pensez que ça les conforte dans leur démarche ? 

    Oui, je crois. J’ai eu récemment certains d’entre eux. Ils ont toujours dénoncé l’existence d’un véritable système en Algérie. 

    Ils ont eu 20 ans, entre 1954 et 1962. Comme deux millions de jeunes Français, leur service militaire ce fut la guerre d’Algérie. La torture, les « corvées de bois »… sont les blessures dont leur génération n’a pas pu parler. Plus de 50 ans plus tard – à l’heure de toucher leur retraite du combattant – certains, sortent de ce long silence. Ils se regroupent en association et refusent – pour eux-mêmes – cet argent de la guerre. Ils le collectent et le redistribuent à des associations algériennes. Puis, affrontant leur douleur et leur honte, ils parlent.Le documentaire « Retour en Algérie » d’Emmanuel Audrain donne la parole à ces hommes simples et remarquables qui ont dû faire face à l’horreur de la guerre et à la culpabilité : «Les cris des torturés – pendant des mois – c’est vraiment ce qu’on a vécu de plus dur » témoigne Pierre ou encore Rémi : « Quand j’ai été appelé à témoigner, j’ai été « emporté » par tout ce que cette guerre avait enfoui en moi. La peur, l’incompréhension, les cris des prisonniers… C’est sorti d’un coup ! » Recueillir cette parole, raconter la création de cette association «4ACG », retourner en Algérie avec ces anciens combattants, c’est toute cette histoire émouvante que retrace dans son documentaire Emmanuel Audrain, un film-mémoire nécessaire qui permet de tourner une nouvelle page de cette histoire, de leurs histoires, cette fois-ci « solidaire et fraternelle ».

     

     

    A Marseille (9e) un débat a eu lieu sur la disparition de Maurice Audin avec ensuite la diffusion du film "Retour en Algérie" d'Emmanuel AUDRAIN, film documentaire de 52 minutes, de 2014 en présence de Jacques PRADEL Président de l'Association des Pieds Noirs Progressistes.

    L’association 4ACG a été montée par 4 petits paysans qui ont décidé de refuser 700 € par an de retraite. Ils ont collecté cet argent. 

    La moyenne d’âge de la 4ACG de 80 ans avec une énergie phénoménale, un enthousiasme et une jeunesse comme s’ils avaient 20 ans. Ils prennent toute leur part dans le combat anti-raciste. 

    Une de leurs actions a été de reconstruire une école que l’un d’entre eux avait détruite pendant la guerre. Avec leur pécule, ils soutiennent des associations diverses, notamment algériennes et de Gaza. L’association 4ACG est très minoritaire. 300 adhérents contre 300000 à la FNACA. Ils pèsent d’un poids considérable dans le débat car ils portent des paroles très différentes des autres associations, notamment sur le rapprochement et l’amitié entre les peuples et contre le racisme.

    Les voyages en Algérie ont été difficiles à mettre en place et à réussir. Organisés par la « 4ACG » et  « l’Association des Pieds Noirs Progressistes », suite à une rencontre et la compréhension de la même vision de la guerre d’indépendance de la guerre d’Algérie.  

    La FNACA organise des colloques sur des bases dans lesquelles on peut se reconnaître. Mais elle est diverse et il y a, hélas aussi, des personnes extrémistes à l’intérieur.  

    La 4ACG n’a pas jamais dit ni revendiqué une action de contestation pendant la guerre en Algérie. Ils ont été pris et broyé par cette machine. Il y a eu une autre association : « Les réfractaires non violents en Algérie ». Il y en a eu très peu.

    Certains d’entre eux et la 4ACG  parlent du fond chrétien et de leur l’éthique. Le film n’a pas la prétention de couvrir les forces de protestation de ce qui s’est passé hier.  

    Ils ont été pris comme gamins en toute ignorance avec un fond politique nul et des valeurs morales chrétiennes et balancés dans cette machine effroyable qu’est l’armée pour briser les consciences. 

    Il y a cinquante ans, le général Jacques de Bollardière condamnait la pratique de la torture. 

    Il a dit non publiquement et a été emprisonné durant deux mois dans une forteresse Il n’a pas été réhabilité. Sa femme a rejoint l’association 4ACG.

    La question de la légitimité.  

     

    En tant que conscrit, dans quelle mesure cela permet d’apporter un contre-pouvoir dans la hiérarchie militaire ? Comment cela a-t-il pu être mis à profit à ce moment-là ?

    Charles Sylvestre a connu les anciens combattants de l’Indochine, de l’Algérie et ceux de la 1ere guerre mondiale : 

    « Ce qui a été bénéfique aux soldats qui ont fait l’Algérie, c’est la reconnaissance d’avoir participé à une guerre. » 

    Son père, communiste, a été dénoncé par un notaire de village qui a envoyé une lettre à la Préfecture car il collait des affiches contre la guerre d’Algérie et du coup, il a  été muté. 

    On entend rarement parler de l’Indochine. C’est toujours un silence.

    Jacques Pradel. 

     

    La position du PCF était de conseiller à ceux qui pouvaient devenir officiers de le devenir. Ca a joué un rôle positif au moment du putsch. 

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Putsch_des_généraux 

    Jacques Pradel 

     

    La position claire du PCF était d’aller en Algérie pour porter une parole antifasciste et de résistance. Pour lui, la position était ambiguë. Le mot d’ordre était « la paix en Algérie » et représentait une position frileuse.  

    Son analyse a soulevé un vif débat ensuite parmi l’audience.

    Félix Girolami 

     

    Ce sont les jeunes communistes qui ont pris des initiatives dans les casernes avec des officiers républicains pour emprisonner les généraux qui avaient pris le pouvoir là-bas. 

    Je suis parti à Oran faire un an de service militaire dans le service de santé. On était au courant car on recevait les journaux du PCF. 

    Je ne voulais pas faire la guerre. En 1956, tous les partis de gauche étaient contre la guerre en Algérie. Or, le Parti Socialiste l’a amplifiée. Le service militaire est passé de 18 mois à 24. Il y a avait des refus de partir et ceux-ci étaient emprisonnés, notamment  Alban Liechti. Le PCF avait soutenu cette position, mais les refus étaient marginaux. Les emprisonnés étaient essentiellement des jeunes Communistes. En 1959, M Thorez est intervenu pour demander que  tous nos jeunes communistes qui ne sont pas dans l’armée y aillent, pour pouvoir tenir les armes en cas de révolution. 

    La 4ACG n’a pas jamais dit ni revendiqué une action de contestation pendant la guerre en Algérie. Ils ont été pris et broyé par cette machine. Il y a eu une autre association : « Les réfractaires non violents en Algérie ». Il y en a eu très peu. 

    http://refractairesnonviolentsalgerie1959a63.org/ 

     

     

    Désolé pour la mauvaise qualité de cette vidéo

    On avait conseillé à un jeune communiste de ne pas déserter pour éviter de se retrouver en prison pendant 3 ans. Leur stratégie était d’aller faire de la propagande. Avant la tentative du coup d’Etat par les quatre généraux, beaucoup de régiments n’ont pas bougé car un travail de fond anti-fasciste a été mené. La question du fascisme n’a jamais été nommée dans le documentaire. On n’a pas vaincu le fascisme en 1945. On a vaincu le nazisme, l’Italie, le Japon. L’épuration n’a pas été si bien faite que cela. On a « l’honneur ? » d’avoir à Aix-en-Provence un rond-point du général Bigeard (sans oublier ses crevettes !!! ce brave adhérent de la FNACA). Ils défendaient des intérêts économiques privés. Pour le futur de l’Algérie, c’était soit l’indépendance, soit la poursuite par d’autres moyens de la politique de la bourgeoisie française qui voulait garder l’Algérie.

    SOURCE : http://bmasson-blogpolitique.over-blog.com/2018/04/la-disparition-de-maurice-audin-debats-a-marseille-9e-pcf.html 




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  • MISE A JOUR 

     

    C’est exactement ce que je pense

    Les soldats français tués

     en algérie ne sont pas morts

    « pour la France »

    Mais pour l’empire colonial

    Ils sont morts pour maintenir

    Le colonialisme

    En feuilletant internet je suis tombé sur un article du journal La Croix intitulé «  Guerre d’Algérie, non, les soldats français tués en Algérie ne sont pas « morts pour la France » comme je ne suis pas abonné à ce journal je n’ai pas pu accéder à cet article, alors j’ai écrit à la Rédaction de ce journal qui a eu la gentillesse de m’envoyer une partie de l’article qui comporte trois liens qui me sont inaccessibles. Si l’un des lecteurs de mon blog est abonné à La Croix, peut-être pourrait-il m’informer de ce que comportent ces trois liens. Merci d’avance. Voici la réponse de la Rédaction de La Croix : 

    Monsieur,

    Voici le lien vers le courrier publié ce jour :

    https://www.la-croix.com/Debats/Courrier/Guerre-dAlgerie-2018-10-19-1200977135?from_univers=lacroix 

    Bien cordialement,

    Carine Fritel

    Service Relation lecteurs

    www.la-croix.com 

    Le débat continue sur Facebook & sur Twitter 

    Guerre d’Algérie, non, les soldats français tués en Algérie ne sont pas « morts pour la France » 

    La Croix, le 19/10/2018 à 10h40

    Je ne peux demeurer sans réagir à la lecture d’un courrier publié le 1er octobre (lire les 3 courriers publiés ci-dessous). Non, les soldats français tués en Algérie ne sont pas « morts pour la France ». Ils sont respectables pour la plupart, ceci est indiscutable, mais, hélas, ils ont été sacrifiés, pour le colonialisme, pour son maintien coûte que coûte. C’est si vrai que la France a reconnu sa faute dans ce qu’il convenait alors d’appeler le maintien de l’ordre. Et les opposants d’alors – dont j’ai fait partie – n’ont pas « trahi la France ». Bien au contraire. Quant aux « attentats » – condamnables bien entendu –, nul n’ignore qu’il y a eu, pendant cette guerre qui nous a déshonorés, de multiples « Oradour- sur-Glane » en Algérie.

    Gilbert Chomette

    Qui peut me faire parvenir le contenu de ces 3 liens :

    Guerre d’Algérie1 

    Guerre d’Algérie2 

    Guerre d’Algérie3

     

    Guerre d'Algérie, non, les soldats français tués en Algérie ne sont pas " morts pour la France "

    C’est encore la Rédaction de La Croix qui m’a transmis l’intégralité des derniers commentaires de ses lecteurs concernant la guerre d’Algérie, je l’ai remercié pour son dévouement.

    Michel Dandelot

    Guerre d’Algérie

    (courrier des lecteurs La Croix)

    (…) Aucune guerre n’est propre, et la torture doit être dénoncée et justement condamnée. Toute l’armée française n’a pas torturé, comme pourrait le penser tout jeune lecteur non averti, à la lecture de vos articles.

    Faut-il taire ainsi les actions de ceux qui ont trahi la France, les exactions commises, les attentats ?

    Où sont passés les soldats « morts pour la France » et les milliers de blessés dans votre mémoire ?

    Pierre Meaudre

    (Hauts-de-Seine)

    La reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice

    Audin est importante parce qu’elle contribue à lever un tabou qui nuit à la cohésion nationale.

    Mais Maurice Audin n’est pas le seul disparu de cette guerre. Il y a eu beaucoup de disparus algériens profrançais ou simplement pas d’accord avec la direction que prenait le FLN, et il y a eu 1700 disparus européens avec une forte présomption de décès.

    Le 5 juillet 1962 à Oran, plus de 700 civils européens ont été massacrés sans aucune intervention de l’armée française, cantonnée dans ses quartiers sur ordre du gouvernement français.

    Il est très important que les archives soient ouvertes aux historiens et que le président fasse un geste comparable à celui qu’il a fait pour Maurice Audin.

    Je pense que la reconnaissance par le chef de l’État de la violence de la torture parle aux appelés qui, en Algérie, ont été contre leur gré associés à des actes de torture.

    (…) Le général de Bollardière, brillant officier qui avait dénoncé la torture, a été sanctionné puis nommé à des postes purement honorifiques. Les appelés témoins d’actes de torture ont été psychologiquement ravagés, cinquante ou soixante ans après, ceux qui sont encore en vie veulent rarement parler de cette époque.

    Yves Aragon

    (Haute-Garonne)

    La Croix du 14 septembre évoque l’affaire Audin pour laquelle le président Emmanuel Macron vient de reconnaître la responsabilité de la France et l’implication de l’armée.

    Pourquoi ne pas parler de la responsabilité des hommes politiques de l’époque : le président du Conseil, Guy Mollet, et son ministre de l’intérieur, François Mitterand, qui ne pouvaient ignorer ce qu’il se passait à Alger.

    Paul Prothon

    (Isère) 

     


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    Portrait : Georges Mattei, un Corse

     dans les réseaux de soutien

     au FLN algérien

    Portrait : Georges Mattei, un Corse dans les réseaux de soutien au FLN algérien

    © Mathieu David/FTVIASTELLA

    Il y a quarante-sept ans, une manifestation pour l'indépendance de l'Algérie est réprimée dans le sang par la police à Paris. Dans cette manifestation pacifique, les réseaux de soutien au FLN algérien ont joué un rôle essentiel. Georges Mattei, originaire de Moca-Croce, en faisait partie.

    Le 17 octobre 1961, la fédération de France du FLN rassemble 25 000 Algériens, travailleurs immigrés des industries parisiennes. Ils s'opposent pacifiquement au couvre-feu imposé par le gouvernement français. 

    Près de 12 000 manifestants sont arrêtés
    dans la nuit. On sait aujourd'hui qu'entre 100 et 200 sont tués, pour partie, jetés dans la Seine. Une répression sans précédent, un massacre. «L’impression que j’en garde, c’est que le peuple de Paris, ce soir-là, s’est transformé en auxiliaire de police. Il montrait du doigt. Il disait : ’Là Monsieur l’agent’ », indiquait Georges Mattei, le 17 octobre 1981, sur Antenne 2. 

      

    Qui est-il ?

     

    Qui est cet homme ? Georges, Jojo, Paul et une petite dizaine de noms de code l'accompagnent. En octobre 1961, il est devenu la cheville ouvrière d'un des derniers réseaux de soutien clandestin au FLN algérien à Paris. 

    Le portrait complet de Georges Mattei est à retrouver dans cette vidéo : 

    Portrait : Georges Mattei, un Corse dans les réseaux de soutien au FLN algérien.
    Intervenants - Georges Mattei, le 17 octobre 1981 sur Antenne 2 ; Gérard Challiand, Expert des conflits ; Josette Brançon, militante anti-colonialiste ; Tramor Quemeuner, historien ; Séverin Mondoloni, Habitant à Croce. Equipe - Florence Antomarchi ; Mathieu David ; Florence Paoli ; Frédérique Barbolosi ; André Girardin.
     

    Le 17 octobre 1961 une manifestation pour l'indépendance de l'Algérie est réprimée dans le sang par la police à Paris. Dans cette manifestation pacifique, les réseaux de soutien au FLN algérien ont joué un rôle essentiel. Georges Mattei, originaire de Moca-Croce, en faisait partie. Je remercie Tramor Quemeneur de nous avoir transmis une vidéo en écrivant ceci « Le portrait de Georges Mattéi, "porteur de valises" pendant la guerre d'Algérie, qui était avec les Algériens au moment de la manifestation du 17 octobre 1961. Le reportage a été diffusé hier au JT de France 3 Corse et j'ai eu le plaisir d'y participer ». 

     

     


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    Répression d'hier et d'aujourd'hui 

    Rassemblement en mémoire

     du 17 octobre 1961. Un passé révolu ?

    Répression d'hier et d'aujourd'hui  Rassemblement en mémoire  du 17 octobre 1961. Un passé révolu ?

    Sur le Pont Saint-Michel à Paris

    57 ans après le massacre de plusieurs centaines de « Nord-Africains » sur ordre de Papon, préfet de police de Paris, des rassemblements se sont tenus dans plusieurs villes de France. A Paris, Pont Saint-Michel, sur les lieux mêmes du massacre, un rassemblement de plusieurs centaines de personnes, membres de nombreuses organisations du mouvement ouvrier et démocratique, a exigé que toute la lumière soit faite sur ce crime d’Etat raciste.

    Une reconnaissance simplement ébauchée 

    Un crime raciste tellement honteux et explosif, caractéristique de la nature colonialiste de l’Etat Français, qu’il a été scrupuleusement caché pendant des décennies non seulement par le régime Gaulliste, mais aussi par tous ceux qui lui ont succédé à la tête de l’Etat, y compris Mitterrand. Jusqu’à un timide début de reconnaissance par Hollande qui, en 2012 déclarait : « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. »

    Une reconnaissance a minima dont ne se contentent pas les manifestants rassemblés aujourd’hui pour exiger « que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des algériens survivants du 17 octobre 1961 – que les historiens puissent échapper aux contrôles, accéder aux archives et travailler avec leurs collègues algériens – que la vérité soit dite sur l’organisation criminelle de l’OAS. ».

    Plus loin encore que cet appel, interpelant le passé mais aussi le présent, un orateur a souligné que si Macron venait de reconnaître l’assassinat du communiste Maurice Audin et l’usage systématique de la torture durant la guerre d’Algérie, il s’était bien gardé de citer spécifiquement le massacre du 17 octobre 1961 et de prononcer le terme de « crime contre l’humanité », qui aurait ouvert la boîte de Pandore. Or c’est bien ce que devrait être une réelle « reconnaissance » par l’Etat français, du massacre du 17 octobre 1961 et de toute la période qui l’a entouré.

    Un contraste saisissant avec l’engagement exprimé le matin même, au même endroit, par Anne Hidalgo, lors de la commémoration organisée par la ville de Paris, en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France et du recteur de la mosquée de Paris : qu’une stèle soit érigée « à la mémoire de la sanglante répression des Algériens sortis manifester pacifiquement pour réclamer la fin de l’occupation coloniale de l’Algérie ». Une stèle, fut-elle artistique, semble bien dérisoire pour marquer la reconnaissance d’un crime contre l’humanité. On n’est pas beaucoup plus avancés avec le tweet de 6 lignes de Macron écrit ce 17 octobre 2018.

    Des responsabilités politiques qui demeurent inavouées 

    Mais au-delà de la reconnaissance des faits et du « devoir de mémoire », ce qui préoccupait les manifestants et les représentants qui ont pris la parole, applaudis par les présents, ce qu’ils veulent avant tout, c’est que soient mises au grand jour les responsabilités politiques. Celles d’un Papon ou d’un Debré violemment opposés à l’indépendance de l’Algérie, et directement impliqués dans le massacre du 17 octobre 1961, mais aussi, celles, plus anciennes, des parlementaires, incluant non seulement la droite mais aussi la SFIO et le PCF (il serait utile pour ce dernier de reconnaître officiellement qu'il avait commis une erreur), qui ont voté la loi de 1955 instaurant l’Etat d’urgence et autorisant le couvre-feu discriminatoire qui fut à l’origine de la manifestation du 17 octobre 1961 et de sa répression sanglante.
    Des pouvoirs d’exception qui ont permis le massacre de plus 300 ressortissants algériens et la disparition pure et simple de ceux que, comme l’a dit l’un des orateurs la presse montrait, montant dans un avion soi-disant pour retrouver leur bled et aller embrasser leur famille, en fait pour être conduits en camp de concentration ». Des chiffres que les historiens, malgré leur travail n’ont pas encore pu établir complètement, faute d’accès aux archives.

    Cette loi, qui prévoit également de réglementer la circulation et le séjour dans certaines zones géographiques, de prononcer des interdictions de séjour et des assignations à résidence contre des individus demeure un outil qui autorise toutes les discriminations et toutes les répressions, hier contre les « Nord-Africains » et tous les « basanés », aujourd’hui, tous ceux qui sont victimes de la chasse au faciès, ou qualifiés de « terroristes » potentiels. Les Zyed et Bouna et les Traoré, mais aussi, au-delà d’eux les cortèges de tête dans les manifs, les jeunes devant les lycées, ou les travailleurs ou retraités en colère.

    Renvoyer les hommes politiques à leurs responsabilités historiques c’est aussi interroger ceux d’aujourd’hui sur la lutte à mener contre les mesures d’exception et contre la répression d’une Police qui demeure, comme tout l’appareil répressif de l’Etat, le bras armé de la bourgeoisie.

    Répression d'hier et d'aujourd'hui  Rassemblement en mémoire  du 17 octobre 1961. Un passé révolu ?

    Répression d'hier et d'aujourd'hui  Rassemblement en mémoire  du 17 octobre 1961. Un passé révolu ?

    Nous t'avons reconnu Henri POUILLOT

    Répression d'hier et d'aujourd'hui  Rassemblement en mémoire  du 17 octobre 1961. Un passé révolu ?

    SOURCE : http://www.revolutionpermanente.fr/Rassemblement-en-memoire-du-17-octobre-1961-Un-passe-revolu 

     


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    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS

     DU 17 OCTOBRE 1961

    Le tweet fade de Macron

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    Le 17 octobre 1961 fut le jour d'une répression violente de manifestants algériens

     

    Les dirigeants français, dont Emmanuel Macron, ne parviennent toujours pas à mettre les mots justes sur des faits historiques.

    Attendu sur sa réaction à la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, le président français s'est contenté d'un tweet pour marquer cet événement historique. Il a fait bien moins que son prédécesseur, François Hollande, en ce sens qu'il a eu l'expression assez «soft» pour qualifier le massacre des Algériens à Paris. «Le 17 octobre 1961 fut le jour d'une répression violente de manifestants algériens», a écrit Emmanuel Macron sur son compte Tweeter. Le mot «violente» lorsqu'on comptabilise des centaines de morts, n'est pas vraiment à la hauteur de l'horreur coloniale au beau milieu du XXe siècle.
    Le président français qui a admis la sauvagerie du système colonial en Algérie même où la torture a été érigée en système et fait des milliers de victimes dans la seule Zone autonome d'Alger, veut certes, voir la réalité historique en face, mais derrière un confortable «voile lexical» où le poids des mots a toute son importance. Emmanuel Macron affirme à l'occasion des 57 ans des massacres de centaines d'Algériens dans la ville où il vit et travaille que «la République doit regarder en face ce passé récent et encore brûlant». L'homme semble donc prendre conscience de l'héritage que lui ont légué ses prédécesseurs, eux-mêmes, incapables de lever le voile sur un épisode cruel de l'Histoire de la France.
    Faut-il lui reconnaître un courage que Hollande, Sarkozy et Chirac n'avaient pas? Certainement, sauf qu'il semble découvrir le complexe profond que traîne la République française sur les questions mémorielles.
    Les dirigeants de ce pays ne parviennent toujours pas à mettre les mots justes sur des faits historiques. Macron qui ne déroge pas à cette tradition, toute française, veut regarder le passé en face. «C'est la condition d'avenir apaisé avec l'Algérie et avec nos compatriotes d'origine algérienne», dit-il dans son tweet.
    Mais cet «avenir apaisé» a besoin d'un engagement qui répond au mal causé par la colonisation. Le concept de «répression violente» évoqué par l'actuel locataire de l'Elysée, n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de «adéquat» pour résumer ce qui s'est produit à Paris le 17 octobre 1961.
    Le propos de Macron peut même être considéré comme une reculade par rapport à ce qu'avait déclaré François Hollande. Ce dernier avait reconnu en 2012 «avec lucidité», au nom de la République, la «sanglante répression» au cours de laquelle ont été tués «des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance».
    La réaction quelque peu timide du président français, pourrait s'expliquer par la force de nuisance encore forte du lobby colonialiste français. En fait, la guerre d'Algérie continue à être un sujet de politique intérieure en France. Si Emmanuel Macron avait les coudées franches, on aurait avancé plus rapidement sur le dossier de la mémoire, disent de nombreux historiens. Cela est une évidence qu'un groupe d'intellectuels voudrait voir se concrétiser. Ces personnalités, composées d'historiens et de membres du mouvement associatif, ont écrit au président de la République française, lui demandant d'aller dans le sens de sa déclaration d'Alger qualifiant la colonisation de «crimes contre l'humanité». Ils ont estimé important de reconnaître officiellement la responsabilité de l'Etat français dans le massacre d'Algériens à Paris.
    Mais Macron le candidat n'est visiblement pas Macron le président. Et pour cause, la requête est restée lettre morte et aucune réponse ne leur a été fournie. Ceci expliquant cela, on
    comprend l'absence du mot «massacre» dans le tweet.

    SOURCE : http://www.lexpressiondz.com/actualite/302140-le-tweet-fade-de-macron.html 

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    17 octobre 1961 - "Ils ont commencé la répression"

    Rahim Rezigat, ancien militant du FLN, nous livre un témoignage poignant des évènements du 17 octobre 1961.

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    Commémoration à Strasbourg du massacre

    d'Algériens à Paris

     sous Papon, Debré, de Gaulle

     

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron


    Jacques CROS de Béziers

     nous communique

    Ce 17 octobre 2018 sur le Pont Vieux

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

     

    On doit l’initiative à la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Saint-Pons-de-Thomières. Il s’agissait de commémorer le massacre à Paris de dizaines d’Algériens qui, à l’appel de la Fédération du FLN manifestaient contre le couvre-feu qui leur était imposé et posaient de manière pacifiste la question de l’indépendance de l’Algérie.

    Sous les ordres de Papon, préfet de police, les forces de l’ordre tuèrent de nombreux participants à cette manifestation. Plusieurs d’entre les victimes furent jetées dans la Seine où elles se noyèrent. Roger Frey était alors Ministre de l’Intérieur et Michel Debré, hostile à la phase d’autodétermination dans laquelle le général de Gaulle s’était engagé, était Premier Ministre.

    Les mêmes récidivèrent le 8 février 1962 à Charonne, ce qui accéléra la fin d’une guerre qui durait depuis plus de sept ans. Au terme des Accords d’Evian étaient signés le 18 mars 1962 et le cessez-le-feu intervenait le lendemain à midi.

    Pierre Blondel avait apporté un panier contenant des œillets. Ils ont été distribués à la quinzaine de militants qui avaient répondu à l’invitation qui avait été lancée et après une brève allocution ces œillets ont été symboliquement jetés dans l’Orb. Une telle initiative avait eu lieu il y a un ou deux ans.

    Nous n’étions pas très nombreux nous le reconnaissons mais cette action, à laquelle s’étaient joints le Mouvement de la Paix, l’association France-Algérie, le parti communiste, et quelques citoyens a permis de rappeler tout ce qu’était le colonialisme avec son contexte de violence.

    Le racisme et la xénophobie qui accompagnent une telle idéologie refont surface et se développe sous l’effet de la crise socio-économique que nous subissons. Cette initiative aura été l’occasion de dénoncer une nouvelle fois de telles dérives et d’exprimer en la circonstance l’option de paix, de justice et de fraternité qui est la nôtre.

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

    MASSACRE D'ALGÉRIENS À PARIS  DU 17 OCTOBRE 1961 *** Le tweet fade de Macron

     


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  • Guerre d'Algérie : des dizaines de personnes rendent hommage   aux victimes du 17 octobre 1961 au Pont Saint-Michel à Paris

     

    Guerre d'Algérie : des dizaines

     de personnes rendent hommage

     aux victimes du 17 octobre 1961

    au Pont Saint-Michel à Paris

     

    © THOMAS SAMSON Source: AFP Une femme agite un drapeau algérien le 17 octobre 2012 sur le pont Saint-Michel à Paris (image d'illustration).

     

    En présence de la maire Anne Hidalgo et de l'ambassadeur d'Algérie en France Abdelkader Mesdoua, des dizaines de personnes ont rendu hommage aux victimes de la répression du 17 octobre 1961, épisode sanglant de la guerre d'Algérie.

    Ce 17 octobre, en fin de matinée, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies au niveau du pont Saint-Michel à Paris afin de commémorer l'un des épisodes sanglants de la guerre d'Algérie. Il y a 57 ans, à l'appel des indépendantistes du FLN, 20 000 Algériens manifestaient pacifiquement dans les rues de la capitale contre le couvre-feu imposé le préfet de police de l'époque, Maurice Papon. 

    Cette nuit là, la répression orchestrée par les forces de l'ordre a entraîné la mort de 200 à 400 personnes selon les historiens. Présents lors de la cérémonie d'hommage, la maire de Paris Anne Hidalgo et l'ambassadeur d'Algérie en France Abdelkader Mesdoua ont insisté sur la nécessité de poursuivre le travail de mémoire au sujet de la guerre d'Algérie.  

    Quelques heures après le rassemblement, Emmanuel Macron a appelé la France à regarder son passé «en face» pour avancer vers «un avenir apaisé avec l'Algérie». 

    En septembre dernier, le chef de l'Etat français avait reconnu «la responsabilité de l'Etat dans la disparation» du mathématicien communiste militant de l'indépendance de l’Algérie Maurice Audin, torturé par l’armée française et disparu sans laisser de traces en 1957.

    Mais, hélas, aujourd'hui ce n'est qu'avec 6 lignes sur Twitter, loin, très loin d'une vraie reconnaissance d'un crime de guerre que le président Macron a fait semblant de commémorer les victimes du 17 octobre 1961...

    Guerre d'Algérie : des dizaines de personnes rendent hommage   aux victimes du 17 octobre 1961

     

     
     


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    « J’avais raison de ne pas croire « aux miracles »

    18 octobre 1961, la presse choisit son camp pour relater ce qui s'est passé la veille 17 octobre 1961

    Fabrice Riceputi nous communique :

    Emmanuel Macron ‏Compte certifié @EmmanuelMacron
    Le 17 octobre 1961 fut le jour d’une répression violente de manifestants algériens. La République doit regarder en face ce passé récent et encore brûlant. C’est la condition d’un avenir apaisé avec l’Algérie et avec nos compatriotes d’origine algérienne.

    #17octobre1961 Trois lignes creuses de plus avec ce tweet élyséen. Avec celles d'Hollande en 2012, ça fait six. En 57 ans. Que la République dise "massacre au faciès de manifestants pacifiques commis par la police". Ce serait la condition pour que la République soit crédible.

    Fabrice Riceputi 

     

    Aujourd’hui très rares seront les médias qui rappelleront ce qui s’est passé le 17 octobre 1961, sauf si un nouveau « miracle » se produisait : la reconnaissance par le chef de l’état au nom de la France de ce crime d’Etat ? MAIS JE SUIS Très pessimiste car je n’ai jamais cru aux "miracles"… alors si c’est le cas nous continuerons, jusqu’au dernier jour de nos jours, de réclamer cette reconnaissance officielle…

    Michel Dandelot

     

    18 octobre 1961, la presse choisit son camp pour relater ce qui s'est passé la veille 17 octobre 1961

    18 octobre 1961, la presse choisit son camp

     

    Mercredi, 17 Octobre, 2018

    Olivier Morin 

     

    Au lendemain de la manifestation pacifiste des Algériens, réprimée dans le sang, seuls l’Humanité et Libération dénoncent cette nuit de massacre.

    «Ray Charles pourra chanter ce soir. Après le passage du service de désinfection, le Palais des sports a retrouvé son aspect habituel. » C’est une des annonces que fait placidement France-Soir, dans son édition parue trois jours après l’assassinat de près de 300 Algériens, le 17 octobre 1961 à Paris. Avec le parc des expositions et le stade Coubertin, le Palais des sports avait été transformé en lieu de détention où la police avait parqué des Algériens dans des conditions inhumaines.

    Les policiers se livrent à une véritable chasse à l’homme

    Ce soir du 17 octobre, répondant à l’appel du FLN, 30 000 « Français musulmans d’Algérie » manifestent sous la pluie dans les rues de Paris. Celles-ci leur sont interdites depuis l’infamant couvre-feu décrété par les autorités françaises douze jours plus tôt, avec l’aval du premier ministre, Michel Debré. Le caractère pacifique du rassemblement est garanti par les organisateurs, qui vont jusqu’à fouiller les manifestants. Sur ordre de l’ancien fonctionnaire de Vichy Maurice Papon, devenu depuis préfet de police de Paris, les policiers vont pourtant se livrer à une véritable chasse à l’homme. Papon exige aussi qu’aucun journaliste ne soit présent sur les lieux, contraignant ces derniers à ne disposer que des sources officielles, notamment les informations délivrées par la préfecture. Au total, près de 14 000 manifestants seront arrêtés. Près de 300 d’entre eux seront jetés à la Seine ou exécutés. Le lendemain, dans la presse, la majeure partie des titres vont appuyer ou relayer la version officielle tandis que d’autres journaux, plus rares, dont l’Humanité, refusent de fermer les yeux.

    Ainsi le Figaro se fend d’un article retraçant le fil de la journée heure par heure et dans lequel on peut lire dès les premières lignes qu’« il y a eu des heurts, mais (que), grâce à la vigilance et à la prompte action de la police, le pire – qui était à craindre – a pu être évité ». Il ne manque pas d’y adjoindre le communiqué officiel de la police après avoir titré en une : « Violentes manifestations de musulmans algériens hier soir à Paris ».

    « Sur le trottoir, sept corps étaient allongés »

    Dans les kiosques, le quotidien à grand tirage Paris-Jour barre sa une d’un titre alarmiste : « 20 000 Algériens maîtres de la rue à Paris durant trois heures ! », tandis que l’éditorialiste accable les Algériens qui « ont pu défiler en plein cœur de la capitale sans avoir demandé l’autorisation et en narguant ouvertement les pouvoirs publics et la population ». Pour l’historien Alain Ruscio, la majeure partie de la presse de l’époque se faisait nécessairement l’écho de la méfiance « et même du racisme vis-à-vis de la communauté algérienne », entretenu dans la population. « Mais des journaux comme Libération et l’Humanité dénoncent tout de suite les exactions de la police. Le journal France nouvelle, édité par le PCF, parle même de pogrom », souligne l’historien.

    L’Humanité, souvent troué de grands carrés blancs depuis le début de la guerre d’Algérie, décrit la situation au début de la manifestation dans son édition du 18 octobre : « Il y avait des femmes qui scandaient des youyous, il y avait des enfants que les travailleurs algériens avaient amenés avec eux. Mais en plusieurs endroits les policiers et les CRS ont chargé et tiré. » Le journal, qui précise ne pas pouvoir tout dire à cause de la censure gaulliste, titre en une : « Plus de 20 000 Algériens ont manifesté dans Paris. Combien de morts ? » En page 7, le journal communiste décrit ce qui se passe peu de temps après, à deux pas de son siège, situé à l’époque rue du Faubourg-Poissonnière, dans le 9e arrondissement, lorsque le cortège d’Algériens se retrouve face à un car d’agents de police. « Il y eut un moment d’hésitation, puis le chauffeur du véhicule descendit sur la chaussée et tira un coup de feu en l’air : ce fut le signal. Aussitôt, les agents descendirent du car et vidèrent les chargeurs sur les manifestants qui tentaient de trouver refuge dans le restaurant et l’immeuble contigu. » Et l’Humanité de poursuivre la description macabre : « Sur le trottoir, devant le restaurant, sept corps étaient allongés », remettant en cause les chiffres fournis par l’AFP. Le Parisien libéré annonce lui aussi sept morts tout en décrivant un Paris envahi par « les meneurs et les tueurs ». Des qualificatifs utilisés à l’époque par la droite populiste qui ne manque pas de pointer la seule responsabilité du FLN. Même dans le Monde, pourtant plus mesuré dans sa description de la sanglante nuit, Jacques Fauvet pointera du doigt le FLN « puisque, ici et là, c’est le terrorisme musulman qui est à l’origine de ces drames ». Et dans le quotidien l’Aurore, pro-Algérie française, les journalistes n’hésitent pas à dénoncer « la lâcheté habituelle » des meneurs qui « mettaient les femmes et les enfants en avant comme à Bizerte ».

    Des dizaines de cadavres d’Algériens repêchés

     dans la Seine

    Le lendemain de la manifestation, Libération, journal issu de la Résistance et dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, tentera d’envoyer un reporter pour pénétrer dans le parc des expositions, où il entendra des cris de douleur et d’effroi. C’est aussi à partir de ce jour que des dizaines de cadavres d’Algériens seront repêchés dans la Seine. Le travestissement de la vérité n’est alors plus possible et un consensus gagne alors la presse, même réactionnaire. Dans le même temps, celle-ci chassera petit à petit le drame de ses colonnes, comme pour faire disparaître les Algériens une seconde fois.

     

    Olivier Morin

     

    SOURCE : https://www.humanite.fr/18-octobre-1961-la-presse-choisit-son-camp-662298 

     

    18 octobre 1961, la presse choisit son camp pour relater ce qui s'est passé la veille 17 octobre 1961

    17 octobre 1961, guerre d’Algérie : allons au bout

    de la reconnaissance

    Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, plaide pour que la date du 17 octobre 1961 soit désormais centrale dans les manuels et dans les discours des officiels.

    Le 17 octobre 1961 était réprimée dans le sang une manifestation pacifique, sous les ordres du préfet de police Maurice Papon. Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants « nord-africains » – comme on disait alors – ont été blessés et même assassinés. « La Seine était rouge », titre l’auteure Leïla Sebbar, qui revient dans son livre sur ces événements tragiques.

    Ces événements ont donné lieu à des dizaines et des dizaines de victimes, dont la mort a été occultée pendant des années par des pouvoirs politiques successifs refusant de reconnaître les crimes commis au nom de la République et souillant celui-ci par là-même. Des dizaines et des dizaines de victimes, dont faisait partie Fatima Bedar, cette jeune femme dont le corps sans vie fut retrouvé dans le canal de Saint-Denis suite à la répression. C’est le visage de Fatima Bedar qui orne la fresque inaugurée le 17 octobre 2018 le long du canal, ce visage qui symbolise et ranime tous les visages des victimes inconnues dont les contours risqueraient de se perdre dans le brouillard du passé et de l’oubli.

    Car la date du 17 octobre 1961 doit désormais être dans toutes les mémoires, dans les manuels, dans les discours des officiels. C’est en effet dans une démarche collective de reconnaissance des faits historiques et de la responsabilité de la République que nous devons toutes et tous nous engager. Non pas au nom d’une quelconque repentance, mais de la vérité historique.

    Le département de la Seine-Saint-Denis, profondément marqué par la guerre d’Algérie et par ces événements qui ont à jamais meurtri son territoire, y prend toute sa part. La Seine-Saint-Denis est le premier département à avoir engagé un cycle de commémorations durables de la répression du 17 octobre 1961, avec des actions éducatives, pédagogiques et artistiques.

    Journée nationale de commémoration

    À la suite de ce que nous faisons au niveau départemental, mais aussi de ce qui est fait depuis des années par les communes, associations, établissements scolaires et institutions culturelles sur les territoires, l’État doit emboîter le pas. Le premier pas, historique, a été fait par François Hollande qui a reconnu en 2012 les « souffrances de la colonisation », avec notamment les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, ainsi que l’usage de la torture.

    Le second pas a été fait par Emmanuel Macron concernant la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans la mort de Maurice Audin, militant de la décolonisation assassiné par l’armée française.

    Allons au bout de la démarche ! Faisons du 17 octobre, comme je le demande depuis des années, une journée nationale de commémoration en hommage aux victimes de la répression de cette manifestation pacifique. Parlons-en dans nos programmes scolaires, bien trop lapidaires concernant cet épisode qui fait partie de l’histoire française et que nous devons accepter comme tel.

    Une anecdote apprise dans l’indispensable documentaire Histoires d’une nation frappe tout particulièrement. Celle d'un certain Smaïl, venu d’Algérie pour construire la France et qui vécut dans un bidonville de la banlieue parisienne. Cet homme qui participa ensuite à la construction du Stade de France. Un Stade de France où le 12 juillet 1998, son fils, un certain Zinedine Zidane, remporta la Coupe du Monde en faisant la fierté de tous les Français.

    Si l’immigration est une richesse, elle est surtout indissociable de l’histoire française. En prendre pleinement la mesure passe aussi par la reconnaissance des événements, glorieux ou plus sombres, qui s’inscrivent dans notre mémoire collective. En France, c’est le cas du 17 octobre 1961, et nous en appelons à l’État pour le reconnaître – enfin – officiellement.

    Stéphane Troussel

    publié le 16 octobre 2018 

    SOURCE : https://www.politis.fr/articles/2018/10/17-octobre-1961-guerre-dalgerie-allons-au-bout-de-la-reconnaissance-39462/ 


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    Paris : une stèle pour les victimes

     du 17 octobre 1961

    Paris : une stèle pour les victimes  du 17 octobre 1961

    Photo d’archives. A l'angle du pont Saint-Michel (Ve), la plaque en mémoire des manifestants tués lors de la manifestation du 17 octobre 1961, va être remplacée par une stèle. Le Parisien

     

    La maire de Paris annoncera, à l’occasion des commémorations, qu’une stèle artistique remplacera la plaque de bronze du pont Saint-Michel.

    Une stèle artistique va remplacer la plaque de bronze, apposée en 2001 à l’angle du pont Saint-Michel et du quai du Marché-Neuf (IVe). C’est l’annonce que s’apprête à faire Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris, lors de la cérémonie de commémoration de la répression du 17 octobre 1961.

    Il y a 57 ans tout juste, des Algériens qui manifestaient contre le couvre-feu imposé aux seuls Nord-africains sont morts précipités dans la Seine lors d’une confrontation avec les forces de l’ordre. La répression policière, commandée par le préfet Maurice Papon, aurait fait entre 30 et plusieurs centaines de morts au total, selon les historiens.

    A l’issue de la commémoration, la maire de Paris doit annoncer, en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France Abdelkader Mesdoua, qu’un artiste a été nommé pour travailler sur ce projet de stèle d’ici 2019. Mais sans révéler son nom pour le moment. La plaque actuelle n’était plus à la hauteur de l’événement, avance la Ville pour justifier ce choix.

    SOURCE : http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-une-stele-pour-les-victimes-du-17-octobre-1961-16-10-2018-7920681.php

    Paris : une stèle pour les victimes  du 17 octobre 1961

     


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    Lettre au rédacteur en chef

     de L'Ancien d'Algérie

    Cros Jacques

    34500 BEZIERS

    Monsieur Sabourdy, 

     

                                                                                 Bonjour à toi. On a eu l’occasion d’échanger par Internet et nous avons pu nous situer. Il me semble que nous sommes de la même classe, ou de classes voisines. Je suis personnellement de la 60 1/A.

    Nous n’avons pas fait le même choix dans notre vie. Tu as adhéré à la FNACA et tu es devenu le rédacteur en chef de L’Ancien d’Algérie, organe de la fédération. Je suis resté en dehors de cette organisation.

    J’ai suivi les échanges que tu as eus récemment avec mon ami Michel Dandelot. Au sujet de celui-ci je considère que le travail qu’il fait avec son blog est précieux. Sa compétence professionnelle lui permet de recueillir et de nous faire connaître des informations qui intéressent tous ceux qui sont concernés par la guerre d’Algérie. Il y ajoute ses analyses que je trouve pertinentes et que je partage.

    Sur l’exploitation de l’affaire Audin j’ai donné mon sentiment sur le texte que tu as publié dans L’Ancien d’Algérie. Il m’a renvoyé à la position de Michel Huet qui m’avait été signalée par un ami qui est adhérent de la FNACA. Il me parait ne pas se saisir de l’opportunité qui se présentait de faire évoluer les consciences sur la nature de ce qu’a été la guerre d’Algérie comme tentative de perpétuer le colonialisme.

    Les conséquences sont connues et elles ont touché les Algériens et les appelés du contingent que nous avons été. Plus douloureuses pour les premiers, elles n’ont pas été sans effet sur les seconds, avec des différences sensibles suivant les cas. Je fais personnellement partie de ceux qui n’ont jamais été exposés et qui ont simplement perdu vingt-six mois de leur jeunesse dans cette aventure.

    J’ai aussi été témoin de quelques exactions qui ont été commises par l’armée sans y avoir jamais été impliqué. J’ai par contre pu mesurer l’ampleur de la misère générée par ce système social et le racisme qui l’accompagnait et qui n’épargnait pas les appelés du contingent.

    J’ai été victime de l’ostracisme de l’institution militaire qui m’avait repéré. Je n’ai jamais eu la possibilité ni matérielle ni psychique d’être un soldat du refus. C’était un statut lourd à assumer. J’ai toutefois fait ce que j’ai pu dans le contexte qui était le mien. Cela a été le cas notamment lors du putsch des généraux félons en avril 61 où j’ai pris des risques. Cela s’est produit également le jour du cessez-le-feu où l’armée a tiré sur la foule des Algériens qui participaient à une manifestation pourtant autorisée.

    Je n’ai pas été partie prenante dans les activités de la FNACA n’ayant pas de goût pour les repas qu’ils soient dansants ou non. J’ai pris acte que ma vision de ce qu’était la guerre d’Algérie n’est pas majoritaire dans l’opinion publique. On sait que les idées dominantes sont celles de la classe dominante. Et la classe dans laquelle je me situe, celle des exploités, n’est pas dominante.

    Ces facteurs ont fait que je suis resté en dehors de la FNACA. Depuis quelque temps il m’arrive d’avoir un regard sur ce qu’elle dit et fait. J’ai constaté son absence lors de la contre-manifestation que nous avons organisée lors du changement d’appellation de la rue du 19 mars 1962 à Béziers. Cela m’a conforté dans mon jugement sur elle.

    Plus anciennement, ce devait être en 1972, j’avais été surpris lors de la cérémonie du 19 mars à laquelle j’avais participé, du côté cocardier du comité local de votre fédération à Montagnac où j’étais alors enseignant. En 2001 j’avais participé à une assemblée du comité de Béziers de la FNACA qui était ouverte aux non-adhérents. J’avais pu situer mes désaccords au sujet de la torture. Je joins l’article que j’avais rédigé après cette réunion. Je n’avais pas apprécié que soit prononcée la rituelle phrase « Mort pour la France » à l’énoncé de chacun des 33 Biterrois, tués en Algérie, lors du 19 mars qui avait suivi. Pour moi ils avaient été victimes de l’incompréhension générale qui régnait alors sur les guerres qu’avaient engagées les peuples pour se libérer du colonialisme.

    Je veux bien reconnaître à la FNACA le rôle qui a été le sien dans la satisfaction d’un certain nombre de revendications (retraite du combattant, points d’indice supplémentaire pour le montant de la retraite des fonctionnaires, demi-part pour la déclaration d’impôts, adoption du 19 mars comme journée de commémoration …) mais il reste son incapacité à dire ce qu’était la guerre d’Algérie.

    Qu’elle soit au diapason de la majorité de ce que pensent les gens ne lui confère pas le label de vérité en la matière. Pour moi, j’ai choisi de faire entendre la voix de la justice et de l’amitié entre les peuples par un autre canal que celui de la FNACA même si je n’ignore pas qu’elle fut créée par des hommes épris de paix. C’est que de l’eau a coulé depuis et la crise socio-économique que nous subissons favorise le développement de la xénophobie dont la FNACA n’est pas à l’abri. On s’en rend compte en diverses circonstances.

    Bonne continuation dans les responsabilités qui sont les tiennes même si la FNACA est appelée à finir son existence avec la proche disparition, prévisible, des anciens d’Algérie.

    Béziers le 16/10/18

    Jacques CROS 

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6572857-lettre-au-redacteur-en-cher-de-ancien-algerie?fbclid=IwAR37dD2R1qNiQdSuPAba6SBImbDnkL_U0yOnRlemyNYxzyF4XX7ttrCTDZo 


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    Après Maurice Audin et la torture

     la France va-t-elle enfin reconnaître

     les crimes d’octobre 1961 ?

    57 ans après, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les massacres du 17 octobre 1961, pas plus qu’elle ne l’a fait pour les guerres coloniales et les multiples crimes qu’elles ont générés.

    Ce 17 octobre 1961, c’est bien d’un crime d’Etat dont s’est rendue coupable la France à travers ses responsables politiques de l’époque. On connaît le rôle qu’y a tenu le Préfet de police Maurice Papon. On sait peut-être un peu moins que son supérieur d’alors, Michel Debré, alors Premier ministre, a tout fait pour enrayer la recherche d’une solution négociée, que privilégiait le Général de Gaulle. Debré voulait que l’Algérie restât française, et c’est son aveuglement qui a mené aux massacres de centaines de manifestants algériens à Paris et dans sa banlieue. Dans un livre à paraître, Voyage intime au milieu des mémoires à vif, le 17 octobre 1961, Marie-Odile Terrenoire la fille de l’ancien porte-parole de De Gaulle, Louis Terrenoire, s’appuie sur les carnets de son père pour démontrer que, comme le souligne Gilles Manceron, « c’est bien le Premier ministre qui, pour tenter d’empêcher une issue rapide des négociations, et essayer de provoquer une partition de l’Algérie, a décidé (…) de déclencher une guerre à outrance contre le FLN et les Algériens de France ».

    Le 17 octobre 2012, le Président François Hollande a reconnu officiellement que « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. »
    Aujourd’hui, il est urgent d’aller plus loin.

    Le 17 octobre 2018 nous serons sur le Pont Saint-Michel à Paris en compagnie de très nombreuses associations, pour demander aux plus hautes autorités de l’Etat de reconnaître explicitement et complètement la terrible répression de 1961 et tous les crimes commis pendant la période de la colonisation.

    Les lieux de rendez-vous à Paris et banlieue

    Pont Saint-Michel à Paris, à 18h 
    Pont de Bezons à Colombes 12h30 
    Pont de Bezons à Bezons, 18h30 
    Pont d’Argenteuil, 19h 
    Pont de Clichy à Asnières, 14/15h 
    Pont de Clichy à Clichy-la-Garenne, 19h 
    Place du 17 octobre à Gennevilliers, 18h 
    Place des Droits de l’Homme à Nanterre, 18h30.

    Autres rassemblements en régions

    Grenoble - Place Edmond Arnaud, Quartier Très-Cloîtres, à 18h, suivi d’une marche vers la Passerelle Saint-Laurent d’où sera jetée une fleur dans l’Isère
    Béziers - rassemblement sur le Pont-Vieux à 15h

     

    17 octobre 1961 -

    17 octobre 2018 

    57ème

    Anniversaire -

    Vérité et Justice 

     

     

     

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la "force de police auxiliaire" - ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

    57 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n'est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l'OAS.

    Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :  

    - Que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des algériens survivants du 17 octobre envoyés en fait dans des camps de la mort de l’Algérie coloniale.

    - Que la création d'un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en oeuvre par les autorités de l'Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.

    - Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs collègues algériens

    - La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme au sein de la droite et extrême droite politique veulent la réhabiliter.

     Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l'islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.  

    On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d'un demi-siècle, il est temps :  

    - Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat. Comme il vient de le faire pour l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé. Cette reconnaissance doit s’étendre aux milliers d’Algériens qui en ont été victimes (voir le site www.100autres.org)

    - Que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire, pendant la Guerre d'Algérie, d'Algériens dans des camps ;

    - Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;

    - Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

    A l'occasion de ce 57ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.  

    Rassemblement le 17 Octobre 2018 à 18 heures au Pont Saint-Michel à PARIS  

    Signataires au 10 octobre 2018

    Associations, Organisations Syndicales : 17 octobre contre l’Oubli, 4ACG (Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), AFASPA (Association Française d’Amitié et Solidarité avec les Peuples d’Afrique), ANPROMEVO (Association Nationale de Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS), Amis de l’Algérie à Rennes, APCV (Association pour la Promotion de la Culture et du Voyage), ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), Au Nom de la Mémoire, Association Maurice Audin, Emancipation – Tendance intersyndicale, Comité Vérité et Justice pour Charonne, FARR (Franco-Algériens Républicains Rassemblés), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), CAPJPO-EuroPalestine, CEDETIM/IPAM, Fondation Frantz Fanon, Fondation Copernic, Le 93 au Coeur de la République, LDH (Ligue des Droits de l’Homme), Les Amis de Max Marchand - Mouloud Feraoun et leurs Compagnons, Les Oranges, MRAP (Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Mouvement de la Paix, SNES-FSU, Solidaires, Sortir du Colonialisme,

    Partis Politiques : EELV (Europe Ecologie les Verts), NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), Parti de Gauche, PCF (Parti Communiste Français)

    SOURCE : http://www.4acg.org/Apres-Maurice-Audin-et-la-torture-la-France-va-t-elle-enfin-reconnaitre-les

     

    Après Maurice Audin et la torture la France va-t-elle enfin reconnaître   les crimes d’octobre 1961 ?

    Rappelons-nous de ce remarquable

    discours du maire de grenoble

     le 17 octobre 2016 

     


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    Pierre Vidal-Naquet : "Dans la guerre d'Algérie la torture n'était pas un accident, il s’agissait d'un système dans lequel l'état tout entier s'était trouvé engagé"

    Pierre Vidal-Naquet : "Dans la guerre d'Algérie la torture n'était pas un accident, il s’agissait d'un système dans lequel l'état tout entier s'était trouvé engagé"

    L'Historien Pierre Vidal-Naquet, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et auteur du livre "La Torture dans la République", le 06 décembre 2000 à son domicile à Paris.• Crédits : Patrick Kovarik - AFP

     

    L'ouvrage de Pierre Vidal-Naquet, La torture dans la République, avait été édité une première fois en anglais, aux éditions Penguin, peu après la Guerre d'Algérie avant de paraître en 1972 aux Éditions de Minuit. Comme le soulignait alors Gérard Chaliand dans Le Monde Diplomatique,  c'était en historien, et non en moraliste, que Pierre Vidal-Naquet abordait la question de la torture à travers le conflit algérien.

    La torture telle que je la définis ici, écrivait Pierre Vidal-Naquet, torture d’État, n’est en effet pas autre chose que la forme la plus directe, la plus immédiate de la domination de l’homme sur l’homme, ce qui est l’essence même du politique.

    En 1972, à l'occasion de la réédition de La torture dans la République, Pierre Vidal-Naquet était invité à présenter la démarche qui avait été la sienne dans ce livre où il écrivait : "Toute dissidence, quelle que soit sa nature, peut pousser l’État moderne, si libéral soit-il, à user de la torture". Des entretiens durant lesquels, avec la force de conviction des esprits clairs, Vidal-Naquet balayait les idées reçues, toujours bien ancrées chez certains, qui inclineraient à justifier la torture, ou pire peut-être, à la banaliser.

    Au début de ces entretiens Pierre Vidal-Naquet fait référence à La Raison d'État, recueil de documents officiels réunis par le Comité Audin, publié en 1962 aux Éditions de Minuit

    Ce titre "La Raison d'état" exprimait ce que je voulais dire. Ce qui m'a frappé, ce qui m'a bouleversé dans la guerre d'Algérie c'est que les faits de torture n'étaient pas des faits individuels, il ne s'agissait pas d'accidents, il s’agissait d'un système dans lequel l'état tout entier, notre Etat, s'était trouvé engagé jusqu'à aboutir à une dégradation, dont nous subissons encore aujourd'hui les conséquences.

    Sur les origines de la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie : 

    C'est un fait qui est généralement peu connu, on s'imagine que la torture a été une riposte au terrorisme, rien n'est plus inexact et on pourrait soutenir tout aussi bien le contraire : à savoir que le terrorisme est une riposte à la torture. 

    Dans le cas algérien, il explique  : 

    Il y avait l'existence d'une communauté européenne minoritaire sur le plan des chiffres mais majoritaire sur le plan des ressources [...] depuis bien des années cette communauté considérait les 'autres', c'est à dire les algériens musulmans, comme non existants. C'est dans la mesure où ils se mettaient brusquement à exister qu'on les torturait. Ils étaient des ombres : dans la mesure où ils voulaient devenir des hommes c'est à ce moment-là qu'intervenait la torture.

    En quoi l'affaire Audin est symptomatique de la torture en Algérie : 

    L'affaire Audin est doublement exemplaire et symptomatique : d'abord en ceci qu'on pouvait constater qu'un homme, citoyen français pouvait disparaître du jour au lendemain, sans qu'on donne d'autres explications que des explications absurdes. [...] Maurice Audin était un universitaire, un communiste et un français, c'est parce qu'il était un universitaire, communiste et français que l'émotion a été vive dans une partie de l'opinion publique. Autrement dit, nous avons dû alors, pour mener la campagne contre la torture, prendre appui sur un cas qui n’était pas typique car des 'Audin' il y en avait beaucoup d'autres [...] 3024 affaires similaires ont été comptabilisées entre janvier et septembre 1957, dont la majorité était composée de musulmans.

    Ecoutez la suite 


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