• Jacqueline Sauvage (Photo : Philippe Renaud / PQR / archives République du Centre)

    Le recours à la grâce présidentielle

     se justifie-t-il ?

    Après la décision de François Hollande de grâcier Jacqueline Sauvage, le débat a rebondi sur cette disposition ancienne, qui reste d’usage exceptionnel. Face à une opinion publique très sensible à la question des violences faites aux femmes, les responsables politiques, de gauche ou de droite, ont largement salué la décision présidentielle. Dans le monde de la magistrature en revanche, le recours à la grâce est perçu comme une remise en cause du travail de la justice.

    Mathias Bernard, historien politique :

     « Oui, elle répond à une demande sociale »

    La grâce présidentielle – qui, rappelons-le, n’est pas une exception française – répond à une logique strictement politique. Contrairement à l’amnistie, qui correspond à un oubli complet, elle n’annule pas la peine, elle n’exonère pas, puisque la condamnation reste inscrite au casier judiciaire. C’est ce que souligne d’ailleurs l’histoire de la première grâce politique prononcée dans le système républicain, celle d’Alfred Dreyfus en 1899. Le président Émile Loubet hésite dans un premier temps à le gracier car il ne veut justement pas donner l’impression de reconnaître ainsi la culpabilité du capitaine, condamné lors du conseil de guerre de Rennes. Et ce ne sera pas la grâce présidentielle mais l’action judiciaire poursuivie ensuite par les partisans de Dreyfus qui aboutira finalement à l’arrêt de la Cour de cassation en 1906 et permettra sa réhabilitation.

    Dans l’histoire de la Ve République, la grâce ne gêne pas non plus l’action de la justice, et parfois même la relance. Au cours du XXe siècle, elle concerne notamment des personnalités qui ont été condamnées pour des engagements extrémistes dans le cadre des grands conflits, lors de la Seconde Guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie par exemple. Le cas de Paul Touvier, gracié par Georges Pompidou en 1971, est à cet égard extraordinaire, tant la grâce s’est révélée contre-productive, sortant de l’ombre l’ancien fonctionnaire de Vichy et provoquant la constitution d’un dossier pour crime contre l’humanité.

    Autre grâce décidée par volonté de réconciliation nationale, celle d’Edmond Jouhaud par le général de Gaulle en 1962. Comme Émile Loubet espérait mettre fin à l’affaire Dreyfus, le général de Gaulle compte clore ainsi la guerre d’Algérie. Mais la justice suivra tout de même son cours. Condamné pour avoir participé au putsch d’Alger, le général Jouhaud sera finalement amnistié en 1968 et réintégré dans l’armée en 1982.

    Aujourd’hui, la grâce présidentielle reste un acte politique qui répond à une demande sociale, mais les causes qui enflamment l’opinion ont changé. Les questions de société, telle que la violence faite aux femmes, justifient désormais la grâce, au-delà du questionnement sur la culpabilité. Cette logique d’exemplarité, au cœur de l’affaire Jacqueline Sauvage, était déjà à l’œuvre dans la décision de Jacques Chirac de gracier Omar Raddad, condamné pour le meurtre de sa patronne en 1998.

    À mes yeux, cette évolution n’affaiblit pas la prérogative du chef de l’État. D’autant que, depuis la suppression des grâces collectives en 2008, son emploi devenu rare résonne d’autant plus fortement. Si la grâce ne concerne plus les mêmes types de dossiers, son rôle symbolique s’est même renforcé depuis une dizaine d’années.

    SOURCE : http://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Mathias-Bernard-Oui-elle-repond-demande-sociale-2016-12-29-1200813571

    Lui aussi a bénéficié d’une grâce présidentielle

    il y a 54 ans…

    Le général Edmond Jouhaud est décédé le 4 septembre 1995 à Royan, à l’âge de 90 ans. Il fut l'un des quatre responsables du putsch d'Alger en 1961.

    Chef d'état-major (1958) puis inspecteur général de l'armée de l'air en 1960, il est mis à la retraite, sur sa demande, en octobre 1960 avant de se joindre, le 22 avril 1961, au putsch des généraux Raoul Salan (mort en juillet 1984), André Zeller (décédé en 1979) et Maurice Challe (disparu en 1977) pour s'opposer à la politique algérienne du général de Gaulle. La fronde dure quatre jours. Le 23 avril, le général de Gaulle s'adresse au pays: «Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamiento militaire. Ce pouvoir a une apparence, un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux, fanatiques.»

    Destitué dès le 24 avril, il suit le général Salan dans la clandestinité. A ses côtés, il deviendra le numéro 2 de l'Organisation armée secrète (OAS) jusqu'à son arrestation le 25 mars 1962. Condamné à mort, grâcié par de Gaulle, il est libéré en 1967, amnistié l'année suivante et réintégré dans le cadre de réserve en décembre 1982 à l'initiative du président François Mitterrand. 

     

     

     

     

     

     


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  • Une belle histoire s'est produite

     à Tournus (Saône-et-loire)

    Un couple de réfugiés syriens aux commandes

    d’un restaurant

    Une histoire miraculeuse existe aussi   à Tournus (Saône-et-loire) ***  Un couple de réfugiés syriens aux commandes d’un restaurant

    Rima et César ont accueilli mercredi leurs premiers clients.

     Photo Valérie MONIN

    À la suite de l’appel lancé par Nahiza et Robert Kunz, propriétaires du restaurant L’Étape Gourmande dans la rue de la République à Tournus, des dizaines et des dizaines de candidats s’étaient manifestés pour reprendre l’établissement. Les époux Kunz souhaitaient effectivement donner leur restaurant à une personne dans le besoin. Leur choix s’est porté sur un couple de réfugiés syriens, Rima Sayegh et César Asfar, ayant fui Alep sous les bombes en 2014 avec leurs jumeaux. Désormais installés à Tournus, Rima et César ont donc ouvert mercredi Délices d’Alep. Grâce à César et à son passé de cuisinier, ils proposent une cuisine syrienne et libanaise dans un cadre rénové et décoré d’images d’Alep dûment légendées pour faire connaître cette ville martyre autrement qu’à travers des images de guerre. Ils espèrent ainsi recommencer une nouvelle vie, en faisant découvrir aux habitants de la région « le goût de la fameuse cuisine d’Alep, aussi réputée que son histoire ». 

     

    Une histoire miraculeuse s'est produite  à Tournus (Saône-et-loire) ***  Un couple de réfugiés syriens aux commandes d’un restaurant

    La nouvelle vie de Rima et César

    réfugiés syriens

    Rima Sayegh et César Asfar ont ouvert mercredi les portes de leur restaurant, rue de la République. Après avoir bénéficié d’une opportunité pour reprendre L’Etape Gourmande, ils comptent voler de leurs propres ailes.

    Une histoire miraculeuse existe aussi   à Tournus (Saône-et-loire) ***  Un couple de réfugiés syriens aux commandes d’un restaurant

    Mercredi matin, dans les cuisines de leur restaurant, Rima et César préparent pour la première fois le fameux taboulé à base de persil plat. Photo Valérie MONIN

    Elle était professeure d’arts plastiques, lui, directeur de vente pour des imprimantes et organisateur de fêtes et de mariages. Ils habitaient Alep, en Syrie, ville ravagée par la guerre civile depuis 2012. « Nos jumeaux sont nés et ça n’était plus possible de rester », raconte Rima Sayegh, épouse Asfar, dans un français quasi parfait, « il n’y avait plus d’écoles, tout a été détruit. Des obus sont tombés près de chez nous, les enfants ont eu peur. Il a fallu rester dans le couloir sans fenêtres pour ne plus voir ce qui se passait dehors. On côtoyait la mort. »

    Ils quittent la Syrie il y a deux ans

    Rima Sayegh, 31 ans, et César Asfar, 38 ans, prennent donc la décision de venir en France, où ils ont de la famille et des amis. La France et la famille Sayegh, c’est de toute façon une longue histoire puisque le père de Rima, Sélim – dont le second prénom est Jean-Pierre, cela ne s’invente pas – a effectué de nombreux séjours dans l’Hexagone après avoir étudié chez les frères maristes. Rima et César atterrissent à Melun le 22 décembre 2014, puis à Nancy et à Toul avant de se retrouver à Tournus grâce à une opportunité extraordinaire. Entre-temps, ils ont obtenu le statut de réfugiés avec une carte de séjour de dix ans.

    Une démarche insolite

    En août, Nazhia et Robert Kunz avaient annoncé leur intention de prendre leur retraite et de céder leur restaurant L’Étape gourmande, situé rue de la République. Plutôt que de brader leur commerce, ils avaient décidé de le donner à des personnes dans le besoin. Après avoir reçu de nombreuses candidatures, leur choix s’est porté sur un couple de réfugiés syriens. Le couple et ses jumeaux ont déménagé à Tournus à la fin du mois de novembre et la transaction a été conclue au début du mois de décembre.

    Spécialités syriennes et libanaises

    Depuis mercredi, c’est une nouvelle aventure qui attend Rima et César. Dans leur restaurant qu’ils ont briqué et rénové pendant trois semaines, ils espèrent que les habitants de Tournus et d’ailleurs auront la curiosité de venir goûter aux spécialités syriennes et libanaises : « Ces deux cuisines sont très proches, explique Rima. La cuisine syrienne et plus particulièrement celle d’Alep est peut-être un peu plus goûteuse. »

    César, qui a exercé le métier de cuisinier par le passé, proposera donc le fameux taboulé, mais aussi les kebbé, boulettes de blé concassé farcies à la viande, les knafeh au fromage, « très difficiles à faire », et la spécialité du chef, les pommes de terre gonflées. Le tout préparé avec des produits commandés directement en Syrie ou auprès d’un importateur.

    « Alep n’est pas morte »

    Le nom de baptême donné à l’établissement, Délices d’Alep , a pu choquer quelques internautes, estimant que l’actualité de la ville martyrisée ne se prêtait guère à des “délices”. Des critiques que Sélim Sayegh, le grand-père, balaie d’un revers de main : «Alep reste Alep. Elle n’est pas morte, elle va être reconstruite. Les terroristes ont quitté la ville, la situation s’est calmée. D’ailleurs, moi, j’y retourne.» Rima et César ont, eux, bien l’intention de rester. Les jumeaux sont inscrits à l’école Saint-Valérien et l’accueil des Tournusiens a été déterminant : « On nous a beaucoup aidés, assure la jeune maman. Le voisinage est positif quant à l’ouverture du restaurant. Je trouve pour ma part que Tournus est une ville “classe”. Les gens sont gentils, la ville est belle… Et il fait moins froid qu’à Toul ! »

    « Maintenant, tout ce que j’espère, c’est que leur affaire tourne, souhaite Sélim à sa fille et à son gendre. Ils font tout avec bonne volonté pour que ça se passe bien. »

    Valérie Monin

    SOURCE :  http://c.lejsl.com/edition-de-chalon/2016/12/29/la-nouvelle-vie-de-rima-et-cesar-refugies-syriens-nzmi 


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  • Car la guerre cruelle, qui épargne l’Europe occidentale de ses maux depuis 70 ans maintenant, conserve ce mélange d’attrait et de répulsion. Mais la guerre n’a pourtant pas disparue. Elle est même très présente. Le vocabulaire guerrier a depuis longtemps gagné celui du monde de l’entreprise ou du sport. Et la plus dure des batailles que livre la France, depuis des années, sans jamais parvenir à la gagner, la célèbre «bataille de l’emploi», tue, tous les ans, en silence, depuis des décennies, hommes, femmes et enfants. Et pour eux, il n’y aura ni cérémonies, ni monuments. 

     


     

    Y a-t-il des guerres justes ?

    Selon certains calculs, près de quatre milliards d'hommes auraient été tués dans les guerres qui ont eu lieu depuis le commencement de l'Histoire. La guerre est une calamité mais cette calamité a pu paraître à maintes reprises nécessaire et justifiée. La question posée est un dilemme moral et politique. La guerre est affreuse - elle tue et elle détruit. Elle paraît donc condamnable absolument - au nom de la dignité humaine et du respect de la vie. Mais la guerre peut être aussi nécessaire et elle peut être justifiée au nom d'un idéal supérieur à la réalité présente.

    La condamnation absolue de la guerre

    Elle peut être faite au nom d'un idéal de non-violence. Cet idéal se lie à l'idée d'une valeur absolue de la vie. Alors, tuer devient un acte injustifiable - dans l'absolu. La vie humaine, en effet, n'est pas une valeur parmi d'autres (qu'elles aient pour nom amour, liberté, justice, progrès, etc.), puisque sans elle, toutes les autres valeurs n'ont plus de sens : on ne peut pas être libre et mort, heureux et mort. La guerre est la fossoyeuse des peuples : pourquoi l'homme devrait-il jouer le rôle de croque-mort du destin ? Il ne saurait donc y avoir de guerre juste puisque la guerre est par essence meurtrière.

    Si encore il y avait une dernière guerre ! Mais il n'y a jamais de dernière guerre. Liberté, justice - le combat est toujours à recommencer, avec les meilleures raisons du monde : qui a jamais participé à une guerre injuste ? Vrai travail de Sisyphe - à cette différence que Sisyphe ne mourait pas.

    Rien n'est plus funeste que l'idée cynique selon laquelle la fin justifie les moyens. Il n'y a pas de symétrie : la fin n'est que possible, seuls les moyens sont réels.

    La justification de la guerre

    On peut considérer que faire la guerre pour réaliser un idéal de liberté, de justice est préférable au fait d'avoir à supporter quotidiennement l'esclavage et l'injustice. Si une tyrannie écrase le peuple, alors la non-violence devient complice.

    On dira d'une guerre qu'elle est juste si son but est juste : chasser un ennemi du sol natal, écraser une tyrannie. Certes, les moyens sont terribles - mais la continuation d'une situation de violence peut être plus terrible encore. Un état de violence peut causer plus de dégâts qu'un acte de violence. On condamne davantage celui-ci que celui-là, parce qu'il est plus voyant. Certes, une guerre ne résoudra jamais le problème de la liberté, de la justice, de la faim dans le monde - mais certains obstacles comme le nazisme ont été levés grâce à elle.

    En conclusion il est tragique d'avoir à justifier une entreprise de mort - mais cela paraît inévitable. L'existence des guerres justes manifeste la contradiction entre les moyens et les fins dans l'histoire humaine. N'oublions pas le mot de Malraux : « Il y a des guerres justes, mais il n'y a pas d'armée juste. »

    « La guerre n’est jamais juste »

    Maisons éventrées, bruits d’attentats, assassinats par drones, ventes de Rafale, enfants paniqués, augmentation du budget de l’armement, et puis cette déferlante de réfugiés et de migrants : nos médias nous abreuvent d’images et d’informations qui nous choquent, qui nous font mal.

    C’est la guerre. Certains intellectuels spéculent même sur l’inévitabilité d’une troisième guerre mondiale. Bien rares, aujourd’hui, sont ceux qui osent encore reprendre à leur compte le vieil adage de « La France n’a pas connu de guerre depuis 1945 ». Sur son territoire, s’entend, et encore au sens classique de la guerre. A la plus grande satisfaction des fabricants et des marchands d’armes. Nous – ou plutôt nos gouvernants – ont réussi à exporter, à sous-traiter la guerre dans les pays pauvres. Et à envoyer nos militaires intervenir – pour des raisons humanitaires ?, bien sûr – à l’étranger.

    A quelques exceptions près, l’opinion publique accepte. Ignore ou laisse faire. Pourquoi ? Parce que, profondément ancrée dans l’esprit des Français vit l’idée que « la guerre, cela fait partie de l’Histoire. La nature humaine est faite ainsi ». 

    La foule sur les Champs-Elysées, le 26 août 1944, lors de la libération de Paris. Jack Downey (U.S. Office of War Information) via Wikimédia Commons.

    Comment des décennies sans guerre

     nous ont changé

    Depuis le 8 mai 1945, la France n'a plus connu de guerre conventionnelle sur le sol métropolitain. Un évènement qui a profondément affecté nos mentalités par rapport à celles de nos ancêtres.

    «Un jour ou l’autre, il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien.» C’est sur cette phrase que s’ouvre le denier couplet de la chanson «Le Sud» de Nino Ferrer, sortie en 1975, il y a quarante ans, trente ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque-là, les paroles de ce grand chanteur populaire n’avaient rien de pessimiste. Peut-être juste de résigné.

    Comme un article de Foreign Policy l’évoquait récemment, il est parfois bon de regarder les choses en face au sujet de la guerre. Nous avons tendance à la considérer comme une anomalie, une rupture avec le cours «normal» des choses, un moment suspendu. C’est pour nous, Occidentaux, assez compréhensible. Car, le 8 mai 2015, nous avons fêté le 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe –la guerre allait continuer jusqu’en août 1945 dans le Pacifique– et depuis, la guerre conventionnelle n’a plus frappé directement sur notre sol.

    Il suffit de regarder les trois derniers siècles pour se rendre compte à quel point la guerre a été présente dans la vie de chacun en France. En 1701, la France est au cœur de la Guerre de Succession d’Espagne, qui va durer jusqu’en 1714. Puis, de 1733 à 1738, elle est impliquée dans la (petite) guerre de Succession de Pologne avant de participer à celle de Succession d’Autriche (1740-48). Elle est ensuite partie prenante de la guerre de Sept Ans (1756-1763), de la guerre d’Indépendance américaine (1776-1783), des guerres de la Révolution et de l’Empire (1792-1815). En 1854, elle participe à la guerre de Crimée, en 1859, livre les abominables batailles de Magenta et Solférino contre les Autrichiens en Italie, avant de déclarer la guerre à l’Allemagne en 1870. S’ensuit alors une série de guerres et campagnes coloniales en Afrique et en Asie, avant les deux grands conflits mondiaux de 1914-1918 et 1939-45. Si l’on fait abstraction des guerres extra-européennes, on peine à trouver une période de plus de 40 ans au cours de laquelle la France ne s’est pas retrouvée impliquée dans un conflit, souvent sur son sol, avec tout ce que cela signifie.

    Est-il possible de juger l’effet d’éloignement de ce qui, pour les générations passées, a été, dans le meilleur des cas, une menace tout sauf diffuse ou une triste réalité? Un passage d’une interview donnée, à la suite des massacres de janvier 2015 à Paris, par le dessinateur Luz au magazine Vice le résume parfaitement. Il évoque la découverte des corps de ses amis de Charlie Hebdo:

    «On ne sait pas comment réagir. Personne ne sait.[…] Quand tu prends du recul, tu te dis: nous on n’est pas préparé à ça, à Paris. Ça arrive en Syrie, ça arrive en Afrique, ça arrive ailleurs. Cette peur, cette angoisse, cette pétrification, on n’a pas l’habitude de ça.» 

    Univers parallèle

    On pourra juger, évidemment, la chance qui est la nôtre, précisément, que la mort violente ne soit pas notre quotidien, comme elle l’est effectivement en de nombreux points du globe et comme elle a pu l’être par le passé. Nos grands-pères, arrière-grands-pères et leurs pères ont connu comme nous, pour ceux qui n’étaient pas militaires de carrière, au moins, la quiétude relative de la vie civile dans un pays en temps de paix, dans lequel la loi interdit de faire violence à son prochain. Mais certains d’entre eux ont soudain basculé dans un univers parallèle où le meurtre d’autrui était non seulement admis, mais encouragé et même récompensé. Ou tuer ne fait pas de vous un assassin, mais un héros. Et ces gens ont dû, parfois avec beaucoup de difficulté, revenir à leur vie d’avant. Les assassins vivaient parmi nous, et ils étaient légion. La majorité des Français peut se demander sans pouvoir répondre à cette question, ce que cela fait de tuer un homme. Un nombre non négligeable de nos ancêtres le savait. Et certains ne s’en sont pas vraiment remis. C’est l’objet du roman Capitaine Conan de Roger Vercel, prix Goncourt 1934, et du magnifique film qu’en a tiré Bertrand Tavernier.

    On pense souvent aux militaires, mais pensons aussi aux civils. Car comme le disait Sherman, qui brûla Atlanta «la guerre c’est l’enfer». La guerre, c’est en plus des batailles, les maladies (qui, rappelons-le, jusqu’à la Première Guerre mondiale, tuaient davantage de monde aux armées que les batailles et tuaient un nombre énorme de civils, comme le fit l’épidémie de grippe espagnole de 1918). Mais c’est aussi les pillages et les destructions et hélas, les viols quasi systématiques des femmes dans les pays conquis. Nos ancêtres savaient reconnaître l’approche de la guerre aux colonnes de fumées qui obscurcissaient l’horizon, celles des villages incendiés au XVIIIe et XIXe siècles, celles, en plus, des véhicules et des dépôts de carburant détruits par la suite.

    Ces spectacles de désolation, ces massacres et ces crimes sur les civils ne font plus partie de notre horizon, mais derrière cet horizon, hélas, ils sont encore très répandus. Nous n’en sommes plus guère informés, quand nous le voulons, que par des écrans de télévision. Et ces conflits nous apparaissent souvent irréels, presque abstraits. Que la guerre se rapproche un peu de nos frontières, comme celle qui ensanglanta la Yougoslavie dans les années 1990 ou le conflit en Ukraine et nous prenons un peu peur. Mais peur de quoi? La portion des personnes ayant connu la guerre est en constante diminution. Les Français et Françaises qui avaient 10 ans en 1940 ont aujourd’hui 80 ans. Les personnes ayant assisté ou participé, adultes, à des combats, des bombardements et qui ont eu la chance d’y survivre, ont plus de 90 ans. Ils ne sont plus que 700.000 sur une population de 64 millions. Dans vingt ans, la plupart d’entre elles et d’entre eux auront disparu. La guerre ne sera plus un sujet dont on peut parler à table avec un de ceux qui l’ont faite ou vécue. Mais un sujet d’étude lointain et de plus en plus désincarné. C’est du moins tout le mal que je nous souhaite.

    Grand renversement

    Mais il n’y a pas que les survivants et ceux qui leur survivent.

    Il y a tous ceux, aussi, qui sont morts avant l’âge. Car la guerre, c’est le grand renversement, celui qui voit les enfants partir avant leurs parents, l’exact inverse du cours des choses pour des Occidentaux du XXe siècle, qui ont vu un taux de mortalité infantile en chute libre et la disparition progressive des guerres cesser d’emporter les fils avant leur pères. La mort avant l’âge d’homme est presque encore plus insupportable aujourd’hui qu’elle l’était pour Hérodote:

    «Personne n'est assez insensé pour préférer la guerre à la paix; en temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères; en temps de guerre les pères ensevelissent leurs fils.» (Histoires, I, 87).

    Et il y a tous ceux qui continuent de la faire, la guerre, et qui reviennent entiers ou pas dans une société qui ne sait rien de la guerre et de ses tristes réalités et qui préfère souvent en rire, et quoi faire d’autre, comme dans cet article du Gorafi qui évoque la mauvaise note laissée à l’Afghanistan par les soldats américains sur Tripadvisor. Les vétérans américains du Vietnam l’ont vécu dans les années 1970. Et de nombreux appelés envoyés en Algérie également, à qui l’on a le plus souvent demandé de se taire à leur retour, parce que la guerre, personne n’a envie d’en entendre parler. Surtout quand on l’a perdue. Surtout quand elle est sale.

    «Au moins la guerre me faisait-elle me sentir vivante»

    Une dernière dimension nous échappe et sans doute la plus paradoxale. C’est celle de son attrait. Dans Au combat. Réflexions sur les hommes à la guerre, un ouvrage foudroyant paru en 1959, préfacé par une Hannah Arendt qui s’indignait, lors de sa deuxième édition en 1966, qu’un aussi bon livre soit passé à ce point inaperçu, Jesse Glenn Gray partage avec le lecteur ses réflexions sur les hommes à la guerre. Voilà un livre étonnant, dans lequel l’auteur tente d’analyser de la manière la moins complaisante qui soit, son expérience de GI au cours de la Seconde Guerre mondiale, ce qu’elle a eu d’abominable, de poignant, mais aussi d’exaltant, et de tenter d’en comprendre les mécanismes.

    Spécialiste de Heidegger et son traducteur en anglais, cet auteur américain qui épousa une Allemande interroge par exemple la jouissance qui peut être la sienne de voir la côte de Provence écrasée par les tirs de l’artillerie navale lors du débarquement d’août 1944:

    «Quand je parvenais à oublier la dévastation et la terreur que ces bombes déchaînaient sur des villages à moitié endormis, le spectacle était incontestablement magnifique. Je n’avais aucun mal à le regarder, et c’était même une tentation à laquelle on pouvait difficilement résister.» 

    Il rapporte que bien après, croisant une Française rencontrée durant la guerre, cette dernière lui confie: «Vous savez que je n’aime pas la guerre et que je ne désire pas qu’elle recommence. Mais au moins me faisait-elle me sentir vivante, comme je ne me suis jamais sentie vivante avant ou après elle.» La guerre, analyse alors Gray, vient combler un vide intérieur. Evoquant la «laideur» supposée de la guerre, l'auteur tient à réaffirmer que le laid peut également provoquer une jouissance esthétique, et d’évoquer l’idée que si «le désordre, la distorsion, la violation de la nature que le conflit apporte avec lui sont des choses laides au-delà de toute comparaison, on y voit aussi de la couleur et du mouvement, de la variété, un panorama à parcourir des yeux et même, par moment, de l’équilibre et de l’harmonie».

    Ouverture des possibles

    La guerre a également et depuis longtemps été perçue par certains de ceux qui partaient la faire comme une ouverture des possibles, ce qu’elle peut être. Prenons Joachim Murat, fils d’aubergistes du Lot. Comment cet homme né en 1767 aurait-il pu seul instant imaginer, dans son jeune âge, qu’il parcourrait la moitié de l’Europe, irait à Madrid, à Rome, à Moscou, avec un bâton de maréchal de France? Sans être arrivé là, des centaines de milliers d’Européens ont également vu leur vie changer du tout au tout du fait de la guerre, venue troubler le cours des choses, une guerre qui leur a fait visiter la moitié de l’Europe alors que leurs pères ne s’étaient jamais éloignés de plus de 20 kilomètres de leur lieu de naissance. Au Etats-Unis, Sam Hynes, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, interrogé par Ken Burns dans son documentaire The War, le résume à sa façon, après avoir décrit la morne vie promise à un jeune homme grandissant dans une petite ville du Minnesota et la raison qui le poussa à devancer l’appel:

    «D’un coup d’un seul, il était possible de devenir adulte en signant un papier et soudain de devenir un pilote de chasse, un as… un commandant de sous-marin se glissant dans la baie de Tokyo. L’opportunité de devenir quelqu’un de plus excitant que le gamin que vous êtes encore.» 

    La guerre a disparu comme menace, mais aussi comme possible radical et imposé (vous pouvez toujours vous engager), comme calamité bienvenue, la possibilité (au moins en théorie – et surtout en théorie) de voir la situation changer. De tout temps on s’est engagé pour échapper à une vie convenue, à des dettes de jeu, à un mariage imposé, à la justice. La guerre, c’est parfois le seul espoir de ceux qui n’en n’ont plus, c’est dire leur désarroi. On le mesure encore depuis quelques mois. Des études montrent que bon nombre de jeunes gens qui rejoignent l’Etat islamique le font avec l’envie de donner un sens à une existence morne.

    Car la guerre cruelle, qui épargne l’Europe occidentale de ses maux depuis 70 ans maintenant, conserve ce mélange d’attrait et de répulsion. Mais la guerre n’a pourtant pas disparu. Elle est même très présente. Le vocabulaire guerrier a depuis longtemps gagné celui du monde de l’entreprise ou du sport. Et la plus dure des batailles que livre la France, depuis des années, sans jamais parvenir à la gagner, la célèbre «bataille de l’emploi», tue, tous les ans, en silence, depuis des décennies, hommes, femmes et enfants. Et pour eux, il n’y aura ni cérémonies, ni monuments.


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    La belle histoire d’amour 

     entre Jacques Brel et l’Algérie 

    La belle histoire d’amour  entre Jacques Brel et l’Algérie

     

    C’était connu Jacques Brel aimait l’Algérie et soutenait la révolution algérienne. La chaîne Canal Algérie a retrouvé les images du concert du célèbre auteur de la chanson « Ne me quitte pas », quand il s’est produit à Zeralda. Les images avaient été tournées par le réalisateur Moussa Haddad. Le service des archives qui est en train de numériser toutes les bandes cinéma qui étaient stockées dans le bâtiment du 21 Boulevard des Martyrs est tombé sur  une pépite d’or: Le Concert de Jacques Brel juste après l’indépendance. 

    Le chanteur Belge était un ami de l’Algérie, déjà lors de sa  visite en Algérie en 1954, il fut contacté par les dirigeants du C.R.U.A (qui deviendra plus tard le F.L.N) qui lui ont exposé la justesse de leur combat pour la liberté. Jacques Brel a montré bien sa compréhension. Ce qui a dérangé certains ultras au courant de cette entrevue, et qui avaient longuement scandé « Algérie Française »au cours de son concert à Alger ; il a eu simplement cette réponse:« je m´en fous, je suis Belge ».
    C´est durant cette visite qu´il a rencontré Jojo, Georges Pasquier de son vrai nom qui exerçait dans le pétrole au Sahara. Il abandonnera sa carrière pour l´amitié de Brel ; amitié que beaucoup compareront à celle de Damon et Pythias de l´antiquité. Jojo deviendra le confident de Brel, son chauffeur, son régisseur, son homme de confiance, son ami le plus proche et le plus intime.
    En 1956 et en pleine guerre d´Algerie, Brel écrira et composera « Quand on a que l´amour », chanson qui sera reprise aux Etats-Unis: « if we only have love » dans les manifestations contre la guerre du Vietnam. En 1959, il écrira et composera sa célèbre « Colombe », chanson anti militariste contre la guerre d’Algérie ; chanson qui sera reprise elle aussi aux Etats-Unis par la célèbre Joan Baez et juddy Collins toujours en opposition à la guerre du Vietnam.  Dés l’indépendance en 1963, il est invité en Algérie pour offrir aux Algériens et à quelques coopérants étrangers son plus beau concert à Zéralda, considérée à l’époque comme la station balnéaire de la capitale. Hommage au grand Brel !
     

    SOURCE : https://dia-algerie.com/belle-histoire-damour-entre-jacques-brel-lalgerie-video/

     

     

     


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  • Je commence à recevoir des vœux de bonne année 2017, en voici deux :

    C’est donc un ami algérien qui m’a fait parvenir (comme à d’autres amis) cette photo du barrage Brezina en Algérie

    Le barrage Brezina est situé dans la commune du même nom dans la Wilaya d’El Bayadh.

    Il est réalisé dans  la région du bassin versant de l’oued Seggueur et à 80 Km au sud d’El Bayadh, et implanté sur le versant sud de l’Atlas Saharien dans la gorge  de Kheneg Laouria où se joignent les oueds Mellah et EL Rhoul pour former l’Oued Seggueur.

    Ce barrage est destiné à l’irrigation de la palmeraie et du périmètre  de Brezina d’une superficie de  800 Km2 pour un volume régularisé annuel  de 11,5 millions de m3.

    Pour Michel DANDELOT de la part de Pierre NAUDET

    Si vous avez connu Pierre Naudet à 20 ans envoyez-nous un message nous vous mettrons en contact avec cet ami, c'est son souhait, il écrit : 

    " Il y a peut-être des anciens du commando 127, du 2ème peloton du 2ème RCA, qui pourraient se souvenir de moi ? Mon surnom était "Schmoll" et j'étais le chef radio, de juillet 1959 à janvier 1961. (P.J)

    Ce serait formidable et sympa ! Alors je vais rêver un peu, en croyant au bon vouloir du hasard".

     

       
     
         
      Bonjour Michel
    Tu vas être surpris de mon mail, car depuis 2011, beaucoup de choses ont changé. Déjà, concernant mon appel dans ton blog, je n'ai eu aucune suite, après ta réponse.
    Je suis toujours actif dans l'association du 2ème RCA, et j'ai fait connaissance du Président National, Louis BOMPOINT.
    Il demeure à une trentaine de Kms, de chez moi, dans la Sarthe. Sinon, je suis toujours fidèle à la FNACA.
    Quant à ma santé, à 78 ans, elle a fortement été altérée, après 2 attaques cardiaques. Je ne suis plus apte à voyager, seul, ni à bricoler un peu trop longtemps.
    M'enfin, je suis encore debout pour profiter de ma famille, et de quelques amis qui me restent.
    J'espère que tu vas bien, et que tes activités sont toujours conformes à tes souhaits.
    Je te souhaite une bonne fin 2016, et te présente, cher ami, mes meilleurs voeux, pour 2017.
    Très cordialement.
    Pierre NAUDET
         
     
      -- envoyé par NAUDET Pierre (naudet.p@laposte.net)

     

    Dans quelques jours, moi aussi je souhaiterai la

    bonne année autour de moi...mais je commencerai

    par mes ressentiments...

     

    Cette année, les écarts de notre société se sont encore agrandis : les riches sont encore plus riches, les pauvres toujours plus pauvres et puis, la classe moyenne... eh bien, cette classe moyenne glisse vers le bas de l'échelle plutôt que vers le haut.

    Je n'ai jamais entendu autant de récits de jeunes et de familles dans la galère, luttant pour se chauffer, manger et rester dignes.

    Je remarque que depuis 2015 on a été Charlie, le Thalys, Paris, Nice, Saint-Etienne-de-Rouvray, mais très peu ont aussi été le Nigéria, le Mali et la Syrie.

    Mais dans quelques jours, moi aussi je souhaiterai la bonne année autour de moi. Pour faire plaisir à la grand-mère, pour faire bien en société. Mais surtout, je la souhaiterai bonne à une poignée d'hommes et de femmes qui font partie de mon quotidien et qui sont porteurs de deux choses. La première est le sentiment de rébellion intense contre ce système profondément injuste et anti humain dans lequel nous vivons. Cet écœurement pour ce théâtre quotidien qui pousse ces personnes à qui je souhaiterai une excellente année au refus de la mascarade politique, médiatique et économique qui ose parler de crise financière alors que nous n'avons jamais autant produit de richesses. Cet écœurement qui les pousse à agir, au quotidien, simplement en expliquant cela à ceux qui ne le voient pas ou en refusant de croire les mensonges qu'on cherche à nous faire avaler.

    A tous ces résistants ordinaires, ces héros sans costume, sans épée et sans médaille, je souhaite une magnifique année 2017.

    La deuxième est l'amitié qui permet de sortir de l'individualisme qui caractérise notre époque. A ceux qui m'ont offert ou qui ont continué d'avoir la gentillesse et la patience de m'offrir leur amitié, je souhaite une année 2017 au-delà de vos espérances.

    Et enfin, à ceux qui ne sont pas d'accord avec moi, eh bien, je vous souhaite également une excellente année 2017 parce que nous vivons tous ensemble sur cette planète qui a bien du mal à nous supporter et si on doit s'en sortir, ce sera tous ensemble, au-delà des opinions politiques, des religions et de nos milieux socio-économiques.

    Mais par contre, je souhaite une année dégueulasse mais vraiment dégueulasse à tous les racistes, les fascistes, les revanchards extrémistes nostalgiques du colonialisme, les marchands d'armes…

    Michel Dandelot 


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  • Jacques Pâris de Bollardière, le général

     qui a dit «non»

    La torture au pays des droits de l’homme  par Patrice Berger

    Aussaresses Vs Bollardière, l'infâme contre le saint ? L'un se vante d'avoir tué et torturé durant la guerre d'Algérie, alors que l'autre demanda à être relevé de son commandement pour ne pas avoir à cautionner de telles pratiques. Deux histoires d'officiers, deux réactions de militaires plongés dans une sale guerre. Sans doute plus qu'Aussaresses, Jacques Pâris de Bollardière ­ mort en 1986 ­ reste une figure importante de la guerre d'Algérie. Mon général c’est vous qui aviez raison : au Pays des Droits de l’Homme et du Citoyen, dans les années 1954-1962 ou en 2016 la torture n’est que l’arme des faibles, de la honte et de la bêtise humaine…    

    La torture au pays des droits de l’homme

    par Patrice Berger

    Selon les résultats d’un sondage CSA pour Amnesty International réalisé en juin 2016, 54 % des Français se déclarent favorables à la torture (1) – ils n’étaient que 34% en 2000.

    Alors, comment ne pas évoquer l’histoire récente, et cette guerre d’Algérie de sinistre mémoire. À cette époque déjà, la torture était d’actualité, et des voix en France s’élevaient pour dénoncer l’intolérable. Celle de Mauriac, redoutant de voir la Quatrième République « chausser les bottes de la Gestapo », puis celle de Camus pressentant que la plus grande victoire des nazis serait de voir leurs victimes se métamorphoser en bourreaux.

    Un autre homme, oublié aujourd’hui, s’était insurgé : Jacques de Bollardière, promu à 49 ans, en 1956, plus jeune général de l’armée française. Jacques Pâris de Bollardière était un héros de la Seconde Guerre mondiale, grand-croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre, médaillé de la Résistance, compagnon de la Libération… Embarqué pour Londres avant l’Appel du 18 juin, il fut ensuite de toutes les campagnes, en Syrie, en Tunisie et en Libye, où il fut blessé à El-Alamein. Parachuté plus tard en France, c’est lui qui fut chargé d’organiser le maquis des Manises dans les Ardennes. Puis ce furent l’Indochine et le commandement des troupes aéroportées, l’École de guerre, et enfin l’Algérie en 1956.

    Parcours remarquable que le sien, avant le clash retentissant avec sa hiérarchie et son chef direct, le général Massu. En pleine bataille d’Alger en proie au terrorisme, Bollardière écrit au général Salan, commandant supérieur interarmées, afin de lui exprimer son « désaccord absolu avec son chef sur les méthodes employées », autrement dit la torture, lui demandant « d’être immédiatement relevé de ses responsabilités ». Ce refus, suivi peu après de son soutien public à Jean-Jacques Servan Schreiber, directeur de L’Express dénonçant la torture, lui valut 60 jours de forteresse, avant qu’il ne démissionne de l’armée en 1961.

    Qu’un général aux états de service édifiants en vienne à contester sa hiérarchie au nom des droits de la personne, voilà une attitude qui détonne et questionne. « Avec Bollardière, aurait dit Robert Lacoste, gouverneur général de l’Algérie, nous sommes dans le domaine de la foi. » Pas seulement. En deçà du cadre religieux, le fondement de sa logique et de son argumentation s’appuie sur la raison et l’intelligence.

    S’il est très conscient de « l’effroyable danger qu’il y aurait, sous le fallacieux prétexte de l’efficacité, à perdre de vue les valeurs morales », il sait par son expérience militaire et sa connaissance des hommes, combien ce recours est illusoire et dévastateur. « Sur le plan moral, la torture me semblait inacceptable, nous amenant à nous comporter comme les nazis (…) La violence n’est pas efficace pour résoudre les conflits entre les hommes, de plus elle dégrade ceux qui la mettent en œuvre. »

    C’est que l’officier connaît les limites de la violence, ses impasses et son impuissance profonde. Dans le maquis, il a vu « le visage décomposé des prisonniers allemands persuadés qu’ils allaient être soumis à la question (…) J’ai alors compris le pouvoir extraordinaire dont je disposais : les faire redevenir des hommes simplement en étant humain moi-même. »

    Bollardière avait compris qu’en cédant à la vengeance, c’est lui-même que l’homme défigure. Que l’efficacité bien comprise ne cherche pas à détruire l’ennemi en se détruisant soi-même, mais qu’elle aspire à l’élévation au-dessus de soi afin de gagner, et l’ennemi, et ceux dont nous avons la responsabilité. L’autorité est à ce prix.

    Au moment où l’on questionne la notion d’identité française, il n’est pas inutile de rappeler que la France est le pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Que ce précédent mémorable nous engage, au-delà des accidents de l’Histoire, à une intégrité absolue. C’est ce qu’avait compris le général de Bollardière, officier émérite d’un point de vue militaire, mais aussi exemplaire sur le plan citoyen et humain.

    (1) 54 % des Français interrogés considèrent comme justifié qu’un policier envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d’avoir posé une bombe prête à exploser pour la faire parler (NDLR).

    SOURCE : http://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/La-torture-pays-droits-lhomme-Patrice-Berger-2016-12-26-1200812960

     

     

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  • En 1968 le général de Gaulle clame au footballeur

    international Mekhloufi  : "La France c'est vous !"

    En 1963 Mekhloufi revient à Saint-Étienne et y retrouve son statut d'icône. En 1968, il balance un doublé en finale de Coupe de France et offre le titre aux Verts de Saint-Etienne. Au moment de lui remettre la coupe, le président de Gaulle se dresse face à lui, et clame : «La France, c’est vous! » Une façon gaullienne de lui dire « Je vous ai compris ! »... Plus tard Mekhloufi est félicité par Valéry Giscard d'Estaing... 

    En 1968 le général de Gaulle clame à Mekloufli  "La France c'est vous !"

    Meklhoufi félicité par Valéry Giscard d'Estaing 

     

    En 1968 le général de Gaulle clame à Mekloufli  "La France c'est vous !"

    Rachid Mekhloufi : le footballeur des deux rives

    C'est dans le club de l'Union Sportive Franco-Musulmane de Sétif, sa ville natale, que Rachid Mekhloufi a débuté sa carrière de footballeur. 

    Mekhloufi, le football et la révolution

    Alors qu'une carrière exceptionnelle l'attendait en France, Rachid Mekhloufi a tout plaqué en 1958, tirant même un trait sur une Coupe du monde, pour intégrer l'équipe créée par le FLN. Une équipe née pour défendre la cause de l'indépendance de l'Algérie, que Mekhloufi et d'autres joueurs ont rejointe après une évasion rocambolesque.

    En 1968 le général de Gaulle clame à Mekloufli  "La France c'est vous !"

    Rachid Mekhloufi

    Le 8 mai 1945, la France pousse l'un des plus gros « ouf » de soulagement de sa longue histoire : l'Allemagne vient de capituler. Enfin. Cinq ans après le traumatisme de la débâcle de juin 1940, des millions de Français sortent dans les rues pour défiler et célébrer, y compris en Algérie – alors département français. Une occasion historique de se montrer que les partis nationalistes algériens ne rateraient pour rien au monde. Dans la ville de Sétif, au milieu de la liesse populaire, ils organisent leurs propres manifestations en provoquant le courroux des autorités françaises. La punition est violente, sauvage : une semaine de répression et au moins 30000 morts. Au milieu des corps mitraillés et des dépouilles trop abîmées pour avoir encore une identité, le petit Rachid Mekhloufi n'a que neuf ans.

    Natif de la ville, il assiste horrifié aux massacres et en gardera un souvenir vif et douloureux, comme tous les Algériens témoins de ces scènes. Treize ans plus tard, le 14 avril 1958, ce même Mekhloufi est bringuebalé dans une voiture qui fuit précipitamment, mais discrètement la ville de Saint-Étienne. À ses côtés, Abdelhamid Bouchouk, Abdelhamid Kermali et Mokhtar Arribi. Tous ont en commun d'être footballeurs professionnels, le premier au TFC, le deuxième à Lyon, le troisième larron étant devenu entraîneur d'Avignon après une longue carrière dans le championnat de France. Mais surtout, les quatre hommes sont des enfants de Sétif qui avaient entre neuf et vingt et un ans lors des tueries de mai 1945. Lancés vers la frontière suisse, ils laissent derrière eux une vie et une carrière pour rejoindre l'équipe d'un pays qui n'existe pas encore.

    Une équipe dans la guerre

     

    Au moment de l'échappée, Rachid Mekhloufi va sur ses vingt-deux ans et est déjà un magicien à Saint-Étienne. Sélectionné quelques fois avec l'équipe de France, il est l'un des grands espoirs du football français et se préparait tranquillement à s'envoler avec les Bleus pour le Mondial en Suède. Car si les indigènes d'Algérie sont des Français au statut flou souvent mal considérés par la France, niveau football, les choses sont claires. Un Algérien qui joue bien au football joue avec la France, un point c'est tout. Mais en ce mois d'avril 1958, en pleine guerre d'Algérie et alors que la capitale est encore fumante de la bataille d'Alger, les indépendantistes du FLN s'apprêtent à rebattre les cartes. Un casse monumental auquel personne ne s'était préparé, avec pour butin les meilleurs joueurs de foot algériens.

    En 1968 le général de Gaulle clame à Mekloufli  "La France c'est vous !"

    La genèse du projet est floue. À la baguette, Mohamed Boumezrag, ancien joueur de Bordeaux et du Mans, qui aurait eu l'idée de monter une équipe en revenant du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants organisé en 1957 à Moscou. D'autres font remonter la naissance de l'idée à 1956 et au Congrès de la Soummam, une réunion au sommet entre presque tous les pontes de la lutte pour l'indépendance. Le FLN avait déjà créé des structures étudiantes et chez les travailleurs. Mais avec sa propre équipe de foot, il serait sûr de toucher un public plus large que jamais. Problème, la grande majorité des cracks algériens jouent dans des clubs français, Mekhloufi en tête. Une grande opération d'exfiltration des joueurs doit donc être organisée pour les emmener vers le Maghreb. Un frein minime pour Mohamed Boumezrag, dont le poste de directeur de la sous-division régionale algérienne pour la FFF lui permet d'accéder aux joueurs visés par son recrutement.

    Les Expendables d'Algérie

    Il rencontre chacun d'entre eux personnellement, et tente de les convaincre d'abandonner une carrière en France prometteuse et lucrative pour rejoindre une équipe fondée par un groupe considéré comme terroriste par beaucoup de Français, et qui prétendra représenter un pays en guerre pour son indépendance. Une folie. Boumezrag essuie quelques refus, mais plusieurs joueurs majeurs sautent dans l'aventure. Niveau superstar, Boumerzag enrôle Mustapha Zitouni, défenseur muraille de Monaco dragué par le Real Madrid, acteur majeur de la qualification des Bleus pour la Coupe du monde. Mais mettre la main sur Rachid Mekhloufi serait un succès total. Problème, son père est policier, et le FLN a peur que la star des Verts ne lui parle et fasse capoter l'évasion. Autre souci, Mekhloufi est militaire, membre du bataillon de Joinville, a même été champion du monde militaire en 57, et pourrait avoir peur de devenir déserteur.

    Et alors que les futurs joueurs du FLN sont prêts depuis longtemps, Mekhloufi est prévenu au dernier moment, en avril, juste avant la 30e journée du championnat. Sainté est alors quatrième du classement, et doit affronter le mal classé Béziers à Guichard. Mekhloufi accepte immédiatement le deal – « Je n'ai pas hésité une seconde. Une grande majorité de Français ne connaissait rien de la situation en Algérie. C'est en apprenant notre engagement aux côtés du FLN qu'ils ont pris conscience de sa gravité » , jurera-t-il plus tard –, mais se blesse à la tête pendant la défaite de l'ASSE et termine à l'hôpital. C'est là que Kermali et Arribi viennent le chercher le lundi 14 avril au matin, avec un jour de retard sur le planning. En deux jours, ce sont dix joueurs algériens qui ont quitté la France clandestinement.

    Le salut du général de Gaulle

    Les départs, en train ou en voiture, sont précipités. Les joueurs passent par la Suisse ou l'Italie, la plupart sans leurs affaires, parfois avec leur famille. Certains sont arrêtés, d'autres prennent des risques fous. La voiture de Mekhloufi est stoppée à la frontière suisse. Les douaniers le reconnaissent, mais n'ont pas écouté la radio qui annonce déjà la fuite de plusieurs joueurs algériens, et la laissent rouler vers Genève. Après ces galères, l'équipe se retrouve à Tunis, où sont installés des dirigeants du FLN soutenus par le président Bourguiba. L'aventure peut commencer. Pressée par la France, la FIFA ne reconnaît pas cette équipe et menace de sanctions ceux qui l'affronteront. Pas de quoi effrayer le Maroc, qui offre à l'équipe du FLN son premier match le 9 mai 1958. Plus de quatre-vingts suivront, presque toujours dans des pays adorant faire la nique à l'Europe occidentale, la Chine, le Vietnam, les pays de l'Est ou du monde arabe.

    Mekhloufi ne cachera jamais le peu d'intérêt sportif de ces matchs : « Pendant quatre ans, j'ai disputé des matchs trop faciles et des entraînements sans rigueur. » Mais dans une guerre aussi importante en dehors que sur le champ de bataille, cette propagande par le sport unique au monde dure jusqu'au 5 juillet 1962, date de l'indépendance. Dans la foulée, la FIFA reconnaît l'équipe du FLN qui devient sélection nationale. « Vous avez fait gagner dix ans à l'Algérie indépendante  », leur jette Fahrat Abbas, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne. L'année suivante, Mekhloufi revient à Saint-Étienne et y retrouve son statut d'icône. En 1968, il balance un doublé en finale de Coupe de France et offre le titre aux Verts. Au moment de lui remettre la coupe, le président de Gaulle se dresse face à lui, et clame : « La France, c’est vous ! » Une façon gaullienne de lui dire « Je vous ai compris ! »

    SOURCE : http://www.sofoot.com/mekhloufi-le-football-et-la-revolution-436801.html

     

     


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  • Aïn Sefra c’est cette ville du Sud Oranais où j’ai passé 21 mois de ma jeunesse dans cette sale guerre d’Algérie, contre ma volonté. Et voilà que les médias nous parle d’Aïn Sefra… Je ne voulais pas manquer cette information… 

    Pour la première fois depuis 37 ans, il a neigé dans le Sahara. Et notamment sur la petite ville d'Aïn Sefra (Algérie), niché dans les montagnes de l'Atlas. Le photographe amateur Karim Bouchetata a capturé des clichés rares, où les flocons se sont mêlés au sable rouge du désert. Malheureusement, la neige n'a tenu qu'une journée.

    La petite ville d'Aïn Sefra en Algérie a été témoin d'un événement exceptionnel le 19 décembre 2016. Pour la première fois depuis 37 ans, il a neigé au Sahara.
    La neige est restée pendant un jour dans la ville entourée par les montagnes de l'Atlas qui se situe à environ 1000 mètres d'altitude.
    Le photographe amateur a confié que les habitants étaient stupéfaits de voir «la neige tomber dans le désert», phénomène extrêmement rare. Il a ajouté que la vision de la neige se déposant sur le sable était «incroyable».
    La dernière fois que la ville s'était recouverte d'un manteau blanc remonte à juin 1979, et la tempête de neige n'avait duré qu'une demi-heure.
    Le Sahara couvre une grande partie de l'Afrique du Nord et a connu d'importants changements de température au cours de l'histoire, les scientifiques s'accordent à dire que le désert était encore vert et humide il y a 5000 ans.
    Aïn Sefra ou Aïn Safra (arabe : عين الصفراء) est une commune de la wilaya de Naâma en Algérie, située dans l'Ouest du pays. Elle comptait en 2008 une population de 54229 habitants.
    Crédit photos de neige dans le désert de l'Algérie

    Incroyable événement météorologique De la neige au Sahara pour la première fois depuis 37 ans.

     


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  • Fontoy : regards croisés sur un Noël particulier, passé

    en Algérie

     

    Fontoy : regards croisés sur un Noël particulier, passé en Algérie

    André Bany a passé deux Noëls en opération. Photo Philippe NEU

    Fontoy : regards croisés sur un Noël particulier, passé en Algérie

    Nicole Roulet et sa famille ont vécu de 1936 à 1948 à la caserne des gardes mobiles, à Alger. Photo Philippe NEU

    Tous deux ont connu des Noëls en Algérie. Lui, seul pendant la guerre, l’autre quelques années plus tôt, dans la chaleur d’un foyer. Nicole Roulet et André Bany, aujourd’hui résidants à l’Âtre du Val de Fensch, racontent.

    Ils sont de la même génération mais ont eu des destinées différentes. Lui était au front, fusil sur l’épaule, dans les montagnes algériennes, à Souk-el-Arba. Elle sur les hauteurs de la ville d’Alger, « à la caserne des gardes mobiles », se souvient Nicole Roulet, 83 ans. C’était avant la guerre. « On y a vécu, avec mes parents et mes quatre frères et sœurs, pendant douze ans. Nous sommes partis de Sarre-Union en 1936. J’avais quatre ans. » Jusqu’en 48, la famille d’expatriés célébrera Noël « comme [elle] l’avait toujours fait en France. Je me souviens qu’on faisait toujours un arbre de Noël », raconte celle qui intégrera l’école catholique, « chez les sœurs ». «Finalement à l’époque, nous n’avions pas vraiment de contacts avec la population locale musulmane», croit-elle se souvenir.

    « Les fêtes, mieux valait ne pas y penser »

    Autre période, autre contexte. André Bany a passé deux Noëls en Algérie. 1er novembre 1954 : proclamation du Front de libération nationale (FLN), pour l’indépendance nationale. Une vague d’attentats contre les Français en Algérie marque le début de la guerre. André Bany débarque en mai. Il avait 21 ans et travaillait jusqu’alors à la mine de Tucquegnieux, en Meurthe-et-Moselle. Son départ, « c’était juste après les trois mois de classe en Allemagne », précise l’octogénaire. Il passera son premier Noël loin de la chaleur du foyer familial, à Sancy. « J’y ai encore ma maison, insiste le résidant de l’Atre du Val de Fensch, arrivé à Fontoy voici six mois.

    De ces fêtes "en opération", cet homme au regard perçant murmure « qu’il n’y a pas grand-chose à raconter. On faisait de la surveillance pour que personne ne nous attrape, résume rapidement André Bany, alors brigadier-chef. Mes Noëls 1954 et 1955, je les ai passés en montant la garde. On était une douzaine comme ça, au campement. C’était mon boulot. On le faisait parce qu’il fallait le faire mais moi, je n’aimais pas ça. Le côté militaire, c’était pas mon truc. »

    Les cartes que lui envoient ses parents lui permettent de donner quelques nouvelles «quand c’était possible d’écrire ». D’avoir une pensée pour ses proches au moment des fêtes. « On n’a jamais été bien riche, Noël, chez nous, c’était pas la grosse java. Mes parents étaient paysans, ils avaient quelques bestioles alors pour la fin d’année, ma mère tuait une volaille. » En terres algériennes, en plein conflit, il faudra se contenter d’une gamelle. André ne se souvient plus de ce qu’elle contenait. « Ça ne devait pas être bien bon, murmure-t-il avec une petite moue. Mais je ne me plains pas, répète-t-il. À l’époque, on partait pour 19 mois. Lui, assure-t-il, ne pensait pas aux fêtes. « On ne pensait qu’aux permissions, on prenait les jours comme ils venaient. Notre préoccupation, c’était de ne pas se faire flinguer. On se remontait le moral en buvant un coup. Moi, j’avais toujours le moral, j’aimais rigoler. Comme maintenant en fait. » André Bany ne s’apitoie guère sur sa condition. « Nous, on a été assez préservés », estime-t-il. D’autres, en revanche… » Les ressentis sont balayés. Mais pas oubliés. «Quand j’étais là-bas, même les 24-25 décembre, on ne pensait pas vraiment à la fête. C’est aujourd’hui que j’y pense davantage, à la misère dans les gourbis. Vous savez, moi, j’ai toujours pu casser la croûte. Il m’arrivait de donner mon repas aux civils qu’on croisait et qui crevaient de faim. C’était comme ça. On était partis, on était partis.»

    J. M.

    SOURCE : http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-thionville-hayange/2015/12/19/noel-fusil-a-l-epaule

     


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  • Ces "Algériens" qui sont l'honneur

     de la France

    «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits.». La République Française a donc substitué la lucidité à la vérité. Car, il y a, au moins, trois contre-vérités dans la première phrase. 

    ·  La vérité est que ces « Algériens » étaient Français. Les Algériens, eux, vivent dans la très indépendante République Algérienne Démocratique et Populaire. Merci pour eux. Ils se sont battus 132 ans pour pouvoir déclarer ces simples mots « Je suis Algérien », mots qu’ils disent en arabe maintenant. Et aujourd’hui, ils se moquent des turpitudes françaises vis-à-vis de leur conscience.

    La vérité est qu’ils ne manifestaient pas « pour le droit à l’indépendance »; « ils », ce sont les « Français musulmans algériens ». « Ils » sont sortis la nuit en famille et de manière tout-à-fait pacifique, non pour manifester mais pour braver un arrêté de Maurice Papon qui interdisait aux seuls Français musulmans algériens « de circuler dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne ». Comme toujours chez Maurice Papon, il s’agissait de renier les valeurs de la France, celles de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Comme toujours chez les « Français d’en bas », rappelant les Parisiens de la Commune,  il s’agissait de défendre l’honneur de la France. Ceux que François Hollande nomme sans vergogne « Algériens », reprenant la sémantique de Maurice Papon, étaient de vrais Français qui faisaient acte de désobéissance civile à un « couvre-feu » sans fondement légal. Certains avaient participé au débarquement de Provence et libéré la France de la politique raciale de Vichy et du joug nazi. Où étaient les autres Français, « les hommes honnêtes de toutes opinions », les anciens résistants à la politique raciale de Vichy ? C’est là une autre question. Mais il est important d’insister qu’à l’époque, encore et déjà, l’Etat français était prisonnier de sa police qui menait une politique raciale... alors que ces « Algériens » défendaient la France éternelle.

     

    Ces "Algériens" qui sont l'honneur   de la France

    « France éternelle » : une expression chère à Alain Mimoun. Ali Mimoun Okosha, l’un de nos plus grands athlètes, est né en Algérie. Pourtant, ce champion olympique en 1956 n’est pas aujourd'hui qualifié d’« Algérien ».  Etonnant, non ?

    La vérité est qu’il ne s’agissait pas d’une « sanglante répression ».  Il s’agit d’un crime contre l’humanité. Il fut question de torture où les policiers français brûlaient vif « par morceaux », et tuaient « à coups de crosse et de manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement de la rate ou du foie, brisure des membres » ... « non sans les avoir délestés, au préalable, de leurs montres et de leur argent » (1). Suivaient-ils en cela les ordres de la hiérarchie ? Et si les corps de ces pauvres Français furent jetés dans la Seine, ce n’était pas pour réprimer une manifestation mais « pour les soustraire à l'examen des médecins légistes ». Il s’agissait donc bien d’une politique raciale de la police française. Et cette guerre larvée avait commencé bien plus tôt ; horrifié par sa propre police, un décret du 8 Juin 1961 demandait l’éviction des « ultras ». 62 « policiers » se sont vus ainsi signifier… leur retraite anticipée avec versement intégral de leur salaire pendant trois ans.

    De la brigade nord-africaine de la Préfecture de Police en 1925 à la DRCI d'aujourd'hui, il y a une constance dans la manière dont la police agit avec une certaine population française, ostracisée à dessein. Et, à l’époque comme aujourd’hui, elle est aidée en cela par certains politiciens qui ne font pas l’honneur de la France. 

    (1) http://17octobre1961.free.fr/pages/dossiers/Republicains.htm

     

    Ces "Algériens" qui sont l'honneur   de la France

     

    Documents :

    "Un groupe de policiers républicains déclare..." (extraits) 

       
    31octobre 1961
       
    "Ce qui s'est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre les manifestants pacifiques, sur lesquels aucune arme n'a été trouvée, nous fait un devoir d'apporter notre témoignage et d'alerter l'opinion publique. Nous ne pouvons taire plus longtemps notre réprobation devant les actes odieux qui risquent de devenir monnaie courante et de rejaillir sur l'honneur du corps de police tout entier.

    Aujourd'hui, quoique à des degrés différents, la presse fait état de révélations, publie des lettres de lecteurs, demande des explications. La révolte gagne les hommes honnêtes de toutes opinions. Dans nos rangs, ceux-là sont la grande majorité. Certains en arrivent à douter de la valeur de leur uniforme.

    Tous les coupables doivent être punis. Le châtiment doit s'étendre à tous les responsables, ceux qui donnent les ordres, ceux qui feignent de laisser faire, si haut placés soient-ils. Nous nous devons d'informer.


    Quelques faits, le 17 octobre...

    Parmi les milliers d'Algériens emmenés au parc des Expositions de la porte de Versailles, des dizaines ont été tués à coups de crosse et de manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement de la rate ou du foie, brisure des membres. Leurs corps furent piétinés sous le regard bienveillant de M. Paris, contrôleur général.

    D'autres eurent les doigts arrachés par les membres du service d'ordre, policiers et gendarmes mobiles, qui s'étaient cyniquement intitulés " comité d'accueil ".

    A l'une des extrémités du pont de Neuilly, des groupes de gardiens de la paix, à l'autre des CRS, opéraient lentement leur jonction. Tous les Algériens pris dans cet immense piège étaient assommés et précipités systématiquement dans la Seine. Il y en eut une bonne centaine à subir ce traitement. Ces mêmes méthodes furent employées au pont Saint-Michel. Les corps des victimes commencent à remonter à la surface journellement et portent des traces de coups et de strangulation.

    A la station de métro Austerlitz, le sang coulait à flots, des lambeaux humains jonchaient les marches des escaliers […].

    La petite cour, dite d'isolement, qui sépare la caserne de la Cité de l'hôtel préfectoral était transformée en un véritable charnier. Les tortionnaires jetèrent des dizaines de leurs victimes dans la Seine qui coule à quelques mètres pour les soustraire à l'examen des médecins légistes. Non sans les avoir délestées, au préalable, de leurs montres et de leur argent. M. Papon, préfet de police, et M. Legay, directeur général de la police municipale, assistaient à ces horribles scènes. Dans la grande cour du 19-Août, plus d'un millier d'Algériens était l'objet d'un matraquage intense que la nuit rendait encore plus sanglant.


    Quelques autres...

    A Saint-Denis, les Algériens ramassés au cours des rafles sont systématiquement brutalisés dans les locaux du commissariat. Le bilan d'une nuit récente fut particulièrement meurtrier. Plus de 30 malheureux furent jetés, inanimés, dans le canal après avoir été sauvagement battus.

    A Noisy-le-Sec, au cours d'un très ordinaire accident de la route, une Dauphine a percuté un camion. Le conducteur de la Dauphine, un Algérien, gravement blessé, est transporté à l'hôpital dans un car de police. Que s'est-il passé dans le car? Toujours est-il que l'interne de service constate le décès par balle de 7,65. Le juge d'instruction commis sur les lieux a été contraint de demander un supplément d'information.

    A Saint-Denis, Aubervilliers et dans quelques arrondissements de Paris, des commandos formés d'agents des Brigades spéciales des districts et de gardiens de la paix en civil "travaillent à leur compte", hors service. Ils se répartissent en deux groupes. Pendant que le premier arrête les Algériens, se saisit de leurs papiers et les détruit, le second groupe les interpelle une seconde fois. Comme les Algériens n'ont plus de papiers à présenter, le prétexte est trouvé pour les assommer et les jeter dans le canal, les abandonner blessés, voire morts, dans des terrains vagues, les pendre dans le bois de Vincennes.

    Dans le 18ème, des membres des Brigades spéciales du 3ème district se sont livrés à d'horribles tortures. Des Algériens ont été aspergés d'essence et brûlés "par morceaux". Pendant qu'une partie du corps se consumait, les vandales en arrosaient une autre et l'incendiaient.

    Ces quelques faits indiscutables ne sont qu'une faible partie de ce qui s'est passé ces derniers jours, de ce qui se passe encore. Ils sont connus dans la police municipale. Les exactions des harkis, des Brigades spéciales des districts, de la Brigade des agressions et violences ne sont plus des secrets. Les quelques informations rapportées par les journaux ne sont rien au regard de la vérité.

    Il s'agit d'un impitoyable processus dans lequel on veut faire sombrer le corps de police. Pour y parvenir, les encouragements n'ont pas manqué. N'est-elle pas significative la manière dont a été appliqué le décret du 8 juin 1961 qui avait pour objet le dégagement des activistes ultras de la préfecture de police? Un tel assainissement était pourtant fort souhaitable. Or, on ne trouve personne qui puisse être concerné par cette mesure ! Pour sauver les apparences, 62 quasi-volontaires furent péniblement sollicités qui obtiennent chacun trois années de traitement normal et, à l'issue de cette période, une retraite d'ancienneté... Ce n'est là qu'un aspect de la complaisance du préfet. En effet, au cours de plusieurs visites dans les commissariats de Paris et de la banlieue, effectuées depuis le début de ce mois, M. Papon a déclaré : " Réglez vos affaires avec les Algériens vous-mêmes. Quoi qu'il arrive, vous êtes couverts. " Dernièrement, il a manifesté sa satisfaction de l'activité très particulière des Brigades spéciales de districts et s'est proposé de doubler leurs effectifs. [...]

    Le climat ainsi créé porte ses fruits. La haine appelle la haine. Cet enchaînement monstrueux ne peut qu'accumuler les massacres et entretenir une situation de pogrom permanent.

    Nous ne pouvons croire que cela se produise sous la seule autorité de M. le Préfet. Le ministre de l'Intérieur, le chef de l'Etat lui-même ne peuvent les ignorer, au moins dans leur ampleur. Sans doute, M. le Préfet a-t-il évoqué devant le conseil municipal les informations judiciaires en cours. De même, le ministre de l'Intérieur a parlé d'une commission d'enquête. Ces procédures doivent être rapidement engagées. Il reste que le fond de la question demeure : comment a-t-on pu ainsi pervertir non pas quelques isolés, mais, malheureusement, un nombre important de policiers, plus spécialement parmi les jeunes? Comment en est-on arrivé là ?

    Cette déchéance est-elle l'objectif de certains responsables? Veulent-ils transformer la police en instrument docile, capable d'être demain le fer de lance d'une agression contre les libertés, contre les institutions républicaines ?

    Nous lançons un solennel appel à l'opinion publique. Son opposition grandissante à des pratiques criminelles aidera l'ensemble du corps de police à isoler, puis à rejeter ses éléments gangrenés. Nous avons trop souffert de la conduite de certains des nôtres pendant l'occupation allemande. Nous le disons avec amertume mais sans honte puisque, dans sa masse, la police a gardé une attitude conforme aux intérêts de la nation. Nos morts, durant les glorieux combats de la Libération de Paris, en portent témoignage.

    Nous voulons que soit mis fin à l'atmosphère de jungle qui pénètre notre corps. Nous demandons le retour aux méthodes légales. C'est le moyen d'assurer la sécurité des policiers parisiens qui reste notre préoccupation. Il en est parmi nous qui pensent, à juste titre, que la meilleure façon d'aboutir à cette sécurité, de la garantir véritablement, réside en la fin de la guerre d'Algérie. Nous sommes, en dépit de nos divergences, le plus grand nombre à partager cette opinion. Cependant, nous le disons nettement : le rôle qu'on veut nous faire jouer n'est nullement propice à créer les conditions d'un tel dénouement, au contraire. Il ne peut assurer, sans tache, la coopération souhaitable entre notre peuple et l'Algérie de demain.

    Nous ne signons pas ce texte et nous le regrettons sincèrement. Nous constatons, non sans tristesse, que les circonstances actuelles ne le permettent pas. Nous espérons pourtant être compris et pouvoir rapidement révéler nos signatures sans que cela soit une sorte d'héroïsme inutile. Nous adressons cette lettre à M. le Président de la République, à MM. les membres du gouvernement, députés, sénateurs, conseillers généraux du département, aux personnalités religieuses, aux représentants de la presse, du monde syndical, littéraire et artistique.

    Nous avons conscience d'obéir à de nobles préoccupations, de préserver notre dignité d'hommes, celle de nos familles qui ne doivent pas avoir à rougir de leurs pères, de leurs époux.

    Mais aussi, nous sommes certains de sauvegarder le renom de la police parisienne, celui de la France. "

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  • Père Noël rendez-nous notre vraie France !!!

    Ma lettre au Père Noël par Henri Pouillot suivi de : "A Paris, quand une soirée entre amis   se transforme en arrestation musclée"

    "Selon que vous soyez puissant ou misérable...", la dispense de peine pour Christine Lagarde jugée coupable de négligence par la « Justice de la République » mais non condamnée…C’est aussi cela la France des droits de l’Homme ? Père Noël rendez-nous notre vraie France !!! où alors... mettez-moi en prison...

    Père Noël rendez-nous notre vraie France !!!

    Mettez-moi en prison !

    Mettez-moi en prison ! Pourquoi ? Parce qu’il n’existe qu’une justice dans notre République : la justice de classe ! Mettez-moi en prison…

    Je ne m’appelle pas Christine Lagarde. Je n’ai jamais été ministre, ni directeur général du F.M.I. Tien ! Effemi, ça me rappelle un mot de mon enfance : affamé. Et oui, j’ai eu faim dans mon enfance à cause de l’invasion allemande et de la complicité de Pétain, Laval et consorts. Oh ! Pas seulement à cause d’eux. La pauvreté ne se découvre pas qu’au moment de la guerre. Là, elle s’y renforce jusqu’à la démesure. La mouise, la dèche, la mouscaille, comme on disait dans mon milieu au langage titi parisien, s’ancraient depuis longtemps dans le monde du travail, dans le monde tout court et depuis longtemps. Il suffit de lire Hugo et Zola pour le constater ou le découvrir pour ceux qui n’ont jamais subi la misère.

    On peut méditer cette citation de Victor Hugo écrite dans "Choses Vues" le 4 septembre 1848 ; « C’est une femme d’une trentaine d’années, qui serait très belle si elle n’était pauvre. La misère ne s’empreint pas seulement sur les vêtements ; elle s’empreint sur la beauté. Cela se mêle au point qu’on pourrait dire que le vêtement devient maigre et le visage pauvre. »

    Dans cette image superbe de réalité, j’y vois ma grand-mère et ma mère il y a soixante dix ans. Ma mémoire surgit, coupable ! J’étais peut-être un beau petit garçon mais mon visage, mon corps et ce qui le recouvrait m’enrobait d’usure, de vulgarité, de faiblesse. C’était  l’époque où j’avais faim. Alors j’ai volé. J’ai volé sans jamais me faire prendre parce que, malin et vif, je courrais entre les rangs de fraisiers, de salades, de poireaux et autres légumes dans les jardins de Vilmorin dans la région parisienne. Je fuyais dès qu’une voix hurlait à mes trousses. Je sautais des cerisiers ou par-dessus les clôtures quand, fusil à la main (certainement pour faire peur), les maraîchers me surprenaient en train de récolter… ou plutôt de voler ces nectars ! J’ai volé aux étals des boutiques de la cité HBM (HLM maintenant) où nous habitions à côté d’autres miséreux. Oui j’ai volé. Je l’avoue. Mais la faim ne justifie-t-elle pas les moyens ?

    Alors, Monsieur le Président de la Cour de Justice de la République, n’hésitez pas, abolissez le délai de prescription en matière de justice pénale. Permettez aux tribunaux de me poursuivre pour vols répétitifs à l’étalage il y a 70 ans. Jugez-moi et annoncez une condamnation exemplaire pour nuisance grave à la société. J’ai été récidiviste. Je sais que vous m’écouterez car je ne suis pas ministre, ni oligarque, ni membre d’une secte financière. Je ne sévis pas dans les banques ni dans les entreprises multinationales. Je ne dirige pas le fonds monétaire international. Je suis toujours un enfant voleur, sans excuses, sans négligence. Je suis beaucoup plus coupable que Madame Christine Lagarde. Je sais que vous m’enverrez dans une geôle  pour vols nombreux. Je les avoue. Vu le temps écoulé j’aurai peut-être une petite remise de peine. Mais peut-être pas car je n’ai pas de responsabilités politiques ni de relations qui me rendraient non condamnable.

    Mettez-moi en prison ! Pourquoi ? Parce qu’il n’existe qu’une justice dans notre République : la justice de classe ! Mettez-moi en prison… 

     Jean Riboulet


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  • UN COMMENTAIRE

    Bonjour Michel,

    Tu as mis en ligne  dimanche un article sur le 8 mai 1945.
    Je t'indique que les 2 films de Mehdi Lallaoui  "Les massacres de Sétif" et "Guelma 1945" sont en ligne sur mon espace Dailymotion,  en libre accès avec l'accord du réalisateur.
    > http://www.dailymotion.com/video/x2p51l2_les-massacres-de-setif-un-certain-8-mai-1945_news
    > http://www.dailymotion.com/video/x2p2my6_guelma-1945_news
    Amitiés
    Hubert Rouaud
     

    L'autre 8 mai 1945...  aux origines de la guerre d'Algérie...

    Ils n'ont pas su faire de nous des « bourricots » ni ici, ni là-bas, ni hier, ni aujourd'hui... ni demain… Le temps des colonies c’est fini… Que les « va-t’en guerre » prennent leur retraite définitive… 

    L'autre 8 mai 1945...  aux origines de la guerre d'Algérie...

    L'autre 8 mai 1945

    Aux origines de la guerre d'Algérie

    L'autre 8 mai 1945...  aux origines de la guerre d'Algérie...

    Il est impossible de célébrer l’anniversaire de la victoire contre le fascisme sans vouloir arracher à l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants.

    Des manifestations pacifiques à Sétif, Guelma, Khératta et la région ont été réprimées dans le sang ; des dizaines de milliers de civils Algériens ont été massacrés par la police, la gendarmerie, les milices armées par les autorités locales, l’Armée Française, agissant sur ordre de l’exécutif. C’est après cette répression massive que l’on a déploré à Sétif et aux alentours une centaine de victimes Européennes.

    Amputer notre histoire commune par l’occultation de ce crime d’Etat ne permet pas à la France d’en finir avec la page coloniale de son histoire. Si, le 19 mars, le président de la République a reconnu que le système colonial en Algérie était « injuste » et «niait les aspirations des peuples à décider d’eux-mêmes», il faut qu’il aille plus loin en disant la vérité sur les massacres du 8 mai 1945. Le geste symbolique fait à Sétif en 2015 par le secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire, J-M. TODESCHINI, demeure très en-deçà de cette demande.

    En 2015, le conseil municipal de Paris a demandé à l’unanimité au chef de l’Etat de reconnaître ces massacres comme crimes d’Etat. Des vœux dans ce sens ont été adoptés par les villes de Rennes, Nanterre, Champigny, Vitry-sur-Seine, Bobigny,   d’Ivry-sur-Seine.

     

    C'était le 8 mai 2015

    L'autre 8 mai 1945...  aux origines de la guerre d'Algérie...

     


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  • Ma lettre au Père Noël par Henri Pouillot

    Ma lettre au Père Noël

    La fin de l’année 2016 se termine aussi tristement que celle de 2015, au plan national et international. Alors Père Noël, sois gentil, généreux, apporte-nous un peu (pourquoi pas beaucoup) de joies, du bonheur, de l’utopie pour cette année 2017, et que cela dure ...



    Père Noël, tu as permis à Christine Lagarde d’être déclarée coupable de négligence, mais elle ne sera pas punie !!! Ce sont nous, d’ailleurs les contribuables qui avons permis au pauvre Bernard Tapie d’empocher un peu plus de 400 millions d’euros, ce n’est même pas toi qui a payé ce cadeau !!! Mais j’espère que lorsque la prochaine fois qu’une caissière de supermarché fera une erreur de caisse de 0,85 €, elle ne sera pas licenciée, ni qu’un SDF qui vole un paquet de pâtes parce qu’il a faim n’ira pas en prison, qu’un syndicaliste qui revendique ne sera plus condamné !!! Alors à partir de 2017, promets-nous que la justice ne sera pas rendue sur une notion de classe sociale, mais bien en fonction de la faute commise.

    L’an dernier, en France, quelques semaines avant la période de fêtes de fin d’année, une barbarie avait été commise par des fanatiques, sous un fallacieux prétexte religieux, et cette année, en Allemagne, une nouvelle ignominie vient d’être commise à quelques jours de cette période de fêtes. Père Noël, crie haut et fort que ce ne sont pas les plans d’urgence à répétition qui menacent nos libertés, mais n’assurent pas notre sécurité, malgré l’impression majoritairement ressentie par nos concitoyens, qu’il faut mettre en place, mais mener une autre politique : tarir les sources du recrutement de ces barbares. Pour cela il faut une autre politique internationale qui n’instrumentalise pas des communautés les unes contre les autres. Il faut que les citoyens ne soient pas discriminés pour leurs origines, leur couleur de peau, leur religion pratiquée (ou supposée pratiquée), et tentent de se réfugier dans un extrémisme pour "authentifier" leur identité. Je suis prêt à en discuter avec toi (dans cette lettre je ne peux pas être trop long et ce sujet mérite un long débat), mais assez de ces mesurettes inefficaces qui ne remettent pas en cause les racines de ce mal terrible.

    Père Noël, avec la campagne électorale qui commence à faire rage, rappelle aux Macron, Fillon et autres... que le colonialisme n’est pas positif, comme ils ont osé le clamer, mais constitue un crime contre l’humanité, même si, officiellement, il ne l’a pas encore été reconnu comme tel.

    Père Noël, fais quelque chose pour les migrants, les roms... ces exclus : ils ne sont pas responsables de leur situation, c’est la misère, la guerre, le dérèglement climatique... qui les chassent de leur terres natales où ils préfèreraient rester y vivre paisiblement, agréablement avec leurs proches... Père Noël, rappelle aux Valls, Sarkozy, Ménard et autres... qu’ils ne sont pas des gaulois, mais que leurs parents, avec eux, sont venus se réfugier en France...

    Père Noël, mets toute ton énergie pour que le vivre ensemble soit harmonieux, sans racisme, sans discrimination...

    Père Noël, un dernier vœu, en plus des précédents, c’est mon combat que je mène à plein temps depuis une bonne quinzaine d’années maintenant : que la France retrouve sa légitimité de pouvoir être considérée comme l’un des pays modèle pour le respect des droits de l’homme. Pour cela, il serait urgent que les plus hautes autorités de notre pays reconnaissent et condamnent enfin (en particulier envers le colonialisme pratiqué en Algérie) :
    -  les crimes d’état : 8 Mai 1945, 17 octobre 1961, 8 février 1962,
    -  les crimes de guerre : utilisation du napalm (600 à 800 villages rasés : des Oradour- sur-Glane algériens), l’utilisation du gaz VX et Sarin,
    -  les crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements)….

    Père Noël, parmi tous ces vœux, un bon nombre ne coûteraient rien, financièrement, mais rapporteraient gros à l’image de notre pays, et sa devise "Liberté, Égalité, Fraternité" aurait un véritable sens.

    Henri POUILLOT

    Ma lettre au Père Noël par Henri Pouillot

    A Paris, quand une soirée entre amis

     se transforme en arrestation musclée

    Comment passer d’une banale virée nocturne entre amis à une arrestation policière très musclée ? Le jeune blogueur Jean Ben Aych nous raconte sa drôle de soirée parisienne aux côtés de ses potes “noirs et arabes”. Récit. 

    Avec une frappe à la puissance de Mark Landers, Ali a crevé le seul ballon du quartier que Sofiane m’avait offert pour mon dernier anniversaire. Résultat, pas de foot entre potes au parc. Pour compenser la frustration, on passe l’après-midi sur le baby-foot du centre d’animation destinés aux jeunes du coin. 17 h, j’invite toute la petite bande du lycée à la maison pour la seule et bonne raison que Meliani qui est parti pour les vacances voir sa famille en Algérie m’a prêté sa Playstation 4 avec le jeu Fifa 17.

    Autour d’une citronnade maison façon Tlemcem et de biscuits, on enchaîne les parties autant que les fous rires. Le sujet de conversation principale : les filles. “On sort ce soir ?” demande Ali. Je propose Breteuil ou le Champ-de-Mars, “parce qu’il y aura sûrement du monde”. Toute la joyeuse troupe est partante sauf Sofiane et Madi, qui n’ont pas réussi à obtenir l’autorisation parentale. Il est 19 heures 30, tout le monde rentre, je dois faire la vaisselle avant que mon père n’arrive. Rendez-vous à 21 heures en bas de chez moi avec le reste du groupe.

    “C’est une caméra cachée ou quoi ?” 

    21 heures passées, la virée nuptiale peut commencer. Comme souvent, je suis le seul babtou de la bande. On est cinq : Ali, Fodié, Siaka, James et moi. On marche jusqu’à l’Avenue de Breteuil. Nos chances de pouvoir séduire la gente féminine sont proches de zéro. Les pelouses sont désertes. On décide de continuer à pied jusqu’au Champ-de-Mars. On tourne alors sur l’Avenue de la Tour-Maubourg au niveau des Invalides. Sur notre chemin, on passe devant une épicerie. L’un des membres de l’équipe dont je ne citerai pas le nom pour ne pas l’incriminer, décide stupidement de dérober un fruit sur l’étalage sans passer par la case “caisses”. On l’observe commettre ce vol avant de tous prendre la fuite en courant comme un seul homme.

    Deux bonhommes, ou plutôt deux armoires à glace portant un badge “police” fluorescent autour du cou, nous arrêtent brutalement et nous ordonnent de nous aligner contre le mur. J’ose alors demander : “C’est une caméra cachée ou quoi ?” Pas de réponse. Soudain, sans aucune raison valable, l’un des deux agents de police soulève par la gorge Siaka en criant “Tu fermes ta gueule ! Tu fermes ta gueule !” alors qu’aucun mot ne sort de la bouche de ce dernier. Il tremble, ne comprend pas. Ali essaye de calmer le jeu alors que Fodié et moi nous moquons de l’autre masse de muscle. Ce dernier affiche une sacré allure : coupe au gel, cheveux gris et des bras pas du tout proportionnels à la taille de son cerveau.

    L’un des policiers trouve le fruit volé dans la poche de mon pote après l’avoir fouillé et lui demande d’où il provient. Son détenteur affirme qu’il l’a pris chez lui. Mais les policiers ne le croient pas et prétendent nous avoir pris en filature depuis l’Avenue de Breteuil et n’avoir rien raté de la scène devant l’épicerie. Ils menacent notre ami de le ramener au poste s’il n’avoue pas son vol… Il finit par tout dire.

    Cocktails pour les uns, expresso et eau pour les autres 

    Les policiers nous palpent les uns après les autres et nous demandent notre carte d’identité. Bien sûr, personne ne l’a. Pendant qu’on se fait fouiller, j’observe des jeunes de notre âge en train de siroter des cocktails dans le bar d’en face. Je sais très bien comment se passe leur soirée. Combien de fois, avec mon pote Clément, on a accompagné des copines dans ces lieux où elles abreuvent leur vie de grains de folie alcoolisés alors que lui et moi avons l’habitude de commander un expresso et un verre d’eau (parce que dans les cafés parisiens, c’est la seule consommation dont le prix est le moins éloigné de celui d’une canette à l’alimentation générale) ?

    Lors de ces soirées, ces filles dépensent leur argent de poche, prennent des snaps avec leur nouvel Iphone 6 ou 7, 5S pour les parents les moins généreux, puis rentrent avec le Uber que papa/maman ont commandé. C’est le même genre de personnes que l’on voit l’après-midi au parc, non pas pour jouer au foot mais pour acheter du shit. Ce soir, ces jeunes mineurs ont probablement fumé des substances illégales et bu de l’alcool. Pour eux, pas de fouille, pas de filature, ils peuvent rentrer chez eux tranquillement.

    Le faciès est un crime 

    Après avoir constaté que nous n’étions pas des trafiquants, les deux agents de police nous laissent tous partir, mis à part celui qui a volé le fruit. Ils l’emmènent le rendre à l’épicier. Sans surprise, le propriétaire du magasin n’en veut pas à notre ami et lui laisse même le fruit.

    Voilà ce que la police est capable de faire pour un simple larcin. Si j’avais subtilisé un fruit lors de l’une de mes virées nocturnes avec des amis blancs, rien de tout cela ne serait arrivé, je n’aurais jamais eu le moindre problème. Le fait que les deux fonctionnaires nous aient suivis montre que le faciès est un crime à leurs yeux. Voler, c’est mal mais la fraude fiscale aussi alors pourquoi les riches malhonnêtes ne se font pas soulever par la gorge comme Siaka ?

    Jean BEN AYCH

    P.S. : Je vous laisse deviner le fruit dont il s’agit.

    SOURCE : http://www.bondyblog.fr/201612200800/a-paris-quand-une-soiree-entre-amis-se-transforme-en-arrestation-musclee/#.WFohlrn0qMQ


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    L’OAS et l’aveuglement des « jusqu’auboutistes » de l’Algérie française… ou pourquoi une issue du type de celle de l’Afrique du Sud n’a pas été possible en Algérie 

     

     

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     Gilles Manceron le 17 mars 2012 à Évian. (© Michel Tréboz)

    L’Afrique du Sud connaissait, jusqu’à la fin des années 1980, une situation qui, à certains égards, pouvait être comparée à celle de l’Algérie coloniale et on ne comptait plus les commentaires pessimistes qui y prévoyaient de terribles drames. Pourtant, le processus de remise en cause de l’apartheid a évité à ce pays les massacres et les grands départs de population qu’on redoutait. Pourquoi une telle issue n’a-t-elle pas été possible en Algérie ? C’est essentiellement parce que n’a pas émergé de la communauté européenne une force ouverte à la recherche d’une issue politique. Le courant politique qui a prédominé parmi les Européens d’Algérie, et trouvé des soutiens dans l’armée française, a été celui des « jusqu’au-boutistes » de l’Algérie française. Utilisant la terreur, y compris contre les Européens qui n’étaient pas de cet avis, il les a réduit au silence, et c’est en grande partie cette terreur qui a façonné le drame dont ont été victimes en 1962 les Européens d’Algérie.

     

    Du 13 mai 1958 à décembre 1960

     

    Ce courant « jusqu’au-boutiste » de l’Algérie française s’enracine dans une longue histoire d’aveuglement et de violence. Si la société européenne d’Algérie a connu, depuis le XIXe siècle, des forces politiques, des journaux et des courants idéologiques divers, ceux qui ont prévalu le plus souvent étaient ceux qui étaient les plus hostiles à toutes les réformes risquant de donner davantage de droits aux indigènes algériens « musulmans ». Les forces de police autochtones, les milices formées en certaines occasions comme en mai 1945 dans le Constantinois, ou encore les Unités territoriales composées d’Européens réservistes, constituaient, depuis longtemps, des instruments de répressions très enracinés dans la communauté européenne et habitués à utiliser, si besoin, les méthodes les plus violentes contre les Algériens.

    Le 13 mai 1958, le général de Gaulle a profité pour revenir au pouvoir d’un mouvement au sein de l’armée française et de la population européenne d’Algérie qui allait nettement dans le sens du maintien de l’Algérie française. Mais ses mots, le 4 juin 1958, devant la foule rassemblée sur le Forum d’Alger, « Je vous ai compris ! Je sais ce qui s’est passé ici… », ne disaient rien de précis sur sa politique algérienne, si ce n’est qu’ils étaient suivis dans le même discours de l’octroi d’une pleine citoyenneté aux neuf millions de « musulmans » d’Algérie, soit une réforme beaucoup plus hardie que toutes celles que des pouvoirs métropolitains avaient tenté d’imposer aux représentants des Européens. Mais la majorité des pieds-noirs a préféré ne pas l’entendre et ne retenir, en les interprétant à leur façon, que les mots qu’il a prononcés, deux jours plus tard à Mostaganem : « Vive l’Algérie française ! Vive la République ! Vive la France ! ». Une fois installé au pouvoir, de Gaulle a précisé sa politique : le 16 septembre 1959, il a garanti le « droit des Algériens à l’autodétermination ». C’est alors que les militaires et civils d’Algérie partisans de l’« Algérie française » se sont estimés floués par celui qu’ils considéraient avoir installé au pouvoir. En janvier 1960, lors de la « semaine des barricades », des pieds-noirs se sont insurgés à Alger contre sa politique. Mais le chef de l’État a confirmé son orientation : le 14 juin 1960, il a parlé d’une « Algérie algérienne liée à la France » ; le 4 novembre 1960, d’une Algérie « qui aura son gouvernement, ses institutions et ses lois ». C’est dans ces conditions qu’un courant politique important au sein de la société européenne, nettement majoritaire dans les grandes villes et appuyé par certains militaires français, s’est opposé à cette politique en décidant de préparer un putsch. Tandis qu’au sein de cette communauté européenne d’Algérie, le courant favorable à une évolution négociée vers l’indépendance, où on trouvait des communistes, des gaullistes, des chrétiens et des juifs libéraux, n’est pas parvenu à s’organiser véritablement et a été réduit au silence par la violence des ultras.

    En novembre 1960, le général Salan, installé en Espagne franquiste, est rejoint par le général Gardy, ancien de la Légion étrangère qui lui succéderait à la tête de l’OAS, son secrétaire Jacques Marteau, condamné à mort à la Libération pour collaboration, et les initiateurs de la « Semaine des barricades » comme Pierre Lagaillarde, Jean-Jacques Susini, Jean-Maurice Demarquet et Marcel Ronda. En décembre, à l’occasion du dernier voyage du général de Gaulle en Algérie, les adversaires de sa politique et partisans de l’« Algérie française » tentent un coup de force organisé notamment par le général Jouhaud et le Front de l’Algérie française. Mais répondent des manifestations massives d’Algériens arborant pour la première fois le drapeau du FLN et, après l’échec de plusieurs tentatives d’assassinat du général de Gaulle, Salan renonce à son projet de rejoindre Alger.

    Le 8 janvier 1961, le peuple français approuve par référendum le principe de l’autodétermination de l’Algérie : 75,25 % de « oui » en métropole et 69,09 % en Algérie, et, le 30 mars, le gouvernement français annonce officiellement l’ouverture de pourparlers avec les représentants du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Mais les quartiers européens d’Algérie ont massivement voté « non » et aucune force politique organisée favorable à la recherche de la paix ne peut y émerger.

     

    Les origines franquistes de l’OAS

     

    C’est à Madrid que l’OAS a été créée en février 1961, bien que le sigle ne soit apparu surtout, à Alger comme à Paris, qu’en avril, au moment du putsch. Un putsch qui est organisé, à la fin du mois de mars, entre Madrid et Alger, par Salan, Susini et Lagaillarde, qui ont pour modèle le coup d’État du général Franco en 1936. Leur principal appui en Espagne est Ramon Serrano Suñer, beau-frère de Franco et représentant de l’aile la plus ultra du franquisme. C’est lui qui a organisé le séjour de près de six mois de Salan en Espagne et son retour en Algérie lors du putsch.

    Après l’échec du putsch, Serrano Suñer a conseillé à Salan de s’inspirer des méthodes violentes de la rébellion franquiste : « Les généraux à Alger manquent d’énergie. Ils n’ont fait fusiller ni Morin, ni Gambiez ». Jean Morin, délégué général du gouvernement français, et le général Fernand Gambiez, commandant en chef en Algérie, avaient été « simplement » arrêtés dès le début du putsch. Ajoutant : « Franco, lui, n’aurait pas hésité… À notre arrivée à Tétouan, l’état-major de la place refusait de suivre. Les officiers furent fusillés en quelques minutes. » Si certains des chefs du putsch, tels Challe ou Denoix de Saint Marc, se sont constitués prisonniers après son effondrement, ce sont bien les conseils de ce franquiste extrémiste qui ont été mis en œuvre par l’OAS à laquelle aucune force politique parmi les pieds-noirs n’a été en mesure de s’opposer.

    Avec à sa tête Salan, Jouhaud et Susini, l’OAS a bénéficié de complicités dans la population européenne qui lui a permis de réduire au silence ceux qui soutenaient la politique algérienne du général de Gaulle. Elle a déployé une violence terroriste qui, outre plus de 2500 victimes algériennes, a fait environ 400 morts parmi les militaires français (gendarmes, soldats du contingent et officiers d’active), les policiers et autres fonctionnaires français, et parmi les Européens d’Algérie. C’est incontestablement cette terreur, sans cesse croissante jusqu’en juin 1962, qui a été en grande partie responsable de l’exil et des drames qui ont frappé la population européenne d’Algérie. Malgré six ans de guerre et une adhésion croissante de la population algérienne au FLN, une grande partie de la communauté française d’Algérie a voulu croire que la victoire était toujours à portée.

     

    La guerre contre le processus de paix

     

    Avant même la signature des accords d’Évian le 18 mars 1962, l’OAS s’est lancée dans une guerre à outrance visant à entraver le processus de paix. Des commandos d’activistes ont assassiné, le 25 janvier 1961, l’avocat libéral Me Popie, tué par des hommes d’André Canal ; en France, le 31 mars, Camille Blanc, le maire SFIO d’Évian, où étaient prévues les négociations franco-algériennes ; et, le 31 mai 1961, le commissaire central d’Alger chargé de la lutte contre l’OAS, Roger Gavoury. De mai 1961 à l’indépendance, l’OAS a tué 2700 personnes, dont 2400 Algériens.

     

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     Plaque commémorative de Camille Blanc à Évian. (© Michel Tréboz)

    Le 19 mars 1962 : la fin de la guerre d’Algérie  par Gilles Manceron historien

    Le 31 mai 1961, le commissaire central d’Alger chargé de la lutte contre l’OAS

    Roger Gavoury a été assassiné par cette organisation terroriste

    Elle se manifestait par des lettres de menaces, des plasticages et un racket destiné à remplir une trésorerie qu’alimentaient aussi des hold-up. Elle recourait à des menaces d’exécution par l’envoi d’avis de condamnation à mort ou des plasticages d’avertissement. Ses complicités dans les forces de l’ordre lui permettaient de se procurer matériel, armes, voitures, uniformes et faux papiers. Elle organisait des « concerts de casseroles », comme le 23 septembre 1961, des émissions pirates de radio et de télévision, multipliait les inscriptions de slogans sur les murs (« L’OAS veille »), les tracts et diffusait une presse clandestine abondante (son journal, Appel de la France, a tiré jusqu’à soixante mille exemplaires, en janvier 1962). Les milieux policiers, majoritairement pieds-noirs dans les villes, leur étaient proches. Ceux qui désapprouvaient leur combat sans issue n’avaient pas d’autre solution que de quitter l’Algérie, malgré l’interdiction lancée par l’OAS à l’été 1961 de se rendre en France, même en vacances, ce qui a été le cas de près de 20 % de la population européenne d’Algérie dont on estime qu’elle avait déjà quitté le pays au moment des accords d’Évian.

    Elle a organisé des attentats visant des Algériens anonymes, comme l’attentat à la voiture piégée qui a fait 25 morts à Oran, le 28 février 1962 ; des plasticages, comme, dans la nuit du 5 au 6 mars 1962, avec les cent vingt explosions en deux heures à Alger qu’elle a appelés « l’opération Rock and Roll ». Elle a programmé des journées de tueries aveugles, prenant des cibles au hasard, comme, le 17 mars, des préparateurs en pharmacie. Ses commandos Deltas ont procédé à des assassinats ciblés, comme celui, le 15 mars, de six inspecteurs de l’Éducation nationale, dirigeant les Centres sociaux éducatifs, dont Mouloud Feraoun et Max Marchand.

    Les accords d’Évian avaient prévu la constitution d’un Exécutif provisoire, installé le 29 mars, présidé par Abderrahmane Farès, qui partageait la responsabilité du maintien de l’ordre avec le haut-commissaire représentant la France, Christian Fouchet. Il devait disposer d’une force locale appelée à jouer un rôle important dans la phase de transition vers l’indépendance, qui devait notamment permettre la réintégration dans la vie sociale algérienne des anciens appelés FSNA de l’armée française et des anciens supplétifs, sauf la petite minorité d’entre eux qui auraient préféré quitter le pays en suivant le repli de la France. Elle devait être composée des « auxiliaires de la gendarmerie et groupes mobiles de sécurité actuellement existant », et des « unités constituées par des appelés d’Algérie et, éventuellement, par des cadres pris dans les disponibles », c’est-à-dire parmi les Algériens mobilisables mais qui n’avaient pas été mobilisés dans l’armée française. Des auxiliaires sont également embauchés dans les villes, sous l’appellation d’Attachés temporaires occasionnels (ATO).

    Mais l’OAS a mené une guerre impitoyable contre l’exécutif provisoire. Dans ce contexte, les Algériens incorporés dans la force locale ont souvent rejoint les unités de l’ALN, et ce sont elles qui, de fait, ont assuré avec les forces militaires françaises, patrouilles et contrôles de véhicules ou de papiers aux barrages. C’est notamment le cas à Alger où le commandant Azzedine, envoyé par le GPRA pour reconstituer la Zone autonome Alger, et son adjoint, Omar Oussedik, ont collaboré avec l’Exécutif provisoire dans la lutte contre l’OAS et dans l’encadrement des Algériens qui en étaient victimes. De son côté, l’OAS, dans sa guerre sans merci contre l’Exécutif provisoire et contre les Algériens qui ralliaient massivement le FLN-ALN, a recruté parmi les très jeunes gens des villes, leur donnant la consigne de voler et maquiller des voitures, de se saisir des armes des policiers et de s’appuyer sur l’aide d’Européens complices qui mettaient à leur disposition leurs appartements, maisons et garages. Elle leur remettait des armes dans des cafés pour tuer des Algériens au hasard dans les rues, constituait des commandos de trois ou quatre hommes chargés de mitrailler des passants depuis leur voiture. À Alger, le 2 mai, un attentat de l’OAS à la voiture piégée fait 62 morts algériens. Poursuivant les journées de tueries aveugles, ce sont les femmes de ménage qui ont été prises pour cible le 5 mai.

    Cette violence visait à torpiller la sortie de guerre prévue, en cherchant à provoquer, par les assassinats aveugles d’Algériens, une réaction de leur part. L’« instruction 29 » de Raoul Salan, le 23 février 1962, est significative de cette stratégie : pour empêcher « l’irréversible » qui « est sur le point d’être commis », il fallait torpiller le processus. L’OAS a cherché à déclencher une insurrection des Français d’Algérie. Le 22 mars, des groupes armés se sont installés dans le quartier de Bab-el-Oued, ils ont tué cinq jeunes du contingent en patrouille, provoquant l’encerclement du quartier par les forces françaises, qui l’ont investi, faisant 35 morts et 150 blessés, et le coupant de l’extérieur. Dans ce contexte, le 26 mars, l’OAS a appelé les civils à manifester contre ce blocus. Rassemblés rue Michelet, les manifestants cherchant à rejoindre Bab-el-Oued se sont heurtés, rue d’Isly, à un barrage formé de tirailleurs algériens qui ont été l’objet de tirs depuis les toits et ont ouvert de feu sur la foule. Le bilan a été de 54 morts et 140 blessés. Malgré l’interdiction des départs en France par l’OAS, car synonymes d’abandon, ceux-ci se sont multipliés : en avril 1962, les Français sont 46030 à gagner la métropole, 101250 en mai, 354914 en juin, 121020 en juillet et 95578 en août. En 1963, l’Algérie indépendante ne comptera plus que 180000 Français sur son sol.

    Pour la période allant jusqu’à l’arrestation de Salan, on compte environ 13000 explosions au plastic, 2546 attentats individuels et 510 attentats collectifs. L’OAS sera réprimée : Jouhaud a été arrêté à Oran le 25 mars, Degueldre, le chef des commandos Deltas d’Alger, le 6 avril, Salan le 30 avril. C’est à ce moment que les irréductibles de l’OAS se sont lancés dans la politique de la terre brûlée, incendiant mairies, écoles et autres bâtiments publics. La bibliothèque de l’université d’Alger a brûlé le 7 juin. Mais, à Alger, Jean-Jacques Susini a pris contact avec Abderrahmane Farès, par l’intermédiaire de Jacques Chevallier, pour conclure un accord. Le 17 juin 1962, celui-ci est passé avec le Dr Chawkdeltadedei Mostefaï, membre de l’Exécutif provisoire agréé par le GPRA, même si ce dernier a démenti l’avoir approuvé ou cautionné. En échange de l’arrêt des violences, Susini a obtenu l’amnistie pour les membres de l’OAS qui quittent le pays.

    Cet accord du 17 juin a conduit à ce que les attentats cessent à Alger, mais il a été rejeté par l’OAS d’Oran, qui a poursuivi ses actions en organisant notamment ce qu’elle a appelé un « baroud d’honneur » le 25 juin, avec un terrible attentat sur le port qui a provoqué l’incendie de dix millions de tonnes de carburant et dont la fumée a obscurci toute la ville. Une violence extrême et « jusqu’au-boutiste » qui a pesé sur la suite des événements lors de l’indépendance.

     

    Le terrorisme forcené de l’OAS d’Oran

     

    Depuis l’installation à Oran, en août 1961, de Jouhaud comme chef de l’OAS locale, elle n’avait cessé de développer une violence meurtrière. En janvier et février 1962, ses commandos organisés en « collines » ont multiplié les attentats à la bombe et les assassinats, visant aussi bien des Européens que des Algériens. En toute impunité, le 13 janvier 1962, un commando de six hommes déguisés en gendarmes s’est présenté à la prison civile d’Oran avec de faux papiers signés par le préfet et, grâce à la complicité des gardiens, s’est fait remettre quatre militants du FLN condamnés à mort : Lahouari Guerrab, Mohamed Freh, Sabri et Si Othmane, qui seront retrouvés quelques heures plus tard assassinés dans le bois de Canastel. Le 2 février, les époux Abassia et Mustapha Fodil sont assassinés à la clinique du Front de mer ; le commandant de gendarmerie André Boulle l’est le 6 février ; le directeur des PTT, le 15 février ; le 22 février, le maire de Télagh, Quiévreux de Quiévrain, détenu jusque là à la prison d’Oran, est enlevé à la gare lors de son transfert vers Blida et retrouvé assassiné avenue de Saint Eugène.

    Les autorités civiles et militaires françaises avouent ouvertement leur incapacité à lutter efficacement contre l’OAS tant elle jouit de complicités dans la population européenne, chez les douaniers, les gardiens de prisons, les pompiers, et, surtout, dans la police et l’armée. C’est avec pour mission de démanteler cette organisation terroriste que le ministre des Armées, Pierre Mesmer, envoie à Oran le général Joseph Katz, qui y arrive le 19 février.

    Le 23 février, le jour où Salan publie son « instruction n° 29 » appelant à la guerre civile, un conseiller général musulman proche du FLN, Ouali Chaouch, est abattu en pleine ville européenne. Plastiquages, assassinats, lynchages, ratonnades, tirs de mortier, de grenades, de snipers à partir des immeubles, se succèdent. La journée du 28 février est la plus sanglante. Le matin, deux jeunes soldats du contingent sont mitraillés par un commando OAS en voiture. En fin d’après midi, peu avant la rupture du jeûne du ramadhan, deux voitures piégées dans lesquelles on a placé deux obus 105 et qu’on a stationnées derrière deux kiosques à tabacs, en plein milieu du quartier musulman de Medina Jdida, dans le but de faire le maximum de victimes, explosent. Les gens accourus doivent ramasser, lambeaux par lambeaux, des corps en charpie qui ne pourront jamais être identifiés. Des blessés, dirigés vers l’hôpital civil par des ambulances militaires, sont achevés dans leur lit par un commando OAS. L’attentat « est le plus sanglant de la guerre d’Algérie », a écrit J.-P. Renard, dans Paris-Presse du 2 mars 1962. Le nombre des victimes ne sera jamais connu, les estimations officielles étant de 80 morts et 150 blessés. Seules 27 victimes ont été identifiées, dont un enfant de 10 ans, la petite Aïcha Djiari, qui accompagnait son père Abdelkader Djiari au moment du drame. Le lendemain, les membres de l’organisation locale du FLN ont eu beaucoup de mal à dissuader les manifestants de se diriger vers la place des Victoires, au cœur de la ville européenne.

    L’horreur s’est renouvelée le 5 mars, quand, à deux jours de la fin du ramadhan, un commando de l’OAS d’une trentaine d’hommes vêtus d’uniformes militaires a réussi, avec la complicité des gardiens, à introduire dans la cour intérieure de la prison civile deux voitures pleines de plastic, de bidons d’essence et de butane. L’explosion a provoqué la mort de nombreux détenus algériens, asphyxiés ou brûlés vifs dans leurs cellules, des dizaines d’autres étant gravement blessés. Au total, l’OAS a fait à Oran, entre 1961 et 1962, plus de 1100 victimes civiles algériennes, a affirmé l’historien algérien Sadek Benkada, qui en a entrepris le recensement. Et ces violences ont duré au-delà de la trêve conclue par l’OAS d’Alger, jusqu’à la veille du referendum d’indépendance du 1er juillet.

    L’armée française a subi, elle aussi, des pertes imputables à l’OAS. A Oran, du 19 mars au 1er juillet 1962, elles se montent à plus de 90 officiers et une cinquantaine d’hommes. Notamment, le 14 juin 1962, l’assassinat du général Philippe Ginestet, commandant le corps d’armée d’Oran, et du médecin-colonel Mabille, venus s’incliner à la morgue devant la dépouille mortelle du lieutenant-colonel Mariot, chef de corps du 5e RI assassiné la veille ; du lieutenant-colonel Pierre Rançon, puis son successeur le commandant Maurin ; du chef de bataillon Bardy, qui commandait les groupes mobiles de sécurité, enlevé et dont le cadavre fut retrouvé le 27 mars 1962 dans un terrain vague ; du lieutenant Ferrer et le sous-lieutenant Moutardier.

     

    Les violences contre les Européens enlevés

     

    La violence de l’OAS a provoqué des vengeances, enlèvements et tortures, de la part de groupes armés qui prétendaient agir au nom de la lutte contre l’OAS. À Alger, le 14 mai, le commandant Azzedine a envoyé ses hommes, en petits commandos, exercer des représailles au hasard dans les quartiers européens qui ont fait 17 morts. Après le cessez-le-feu, les rangs de l’ALN se sont grossis de combattants de la dernière heure, dont des hommes venus de la force locale, appelés les « marsiens », dont certains ont pu vouloir racheter par leurs excès de zèle un engagement tardif. Les hommes du FLN-ALN qui prennent le pouvoir après le cessez-le-feu sont mus par une forme de réappropriation du pays qui implique, pour certains d’entre eux, le départ de tous les Français. À cela s’ajoute la convoitise de leurs biens, boutiques, logements, etc. Depuis les textes du congrès de la Soummam qui promettaient, en août 1956, de faire une place dans l’Algérie indépendante à tous les Européens et Juifs qui le voudraient, six années d’une guerre terrible, dont dix-huit mois de terrorisme de l’OAS, ont changé l’état d’esprit d’un certain nombre de militants du FLN. Le GPRA, qui a accordé à Évian des garanties aux Européens qui voudraient rester, ne contrôle pas les combattants de l’intérieur. Et le gouvernement français, après le cessez-le-feu, maintient une ligne de non-intervention,  pour éviter le risque de rallumer la guerre.

    Le 5 juillet, à Oran, des violences se produisent au cœur même de la liesse de l’indépendance. L’historien algérien Fouad Soufi, qui les a étudiées, écrit que « dans le centre de la ville d’Oran, des hommes, des femmes et des enfants algériens et européens trouvent la mort dans des conditions atroces, non encore élucidées, tandis que dans un quartier périphérique des Européens sont sauvagement assassinés. » Pierre Daum le confirme dans un article du Monde diplomatique de janvier 2012 :

    La fête se transforma soudain en tuerie. Pendant quelques heures, une chasse à l’Européen s’organisa, et des dizaines, voire des centaines d’hommes et de femmes furent massacrés à coups de couteau, de hache et de revolver.

    Il explique qu’à partir de l’été 1961, l’extrême violence de l’OAS contre les Algériens avait provoqué une ségrégation totale des populations, les quartiers Centre-Ville, Saint-Antoine, Plateau-Saint-Michel, Gambetta, Saint-Eugène, étant devenus à 100 % européens ou juifs, tandis que Ville-Nouvelle (Medina Jdida), Lamur, Médioni, Victor-Hugo et Petit-Lac se sont retrouvés entièrement « musulmans ». Début 1962, Ville-Nouvelle, le quartier musulman le plus proche du centre-ville, a dû être isolé de celui-ci par des barrages de barbelés.

     

    Les responsabilités de l’OAS

     

    Le rôle de l’OAS reste en grande partie un non dit de l’histoire de la guerre d’Algérie. Les violences exercées contre des Européens lors de l’indépendance – du 19 mars au 31 décembre 1962, d’après le bilan officiel, on a compté 3 018 Français d’Algérie enlevés, dont 1 245 ont été retrouvés, 1 165 sont décédés, et 608 restés disparus – doivent être replacées dans ce contexte. Un contexte qui explique notamment pourquoi les violences dont ont été victimes des européens se sont surtout produite en Oranie.

    Les pratiques de l’OAS ont choqué profondément l’opinion publique de métropole, où le nombre total de ses victimes s’élèverait à 71 morts et 394 blessés. Le 8 février 1962, à l’appel des partis de gauche et des syndicats, une manifestation contre les attentats de l’OAS et pour la paix en Algérie, brutalement réprimée par la police faisant neuf morts au métro Charonne, a convaincu les Français de métropole qu’il fallait tourner la page coloniale en Algérie. Mais le rôle négatif qu’y a joué l’OAS du point de vue de l’avenir de la communauté européenne dans ce pays n’est pas suffisamment souligné. C’est seulement en réparant cette lacune qu’on peut expliquer pourquoi un processus de réconciliation et de dépassement du colonialisme, comme celui qui aura lieu trente ans plus tard en Afrique du Sud, n’a pu se produire en Algérie.


    Le 19 mars 1962 : la fin de la guerre d’Algérie

    Le 19 mars marque le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie qui a rendu possible en 1962, après plus de sept ans de guerre, la fin du conflit et l’indépendance du pays.

    Depuis décembre 2012, c’est officiellement la Journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de cette guerre. La date est contestée par certains élus et forces politiques d’extrême droite et de droite extrême au prétexte qu’il y eut encore des victimes dans les mois qui ont suivis, notamment parmi les pieds-noirs et les harkis. Mais cet argument cache souvent une nostalgie de l’Algérie française et une sympathie pour ceux qui se sont opposés à la fin de la guerre.

    La nécessaire reconnaissance du passé colonial


    Le refus d’accepter que le 19 mars soit la Journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de cette guerre est révélateur de ce que la France a des difficultés à regarder en face la page coloniale de son passé. Des mouvements contradictoires divisent l’opinion, le pays se trouve, sur cette question, à la croisée des chemins. Il se demande s’il doit se situer dans la continuité de ce passé, ou en rupture avec lui. Affronter ce passé n’est pas seulement une question qui intéresse les historiens, c’est une question qui concerne aussi le présent et l’avenir de toute la société, qui est à la base des préjugés et des stéréotypes qui sont à la base des principales discriminations de notre société d’aujourd’hui.
    C’est durant la colonisation des XIXe et XXe siècles, dont l’épisode principal a été la conquête et la colonisation de l’Algérie, qu’on a placé les « races humaines » sur une sorte d’échelle hiérarchique en fonction de leur niveau supposé de « civilisation ». Les mentalités forgées durant l’époque coloniale, les représentations sur lesquelles elle s’est appuyée n’ont pas disparu du jour au lendemain. La société française vit un moment où le détour par ce passé est pour elle un passage obligé pour répondre à un certain nombre de questions sur son présent.
    Cinquante-quatre ans après la signature des accords d’Évian, on n’arrive toujours pas à dépasser le « contentieux historique » entre l’Algérie et la France. Une guerre des mémoires s’est poursuivie depuis un demi-siècle. Toutes les interprétations différentes de cette fin de guerre ont pu perdurer dans notre pays, dont les mythes anciens sur « l’œuvre coloniale civilisatrice » et le déni officiel des crimes coloniaux. Le courant anticolonial dans la société française était très minoritaire en 1962. Depuis, aucune parole officielle n’est venue lui donner raison. Il n’a cessé de se heurter à la résurgence des préjugés anciens qui ont eu tendance à prendre des formes nouvelles, le racisme anti-arabe se portant notamment sur la question religieuse et se transformant en islamophobie (racisme antimusulmans).
    Jusqu’à aujourd’hui, la France officielle a persisté dans le déni de ses crimes coloniaux en Algérie. La reconnaissance par la République de ces pages peu glorieuses de son passé est seule à même de jeter un regard apaisé sur cette guerre et sur la longue période de conquête et de domination qui l’a précédée de 1830 à 1962 et de permettre d’entrevoir un avenir meilleur pour les deux pays. Pendant sa présidence, Nicolas Sarkozy n’a cessé, dans un but électoral, de faire des clins d’œil aux nostalgiques de l’Algérie française, regroupés essentiellement à l’extrême droite. Après la loi de 2005 sur la « colonisation positive », il a utilisé le thème du « refus de la repentance », quand il ne s’agit pas de « repentance » mais de « reconnaissance ». Alors que, pendant une vingtaine d’années, cette fraction de l’opinion ne pesait pas lourd parmi les forces politiques du pays, cela l’a conduit à faire réapparaître au grand jour leurs discours racistes et colonialistes. Avec lui, cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, on a assisté à la résurgence de haines anciennes. Mais, en face, se sont manifestés la volonté de comprendre des nouvelles générations, le travail des historiens et les efforts de nombreuses associations pour prendre en compte la mémoire des ancêtres colonisés d’un nombre important de nos concitoyens d’aujourd’hui.
    Pour progresser vers une perception apaisée du passé, il faut dépasser ce ressassement des mémoires meurtries, il faut accepter la libre recherche historique et entendre toutes les mémoires, à l’écart de toutes les instrumentalisations officielles. Afin qu’une connaissance se développe sur la base des regards croisés des historiens des différents pays.
    Gilles Manceron


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  • Une toute petite brève qui me permet de confirmer une fois de plus que mon blog n’est pas un blog de la FNACA mais un blog personnel… C'est pourquoi je demande aux responsables de tous les sites ci-dessous de supprimer le terme "FNACA Chalon Sud ou même FNACA Bourgogne" concernant mon blog... En cliquant sur chacun des liens ci-dessous vous verrez que le lien de mon blog est présent... Je n'en demande pas tant... Une moyenne de 500 visiteurs par jour me suffit déjà amplement. Merci de bien vouloir corriger.

      Site de la commune de Châtenoy-en-Bresse  

      vivre-a-chalon.com  

      Site de la Commune d'Epervans  (site en (re) construction pour le moment)

      Oslon.fr  

      Site de la mairie d'Allériot  

     Comité de Vaux-sur-Mer   http://fnacavaux.e-monsite.com/   

       FNACA DE L'HERAULT  (cliquez sur Multimédia puis sur liens web utiles)

    http://fnaca34.fr http://fnaca34.fr/index.php/galerie/liens/2015-04-28-05-13-48 

        Site de la Commune de Saint-Marcel  

         Site de la Commune de Saint-Rémy  

           

    Ils n'osent même plus mettre le terme 

    de 19-Mars-1962 sur leurs plaques  

    Pour moi ce genre de plaques

     est sans valeur !!! 

    Ils n'osent même plus mettre le terme  de 19-Mars-1962 sur leurs plaques..   pour moi ce genre de plaques   est sans valeur !!!

    A Châtenoy-en-Bresse, petite commune proche  de Chalon-sur-Saône, une plaque en mémoire des combattants d’Afrique du Nord a été dévoilée samedi matin dans la cour d’honneur du château… Mais ce n’est qu’une plaque anonyme, a bien précisé le maire… Anonyme ? cela veut dire quoi ? Eh bien tout simplement la date du 19-Mars-1962 est occultée volontairement… Mais ce genre de réactions ne fait que donner du « grain à moudre » à tous ceux qui veulent faire disparaître la commémoration officielle du 19-Mars-1962, commémoration rendue officielle par la loi du 6 décembre 2012… C’est ainsi qu’ils étaient tous là… la FNACA mais aussi l’UNC…Ici la hache de guerre est enterrée… C’est l’union sacrée !!!

    Mais à tous ces combattants (anciens) je leur dis «  que vous le vouliez ou non, concernant la guerre d’Algérie, si une date restera dans les livres d'Histoire, quand nous aurons tous disparus… c’est bien le 19-Mars-1962 "…

     


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  • Traité d'"enfoiré de gaulliste" par le Front national, Christian Estrosi suspend une séance du conseil régional de PACA… mais Estrosi n'est qu'un gaulliste de pacotille...

    Traité d'"enfoiré de gaulliste" par le Front national, Christian Estrosi suspend une séance du conseil régional de PACA… mais Estrosi n'est qu'un gaulliste de pacotille...

    Le ton était singulièrement monté en marge d'un débat sur la reconnaissance et la valorisation des harkis en Provence-Alpes-Côte d'Azur. L'examen des mesures en faveur des Algériens engagés aux côtés de l'armée française pendant la guerre d'indépendance avait commencé dans l'unanimité, dans une région qui accueille l'une des plus importantes communautés de rapatriés d'Algérie. Mais le débat s'est enflammé autour d'un amendement FN qui visait, selon le conseiller régional FN Philippe Vardon, à ce que les études que va lancer la région "affirment le rôle positif de la présence française en Algérie tout autant que la reconnaissance de la France à l'égard des forces supplétives et assimilées pendant les opérations de maintien de l'ordre en Algérie", c'est-à-dire la guerre d'Algérie.

    Thibault de la Tocnaye, dont le père, Alain, était membre de l'OAS et impliqué dans l'attentat du Petit-Clamart contre Charles de Gaulle, a par la suite présenté ses excuses pour "des propos un peu outranciers", à la reprise de la séance...

     

    Attentat du Petit Clamart Alain de la Tocnaye

    fusillé il y a 53 ans

    Traité d'"enfoiré de gaulliste" par le Front national, Christian Estrosi suspend une séance du conseil régional de PACA… mais Estrosi n'est qu'un gaulliste de pacotille...

    Le 11 mars 1963 à l’aube, ce Lorrain était passé par les armes, condamné à la peine de mort pour avoir organisé l’attentat du Petit-Clamart qui a failli coûter la vie à de Gaulle.

    Rions bien fort avec Christian Estrosi 

    Christian Estrosi, le maire de Nice « a changé ». Haha c'était une blague. En fait non, c'est vraiment ce que le maire de Nice explique désormais, après sa victoire aux régionales, en PACA… grâce aux voix socialistes qui s’étaient retirés pour faire barrage au FN.  L'occasion de se rafraîchir la mémoire avec ses pires sorties droitières. 

    Christian Estrosi « a changé. » Lui aussi, transformé, « tourneboussolé », bouleversé, chambardé, culbuté par « son élection » inespérée à la tête de la région PACA. 

    La mue avait commencé au cours de l'automne 2015. Très vite en effet, le maire de Nice aux discours habituellement musclés, a fait un constat très simple : marcher sur les plates-bandes du FN, sur les terres labourées par la très populaire Marion Maréchal-Le Pen, ça ne marche pas. 

    A gauche toute. Les indices de sa « dédroitisation » se sont alors multipliés pour culminer avec son discours post-électoral du 13 décembre 2015 : « que soient remerciés celles et ceux qui à gauche ont fait le sacrifice de se retirer pour cette victoire. »  

    C’est d’ailleurs peut-être à eux que s’adressait Christian Estrosi dans une interview accordée à Paris Match. Méconnaissable, l’ancien soldat de Sarkozy dit attendre désormais « des mots qui apaisent » (si si). « Nicolas Sarkozy est un ami, je le respecte. Mais contrairement à lui, je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN », poursuit-il. Et de conclure : « Je ne veux rentrer dans le jeu des petites phrases. » 

    Il n’y a pas si longtemps, Christian Estrosi en faisait pourtant sa spécialité. Petit tour (non exhaustif) des plus grandes sorties droitières de l’intéressé : 

    >>> La 5e colonne
    Au printemps dernier, l’ex-UMP n’avait pas hésité à parler de « cinquièmes colonnes » islamistes et de « troisième guerre mondiale » : La France doit « faire face à des "cinquièmes colonnes" islamistes », une "troisième guerre mondiale" en somme déclarée à "la civilisation judéo-chrétienne" par "l'islamo-fascisme". Des propos dont l'eurodéputé (alors FN) Aymeric Chauprade avaient revendiqué la paternité. 


     La théorie de la "cinquième colonne" c’est Estrosi 

     et d’autres qui en ont parlé 

    Le concept de la "cinquième colonne" induit qu'une organisation dormante s'affaire à fomenter un complot pour faire tomber un État. Comme ceci est expliqué par Vice, l'expression remonte à la guerre civile espagnole (1936-1939), à l'époque où les républicains estimaient que des franquistes infiltrés à Madrid avaient facilité la prise de la ville. Reprise au moment de la débâcle en France en 1940, cette expression évoque aujourd'hui l'idée d'une organisation secrète obéissant à des ordres venus de l'extérieur.  

    Dans le cas de Christian Estrosi, l'idée est la suivante: il y aurait sur notre territoire une "cinquième colonne" islamique qui se prépare à entrer en guerre contre la France. "C'est une troisième guerre mondiale qui nous est déclarée, il faut en être conscient", a par ailleurs prophétisé le maire de Nice expliquant que ce complot s'organise via "des réseaux infiltrés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clandestins". Une thèse alarmiste qui va même plus loin que la position officielle du Front national. 

    >>> Mosquées
    « Tant que je serai maire de Nice, le centre cultuel et culturel musulman En-Nour (ndlr qui devait comporter une salle de prière) n'ouvrira pas ! » (Reportage du Monde, octobre 2013) 

    >>> Les Roms
    « J'en ai maté d'autres, je vous materai (...). La première chose que je fais, c'est de vous mettre des caméras partout, pour surveiller vos faits et gestes dans les quelques heures qui viennent. » (Europe 1, juillet 2013) 

    >>> Sur la mort de Zyed et Bouna (après la relaxe des policiers mis en cause lors de la course poursuite qui a conduit à la mort des adolescents)
    « Les familles n’ont qu’à éduquer leurs enfants et faire en sorte qu’ils ne soient pas des délinquants », analyse Estrosi sur i-télé. Il confond en réalité Zyed et Bouna avec deux autres jeunes de Villiers le Bel, morts également (en 2007) alors qu’ils étaient en scooter, poursuivis par la police. 

    >>> « Vive l'Algérie française ! »
    « Vive l'Algérie française ! », a scandé Estrosi à l’issue d’une marche de harkis et pieds-noirs à Nice, en octobre 2012. « Je n'ai pas à faire de devoir de repentance à l'égard de l'oeuvre civilisatrice de la France avant 1962 et je ne suis pas un nostalgique de l'Algérie française », s’est-il justifié ensuite sur LCI.

    Estrosi le gaulliste de pacotille, le gaulliste

    à mi-temps...

    Christian Estrosi, ancien ministre, député, ancien maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte-d'Azur et président de l'association des "Amis de Nicolas Sarkozy", ayant fait de la sécurité son crédo et des déclarations dignes du FN son habitude, aime à s'auto-proclamer "gaulliste social".

    Qu'en est-il exactement ? De quel gaullisme parle-t-on ? Quelle est la cohérence idéologique du "fils de Nice" ?

     Le gaullisme à mi-temps

    On croyait Christian Estrosi adepte du gaullisme social. On le découvre moins social qu'il n'y parait et, au final, moins gaulliste aussi. En réalité, il est le valeureux fondateur d'un nouveau courant politique : le gaullisme à mi-temps.

    En bon gaulliste, Christian Estrosi ne manque pas de célébrer tous les ans l'appel du 18 juin du Général de Gaulle en l'honneur duquel il a fait ériger une statue massive à Nice.

    Mais, le 19 mars, journée nationale du souvenir en mémoire des victimes des deux camps, de la guerre d'Algérie et des conflits au Maroc et en Tunisie, date des accords d'Evian signés par ce même Général de Gaulle, Christian Estrosi s'oppose à toute commémoration. Soignant plus que de mesure son électorat pied-noir et ses relants pro "Algérie française", le maire de Nice a fait ériger une stèle symbolisant la fracture que représentent selon lui les accords d'Evian. Il alimente, à des fins purement électoralistes, un sentiment d'appartenance communautaire. Pour bien enfoncer le clou, il a fait poser une plaque à la mémoire des combattants morts... après le 19 mars (lire ici et ici) !

    Telle est, au final, la cohérence idéologique du député-maire de Nice : un gaullisme de façade, à mi-temps, faussement social. En bref, un gaullisme de pacotille.

      La non commémoration du 19 mars 1962 c’est encore Estrosi

    et bien d’autres…  



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  • Film du Centenaire de l’ONAC :

     deux "oublis"

    Lettre ouverte du 14 décembre 2016

    d’Henri POUILLOT

     à Madame Rose-Marie ANTOINE
    Directrice de l’ONAC-VG

    Film du Centenaire de l’ONAC :   deux "oublis"  Lettre ouverte du 14 décembre 2016  d’Henri POUILLOT   à Madame Rose-Marie ANTOINE Directrice de l’ONAC-VG

    Madame la Directrice,

    Jeudi 8 décembre dernier, dans les Yvelines, se déroulait une journée commémorative pour le Centenaire de l’ONACVG, présidée par Monsieur le Préfet du département. A cette occasion, le film retraçant l’histoire de l’Office a été projeté.

    La devise de l’ONACVG est y rappelée : "Mémoire et Solidarité". 

    C’est un rappel historique assez exhaustif des épisodes douloureux rappelant les types de combattants, victimes des conflits où la France a perdu de ses enfants qui y a été retracé. Cependant deux "oublis", que l’on ne peut que penser volontaires, politiques, tant le défilé des évènements est encadré par d’éminents historiens spécialistes de ces différentes périodes évoquées est profondément choquant : La Résistance et les Guerres coloniales.

    1er oubli : "La Résistance". A ce sujet, les deux seules évocations fugaces sont la remise des prix de la Déportation et de la Résistance aux élèves, et une affiche montrant le portrait de Jean Moulin sans rappeler à ce sujet, qu’il était préfet, résistant et que c’est pour cela qu’il en est mort. Son nom n’a même pas été cité !!!

    Les résistants furent bien des combattants et leur courage, leurs sacrifices sont un des éléments déterminants de la victoire sur le nazisme. Dans ce film, seules, dans cette période, les victimes de la SHOAH ont été évoquées. Pourtant la barbarie nazie n’a pas épargné : les politiques, les résistants, les tziganes, les homosexuels, les otages (et les "Fils de Tués"), les civils… et ils auraient donc dû également être citées.

    Il n’est pas évoqué non plus, et pourtant cela aurait dû être un élément important du travail de mémoire de l’ONACVG dans un tel film : le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) élaboré par les Résistants pour des "Jours Heureux". Dans la période actuelle où sont remis en cause (ou menacés d’être complètement abandonnés) des acquits sociaux importants (Sécurité Sociale, droit du travail, services publics, nationalisations, …), on est en droit de s’interroger si cet "oubli" n’est pas une volonté politique délibérée pour cacher un passé glorieux, qui a permis, alors, un progrès social très important, dans une période où la France était dans une situation économique très difficile, et qui encore aujourd’hui permet des protections substantielles à une majorité de notre population .

    2ème oubli : au sujet des guerres coloniales. Certes la Guerre de Libération de l’Algérie, ainsi que celle de l’Indochine sont évoquées. Mais la guerre de Libération du Cameroun, de Madagascar… sont totalement occultées, et pourtant ce furent des dizaines de milliers de morts.

    Pour la Guerre d’Indochine, les exactions françaises sont totalement oubliées (torture, viols, utilisation du napalm et des défoliants dont la dioxine perpétue des drames, encore aujourd’hui…)

    Pour la Guerre de Libération de l’Algérie deux points sont évoqués, mais de façon contestable parce que présentés de façon réductrice :
    Un détail : mais des appelés ont passé jusqu’à 36 mois (et non pas seulement 20 comme cela est évoqué) sur le territoire Algérien et beaucoup sont revenus traumatisés.
    Certes le 25 septembre un début de reconnaissance relative aux Harkis a été faite, mais incomplète, limitée, travestie : ce sont des victimes du colonialisme, beaucoup ont été enrôlés de force et n’étaient pas des volontaires. Ils restent discriminés puisque la cérémonie d’hommage qui leur est rendue est faite à une date différente des autres militaires morts en Algérie, les considérant, de ce fait, comme des soldats de seconde zone.
    Mais surtout, l’"oubli" est dans la nature des exactions dont la France porte la responsabilité (10 ans après la Seconde Guerre Mondiale, et dont certaines sont comparables, en horreur, la barbarie nazie) et qui, à ce jour, ne sont toujours pas reconnues et condamnées officiellement :
    - les crimes d’Etat : 8 Mai 1945, 17 octobre 1961, 8 février 1962,
    - les crimes de guerre : utilisation du napalm (600 à 800 villages rasés : des Oradour-sur-Glane algériens), l’utilisation du gaz VX et Sarin
    - les crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements)….
    Déjà pendant la Guerre d’Indochine, un certain nombre de crimes identiques avaient été commis, et ne sont pas encore aujourd’hui, pas eux non plus, reconnus condamnés…

    Quand l’ONAC se vante, généralement à juste titre, de donner toute sa place à la mémoire pour que les jeunes générations puissent ne pas oublier les sacrifices de leurs ancêtres, sacrifices qui ont construit une part importante de notre histoire nationale, sur les valeurs de Notre République, ces "oublis" sont significatifs.  

    A la fin de la cérémonie, deux résistants qui ont œuvré depuis les années 1950 auprès de l’ONACVG, ont reçu la médaille d’or de l’Office : belle récompense mille fois méritée, mais qui avait un goût amer pour eux, à cause de cet "oubli" de la Résistance dans laquelle ils ont tant été impliqués et comptent tant d’amis et camarades disparus pour avoir défendu les mêmes causes, les mêmes valeurs qu’eux.

    Ce film nécessiterait donc absolument d’être complété par deux chapitres consacré à ces "oublis" pour pouvoir remplir son rôle pédagogique annoncé, sinon dans l’état actuel il est dangereux pour les futures générations. Actuellement, il est visible sur Internet : il serait souhaitable que sa diffusion soit retirée sous cette version.

    En espérant que ces remarques pourront être prises en compte rapidement, je vous prie d’agréer, Madame la Directrice, nos plus sincères salutations.

    Henri POUILLOT
    Président de l’ARAC des Yvelines.
    Vice –Président de l’UDAC-78, Membre du Comité des Yvelines de l’ONAVVG
    Témoin de la Guerre de Libération de l’Algérie (Torture à la Villa Susini à Alger 1961/62)

    P.S. :  

    Copie de cette lettre transmise au ministre Jean-Marc TODESCHINI Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants

    Monsieur le Ministre,
     

    Veuillez trouver ci-jointe la lettre adressée à Madame la Directrice de l’ONACVG au sujet du Film du centenaire de l’ONACVG.

    Elle exprime les critiques qu’inspire cette initiative. De tels "oublis" ne peuvent être que volontaires, compte-tenu de l’encadrement réalisé par les éminents historiens retenus pour authentifier la véracité historique. Ils ne peuvent être qu’une volonté politique de falsification de l’Histoire de la France, alors que l’annonce est justement de vouloir transmettre de façon pédagogique aux futures générations l’histoire de notre Pays.

    Nous attendons une réaction de votre ministère pour corriger ces "oublis", en espérant que ces remarques pourront être prises en compte rapidement, Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, nos plus sincères salutations.

    Henri POUILLOT.

    SOURCE : http://henri-pouillot.fr/spip.php?article653&lang=fr

     


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  • Renaud de Rochebrune : «En Algérie comme en France, la guerre d’Algérie n’est toujours pas finie en 2016»

     

    Renaud de Rochebrune : «En Algérie comme en France, la guerre d’Algérie n’est toujours pas finie en 2016»

    « On verra si les militaires continuent à jouer de leur influence, dans des jeux de l’ombre, pour nommer le successeur de Bouteflika. Le renouvellement générationnel est toutefois inévitable pour une simple question d’âge. »

    Spécialistes de la guerre d’Algérie, Renaud de Rochebrune, journaliste, éditeur et écrivain, et Benjamin Stora, historien et professeur des universités, ont consacré de nombreuses années à étudier ce conflit. Ils viennent de publier le tome II de La guerre d’Algérie vue par les Algériens (De la bataille d’Alger à l’Indépendance) chez Denoël, alors même que le premier tome (Des origines à la bataille d’Alger) vient d’être publié en Folio. Un ouvrage d’une grande qualité qui donne la parole aux acteurs de la guerre de l’autre rive de la Méditerranée et dévoile des documents inédits.

    Plus de cinquante ans après sa fin, la guerre pour l’indépendance reste-t-elle au cœur des légitimations du pouvoir algérien ?

    La guerre d’indépendance est un instrument essentiel, indispensable même, pour légitimer les hommes politiques en Algérie. Tous les présidents successifs l’ont utilisée et ont héroïsé la victoire qu’ils disent militaire – ce qui est bien sûr discutable - contre la France. Encore à l’occasion du dernier anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2016, le président Bouteflika a tenu à réitérer sa fidélité au message du 1er novembre 1954 (déclaration de la guerre) et a justifié la confiscation des biens des Pieds noirs. En Algérie, on parle de la guerre contre l’ancienne puissance coloniale au présent. Le caricaturiste algérien Dilem a bien résumé avec humour la situation dans un de ses dessins. On y voit un gosse demander à son grand-père de lui raconter la guerre d’Algérie. Ce dernier lui répond : « C’est très simple, tout commence en 1962 » [Ndlr : une fois que tout est fini].

    N’y a-t-il pas aussi une guerre des mémoires en France où les politiques ont longtemps rechigné à reconnaître, entre autres dénis, les bavures de l’armée ?

    Cela reste bien sûr un sujet très sensible. D’autant que, plus que d’autres, la guerre d’Algérie fut, à tous points de vue, une guerre sale, qui a provoqué en moyenne la mort de plus de 100 personnes par jour pendant 7 ans et demi. En rapport au nombre d’habitants, le conflit a provoqué presque autant de morts, côté algérien, que la Première Guerre mondiale pour la France alors même que l’armée du colonisateur faisait face, pour l’essentiel, à des petits groupes de combattants, voire à des guérilleros ! Que les mémoires soient instrumentalisées, c’est certain. Le massacre de nombreux harkis à l’été 1962 est souvent utilisé à des fins électoralistes. La France a certes ouvert une grande partie de ses archives mais, aussi incroyable que cela paraisse, l’Assemblée nationale n’a reconnu officiellement qu’on pouvait parler d’une Guerre d’Algérie – et pas seulement d’« événements » - qu’en 1999. Les travaux des chercheurs, les aveux du général Aussaresses sur les tortures, les regrets du général Massu avant son décès ou ceux exprimés par certains représentants de la France outre Méditerranée, ont certes produit leur effet et parfois permis d’améliorer la relation franco-algérienne. Mais l’adoption provisoire d’une loi sur les bienfaits de la colonisation en 2005 a provoqué une levée de boucliers en France comme en Algérie. Nicolas Sarkozy a restitué la carte des mines et des archives audiovisuelles, et dénoncé le système colonial. Pas assez pour les Algériens et beaucoup trop pour les Pieds noirs. Et quand François Hollande ira assez loin dans la reconnaissance des crimes de l’armée française, il sera accusé par beaucoup, Marine Le Pen en tête, d’en faire trop et en particulier de nourrir l’hostilité des Algériens de France à l’égard de leur nouveau pays.

    En Algérie, les enfants de la révolution n’ont-ils pas continué à se dévorer entre eux après la guerre ?

    Les guerres fratricides et les occultations de mémoire ont commencé bien avant la fin de la guerre. Le leader historique de la lutte pour l’indépendance dès les années 1920, Messali Hadj, a été combattu férocement par le FLN après avoir fondé le Mouvement national algérien (MNA) peu après le début du conflit le 1er novembre 1954 et il a été quasiment rayé de la mémoire ensuite. La lutte entre les deux organisations rivales, une véritable guerre dans la guerre, provoquera quelque 4 000 victimes sur le sol de la métropole et 6 000 en Algérie entre 1954 et 1962. Jusqu’à aujourd’hui, quand on veut discréditer quelqu’un en Algérie, on lui prête des rapports avec l’ancien colon, on dit qu’il appartiendrait au « parti de la France » (Hibz franca), comme si une telle formation fantôme ennemie du pays indépendant existait. Ou on le qualifie encore de traître à la moindre occasion : suite à la publication d’un livre anglo-saxon, dernièrement, dans la presse nationale, on a remis en cause la loyauté de l’ancien chef des commandos du FLN à Alger, Yacef Saadi, pourtant condamné à mort trois fois par les Français après son arrestation par les paras fin 1957. Si l’on met à part peut-être l’URSS à ses débuts, l’Algérie est un des seuls cas au monde où les veilles comme les lendemains de la victoire révolutionnaire furent à ce point violents. Dès la fin de 1957, la tête politique du FLN Abane Ramdane est physiquement liquidée après avoir été attirée dans un piège au Maroc par les autres chefs indépendantistes. Mohamed Khider, le trésorier du FLN, sera assassiné à Madrid en 1967. Krim Belkacem, un des premiers maquisards, l’homme qui a conduit pour le FLN les négociations d’Evian, sera retrouvé étranglé dans une chambre d’hôtel à Francfort en 1970. Rappelé à la tête de l’État, en janvier 1992, en pleine crise après les succès électoraux des islamistes, Mohamed Boudiaf, l’organisateur du 1er novembre 54, sera assassiné cinq mois plus tard par un membre de l’armée. Même pendant la décennie noire, militaires et islamistes ont tenté de se parer d’une légitimité historique et comparé parfois leur combat à une continuation de la guerre d’indépendance…

    Abdelaziz Bouteflika sera-t-il le dernier survivant de la guerre d’Algérie à diriger le pays ?

    Vraisemblablement, pour de simples raisons biologiques : la guerre est finie depuis près de 65 ans. Il ne serait pas président s’il n’en avait pas été un acteur important, après avoir rejoint l’Armée de libération nationale (ALN) à 19 ans en 1956. En 1961, Houari Boumediene, devenu chef d’état-major général de l’ALN, l’envoie en France pour obtenir le soutien des chefs historiques comme Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Rabah Bitat, détenus au château d’Aulnoy. Son but est de conclure une alliance avec Boudiaf mais ce dernier y rechigne. Bouteflika a sondé aussi Ben Bella, qui se déclare intéressé. Il scelle ainsi l’alliance d’après guerre. Ben Bella sera installé au pouvoir en 1963 avant que Boumediene ne l’élimine par un coup d’Etat en 1965. Bouteflika sera brièvement ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme puis longuement responsable des Affaires étrangères avant d’être écarté de la succession à la mort de Boumediene en 1979. Les militaires l’ont rappelé pour la présidentielle de 1999 afin qu’il succède à Lamine Zeroual. Il est toujours là et continue à diriger le pays même s’il est très diminué physiquement. Il a des hommes, totalement fidèles, qui sont ses relais. Le quotidien El Watan avait titré ironiquement « Bouteflika élu dans un fauteuil » [NDLR : allusion au candidat président qui était allé voter dans son fauteuil roulant] lors de sa dernière reconduction au pouvoir. Qui sait, si Dieu lui prête vie, il sera peut-être de nouveau élu dans un fauteuil en 2019…

    Bouteflika le civil n’a-t-il pas repris une certaine autonomie par rapport aux militaires ?

    Il ne faut quand même pas oublier qu’il fut un capitaine de l’ALN à l’origine. Les militaires sont allés le chercher car ils ne savaient plus comment se sortir de la guerre civile. Aujourd’hui, le chef de l’État semble avoir repris l’ascendant sur l’armée, notamment en changeant certains de ses responsables et en réorganisant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services secrets). Jusqu’à quel point ? On verra si les militaires continuent à jouer de leur influence, dans des jeux de l’ombre, pour nommer son successeur. Le renouvellement générationnel est toutefois inévitable pour une simple question d’âge. On avance le nom du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, même s’il est kabyle, ce que beaucoup considèrent comme un handicap insurmontable. S’il parvenait malgré tout au pouvoir, cela permettrait de dépasser un très vieux conflit interne.

    L’exacerbation du nationalisme liée à la guerre s’achèvera-t-elle un jour ?

    La chute des cours du baril et l’arrivée des jeunes générations, moins sensibles aux arguments nationalistes traditionnels, pourraient modifier les bases du système algérien. Dans ce pays, le nationalisme est très ancré, mais on l’utilise aussi comme remède aux divisions linguistiques et régionales. On supporte tant bien que mal le régime car l’État a opéré une politique redistributive à travers les revenus de la manne pétrolière. Mais cela peut-il durer indéfiniment ? Ferhat Abbas, un des pionniers du nationalisme, qui titrait ses mémoires publiés en 1984 « L’Indépendance confisquée » et souhaitait un régime réellement démocratique finira-t-il par avoir raison ?

    Spécialiste de la Guerre d’Algérie

    Journaliste, écrivain, éditeur et auteur de plusieurs ouvrages d’histoire, dont Les Patrons sous l’Occupation, Renaud de Rochebrune a collaboré à de nombreuses publications, dont le quotidien Le Monde. Il est un collaborateur régulier de l’hebdomadaire Jeune Afrique, où il tient toujours la rubrique cinéma, et est membre du comité de rédaction de La Revue.

    SOURCE : http://www.lopinion.fr/edition/international/renaud-rochebrune-en-algerie-en-france-guerre-d-algerie-n-est-toujours-115633 

     


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  • La guerre est un art, il a ses limites et ses règles. Quand une guerre devient lâche, elle ne s’appelle plus une guerre, mais extermination d’un peuple. Et cette lâcheté devient sans commune mesure quand il s’agit d’une partie de son propre peuple… Le massacre de la Syrie en général et d’Alep en particulier laissera un goût amer et une envie démesurée de vengeance chez les générations à venir. Parce que l’Histoire nous a enseigné que les opprimés finissent toujours par gagner, au moins moralement… Quant aux vainqueurs d’aujourd’hui, il va leur falloir plus de police secrète et de terreur pour maintenir le pays. Ils ont perdu le crédit, le respect et par conséquent la guerre mais ils ne le savent pas encore… 

    "Vivre à Alep et mourir !"

    Chirurgien obstétricien, ancien chef de clinique à Paris VII, responsable de formation auprès de l’ONG, UOSSM (Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux), Zouhair Lahna a effectué plusieurs missions humanitaires en Syrie ces trois dernières dans la région d’Idlib et Alep. Sa dernière mission remonte à octobre 2016. 

    Alep est devenue malgré elle, le symbole du martyr d’une population, et aussi de résistance. Cette ville, qui a longtemps échappé aux troubles qu’a connus la Syrie depuis 2011, est entrée en insurrection pour se diviser au fil du temps en Alep-Est, des quartiers pauvres aux mains des rebelles, et Alep-Ouest des quartiers résidentiels aux mains du régime de Damas.  

    Quand j’y suis allé il y a un an par la seule voie qui pouvait la pénétrer, la voie dite du Castello (du nom d’un célèbre restaurant situé à l’ouest de la ville et où les Alépins avaient l’habitude d’aller en famille le week-end), il y avait une accalmie relative. J’ai pu travailler dans l’hôpital Omar Bin AbdelAziz, manger dans un restaurant et même assister au mariage d’un infirmier dans la vieille ville. C’est que la vie continue malgré la guerre, surtout si cette dernière dure. Alep-Est est sous administration de plusieurs factions armées, de l’armée libre au Front Al Nosra devenu Front du Sham depuis que ses dirigeants ont déclaré avoir coupé toute relation avec Al Qaïda. Bien évidemment, personne ne souhaite les croire. Pire, les factions ne sont pas aidées de peur que les armes tombent entre des mains indésirables. La route du Castello n’est plus praticable depuis des mois et Alep-Est est devenue assiégée avec ses 250 000 habitants et ses maigres ressources et moyens de défense. Des combattants de la province d’Idlib ont essayé de lever le siège par deux fois mais ce fut un échec avec bien évidemment une perte importante d’hommes.  

    Ce que décrivent les rescapés des prisons dépasse l’entendement… 

    J’étais en Turquie le mois dernier pour un premier congrès pour l’enseignement de la santé et la formation continue où j’y ai rencontré quelques chirurgiens d’Alep. Ils étaient dépités. Ils étaient à l’intérieur et sont sortis lors de la brève levée du siège pour voir leurs familles en Turquie, mais ils n’ont pas pu revenir puisque la route du Castello a été reprise par les combattants kurdes du PYD, un cousin du PKK. Dans le jeu d’échecs syrien, les combattants kurdes se sont alliés au régime afin d’obtenir l’indépendance de leur territoire au nord du pays. Et on peut voir dans leurs villes libérées comme Kobané ou Qamichli les portraits gigantesques aussi bien d’Assad que d’Öcalan.  

    A Alep-Est, les habitants qui restent sont soumis à un déluge de feu par épisode afin de faire céder les résistants assiégés. Comme au Moyen-âge, les missiles en plus ! Le régime se fait aider par les milices chiites venues aussi bien d’Iran, que d’Afghanistan et du Hezbollah libanais, ce qui canalise le conflit vers une guerre confessionnelle intra-musulmane entre chiites et sunnites. D’ailleurs, les mêmes combattent aux côtés de l’armée irakienne principalement composée de chiites à Mousoul. Ce scénario ne présage rien de bon, non pas pour les années, mais pour les décennies à venir.  

    Quand on vit quelque temps avec les Syriens, on comprend pourquoi ils se battent et résistent avec cette acuité : ils ne peuvent plus vivre sous un régime dont ils connaissent que trop bien la brutalité et les moyens de torture. Ce que décrivent les rescapés des prisons dépasse l’entendement… Au téléphone, mon amie, collègue et élève, Farida, a la voix tremblante mais ferme. C’est la seule gynécologue dans cette partie de la ville et ce, depuis longtemps. Elle n’a pas pu quitter ses patientes ni son hôpital jusqu’à sa destruction complète. Elle me dit que les bombes pleuvent autour de sa maison, qu’elle a encore un peu de nourriture dans sa taverne (riz, lentilles, fruits secs …) mais les prix se sont envolés. Parce que la guerre n’engendre pas que des combattants de la liberté et des résistants mais également des profiteurs et des marchands véreux. Quant à la question, “comment fait-on pour tenir ?”, elle répond seulement qu’il faut de la foi en Dieu, beaucoup de foi pour ne pas tomber dans la dépression. Certains de ses collègues commencent à perdre la raison ; elle a été obligée de prescrire des antidépresseurs à ses patientes enceintes, mais elle ne le fait plus, parce qu’il n’y en a plus dans Alep-Est étranglée…  

    Les douze hôpitaux d’Alep-Est ont été détruits méthodiquement 

    Ensuite, il y a eu l’offensive déséquilibrée avec avions et artillerie russe d’une part et des milices chiites gonflées à bloc d’autre part. Parce que le combat pour la démocratie, la dignité et la liberté est devenu un combat de religion et d’intérêt. Les habitants ont du fuir leurs quartiers devenus des amas de gravats et très dangereux. Certains ont perdu la vie dans leur fuite vers l’inconnu, d’autres sont arrivés dans les zones tenues par le régime pour atterir en prison et se faire interroger et souvent torturer. Les douze hôpitaux qui soignaient les habitants et combattants à Alep-Est ont été détruits méthodiquement, les uns après les autres. Ma collègue gynécologue s’est résolue finalement à quitter la ville, la mort dans l’âme. D’autres confrères sont encore dans les poches restantes et ne savent pas quel sort leur sera réservé. Tous les mots ont été employés pour expliquer ce Guernica de notre temps, mais rien n’y fait dans ce monde régi par un conseil dit de sécurité mais soumis aux votants de vendeurs de guerre.  

    On attend le sursaut des peuples, ces derniers ont été soumis à la désinformation et paralysés par des concept anti-impérialistes. Pour casser le soutien aux combattants syriens, il a fallu l’apparition du Front Al Nosra et surtout son allégeance à Al Qaïda et pire encore l’ascension fulgurante et menaçante de Daech pour tuer toute autre initiative en faveur de ce peuple. D’autre part, la Syrie est considérée à coup de grande phraséologie et de propagande comme un rempart contre les impérialistes et Israël. Le soutien devient pour certains légitime face à une horde de sauvages islamistes qui finiront par livrer le pays et le gazoduc à l’oncle Sam. Ceci lui donne-t-il le droit de massacrer son peuple et détruire son propre pays ? Tout ça au nom de la lutte contre le terrorisme. Les Musulmans qui soutiennent Bachar Al Assad  n’ont donc rien appris de la leçon des Etats-Unis en Afghanistan et en Iraq ? Quand votre enfant se révolte contre vous, que faîtes-vous ? On lui brise les jambes voire la colonne vertébrale ? Si c’est cela le concept de l’anti-impérialisme et de la résistance, il faudra trouver une autre planète.  

    La guerre est un art, il a ses limites et ses règles. Quand une guerre devient lâche, elle ne s’appelle plus une guerre, mais extermination d’un peuple. Et cette lâcheté devient sans commune mesure quand il s’agit d’une partie de son propre peuple… Le massacre de la Syrie en général et d’Alep en particulier laissera un goût amer et une envie démesurée de vengeance chez les générations à venir. Parce que l’histoire nous a enseigné que les opprimés finissent toujours par gagner, au moins moralement … Quant aux vainqueurs d’aujourd’hui , il va leur falloir plus de police secrète et de terreur pour maintenir le pays. Ils ont perdu le crédit, le respect et par conséquent la guerre mais ils ne le savent pas encore… 

    Zouhair LAHNA

    SOURCE : http://www.bondyblog.fr/201612140814/vivre-a-alep-et-mourir-par-zouhair-lahna/#.WFI2Zrn0qMQ

    "Vivre à Alep et mourir !"

    L’insurrection des consciences est une exigence

    de civilisation

    Mardi 13 décembre 2016, par 4ACG , Alain Desjardin

    Alep, ville Syrienne martyre est portée par l’actualité médiatique. La reprise d’Alep Est serait conduite par l’armée de Bachar Al Assad, dirigée et coordonnée par des officiers russes, disposant au sol « de légions étrangères » originaires de pays comme le Liban, l’Iran, la Tchétchénie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak… Par ailleurs, il est difficile de connaître ce qui compose les divers groupes rebelles d’Alep Est.

    Cette guerre de la Syrie, a été voulue par le dictateur de Damas. Les manifestations massives des années 2010-2011 du peuple Syrien avaient pour objectif de changer le pouvoir politique autocrate et répressif d’Assad. Les appels de ces mouvements pour des soutiens extérieurs n’ont pas été entendus. Cette lâche indifférence internationale a permis à Bachar Al Assad d’organiser militairement de sanglantes répressions et de libérer de ses prisons des assassins et des islamistes salafistes contre le peuple réclamant la création d’un pouvoir démocrate.

    Ceci favorisera la croissance de Daech et la naissance du projet d’état islamique en annulant les frontières syro-irakiennes (frontières tracées par les colonisateurs de France et de Grande-Bretagne à l’issue de leur période coloniale du 19e siècle). Concurrent d’Al Kaïda, Daech a déclaré la guerre aux « mécréants », à l’occident et à ses alliés.

    Toutes les guerres sont horribles. Après l’Irak, la Syrie est un terrain d’expérimentation des dernières technologies des armes de surveillance et de destruction des populations et de leurs patrimoines.

    Sont aussi organisées systématiquement de nouvelles pratiques de tortures des populations civiles, notamment sur les enfants.

    Quels sont les enjeux poursuivis par la Russie et l’Iran en soutenant Bachar Al Assad ?

    Jusqu’où vont aller les objectifs des iraniens (Chiites) et des saoudiens (Sunnites) alimentant les rivalités territoriales ?

    Quelles sont les arrières-pensées de la coalition occidentalo-arabe dont les États Unis et la France, dans leur présente intervention militaire à Mossoul et Rakka, sans omettre les fractions Kurdes, la Turquie etc…

    En même temps, et au delà du chaos irakien et syrien, d’autres guerres ethniques et géostratégiques se poursuivent, générant misère et migrations croissantes. Afghanistan, Pakistan, Yémen, Éthiopie, Soudan, Niger, Nigeria, Centrafrique, Libye… Par ailleurs, on ne peut perdre de vue l’augmentation d’actes terroristes au Bangladesh, en Indonésie, en Égypte et la politique d’humiliation permanente de l’état d’Israël à l’égard du peuple Palestinien, celle de l’état Marocain cyniquement soutenu par la France et l’Espagne, pour refuser au peuple Sahraoui un état autonome, tout en pillant ses richesses halieutiques, son phosphate.

    Cet état général incomplet des situations de guerres et de conflits violents, de privations de droits humains élémentaires doit être combattu :

    – Dénoncer les pratiques oligarchiques des puissants qui organisent les inégalités sociales et la misère, sources de migrations et de lâches attentats.

    – Combattre l’explosion des trafics et des ventes d’armes où la France est très bénéficiaire de ce marché.

    – Agir pour réduire l’impunité et le cynisme des dictateurs et des corrupteurs.

    L’insurrection des consciences, dépassant toutes les idéologies politiques, religieuses, sectaires et ségrégationnistes, est une exigence de civilisation pour une humanité joyeuse et fraternelle.

    Alain Desjardin
    Président de la 4acg

    SOURCE : http://www.4acg.org/L-insurrection-des-consciences-est-une-exigence-de-civilisation



     


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  • Benjamin Stora : sur les histoires de trois immigrations en France au XXe siècle

    Benjamin Stora : sur les histoires de trois immigrations en France au XXe siècle

    Benjamin Stora, professeur des Universités, président du conseil d'orientation du Musée de l'histoire de l'immigration, qui enseigne et explore, depuis plusieurs années, l’histoire du Maghreb contemporain, les guerres de décolonisations, et l’histoire de l’immigration maghrébine en Europe, nous propose « 3 questions » qu’il se pose depuis toujours.

    Il interroge d’abord la longue invisibilité de ceux qui ne sont «ni Algériens», « ni Français, ni sujets coloniaux », ces indigènes Nord Africains, venus d’Algérie, hommes sans nom jusqu’en 1962. A cette invisibilité va répondre, pour exister, une appartenance politique enracinée dans le nationalisme. À priori, la relation à la France s’avère compliquée.

    Puis, l’historien interroge l’enfermement spatial, celui des bidonvilles et la double violence dans le contexte de la guerre d’Algérie. Celle des répressions policières et celle, moins connue, secrète, de « la guerre dans la guerre », l’affrontement entre Algériens qui a fait 4.000 morts. L’identité mémorielle se complique encore.

    Enfin, l’historien interroge le positionnement de cette immigration algérienne dans le modèle français de l’assimilation. Comment rester fidèle à l’Algérie, à la passion nationaliste, tout en étant Français et en se sentant français ? Benjamin Stora note que cette relation compliquée se transmet de génération en génération. Il rappelle la nécessité d’en faire l’histoire, pour se garder des mémoires dangereuses ou fantasmées. Il revient à la langue. Les Nord -Africains ne parlaient pas l’arabe mais le Berbère. Il s’agit de « comprendre l’histoire des autres », tel est l’enjeu.


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  • Les faussaires de l’Histoire coloniale

    de la France en Algérie

    Les faussaires de l’Histoire coloniale  de la France en Algérie "Ils déforment les propos du président de la République"

    Sous le titre ronflant « 1000 drapeaux pour 100000 morts » les faussaires de l’Histoire coloniale de la France en Algérie ont déformé les propos de François Hollande qu’il avait prononcé le 25 septembre 2016 pour la Journée nationale des Harkis. Ces faussaires ajoutant que le 5 décembre date adoptée par CHIRAC ! Ne représente à l’évidence rien, mais est beaucoup mieux que le 19 mars qui est la date des « collabos » ! sous-entendant que tous ceux qui sont pour la commémoration du 19 Mars 1962 sont des « collabos » Donc pour ces faussaires les élus qui ont voté la loi du 6 décembre 2012 sont aussi des "collabos"… MAIS EN CE QUI CONCERNE LE MOT COLLABOS DE QUI VEULENT T-ILS PARLER : DU FLN ? Ce qui est complètement faux, bien sûr !!! MAIS CE QUI EST VRAI C'EST QU'ILS SONT LES HERITIERS DE L'OAS CETTE ORGANISATION TERRORISTE ET CRIMINELLE.

    Par contre, c’est justement parce qu’il ne faut pas diviser les mémoires et opposer les rancœurs, les souffrances et les destins : les « hommages sélectifs ". La France devrait avoir un discours global sur la responsabilité qui a été la sienne dans l’ensemble de la guerre d’Algérie, le fait d’avoir mené cette guerre et d’avoir divisé les Algériens entre eux, d’en avoir utilisé une partie, les harkis, contre une autre partie de la population algérienne qui souhaitait l’indépendance, a laissé des traces terribles. 

     Harkis, le mea culpa si tardif

     

    Après leur participation aux côtés de la France dans la guerre d’Algérie, comme ici en 1957, les harkis seront traités en colonisés par l’ex-puissance occupante. ADOC-photos

    En reconnaissant les injustices subies par les harkis, François Hollande a fait un pas attendu, sans solder les fractures de la guerre d’Algérie.

    C’était une promesse de campagne de 2012. Il était grand temps pour François Hollande de la tenir alors que 2017 approche. Le président de la République, lors de la Journée nationale d’hommage aux harkis, dimanche 25 septembre aux Invalides, a affirmé reconnaître, au nom de la République, « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions inhumaines des familles transférées dans les camps en France ». Les harkis, Algériens d’origine maghrébine, en distinction des Algériens d’origine européenne, et des métropolitains envoyés durant le conflit, combattirent avec l’armée française durant la guerre d’Algérie. Le terme, générique, rassemble aussi bien des supplétifs de l’armée française, des militaires du contingent que des civils pro-Français. Nombre d’Algériens avaient déjà porté l’uniforme tricolore lors des deux guerres mondiales, et pour certains en Indochine. Un nombre important de harkis étaient issus du monde paysan, écrasés par la misère et enrôlés idéologiquement par une France coloniale qui montait les Algériens les uns contre les autres, aussi bien entre colonisés qu’entre colons…

    François Hollande a retenu le chiffre de plus de 200 000 harkis

    C’est une initiative politique du général de Gaulle qui mettra fin à une guerre qui aurait pu s’éterniser davantage d’un point de vue militaire. Si l’armée française se retire sans être vaincue, si la victoire politique obtenue de haute lutte des indépendantistes et des anticolonialistes est, fort à raison, éclatante, des pans entiers du peuple algérien dans sa diversité sont broyés, victimes intrinsèques de la logique et de l’appareil coloniaux. Les grands perdants de la guerre furent ainsi les familles d’origine européenne qui quittèrent leur lieu de vie. Mais aussi les harkis, dont la place en Algérie était compromise, et dont le gouvernement français ne voulait pas.

    En témoignent ces propos édifiants de De Gaulle : « Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans qui, demain, seront peut-être vingt millions et, après-demain, quarante ? (…) Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »

    Lors de son discours, le 25 septembre 2016, François Hollande a retenu le chiffre de plus de 200000 harkis. Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, environ 65 000 auraient été tués en Algérie. Ce chiffre augmente et diminue d’un historien à l’autre, alors que le travail historique à mener reste entier sur nombre d’aspects. Il est également estimé, par le ministère des Rapatriés, que 91 000 harkis et membres de leurs familles réussirent à rejoindre la France de 1962 à 1968. Le gouvernement, qui s’était déshonoré dans l’abandon, se déshonora aussi à travers des conditions d’accueil déplorables dans des camps. « Sans ressources, sans attaches (des harkis) furent accueillis dans des conditions indignes, a reconnu, dimanche, François Hollande. Regroupés dans des camps, en grand nombre, ils y restèrent pendant des années, furent astreints à des travaux pénibles dans des forêts, sans perspectives professionnelles. La prise en compte de leurs droits fut longue à obtenir, et leurs enfants ont souffert de ne pas être pleinement intégrés dans la République. »

    En France, des mesures ont été prises depuis 1994, date à laquelle la République se déclare pour la première fois « reconnaissante » envers les harkis pour « les sacrifices consentis ». En 2003 est promulguée la journée d’hommage aux harkis. Des conditions de versements d’indemnités sont fixées en 2005, et parfois contestées par de nombreux concernés. Reste que, des deux côtés de la Méditerranée, le mot harki est souvent utilisé de façon péjorative, parfois en tant que synonyme de traître et de collabo, à travers une stigmatisation qui passe de génération en génération. En 2006, Georges Frêche, ancien président PS de la région Languedoc-Roussillon, avait qualifié des harkis proches de la droite de « sous-hommes ». En Algérie, alors que des exécutions et des mesures d’indignité nationale avaient frappé des harkis en 1962, le tabou est toujours vivace. Si le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, a reconnu en 2005 des « erreurs commises par le passé », il considère toujours les harkis comme des « collaborateurs des forces coloniales ». Seuls leurs descendants trouvent grâce à ses yeux : « Les fils de harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents (…). Une erreur serait de (leur) tenir rancœur. » La question des descendants reste pourtant très sensible en Algérie.

    En France, la reconnaissance officielle de la responsabilité des gouvernements français est un pas franchi indéniable. Même si personne n’ignore que les descendants des harkis, estimés à plus de 500 000 dans l’Hexagone, représentent une cible électorale potentielle (au même titre que les appelés métropolitains, les pieds-noirs et les immigrés algériens non harkis).


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  • Retour  en Algérie

    CIRCUIT ALGERIE  du 1er AU 13 Avril 2017 (13 jours) “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

    La photo du consul et les organisateurs

    Michel et Danielle Raison vous feront découvrir un pays magnifique, accueillant, chaleureux, un pays chargé d'histoires, de culture et de souvenirs. Notre grande connaissance du pays, notre  expérience d'organisateurs permettent d'assurer en toute sérénité ce séjour magnifique. Un voyage bien rôdé, bien cadré qui a permis à des centaines de personnes de redécouvrir des régions qu'ils ont connues il y a 60 ans.

    Depuis 8 années nous parcourons l'Algérie dans tous les sens avec des groupes de différentes région de France ; nous réalisons ces voyages grâce à nos relations privilégiées avec le consul général de France à Alger et  à la sécurité qui veille sur tous les étrangers, les touristes apprécient la gentillesse et la disponibilité de ce service.

    Tous les déplacements sont transmis aux autorité française du pays.

    Le voyage 2017 est ouvert à tous, des gens qui reviennent pour la 4ème fois.

    Le programme Ghardaïa porte du Sahara,l'Algérois, le Constantinois, Bougie, les Aurés la visite d'un ancien poste de l'armée française, des paysages magnifiques, les  sites archéologiques de Timgad et Djemila du 1 au 13 avril 2017 une période très propice pas de grande chaleur.

    Il sera possible dans la mesure des disponibilité de revoir les endroits ou vous avez passé une partie de votre jeunesse à condition de le savoir à l'inscription  pour l'organisation

    Renseignements et réservation Tel 05 49 46 08 99

     

    Pieds-noirs – Anciens Combattants et Amis

    “Ce voyage n’est pas réservé qu’aux seuls anciens combattants. Il est ouvert à tous ceux qui souhaitent découvrir un pays magnifique, plein d’histoire et accueillant” 

    “Voyager en Algérie,

     un véritable bonheur”

    L’Algérie, un pays inhospitalier, angoissant et terrifiant ? Pas du tout d’après de nombreux Pieds-noirs, ces français âgés nés en Algérie pendant la colonisation, revenus dans leur pays natal grâce à des circuits organisés par des associations de Français qui veulent retrouver leurs souvenirs d’enfance dans notre pays.  

    Ils ne font pas l’apologie du colonialisme et n’expriment aucune nostalgie vis-à-vis de l'”Algérie Française” dans laquelle ils sont nés et ont grandi avant que nos parents et grands-parents n’arrachent l’indépendance au prix de grands sacrifices. Au contraire, ces Pieds-noirs qui revisitent l’Algérie découvrent un tout autre pays : “une Algérie colorée, surprenante, fraternelle et chaleureuse”, témoignent plusieurs d’entre-eux dans les colonnes du Quotidien de la Vienne, un média régional français. “Quel bonheur de voyager dans un pays où la bienvenue est souhaitée à chaque coin de rue et où les portes s’ouvrent chaleureusement”, témoigne même Michel Raison, membre d’une association d’anciens combattants en Algérie. Ce dernier avoue n’avoir ressenti aucune rancune de la part de ces Algériens qui ont été, naguère, torturés et tués par les forces coloniales françaises.

    Après le succès de plusieurs voyages organisés, une association française, “l’Association du souvenir en Algérie” organise encore un nouveau circuit au départ de Poitiers, dans le centre de la France, qui aura lieu du 31 mars  au 13 avril 2017. “Ce voyage n’est pas réservé qu’aux seuls anciens combattants. Il est ouvert à tous ceux qui souhaitent découvrir un pays magnifique, plein d’histoire et accueillant”, indiquent les organisateurs de ce voyage qui ne se fient nullement aux clichés accablant notre pays dans les médias français.

     

    “Voyager en Algérie,   un véritable bonheur”

    Photo du voyage de 2016

     

        Association du souvenir

                  en Algérie                                                                                             

             281 route de Nouaille

         Mignaloux-Beauvoir 86550

        Tel : 0549460899---0609471626

      micheldanielleraison@orange.fr 

                                    

    Nous préparons notre circuit 2017

    Nouveaux circuit  Alger, La porte du désert Ghardaïa avec une soirée typique de la région, Constantine la ville des ponts, Les ruines romaine de Timgad, Batna, Biskra Porte du désert, Palmeraie de M’ chounéche Les Aurès avec la visite d’un poste très bien entretenu par les gens du village, Les gorges de Tighamine, Rhoufi paysage ressemblant au grand canyon de l’Arizona, Gorge d’el Kantara, Sétif, Ruine romaine de Djemila, les gorges de Kérrata, Bejaïa  cap carbon, parc national de gouraya.

    Lors du dernier voyage, les participants ont découvert un pays en pleine transformation. Une Algérie colorée, surprenante, fraternelle et chaleureuse et accueillante. Le prochain voyage  aura lieu du 31 mars au 12 Avril prochain. Le programme est construit de manière à découvrir ou redécouvrir l’Algérie dans toute sa dimension culturelle et touristique. Les inscriptions sont commencées je vous invite à vous inscrire rapidement de façon à engager les formalités et la réservation des sièges avion, le nombre de places étant limitée pour une bonne organisation et un confort. Il nous reste quelques places peut être un vieux rêve ! Qui na  pas rêver de franchir le pas pour retourner sur les traces de ces vingt ans ses le cas de nombreux camarade, épouses et amis sont déjà revenue CERTAIN POUR LA 4éme FOIS.

    Le voyage n’est pas réservé qu’aux anciens combattants. Il est ouvert à tous ceux qui souhaitent découvrir un pays magnifique, plein d’histoires et accueillant. Nous entendons malheureusement trop peu parler de l’Algérie telle quel est vraiment et seul une vision faussée du pays parvient généralement  jusqu'à nous. Souvent montré du doigt pour son retard en matière de tourisme ; l’Algérie n’a certes pas suivie la frénésie touristique qui s’est emparé de certain pays.

    En matière de sécurité, l’Algérie est un pays globalement sûr. Oui. Certes, en dehors de Tamanrasset fermée aux touristes étrangers. Mais quoi qu’il en soit. L’Algérie doit elle pour autant être ignorée ? Elle qui dévoile, sans artifice, ses milles et un contrastes. Elle qui, accueillante et envoûtante, invite à  des explorations infinies. Elle mérite, sans aucun doute tout votre intérêt. Et  une fois que vous l’aurez découverte, vous n’aurez plus qu’une envie : y revenir. Malgré tous les préjugés sur ce magnifique pays.

    Si a cause des aléas de l’histoire, la crainte d’être mal accueil en Algérie hante encore certain esprits et freine beaucoup à faire le voyage, il est temps de clamer qu’en Algérie les étrangers sont accueils avec une chaleur qui souvent fait défaut dans nos sociétés occidentales. Dans la rue, si les regards peuvent paraître oppressants, Sachez que l’unique motivation de cette insistance est la curiosité. Il faut dire que les  touristes étrangers  ne courent pas les rues, surtout dans les grandes villes du nord, alors la stupéfaction des algériens d’apercevoir à nouveau des étrangers s’intéresser à leur pays est grande. Quel bonheur de voyager dans un pays ou la bienvenue est souhaitée à chaque coin de rues où les portes  s’ouvrent si chaleureusement et où, la gentillesse est sincère et désintéressée.

      Poème

    L’Algérie est un des plus beaux  pays  du monde

    Si belle et si proche reste méconnue

    A travers une multitude de rencontre

    Nous sommes allés à la découverte

    De l’Algérie d’aujourd’hui une Algérie colorée

    Surprenante fraternelle et chaleureuse

    Du charme désuet d’Alger la blanche et bleue

     Aux verdoyantes montagnes de la Kabylie

    Des  somptueuses immensités du grand erg occidental

    A la joyeuse animation  des petites stations balnéaires

    De l’Oranie et la douceur mystérieuse

    Du massif des Aurès à l’éclatante magie du célèbre Hoggar

    L’Algérie est un enchantement permanent

    Ce récit de voyage est un passionnant reportage au cœur de l’un des plus beaux, des plus attrayants

    Pays du monde et sûrement des très belles rencontres

    CIRCUIT ALGERIE  du 31 Mars AU 13 Avril 2017 (13 jours) “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

    CIRCUIT ALGERIE  du 31 Mars AU 13 Avril 2017 (13 jours) “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

    CIRCUIT ALGERIE  du 31 Mars AU 13 Avril 2017 (13 jours) “Voyager en Algérie, un véritable bonheur”

     

     

     

     

     


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  • Arnaud Montebourg, un Berbère en Algérie

    Arnaud Montebourg, un Berbère en Algérie

    Candidat déclaré à la primaire socialiste de janvier 2017, Arnaud Montebourg, l’ancien ministre français du Redressement productif, se trouve donc en Algérie aujourd'hui 10 jusqu'au 12 décembre 2017.

    Une visite qui revêtira aussi un caractère personnel puisque la première étape se déroulera à Oran, berceau de sa famille maternelle. Sa mère, l’universitaire Leïla Ould Cadi, y est née, et son grand-père, Khermiche Ould Cadi, issu d’une famille de bachagas connue en Oranie, servit dans l’armée française en 1940 en tant que sous-officier.

    Le hasard veut que le père d’Arnaud Montebourg, Michel, ait été sergent à Colomb-Béchar pendant la guerre d’Algérie, alors que plusieurs de ses oncles maternels avaient rejoint les maquisards de l’ALN. Le candidat se rendra ensuite à Alger, où des rencontres avec des patrons, des syndicalistes et la communauté française de la capitale sont prévues.

    Côté agenda politique, rien n’est encore définitivement fixé : « Des démarches ont été faites auprès de la présidence, du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et de quelques membres du gouvernement », se contente-t-on de dire dans l’entourage de Montebourg. Une visite début janvier à Dakar est par ailleurs à l’étude. 

    SOURCE : http://www.jeuneafrique.com/mag/379574/politique/france-arnaud-montebourg-berbere-algerie/

    Ce n'est pas sa première visite sur place, loin de là. Mais cette fois-ci, l'accent sera posé sur ses racines familiales. L'ancien ministre du redressement productif est en effet le fils de Michel Montebourg, originaire du Morvan, et de Leïla Ould Cadi, née à Oran en 1939. Son grand-père, Khermiche Ould Cadi, vient d'une famille berbère d'Algérie. Le 9 octobre dernier sur M6, il est revenu sur cette histoire familiale.

    «C'était un arabe qui s'était engagé dans l'armée française avant la guerre, dans les années trente. Il avait été envoyé en France et il y a épousé une femme française, une blonde aux yeux bleus», a raconté Arnaud Montebourg. Ce grand-père, était à l'en croire un homme «fort». «Il mangeait de tout. La religion pour nous, c'était quelque chose qui n'existait pas. C'était un homme qui n'avait pas besoin de Dieu pour se suffire à lui même», a insisté Arnaud Montebourg. «Il était fort, il avait une voix forte, il était un peu exubérant. Il m'a transmis le goût de la voix forte qui porte». Son grand-père «avait vécu des épreuves dans sa vie». «La guerre d'Algérie, a-t-il poursuivi, ça a été une épreuve pour toute cette génération... Ou qu'on soit. Moi quand je l'ai connu, il portait le béret. C'était un peu curieux comme mélange. Il avait choisi la France.» «Moi, a expliqué le candidat, je me sent des deux rives un peu...»

    En 2011 sur BeurFM, il avait raconté l'histoire légèrement différente d'un grand-père qui avait «porté l'uniforme français et combattu pour la France». «Et puis après, avait-il alors poursuivi, pendant la guerre d'Algérie, il était du côté du FLN. (…) C'est-à-dire, il a finalement été l'un de ceux qui (…) s'est battu pour la décolonisation.» «Je ne suis pas de ceux, avait-il encore ajouté, qui acceptent l'idée qu'il y ait une sorte de catho-laïcité, c'est-à-dire une laïcité stigmatisante pour d'autres religions que la religion majoritaire dans notre pays».

    SOURCE : http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/primaires-gauche/2016/11/18/35005-20161118ARTFIG00154-montebourg-va-se-rendre-en-algerie-sur-les-traces-de-ses-ancetres.php 

    C’est El Watan le quotidien algérien

     qui l’écrit :

    C’est El Watan le quotidien algérien   qui l’écrit :  Montebourg fier de son grand-père algérien

    Montebourg fier de son grand-père algérien

    C’est El Watan le quotidien algérien   qui l’écrit :  Montebourg fier de son grand-père algérien

    On sait  qu'Arnaud Montebourg, ancien ministre socialiste démissionnaire, est candidat à la présidentielle de 2017 en France.

    On sait aussi que c'est la première fois qu’un homme politique, petit- fils d’un Algérien, se lancerait dans la course à l’Elysée. Cela fait plusieurs années que le trublion de la mandature de François Hollande répète à qui veut l’entendre que son grand-père maternel est natif d’Algérie. Il l’a encore redit ces derniers jours dans des entretiens à des médias d’information, notamment sur LCI et sur BFM TV et RMC.

    Il s’est défini comme un «arabo-morvandiau», faisant un mélange entre l’algérianité de son grand-père et ses racines au pied du Morvan où il épousa Jeanne, sa grand-mère. Interrogé par le célèbre journaliste des matinales Jean-Jacques Bourdin, Montebourg a déclaré, parlant de son grand-père, suite aux polémiques sur les racines de la France : «C’était un Arabe et j’en suis très fier, il m’a beaucoup transmis. Et de l’autre côté, c’était peut-être des Gaulois, je n’en sais rien, en tout cas des Gallo-Romains puisque les Gaulois ont été colonisés par les Romains, par Jules César, et pas très loin de l’endroit où Vercingétorix a réuni ses tribus à Bibracte avant de se faire battre à Alesia par César.»

    Pour ceux qui croient à un élan momentané, ce n’est pas la première fois qu’il parle de ses origines. Il avait précisé son ascendance algérienne, déjà lorsqu’il était ministre et pensait même la mettre à profit dans ses relations économiques non seulement avec l’Algérie, mais aussi avec le Maghreb. Ce grand-père qu’il met en avant est originaire de Hachem, un village à l’est d’Oran. Il combattit dans l’armée d’Afrique lors de la Seconde Guerre mondiale, avant de rejoindre le FLN au moment de la guerre d’Algérie.

    Cet été, le 21 août dans sa région natale, il rappelait son histoire dans son discours : «Cette Bourgogne d’où je viens et que nous avons en partage, c’est aussi celle du Morvan. Le Morvan ? C’est là que la famille de mon père tenait une boucherie en face de la gare à Autun. C’est là qu’elle rencontra par hasard la famille de ma mère qui venait d’Algérie.

    Ils ont formé une alliance originale, fondé une famille française qui s’est longtemps décrite comme pour se moquer d’elle-même d’arabo-morvandiaux. Pour nous comme pour moi, ce métissage, c’était la France que nous aimions passionnément et qui me permit de trouver mon chemin personnel.

    Je suis fier de porter ces deux France en moi, ces deux histoires qui ont fait tant de choses ensemble et ont surmonté la peur qu’elles éprouvaient de leurs propres différences dans une République qui n’a pas cessé de les réunir.» Et il concluait : «Aujourd’hui, c’est cette République, ses fondements et ses promesses qui sont en grand danger.» Enfin, sur sa fiche wikipedia, Arnaud Montebourg écrit : «Montebourg est le fils de Michel Montebourg, né en 1933 dans la région d’Autun, fonctionnaire des impôts, et de Leïla Ould Cadi, née à Oran en 1939, universitaire, professeur d’espagnol et essayiste, issue par son père, Khermiche Ould Cadi, d’une famille berbère de walis d’Algérie et par sa mère Jeanne, d’une famille normande.

    Son aïeul Ahmed Ould Cadi, agha de Frendah (Oran), qui combattit aux côtés de l’armée française lors de la conquête de l’Algérie, fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1842, officier en 1852, commandeur en 1860, puis grand officier dans cet ordre en 1867.»

    SOURCE : http://www.elwatan.com/hebdo/france/montebourg-fier-de-son-grand-pere-algerien-04-10-2016-329975_155.php


    Une ambition intime : Arnaud Montebourg se sent... par nonstopzappingofficiel

     

     

     


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  • Pendant la guerre d'Algérie, l'art

     de défendre les terroristes

    Au cours de la guerre d'Algérie, le terrorisme fait partie de l'arsenal tactique du conflit, si l'OAS tente de déclencher une guerre civile franco-française, les indépendantistes algériens le voient comme le moyen de compenser leur faiblesse militaire. Les avocats des deux parties déploient des stratégies de défense qui auront une influence durable dans les prétoires.

    20 avril 1962, grâce à une infiltration de son entourage, les policiers français réussissent à coincer Raoul Salan, dissimulé dans un immeuble néo-mauresque rue des Fontaines au cœur d'Alger. Salan, l'ancien général, décoré de la croix de guerre 1914-18 et 1939-1945, Salan, devenu le paria, le putschiste, chef clandestin de l'Organisation armée secrète (OAS), le groupe terroriste des ultras de l'Algérie française, dont les initiales menaçantes couvrent les murs des quartiers européens.

    Depuis les accords d'Evian, qui ont réduit ses vues irrédentistes à l'état de chimères, l'OAS s'est lancé dans un baroud désespéré, une «politique de la terre brûlée» qui fait toujours plus de victimes indistinctes. Comment cet officier, un des plus médaillés de l'armée française, longtemps connu pour sa prudence et sa discrétion –le «mandarin», surnom glané en Indochine– s'est-il retrouvé à la tête d'un groupement séditieux qui multiplie les attentats sur le sol algérien comme en métropole ? L'évocation par De Gaulle de l'Algérie comme futur «état souverain» en avril 1961, après le succès du référendum sur l'auto-détermination, a concrétisé ses pires craintes. Beaucoup de responsables militaires d'alors se considèrent comme les dépositaires du destin de l'Algérie, et ne veulent pas revivre ce qu'ils ont considéré comme le «lâchage» de l'Indochine. D'autant qu'ils estiment avoir remporté la partie sur le plan militaire, conjuré le fantôme d'un nouveau Dien Bien Phu, et neutralisé l'insurrection ; parfois au prix de crimes de guerre, dont l'emploi de la torture, généralisé au cours de la bataille d'Alger en 1957.


    La dixième division parachutiste à Alger, 1957 (Alger Républicain)

    Quand un général bascule

    Salan, lui, est peut-être plus amer que d'autres, qui a crié «Vive De Gaulle!» au cours des journées insurrectionnelles d'Alger en mai 1958, celles-là mêmes qui ont servi de marche-pied au retour du général aux affaires. Soutien qui ne l’empêcha pas de se retrouver rapidement placardisé et rappelé en métropole par un De Gaulle qui se méfie des officiers coloniaux, estimant leurs vues d'arrière-garde et compromettant le rayonnement international de la France.

    Salan, en réaction, a démissionné du service actif pour se lancer dans une sorte de «lobbying» contre l'abandon de l'Algérie, où il s'installe avec sa famille, jusqu'à ce que les autorités lui notifient une interdiction de séjour. Exilé en Espagne, c'est clandestinement qu'il rejoint l'Algérie le 23 avril pour se joindre aux généraux Challe, Zeller et Jouhaud qui viennent d'entrer en rébellion ouverte: rompant avec leur devoir d'obéissance, les haut-gradés n'hésitent pas à prendre par les armes le contrôle des institutions civiles, à Alger.

     Bombe OAS à Bab-El-Oued, Alger | DR

    Mais une fois passé le choc initial, le coup de force fait long feu. Il est certes appuyé par plusieurs unités de la dixième division parachutiste: les «paras», les «prétoriens», corps d'élite brutal et soudé, cultivant sa singularité et ses codes, véritable «armée dans l'armée».

    Pendant la guerre d'Algérie, l'art  de défendre les terroristes

    Mais il est massivement rejeté par les appelés du contingent, qui refusent de marcher avec les mutins. En métropole, le gouvernement place sans difficulté aux arrêts les quelques soutiens des putschistes. De Gaulle, enfin, se charger de porter personnellement l'estocade en grand uniforme à la télévision, moquant, derrière «le pronunciamiento militaire», «un quarteron de généraux en retraite»... La formule fait mouche, le président réaffirme son autorité en dégainant l'article 16 de la constitution qui lui accorde les pleins pouvoirs, et la population se range derrière lui. Les généraux Challe et Zeller se rendent le surlendemain, plus de 200 officiers sont relevés de leur commandement et des régiments entiers sont dissous.

    Plongée dans la clandestinité

    Mais Salan, accompagné du général Jouhaud et de quelques centaines de «soldats perdus», ne renonce pas et plonge dans la clandestinité. Lui et ses hommes vont apporter leur concours militaire au petit groupe extrémiste fondé quelques temps auparavant par des activistes pied-noirs qui s'arc-boutent au statu quo ante. La plupart des historiens s'accordent à estimer le bilan de la funeste épopée de l'OAS à plus de 2.000 victimes (2700 écrit l'ANPROMEVO) en un an, principalement des musulmans algériens.

    En métropole, des personnalités favorables à l'indépendance sont également visées, ainsi que De Gaulle, désigné par le nom de code «La grande Zohra», obsession des commandos deltas, les tueurs de l'organisation, qui multiplient les tentatives d'assassinat. Cette tentative d'inverser par la violence le cours de l'histoire, à laquelle répondent les enlèvements et attaques des fedayin du FLN, n'aboutit qu'à porter au paroxysme un climat de terreur et de haine en Algérie. Et elle achève de fragiliser la situation de la communauté européenne qui embarque pour l'exil par centaine de milliers au cours de l'été 1962.

    Un surprenant procès

    Pour assurer sa défense, l'ancien général a requis les services de Maître Jean-Louis Tixier-Vignancour, à l'origine d'une plaidoirie restée célèbre dans les annales de l'éloquence judiciaire.

     Pendant que se clôt ainsi dans la douleur le conflit algérien, Salan et ses comparses patientent en attendant leur procès dans une cellule de la maison d’arrêt de Tulle. Alors que l'état d'urgence a été décrété sur tout le territoire depuis le putsch, De Gaulle a eu recours à ses pouvoirs exceptionnels pour mettre sur pied un haut tribunal militaire, tout spécialement chargé de juger les conjurés. Une condamnation à mort y est prononcée à l'encontre du général Jouhaud, le numéro deux de l'organisation, en avril 1962. Personne ne doute qu'un verdict identique attend Raoul Salan. Pour assurer sa défense, l'ancien général a requis les services de Maître Jean-Louis Tixier-Vignancour, à l'origine d'une plaidoirie restée célèbre dans les annales de l'éloquence judiciaire. L'homme affiche un double profil: d'un coté, un idéologue d'extrême-droite aux convictions nationalistes assumées, lui-même farouche partisan de l'Algérie française. De l'autre, un avocat au talent unanimement reconnu, dont la voix grave et articulée déploie une force de conviction capable de toucher, dit-on, même ceux qui lui sont a priori hostiles. Cet anti-gaulliste notoire va adopter une stratégie en apparence surprenante: dans un mouvement d'humilité assez inattendu, il va louer la politique gaullienne, qui a abouti à l'indépendance algérienne.

    Mais cet éloge est en réalité à double tranchant: en de Gaulle, il salue la maîtrise du Prince parvenu à ses fins, le triomphe du réalisme politique. En regard de ce grand dessein, Salan a certes eu tort, et s'est fourvoyé. De Gaulle est un grand politique, Salan est un soldat, incapable, lui, de revenir sur la parole donnée. On ne saurait l'absoudre pour ses crimes, mais pas plus le condamner à mort: ce serait immoral de le tuer pour être resté fidèle à son serment initial et ses camarades morts au combat. A leur retour de délibération, les juges accordent, à la surprise générale, des circonstances atténuantes à Salan, qui est condamné à vie mais échappe au peloton d'exécution (dans les faits, lui comme Jouhaud seront amnistiés quelques années plus tard, en 1968). De Gaulle, exaspéré de ce verdict de clémence, suspend le tribunal militaire, remplacé par la cour de sûreté de l’État.

     De l'autre côté, Vergès expérimente la rupture

    A l'opposé de cette plaidoirie qui vise à éveiller des sentiments d'empathie chez le juge, un jeune avocat va se distinguer par un mode de défense plus retentissant, au service des prévenus accusés de terrorisme dans le camp d'en face. Jacques Vergès, qui fut un des plus jeunes résistants de France, est le fils d'une institutrice vietnamienne et d'un ancien consul de France au Siam. De conviction communiste, il vomit le système colonial et son cortège d'humiliations, pour l'avoir ressenti, explique-t-il, dans sa chair.

    Avec d'autres, il fait partie du collectif de défense du Front de libération nationale algérien, le FLN, qui assiste les militants poursuivis devant les tribunaux militaires. Une activité qui n'est pas sans risque dans la tourmente algérienne : une des figures de proue du comité, l'avocat Ould Aoudia, se fera abattre par la «main rouge», mystérieuse organisation qui sert en réalité de couverture aux services secrets français, qui se livrent également à des attentats.

    Amar Bentoumi et Jacques Vergès, avocats du FLN | DR

    Pour de nombreux militants et intellectuels, l'époque est à un engagement anti-impérialiste sans faille, laissant face-à-face deux camps, et guère de place aux nuances

     

    La branche armée du FLN a adopté la tactique de la guérilla contre les forces militaires françaises, mais également le moyen, beaucoup plus controversé, du terrorisme. Ses membres n'hésitent pas par conséquent à recourir aux attentats contre la population civile en milieu urbain. Une stratégie de la terreur, utilisée également à l'encontre de leurs concurrents, ainsi le Mouvement national algérien, dont les soutiens sont éliminés, tels les villageois de Mellouza, massacrés en mai 1957. Cette violence coupe alors le FLN de certains soutiens libéraux.

    Mais pour de nombreux militants et intellectuels, l'époque est à un engagement anti-impérialiste sans faille, laissant face-à-face deux camps, et guère de place aux nuances. Résumant le climat de l'époque, Jean-Paul Sartre écrit, dans sa préface au livre Les damnés de la terre, de Frantz Fanon: «En ce premier temps de la révolte, il faut tuer: abattre un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé. Restent un homme mort et un homme libre.»

    Les bombes sèment la panique chez l'adversaire, qui n'a d'autre choix que de recourir à une répression de plus en plus brutale, dévoilant ainsi sa nature oppressive, accélérant ainsi la rupture entre deux mondes, entre les deux rives de la Méditerranée: telle est la vision des militants de la révolution algérienne, prêts à tuer aussi bien qu'à donner leur vie pour la cause.

    Attentat au Milk Bar, en 1956 | DR

    Questionner la légitimité du tribunal

    Jacques Vergès se fait notamment remarquer par sa défense pugnace de Djamila Bouhired, sa future épouse, pour l'heure militante du «réseau bombes», ces jeunes femmes dont les visages d'anges et les tenues européennes déjouent la vigilance des sentinelles françaises placées aux chevaux de frise qui enserrent la casbah d'Alger. Arrêtée, torturée par les parachutistes, elle passe finalement en procès, accusée d’être responsable de l'explosion du Milk Bar, en 1956, qui fait plusieurs victimes.

    Le procès n'était qu'un préambule pour Vergès, qui prend à témoin avec d'autres l'opinion publique

    À cette occasion, Jacques Vergès s'illustre par ce qui deviendra sa marque, la «défense de rupture»: il s'agit non plus de tenter d'apitoyer les juges pour sauver la tête de l'accusé, mais au contraire, de renverser l'accusation en questionnant la légitimité du tribunal, et donner ainsi, par le scandale, le maximum de retentissement à l'affaire. Jacques Vergès multiplie ainsi les incidents de séance, dénonce à la barre l'ordre colonial et la répression. Comme il était attendu, les officiers qui siègent au procès condamnent la jeune femme à la peine de mort.

    Mais le procès n'était qu'un préambule pour Vergès, qui prend à témoin avec d'autres l'opinion publique, rédige un essai Pour Djamila Bouhired. Du monde entier parviennent témoignages de compassion et soutiens pour la militante qui devient le visage symbolique et avenant de la révolte algérienne. Face à cette mobilisation, les autorités reculent et n'osent appliquer le verdict du tribunal: Djamila Bouhired fera même l'objet d'une grâce de la part du président René Coty en 1958.

    Affiche du film égyptien Djamilah, dédié à Djamila Bouhired (1958)

    Maître Vergès théorisera cette défense de rupture (en réalité, employée déjà en de multiples occasions par le passé, mais dont la promotion n'aura jamais été aussi bien faite que par ce talentueux communicant) dans un livre De la stratégie judiciaire, paru en 1968 aux Éditions de Minuit: l'ouvrage devient le livre de chevet de nombreux avocats engagés. Une fois l'indépendance algérienne obtenue, Jacques Vergès, comme d'autres activistes révolutionnaires, se tournera vers de nouveaux combats.

    Pour les militants tiers-mondistes les plus exaltés, la cause des peuples et les guerres de libération nationales forment en effet le prélude à la révolution mondiale. Ce n'est plus Moscou, mais le tiers-monde, qui détient les clés du bouleversement de l'ordre international. Les armes doivent parler pour mener à bien la régénération du vieux monde, et le terrorisme, «l'arme des faibles», comme l'écrit Jean-Marie Domenach, est partie prenante de cette stratégie, acquérant ainsi une nouvelle dimension.

     

     


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  • Crystal, c’est le prénom de la lycéenne qui a été violenté par un élu d’extrême droite d’Hayange, explique son geste et les conséquences immédiates : « Je ne pouvais pas supporter de voir pleurer les anciens combattants. Ce sont eux qui ont écrit l’Histoire. J’ai décidé de lui enlever le discours. Il m’a violentée plusieurs fois ».

    (Suite de notre article précédent)

    À Hayange, on ne remet pas en cause qu'une histoire

    Décidément, le FN a bien du mal à admettre certains moments de l’histoire française. Parmi eux, le 19 mars 1962, à savoir la date officielle de la fin de la Guerre d’Algérie. À Béziers (ville soutenue par le FN aux municipales) et à Beaucaire, les maires ont débaptisé les rues portant cette date. Dans la ville de Robert Ménard, on circule désormais dans la « rue du Commandant Hélie-de-Saint-Marc (1922-2013) ». Julien Sanchez a opté, lui, pour la « rue du 5 juillet 1962. Massacre d'Oran. À nos morts ».

    À Hayange, il n'est pas question de débaptisation mais d'une commémoration loin d’être passée inaperçue. Le 19 mars 2016, Place de l’église à Marspich, la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie commémore le 19 mars 1962. Francis Langlois, adjoint au maire, lit un discours rédigé la veille avec Fabien Engelmann dans lequel il assimile cette date à une défaite militaire. Pour le maire d’Hayange, la seule date valable pour marquer la fin du conflit en Algérie est celle du 5 décembre 1962.

    Il faut se représenter la scène : un adjoint qui lit à haute voix un communiqué idéologique – avant celui du secrétaire d’État chargé des Anciens Combattants - devant une population et des membres de l’association d’anciens combattants abasourdis. Rapidement, des cris de protestation se font entendre. Certains sur place sont évidemment émus par ces propos qu’ils jugent inacceptables. Francis Langlois, imperturbable, continue sa lecture. Crystal est là. La jeune fille se souvient de ce texte qu’elle juge « totalement faux ». Surtout, elle entend et voit des anciens combattants suppliant d’arrêter l'élu hayangeois. Scène insupportable pour cette lycéenne… qui s’approche de l’élu et tente de lui arracher son papier des mains. Crystal explique son geste et les conséquences immédiates : « Je ne pouvais pas supporter de voir pleurer les anciens combattants. Ce sont eux qui ont écrit l’histoire. J’ai décidé de lui enlever le discours. Il m’a violentée plusieurs fois ».

    Ces quelques minutes ont été filmées… et partagées sur les réseaux sociaux. Cette capture d'écran montre de façon irréfutable l’attitude violente de Francis Langlois vis-à-vis de Crystal :

    Lui explique qu’il lisait simplement un discours validé par le maire la veille. Fabien Engelmann - qui a refusé de se rendre sur place - souligne le contenu de son communiqué qui « revenait sur la mascarade du 19 mars. On ne compte pas les massacres qu’il y a eu ensuite pendant deux longues années ; les harkis et les algériens pro Algérie Française qu’on a lâchement abandonnés. Le FLN socialiste les a massacrés ». Le maire d'Hayange soutient son adjoint. Ce dernier justifie son attitude ainsi : « C’est un coup monté par l’extrême gauche. Tout était orchestré. Des caméras filmaient. Je n’étais agressif en rien. Je n’ai fait que repousser des gens qui sont venus m’agresser alors que j’étais détenteur de l’autorité publique ». Crystal porte plainte contre l'adjoint de fabien Engelmann.

    Début novembre, Francis Langlois ne comparaît pas devant le Tribunal correctionnel de Thionville. Par contre, Crystal est là. Elle revient sur le 19 mars 2016… sur ces quelques minutes pendant lesquelles l’élu lui a porté un coup et l’a repoussée par la gorge alors qu’elle voulait lui prendre son discours. L’avocat de Francis Langlois plaide la relaxe pour son client. Le 7 décembre, Francis Langlois est, de nouveau, absent pour entendre sa condamnation à un mois de prison avec sursis. L’adjoint au maire est reconnu coupable de violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours. Fabien Engelmann considère cette condamnation « profondément injuste » et réitère sa confiance à son adjoint qui, poursuit le maire d'Hayange, « va bien évidemment faire appel et bénéficie donc toujours de la présomption d’innocence ». 

    Pour ces élus FN, la Guerre d'Algérie ne s'arrête aucunement le 19 mars 1962. Julien Sanchez est catégorique. Il faut « effacer » ce jour et « donner un nom qui rappellera la vraie histoire et qui ne blessera personne ». Le maire de Beaucaire explique vouloir « laver l'affront » de cette « date polémique », imposée par le gouvernement. Son interprétation historique est celle-ci : il s’agit de dire aux Français qui ont souffert là-bas, les harkis, les pieds noirs (un électorat visé par le FN) - ces hommes qui ont subi un « vrai crime contre l'humanité » - qu'il ne les oublie pas. Le fait d'avoir une « rue du 19 mars 1962 » peut être « considéré comme une insulte pour tous ceux qui son morts après ».

    C'est indéniablement une gestion singulière d'un événement central et de son empreinte mémorielle dans le capital historique de l'extrême droite française. À Hayange, on ne fait pas que remettre en cause une histoire. On s’en prend physiquement à une jeune femme pour la faire taire. Crystal se dit aujourd'hui « soulagée » par la décision de justice. Elle sait aussi que, même si la « condamnation est là, l'appel va prendre du temps ». Comme elle l'a expliqué au tribunal, elle ne parvient toujours pas à voir Francis Langlois. Ces quelques minutes restent un «traumatisme » pour elle. En même temps, la lycéenne insiste sur un fait : que ce verdict mette un « terme au mal que ce représentant du FN peut faire».

    Valérie Igounet historienne

    SOURCE : http://blog.francetvinfo.fr/derriere-le-front/2016/12/08/a-hayange-on-ne-remet-pas-en-cause-quune-histoire.html

     


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  • La commémoration du 5 décembre a été   un fiasco...  A Chalon-sur-Saône comme partout en France l'OAS a été occultée

     

    A Chalon-sur-Saône la commémoration

     

     

    du 5 décembre a été  un fiasco...

     

     

     

    Comme partout en France...

     

     

     

    l'Histoire a été  déformée

     

     

     

    et l'OAS a été occultée

    La commémoration du 5 décembre a été   un fiasco...  A Chalon-sur-Saône comme partout en France l'OAS a été occultée

    (Volontairement je ne mets pas de photos de cette cérémonie)

     

    La commémoration du 5 décembre a été une fiasco, (peu de monde comme partout en France... sauf à Marseille me dit-on dans un commentaire) je  donnerai en exemple Chalon-sur-Saône, c’est la ville la plus proche d’où j’habite … Et le journal local écrit :  « Plus de 50 ans après la fin de la guerre d’Algérie, la polémique sur le choix de la date pour la commémorer reste vive. La preuve avec le discours de Norbert Orenga, vice-président de l’Union nationale des combattants (UNC), qui, à l’occasion de la cérémonie du 5 décembre à Chalon, a eu une pensée pour les «frères d’armes harkis et Français d’Algérie trompés par les accords d’Évian», et a fustigé « les nouveaux ouvrages d’Histoire de Terminale, qui nous traitent d’assassins»… Ne vous inquiétez pas M. Orenga, pour les ouvrages d'Histoire... M. Fillon pense les faire réécrire (enfin s'il est élu) !!!

    Alors je répondrai à M. Orenga qu’il y a bien eu en Algérie des assassins, mais ce ne sont pas les soldats du contingent qui ont été comme les pieds-noirs, les harkis et ne l’oublions pas le peuple algérien,  des victimes du colonialisme, oui victimes de la France coloniale présente en Algérie pendant 132 ans, avec ses crimes contre l’Humanité, avec ses tortures, avec ses 700 « Oradour-sur-Glane » rasés et brûlés au napalm… avec aussi et surtout... ses incroyables injustices, notamment les deux collèges pour voter... injustices qui sont aussi à la source des révoltes...

    Alors M. Orenga parle des victimes d’après le 19 mars, il y en a bien eues mais il occulte volontairement la première responsable : l’OAS. Oui l’OAS, cette organisation terroriste et criminelle responsable de 2700 victimes sur l’ensemble de son insupportable existence…

    A l’image des résidus du groupe de nostalgiques de l’Algérie française, le 19 mars serait synonyme de «défaite de la France dans la guerre contre les terroristes algériens», c’est une «date funeste qui a marqué, pour toujours, dans l’Histoire de France, la plus grande trahison de la République envers son peuple»… comme si les combattants algériens qui luttaient pour libérer leur pays du colonialisme étaient des terroristes… comme ceux de Charly-Hebdo, du Bataclan, de Nice, etc…

    Ils font remarquer que «depuis 1962, aucun des sept présidents français qui se sont succédés à la direction du pays n’a accepté de commémorer cette date du 19 Mars 1962»… sauf François Hollande et pour cela nous pouvons lui dire :

    La commémoration du 5 décembre a été   un fiasco...  A Chalon-sur-Saône comme partout en France l'OAS a été occultée

    par contre on peut regretter que François Hollande n'ait pas abrogé la commémoration du 5 décembre

     

    Ce sont des revanchards qui n’ont pas digéré la décolonisation de l’Algérie. Ils confirment encore une fois leur haine viscérale envers l'Algérie et leur nostalgie maladive de l'Algérie française. Ils inventent des chiffres sur les massacres de harkis et de pieds-noirs au lendemain du cessez-le-feu et couvrent les crimes innommables de la France coloniale.

    Ils font mine d’oublier que c’est du côté de leurs amis, les ultras, partisans de l’Algérie française, que la guerre s’est poursuivie après le 19 mars, par l’action de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète, qu’ils ont créée en février 1961 quand ils ont compris que l’accession de l’Algérie à l’indépendance était inéluctable.

    L’OAS a mis en œuvre une véritable politique d’assassinats contre les Algériens, systématiquement tués, par dizaines chaque jour. Des blessés et des malades ont été achevés dans les hôpitaux par les commandos de l’OAS qui s’en sont pris aux femmes de ménage, assassinées alors qu’elles se rendaient chez leurs employeurs européens. Les facteurs n’ont pas été épargnés, ni les dockers. C’est l’OAS qui a inventé l’attentat à la voiture piégée. Celle qui a explosé à Alger, le 2 mai 1962, devant le centre d’embauche des dockers, a fait 63 morts et 110 blessés. Après le 19 mars 1962, les fascistes partisans de l’Algérie française ont attaqué au mortier les quartiers populaires où habitaient les Algériens. Résultat : les «pieds-noirs» ont été poussés à appliquer la formule «la valise ou le cercueil» et à quitter leur pays natal. C’est l’OAS qui a été responsable de leur départ d’Algérie. N’oublions pas l’incendie de la bibliothèque de l’université d’Alger, plus de 500 000 ouvrages et documents précieux livrés aux flammes le 7 juin 1962, point culminant de la politique de la terre brûlée.

    La commémoration du 5 décembre a été   un fiasco...  A Chalon-sur-Saône comme partout en France l'OAS a été occultée

     


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  • Il aurait fallu en finir avec le 5 décembre et le gouvernement n’a jamais voulu prendre la une bonne voie en cèdant aux partisans de l’Algérie française en le maintenant.

    Cette rue n'existe plus à Béziers depuis 2015 rayée de la carte par Ménard plus extrémiste que l'extrême droite

    Sur le 5 décembre : Un message de Jacques CROS

    Les hésitations longtemps entretenues à célébrer la commémoration de la fin de la guerre en Algérie semblaient être terminées le 6 décembre 2012 avec l’adoption par le Parlement de la date du 19 mars, anniversaire du cessez-le-feu consécutif aux accords d’Evian signés la veille.

    C’était méconnaître le refus de certains de respecter la loi. Une loi qui heurte leur conception des rapports entre les peuples qui ne peuvent se faire, selon eux, que par la domination des plus forts sur les plus faibles, ce que sous-tend l’idéologie colonialiste...

    Aussi a-t-on vu, en divers endroits, c’est notamment le cas à Béziers,  à Perpignan, à Nice des maires refuser de participer aux cérémonies du 19 mars et pire en mettant les drapeaux en berne... Comme la journée du 5 décembre n’est pas abolie elle sert de position de repli aux nostalgériques.  Là aussi le gouvernement qui se dit de gauche n'a jamais réagi au non respect de la loi ?

    A Béziers Ménard emboîte le pas à Couderc et Aboud et a organisé un rassemblement devant le Monument aux Morts de la ville le 5 décembre 2016, comme en 2015 et 2014.

    A quoi correspond le 5 décembre ? A rien de remarquable sinon à l’inauguration du monument du quai de Branly à Paris qui porte les noms des victimes françaises de la guerre d’Algérie et de l’obstination de ceux qui ont refusé la paix.

    Il fallait en finir avec le 5 décembre et le gouvernement n’a jamais voulu prendre la bonne voie en cédant aux partisans de l’Algérie française en la maintenant. C’est malheureusement ce qu’il fait en organisant encore en 2016 une cérémonie au quai Branly.

    A Béziers Ménard pouvait s’abriter derrière cette donnée. De même son ignoble décision, en 2015, de débaptiser la Rue du 19 mars1962, décidée en 1979, sous la municipalité Balmigère donc, et de la remplacer par le nom de Rue du Commandant Hélie de Saint Marc pouvait s’appuyer sur l’Ordre de la Grand ‘ Croix de la Légion d’Honneur qui lui a été attribué par le régime de Sarkozy. Il pouvait également faire état de la réintégration et de la reconstitution de carrière des factieux du putsch de 1961 décidée sous Mitterrand.

    Le jugement de l’Histoire est clair, la guerre d’Algérie a constitué un épisode dans lequel la France n’avait pas le beau rôle ! Il a occasionné suffisamment d’injustices et de souffrances pour qu’on en commémore la fin. On ne gagne rien à pactiser avec les idées d’extrême droite ! On a pu en juger à Béziers avec le duel Aboud / Ménard !

     

    Jacques Cros


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  • « Quand on parle du 19 Mars, on sait (que) c’est la fin de la guerre d’Algérie, mais c’est aussi le début d’un certain nombre de massacres, dont les pieds-noirs ou les harkis ont été victimes»… a dit François Hollande. Cette prise de parole occultait les responsabilités, notamment de l’OAS, dans la fin sanglante des derniers mois avant l’indépendance. Au lieu de se maintenir dans la détente de son début de mandat, en voulant complaire à tous, y compris aux nostalgériques les plus extrémistes, François Hollande a fâché en Algérie ceux qui ont la mémoire toujours à vif. 

     

    François Hollande et l’histoire   d’un apaisement avec l’Algérie *** Un article du quotidien algérien El Watan

    François Hollande et l’histoire

     d’un apaisement avec l’Algérie


    Si François Hollande a réussi à remettre de l’ordre dans les relations entre la France et l’Algérie, il ne sera pas allé au bout du chemin pour les apaiser définitivement.

    Il fallait pour le président François Hollande, élu en 2012, essayer d’appliquer ses promesses de premier secrétaire du Parti socialiste, sans brusquer ceux qui refusent toute idée de mise à plat du contentieux historique quant à la brutalité de la colonisation française en Algérie.

    Alors qu’il aborde ces derniers mois de présidence et qu’il ne se représentera pas, on peut dire que le président français aura aplani les contentieux au début de son quinquennat tout en froissant l’Algérie dans sa dernière année. Revenons au début : le 20 décembre 2012, alors qu’il entame sa visite officielle en Algérie, six mois après sa prise de fonction, François Hollande reconnaît «les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien», devant  les parlementaires algériens.

    Il ne craint pas de convoquer devant le tribunal de l’histoire «les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata» dont il affirme qu’ils «demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens». Il qualifie, au passage, le système colonial de «profondément injuste et brutal». Du jamais entendu ! Hélas, le chemin de la reconnaissance en actes forts était encore loin et semé d’embûches.

    Le texte de la  Déclaration d’Alger, signée par les présidents Bouteflika et Hollande, remet cependant tout à plat. Ainsi lit-on dans le préambule : «La France et l’Algérie sont déterminées à ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie. Les deux parties partagent une longue histoire et ce passé a longtemps alimenté entre nous des conflits mémoriels auxquels il est nécessaire de mettre un terme. Elles doivent, pour cela, regarder le passé en face, ensemble, avec lucidité et objectivité, tout en recherchant une voie originale permettant une lecture objective de l’histoire».Un langage nouveau. Après les cinq ans de pouvoir de son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy (lui aussi désormais renvoyé de la vie politique), le président socialiste François Hollande ouvrait donc de nouvelles perspectives avec l’Algérie. Même s’il affirmait ne pas vouloir «faire repentance ou des excuses» : «Je viens dire ce qu’est la vérité, ce qu’est l’histoire.» Devant les journalistes, il disait encore : «J’ai toujours été clair sur cette question : vérité sur le passé, vérité sur la colonisation, vérité sur la guerre avec ses drames, ses tragédies, vérité sur les mémoires blessées.»

    Tout semblait ainsi maîtrisé, à l’image des présidents Hollande et Bouteflika empruntant à pied les boulevards algérois pavoisés aux couleurs algériennes et françaises. Pourtant, si les relations tous azimuts pouvaient s’engager tous secteurs confondus, la démarche n’alla pas plus loin. En tout cas, cela permit des échanges d’ampleur jamais vue, avec un véritable pont aérien de ministres français venus en Algérie durant cette période de 2012 à 2016, pour concrétiser le partenariat signé au plus haut niveau franco-algérien. Dans l’autre sens,  la venue en France de plusieurs ministres algériens, en visites officielles, s’est accrue comme jamais. Par la suite, les pointes d’humeur ne pouvaient pas manquer d’apparaître.

    Du capital de sympathie à l’incompréhension 

    On ne parlera pas ici de l’intervention militaire française dans le Sahel, aux portes de l’Algérie, pour contrer l’avancée djihadiste. Ce fut le premier moment de tension où fut mis à l’épreuve le nouvel état d’esprit de coopération entre la France et l’Algérie. Par contre, la volonté, finalement écartée, d’inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité pour les binationaux coupables d’actes terroristes agita le microcosme politique hexagonal et traversa ardemment la Méditerranée. Hollande, qui avait un capital de sympathie jusque-là, suscita l’incompréhension. La vox populi algérienne rejoignait alors l’état d’esprit franco-français : François Hollande n’avait pas été élu pour ça. Jeudi soir, au moment de jeter l’éponge, il regretta publiquement d’avoir proposé cette disposition législative, qui avait irrité la communauté algérienne en France qui s’est sentie, à tort ou à raison, mise au ban de la citoyenneté. Enfin, il est deux sujets «algériens» qui révélèrent les tensions qui continuent de peser en France, avec des rebonds en Algérie.

    François Hollande les a réveillés. Le premier a trait aux harkis. Lors de la journée d’hommage du 25 septembre 2016, inscrite dans le calendrier combattant en France, le président Hollande avait froissé quelques susceptibilités : «Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans (...) les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France.» Ce terme de massacres a suscité maints commentaires alors que la question de la reconnaissance des massacres coloniaux entre 1830 et 1962 n’a pas évolué d’un iota sous la présidence Hollande. Le dernier sujet franco-français est celui du 19 Mars, date du cessez-le-feu en Algérie. Aucun chef d’Etat n’avait jamais honoré physiquement cette commémoration. François Hollande l’a fait cette année, avec une levée de boucliers de la sphère «Algérie-française» encore virulente sur l’échiquier politique de droite.

    Dans une langue de coton, il estime que «si on veut taire, occulter ce qui s’est produit, alors on fait resurgir les frustrations, les colères, et les douleurs. (...) L’histoire doit reconnaître les blessures mais ne pas blesser davantage». Moins langue de bois, il parle de la «somme de violences à l’égard du peuple algérien qui était colonisé». Le reste de son propos fut plus sujet à polémique, abordant la thématique chère aux révisionnistes que les «massacres qui ont eu lieu. Quand on parle du 19 Mars, on sait (que) c’est la fin de la guerre d’Algérie, mais c’est aussi le début d’un certain nombre de massacres, dont les pieds-noirs ou les harkis ont été victimes»… Cette prise de parole occultait les responsabilités, notamment de l’OAS, dans la fin sanglante des derniers mois avant l’indépendance. Au lieu de se maintenir dans la détente de son début de mandat, en voulant complaire à tous, François Hollande a fâché en Algérie ceux qui ont la mémoire toujours à vif.
     

    Walid Mebarek

    SOURCE : http://www.elwatan.com/international/francois-hollande-et-l-histoire-d-un-apaisement-avec-l-algerie-03-12-2016-334132_112.php

    François Hollande en Algérie en 2012 :

    "Injuste et brutal. Ce système a un nom :

     la colonisation"



     

     


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  • A Béziers : Najat Vallaud-Belkacem tacle Ménard "L'histoire ne doit être ni falsifiée, ni instrumentalisée"

    Béziers

    La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a mis en garde vendredi contre toute instrumentalisation de l'histoire lors d'une visite au lycée Jean-Moulin de Béziers, ville dirigée par un maire proche du Front national coutumier des polémiques.

    L'histoire ne doit être ni "falsifiée par telle ou telle idéologie", ni "instrumentalisée", ni "romancée", a martelé la ministre lors de sa visite dans ce lycée de 2.300 élèves. Une trentaine de professeurs d'histoire, dont une quinzaine enseignaient à Jean-Moulin, avaient, début 2016, demandé à Robert Ménard dans une lettre ouverte de cesser de "torturer la mémoire" du héros de la Résistance et enfant du pays.

    Vendredi matin, Robert Ménard qui multiplie depuis son élection en 2014 les polémiques sur la guerre d'Algérie, la figure de Jean Moulin, l'immigration ou la laïcité, a quitté la pièce lors d'un échange entre la ministre, une enseignante et des élèves de Terminale sur l'enseignement moral et civique.

    La ministre s'est contenté de répondre qu'elle ne connaissait pas "l'agenda" du maire.

    Elle a expliqué être venue à Béziers notamment pour "soutenir des enseignants très mal à l'aise devant les phrases de leur édile".

     

    A Béziers : Vallaud-Belkacem tacle Ménard "L'histoire ne doit être ni falsifiée, ni instrumentalisée"

    2 déc. 2016 — Profs d’histoire à Béziers, aujourd’hui c’était cadeau ! 2 décembre 2016

    Merci Madame la ministre !

    Une fois n’est pas coutume, les habitués de cette page d’accueil du site des Clionautes qui voient plutôt en surtitre cette phrase qui constitue notre fil rouge depuis 2014 : « profs d’histoire à Béziers, c’est pas un cadeau ! » seront sans doute surpris !

    À intervalles réguliers, sur le bulletin municipal de la cité natale de Jean Moulin, et à notre corps défendant, les professeurs d’histoire assistent avec dépit à une instrumentalisation systématique de notre discipline d’enseignement. De la captation de l’héritage de Jean Moulin, « M. le Maire ! Cessez de torturer la mémoire de Jean Moulin ! »
    à la divulgation de contrevérités à propos de l’histoire de la guerre d’Algérie, jusqu’à l’assimilation des réfugiés à des envahisseurs barbares, rien ne nous aura été épargné.
    L’instrumentalisation de l’histoire : c’est à Béziers !
    À l’évidence, comme d’autres personnalités du monde politique, le locataire de l’hôtel de ville se sert de l’histoire pour faire passer un message qui n’a que peu de rapport avec la formation de la jeunesse, des collégiens, comme des lycéens.
    Depuis 2014, à l’initiative d’un groupe de professeurs du lycée Jean Moulin de Béziers, vite rejoints par l’immense majorité des historiens biterrois, et bien au-delà, un mouvement a été initié pour dire à tous ceux qui seraient tentés d’instrumentaliser notre discipline d’enseignement : stop !
    Les Clionautes, association nationale de spécialistes, dont le siège social se trouve en terres biterroises ont mis toute leur énergie, consacré tous leurs moyens pour que ce qui relève à notre sens de l’usurpation, ne reste pas sans conséquences.
    Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a toujours été attentive, au rendez-vous de l’histoire de Blois notamment, à la parole des historiens. Et c’est à ce titre que les Clionautes ont entretenu avec constance tous les contacts nécessaires pour que cette journée du 2 décembre marque la reconnaissance, et au plus haut niveau, de la spécificité de l’enseignement de notre discipline dans le système éducatif.

    « Invitez-moi à Béziers ! », me disait Najat Vallaud Belkacem lors d’une rencontre au rendez-vous de l’histoire de Blois. « Message reçu Madame la ministre. Cela a été mis en œuvre, avec toute la détermination et la passion de l’histoire qui nous anime.

    C’est au lycée Jean Moulin, comme symbole de la résistance, mais cela aurait pu être au lycée Marc Bloch, pour une apologie de l’histoire Apologie de l’histoire ou métier d’historien, au lycée Henri IV, comme un rappel de l’Édit de tolérance, [1] que la ministre de l’éducation nationale s’est rendue, pour assister à la présentation de travaux d’élèves.
    Deux professeurs d’histoire géographie de cet établissement, deux Clionautes, [2] ont ainsi présenté leur séances de travail sur la laïcité comme sur la trajectoire de Jean Moulin. Des lettres à la liberté, à la tolérance, ont également été lues par des lycéens et des collégiens.
    Au moment où l’on agite des références à un roman national plus ou moins fantasmé, où l’on accumule les contrevérités sur l’élaboration des programmes scolaires, et cela va très au-delà de la cité de Béziers, les Clionautes sont toujours présents, dans leurs classes, dans les amphithéâtres des universités, mais également au-delà, pour donner à voir et à comprendre.
    Historiens et géographes dans la Cité, ce que nous sommes par nos actions d’éducation populaire à la médiathèque André Malraux, nous animons un cycle ouvert au public pour la deuxième année consécutive. Et nous apportons à nos concitoyens les outils de compréhension du monde, l’histoire, la géographie, et au confluent de ces deux disciplines, une initiation à la géopolitique contemporaine.
    Dans toutes les académies, sur tout les points du territoire, les Clionautes ne se limitent pas à une présence sur les réseaux sociaux, au maniement de l’hyperbole dans des motions qui se perdent dans le tourbillon de l’actualité. C’est ce travail patient, opiniâtre et résolu, en direction des 28 000 professeurs d’histoire et de géographie en activité, mais au-delà vers nos concitoyens, qui fonde notre identité.
    Historiens et géographes, acteurs dans la Cité, éveilleurs d’esprit critique et passeurs de savoirs, nous sommes et serons des sentinelles contre l’instrumentalisation de l’histoire, d’où qu’elle vienne, et par-delà les alternances.

    Bruno Modica
    Président des Clionautes
    Professeur au Lycée Henri IV de Béziers

    Par Bruno Modica

    [1] Nous faisons ici référence à l’Édit de Nantes consacrant la tolérance à l’égard du culte protestant après les guerres de religion en 1598

    [2] Béatrix Pau et Laurent Galy

    Cette pétition a été remise au maire de Béziers…

    Mais qu’il a jeté à la poubelle comme d’habitude !!!

    Professeurs d’histoire-géographie et d’éducation civique, nous constatons depuis bientôt deux ans au travers des publications du bulletin municipal ou des interventions médiatiques du premier édile de notre cité, un « certain » intérêt pour l’Histoire et le patrimoine.
    En tant que professeurs et pédagogues, nous devrions nous en féliciter.
    Hélas, l’instrumentalisation et le « retricotage » de l’Histoire à des fins strictement polémiques confinent désormais à une orientation idéologique telle qu’il nous a paru relever de notre devoir de citoyens d’exprimer publiquement notre désaccord. Précisément parce que nous sommes des professeurs profondément attachés à la rigueur de la démarche historique.
    Permettez-nous, Monsieur le Maire, au nom de l’ensemble des professeurs d’histoire-géographie du Biterrois, de vous adresser les trois vœux qui suivent en forme de requêtes.

    Le premier vœu sera celui de l’apaisement et de la sérénité. 

    Parce qu’« ici, c’est Béziers » et que la situation nationale est déjà suffisamment tragique, les Biterrois ont, plus que jamais, un besoin impérieux de concorde et de confiance en l’avenir. Aussi, débaptiser un nom de rue pour rouvrir des plaies et raviver de vieilles rancœurs en faisant de Béziers la vitrine de la réhabilitation de l’OAS ou créer un raccourci historique inapproprié en référence implicite à la crise des migrants « Quand les Barbares envahissaient l’empire romain » ne nous paraît pas concourir à l’établissement d’un climat serein au cœur de notre cité.
    De la même manière, ressusciter d’entre les morts les poilus biterrois dans un mauvais tour de spiritisme lors de la traditionnelle commémoration du 11 novembre et leur prêter une interrogation sur ce qu’ils diraient « en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ? »  nous paraît relever d’une utilisation pour le moins abusive et peut-être indécente de l’Histoire.

    Parce qu’« Ici, c’est Béziers », ville méditerranéenne de tradition républicaine pétrie de tolérance, le deuxième vœu sera celui du rassemblement et de l’unité : rassembler plutôt que diviser.

    Ainsi, tenons-nous à rappeler, Monsieur le Maire, que l’organisation de manifestations religieuses dans un espace semi-public ne s’inscrit pas dans la tradition laïque garante de cohésion sociale et protectrice des libertés. Nous savons que Mairie et École sont deux piliers fondateurs de notre République laïque ; en ce qui nous concerne, nous sommes scrupuleusement attachés au respect des obligations de réserve et de neutralité qui nous incombent sur notre lieu de travail et dans notre enseignement.
    De même, se réclamer de Charles Martel - « Je veux retrouver notre France […], celle de Charles Martel » - ne peut, selon nous, contribuer à renforcer l’unité des Biterrois.
    Au sujet de cette dernière et bien malheureuse référence historique , il convient de rappeler qu’en son temps, ledit Charles Martel fut le plus grand spoliateur de l’Église et surtout le bourreau de notre cité qu’il mit à sac, pilla et incendia en 737 .  Enfin, le troisième et dernier vœu sera pour nous le plus cher :
    celui du respect de la mémoire.
    Parce qu’« ici, c’est Béziers », nous devons paix, respect et déférence à la mémoire de Jean Moulin, enfant de Béziers
    et unificateur de la Résistance française.

    « Trop souvent, ceux qui nous attaquent se dissimulent derrière la figure de Jean MOULIN. Ces gens-là sont des faussaires » twittait le premier magistrat le 9 décembre dernier, mettant en garde ceux qui voudraient récupérer l’héritage du plus célèbre des Biterrois.
    Mais quelques heures plus tard, le même jour, le premier édile poursuivait dans un autre tweet : « Dimanche, au nom de Jean MOULIN, au nom de la République, nous ferons barrage à la gauche ». 
    Nous rappellerons, Monsieur le Maire, qu’en son temps, Jean Moulin - dont le père était professeur d’histoire à Béziers -
    avait fait le choix lucide et courageux de ne pas se soumettre à une idéologie reposant sur l’exclusion, la division et la fascination malsaine pour un passé idéalisé. Homme de tolérance et de conviction, il avait su rassembler autour de lui et du général de Gaulle, les résistants de toutes obédiences et de toutes origines, refusant de transiger avec le régime collaborateur de Vichy, dictature antisémite, xénophobe, régime d’ordre et d’exclusion aux antipodes de la République et de ses valeurs.
    Nous n’avons pas la prétention d’être les dépositaires de la mémoire de Jean MOULIN. Mais nous savons que si son cénotaphe se trouve au Panthéon, c’est parce qu’il était le visage de la France républicaine.
    Alors, Monsieur le Maire, de grâce, précisément parce qu’ « ici, c’est Béziers », les citoyens que nous sommes, professeurs
    d’histoire-géographie du lycée de votre ville qui porte cet illustre nom, font le vœu, à l’orée de cette année 2016, que vous cessiez de « torturer » la mémoire de Jean MOULIN et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix.


    Pendant ce temps, Najat Vallaud-Belkacem chante "Le Chant des partisans" dans un lycée de Béziers (et ce n'est pas un hasard)

    La vie politique française ne s'arrête pas avec le renoncement de François Hollande. Certains veulent paraître indifférents à la tempête médiatique qui s'abat sur l'Élysée. Ce vendredi 2 décembre, par exemple, Najat Vallaud-Belkacem était en visite dans un lycée. Rien qui ne provoque un intérêt extrême de la part des journalistes. Madame étant ministre de l'Éducation nationale, sa présence dans une enceinte scolaire n'est pas susceptible, a priori, de déclencher l'hystérie médiatique.

    Sauf que cette visite était particulière puisqu'elle avait lieu dans le lycée Jean Moulin de Béziers, la ville dirigée par Robert Ménard, maire élu en 2014 avec le soutien du FN. Et c'est là que Najat Vallaud-Belkacem et plusieurs élèves ont entonné le Chant des partisans, hymne de la Résistance durant l'occupation nazie. Une séquence sur laquelle la ministre de l'Éducation nationale a décidé de communiquer en diffusant un extrait de sa prestation sur les réseaux sociaux, le tout accompagné d'un message sans détour :

    La République est partout chez elle.

    Et donc à Béziers, sous-entendu.

    L'intervention de Najat Vallaud-Belkacem et la communication qui a suivi ne doivent rien au hasard. La ministre de l'Éducation nationale était dans l'Hérault à l'invitation de l'association de professeurs d'histoire-géographie Les Clionautes. L'association s'est fortement opposée à Robert Ménard par le passé, accusant monsieur le maire d'instrumentaliser de manière "populiste" l'histoire, notamment lorsqu'il parle de la guerre d'Algérie ou de Jean Moulin. L'intéressé avait pour sa part dénoncé "un procès en légitimité, propre à la pensée de gauche". Ambiance.

    La venue de Najat Vallaud-Belkacem s'inscrivait donc dans un contexte particulier. C'est elle, d'ailleurs, qui avait insisté auprès du président des Clionautes, Bruno Modica, pour qu'il la reçoive. "'Invitez-moi à Béziers !', me disait Najat Vallaud Belkacem lors d’une rencontre au rendez-vous de l’histoire de Blois", raconte-t-il sur le site internet de l'association, ce vendredi.

    La visite ministérielle se faisait sur le thème des valeurs de la République. Des projets portés par les lycéens ont été présentés à la socialiste dont un, développé par des élèves de terminale S et L. sur la vie de Jean Moulin. Le Chant des partisans a alors été évoqué. C'est à l'initiative de Najat Vallaud-Belkacem que la salle a repris le chant de ralliement des résistants. "Vous connaissez les paroles ?" a-t-elle demandé aux élèves et comme ceux-ci répondirent par l'affirmative, elle a ajouté :

    J'aime beaucoup ce chant donc allez-y, chantez-le !

    Et ce que ministre demande, ministre l'obtient, du moins la plupart du temps. Les élèves ont donc entonné le chant écrit par Joseph Kessel et Maurice Druon, sur une musique d'Anna Marly.

    "C'était un message d'hommage à la Résistance et à Jean Moulin, commente l'entourage de Najat Vallaud-Belkacem. Forcément, à Béziers, ça prend une connotation particulière." Ou comment confirmer par l'allusion que le chant était – aussi – un message adressé à Robert Ménard.  

     


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  • Ils ne pourront jamais remettre en cause les accords d’Evian, même l’extrême droite, par contre ils peuvent tout-à-fait abroger la loi du 6 décembre 2012 et la commémoration officielle du 19 mars 1962...On peut s’attendre à tout avec le digne remplaçant de Sarkozy… le très droitier Fillon… Alors si cela arrivait nous regretterions davantage que François Hollande n'ait pas eu le courage ou la volonté d'abroger la journée de commémoration du 5 décembre, date qui n'a aucun lien avec la guerre d'Algérie... Et en plus ils nous prennent pour des ânes... rendez-vous compte : la première guerre mondiale a fait près d'1 million et demi de morts Français et une seule commémoration le 11 novembre comparée à la guerre d'Algérie : 30000 morts mais quatre commémorations : le 19 mars, le 25 septembre, le 11 novembre (aussi) et bien sûr le 5 décembre... tient c'est dans quatre jours mais ils ne m'y verront pas... Même Nathalie Kosciusko-Morizet certainement la plus sensée de tous les élus de droite répondant à une question de "L'Ancien d'Algérie" le journal de la FNACA après la déclaration de Sarkozy voulant supprimer le 19 mars avait écrit :

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner la guerre  des mémoires »

     

     

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner

    la guerre des mémoires »

    Alain Ruscio : « Ils veulent gagner la guerre des mémoires »

    Photo : Sylvain Thomas/AFP

    C'était en 2015 et un bien triste souvenir... en débaptisant la rue du 19-mars-1962 pour lui donner le nom d’un ancien putschiste, le maire de Béziers Robert Ménard se pose en héritier du colonialisme.

    L’historien Alain Ruscio, spécialiste de la guerre d’Algérie, rappelle le travail de sape des « descendants idéologiques de l’OAS ».

    Que signifie commémorer, en France aujourd’hui, le 19 mars 1962 ? 

    Alain Ruscio : Ce n’est pas seulement la guerre d’Algérie qui s’est arrêtée, mais un cycle qu’on peut qualifier de décolonisation tragique : depuis 1945 et pendant dix-sept ans, la France a été en guerre, du Vietnam à l’Algérie. Cette dernière guerre avait profondément marqué, blessé, voire tué les sociétés française et algérienne. Il y a eu une sorte de soupir de soulagement à voir la France se libérer de ce poids en reconnaissant à ces peuples le droit à disposer d’eux-mêmes.

    On assiste à un mouvement de recul idéologique. Des maires Front national et de droite refusent de commémorer cette date, effacent cette histoire, mettent en berne les drapeaux français… 

    Alain Ruscio : Le grand drame des Français d’Algérie a été de penser que l’Organisation armée secrète (OAS), les pires des racistes et des colonialistes, pouvait les sauver. L’OAS, responsable de plusieurs milliers de crimes en Algérie et sur le sol français au nom de l’Algérie française. Aujourd’hui encore, les descendants idéologiques de l’OAS continuent leur combat d’arrière-garde. Ils réussissent à laisser penser que l’histoire aurait pu tourner autrement. À contre-courant des historiens et des citoyens qui savent bien que l’indépendance de l’Algérie était inéluctable. Ces gens-là ont perdu la guerre sur le terrain mais veulent gagner la guerre des mémoires.

    Avec l’arrivée aux exécutifs locaux d’élus sensibles à leurs thèses, leurs réseaux se réorganisent. 

    Alain Ruscio : Ceux qui se réclament de l’héritage gaulliste (et je rappelle que c’est De Gaulle lui-même qui a voulu signer l’indépendance de l’Algérie) n’hésitent plus à passer des alliances avec des anciens de l’OAS, les mêmes qu’ils avaient combattus. Il y a une porosité inquiétante entre l’extrême droite et la droite classique.

    Dans leur livre le Mauvais Génie, Ariane Chemin et Vanessa Schneider écrivent que Patrick Buisson a presque réussi à faire revenir Sarkozy sur les accords d’Évian. Est-ce possible ? 

    Alain Ruscio : La France et l’Algérie sont deux pays totalement indépendants, maîtres de leur destin, et nul n’y pourra rien changer : aucun gouvernement au monde ne reviendrait sur des accords signés par deux gouvernements légaux et validés par l’entrée de l’Algérie à l’ONU. Même si, dans la pire des hypothèses, les Le Pen arrivaient au pouvoir, ils ne le pourraient pas, à moins de vouloir faire replonger les jeunes Français dans une deuxième guerre d’Algérie.

    Alain Ruscio

    Alain Ruscio contre

     les OAStalgiques

    Le chercheur rafraîchit les mémoires

    sur les ignominies de l’armée secrète

    Il y a le sourire de Robert Ménard, maire de Béziers, quand il débaptise, au milieu du mois de mars 2015, la rue du 19 mars 1962, date des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, pour dévoiler la plaque de la rue Commandant-Denoix-de-Saint-Marc. Et puis il y a ses mots : «Notre paradis à nous, comme disait et dit toujours ma mère.»

    Passons sur l’ancien commandant du 1er Régiment étranger de parachutistes, admirable pendant la Seconde Guerre mondiale, respectable en Indochine et misérable en Algérie quand il participe à la bataille d’Alger et au putsch des généraux en retraite, qui n’étaient pas 25, un quarteron, mais quatre : Salan, Jouhaud, Challe et Zeller.

    Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS, un livre d'Alain Ruscio, devrait rafraîchir les mémoires. «Notre paradis… ma mère», toute la guerre tient en quatre mots pour les nostalgiques. Après, il y a les chiffres et l’histoire d’un mouvement qui passera alternativement de l’horreur absolue à la bêtise, du ridicule à l’ignominie. Alain Ruscio dresse un bilan de ceux qui rêvaient de se mettre dans les pas de Franco marchant sur Madrid, pour conquérir Paris. Les chiffres : 15355 attentats, faisant 1622 morts (2700 suivant une autre source) (239 Européens, 1383 musulmans), entre mars 1961 et avril 1962, au nom du paradis que représentait l’Algérie pour quelques militaires en rupture de ban et des «braves gens» pour reprendre une expression du Canard enchaîné pour désigner des hommes de main.

    «Scorpions». «Le 15 mars 1961, un commando armé envoyé par Roger Degueldre, dirigé par deux chefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade, et comprenant Félicien "Kiki" Gardiola, "Petit Vincent", "Pierrot la Grue", "Jeannot" Martinez, fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould-Aoudia.» Voilà l’affaire dite du Château-Royal, au cours de laquelle ces «braves gens» règlent leur compte aux dirigeants des centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillion. Des méthodes si proches de l’attentat contre Charlie Hebdo. Pourquoi ? Ils répondaient à la violence du FLN et des «barbouzes» gaullistes. Sans doute, mais le niveau de haine - réciproque - touche à l’indicible. Le 19 février 1962, Francine Dessaigne, partisane de l’Algérie française, rend compte d’une opération : «Hier à midi, un commando OAS a tiré sur une voiture qui sortait de l’hôpital Maillot. Il y avait quatre barbouzes. La voiture a pris feu […]. Un cercle s’est formé. On a regardé se consumer le véhicule et ses occupants dont certains n’étaient que blessés […]. Qui n’a jamais dans sa vie tué des rats ou brûlé des scorpions.»

    L’imbécillité avait sa place aussi, comme le rappelle Alain Ruscio : «En février 1962, le siège des Editions sociales françaises, maison totalement apolitique spécialisée dans les publications de droit du travail, fut plastiqué à la place des Editions sociales, émanation du PCF… En mars, l’appartement d’un certain M. Léon, journaliste à la retraite, fut à son tour détruit, le commando l’ayant confondu avec Georges Léon, critique musical à l’Humanité…» A force de se tromper de cible et de méthodes, les plastiqueurs de l’OAS vont perdre tout soutien populaire, comme en témoignent les résultats aux référendums de janvier 1961 (74,9% des suffrages approuvent l’autodétermination) et d’avril 62 (90,8% en faveur de la ratification des accords d’Evian). Bilan de l’OAS, qui voulait rendre coup pour coup au FLN, mettant un terme à tout espoir de cohabitation entre les «indigènes» et les «Européens» : la guerre totale promise par des officiers qui avaient choisi de désobéir se transformait en une défaite totale.

    «Corps». En voulant aller contre l’histoire - le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé par le général de Gaulle -, les amis de Jean-Marie Le Pen, que l’on croise une douzaine de fois dans le livre d’Alain Ruscio, opposaient la force de quelques-uns à la volonté populaire. Ils auraient dû lire Alexis de Tocqueville qui écrivait en 1830 : «La société musulmane et la société chrétienne n’ont malheureusement aucun lien, elles forment deux corps juxtaposés, mais complètement séparés […]. Tous les jours cet état de choses tend à s’accroître par des causes contre lesquelles on ne peut rien.» Dire notre «notre paradis à nous», c’est encore naviguer entre le ridicule et l’ignoble pour faire plaisir à sa maman, sans rien avoir appris de l’histoire.

    Philippe DOUROUX


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