• 8 Février 2023

    Publié par El Diablo

     

     

     

    L’affaire du métro Charonne

    Le 8 février 1962, la police tue à la station de métro Charonne à Paris. Une manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie vire à l’horreur, neuf personnes trouvent la mort.

    L’affaire du métro Charonne

    Début des années 60, en France. Que s’est-il passé ? 

    Porté par le contexte économique des Trente Glorieuses, le pays, en pleine croissance, favorise l’immigration de travailleurs venus -entre autres- des colonies. Dès 1945 l’ONI (l’Office National d’Immigration) voit le jour et est chargé de contrôler l’importation de main-d’œuvre. Les ouvriers étaient providentiels : non seulement car en nombre massif pour répondre aux besoins imposés par la politique de développement, mais aussi car assignés aux tâches les plus pénibles, et peu coûteux a bien des égards. Ils sont mis au ban de la société : leurs droits obéissent à une législation différente de celle du reste de la population, ils sont entassés dans des taudis, s’implantent dans des bidonvilles et sont victimes d’un racisme anti-Arabe grandissant durant la Guerre d’Algérie.

    C’est durant cette période que se forme l’OAS (l’Organisation Armée Secrète), une organisation menant des actions terroristes en Métropole et outre Méditerranée, dans l’objectif de raffermir le contrôle français sur l’Algérie et de la garder sous domination française. C’est en effet la volonté affichée par l’Etat français de se retirer de l’Algérie qui suscite de vives réactions : En 1961, lors d’un référendum conduit en Métropole et en Algérie, 25% des répondants se sont déclarés opposés à la cession du droit d’autodétermination aux Algériens ! (C’est-à-dire du droit au peuple d’organiser son propre pouvoir et Etat). A leur tête et dans leurs rangs, principalement des hommes politiques et des militaires. Leurs méthodes sont froides : assassinats, putschs et attentats. C’est lors d’un de ceux-ci à Paris, que l’OAS fera exploser dix charges de plastic le même jour et blessera grièvement une fillette de 4 ans, Delphine Renard.

    L’affaire du métro Charonne

    Delphine Renard :

    « Les apologistes de l’OAS

    continuent de brandir

    des idéaux racistes

    et fascisants » 

     

     Les souvenirs de Delphine Renard

     sur "France info" 

     L'histoire du jour

     Delphine Renard, la petite fille victime de l'OAS

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    Le 7 février 1962, en pleine guerre d'Algérie, une bombe explose chez André Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est grièvement blessée. Elle devient, malgré elle, le symbole des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, dans un livre - "Tu choisiras la vie" (Grasset) - elle raconte l'évènement qui a changé sa vie.

    Delphine Renard est au milieu de ses jouets, dans sa chambre, à Boulogne Billancourt. Elle est allongée, par terre, plongée dans une livre. Soudain, une énorme explosion retentit. La pièce vole en éclats. La petite fille pousse un hurlement. Elle s'en souvient comme si c'était hier : "j'ai les yeux fermés, collés par le sang, mon côté droit n'est plus qu'une bouillie". Les secours se précipitent. Les reporters, aussi. Paris Match publie la photo de l'enfant. Le magazine écrit : "ce visage mutilé accuse l'OAS".

    L'OAS, c'est l'organisation de l'armée secrète, qui commet des attentats pour empêcher l'indépendance de l'Algérie. Quand les Français voient cette photo, quand ils découvrent l'histoire de Delphine Renard, ils sont bouleversés.

     

    Deux drames, en deux jours

     

    Si la bombe a explosé chez elle, c'est simplement parce que Delphine Renard habite le même immeuble qu'André Malraux. C'est lui, le ministre du général de Gaulle, qui était visé. Au moment de l'attentat, Malraux n'était pas chez lui.

    Le lendemain, une manifestation a lieu à Paris. Le préfet de police, Maurice Papon, l'a interdite. Mais des milliers de personnes descendent malgré tout dans la rue. Elles protestent contre les attentats. La police charge les manifestants. Il y a des bousculades. Neuf personnes sont tuées au métro Charonne.

    Deux drames, en deux jours. Après des mois de violence, après la répression du 17 octobre 1961, la guerre a atteint un niveau insupportable. D'ailleurs, les Français ne la supportent plus. Le conflit s'arrête quelques semaines plus tard. Les accords d'Evian sont signés le 18 mars 1962.

     

    À 61 ans, elle trouve la force d'écrire sur l'événement

     

    Pendant ce temps-là, Delphine Renard va d'hôpital en d'hôpital. Dans l'attentat, elle a perdu un œil. Elle subit des opérations en série. Elle grandit. Elle se construit, dans l'ombre de cette histoire. Parfois, dans la rue, des passants la reconnaissent : "Êtes-vous la petite Delphine Renard ?". Elle n'aime pas beaucoup ça.

    Elle suit des études brillantes. Elle devient critique d'art, puis psychanalyste. A 29 ans, elle perd son deuxième œil. Encore une conséquence, tardive, de l'attentat. Aujourd'hui, Delphine Renard a 55 ans. Elle a trouvé la force d'écrire sur l'événement qui a bouleversé sa vie.

    Le 7 février 1962, en pleine guerre d'Algérie, une bombe explose chez André Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est grièvement blessée. Elle devient, malgré elle, le symbole des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, dans un livre - "Tu choisiras la vie" (Grasset) - elle raconte l'évènement qui a changé sa vie.

    Delphine Renard est au milieu de ses jouets, dans sa chambre, à Boulogne Billancourt. Elle est allongée, par terre, plongée dans une livre. Soudain, une énorme explosion retentit. La pièce vole en éclats. La petite fille pousse un hurlement. Elle s'en souvient comme si c'était hier : "j'ai les yeux fermés, collés par le sang, mon côté droit n'est plus qu'une bouillie". Les secours se précipitent. Les reporters, aussi. Paris Match publie la photo de l'enfant. Le magazine écrit : "ce visage mutilé accuse l'OAS".

    L'OAS, c'est l'organisation de l'armée secrète, qui commet des attentats pour empêcher l'indépendance de l'Algérie. Quand les Français voient cette photo, quand ils découvrent l'histoire de Delphine Renard, ils sont bouleversés.

     
    Delphine Renard, une petite fille victime de l'OAS par franceinfo

    Je vous conseille le livre de Delphine Renard «  Tu choisiras la vie » la petite fille victime de la criminelle et terroriste OAS… Je l’ai lu… Ces terroristes d’hier étaient aussi criminels que ceux d’aujourd’hui.

    Michel Dandelot 

     

                    

    L’affaire du métro Charonne

     

    Son livre commence ainsi «  Je veux dédier ce livre aux neuf personnes qui ont trouvé la mort au métro Charonne, le 8 février 1962, tuées par une police aux ordres du sinistre préfet Papon. Ces manifestants sont tombés pour avoir exprimé leur volonté de paix en Algérie et pour avoir osé élever leurs voix contre la barbarie de l’OAS : c’était au lendemain d’un attentat visant le ministre André Malraux et qui m’a seule atteinte. Ayant eu la chance de survivre, j’ai le sentiment de respirer aussi en leurs noms. Cinquante après, leur souvenir me porte à dénoncer comme eux, cette guerre sans fin et à m’associer à toutes les familles qui, comme la mienne, en ont été à jamais meurtries. Je rends également ici hommage à tous ceux qui, un jour, ont rencontré sur leur route la folie du terrorisme aveugle » Delphine Renard.

     

     

    Et maintenant

    nous attendons

    les reconnaissances

    officielles

    d’émmanuel Macron

    au nom de la France

    Le 8 février est un crime d'état : un dépôt d'une gerbe du préfet lallement et 6 lignes du président macron

    en 2022

    sont très insuffisants

    reconnaissances des crimes d'etat, des crimes du guerre, du crime contre l'humanité sont indispensables pour tourner définitivement

    la page

     

     

     

    Après des années d’exactions, c’est l’évènement de trop qui étend le sentiment d’insécurité à une partie élargie de la population. En effet, si même les enfants sont touchés, qui peut se prétendre à l’abri ? A l’époque seule une portion d’intellectuels et de militants, pour la plupart d’extrême gauche, soutiennent des positions anticolonialistes. Même lors du massacre du 17 octobre 1961, seuls les milieux déjà sensibilisés aux problématiques liés à la colonisation et aux rapports de pouvoir ont réagi. Néanmoins, le 8 février 1962, au lendemain de l’attentat, on comprendra que la réprobation a cette fois-ci trouvé écho au sein de l’opinion publique.

    Un rassemblement pacifiste et pacifique 

    Ce sont 60.000 individus – soit plus de 2% de la population parisienne de l’époque – qui sortiront investir les rues de la capitale pour protester. La manifestation est lancée sous l’impulsion des grands syndicats historiques, incluant la CGT, et l’UNEF ainsi que des partis de gauche ; bien qu’interdite ils prennent en charge l’organisation et l’encadrement de l’évènement. Différentes processions qui connaissent globalement peu de heurts sont tenues « contre le fascisme et l’OAS » et « pour la paix en Algérie » dans plusieurs quartiers parisiens. Des cortèges fusionnent et la foule se masse au carrefour Voltaire-Charonne dans le 11ème ; les organisateurs s’apprêtent à prononcer le mot de la fin et annoncer la dissolution du rassemblement. Il est 19h30.

    Un barrage des forces de l’ordre, à proximité du carrefour se meut. Une masse s’en détache. Des silhouettes aux long bras s’en distinguent et approchent. Il s’agit en fait de policiers en marche en direction de la foule, armés de leurs longues matraques – « les bidules » comme on les appelle –. Des dignitaires parmi les organisateurs ainsi que des élus vont à leur rencontre pour annoncer que la dislocation vient d’être prononcée, tenant pour signe évident la foule qui est calme, non-organisée en cortège et qui fait même dos aux policiers. C’est alors qu’à quelques dizaines de mètres des manifestants, un homme en civil, accompagnant les forces de l’ordre crie « Ca ne fait rien. On s’en fout, cognez ! ». La police charge les contestataires, bâtons levés.

    L’affaire du métro Charonne


    Le massacre 

    Sans sommation, par surprise, le choc est décuplé dans sa violence. Personne ne les a vu arriver, et les premiers malheureux reçoivent les coups avec stupeur. Une stupeur qui se mue en une panique, et se répand de proche en proche dans les rangs. La foule prise d’assaut s’agite et cherche à fuir, plongés dans l’urgence des cris de leurs camarades. Ils comprennent rapidement que ce n’est pas une habituelle escarmouche avec les forces de l’ordre, qui n’ont de toutes façons pas de raisons de s’en prendre à eux. Alors rapidement, il faut pour chacun trouver un abri, une voie de salut. Craignant peut-être de rencontrer plus de policiers via les rues avoisinantes (certaines étant barrées), et pensant pouvoir échapper au saccage, d’instinct une partie du cortège cherche à se terrer dans les bouches du métro Charonne. 

    A la surface, la furie ne se désamorce pas. Ceux ayant pu se cacher témoignent « J’ai pu trouver refuge derrière une porte cochère, et là, j’ai entendu pendant une demi-heure des cris déchirants, des coups de sifflet, des chocs et des bruits divers ». Au métro, la panique est telle qu’une bousculade prend place. Les personnes chutent les unes sur les autres dans les escaliers, et s’entassent dans une masse grouillante dont nul ne peut se tirer. La dizaine de personnes ayant pu arriver indemnes dans la station Charonne ne trouveront aucune voie de sortie : toutes sont verrouillées. Ils tenteront alors d’aider ceux qui, sous le poids des leurs et de leurs convictions, étouffent, brisés au bas de l’escalier.

    C’est dans ces circonstances que la maréchaussée achèvera de détruire le contrat social qui les lie à la population qu’ils doivent protéger. Ils vont s’en prendre aux gens piégés du métro. Ils s’emparent d’abord des personnes qu’ils ont battu pour les lancer par-dessus les rambardes donnant sur l’escalier et les quais. D’autres s’occupent de frapper -jusqu’à briser leurs bâtons- ceux qui en haut de l’escalier cherchent malgré tout à s’engouffrer dans la masse compacte, pour s’abriter des coups. La manifestation contre le terrorisme a tourné au massacre. Perpétré par les garants de la sécurité publique.

    Une quinzaine de minutes durant, ils s’acharneront sur les manifestants. Impossible en bas de pouvoir efficacement dégager qui que ce soit sous la pression de la pluie d’insultes, de coups, de projections en tout genre. La police ira jusqu’à vandaliser le mobilier urbain pour le jeter sur les entassés : table de café, pièces en fonte, grilles d’aération. Certains iront même poursuivre dans les couloirs et sur les quais, les personnes qui ont pu les atteindre pour s’y réfugier. Pour finir, ils lanceront des grenades de gaz lacrymogène dans l’espace confiné de la station.

    Des corps meurtris et des personnes inconscientes sont extraites. Fractures du crâne, des membres, plaies, asphyxies, traumatismes. 9 personnes décèdent : 3 femmes, 5 hommes, et un adolescent de 15 ans. Tous âges, tous sexes, tous protestants pour la paix. On dénombrera 126 blessés, affluant vers les cliniques parisiennes, dont un tiers resteront plus de 5 jours hospitalisés. Quelles conséquences, pour un bilan si lourd ?

     

    Suites 

    Tout d’abord à court-terme : un mouvement de solidarité sociale nait spontanément et rassemble (les estimations à ce sujet sont très dispersées) autour de 400 000 personnes aux obsèques des victimes, 5 jours après le drame. L’émotion est retentissante et beaucoup n’hésiteront pas à poser leurs congés pour y participer. Du côté des pouvoir publics, la veille des obsèques le Premier Ministre Michel Debré visitait la police de Paris pour leur « apporter le témoignage de sa confiance et de son admiration ». En outre, il signifiera également au Préfet de police de l’époque, Maurice Papon on dont il a su exécuter une mission souvent délicate et difficile ». Aucun doute possible, la répression a été exécutée sous l’égide bienveillante des plus hautes sphères républicaines.

    La tendance à moyen et long terme confirmera ceci. Jusqu’aujourd’hui, les seuls liens entre l’affaire et la justice sont la dépense de l’argent public en procédures engagées qui aboutiront sur des non-lieux, les renvois entre instances juridiques et dédouanements successifs. La pierre majeure venant sceller tout espoir de justice vis-à-vis des actes terroristes commis est également placée par l’Etat, et renforcée par les pouvoirs en place successifs : il s’agit des lois d’amnistie. Celles-ci consistent à couvrir de manière rétroactive les actes passibles de décision de justice d’un groupe d’individus, souvent, suite à un contexte de conflit à implications politiques. C’est en quelques sortes, une grâce présidentielle étendue à plusieurs personnes.

    L’affaire du métro Charonne

    De gauche à droite : Maurice Papon, Michel Debré et Charles de Gaulle. Les têtes du pouvoir en place à l’époque de la répression.

    Amnistie, amnésie 

    Pensées en amont même de l’indépendance algérienne, celles-ci feront l’objet d’une rare diligence dans leur mise en place et promulgation. En 1962, en premier lieu, seront prononcés décrets et ordonnances concernant les militants algériens, pour les couvrir vis-à-vis de toute poursuite judiciaire portant sur leurs actes de résistance, actes ayant par ailleurs été reconnus comme légitimes lors des accords d’Evian. S’agirait-il en un sens d’admettre qu’il n’y avait pas de motif valable donnant lieu à la domination de générations d’algériens ? Car curieusement, l’autre pendant des mesures adoptées concerne cette fois les « faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre ». Exonérant ainsi de fait tout militaire coupable de torture, massacre de civils ou de transgression des droits humains élémentaires. Le texte de loi ne sera pas absolu dans son application, et ne concernera pas, par exemple, les français engagés auprès du FLN ou les déserteurs.

    Les lois d’amnisties seront alors complétées et étendues sur plusieurs années pour tenir compte d’un maximum de cas, sous diverses influences.  On relèvera en particulier des lois visant à blanchir les membres de l’OAS et affiliés, spécifiquement. Un des faits les plus marquants est lié à François Mitterrand : alors président, il impose en 1982 le passage d’une loi -via le célèbre 49.3- visant à réhabiliter les militaires, policiers et fonctionnaires impliqués dans les actions pour menées pour le primat de l’Algérie Française. En clair, déjà absous par la justice française, le Président leur permettra en plus, pour la plupart, de réintégrer leur corps de métiers, de retrouver leurs décorations militaires, et également de toucher une pension. Les faits ont de quoi étonner. D’autant plus pour un gouvernement de Gauche. Serait-ce un us républicain, d’instrumentaliser les pouvoirs pour tempérer sa relation aux milieux d’extrême droite, comme à Charonne ?

    Début des années 2020 en France. Qu’est-ce qui a changé ? 

    Le sujet reste ouvert et commenté par les historiens étant donné que les pouvoirs publics n’ont jamais pu (ou voulu) faire la lumière sur cette affaire. Diverses lectures sont proposées, mais celles incluant la maitrise des relations entre l’Etat et les partisans de droite conservatrice, qui sont plus nombreux en proportion parmi les forces de maintien de l’ordre que dans le reste de la population semble tenir le mieux en cohérence la trame des évènements sus-cités.

    La désinformation de concert du ministre de l’Intérieur et de la Droite au sujet des circonstances de la manifestation. L’approbation ouverte du Premier Ministre quant à la bonne gestion faite par le Préfet de Police de ses troupes. L’acharnement d’une section spéciale d’officiers sur des manifestants ouvertement liés au communisme. Les amnisties en faveur des terroristes et autres violents, y compris au nom de l’Etat. Leur réhabilitation opérée par François Mitterrand, qui exécute ainsi sa promesse de campagne. (Il ira même jusqu’à convaincre sur cette base l’ex-chef de l’OAS d’appeler à son vote).

    Chacune de ces actions, perpétrées à dessein, pour afficher un soutien et ainsi transiger avec une extrême droite trop présente et trop influente parmi les sphères de pouvoir françaises. Chacune d’entre elles, sont autant de relais qui ont contribué à faire tomber le silence sur les tombes de Charonne.

    SOURCE : L'affaire du métro Charonne - Récits d'Algérie (recitsdalgerie.com) 


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  • C’était la guerre d’Algérie

     

    C’était la guerre d’Algérie 

     

    C'était la guerre d'Algérie S1 E2 : L'insurrection (1954-1955)

    Dans cet après-guerre, malgré Sétif et sa répression, rien n'a changé en Algérie. Même si certains musulmans, comme Ferhat Abbas, croient toujours en la France et ses promesses d'égalité et de liberté. En 1947, un statut de l'Algérie plutôt "libéral" est voté par l'Assemblée algérienne. Il soulève bien des espoirs. Mais pour le parti des "grands colons", il y a le feu. Il faut bloquer ce dangereux statut. Alors, les autorités françaises vont organiser une élection truquée : le bourrage des urnes est massif et systématique dans toute l'Algérie. Six ans avant le début de cette guerre, le modéré Ferhat Abbas tire alors la sonnette d'alarme. Lui qui croyait encore en la France et ses promesses se sent trahi. Au même moment, les jeunes du parti de Messali, le rival de Ferhat Abbas, créent une branche clandestine, l'Organisation Spéciale. 

    C'était la guerre d'Algérie S1 E3 : La "sale guerre" (1956-1957)

    Début 1956, la guerre dure depuis deux ans, même si tout le monde feint de l'ignorer. Avec les pouvoirs spéciaux votés par l'Assemblée nationale, Guy Mollet envoie le contingent en Algérie. Dans les années qui suivent, un million et demi de jeunes Français, des appelés venus de métropole, débarquent pour un service militaire porté à 30 mois. Une génération entière va découvrir la guerre. Marquée par de terribles attentats, l'année 1956 voit s'affronter différents fronts. Les ultras radicaux de l'Algérie française, soutenus par certains militaires, cherchent à faire pression sur la population et le gouvernement. Tandis qu'en réaction à la guerre contre-révolutionnaire menée par l'armée française, le "FLN des débuts" va se structurer, éliminer ses rivaux, étendre son influence politique et mener son combat dans les villes. 

    C'était la guerre d'Algérie S1 E4 : 1957

    la bataille d'Alger

    En 1957, plus de 200 000 soldats, jeunes appelés du contingent, débarquent pour prêter main-forte à l'armée qui se bat dans les djebels, contre le Front de libération national algérien, le FLN. Bientôt, ils seront un million cinq cent mille, venus des quatre coins de la France, à participer à " cette guerre sans nom " qui est devenue une " sale guerre " où l'armée, les paras et la Légion traquent les maquisards du FLN. En 1957, dans les deux camps, les durs vont l'emporter. L'armée française d'une part qui va imposer ses vues à un pouvoir politique en perdition. Et, côté algérien, la montée en puissance du FLN, qui se structure, s'impose face à ses rivaux, et va inaugurer une nouvelle stratégie, un nouveau front : porter la terreur dans les villes et d'abord à Alger. Ce sera la bataille d'Alger. 

     C'était la guerre d'Algérie S1 E5 :

     Vers l'indépendance (1959-1962)

    C'est le vrai-faux coup d'Etat du 13 mai à Alger qui ramène de Gaulle au pouvoir, après douze années de traversée du désert. Il est l'homme providentiel pour les "pieds-noirs" et l'armée. Mais, très vite, des doutes s'installent chez ceux qui l'ont porté au pouvoir. Où va-t-il, ce de Gaulle de 1958 ? Où conduit-il l'Algérie ? Pense-t-il déjà à l'indépendance ? Ou seulement, comme on le dit, à quelques réformes profondes pour donner à l'Algérie un statut d'autonomie ? De 1958 à 1959, de Gaulle va tenter de trouver son chemin vers l'orient compliqué de l'Algérie. Il lance l'ambitieux Plan de Constantine, pour développer économiquement le pays et lier son destin à celui de la France. Il jure "Jamais, moi vivant, le drapeau du FLN ne flottera sur Alger", et il poursuit la guerre militaire avec plus de force encore que ses prédécesseurs. 

     

     


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    Essais nucléaires français au Sahara : pour

    les habitants du sud-ouest libyen, les

    retombées radioactives continuent à tuer

      Essais nucléaires français au Sahara : pour  les habitants du sud-ouest libyen, les retombées radioactives continuent à tuer

    Le premier essai de la bombe atomique française, effectué près de Reggane, au cœur du Sahara algérien, le 13 février 1960 (Reuters)

    Entre 1960 et 1966, la France a fait exploser dix-sept bombes dans le Sahara algérien. Dans le désert voisin, les Libyens réclament des enquêtes pour estimer les préjudices subis jusqu’à aujourd’hui

    « Je cherche des mots qui n’existent pas. Mon père s’en alla le jour où le vent du désert pleura, et son absence est toujours présente, un cri strident et muet, tel un vide que les mots ne peuvent remplir. » 

    Abed Alfitory a aujourd’hui 64 ans. Mais il se souvient encore aujourd’hui de la mort de son père et des événements qui l’ont précédée.

    Abed Alfitory est originaire du Fezzan, la région majoritairement désertique du sud-ouest de la Libye. C’est ici, au cœur du Sahara, qu’il a passé vingt ans à rassembler des ressources pour son livre Desert Cry, encouragé par l’histoire de son père, qui perdit la vue en 1960 et la vie quelques années plus tard.

      Essais nucléaires français au Sahara : pour  les habitants du sud-ouest libyen, les retombées radioactives continuent à tuer

    S’adressant à Middle East Eye depuis son domicile à al-Zighan, ce professeur de philosophie à l’université de Sebha raconte une enfance lourde, entre les conditions de vie difficiles et la cécité de son père qui le tourmentait.

    Plus tard, il a découvert ce qui avait causé l’état de son père. Il a également appris qu’il n’était pas le seul.

    En 1960, de nombreux habitants du Fezzan furent victimes de maladies respiratoires et d’ophtalmie. Les infections oculaires aiguës étaient alors si répandues qu’on finit par parler de l’« année de l’ophtalmie ».

    Il y eut ensuite l’« année de la variole », l’« année du “vent jaune” » ou encore l’« année corrosive ». Les cancers parmi les habitants du Fezzan se multiplièrent. Des pluies acides s’abattirent sur une terre affligée. Que s’était-il passé ? 

    Des explosions dans le Sahara

    Le 13 février 1960, la France effectua son premier essai nucléaire à Reggane, une ville-oasis du sud de l’Algérie. La guerre d’Algérie sévissait depuis 1954 et le président français Charles de Gaulle tenait à montrer au monde entier que la France avait sa place à la table des puissances militaires.

    C’était pour servir cet objectif que la première bombe atomique française, baptisée « Gerboise bleue » en référence au bleu du drapeau tricolore et au nom d’un petit animal du Sahara, explosa dans le désert algérien. Elle libéra une quantité d’énergie quatre fois supérieure à celle de la bombe américaine larguée à Hiroshima.

    Quelques mois plus tard, alors que le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev était en France pour une visite officielle, une deuxième bombe française explosa dans le Sahara.

    Entre 1960 et 1966, soit quatre ans après l’indépendance de l’Algérie, la France a fait exploser dix-sept bombes dans le Sahara, dont quatre dans l’atmosphère près de Reggane. Les témoins de ces essais les ont décrits comme la chose la plus brutale qu’ils aient jamais vue de leur vie.

    Quatre essais souterrains dans le Sahara algérien « n’ont pas été totalement contenus ou confinés », souligne un rapport parlementaire français.

    Le plus célèbre de ces cas est l’accident Béryl, au cours duquel neuf soldats et plusieurs villageois touaregs furent lourdement irradiés.

    L’impact du programme d’essais nucléaires français en Algérie fut immédiat et est toujours d’actualité.

    Après la première explosion en 1960, des retombées radioactives arrivèrent jusqu’au Ghana, alors indépendant depuis peu, ainsi qu’au Nigeria, qui vivait ses derniers jours en tant que colonie britannique.

    Des documents secret-défense cités par Le Parisien en 2014 ont révélé que des zones beaucoup plus importantes que ce qui avait été avancé par le gouvernement avaient été touchées.

    En réalité, contrairement aux affirmations de Paris, les radiations de la première bombe avaient couvert à elles seules une région qui s’étendait de l’Algérie au Nigeria en passant par la Libye, la Mauritanie ou encore le Mali. L’impact toucha même l’Espagne et l’Italie.

    Selon une carte militaire française, le sud de la Libye – et le Fezzan en particulier – furent durement touchés, puisque des vents d’ouest transportèrent un nuage nucléaire depuis les sites d’essai d’In Ekker en Algérie jusqu’au Fezzan.

    Un grain de sable retient des radiations pendant une période estimée à 24 000 ans. Les habitants du désert affirment qu’une de leurs revendications majeures – que la zone soit débarrassée des résidus de surface restants et que les endroits où sont enterrés les déchets nucléaires soient dévoilés – est complètement ignorée par la France.

    Un ciel orangé

    Le 20 février 2021, des sables sahariens venus d’Algérie ont balayé la Méditerranée. Le ciel est devenu orange. Le sable a apporté des niveaux inhabituellement élevés de radiations.  

    En Algérie, des études menées au fil des ans à proximité des sites d’essais ont révélé que la population locale continue de subir les répercussions de ces expériences, avec des malformations congénitales et des maladies graves « transmises de génération en génération, outre de nombreux types de cancer ».

    Entre 27 000 et 60 000 Algériens ont été affectés par des niveaux inhabituels de radiations, selon Abdel-Kadhim al-Aboudi, un professeur algérien de physique nucléaire à l’université d’Oran décédé en 2021.

    Les chercheurs qui s’intéressent à l’impact des essais ont été confrontés à des obstructions de toutes sortes : les autorités françaises, libyennes et algériennes sont toutes soupçonnées de bloquer les enquêtes

    De l’autre côté de la frontière, dans le Sahara libyen, l’impact des essais nucléaires français est moins bien documenté. Les chercheurs qui s’intéressent à l’impact des essais ont été confrontés à des obstructions de toutes sortes : les autorités françaises, libyennes et algériennes sont toutes soupçonnées de bloquer les enquêtes.

    Les entretiens avec la population locale et les informations officielles confiées à MEE montrent cependant que des milliers de personnes dans le Fezzan subissent encore les répercussions des essais français effectués dans les années 1960.  

    « Il est nécessaire de faire des recherches et d’enquêter sur les préjudices subis par les habitants du Fezzan à la suite de ces tests », affirme à MEE Mohammed Salih, 55 ans, enseignant dans le village de Wadi Atba. Il raconte que l’année 1960 a également porté le nom d’« année de la surprise » et que des personnes et des maisons furent enfouis à la suite de ces essais.

    « La situation dure depuis longtemps et laisse encore des traces aujourd’hui, explique-t-il. Les gens souffrent. » 

    Saada Jibril, 70 ans, un agriculteur du village de Ghaddwah, raconte qu’en 1960, des pluies acides causèrent la mort de dromadaires et frappèrent la population « d’une fièvre qui a tué des familles entières ».

    L’une des victimes fut son grand-père, qui mourut deux jours après être entré dans un état fiévreux. « J’étais enfant, mais je me souviens encore de ces moments douloureux », confie-t-il à MEE.

    « La douleur est toujours présente », affirme à MEE Mohammed Nasr, originaire du Fezzan. « On voit encore apparaître dans le Fezzan des centaines de personnes atteintes d’un cancer dont la cause est inconnue. Il ne se passe pas un jour sans que l’on enterre des personnes mortes d’un cancer. »

    Mohammed Nasr évoque également les faibles taux de fécondité enregistrés chez les générations qui se succèdent depuis les essais nucléaires. Selon lui, cela est dû en partie au fait que « les fortes pluies constituent la seule source d’eau souterraine dans le Fezzan en raison de sa rareté. Et la source provient du désert algérien, ce qui renforce l’hypothèse de déchets nucléaires enfouis. »

    Les recherches montrent que les essais ont entraîné la contamination des eaux souterraines et la présence de radioactivité dans celles-ci.

    D’après l’Union libyenne contre le cancer, le nombre de cas dans le sud du pays est élevé, notamment pour le cancer du poumon.

    En dépit de l’absence de statistiques précises concernant le nombre de personnes atteintes de cancer en Libye, Omar Ali, consultant en oncologie, souligne que « le nombre est énorme ». « Cela s’explique par la pollution de l’eau et de l’air par les explosions nucléaires », explique-t-il à MEE.

    L’impact des explosions nucléaires se manifeste généralement en deux temps : en premier lieu surviennent les maladies de la peau et les allergies. On retrouve dans un deuxième temps des tumeurs cancéreuses qui touchent de nombreuses personnes dans le désert libyen.

    Un cruel coup du sort

    Dans le cadre de ses recherches pour son livre, Abed Alfitory a cherché à recueillir des témoignages oraux dans le Fezzan, en s’adressant notamment aux anciens et en échangeant avec le professeur al-Aboudi.

    Abdel-Kadhim al-Aboudi a écrit au sujet des effets à long terme des détonations nucléaires, notamment les tumeurs et les anomalies congénitales.

    Par un cruel coup du sort, Abed Alfitory, qui a tant œuvré à rendre compte de la douleur des habitants du Fezzan et qui a vu son père mourir à cause des essais nucléaires, souffre aujourd’hui d’une tumeur cancéreuse.

    Ses yeux se remplissent de tristesse lorsqu’il se confie à ce sujet à MEE.

    « Hier, mon père a perdu la vue, ce qui fut pour moi un grand malheur. Aujourd’hui, la même cause m’empêche de me déplacer. Combien de maux attendent les générations futures ? » 

    En fin de compte, il ne lui reste que les souvenirs durables du père qu’il aimait tant. « La lumière qui émane de la bonté de sa mémoire me réchauffe encore », confie-t-il à MEE.

    « Je suis encore comme j’étais avant de m’endormir. Entre l’aube et le crépuscule, je ferme les yeux et je lui parle. Il y a des choses que l’on ne peut voir que dans l’obscurité. J’entends encore le murmure de son souvenir : ses derniers mots alors qu’il était sur son lit de mort, le moment des adieux, la difficulté de perdre un père. »

    SOURCE : Essais nucléaires français au Sahara : pour les habitants du sud-ouest libyen, les retombées radioactives continuent à tuer | Middle East Eye édition française

    Patrice Bouveret : « Il y a un déni en France

    sur l’affaire des essais nucléaires dans le

    Sahara algérien »

    Le directeur de l’Observatoire des armements regrette l’absence de volonté politique en France pour régler le contentieux des expériences atomiques des années 60, et notamment le verrouillage des archives qui permettraient d’identifier les zones contaminées mettant en danger la santé des Algériens 

      Essais nucléaires français au Sahara : pour  les habitants du sud-ouest libyen, les retombées radioactives continuent à tuer

    Photo prise à Reggane, dans le Sahara algérien, en décembre 1960 : le général Jean Thiry décrit aux journalistes l’explosion, le 27 décembre 1960, de la troisième bombe atomique française lors de l’opération dite « Gerboise rouge » (AFP)

    Entre 1960 et 1966, l’armée française a conduit dix-sept expériences nucléaires, aériennes et souterraines, dans le Sahara algérien. Ces essais, réalisés d’abord sous la présidence du général Charles de Gaulle, ont permis à la France de devenir la quatrième puissance nucléaire mondiale. 

    Mais en même temps, ils ont entraîné une importante pollution radioactive, induite en partie par les tonnes de déchets laissés sur les lieux des explosions. 

    L’État français, qui n’a jamais reconnu sa responsabilité dans cette affaire, refuse toujours de publier les archives sur les essais. 

    En sa qualité d’expert dans le nucléaire, Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, membre de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) qui a reçu le prix Nobel de la paix 2017, milite depuis plusieurs années pour la mise en place d’une coopération étroite entre la France et l’Algérie afin de nettoyer et réhabiliter les zones irradiées. 

    Middle East Eye : Le ministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants de la guerre d’indépendance) a révélé dernièrement que la France refusait encore de remettre à l’Algérie les relevés topographiques de ses essais nucléaires dans le Sahara entre 1960 et 1966 et qu’elle continuait à traiter ce dossier « dans le plus grand secret ». Ceci vous étonne-t-il ? 

    Patrice Bouveret : Non. Cela ne m’étonne pas du tout. Le traitement de cette affaire est très lent et manque cruellement de transparence. 

    La dix-septième réunion du comité mixte franco-algérien sur la réhabilitation des anciens sites des essais nucléaires s’est tenue à la fin du mois de mai dernier, pendant deux jours. Mais on ne connaît toujours pas ce qui a été convenu. Après dix-sept réunions, les deux parties auraient dû théoriquement avancer. Or, ce n’est visiblement pas le cas. 

    Le traitement de cette affaire est très lent et manque

    cruellement de transparence

    La demande de l’Algérie est pourtant simple. Elle concerne l’ouverture et la transmission par la France des archives sur les zones où les déchets nucléaires ont été enfouis. Il s’agit aussi de procéder conjointement à l’identification des zones impactées par la radioactivité et au traitement des déchets. 

    Le blocage des pourparlers autour de ces questions techniques démontre l’absence de volonté politique en France sur la question des essais nucléaires en Algérie.  

    MEE : À quoi est due, selon vous, cette absence de volonté politique alors qu’officiellement, la France, par la voix de son président Emmanuel Macron, prône le règlement des questions de contentieux mémoriel avec l’Algérie ? 

    PB : La position de la France concernant l’Algérie est en effet très contradictoire. Elle l’est davantage concernant le dossier des essais nucléaires. On pourrait se demander par exemple pourquoi l’État français, sous la présidence de François Hollande [2012-2017] et maintenant avec Macron, s’engage à assumer les conséquences de ses expériences atomiques en Polynésie mais pas en Algérie. 

    Le seul discours dont on dispose est celui des autorités algériennes, qui ont indiqué à plusieurs occasions que la France bloquait les négociations. À aucun moment, les responsables français ne se sont exprimés. Il y a un déni en France sur l’affaire des expériences nucléaires dans le Sahara. 

    Le changement du personnel politique en France a pourtant vocation à faciliter le traitement du dossier. Les responsables d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui avaient organisé les expériences. On peut comprendre qu’à l’époque, les personnes qui avaient pris les décisions avaient du mal à reconnaître leur responsabilité dans la mise en danger de la vie des populations. 

    Mais nous ne sommes plus dans ce cas de figure. Les générations au pouvoir se sont renouvelées et il n’y plus aucune raison justifiant les blocages de la part des autorités françaises. À moins qu’il y ait d’autres secrets que l’État français ne veut pas rendre publics ou tout simplement parce qu’il ne veut pas assumer sa responsabilité en tant qu’autorité politique dans la mise en danger de la vie d’autrui. 

    En tout cas, le blocage des négociations sur le dossier des essais nucléaires risque d’empoisonner les relations entre l’Algérie et la France alors que cette dernière ne cesse d’exprimer sa volonté de construire des rapports apaisés. 

    MEE : L’un des blocages les plus importants correspond à la difficulté d’accès aux archives militaires sur les essais.  

    PB : Les archives françaises sur le nucléaire font l’objet d’un double verrouillage. Le code du patrimoine de 2008 a créé une catégorie d’archives incommunicables dans la durée et qui concernent toutes les armes de destruction massive, dont les armes nucléaires. 

    Tout récemment, le Parlement a voté une loi sur l’anti-terrorisme et le renseignement qui confirme le verrouillage des archives classées secret défense. Cette loi octroie aux autorités militaires un droit de veto sur la communication des documents concernant par exemple les retombées des essais nucléaires dans le désert algérien, c’est-à-dire la quantité de radioactivité diffusée dans les sites des essais et sur les déchets enterrés sur place, comme les véhicules utilisés pour tester leur capacité de résistance à la radioactivité. 

    D’autres déchets de très haute activité se trouvent dans les galeries souterraines qui avaient été creusées dans la montagne de Tan Afella, dans le Hoggar. Ces derniers peuvent rester polluants pendant des dizaines de milliers d’années en contaminant la chaîne alimentaire et les nappes phréatiques.  

    MEE : La France est-elle dans l’obligation légale de nettoyer les sites contaminés? 

    PB : D’un point de vue juridique, la France n’est engagée par aucun traité l’obligeant à nettoyer les sites des expériences. Le traité d’interdiction des essais nucléaires qu’elle a signé et ratifié ne prévoyait pas, au moment de sa conclusion en 1996, le nettoyage des sites contaminés et la prise en charge des populations irradiées. 

    Ces clauses n’y ont été incluses qu’en 2017, après la renégociation du traité à la demande de certains États comme l’Algérie. Mais la France ne les a pas approuvées. 

    Il faut savoir par ailleurs que les accords d’Évian en 1962 [sur l’indépendance de l’Algérie], qui ont permis à la France de poursuivre ses essais nucléaires en Algérie jusqu’en 1966, ne prévoyaient pas d’engagement français sur la réhabilitation des sites utilisés pour les expériences.

    MEE : Les populations irradiées du Sahara ont-elles toutefois la possibilité de poursuivre l’État français en justice ? 

    PB : C’est possible sur le plan sanitaire puisque la loi Morin, entrée en vigueur en 2010, prévoit que toute personne victime peut demander une indemnisation si elle répond à trois critères : avoir séjourné dans les zones contaminées (1) pendant la période des essais (2) et avoir une maladie répertoriée comme radio-induite (3). 

    Or depuis 2010, 53 dossiers uniquement ont été déposés par des Algériens et un seul d’entre eux a été indemnisé. Le nombre réduit de demandes s’explique par un tas de raisons. 

    Les victimes ne connaissent pas nécessairement l’existence de la loi sur les indemnisations. Il n’y a pas eu de missions de sensibilisation et d’accompagnement des victimes sur le plan juridique.

    MEE : Pourquoi les autorités algériennes ne se sont-elles pas emparées de la loi Morin pour aider les populations irradiées à faire des demandes d’indemnisation ? 

    PB : Les autorités algériennes ont déclaré ne pas être en faveur d’indemnisations individuelles au cas par cas mais plutôt pour une prise en charge collective des problèmes de santé induits par les essais. 

    [Les autorités algériennes] avaient sans doute peur que les populations leur reprochent d’avoir autorisé la poursuite des essais même si elles y étaient obligées compte tenu du rapport de force encore largement favorable à la France

    Les demandes pourraient concerner, par exemple, la fourniture par la France de matériel médical et l’aide à la construction de services de santé spécifiques pour soigner les maladies radio-induites. 

    MEE : Depuis quelques années, l’affaire des essais nucléaires français dans le Sahara est mise en avant par les responsables politiques algériens. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Quelle en est la raison ? 

    PB : Sur les dix-sept essais dans le Sahara, onze ont été réalisés après l’indépendance de l’Algérie avec l’accord des autorités algériennes. Leur implication explique un peu pourquoi elles ont gardé le silence pendant longtemps. 

    Elles avaient sans doute peur que les populations leur reprochent d’avoir autorisé la poursuite des essais même si elles y étaient obligées compte tenu du rapport de force encore largement favorable à la France, à l’époque de l’indépendance de l’Algérie.

    MEE : Des particules de radioactivité sont tombées en France après le passage d’un nuage de sable provenant du Sahara en février 2022. Malgré cela, le sujet sur les essais nucléaires en Algérie reste marginal. Qu’en pensez-vous? 

    PB : Des nuages de sable arrivent régulièrement en France. Mais c’est la première fois qu’un laboratoire indépendant a analysé les particules et communiqué sur leur contenu radioactif. 

      Essais nucléaires français au Sahara : pour  les habitants du sud-ouest libyen, les retombées radioactives continuent à tuer

    Tempête de sable du Sahara à Quiberon, dans l’est de la France, le 16 octobre 2017 : le cumul de ces éléments dans le corps humain peut à la longue entraîner des maladies (AFP/Loïc Venance)

    Sur le plan officiel, on a minimisé les risques en indiquant que les particules avaient une très faible radioactivité et ne représentaient aucun danger sur la santé. Or, le cumul de ces éléments dans le corps humain et celui des animaux peut à la longue entraîner des maladies. Que dire alors des populations qui vivent tous les jours au contact du sable radioactif ?

    MEE : Dans une étude intitulée « Sous le sable, la radioactivité », réalisée en 2020 avec Jean-Marie Collin, expert international dans le nucléaire, vous dressez un inventaire de tous les déchets radioactifs dans le Sahara. À quel point sont-ils dangereux pour les populations locales ? 

    PB : Ces déchets qu’on a pu recenser à partir de quelques archives déclassifiées et de documents conservés par des personnes ayant participé aux essais comportent une série d’objets et de matériels très nocifs. Cela va de tournevis à des morceaux d’avions et de véhicules, en passant par des boîtes à outils complètes et des kilomètres de fil de cuivre. 

    Le gros problème de ces matériaux est qu’ils ont été disséminés dans des zones non balisées et sans que la population ne soit informée du danger qu’ils représentent. Certains ont été récupérés et utilisés par des personnes inconscientes de leur nocivité.

    SOURCE : Patrice Bouveret : « Il y a un déni en France sur l’affaire des essais nucléaires dans le Sahara algérien » | Middle East Eye édition française 

     


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    date du 16 novembre 2013 :

    Je viens de recevoir ce commentaire suite à cet article qui  date du 16 novembre 2013 : « La tournée des popotes d’Eddy Mitchell »

    « La tournée des popotes d’Eddy Mitchell » un article d’Agathe Logeart *** En mémoire en tant qu'appelé pendant la guerre d'Algérie, Eddy crée la chanson "Soixante-soixante-deux" 

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    « Sujet : "1962 tournée en Algérie EDDY MITCHEL" envoyé par Bulard Jacky

    (marie-claude.bulard@orange.fr) le vendredi 03 février 2023.

    Bonjour,

    En juillet 1962 je me suis retrouvé en Algérie dans les armes du train et j’ai, au niveau sécurité, accompagné EDDY MITCHEL DANS UN CAR POUR UN CONCERT PRES D’ALGER DE MéMOIRE A BOUIRA ET IL ME SEMBLE QU’IL Y AVAIT ANNIE PATISON. JE CHERCHE A LE CONTACTER ET LUI ECRIRE. J’AI TENTé DE LE VOIR EN TOURNéE à L’éPOQUE à TROYES MAIS J’AI ECHOUé. SI VOUS AVEZ L’INFORMATION POUR LE CONTACTER je vous dit « GRAND MERCI ».

    JACKY BULARD AVANT DE LE RETROUVER PEUT-ETRE LA-HAUT, LA 62 2 A 80 ANS ».

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    « La tournée des popotes d’Eddy Mitchell » un article d’Agathe Logeart *** En mémoire en tant qu'appelé pendant la guerre d'Algérie, Eddy crée la chanson "Soixante-soixante-deux" 

    16 Novembre 2013

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    Je viens de recevoir ce commentaire suite à cet article qui  date du 16 novembre 2013 : « La tournée des popotes d’Eddy Mitchell »

    En 1962, l’appelé Claude Moine (Eddy Mitchell) a lui aussi servi en Algérie : en chantant pour les appelés, qui avaient le moral dans les chaussettes.

    C’est toujours le même cauchemar. Quel que soit l’endroit du monde où il se trouve, on frappe à la porte. C’est un soldat. Il regarde un bout de papier. Il lit son nom. Et lui dit qu’il faut y retourner. Et là Eddy Mitchell devient fou. Il ne veut pas. Non, c’est non. Il se réveille. C’est un cauchemar. Son cauchemar.
    Il lui a fallu vingt-cinq ans pour, un jour dans un coin de studio, mettre enfin des mots sur la mélodie qui a su porter ses souvenirs. La chanson s’appelle

    «Soixante, soixante-deux» :

    Tous dans l'même bâteau
    Je préfère les naufrageurs
    L'Algérie c'est beau
    Oui mais vue du Sacré Coeur
    Soixante, soixante-deux
    Quelque part ça m'fait peur… (La chanson complète à la fin, avec la vidéo…)

    Oui, peur. L’Algérie, quand on a commencé à en parler, il savait à peine où c’était, lui le môme de Belleville qui habitait précisément boulevard d’Algérie, à la lisière des fortifs. Il était Chaussette Noire, lui. Banane et gomina. Twist à Saint-Tropez, bottes souples à bout carré et dactylo rock, s’il vous plaît.
    Quand l’armée l’a rattrapé, elle s’est dit qu’elle faisait une bonne affaire. D’accord, il a mis le chambard le temps de ses classes à Montlhéry. Incapable d’apprendre à conduire, il a bousillé une Jeep et un camion. Il a menacé de faire un procès si sa femme le quittait pour cause de boule à zéro. Mais Eddy était une star. Une idée loufoque a alors germé dans la tête d’un fonctionnaire du ministère : puisque Claude Moine, dit Eddy Mitchell, devait – comme tout le monde – partir en Algérie, autant que cela serve à quelque chose. Il irait donc chanter pour la troupe, histoire de remonter un moral passablement déclinant après huit ans de guerre. Pas de discussion: c’est ça ou la taule.
    Alors va pour le théâtre aux armées…
    Mais, attention ! M. Eddy n’aime pas qu’on lui force la main et il a une franche détestation de tout ce qui est militaire. Il voulait bien chanter mais à ses conditions: pas question de se couper les cheveux. Ni de manger à la table des officiers. Ni de dormir à la caserne. Ni de se priver de la présence de sa femme. Pour le reste, s’ils voulaient qu’il chante, eh bien il chanterait. L’armée s’est même offert une semaine de Chaussettes Noires à l’Olympia avant le départ. Et a encaissé la recette pour ses bonnes œuvres.
    L’Algérie, Eddy Mitchell connaissait déjà. Il y avait fait une tournée en 1961. Alger, Tiaret… Pas que de bons souvenirs. A Oran, le gala au théâtre de verdure avait dû être annulé : l’OAS menaçait de mettre une bombe ; il n’était pas question qu’Arabes et «Européens» puissent assister ensemble au spectacle. Dans une rue, un jour, il avait vu de jeunes «Européens» courser de jeunes Arabes avec une lanière de cuir et une pierre au bout. La veille, un pied-noir aurait été égorgé. En représailles, deux Arabes auraient été balancés dans le port.

    Eddy a commencé à comprendre pourquoi son copain Michel, revenu de vingt-huit mois de service militaire, se jetait par terre chaque fois qu’un pot d’échappement faisait trop de bruit. Maintenant, ça le faisait moins rigoler.
    Il savait bien qu’en Algérie les gens ne s’embrassaient pas sur la bouche. Mais il pensait que ça se passait loin. Dans le bled. Alors il y est retourné chanter. En emmerdant les officiers le plus possible. Il les traitait de cons, leur disait que s’ils n’étaient pas contents il ne chanterait pas. Il jouait au sale gosse. Comme pour se venger des récits hargneux de ceux qui, à leur vingtième bière, se vantaient d’avoir massacré les Arabes qui leur étaient tombés entre les mains. Il tentait de chasser les vilaines images. Il se disait que, comme tous les mômes, il ne comprenait rien. Qu’il y avait des gens formidables des deux côtés et qu’ils devraient arriver à s’entendre.
    Il a chanté donc. Et puis il est rentré en France. Et son cauchemar a commencé. Soixante, soixante-deux, y’avait pas que des rockers…


    Avant-première/Eddy Mitchell : "La France doit des excuses à l'Algérie" - Regardez :

    15 Novembre 2013

    Demain 16 novembre 2013, à 12h10, Canal + diffusera "Clique". Mouloud Achour recevra la chanteuse Christine&The Queens, Snoop Dogg et Dam Funk en interview exclusive depuis Amsterdam, et Eddy Mitchell.

    Ce dernier est revenu sur la guerre d'Algérie. "J'ai vu des choses en tant que civil quand j'ai été chanté là-bas. J'ai vu des choses absolument sordides. A Oran, il y avait une grande promenade. Des Européens jetaient des Arabes comme ça par-dessus la jetée. On se demandait pourquoi ? La veille, il y avait eu deux petits Européens qui avaient été égorgés par des Arabes".

    Et d'ajouter : "La France doit des excuses à l'Algérie. La France a été un pays colonial. Qui dit colonisé, dit esclavage".

    Enfant de la guerre d’Algérie, il avoue être « antigaulliste total et convaincu », lui reproche d’avoir été « ramené au pouvoir par les partisans de l’Algérie française qu’il va trahir au nom de la raison d’État… » Et ces quelques tristes considérations, modestes et distanciées, comme toujours chez lui : « Cette guerre d’Algérie, dont nous n’avons toujours pas achevé le droit d’inventaire, a été terriblement marquante pour moi. Parce que probablement j’y ai échappé de peu et que nous regardions des mômes partir se faire tuer au nom de l’Algérie française, alors même que nous savions qu’elle ne pouvait plus l’être. » 

     

     

     

    Non Eddy !!!

    La France ne doit pas s’excuser…

    Elle doit reconnaître officiellement

    tous ses crimes d’Etat

    Ses crimes de guerre

    Son crime contre l’humanité

     

     


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    Obsèques de notre camarade Pierre Escande

     

    Obsèques de notre camarade Pierre Escande

    Pierre Escande en 2017

     

    Obsèques de notre camarade Pierre Escande

     

    Une vue de l’assistance

    Photo Marianne Perrot

     

    Elles se sont déroulées comme prévu mercredi 1er février dans le cimetière de Murviel-les-Béziers. Une foule très nombreuse y a participé. Dans un espace central de la nécropole, le cercueil de Pierre, recouvert du drapeau de la fédération départementale du PCF et d’un drapeau occitan, reposait sur des tréteaux.

    De nombreux intervenants, famille ou associations diverses ont été entendus. Elles retraçaient la vie de notre camarade qui, c’était perceptible, jouissait d’une grande popularité dans ce village viticole occitan.

    Avec Pierre disparait sans doute tout un monde rural tel que nous l’avons connu. Cela a dû renforcer de manière peut-être inconsciente toute l’émotion qui a pu e dégager de la cérémonie.

    Pierre était en effet un viticulteur qui avait réussi une belle carrière professionnelle. C’est qu’il était vaillant et particulièrement efficace. Il était aussi pleinement intégré à la vie de Murviel ayant pris des responsabilités dans diverses organisation

    Paul Barbazange, secrétaire de la section de Béziers du parti communiste, a fort justement noté que notre camarade nous quitte dans un contexte caractérisé par un mouvement social d’une ampleur inégalée. Le parti politique dont il a été membre toute son existence a certainement un rôle irremplaçable à jouer pour proposer une rupture franche et décisive afin que notre société trouve une logique de fonctionnement qui permette de satisfaire les revendications de notre temps.

    Et c’est bien vrai que la réponse aux problèmes actuels se heurte aux limites historiques d’un système en fin de vie.

    Pierre aurait certainement été satisfait du déroulement de cette cérémonie et de l’intervention qui l’a clôturée. Une autre page s’ouvre pour ceux qui sont encore sur la brèche.

    Jacques CROS

    Obsèques de notre camarade Pierre Escande

    Vous l'aurez compris Pierre Escande était un proche de notre camarade Jacques Cros, à ses obsèques hier, Jacques a fait un malaise et il est tombé, il écrit "Je sentais mes jambes qui ne pouvaient plus me porter et quand je suis tombé j'ai eu un sentiment de soulagement ! Sans doute avais-je trop présumé de mes forces après la manifestation de la veille". Mais enfin si les jambes flanchent la tête continue pour l'heure à fonctionner. 

    Merci Jacques de nous avoir rassuré.

    Michel Dandelot

    Voici l’allocution que Jacques Cros avait prévu de lire

    mais il en a été empêché

    Obsèques de notre camarade Pierre Escande

    Allocution pour Pierre Escande

    Il était dans sa 88ème année et depuis le mois d’août dernier il était résident de la maison de retraite Les Tilleuls à Murviel-les-Béziers. C’était une figure du village où ses parents étaient arrivés après avoir quitté le hameau d’Escande situé sur la commune de Lacaune.

    Lui-même était resté à La Salvetat-sur-Agout élevé jusqu’à une dizaine d’années par un oncle et une tante qui géraient la ferme de Caumézelles qui était celle de ses grands-parents maternels. Il avait une maison de famille au Chazel, plus exactement à Bonneval où il en avait fait construire une seconde.

    C’était là haut qu’étaient ses origines même s’il s’était investi pleinement à Murviel où il avait réussi une belle carrière de viticulteur. J’avais avec lui des relations privilégiées qui tenaient à nos origines sociales assez semblables au fait que nous étions tous les deux des anciens d’Algérie et que nous avions le même engagement au servie de la paix de la démocratie et du progrès social.

    De ce point de vue Pierre a été l’archétype du militant en milieu rural. Il était membre de diverses associations, coopérative, sportive, musicale… Il était adhérent de la société de chasse, responsable de la FCPE, membre de la FNACA… Il a été élu conseiller municipal effectuant deux mandats. On l’a connu au MODEF, ce syndicat agricole des exploitants familiaux. Le tout couronné par le fait qu’il était au Parti Communiste.

    J’ai eu l’occasion de participer avec lui à diverses actions, celle concernant l’ouverture d’une classe à l’école de Murviel, contre l’extension des gravières Castille ou du changement de nom de la rue du 19 mars 1962 à Béziers. Je le retrouvais aux réunions du bureau de la section du PCF de l’Ouest Biterrois.

    Il avait réussi une opération remarquable avec la réalisation de son livre autobiographique « Pierretou, enfant de la terre ». Une initiative qui avait connu un franc succès auprès des Murviellois ou des habitants de La Salvetat ainsi que de diverses connaissances.

    J’ai le souvenir aussi d’avoir rendu compte de la démonstration du conditionnement des olives qu’il avait faite à la Maison des Tilleuls. Il avait une passion pour les olives, comme d’ailleurs pour son muscat ou les asperges sauvages.

    Il était d’un naturel généreux et serviable. Des qualités qui je pense lui étaient unanimement reconnues.

    N’oublions pas de mentionner l’activité qu’il avait eue pour restaurer l’église et le cimetière de Bonneval. C’est tout un chapitre de sa période de retraité qui faisait déjà partie de ses vacances qu’il passait systématiquement là haut.

    Il avait survécu une dizaine d’années à la disparition de son épouse. Il avait surmonté cette épreuve qui avait commencé avec la maladie de celle-ci. Cet été un AVC avait eu raison de sa robustesse. Il en était resté très dépendant mais quand je lui avais rendu visite au mois d’août il m’avait paru s’adapter à la situation que l’âge er son état de santé lui imposaient.

    Et puis ayant des difficultés à l’entendre j’avais renoncé à l’appeler mais je m’attendais au dénouement.

    A tous ceux que ce deuil afflige nous présentons nos condoléances. Nous restons sereins, sa vie ayant été bien remplie, pratiquement jusqu’à la fin. Oui Pierre, ainsi que tu l’avais annoncé sur un ton moqueur ton dernier voyage t’aura conduit des Tilleuls aux cyprès.

    Tu nous quittes alors que le parti dont tu as été membre jusqu’à la fin de ton existence est en ordre de marche avec son 39ème congrès pour affronter cette rupture nécessaire, franche et décisive avec une logique de fonctionnement de notre société à bout de souffle. Une situation que met en évidence le mouvement social de grande ampleur auquel nous assistons.

    Sois tranquille, nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour mener à bien la tâche qui nous incombe faite de modestie et visant au rassemblement de toutes les victimes d’un système qui se heurte à ses limites historiques.

    Un simple mot pour terminer. Je suis en effet chargé par une camarade de Villeurbanne que nous avions accueillie il y a trois ans de te transmettre son message : « Mireille te dit adieu, elle t’aimait bien. ». Voilà, ma mission est accomplie.

    Jacques Cros 

     

    Nous étions en 2017 et j'avais mis en ligne cet article concernant Pierre Escande

    Pierre Escande a présenté son livre

    à la médiathèque de Murviel-lès-Béziers

    Le 15 novembre, Pierre Escande était invité par les Amis de la médiathèque à présenter son livre.

    Un ouvrage autobiographique intitulé Pierretou, enfant de la terre, qui évoque son enfance, la guerre d'Algérie, son combat de vigneron syndicalisé, son engagement citoyen entre autres. Avec beaucoup d'humilité, face à une assistance venue nombreuse pour l'écouter, plus de 50 personnes, il a expliqué le pourquoi de ce livre : "La nécessité de raconter à sa descendance son parcours afin qu'elle connaisse son histoire".

    Une tranche de vie qui traverse également l'histoire avec un grand H, car comme il le dit, en une génération, l'évolution technologique a fait un bond immense. Ses nombreux écrits étaient consignés dans un cahier d'écolier et c'est Delphine Laurent, qui travaille à la médiathèque de Béziers et pratique des ateliers écriture, qui l'a accompagné pour la structuration de son récit, et André Pons, en a réalisé la préface. Pierre Escande, figure locale incontournable, unanimement appréciée, livre ainsi son amour de la terre et des autres, un témoignage d'une époque, en résumé une mémoire vivante qui fait du bien.

    SOURCE : http://www.midilibre.fr/2017/11/29/pierre-escande-a-presente-son-livre-a-la-mediatheque,1595729.php 

     

     

    Le témoignage de Jacques Cros

    « Pierretou, enfant de la terre »

    SOURCE : http://cessenon.centerblog.net/6572083-Pierretou--enfant-de-la-terre 

    Il s’agit du livre écrit par Pierre Escande. Je viens d’en achever la lecture. Pierretou c’est le diminutif que lui donnait sa grand-mère maternelle quand il était enfant. Je connais bien Pierre et je savais à peu près tout ce qu’il a écrit dans ce livre qui est un peu sa biographie.

    Nous avons des points communs et en même temps des différences. Pierre a cinq ans de plus que moi et il a passé son enfance à La Salvetat sur Agout. Il a ensuite vécu à Murviel-les-Béziers, un village viticole du Biterrois qui ressemble davantage à celui de Cessenon.

    Ce qui nous a je pense rapprochés c’est que nous sommes l’un et l’autre des anciens d’Algérie. Ceci étant nous n’avons pas vécu les mêmes choses. Nous n’étions ni au même endroit, ni au même moment. De plus Pierre était sous-officier ce qui lui a conféré des possibilités d’action que je n’ai jamais eues. Par exemple la fois où il a refusé de hisser les couleurs en réponse aux exactions dont il avait été témoin !

    Pierre a eu un itinéraire singulier. Ses parents étaient descendus au pays bas, à Murviel plus précisément, il a été élevé pendant ses premières années par une sœur et un frère de sa mère. Le descriptif de son environnement, la ferme de Caumezelles, l’église de Bonneval, l’école d’Escande… ne manque pas de saveur.

    J’ai assez bien connu son épouse. C’était une belle femme mais la maladie l’avait diminuée dans ses dernières années. Pierre avait dû s’organiser pour gérer le quotidien puis sa situation de veuf. On ne choisit pas !

    J’ai retrouvé dans le livre sa passion pour la viticulture, activité économique dans laquelle il avait réussi. Je le savais impliqué dans les activités sociales de Murviel, que ce soit au Réveil murviellois, à la société de chasse, au rugby, aux parents d’élèves ou dans le registre coopératif, notamment à la cave de vinification ou à la distillerie. Il était engagé dans le syndicalisme agricole, au sein du MODEF plus précisément. Il a complété cet engagement par son adhésion, au parti communiste.

    Cela ne l’a pas empêché de s’occuper de la remise en état de l’église de Bonneval ainsi que du cimetière attenant. J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de voir Pierre dans l’univers qui a été le sien jusqu’à ce qu’il rejoigne ses parents à Murviel.

    La préface d’André Pons, comme le livre d’ailleurs, rend compte d’un trait de caractère de Pierre unanimement reconnu. Il est serviable, généreux et jouit d’une forte popularité dans son village. C’est bien que sa vie nous ait ainsi été racontée, avec l’évolution des mentalités et des techniques qui l’ont accompagnée, mettant en cause les équilibres  écologiques dont il a fait état.

    Jacques CROS 

     

     

    A l’approche du 5 décembre 2017

    La date des partisans de l'empire

    des partisans du colonialisme

    des partisans de l'ancien temps

    des nostalgiques de l'oas

    des nostalgiques des putschistes

    du 21 avril 1961

    des nostalgiques de l'algérie

    française

     

    Pierre Escande a présenté son livre  à la médiathèque de Murviel-lès-Béziers

    Un témoignage de Pierre Escande

     

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    Pour le respect de la légalité

    républicaine  

     

    Non sans mal les anciens combattants d’Afrique du Nord  ont obtenu que la commémoration de la fin de cette guerre anachronique qu’a été la guerre d’Algérie ait lieu le 19 mars, jour d’application du cessez-le-feu convenu la veille avec la signature des Accords d’Evian. 

    Ce jour-là c’était une phase de paix qui succédait à une période de guerre qui ne voulait pas encore dire son nom. Ceux qui avaient subi cette guerre ne pouvaient que se réjouir de cette évolution des choses. Il faut ajouter que c’est à la fin d’un système, le colonialisme, qu’on assistait. 

    Résultat de différents facteurs, et en particulier de l’évolution des consciences, le Parlement a par la loi du 6 décembre 2012 ratifié le 19 mars comme date de la journée commémorative de la fin des combats en Afrique du Nord. 

    Cette décision n’a pas plu à tout le monde et certains, partisans de l’Algérie française, ont exprimé leur désaccord pour célébrer ce jour-là la fin de la guerre. On a même vu des élus, cela a été le cas à Béziers et à Sète, des élus refuser de participer à des obligations qui résultaient de leurs fonctions et de la législation en vigueur. Ils ne participent pas aux cérémonies du 19 mars et mettent les drapeaux en berne. 

    Ils se sont abrités derrière le maintien de la journée du 5 décembre que la loi du 6 décembre 2012 rend caduque. Il faut dire que le législateur a laissé les choses en suspens à ce niveau et n’a pas supprimé comme cela allait de soi, cette autre journée commémorative. 

    Il reste deux exigences : la première c’est l’annulation pure et simple des dispositions concernant la date du 5 décembre, la seconde c’est le rappel à l’ordre des élus qui n’ont pas respecté les lois de la République en refusant de participer aux cérémonies du 19 mars. 

    Pierre Escande


    2 commentaires
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    « Mon cher Pascal Boniface ce que vous nous expliquez concernant la relation entre la France et l’Algérie je le sais déjà et vous ne m’apprenez rien. Par contre après avoir lu l’analyse critique du rapport de Benjamin Stora par Jean-Jacques Jordi et Guy Pervillé (2021), je suis très surpris que Jordi face partie de la Commission mixte paritaire franco-algérienne. Alors je pose cette question : Qui a désigné cette Commission ? Le président Macron ou Benjamin Stora ! Et j’en tire cette conclusion (mais je peux me tromper, je ne suis pas Madame Soleil) cette Commission échouera en raison de la présence de Jordi, si je me trompe, ce que je souhaite, c'est que Jordi se sera fait ridiculiser et ses contre-vérités auront été officiellement démenties».

    Michel Dandelot

    Expliquez-moi... La relation entre la France

    et l'Algérie

     

    Pascal Boniface 

    La relation entre la France et l’Algérie est étroite, entretenue par de solides liens humains, économiques et culturels. La crispation en novembre 2021 autour de la question mémorielle et de la crise des visas reflète toutefois son caractère instable, alternant phases de rapprochement et de tensions. Récemment, le climat semble être à la réconciliation : le déplacement d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022 a confirmé le renforcement de la coopération entre les deux pays dans le domaine énergétique et souligné une volonté commune d'avancer sur la question mémorielle. Mais, alors que l’Algérie s'est imposée comme un acteur stratégique et diplomatique au Sahel, qu'elle diversifie ses partenaires et convoite une place au sein des BRICS, quelle place pour la relation franco-algérienne ?

     Analyse critique du rapport

    de Benjamin Stora

    par Jean-Jacques Jordi

    et Guy Pervillé (2021) 

     

    Expliquez-moi... La relation entre la France et l'Algérie *** Analyse critique du rapport de Benjamin Stora par Jean-Jacques Jordi et Guy Pervillé (2021)

    Ce texte a été mis au point par Jean-Jacques Jordi et par Guy Pervillé avec la coopération de plusieurs autres historiens, et il est ouvert à d’autres signatures.

    Comme d'autres historiens, nous avons reçu soit directement par Benjamin Stora, soit indirectement le rapport demandé par le Président de la République, Emmanuel Macron, sur l'état des lieux concernant l'histoire et les mémoires de la guerre d'Algérie. Après l'avoir lu, nous l’avons longuement étudié et nous en avons débattu, sans doute parce que nous en attendions beaucoup. Mais au final, nous sommes restés sur notre faim. A une première partie générale sur l'état d'esprit de ce rapport, puis aux grandes lignes d'explicitation de ce que peut être un travail de mémoire et de réconciliation entre la France et l’Algérie, succède une série de préconisations relativement décevantes. Comme si la réconciliation n'était pas à chercher avec l'Algérie mais avec les mémoires qui s'affrontent sur le seul sol français. Pourtant, la science historique n'est pas une opinion. Les historiens ne peuvent pas se satisfaire d'un rapport qui relève davantage d'un texte politique que d'une réflexion historique. Nous en voulons pour preuve le choix des interlocuteurs choisis par Benjamin Stora, et les préconisations qui ne s'adressent qu'à la France.

    Le choix des interlocuteurs 

    Effectivement l'Algérie d'aujourd'hui ou à tout le moins le gouvernement algérien semble absent du rapport sauf à deux reprises où Benjamin Stora souligne l'accord préalable des autorités algériennes ou un « reste encore à discuter ». On connaît la position constante de ce gouvernement concernant les Archives, les faits d'histoire subordonnés à une version officielle, la surévaluation massive des nombres de morts, et en conséquence on comprend que les mots excuses, repentance, crime contre l'humanité et réparations financières ponctuent les discours algériens.

    Il s'agit là de postures sans doute, mais qui excluent toute réconciliation. Pour se réconcilier, il faut être au moins deux et chacun doit être capable d'avancer vers l'autre. Or, l'Algérie s'est muée depuis longtemps en statue du Commandeur avec soit les bras croisés (fermés à toute initiative), soit avec un doigt accusateur et vengeur. Jusqu’à aujourd'hui, les autorités algériennes soufflent le chaud et le froid en espérant remplacer les Accords d'Evian par un aveu de défaite morale de la France. De son côté, la France avec le président Chirac avait tenté une réconciliation qui n'a reçu aucun véritable écho en Algérie. Et les présidents suivants ont eux aussi tenté cette réconciliation, en vain. Il était donc normal que le Président Macron essaie lui aussi. Mais à chaque fois, la repentance, l'accusation de génocide, les excuses officielles de la France, voire une réparation financière évaluée aujourd’hui par certains auteurs à 100 milliards, sont pour les gouvernements algériens un préalable avant toute discussion. Or les Autorités algériennes ne sont nullement intéressées par la conclusion, soixante ans après les Accords d'Evian, d'un traité de paix ou d’amitié. On comprend alors que la marge de manoeuvre de Benjamin Stora ait été des plus étroites.

    Si l’Algérie n’est pas la destinataire officielle de ce rapport, il s’efforce de prendre en compte les points de vue divergents des groupes porteurs de mémoires coexistant sur le territoire français. D’un côté, des Franco-Algériens influencés consciemment ou non par la politique mémorielle algérienne, et des Français de gauche qui tendent à partager leur point de vue. De l’autre, des victimes françaises de la décolonisation (Pieds-noirs, harkis, militaires de carrière et de vocation) qui se sentent très minoritaires et incompris. Entre les deux, une majorité favorable à l’indépendance de l’Algérie pour mettre fin à la guerre, qui n’a pas cessé de se renforcer depuis 1962. Benjamin Stora leur accorde-t-il la même attention ? L’impression domine à lire son rapport qu’il penche davantage vers les premiers. Mais en Algérie, le reproche contraire lui est très souvent adressé.

    En réalité, Benjamin Stora propose des satisfactions mémorielles à tous les groupes porteurs de mémoires, en espérant les satisfaire sans céder à la revendication de repentance que l’Algérie présente à la France depuis un quart de siècle. Mais il le fait sans donner les raisons les plus solides à l’appui de ce refus. Le regretté Gilbert Meynier avait rédigé en 2007 (avec Eric Savarese et Sylvie Thénault) une pétition franco-algérienne, dans laquelle il déclarait nettement : « dépasser le contentieux franco-algérien implique une décision politique, qui ne peut relever du terme religieux de ‘repentance’. Et des ‘excuses officielles’ seraient dérisoires ». Il aurait fallu aller encore plus loin en récusant formellement cette revendication, récurrente depuis mai 1995, et en expliquant qu’elle est incompatible avec les clauses d’amnistie réciproque sur lesquelles étaient fondés les accords d’Evian du 18 mars 1962.

    Les préconisations 

    La longue liste des préconisations contenues dans la conclusion du rapport, même si elle peut contenir quelques idées utiles, nous inspire une réaction d’incompréhension : elles sont pour le moins décousues et ne sont pas à même de favoriser une quelconque réconciliation, moins encore un apaisement.

    Par exemple, pourquoi panthéoniser Gisèle Halimi ? Excellente avocate et pionnière de la cause féministe, s'il faut la reconnaître, ce n'est pas au titre de la défense de membres du FLN, mais de son combat pour le droit des femmes. Ne faut-il pas lui préférer William Lévy, secrétaire de la fédération SFIO d'Alger assassiné par l'OAS et dont le fils avait été assassiné peu de temps avant par le FLN ?

    Pourquoi vouloir faire reconnaître Emilie Busquant (épouse de Messali Hadj) par la France ? Elle n'a pas connu la guerre d'Algérie puisqu'elle est morte en 1953. Le fait qu'elle ait « confectionné » le drapeau algérien entre 1934 et 1937 suffit-il à ce que la France lui rende hommage alors que l'Algérie ne l'a pas reconnue comme militante de la cause nationale pour l'indépendance de l'Algérie ? Il y a tant de femmes que la France devrait reconnaître : celles qui composaient les EMSI (les équipes médicales), Mademoiselle Nafissa Sid Cara, professeur de lettres, députée d'Alger et membre du gouvernement Debré jusqu'en 1962, par exemple.

    Pourquoi honorer les époux Chaulet, alors qu'ils ont pris la nationalité algérienne, sont reconnus comme moudjahids et honorés par l’Algérie ? Pourquoi ne pas leur préférer les époux Vallat, elle institutrice, lui maire de Thiersville, assassinés par le FLN ? Pourquoi la France devrait-elle reconnaître l'assassinat de Maître Ali Boumendjel (reconnu lui-aussi en Algérie comme martyr) plus que d'autres commis à la même époque ? Ne revient-il pas à la France de reconnaître en premier lieu les siens avant de reconnaître ses adversaires ?

    Peut-on être héros et martyr algérien et en même temps héros français ? Non bien évidemment. Face au Manifeste des 121 de septembre 1960 intitulé Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, à l'initiative de Dionys Mascolo et de Maurice Blanchot, signé par Sartre et par tous ceux qui soutiennent le réseau Jeanson, un autre manifeste, le Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon, paru en octobre 1960, dénonçait l'appui que certains Français apportent au FLN, les traitant de « professeurs de trahison ». Ceux qui signèrent ce manifeste étaient plus nombreux et portaient des noms prestigieux. Nombre d'entre eux étaient de grands résistants. Que disaient-ils ? : « Considérant que l'action de la France consiste, en fait comme en principe, à sauvegarder en Algérie les libertés - et à y protéger la totalité de la population, qu'elle soit de souche française, européenne, arabe, kabyle ou juive, contre l'installation par la terreur d'un régime de dictature, prodigue en persécutions, spoliations et vengeances de tous ordres dont le monde actuel ne nous offre ailleurs que trop d'exemples, contre l'installation par la terreur d'un régime de dictature», ils taxaient le FLN de « minorité de rebelles fanatiques, terroristes et racistes » et déniaient « aux apologistes de la désertion le droit de se poser en représentants de l'intelligence française ». Soixante ans après, la proposition de Benjamin Stora d'un colloque international dédié au refus de la guerre d'Algérie est donc un choix idéologique.

    Pourquoi considérer le 17 octobre 1961 comme date à commémorer officiellement ? Que les historiens étudient cette manifestation, cela va de soi. Mais nous pouvons nous étonner qu'on préfère les approximations du livre du journaliste Jean-Luc Einaudi aux éléments sérieux de celui de l'historien Jean-Paul Brunet. Qu'on en fasse une commémoration «nationale», cela dépasse l'entendement à moins de donner des gages au FLN. Ou alors, dans ces conditions, comment ne pas accepter une commémoration nationale pour la fusillade du 26 mars 1962 à Alger, une autre pour le massacre du 5 juillet 1962 à Oran, et demander que nul ne porte atteinte aux plaques et stèles érigées à la mémoire de l'OAS ? Cette préconisation est donc de nature à souffler davantage sur les braises qu’à apporter un apaisement. Les mémoires engagées ne sont pas l'histoire.

    Sur les Disparus, même si « la mise en place d’une commission mixte d’historiens français et algériens pour faire la lumière sur les enlèvements et assassinats d’Européens à̀ Oran en juillet 1962, pour entendre la parole des témoins de cette tragédie » ( p 127) est une bonne proposition, il y a néanmoins un manque de discernement historique : le rapport parle de dizaines de milliers de disparus algériens, mais omet le nombre pourtant bien connu maintenant des 1700 disparus européens, des 5 à 600 militaires français disparus, inscrits d'ailleurs sur le Mémorial du quai Branly. Dans le même état d'esprit, si les disparus d'Oran sont évoqués, rien n'est dit sur ceux d'Alger pourtant en nombre plus important. En revanche, un travail sur la localisation des sépultures des « disparus » est à faire. Sera-t-il rendu possible par l'Algérie ? Nous en doutons. Enfin, il y a sous la direction des Archives de France (dont le Service des Archives du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et le SHD) et l'ONACVG une commission qui a travaillé sur l'élaboration d'un guide sur les Disparus en Algérie qu'ils soient le fait de l'armée française, du FLN et de l'ALN. Préconiser une recherche qui existe déjà est problématique.

    Concernant les ex-supplétifs et Harkis, le rapport les réduit à la portion congrue : il aurait fallu dire que même si la France les a abandonnés, c'est bien l'Algérie indépendante qui en a massacré ou laissé massacrer un trop grand nombre, en violation de clauses fondamentales des accords d’Evian. Il faudrait donc faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants en Algérie, mais cela reste à « voir avec les autorités algériennes » ! On comprend le mécontentement exprimé par des représentants de harkis sur ces propositions. « Faire des quatre camps d’internement situés sur le territoire un lieu de mémoire » (p 127) (Larzac, Saint-Maurice-l’Ardoise, Thol et Vadenay) rend hommage aux internés algériens tout en faisant de l’hébergement des réfugiés harkis, plus tard, dans les deux premiers un simple épiphénomène. Rappelons toutefois qu'existe déjà le Mémorial de Rivesaltes qui fait un excellent travail. Et d'autre part, à l'initiative d'associations de harkis ou de l'ONACVG, des plaques ont été posées sur les lieux des camps, des hameaux forestiers. Pourquoi ne pas proposer un guide de recherches sur les harkis piloté par la Direction des Archives de France ?

    Sur les archives (p 128), il faut dire ce qui est : leur rétrocession serait une catastrophe pour la recherche, car, d'une part, l'Algérie n'a pas les moyens humains et financiers de les accueillir (reconnu par l’archiviste algérien Fouad Soufi lors de la journée consacrée au Guide sur les Disparus du 4 décembre 2020), et d'autre part, si les gouvernements algériens ont réclamé ces archives, c'est pour que les historiens français ne puissent pas y trouver des éléments compromettant la doxa algérienne. Le maintien de la conservation et de l’accessibilité des archives doit être pour la France un impératif prioritaire par rapport aux revendications politiques de souveraineté exprimées par Abdelmadjid Chikhi.

    Bien sûr, des pas ont été accomplis en France depuis 1999 par les Présidents de la République française. Quels sont les pas accomplis par les gouvernants algériens ? Une réconciliation suppose que l'on soit au moins deux et qu'on soit disposé à avancer l'un vers l'autre. Nous craignons que cela ne soit pas le cas et qu'une nouvelle fois, nous soyons aveuglés par notre désir de réconciliation. On ne peut plus considérer que la France reste encore coupable et surtout comptable de la situation de l'Algérie d'aujourd'hui.

    Dans ces conditions, l’idée d’un « nouveau traité d’Alliance et de Vérités » à signer en 2022 nous paraît utopique. Au contraire, la proposition d’une commission « Vérité et réconciliation » à la française nous semble pouvoir être une très bonne idée, à condition que sa composition soit clairement définie en fonction de son programme et celui-ci clairement exposé. Il ne peut s’agir en effet de réconcilier l’Algérie et la France (au risque de soumettre la seconde à la première), ni de réconcilier toutes les mémoires qui s’expriment sur notre sol entre elles, car leur seul point commun est leur mécontentement de ne pas être assez entendues. L’objectif d’une telle commission ne pourrait être que de faire évoluer les mémoires conflictuelles vers un dialogue constructif, et vers la reconnaissance de l’autorité de l’histoire au-dessus des mémoires.

    En revanche, il convient de réaliser un travail de recherche sur les conséquences des essais nucléaires français au Sahara (p 127), dont les premières victimes ont été des soldats français exposés en première ligne, ainsi que sur l’achèvement du déminage des frontières.

    Donner à des rues, places et autres boulevards des noms de personnes issues de l'immigration et de l'outre-mer, de médecins, enseignants artistes d'origine européenne, pourquoi pas, mais lesquels ? Ceux qui sont déjà inscrits sur le monument aux Martyrs d'Alger ne peuvent pas légitimement trouver leur place en France. Pour les autres, qui ont prouvé leurs talents en Algérie ou après leur retour en métropole, il n’y a que l’embarras du choix.

    Quant à « l'OFAJ » (Office franco-algérien de la jeunesse) calqué sur le modèle de l'OFAJ (Office franco-allemand de la jeunesse), cette proposition nous semble contrefactuelle et passéiste. L'OFAJ « allemand » a été créé en 1963 et il se trouvait des jeunes gens de moins de vingt ans qui avaient connu la Seconde guerre mondiale. Créé en 1970, l'OFAJ « Algérien » aurait pu marcher mais aujourd'hui, il faut être naïf pour le croire.

    La « création d’une ‘collection franco-algérienne’ dans une grande maison d’édition » (p 129) ne relève pas du rôle de l’Etat.

    En revanche, et plus que symboliquement, pourquoi ne pas proposer aux grandes villes de France comme aux grandes villes d'Algérie une action commune qui reviendrait en Algérie à nommer une rue Albert Camus débouchant sur une place Mouloud Feraoun, et en France une rue Mouloud Feraoun qui arriverait à une place Albert Camus ?

    Même sur des périodes plus reculées, la commémoration ne garantit pas l’apaisement. Par exemple, Benjamin Stora propose : « La création d’une commission franco-algérienne d’historiens chargée d’établir l’historique du canon Baba Merzoug - ou « La Consulaire » - et de formuler des propositions partagées quant à son avenir, respectueuses de la charge mémorielle qu’il porte des deux côtés de la Méditerranée » (- p 130). Mais ce prudent euphémismes camoufle un enjeu de discorde majeur, puisque ce canon qui a servi à riposter aux bombardements d’Alger par les flottes françaises dans les années 1680 a également servi à pulvériser de nombreux otages attachés à sa gueule (dont le père Levacher, religieux lazariste et consul de France en 1683).

    Autre exemple encore plus frappant : « La construction d’une stèle, à Amboise, montrant le portrait de l’émir Abd el-Kader, au moment du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2022 » (p 126). Cette proposition qui semblait pouvoir recueillir une très large approbation a été repoussée avec indignation en Algérie par une pétition soutenue par son arrière-petit-neveu et président de la Fondation Emir Abdelkader : « Nous nous opposons à cette tentative de nouveau détournement de notre symbole et notre patrimoine par un État français dont les actions envers l’Algérie ont toujours des relents coloniaux. Nous, signataires de cette pétition, nous nous élevons de la façon la plus ferme et la plus déterminée pour dénier à cet Etat de jouer encore avec la haute figure de notre Émir. Nous demandons de la façon la plus énergique à notre propre Etat de se positionner clairement contre cette manœuvre néocoloniale et de peser de tout son poids pour refuser ce crime supplémentaire contre notre mémoire nationale».

    Ce rapport n'est donc pas à même d'apporter une réconciliation des mémoires ni avec l'Algérie, ni entre les « communautés » coexistant en France. Laissons donc travailler les historiens et non les « mémoriens ». Mais agissons pour que le public puisse enfin comprendre la différence entre les mémoires et l’histoire, et préférer celle-ci à celles-là. Telle nous paraît être la seule orientation réaliste, puisque les acteurs et les témoins de la guerre d’Algérie auront tous disparu d’ici vingt ou trente ans.

    Conclusion 

    Près de quatre semaines après la remise du rapport Stora, ses conséquences commencent à apparaître. Si son accueil a été plutôt favorable en France, il l’a été beaucoup moins en Algérie. L’association des Anciens moudjahidin puis celle des enfants de Chouhada l’ont fermement condamné, et une pétition a été lancée par des députés algériens pour réclamer une nouvelle fois la criminalisation de la colonisation française. Après que le directeur des archives nationales algériennes, Abdelmadjid Chikhi, ait réclamé à la fin décembre 2020 la restitution de presque toutes les archives emportées par la France, le porte-parole du gouvernement algérien, Ammar Belhimer, a déclaré le 8 février 2021 regretter le refus de la France de reconnaître ses «crimes coloniaux». Selon lui, l’épais dossier de 150 pages vient camoufler la vérité historique de la colonisation et de la guerre d’Algérie, rapporte le journal algérien TSA : « le criminel fait tout pour éviter de reconnaître ses crimes. Mais cette fuite en avant ne pourra pas durer » (cité par l’AFP le 9 février et dans Courrier international du 10-2-2021). Les dirigeants algériens qui n’ont pas cessé depuis 1995 de relancer cette revendication de repentance oublient simplement que les accords d’Evian du 18 mars 1962, qui ont - trop lentement - mis fin à la guerre, étaient fondés sur l’amnistie générale et réciproque des deux belligérants. Refuser cette amnistie pour une seule des parties en cause, c’est relancer la guerre sous la forme d’une guerre des mémoires.

    Ainsi, des conclusions se dégagent nettement :

    1.  Le rêve d’un traité d’amitié franco-algérien analogue au traité franco-allemand de 1963 a été une nouvelle fois démenti.

    2.  Les diverses mémoires qui s’expriment concurremment en territoire français ne sont pas spontanément portées à la réconciliation, comme l’a prouvé la condamnation de la proposition de panthéonisation de Gisèle Halimi par 51 femmes et filles de harkis.

    3.  La seule proposition réaliste, bien que difficile à réaliser, est la création d’une commission « Vérité et réconciliation » à la française, visant à accélérer le passage des mémoires à l’histoire. A condition qu’elle soit entreprise avec une volonté d’impartialité inébranlable, le rapport Stora aura été utile.

    Jean-Jacques Jordi et Guy Pervillé 

    SOURCE : https://www.cdha.fr/etiquettes/centre-documentation-historique-

    sur-lalgerie-cdha-rapport-stora-jean-jacques-jordi 

     

     


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    Commission mixte sur la mémoire

    Les historiens français

    en majorité pieds-noirs

     

    Commission mixte sur la mémoire Les  historiens français  en majorité pieds-noirs

    La question de la mémoire demeure le maillon faible des relations algéro-françaises. Les visions sont différentes et s'opposent sur plusieurs points. L'Algérie et la France ont vécu une guerre sanglante. Chaque partie tente de tirer la couverture vers elle-même. Les historiens des deux pays divergent sur le fonds et la forme. Pour rapprocher les points de vues, les deux pays ont décidé de mettre en place une commission mixte. Cette décision a été  annoncée au lendemain de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie, en août 2022. La composante de ladite commission est désormais connue des deux rives.  

    Du côté français, cette composante a été rendue publique non par les instances officielles françaises, mais plutôt par l'historien Benjamin Stora, un des conseillers du président français sur ce dossier et auteur d'un rapport sur la mémoire, remis en janvier 2021. Elle est composée en plus de Benjamin Stora, de Tramor Quemeneur, auteur de nombreux ouvrages sur la guerre d’Algérie, qui officiera comme secrétaire général de la partie française de la commission. Jacques Frémeaux, spécialiste de l'invasion française de l’Algérie, Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine et co-commissaire de l’exposition sur l’émir Abdelkader au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille en 2022. Jean-Jacques Jordi, historien et auteur d’ouvrages sur les Européens d’Algérie, figure lui aussi parmi les historiens désignés au sein de cette commission.

    Cependant, cette composition, qui a pour principal objectif de rapprocher les points de vues entre les deux parties, est déjà remise en cause. Pour les observateurs, elle ne pourra aller dans le sens de la réconciliation des mémoires étant donné que la majorité des membres de la commission sont des pieds noirs, dont certains sont nostalgiques de l'Algérie française. Donc, ce travail est à priori handicapé par une vision que l'Algérie rejette.

    Les historiens français vont-ils défendre

    une vision française de l'histoire de la guerre d'Algérie ?

    En effet, parmi les cinq historiens membres du comité côté français, trois sont pieds-noirs. Ils sont nés, en Algérie sous l’Occupation. Il s'agit de : Benjamin Stora, né à Constantine, Jacques Frémaux, né en Algérie et qui l’a quittée en 1962 alors qu’il avait 13 ans, Jean-Jacques Jordi, qui est né à Bordj El Kiffan en Algérie. Ces historiens dans leurs écrits étaient surtout proches des thèses des nostalgiques de l'Algérie française.

    Jacques Frémaux a écrit « Algérie 1830-1914 : naissance et destin d'une colonie ». Dans cet ouvrage l'historien met dos à dos les Algériens qui se sont battus pour leur indépendance et les Français qui étaient les colonisateurs. Dans ce livre l'historien a analysé « la mentalité des hommes qui ont déclenché la conquête et de ceux qui ont résisté, la violence qui se déchaine des deux côtés, les erreurs manifestes et les bonnes intentions parfois funestes ». Pour cet historien, la fracture entre l'Algérie et la France est seulement due au choix de l'Algérie après l'indépendance.

    De son côté, Jean-Jacques Jordi a écrit, entre autres, « Les harkis, une mémoire enfouie ». Dans ce livre, qui est devenu une référence pour les harkis, l'auteur a défendu leur cause, alors que pour les Algériens le choix de ces hommes de se battre pour la France n'est qu'une trahison.

    Pour conclure, il faut dire que le choix de Benjamin Stora et de son équipe répond à une volonté de défendre une vision française de l'histoire de la guerre d'Algérie. Une version que l'Algérie n'accepte pas. Reste à savoir si cette commission pourra faire ce travail de réconciliation, alors que certaines versions de l'histoire sont irréconciliables.

    SOURCE : https://observalgerie.com/2023/01/29/politique/commission-mixte-memoire-historiens-francais-majorite-pieds-noirs/ 

     

     

    Commentaire de Jacques Pradel

    Et voilà maintenant Benjamin Stora résumé à un vague historien juif, pied-noir, proche des nostalgiques de l'Algérie française ! Aux yeux des amis Algériens, de ceux que nous rencontrons ici ou là-bas, de ceux qui connaissent ne serait-ce qu’un peu ses travaux, c’est évidemment absurde.

    De telles sorties racistes, haineuses et mensongères alimentent la méfiance et le sentiment nationaliste chauvin qui existe qu’on le veuille ou non en Algérie.

    Comme l'alimente la nomination dans la commission mixte de Jordi, cet historien négationniste caution des pires nostalgériques. Nomination qui fait tache, et n’est pas de bonne augure pour le devenir de ladite commission... 

     

    Jacques Pradel, un Pied-Noir progressiste révolté

    Jacques Pradel, un Pied-Noir progressiste révolté

     

    Un Pied-Noir révolté. Alors qu'il était lycéen à Oran, Jacques Pradel a été profondément marqué par les violences de l'OAS en 1962. Il raconte ici son parcours et son refus de la récupération des Pieds-Noirs par l'extrême droite, en juin 2022 à Perpignan, peu avant l'anniversaire de l'indépendance algérienne, et par la déclaration le 29 juin 2022 à l'Assemblée Nationale de son doyen, le député Rassemblement National José Gonzalez.

     

     


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    Un historien révisionniste

    dans la commission mixte

    sur la guerre d’Algérie risque

    de faire polémique (Vidéo)

    Un historien révisionniste  dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo)

    DIA-27 janvier 2023 : Cinq mois après avoir été annoncée, la mise en place d’une commission mixte d’historiens, mesure phare du dialogue mémoriel esquissé entre Paris et Alger, Benjamin Stora a annoncé la nomination de cinq historiens français ce jeudi 26 janvier. Ils seront appelés à travailler conjointement avec leurs homologues algériens, déjà nommés par Alger. M. Stora coprésidera la commission mixte au côté de Mohamed Lahcen Zeghidi, ancien directeur du Musée national du moudjahid. La liste proposée par Paris comprend, outre M. Stora, Tramor Quemeneur, auteur de nombreux ouvrages sur la guerre d’Algérie, qui officiera comme secrétaire général de la partie française de la commission, Jacques Frémeaux, spécialiste de la conquête française de l’Algérie, Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine et co-commissaire de l’exposition sur l’émir Abdelkader, au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM), à Marseille, en 2022, et surtout Jean-Jacques Jordi, historien français d’origine pied-noire et auteur d’ouvrages sur les Européens d’Algérie. Ce  dernier risque de faire débat puisqu’il est partisan d’une campagne contre le FLN qu’il accuse d’avoir fait disparaitre plusieurs milliers d’Européens.

    Jean-Jacques Jordi est l’historien des pieds noirs et adulé par les nostalgiques de l’Algérie française. Dans son livre :  « Un silence d’État » (Éditions Soteca, octobre 2011) où il fournit des listes de personnes disparues présumées décédées entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1962, soit 1.583 personnes, dont 1.438 Européens et 145 Français musulmans ». Ce livre qui alimente l’esprit revanchard des nostalgiques de l’Algérie française et autres anciens partisans ou sympathisants de l’OAS.

    Dans une vidéo, il accuse ouvertement le FLN d’avoir exécuté les européens après le 5 juillet 1962, d’avoir enlevé plus de 4000 européens et d’avoir créé des camps d’internements et de pratiquer la torture. Des faits en réalité qui ont été effectués par l’armée coloniale et par l’OAS entre 1961 et 1962.    

    Les prises de position anti-algérienne de cet historien révisionniste risquent de créer des tensions au sein de cette commission qui est déjà compliquée.

    D’autant que Benjamin Stora a écarté de cette commission plusieurs historiens français connus pour leur bonne connaissance du dossier de la guerre d’Algérie et leur étroite collaboration avec l’Algérie dans le dossier commun. C’est le cas notamment de l’historien Fabrice Riceputi, qui travaille sur les disparus de la bataille d’Alger, d’Emmanuel Blanchard, directeur adjoint de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et auteur d’une Histoire de l’immigration algérienne en France ainsi  et surtout d’Olivier Le Cour Grandmaison.

    La tâche de la commission est semée d’embûches et s’annonce délicate. Elle est exposée à bien des critiques, dont la principale tient dans la commande gouvernementale associée à cette commission, et donc sa vulnérabilité aux aléas d’une relation diplomatique volatile. Sans compter l’hypersensibilité que conserve dans les opinions publiques, des deux côtés de la Méditerranée, la mémoire de la guerre d’Algérie, avec ses blessures toujours à vif et ses zones d’ombre en quête d’éclaircissements. Si le caractère officiel d’une telle commission mixte est inédit, il reste à évaluer ce qu’elle apportera de plus par rapport à d’autres formats conjoints – et non officiels – qui l’avaient précédée.

    Amir Hani

    SOURCE : DIA | Un historien révisionniste dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo) (dia-algerie.com)

     

    Un historien révisionniste  dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo)

     

    Tous ces historiens seront appelés à travailler de concert avec les cinq historiens algériens nommés en novembre par Alger : Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Mohamed Lahcen Zighidi donc et Djamel Yahiaoui. Selon la déclaration signée en août dernier par les présidents Macron et Tebboune, le travail scientifique mené par la commission aura vocation à aborder « toutes les questions y compris celles concernant l'ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires ». Le défi paraît immense tant le sujet est sensible.

    La question est déjà de savoir si les historiens des deux pays parviendront réellement à travailler ensemble. D’un point de vue logistique, c’est encore le grand flou. Aucun calendrier n’a été arrêté. Le budget de fonctionnement de la commission n’a pas non plus été communiqué. Et pour ne rien arranger, le contexte s’est tendu ces dernières semaines en Algérie. Alors que le pouvoir s'en prend toujours plus durement aux médias et aux défenseurs des droits de l’homme, Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la colonisation en Algérie et la guerre d'indépendance, a été la cible le mois dernier d’attaques antisémites diffusés par un site nationaliste…

    Communiqué de Dominique Sopo 

    Il y a quelques semaines, un site internet dénommé "Algérie patriotique" tenait des propos antisémites d'une particulière virulence à l'endroit de Benjamin Stora et plus généralement à l'endroit de l'ensemble des Juifs. En effet, voici ce qu'écrivait notamment ce site : "le peuple algérien refuse d'emprunter ce même chemin tracé par Benjamin Stora, ses semblables et ses aïeux. Ceux-là mêmes qui furent à l'origine de la prise d'Alger, les Bacri et les Busnach - commerçants véreux convoitant l'immense trésor de la régence pour leurs maîtres, les Rothschild, les Seillière et les Schneider."

    Evidemment, ces phrases sont une bouillie. Elles semblent ainsi judéiser la très catholique famille Sellière (parce qu'elle est une famille de banquiers ?) ainsi que la famille Schneider. Quant à l'évocation des "Bacri" et des "Busnach", elle dénote une méconnaissance crasse des relations entre ces familles et la Régence d'Alger.

    Mais, au-delà de cette bouillie, une chose est sûre : les propos sont inacceptables, d'autant plus sur un support en relation avec des cercles proches d'un pouvoir algérien dont on a pu apprécier ces derniers mois la capacité à contrôler et à faire taire les expressions qu'il ne souhaitait pas entendre.

    Face à cette sortie antisémite, SOS Racisme exprime à Benjamin Stora toute sa sympathie et son soutien indéfectible. Eminent spécialiste de l'Histoire de l'Algérie, promoteur infatigable du rapprochement entre nos deux pays, militant contre le racisme et compagnon de route de l'association, Benjamin Stora a manifestement le tort, pour les rédacteurs de cette diatribe antisémite, d'être un Juif. Lesdits rédacteurs n'auront pas de mal à trouver quelques appuis à leur entreprise antisémite: l'extrême-droite française regorge de tels spécimens, eux qui brocardent avec virulence Benjamin Stora qui a le double inconvénient à leurs yeux d'être un Juif de Constantine et un artisan du dialogue entre les sociétés française et algérienne. Si bien que s'il n'existe pas d'"Internationale juive", nous avons une fois de plus la démonstration qu'il semble bien exister une "Internationale antisémite".

    Je salue la pétition publiée ce jour par des intellectuels et militants algériens et franco-algériens. Un texte que je vous invite à lire car il a le mérite de remettre les pendules à l'heure.

    Antisémitisme : pétition pour Benjamin Stora

    Un historien révisionniste  dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo)

    Victime récurrente d’attaques antisémites en France de la part de l’extrême droite et des nostalgiques de l’OAS, qui ne lui pardonnent pas son travail intellectuel de compréhension du combat de libération des Algériennes et des Algériens, Benjamin Stora vient de subir, comme en écho, une charge méprisable sur le média électronique « Algérie patriotique »  une charge qui, débordant sa personne, vise explicitement toute la communauté algérienne de confession juive dans sa longue histoire.

    Oublieux de la part prise dans le combat libérateur du peuple algérien par certain.e.s compatriotes appartenant à cette communauté, ce texte abject cultive l’ignorance historique pour leur dénier tant leur engagement patriotique que leur algérianité, et, dans le plus pur style antisémite, use d’amalgames pour jeter l’opprobre sur toute une communauté au motif de sa confession.

    On ne peut que s’interroger sur le silence des autorités politiques et judiciaires, pourtant toujours promptes à exercer leur contrôle tatillon sur la moindre des expressions des médias.

    Au-delà de la personne de Benjamin Stora et de la diversité d’appréciations sur ses différents positionnements politiques, nous ne pouvons tolérer qu’un tel discours puisse être tenu et avalisé en Algérie. Un discours qui trahit tous ceux qui ont permis que l’Algérie soit une nation indépendante, dans la diversité de leurs confessions qui, toutes, ont offert des noms illustres à ce combat.

    Mais on ne peut occulter que ces propos ont été tenus dans un contexte de promotion d’un nationalisme haineux, stigmatisant la diversité et l’ouverture au monde, et qui voudrait isoler l’Algérie pour mieux enfermer les Algériennes et les Algériens.

    Premiers signataires 

    Lhaouari Addi, sociologue

    Arezki Aït-Larbi, journaliste free lance, éditeur

    Sanhadja Akhrouf, féministe, militante associative

    Tewfik Allal, correcteur, militant associatif de l’émigration

    Malika Bakhti, ingénieure d’études

    Anouar Benmalek, écrivain

    Malek Bensmaïl, réalisateur

    Ali Bensaad, professeur des universités

    Marie Colonna, réalisatrice

    Ahmed Dahmani, universitaire, défenseur des droits de l’Homme

    Karima Dirèche, historienne

    Louisa Fernane, avocate

    Ali Guenoun, historien

    Myriam Kendsi, artiste peintre

    Tahar Khalfoune, universitaire

    Jaffar Lakhdari, consultant

    Ahmed Mahiou, ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger

    Samia Messaoudi, journaliste, cofondatrice de l’association « Au nom de la mémoire »

    Hacen Ouali, jounaliste

    Tassadit Yacine, anthropologue

    Youcef Zirem, écrivain

    Hamid Arab, directeur du site lematindalgerie.com

    Faris Lounis, journaliste indépendant.

     

    Le billet de Thomas Legrand

    Algérie : diatribe antisémite contre

    Benjamin Stora

    au vu et au su du pouvoir

    L’historien n’a eu de cesse d’œuvrer à la réconciliation franco-algérienne en amenant par ses travaux Paris à faire son devoir de mémoire. Un site nationaliste proche des militaires au pouvoir à Alger s’en est pris à lui en tant que Juif, sans susciter d’indignation dans le pays.

    Un historien révisionniste  dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo)

    Benjamin Stora, chez lui à Sceaux, le 8 octobre 2021. (Roberto Frankenberg/Libération)

    L’Algérie ne cesse de se refermer. La dégradation du débat général que l’on constate avec cette mécanique infernale, maintenant bien connue, de l’info en silo, par laquelle chacun voit le monde au prisme de sa communauté numérique, alimentée via les algorithmes, est démultipliée en Algérie. S’informer via les seuls réseaux sociaux n’équivaut plus à se documenter, à s’interroger sur le monde mais, le plus souvent, à nourrir d’arguments son avis préétabli.

    Dans les sociétés ouvertes et pluralistes comme les nôtres, la presse, le monde universitaire et le personnel politique continuent, tant bien que mal, à s’échanger des arguments et à proposer une diversité d’angles de vue. Mais dans les sociétés fermées, comme l’est de plus en plus l’Algérie, l’effet polarisant d’une vision du monde paranoïaque joue à plein. Les médias qui tentent de faire vivre un peu de débat rationnel sont en ce moment systématiquement empêchés ou détruits en Algérie. Le grand quotidien Liberté, celui où officiait le formidable dessinateur Dilem, a dû fermer ses portes il y a quelques mois, étranglé économiquement. Ces derniers jours, c’est le directeur de Radio M et de Maghreb-Emergent qui s’est fait arrêter et a vu ses médias ciblés par des mesures de fermeture administrative.

    Pendant ce temps, les sites d’officines de propagandes diverses continuent leur travail de sape et de mensonge. Par exemple cette insupportable diatribe antisémite déversée par le site nationaliste Algérie Patriotique, proche de certains militaires au pouvoir, à l’encontre de Benjamin Stora, s’agissant du travail de «mémoire partagée» effectué par l’historien à la demande d’Emmanuel Macron. Voilà ce que dit ce site : «La pauvre France est en droit de se faire conduire comme bon lui semble dans l’écriture de son histoire, mais le peuple algérien refuse d’emprunter ce même chemin tracé par Benjamin Stora, ses semblables et ses aïeux. Ceux-là mêmes qui furent à l’origine de la prise d’Alger, les Bacri et les Busnach – commerçants véreux convoitant l’immense trésor de la Régence pour leurs maîtres, les Rothschild, les Seillière et les Schneider.»

    Symptôme d’une société verrouillée

    Aucune réponse, aucun texte publié dans al Watan ou le Quotidien d’Oran, les deux derniers grands journaux du pays, pour soutenir Stora, pourtant célèbre et d’ordinaire respecté en Algérie. Aucune défense publique pour celui qui a tant œuvré, ces quarante dernières années, pour déconstruire la vision française romancée de la colonisation. Emmanuel Macron, ces dernières années, en reconnaissant les crimes de la colonisation, ainsi que les tortures et les assassinats de l’armée française, en Algérie, entre 1956 et 1962, a fait enfin le travail de mémoire que l’on peut attendre d’un pays démocratique, soixante ans après les faits ! L’Algérie, de son côté, après s’être libérée, n’a pas su ou voulu construire une société démocratique. Pour ces dirigeants et nombre de responsables politiques de tous bords l’histoire, comme pour Eric Zemmour chez nous, est toujours un atelier de customisation de la réalité passée.

    La résurgence d’un antisémitisme banalisé comme ce texte abject sur Benjamin Stora, resté sans réponses des figures du débat algérien, n’est qu’un signe de plus des dégâts qu’engendre une société corsetée par ses militaires et ses islamistes. En France les historiens – dont Benjamin Stora – documentent la réalité du crime colonial. La «mémoire officielle», sous l’impulsion du président, rejoint enfin la réalité historique. En Algérie, en revanche, ceux qui voudraient emboîter le pas au travail salutaire de Benjamin Stora sont réduits au silence par une frange de militaires et de nationalistes qui ne sait pas, depuis soixante ans, trouver d’autres sources de légitimité que dans le ressassement d’un passé de victime.

    SOURCE : Algérie : diatribe antisémite contre Benjamin Stora au vu et au su du pouvoir – Libération (liberation.fr) 

     



    Commentaire d’Hubert Rouaud

    Membre de l’Association 4ACG

    Et " sa guerre d'Algérie en vidéo "

    Hubert Rouaud, militant contre la guerre d’Algérie de 1957 à 1961, y a été appelé du début de 1961 jusqu’au 19 mars 1962 ; réalisateur de films de témoignages sur divers engagements anticolonialistes, il a été, au début des années 2000, l’un des premiers adhérents de l’Association Maurice Audin et de celle des Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4ACG). 

    Un historien révisionniste  dans la commission mixte sur la guerre d’Algérie risque de faire polémique (Vidéo)

    " Je crois que tu n'as pas donné les références de l'article abjecte d'Algérie patriotique, c'est :

    https://www.algeriepatriotique.com/2022/12/26/les-magiciens-de-lhistoire-a-lassaut-de-la-memoire-nationale-algerienne/ 

    Après cet article Thomas Legrand l'a fustigé dans Libération et Algérie patriotique a répondu par un article aussi abominable que le précédent:

    https://www.algeriepatriotique.com/2023/01/05/reponse-au-journal-de-liberation-qui-accuse-algeriepatriotique-dantisemitisme/ 

    où T. Legrand est traité  de "petit journaleux au service de l'internationale sioniste" et qui est signé par un "lecteur" courageusement anonyme !

    Lire des propos d'extrême-droite sur un site algérien qui se prétend un des héritiers de la lutte pour l'indépendance, c'est consternant". 


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    Entre la France et l’Algérie

    une commission mixte d’historiens pour

    relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

    Entre la France et l’Algérie une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

    Entre la France et l’Algérie une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

     

    " Rappelez-vous c'était le 2 septembre 2022 et je vous écrivais cet article en "devinant, comme Madame Soleil que le nostalgérique JORDI ferait partie de la Commission mixte paritaire franco-algérienne, j'aurai préféré ne pas être Mme Soleil, car le mal est fait, voir, ci-dessous l'article partiel du quotidien Le Monde Afrique ".

    Michel Dandelot

    Emmanuel Macron aura du mal à trouver des historiens français dignes de cette valeur alors il lui restera quand même Jean-Jacques Jordi...

     

    Les chefs d’État algérien et français ont récemment annoncé la création d’une commission d’historiens pour étudier la période coloniale.

    Après avoir lu le point de vue de l’historien  Fabrice Riceputi (cliquez sur son nom) vous pourrez, aujourd’hui prendre connaissance du point de vue de Pascal Blanchard (Lire plus bas) directeur adjoint de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et auteur dune Histoire de l’immigration algérienne en France.

     

    Emmanuel Macron aura du mal à trouver des historiens français dignes de cette valeur alors il lui restera quand même Jean-Jacques Jordi :

    Rappelons-nous c’était en 2010-2011-2012

    Emmanuel Macron aura du mal à trouver des historiens français dignes de cette valeur alors il lui restera quand même Jean-Jacques Jordi...

    JEAN-JACQUES JORDI L’HISTORIEN DES PIEDS-NOIRS, ADULÉ PAR LES "NOSTALGERIQUES" *** SOUVENONS-NOUS DES 1585 NOMS AJOUTéS SUR LE MéMORIAL QUAI BRANLY !!!

    Dans la catégorie de la NOSTALGÉRIE 

    La nostalgie coloniale et le révisionnisme ne se sont jamais aussi bien portés qu’au moment où l’on s’apprête à célébrer le cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie.

    La présence du maire de Perpignan, représentant de l’État, aux rencontres du Cercle algérianiste pour l’inauguration d’un centre de documentation des Français d’Algérie, véritable musée de l’OAS, auréolé du logo officiel tricolore, l’érection de stèles à la mémoire de l’OAS, la remise de la Légion d’Honneur au putschiste de l’OAS de 1961, Hélie Denoix de Saint Marc, la Légion d’Honneur à l’ancien responsable OAS Jean-François Collin (qui a dit "De Gaulle le plus grand traître de l'Histoire" : autant d’insultes à toutes les victimes de la guerre d’Algérie et dans le sens que voulait donner le pouvoir en place à l’histoire de cette sale guerre jusqu’à aujourd’hui.

    JEAN-JACQUES JORDI 

    C’est dans ce contexte d’offensive revancharde que l’hebdo de droite plutôt extrême Valeurs Actuelles fait en Novembre 2011, la promotion d’un livre dont la thèse centrale semble être : C’est lui qui a commencé ! Commis par l’historien Jean-Jacques Jordi, « Un silence d’État », les disparus civils Européens de la Guerre d’Algérie, ce livre exempte de tout crime l’OAS, qui n’aurait fait que répondre à la barbarie du FLN. Aidé dans cette mission par l’État qui a ouvert à Jordi des archives pourtant encore interdites au public. Absence totale de contextualisation dans le cadre d’une guerre d’indépendance et de libération nationale, qualifiant de « terrorisme » le combat d’un peuple pour se libérer de l’occupant. Jordi soutient que le FLN n’a fait preuve que de violence aveugle, usant et abusant de torture systématique perdurant longtemps après l’Indépendance, afin de légitimer, voire d’excuser les crimes de l’OAS et de l’armée coloniale française. Le tout à base de conditionnel, d’approximations et de témoignages pour le moins flous, des renseignements d’origine civile et privée. Il avance même l’hypothèse de collusion entre la Mission Choc, envoyée par De Gaulle et FLN, après les accords d’Evian, contre les Européens. La réécriture de l’Histoire est en marche, à moins que cette année électorale ne lui soit moins propice…

     

    Témoignage de Jean-François Gavoury

    Pour mieux connaître Jean-Jacques Jordi et savoir de qui il est l’ami, lire l’article du 8 décembre dernier accessible via le lien ci-après : 

    https://www.objectifgard.com/gard/nimes-60-ans-plus-tard-lhistoire-se-fait-petit-a-petit-98699.php 

    Celui-ci se conclut sur une note pour le moins surprenante : 

    « Le 5 décembre dernier, jour de commémoration, c’est sur le quai Branly à Paris que Jean-Félix [Vallat] se retrouve à côté du mémorial de la guerre d’Algérie. En lieu et place de Patricia Mirallès covidée, c’est directement le ministre Sébastien Lecornu qui fait son discours. "Il a chargé l’OAS, c’était un discours improbable, rempli d’erreurs, j’ai failli partir !" Une doctrine, une méconnaissance ? "Son conseiller est venu s’excuser et on m’a assuré que ce discours allait disparaître et qu’il n’en resterait plus une trace." » 

    Il est à craindre que le conseiller ait dit vrai : cf. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/journee-nationale-du-5-decembre 

    Mais combien il est apaisant d’imaginer que le ministre ait pu, si légitimement, invoquer la responsabilité de l’OAS dans la prolongation de la guerre d’Algérie au-delà du 19 mars 1962 face à un aréopage d’anciens activistes et sympathisants de l’organisation. 

     

    Pascal Blanchard 

    Entre la France et l’Algérie une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

     

    France-Algérie : la délicate question

    des archives

    Emmanuel Macron aura du mal à trouver des historiens français dignes de cette valeur alors il lui restera quand même Jean-Jacques Jordi...

    La semaine dernière, Emmanuel Macron a effectué une visite de trois jours en Algérie où il a été accueilli par le président Abdelmadjid Tebboune. | EPA/MAXPPP

     

    Les chefs d’État algérien et français ont récemment annoncé la création d’une commission d’historiens pour étudier la période coloniale. L’idée est de « regarder ensemble cette période historique », qui va du début de la colonisation, en 1830, à la fin de la guerre d’indépendance en 1962. Mais en ayant accès à quelles archives ? Éléments de réponse.

    Pour tenter d’éteindre l’incendie mémoriel, selon lexpression de l’historien Benjamin Stora, qui existe entre la France et l’Algérie, les chefs d’État des deux pays ont décidé, la semaine dernière, de créer une commission mixte d’historiens. Pour regarder ensemble cette période historique, ont-ils indiqué fin août. Cette période va du début de la colonisation (1830) à la fin de la guerre dindépendance (1962).

    Apaiser les mémoires de part et d’autre de la Méditerranée en développant une meilleure connaissance de ce que fut cette période, l’enjeu est à la fois historique et politique. Le problème est que les incendies mémoriels sont allumés par les gouvernements eux-mêmes, note lhistorien français Pascal Blanchard, directeur adjoint de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et auteur dune Histoire de l’immigration algérienne en France. En octobre 2021, les propos d’Emmanuel Macron qui s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation, avaient ouvert une crise entre les deux pays. On ne peut pas jouer avec l’Histoire. On ne peut pas, d’un côté, qualifier la colonisation de crime contre l’humanité (N.D.L.R. : en 2017) et, de l’autre côté, laisser entendre que c’est la France qui a créé une nation algérienne, ce qui est factuellement faux, relève lhistorien algérien Amar Mohand-Amer.

    Quelles archives seront accessibles ?

    Dans l’immédiat, le fonctionnement de cette commission n’a pas été précisé. Cinq à six historiens de chaque pays pourraient la composer. Pour quelle durée ? Avec quels moyens ? Et surtout, en ayant accès à quelles archives? La grande majorité des archives sur la colonisation sont conservées en France, note Amar Mohand-Amer. Mais toutes ne sont pas encore accessibles. Pour Pascal Blanchard, sur ce sujet, les autorités françaises ont effectué un pas de deux.

    En décembre 2021, les archives judiciaires et celles liées aux enquêtes de police durant la guerre d’Algérie ont été ouvertes sans qu’il y ait besoin de dérogations. Mais l’accès aux archives des services de renseignement et celles liées à l’usage des armes chimiques reste plus difficile, relève-t-il. Il faudrait trouver une solution afin que les archives conservées en France soient numérisées ou quune partie soit transférée en Algérie, aimerait Amar Mohand-Amer qui vient de passer plusieurs mois à Nantes pour un travail universitaire sur l’année 1962 qui sera présenté à l’automne. Avec cette commission, la question de l’accès aux archives algériennes se posera aussi.

    7 millions de personnes concernées

     en France

    Mais si l’accès aux archives est essentiel, pour Pascal Blanchard, il ne faut pas partir avec l’idée qu’on va découvrir un tas de secrets. Depuis au moins vingt ans, des travaux ont été menés sur les violences commises par l’armée française pendant la période de conquête au XIXe siècle : les razzias, les enfumades, ces pratiques qui visaient à enfumer des populations algériennes enfermées dans des grottes.

    Ne serait-ce qu’en France, ce futur travail d’historiens concerne sept millions de personnes affectivement liées à la guerre d’Algérie, selon les estimations de Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. C’est aussi une histoire mondiale car l’indépendance de l’Algérie a eu des échos dans le monde entier : à New York, Belgrade, au Caire, rappelle Pascal Blanchard. Actuellement, on a tendance à davantage parler de mémoire que d’Histoire. Or, il ne faut pas que la mémoire remplace l’Histoire. J’attends donc que cette commission puisse créer de bonnes conditions de recherches, insiste Amar Mohand-Amer.

    SOURCE : France-Algérie : la délicate question des archives (ouest-france.fr)

     Entre la France et l’Algérie une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

    Entre la France et l’Algérie

    une commission mixte d’historiens pour

    relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

     

    Après un retard à l’allumage, cinq historiens français viennent d’être nommés au sein d’un groupe conjoint où ils travailleront aux côtés de collègues algériens sur les archives de la colonisation et la guerre d’indépendance.

    Entre la France et l’Algérie une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel

     Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le président français, Emmanuel Macron, et l’historien français Benjamin Stora, lors d’une visite au Monument des martyrs, à Alger, le 25 août 2022. LUDOVIC MARIN / AFP  

    Le retard à l’allumage commençait à nourrir des interrogations sur la volonté politique d’avancer sur ce chantier sensible. Cinq mois après avoir été solennellement annoncée, la mise en place d’une commission mixte d’historiens, mesure phare du dialogue mémoriel esquissé entre Paris et Alger, semblait comme enlisée dans les sables bureaucratiques. Elle est désormais relancée avec la nomination de cinq historiens français, confirmée jeudi 26 janvier au Monde par Benjamin Stora, l’inspirateur de la politique mémorielle d’Emmanuel Macron. Ils seront appelés à travailler conjointement avec leurs homologues algériens, déjà nommés par Alger. M. Stora coprésidera la commission mixte au côté de Mohamed Lahcen Zeghidi, ex-directeur du Musée national du moudjahid.

    La liste proposée par Paris comprend, outre M. Stora, Tramor Quemeneur, auteur de nombreux ouvrages sur la guerre d’Algérie, qui officiera comme secrétaire général de la partie française de la commission, Jacques Frémeaux, spécialiste de la conquête française de l’Algérie, Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine et co-commissaire de l’exposition sur l’émir Abdelkader au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), à Marseille en 2022, et Jean-Jacques Jordi, historien d’origine pied-noir et auteur d’ouvrages sur les Européens d’Algérie. Ils tenteront d’apporter leur pierre à l’entreprise de réconciliation mémorielle avec Alger autour de la colonisation et de la guerre d’indépendance.

    La tâche s’annonce délicate, semée d’embûches, exposée à bien des critiques, dont la principale tient dans la commande gouvernementale associée à cette commission, et donc sa vulnérabilité aux aléas d’une relation diplomatique volatile. Sans compter l’hypersensibilité que conserve dans les opinions publiques, des deux côtés de la Méditerranée, la mémoire de la guerre d’Algérie, avec ses blessures toujours à vif et ses zones d’ombre en quête d’éclaircissements. Si le caractère officiel d’une telle commission mixte est inédit, il reste à évaluer ce qu’elle apportera de plus par rapport à d’autres formats conjoints – et non officiels – qui l’avaient précédée, notamment l’équipe ayant publié la monumentale Histoire de l’Algérie à la période coloniale (La Découverte, 2014), sous la direction d’Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault.

    « Une avancée historique »

    L’annonce de cette nouvelle initiative remonte au voyage de M. Macron à Alger, fin août 2022. Le chef de l’Etat français avait alors salué comme « une avancée historique » la décision prise avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, de créer cette structure commune vouée à « travailler sur l’ensemble des archives [françaises et algériennes] de la période coloniale et de la guerre d’indépendance ». La mesure ne figurait pas expressément dans les recommandations du rapport de M. Stora remis à l’Elysée en janvier 2021 (réédité en janvier par Albin Michel sous le titre France-Algérie, les passions douloureuses, avec une nouvelle introduction). MM. Stora et Macron avaient toutefois entériné cette proposition algérienne s’inscrivant dans l’esprit du projet de réconciliation mémorielle défendu par Paris. A Alger, M. Macron avait même précisé que cette commission mixte rendrait « ses premiers travaux d’ici un an », c’est-à-dire en août prochain.

    SOURCE : Entre la France et l’Algérie, une commission mixte d’historiens pour relever l’épineux défi du dialogue mémoriel (lemonde.fr) 

     


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    Nomination de José Gonzalez

    à la vice-présidence du groupe d'amitié

    France-Algérie : pourquoi est-ce un mauvais

    choix ?

    Nomination de José Gonzalez  à la vice-présidence du groupe d'amitié France-Algérie : pourquoi est-ce un mauvais choix ?

    Après 60 ans d'indépendance, l'Algérie et la France peinent à se débarrasser de leur douloureux passé commun. Il est difficile, et pour l'une et l'autre, d'envisager une relation sereine tournée vers l'avenir. Et en dépit de beaucoup de bonnes volontés incarnées par de nombreuses personnalités politiques et d'innombrables initiatives allant dans le sens d'une réconciliation sans couacs, il y a toujours comme un grain de sable qui grippe la machine. Et souvent, des évènements quelconques viennent rappeler qu'une amitié sans reproches n'est pas encore possible. La nomination de José Gonzalez à la vice-présidence en est un. 

    José Gonzalez, député des Bouches-du-Rhône, est né à Oran. Ce n'est qu'en 1962 qu'il arrive à Marseille. Tout son parcours politique est lié à son identité de pied-noir, particularité qu'il n'a de cesse de revendiquer. Et, par-dessus le marché, il n'a aucun mal à exprimer sa nostalgie de l'Algérie française. Dans le jargon de l'historien Benjamin Stora ? Un « nostalgérien » qui s'assume pleinement. « J'ai laissé là-bas une partie de ma France. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie par le sentiment d'abandon », avait déclaré l'élu, âgé de 79 ans, disant avoir été « arraché à sa terre natale par le vent de l'histoire ».

    « Un nostalgique de l'Algérie française et un défenseur de l'OAS. Cette nomination est une honte et une insulte », a tweeté la présidente du groupe Les Insoumis à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot. José Gonzalez, lui, avait minimisé les crimes commis par les Français sur le sol algérien. « Je ne pense pas qu'il y ait eu des crimes en Algérie dans l'armée française », avait-il déclaré à la barbe des historiens.

    Le Rassemblement national : l'autre « casserole »

    « Faute avouée est à moitié pardonnée », dit-on. Et José Gonzalez a encore toute « la faute » à se faire pardonner, puisqu'il ne voit pas dans la colonisation de l'Algérie par la France le moindre « crime ». Il est assurément dans son droit, mais prétendre chapeauter une quelconque amitié entre les deux pays ne peut être que mal perçu, notamment du côté sud de la Méditerranée. « C'est une aberration », a écrit un internaute visiblement excédé par la nomination du « pied-noir » à la vice-présidence du groupe d'amitié France-Algérie.

    Il est vrai qu'on ne peut pas reprocher à José Gonzalez d'être né en Algérie ni – à bien y penser – de ne pas vouloir faire porter à « sa » France le fardeau des violences coloniales. Mais qu'un fervent militant du Rassemblement national incarne une amitié algéro-française, déjà fragile, en voilà bien une absurdité. Un coup d'œil sur son CV politique suffit de s'en convaincre. D'origines espagnoles, à se fier à son nom, c'est au début des années 1970 qu'il se rapproche de Jean-Marie Le Pen. Il rejoint le Front national (FN) – qui devient le Rassemblement national – en 1978. Après presque un demi-siècle d'« extrême droite », il est élu, en 2022, député dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône. À 79 ans, il est le doyen de l'Assemblée nationale sous les couleurs du RN.

    France-Algérie : la susceptibilité à fleur

     de peau

    Il n'est nullement question ici de faire le procès de l'extrême droite française, dont les positions quant au passé colonial de la France, quant à l'Algérie et quant aux Algériens de France sont largement discutables. Mais un José Gonzalez comme vice-président du groupe d'amitié France-Algérie est contraire même à l'essence qui devait être celle dudit groupe. La vérité est que cette nomination est un véritable pied de nez à la réconciliation sur laquelle Macron et Tebboune travaillent depuis déjà quelques mois. Elle est de nature à incommoder fortement Alger, dont on connait la susceptibilité.

    Autre vérité « déplaisante » : en France, pays démocratique, l'on ne peut pas parler de « volonté », mais de « volontés » –  au pluriel. Et empêcher José Gonzalez de compromettre le groupe d'amitié France-Algérie n'est pas à la portée du président de la République ni d'une quelconque autre autorité. Le fait est que l'extrême droite pèse lourd au Parlement français, avec 89 élus qui votent comme un seul homme. Et, en vertu de la « démocratie » française, José Gonzalez est tout simplement inéluctable, mais il demeure un mauvais « choix », un très mauvais « choix ».

    SOURCE : La nomination de José Gonzalez met en lumière les tensions entre l'Algérie et la France (observalgerie.com) 


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    8 février 2022

    Emmanuel Macron : le triomphe

    de l’histoire en miettes

    O. Le Cour Grandmaison 

    Université d'Evry-Val d'Essonne, sciences politiques

     et philosophie politique

    8 février 2022. Soixante ans après, les « événements » survenus au métro Charonne sont qualifiés de «tragédie» par Emmanuel Macron dans le communiqué rendu public par l’Elysée. Efficace cheville rhétorique, l’hyperbole ici employée est aux discours commémoriels ce que la main gauche est aux illusionnistes. Elle détourne l’attention pendant que la main droite s’active pour cacher ce qui doit l’être.

    « L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L’investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l’origine de toutes formations politiques… » Ernest Renan, 1882.

    « Il n’est jamais mauvais qu’exposé à cette histoire mémoriale-oublieuse, l’historien prenne ses livres (…). L’histoire-science peut résister à l’oubli logé dans l’histoire édifiante, l’empêcher de “raconter des histoires”. » Jean-François Lyotard, 1988.

     8 février 2022. Soixante ans après, les « événements » survenus au métro Charonne sont qualifiés de «tragédie» par Emmanuel Macron dans le communiqué rendu public par l’Elysée.

    Organisée par plusieurs partis politiques et syndicats du mouvement ouvrier pour protester contre les attentats commis par l’OAS et pour la paix en Algérie, il est rappelé que cette manifestation a été «violemment réprimée par la police» puisque « neuf personnes ont perdu la vie » et « plusieurs centaines furent blessées».

    Un hommage est rendu à la «mémoire des victimes et de leurs familles», est-il écrit en conclusion. Comme on pouvait s’y attendre, les dévots du président ont applaudi ce geste qui confirmerait sa volonté de «regarder l’histoire en face» et d’œuvrer sans relâche à la réconciliation des mémoires, selon les éléments de langage répétés ad nauseam en de telles circonstances. Quelques historiens empressés et intéressés se sont joints à ce chœur louangeur en saluant ce « pas en avant » longtemps attendu par celles et ceux qui militent depuis des décennies pour l’établissement de la vérité. Singulière mais classique complaisance de quelques amoureux de Clio. Contrairement à ce qu’il serait légitime d’attendre d’eux, ils semblent préférer l’éclat des ors de la République et la fréquentation des « grands » à l’entêtement de faits désormais avérés et documentés de façon précise et circonstanciée.

    Une fois encore, cette initiative présidentielle, qui s’ajoute à plusieurs autres pour des raisons liées à la conjonction inédite d’épisodes majeurs de la guerre d’Algérie et d’échéances électorales décisives, est d’une partiélité et d’une partialité remarquables puisqu’elle est contraire aux connaissances établies par les spécialistes de la manifestation du 8 février 1962 (1)

    De plus, ce geste demeure très en-deçà de la reconnaissance pleine et entière exigée notamment par le collectif « Vérité et Justice pour Charonne ». Comme souvent en ces matières, le communiqué élyséen mobilise une hyperbole creuse - « tragédie » -, qui permet, dans le même mouvement, d’occulter la pusillanimité de ce communiqué, - le refus de qualifier avec précision le comportement des forces de l’ordre en atteste -, et d’accréditer l’opinion selon laquelle il est fait droit à la gravité des actes commis par ces dernières.

    Efficace cheville rhétorique, l’hyperbole ici employée est aux discours commémoriels ce que la main gauche est aux illusionnistes. Elle détourne l’attention pendant que la main droite s’active pour cacher ce qui doit l’être.

    Au terme de cet artificieux tour langagier, les grands mots – de même pour la formule convenue « les pages sombres de l’histoire » souvent utilisée en des circonstances analogues - passent pour de courageuses déclarations, et des vessies sont prises pour des lanternes par une cohorte hétéroclite de fidèles du président, de naïfs vrais ou faux, et de personnalités diverses soucieuses de rester en coeur ou de la fréquenter.

    L’efficacité discursive du terme « tragédie (2) », et aux autres vocables du même tonneau, tient également à ceci qu’il s’agit de mots pare-feu destinés à nommer pompeusement des événements devenus condamnables pour mieux circonscrire le périmètre de ceux qui en portent la responsabilité. Dans ce cas d’espèce, les sommets de la hiérarchie policière et politique sont placés hors champ, épargnés donc. Quant au massacre, jamais nommé, il demeure sans coupable d’importance ni adresse précise.

    En effet, les personnalités diverses qui exerçaient le pouvoir, la Cinquième République et l’État in fine sont rendus invisibles afin de ménager certaines fractions de l’électorat et de préserver des mythologies nationales, partisanes et personnelles jugées fondamentales au prestige de la France et des institutions républicaines. Réputées toujours fidèles à leurs traditions comme à leurs idéaux, ces dernières demeurent, à l’instar de la divine Marie, innocentes, immaculées et vierges. Sublime magie de la rhétorique commémorative. Elle parvient ainsi à feindre la reconnaissance tout en préservant les images d’Épinal chères aux amoureux transis de l’Hexagone et des grands hommes qui ont présidé à ses destinées universelles et glorieuses.

    De là cette autre (in)conséquence majeure : la néantisation du rôle joué par les ministres et le préfet qui ont décidé d’interdire la manifestation du 8 février 1962, de la réprimer dans le sang, de couvrir le massacre d’État au moyen d’un mensonge forgé en haut lieu puis diffusé par une certaine presse et des médias contrôlés par l’exécutif. N’oublions pas la justice, soumise, complaisante et aux ordres. Saisie, elle a fait preuve d’une très servile et opportune lenteur qui l’a conduit, quatre ans plus tard, à considérer que son action devait s’achever conformément à la loi d’amnistie du 18 juin 1966.

    Euphémisation, dénégation, mépris de l’histoire et de ceux qui l’ont pourtant écrite, sont au fondement du communiqué élyséen qui ravale de très graves événements au rang de bavure condamnable mais étrangère au gouvernement de l’époque.

    En quelques mots, Emmanuel Macron et ses communicants affairés réhabilitent la thèse, qui n’est qu’une mauvaise fable politique infirmée par les recherches menées par Alain Dewerpe, selon laquelle les policiers auraient agi à l’insu de leurs supérieurs hiérarchiques et du gouvernement. Stupéfiantes régression et réécriture de l’histoire qui conjuguent opportunisme, électoralisme et désinvolture scandaleuse à l’endroit des travaux les mieux informés.

    Anticommunistes notoires, le premier ministre Michel Debré, le ministre de l’Intérieur Roger Frey et le préfet de police Maurice Papon se sont en effet donnés les moyens juridiques et humains d’empêcher puis de réprimer comme rarement une mobilisation jugée dangereuse pour l’autorité de l’Etat et de son chef, le général de Gaulle. Avec son aval, faut-il préciser, puisqu’avant la manifestation ce dernier avait déclaré : les « agitateurs » doivent être réduits et châtiés. Martial et lumineux langage.

    Le but ainsi fixé, il suffisait désormais de laisser faire « l’intendance » qui s’est exécutée dans les conditions que l’on sait. Après quoi, les premiers se sont empressés de justifier et de saluer, comme il se doit, l’action des fonctionnaires de police. Selon les formules utilisées par celui qui se trouvait place Beauvau (3), il s’agissait de préserver l’ordre public contre la « subversion » de « véritables émeutiers » qui sont donc coupables de ce qu’il s’est passé.

    Très classique inversion maligne qui consiste à imputer aux manifestants des comportements prétendument séditieux pour mieux les accuser d’être à l’origine des violences subies, lesquelles sont désormais légitimes puisqu’elles ont été motivées par la volonté de conjurer une menace jugée exceptionnelle. Au temps du massacre a succédé le temps du mensonge des pouvoirs publics forgé pour les besoins de la cause : celle de la raison d’Etat et celle des hommes qui depuis longtemps la servaient.

    Relativement au massacre du 17 octobre 1961, au cours duquel furent tués des centaines d’Algériens rassemblés pacifiquement à l’appel du FLN pour protester contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé depuis le 5 octobre par Maurice Papon et le gouvernement, Emmanuel Macron use de procédés similaires. Contre toute vérité historique, politique et institutionnelle, il circonscrit la responsabilité des « crimes commis cette nuit-là » aux forces de l’ordre agissant « sous l’autorité » du préfet de police.

    Et c’est ainsi que cet autre massacre d’État, bien plus important que celui de Charonne eu égard au nombre de victimes et aux moyens employés : rafles, internement de masse, exécutions sommaires, noyades, tortures, disparitions forcées, -, se transforme en un crime imputable au seul Maurice Papon. Mauvaise fable qui serait dérisoire si elle n’était obscène en raison de l’extrême gravité des faits qu’elle travestit et de l’occultation des rapports hiérarchiques de l’époque sur laquelle elle prospère.

    L’autoritaire Emmanuel Macron, qui aux dires de beaucoup se complait dans la verticalité des rapports de pouvoir, croit-il lui-même à cette fable forgée par ses services ? Il est permis d’en douter. Élu président, il s’est coulé avec délice dans les institutions de la Cinquième République en réprimant avec la vigueur que l’on sait tous les mouvements sociaux. Il est donc fort bien placé pour savoir qu’un préfet de police, qui plus est en période de crise particulièrement grave, n’est qu’un exécutant.

    Quoi qu’il en soit, les spécialistes, historiens, politistes ou juristes (4) ont établi que Maurice Papon a agi, avant, pendant et après le 17 octobre 1961, avec l’aval de ses supérieurs, le ministre de l’Intérieur Roger Frey et le chef du gouvernement Michel Debré ; tous deux résolus, quoi qu’il en coûte, à empêcher une démonstration de force du FLN dans la capitale. À charge pour le préfet d’accomplir cette mission particulièrement importante. Elle s’inscrit dans la continuité de celles qui lui ont été confiées par le premier : « frapper juste et fort» pour « démanteler (...) l’organisation rebelle. (5)»

    Soutenus par des personnalités du parti présidentiel, l’Union pour la Nouvelle République (UNR), les mêmes ont aussitôt couvert les pratiques meurtrières de leur subordonné puis élaboré une version officielle destinée à minorer de façon drastique le nombre de victimes et à imputer les « heurts » aux militants du FLN. Voilà qui confirme ceci : la dénégation et l’inversion des responsabilités sont au principe de l’action et de la rhétorique de ceux qui, ayant commis et/ou justifié un crime d’Etat, doivent immédiatement l’occulter en forgeant un récit leur permettant d’échapper au scandale et de continuer à exercer légitimement le pouvoir sans être inquiétés.

    Comme pour Charonne, le communiqué du président de la République, relatif au 17 octobre 1961, témoigne d’une conception platement partisane, instrumentale et utilitariste de l’histoire, ceci expliquant cela, et des travaux de celles et ceux qui l’ont écrite en s’appuyant sur des archives, des sources diverses et des témoignages circonstanciés.

    De là la singularité des rapports qu’Emmanuel Macron, ce très mauvais et très infidèle élève de Paul Ricoeur, entretient avec les faits. Quelquefois convoqués, le plus souvent de façon partielle, ces derniers sont presque toujours tronqués, arrangés et minimisés pour mieux les coucher dans le lit de Procuste de commémorations officielles qui prétendent révéler l’Histoire alors qu’elles ne cessent de raconter des histoires fragmentaires.

    Et des histoires parfois abracadabrantesques, comme le prouve la fiction élyséenne élaborée pour rendre compte des crimes commis le 17 octobre 1961 puis à Charonne ; tous relevant, est-il soutenu, d’initiatives répréhensibles de subordonnés débordés et/ou désireux de prendre leur revanche sur le FLN d’abord, sur le Parti communiste ensuite. Courage de la vérité mis au service d’un désir de connaissance exhaustive ? Souci de restituer la complexité d’une période et des événements qui ont eu lieu ? Volonté de les reconnaître pleinement ? Ces quelques commémorations prouvent qu’il n’en est rien.

    Le procédé politico-rhétorique employé par le président est des plus classiques. Il a fort bien été identifié, défini et analysé par Roland Barthes qui le nomme « vaccine (6) ». Elle « consiste à confesser le mal accidentel d’une institution (…) pour mieux en masquer le mal principiel. »

    Dans le cas présent, il s’agit de domestiquer l’histoire en imposant une pauvre mais efficace histoire-bataille destinée à satisfaire certains en évitant, autant que faire se peut, les foudres de quelques autres. Sans être édifiante, puisqu’il ne s’agit évidemment pas de célébrer des victoires et d’encenser des héros mais de réprouver des actes et de condamner ceux qui les ont commis, cette histoire-bataille repose sur des procédés voisins : la décontextualisation sociale, politique et institutionnelle des acteurs et des massacres commis, lesquels ne sont plus que des actes isolés sans rapport les uns avec les autres (7).

    Là où existaient un système et des institutions diverses – gouvernement, police, armée, justice…- dirigés par un président, un gouvernement et des ministres, qui ont fixé les orientations, et des fonctionnaires civils et militaires qui ont rempli les missions définies par les premiers, ne reste plus que quelques individualités et une histoire en miettes. Une histoire ? Un récit officiel bien plutôt qui repose sur la simplification et la réécriture mensongère, par omission, des événements. L’ensemble est conçu pour éviter tout scandale, complaire aux desservants du culte national et entretenir la thèse immunitaire, mythologique et consensuelle, à droite comme au sein d’une certaine gauche, selon laquelle le gouvernement de l’époque, le général de Gaulle, bien sûr, la France et la République, cela va de soi, sont absolument étrangers à ce qu’il s’est passé.

    Certains contemporains se sont élevés avec vigueur contre de telles affirmations. Pierre-Vidal Naquet, notamment, en démontrant de façon précise que les pratiques mises en œuvre par l’armée et la police, des deux côtés de la Méditerranée, étaient les conséquences d’une politique arrêtée au sommet de l’Etat (8). Rappelons aussi aux «oublieux» de l’Elysée et à ceux qui les soutiennent que le général Pâris de Bollardière a demandé être relevé de son commandement pour protester contre l’usage de la torture avant d’en témoigner publiquement dans L’Express du 29 mars 1957. De même Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger, qui a pris la décision de démissionner de ses fonctions quelques mois plus tard, le 12 septembre 1957, considérant que le recours à la question et les disparitions forcées étaient systématiques désormais.

    Relativement à la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron a soutenu qu’il est confronté à un « défi mémoriel (9) » particulièrement dramatique comparable, nonobstant la différence de nature des crimes commis, à celui qu’a affronté Jacques Chirac lorsqu’il a reconnu, dans son célèbre discours du 16 juillet 1995, que « la folie criminelle de l’occupant a été secondée (…) par l’État français ». Et, précisait-il, par sa police et sa gendarmerie qui ont livré 13 000 Juifs à « leurs bourreaux » lors des rafles des 16 et 17 juillet 1942.

    Comparons donc. Dans un cas, la France, le régime de Pétain, les institutions de l’époque et les différents corps chargés d’assurer la défense du nouvel ordre public, dictatorial, raciste et antisémite, sont désignés de façon explicite afin d’établir ceci : tous furent responsables et coupables d’avoir commis « l’irréparable. » Dans l’autre, la politique mémorielle et commémorielle de l’actuel président de la République évite constamment de semblables mises en cause. Hier, un homme d’État résolu qui, en dépit de l’opposition de nombreux « barons » gaullistes, d’une fraction du parti qui le soutenait et de son propre électorat, a prononcé un discours courageux et précis. Aujourd’hui, les faux-fuyants et les contorsions rhétoriques d’un « Jupiter » auto-proclamé qui se comporte en chef de parti plus soucieux de sa réélection et de la défense de ses intérêts particuliers que de la vérité.

    Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, imaginons ce que devrait être une juste déclaration relative aux crimes perpétrés dans cette colonie. « 19 mars 2022. La France reconnait que dix ans après la prise d’Alger en 1830, les colonnes infernales du général Bugeaud ont commis l’irréparable en se livrant à de nombreuses razzias, enfumades et tueries. Au XXème siècle, l’irréparable encore. Souvenons-nous des terribles massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, de la répression sanglante de militants nationalistes algériens lors de la manifestation parisienne du 14 juillet 1953, du crime d’Etat du 17 octobre 1961 et de celui du métro Charonne le 8 février 1962. N’oublions pas les centaines de milliers de victimes de la guerre d’Algérie au cours de laquelle l’armée française a torturé, déporté les populations civiles, interné en masse dans des camps regroupant plus de 2 millions d’Algériens, soit un quart de la population totale. Irréparables toujours les disparitions forcées, les exécutions sommaires, les viols des femmes. Soixante ans après, la France reconnait que l’Etat, la République, leurs forces armées, leur police et leur gendarmerie ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Soixante ans après, la France rend hommage aux victimes de ce terrible conflit, décide d’ouvrir toutes les archives et d’élever un lieu de mémoire dans la capitale afin que nul n’oublie. »

    Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : « Ennemis mortels ». Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, La Découverte, 2019 et, avec O. Slaouti (dir.), Racismes de France, La Découverte, 2020.

    (1) Cf l’ouvrage de référence sur le sujet : A. Dewerpe, Charonne. 8 février 1962 : anthropologie historique d’un massacre d’Etat, Paris, Gallimard, 2006.

    (2). Lorsque les faits sont particulièrement graves, l’adjectif « inexcusable » est ajouté pour renforcer le poids des mots et frapper plus encore les imaginations. Pareille formule permet d’éviter le recours à des qualifications autrement plus précises – celles de crime de guerre voire de crime contre l’humanité - et plus lourdes de conséquences politiques voire juridiques. « Tragédie inexcusable » ; telle fut l’expression employée par l’ambassadeur de France en Algérie, H. Colin de Verdière le 27 février 2005 suivi, au mois de mai de la même année, par Michel Barnier, alors ministre des Affaires étrangères. De là cette conséquence majeure : les auteurs de cette « tragédie inexcusable » : l’Etat français, ses forces armées et ses milices coloniales, ayant commis les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, ne sont jamais désignés et c’est précisément pour éviter qu’ils le soient que ce syntagme pare-feu est utilisé.

     (3). Dès le lendemain, le 9 février 1962, Roger Frey décide de saisir L’Humanité et Libération dans un contexte où, depuis longtemps déjà, les pouvoirs publics prennent beaucoup de liberté avec les libertés fondamentales en recourant à la censure et à la saisie de nombreuses publications et ouvrages jugés contraire à la doxa officielle. Tel fut également le sort réservé aux ouvrages de Paulette Péju, Ratonnades à Paris et Les Harkis à Paris publiés par Fr. Maspero en 1961.

    (4). Cf., l’ouvrage pionnier de Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris : le 17 octobre 1961, Paris, Seuil, 1991 puis Octobre 1961 : un massacre à Paris, Paris, Fayard, 2001, et notamment Linda Amiri, La Bataille de France : la guerre d’Algérie en métropole, Paris, R. Laffont, 2004, Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961 : les Algériens, la terreur d’Etat et la mémoire, Paris, Tallandier, 2008, Emmanuel Blanchard, La Police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, Nouveau Monde Editions, 2011, Arlette Heymann-Doat, Guerre d’Algérie. Droit et non-droit, Paris, Dalloz, 2012 et  Fabrice Riceputi, Ici on noya des Algériens, Paris, Le Passager clandestin, 2021.

    (5). Roger Frey cité par Le Monde, 16 octobre 1961.

    (6). R. Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957, p. 238.

    (7). De même pour l’assassinat, le 27 mars 1957, de l’avocat nationaliste algérien, maître Ali Boumendjel, arrêté, torturé et précipité, sur ordre du commandant Aussaresses, du sixième étage d’un bâtiment pour faire croire à un suicide. Dans ses mémoires publiées en 2001, ce dernier a reconnu les faits et livré d’assez nombreux détails. Cf., Services spéciaux. Algérie 1955-1957, Paris, Perrin, 2001, pp. 173-178. Là encore, ce crime de guerre, qui fit scandale, a été couvert par la hiérarchie militaire, le pouvoir politique de l’époque et le très socialiste président du Conseil, Guy Mollet. Cf. P. Vidal-Naquet, La Torture dans la République, (1963), Paris, Les Editions de Minuit, 1972, p. 72 et suiv. Quant à Emmanuel Macron, il s’en est tenu à ce cas emblématique en se gardant bien de rappeler qu’il n’était pas le seul et que cet assassinat fut la conséquence de pratiques : la torture, les exécutions sommaires, les disparitions forcées, légitimées par une doctrine bien connue : celle de la guerre contre-révolutionnaire qui les a érigées en système.

    [8]. P. Vidal-Naquet, La Torture dans la République, op. cit. , p. 12 et suiv.

    (9).  Le Monde, 25 janvier 2000.

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    Olivier aurait pu aussi compléter : Macron s'est livré à une grave falsification historique le 26 janvier dernier en évoquant la fusillade de la rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962. IL a "OUBLIE" de mentionner qu'un commando de l'OAS disposé aux balcons et sur les toits avoisinant ce carrefour de la rue d'Isly a tiré sur les militaires du 4ème RTA, provoquant ainsi une quasi légitime défense. J'ai publié le plan du positionnement de ce commando, avec l'armement, que j'avais pu consulter dans les archives de Vincennes.

    Jusqu'où ira l'instrumentalisation de ce 60ème anniversaire de la fin de la Guerre de Libération de l'Algérie ? 

    Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, imaginons ce que devrait être une juste déclaration relative aux crimes perpétrés dans cette colonie. « 19 mars 2022.

    La France reconnait que dix ans après la prise d’Alger en 1830, les colonnes infernales du général Bugeaud ont commis l’irréparable en se livrant à de nombreuses razzias, enfumades et tueries. Au XXème siècle, l’irréparable encore. Souvenons-nous des terribles massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, de la répression sanglante de militants nationalistes algériens lors de la manifestation parisienne du 14 juillet 1953, du crime d’Etat du 17 octobre 1961 et de celui du métro Charonne le 8 février 1962.

    N’oublions pas les centaines de milliers de victimes de la guerre d’Algérie au cours de laquelle l’armée française a torturé, déporté les populations civiles, interné en masse dans des camps regroupant plus de 2 millions d’Algériens, soit un quart de la population totale.

    Irréparables toujours les disparitions forcées, les exécutions sommaires, les viols des femmes. Soixante ans après, la France reconnait que l’Etat, la République, leurs forces armées, leur police et leur gendarmerie ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Soixante ans après, la France rend hommage aux victimes de ce terrible conflit, décide d’ouvrir toutes les archives et d’élever un lieu de mémoire dans la capitale afin que nul n’oublie. »

    NE PAS FUIR L'ENTRAIDE QUE NOUS DEVONS AUX ALGERIENS D'HONNEUR !!! 

    SOURCE : Emmanuel Macron : le triomphe de l’histoire en miettes | Le Club de Mediapart 

     


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    DES ÉLUS NUPES DEMANDENT

    LA DÉMISSION D'UN DÉPUTÉ RN

    DE LA VICE-PRÉSIDENCE

    DU GROUPE FRANCE-ALGÉRIE

      DES ÉLUS NUPES DEMANDENT  LA DÉMISSION D'UN DÉPUTÉ RN DE LA VICE-PRÉSIDENCE DU GROUPE FRANCE-ALGÉRIE

    Le doyen des députés, José Gonzalez (RN), donne le coup d'envoi des travaux de la nouvelle Assemblée nationale, le 28 juin 2022 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

    Une vingtaine d'élus de gauche demandent le départ de José Gonzales du poste de numéro 2 du groupe d'amitié entre Paris et Alger. Ce pied-noir avait salué la mémoire de "ses amis morts" pendant la guerre de décolonisation à la tribune de l'Assemblée nationale fin juin.

    Une tribune pour exiger le départ de José Gonzales. Une vingtaine d'élus de la NUPES demandent la démission de ce député RN du poste de vice-président du groupe d'amitié France-Algérie qu'il occupe depuis quelques semaines.

    Sa nomination est "une insulte aux victimes de l’Organisation armée secrète (OAS), de la guerre d’Algérie et, plus largement, du colonialisme français", peut-on lire dans les colonnes du Monde.

    Un discours qui avait choqué la NUPES

    Fin juin, pour la toute première séance de l'Assemblée nationale, José Gonzales qui est le doyen de l'Assemblée nationale, avait exprimé à la tribune son émotion en pensant à "ses amis morts" en Algérie. Ce pied-noir, né à Oran en 1942, avait également expliqué, la voix nouée, être ému de "voir côte à côte réunis" tous les députés, comme "un symbole d’unité française".

    "J'ai laissé là-bas une partie de ma France", avait également jugé le nonagénaire à la tribune, en évoquant son enfance, avant d'assurer au micro de BFMTV "ne pas savoir" si l'OAS avait commis des crimes durant la guerre d'Algérie. Son discours avait suscité un tollé sur les bancs de la gauche.

    "Lorsque José Gonzalez prend la parole sur ce sujet à titre de parlementaire, pour nier les atrocités commises par l’OAS, ce n’est pas de l’inculture. Il s’agit ici d’une faute politique extrêmement grave", assurent encore les élus de la Nupes.

    L'histoire tortueuse du RN

    avec l'Algérie française

    Et de pointer les "fondements profonds du Rassemblement national : un parti identitaire, nationaliste, qui compte dans ses rangs des fascistes et des négationnistes".

    L'OAS est désormais considéré par les historiens spécialistes de la guerre d'Algérie comme une organisation terroriste, autrice d'attentats qui ont fait des centaines de mort en Algérie et plusieurs dizaines en métropole. Parmi les cibles : le bureau du vice-président du Sénat ou encore le domicile d'André Malraux, alors ministre de la Culture. 

    "Est-ce donc ce passé colonial que José Gonzales et le RN comptent défendre avec des larmes de nostalgie dans les yeux, lorsque la délégation du groupe d’amitié France-Algérie sera invitée, comme il en est coutume, à Alger?", s'interrogent encore les signataires de la tribune.

    Une nomination vue comme un frein

    "aux relations franco-algériennes"

    Avant d'"exiger sa démission" à ce poste qui "représenterait un frein au développement de relations franco-algériennes libérées du poids des exactions historiques françaises.

    Les groupes d’amitié ont pour but de "tisser des liens entre parlementaires français et étrangers" et "sont également des acteurs de la politique étrangère de la France et des instruments du rayonnement international de l’Assemblée nationale", rappelle l’administration du Palais-Bourbon. Sans grand pouvoir, ils ont cependant une valeur symbolique.

    Parmi les signataires, on compte l'ancien macroniste Aurélien Taché, désormais député écologiste, la présidente du groupe EELV à l'Assemblée nationale Cyrielle Chatelain, la communiste Elsa Faucillon ou encore Paul Vannier, une figure montante de La France insoumise.

    SOURCE : Des élus Nupes demandent la démission d'un député RN de la vice-présidence du groupe France-Algérie (bfmtv.com) 

     


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    France – Algérie, quelles mémoires ?

    (SUITE)

    Par Jacques CROS

    France – Algérie, quelles mémoires ? (SUITE)

    C’est le thème d’une conférence donnée par Olivier Le Cour Grandmaison le 12 janvier à Montpellier. J’ai pu la visionner grâce au lien que Michel Dandelot a indiqué sur son blog. Le voici :

    France-Algérie : Quelles mémoires ?... - micheldandelot1 

    Evidemment  le conférencier a une parfaite maîtrise de son sujet. Il le développe sur un ton assez irrévérencieux, à la limite de la provocation. Nous avions connaissance de plusieurs aspects du colonialisme, nous avons appris ou nous ont été rappelés certains détails.

    Par exemple que les razzias effectuées par l’armée de conquête du pays visaient à supprimer définitivement les ressources de la population, ne se contentant pas d’un prélèvement déjà préjudiciable. Autre fait aussi l’absence de sanctuaire pour les civils a été soulignée.

    Le fonctionnement des punitions collective a été exposé. Injuste dans son principe il a eu des effets particulièrement négatifs pour l’économie de la société algérienne. Cela a été, avec les spoliations consécutives au insurrections la ruine pour les petits exploitants de Kabylie.

    La science a été sollicitée pour justifier le colonialisme. La forme du crâne, sa capacité moindre chez les Noirs d’Afrique a permis d’étayer le racisme consubstantiel au colonialisme. Les dirigeants de diverses Républiques ont trouvé là de quoi écarter leurs scrupules !

    Nous avons été en désaccord sur quelques points. La vision idyllique que nous a présentée Le Cour Grandmaison à propos des USA, de l’Australie ou de la Nouvelle Zélande ne correspond nullement au génocide infligé aux Amérindiens, aux Aborigènes où sorts réservés aux Maoris. Les excuses et les dédommagements financiers ne compensent pas ce qui a été subi !

    Sur la portée dans la suite de l’histoire des drames du 17 octobre 1961 et de Charonne le 8 février 1962 il faut porter un jugement qui tienne compte de ce qui était en jeu. Ce qui a provoqué Charonne est dû à la prise de conscience des Français sur l’OAS et sur la nature de la guerre d’Algérie. L’événement a accéléré la signature des Accords d’Evian parce qu’il mettait à l’ordre du jour la question politique qui se posait au pays.

    Concernant la position du parti communiste, je pense moi aussi qu’une erreur a été commise en signant les pouvoirs spéciaux le 12 mars 1956. C’est plus facile de le reconnaître aujourd’hui qu’à cette date. Par contre je considère que le slogan « Paix en Algérie » comportait en fait l’idée qu’il faudrait accéder à l’indépendance de cette ancienne colonie même si le PCF a accusé un certain retard à l’admettre.

    A propos des soldats insoumis il faut prendre la mesure des problèmes qu’ils ont rencontrés. On ne pouvait pas espérer rallier sur cette position la masse des appelés du contingent. Il y a nécessité d’analyser ce qui est possible et pas seulement souhaitable. C’est toujours vrai et on ne peut se prévaloir d’un savoir incontestable pour porter un jugement suffisant et péremptoire en faisant l’impasse sur cette donnée. Il n’est que de voir ce qu’est encore la FNACA avec son incapacité à situer clairement le rôle qu’on a fait jouer aux jeunes qui ont eu le malheur d’avoir 20 ans en ces temps là.

    Le parti communiste n’est certainement pas exempt de reproches. Il reste qu’il a été le seul parti politique à s’engager contre le colonialisme et les guerres menées en Indochine ou en Algérie pour tenter de le perpétuer. Olivier Le Cour Grandmaison serait bien inspiré de s’en convaincre. On peut certes signaler la création du PSU, organisation qui n’a jamais rassemblé un nombre important d’adhérents ou d’électeurs, qui s’était constituée sur cette base.

    Jacques Cros

    France – Algérie, quelles mémoires ? (SUITE)

    Michel Dandelot le 22/01/2023
    Une fois encore tu cites un article de mon blog je souhaite d'emblée te dire, puisque tu t'en prends à Olivier Le Cour Grandmaison, que je me refuse d'entrer dans ce débat. Par contre je te propose de visionner un autre débat avec un autre historien qui devrait mieux te convenir donc tu pourras trouver le lien à la fin.

    Les communistes et l'Algérie - débat
    PCF - Parti Communiste Français

    Débat sur les communistes et l'Algérie, organisé par le secteur Archives et Mémoire du PCF. Des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962. À l'occasion de la parution du livre "Les Communistes et l'Algérie de l'historien Alain Ruscio, le Parti Communiste Français", débat avec : • Sadek Hadjerès, secrétaire du Parti Communiste Algérien pendant la guerre d'indépendance • Eloïse Dreure, historienne, doctorante à l'université de Bourgogne Franche-Comté, secrétaire de rédaction et coordinatrice du dossier "Communisme algérien", Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, n°140, 2019. • Alain Ruscio, historien, auteur de Les Communistes et l'Algérie (La Découverte, 2019)

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour cette vidéo

    https://youtu.be/ai0XeqD9w3c

    Michel Dandelot le 22/01/2023

    Je viens de mettre ton article sur la page Facebook de Olivier Le Cour Grandmaison avec ton adresse @mail nous verrons s'il répond soit par mel soit par Facebook.

    ***

    Jacques Cros le 22/01/2023 

    Merci.

    J'ai eu un retour le voilà :

    Bonjour, comme disait Lénine, "les faits sont têtus". je vous renvoie donc au livre de A. Ruscio, ancien membre du PC et auteur de : "Les Communistes et l'Algérie." Bonne lecture. O. Le Cour Grandmaison

    Et voici ce que je lui ai répondu :

    Je vous remercie. Les faits sont effectivement têtus.

    France – Algérie, quelles mémoires ? (SUITE)

    Olivier Le Cour Grandmaison 23/01/2022

    Bonjour, c'est toute la différence entre la mémoire et l'histoire. J'ajoute que j'ai le plus grand respect pour toutes celles et tous ceux qui, communistes ou non, se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie, parfois au péril de leur liberté et à l'insu de la direction du PC. Salut et fraternité.

    Jacques Cros 23/01/2023

    Je ne suis pas historien, j'en conviens mais j'estime que mon témoignage est à prendre en considération dans le débat. J'ai tenu compte dans l'article consacré à votre conférence des points positifs. J'ai exprimé mon désaccord sur certains points en m'efforçant de rester courtois. Je n'ai pas été exposé au cours de ces vingt-six mois de guerre. Je n'ai entendu que quatre fois des coups de feu mais j'étais loin et n'ai jamais eu à me servir de mon arme. Il reste un contentieux tenace sur l'absurdité de la situation dans laquelle on nous avait mis. Et quel gâchis que ces longs mois de notre jeunesse ainsi volés Quelle que soit l'admiration pour le courage des soldats du refus qu'on pouvait avoir on ne pouvait espérer qu'ils servent de modèle à la masse des appelés du contingent. Je pense qu'on pouvait agir sur d’autres bases, c'est ce que je me suis efforcé de faire et j'estime avoir fait ce que j'ai pu. Prenez le temps de lire le récit que je vous ai envoyé. Salutations respectueuses. 

     


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    France-Algérie :

    Quelles mémoires ?...

    France-Algérie : Quelles mémoires ?...

     

    D’année en année les recherches, les polémiques autour de la France et sa question coloniale ont fini par faire de cette dernière un marqueur capital, un lieu de cristallisation politique. La colonisation demeure une histoire au présent. Aussi la multiplication des lieux de connaissance comme les musées, les films ou les livres sont les meilleures antidotes au populisme simplificateur. Ne pas parler de la colonisation, c’est laisser le soin à d’autres d’en parler. En janvier 2021, Benjamin Stora préconisait l’ouverture d’un musée dans le rapport qu’il a remis à Emmanuel Macron sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Michaël Delafosse, Maire et Président de la Métropole s’est porté candidat pour accueillir à Montpellier, l’Institut de la France et de l’Algérie. Ce projet porté par Georges Frêche avait été abandonné par Philippe Saurel lors de son élection à la mairie, suite à la mobilisation hostile qu’il avait suscitée. A quelles conditions ce nouveau musée pourra-t-il s’ouvrir ? Ce sera le thème de notre débat ce 12 janvier à 19h à la Carmagnole, débat introduit par Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire, politiste à l’Université Paris-Saclay-Evry-Val-d’Essonne et spécialiste de la question coloniale. Il est notamment l’auteur de ‘’Racisme de France’’ (La Découverte, 2020) et ‘’ Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial ‘’ (Fayard, 2005). Cette conférence-débat est organisée en partenariat avec le MRAP. 


    3 commentaires
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    SOUVENIRS

    Le 8 février 2023 approche mais je ne  connais pas  encore  le

    programme de cette journée de commémoration des 9 morts de

    Charonne cependant je tiens à rediffuser  celle  du  8  février

    2022 qui m’a particulièrement ému.

    J'ajoute cette vidéo en saluant mon ami Marcel Yanelli habitant

    de  Dijon  (Côte-d'Or)  ancien  appelé  de   la   sale   guerre

    d'indépendance de l'Algérie, anti colonialiste comme moi  !!!  Ce

    documentaire est un témoignage de Marie-Louise,  son  épouse,

    décédée le 12 juin 2020,  victime  de  la  première  vague  du

    Covid, cette vidéo concerne donc le drame de  Charonne  du  8

    février 1962.

    Michel Dandelot 

     

    MARINA  VLADY

     

    " Le choc de Charonne " 

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    L'actrice Marina Vlady (84 ans) dans son appartement ivryen. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - Marie-Pierre Dieterlé 

    Grande actrice, l’Ivryenne Marina Vlady est une femme engagée. Le 8 février 1962, elle participait à la manifestation contre la guerre en Algérie qui fut réprimée par la police de façon sanglante au métro Charonne.

    Ivry Ma Ville Hebdo : En 1962, vous êtes une jeune actrice de 23 ans. Pourquoi participiez-vous à la manifestation parisienne contre la guerre en Algérie le 8 février 1962 ?


    Marina Vlady : À cette époque, j’étais déjà très engagée politiquement, j’ai toujours été à gauche. J’avais tourné beaucoup de films en Italie où les réalisateurs étaient alors tous communistes et je participais à beaucoup de manifestations avec eux à Rome.  Ils m’avaient appris à mettre du journal dans mon bonnet pour amortir les coups de matraque. Quant à mon père, un russe anarchiste qui avait migré en France en 1915, il m’avait fortement transmis les valeurs antiracistes, la défense des faibles et des opprimés. Le 8 février 1962, à Paris, nous manifestions pour la paix en Algérie et contre l’OAS [Organisation de l’Armée secrète, opposée à l’indépendance de l’Algérie] qui commettait de nombreux attentats frappant des innocents, comme celui du 7 février 1962, où une petite fille avait été défigurée. La manifestation du 8 février était une réaction populaire, organisée par des formations politiques et syndicales de gauche. Nous étions des milliers à défiler et à scander « OAS assassins ! ». Comme de nombreux militants, je savais que c’était bien une guerre civile, terrible, qui se déroulait en Algérie. De jeunes appelés en revenaient détruits moralement et psychiquement. Ils nous en racontaient les atrocités, la torture.

    Ivry Ma Ville Hebdo : Avez-vous été témoin de la répression sanglante ?

    Marina Vlady :  La manifestation était pacifique mais vers la fin, un mur de policiers casqués et armés s’est placé en tête du cortège et a avancé vers nous en nous tapant avec des matraques. Nous étions boulevard Voltaire [XIème arrondissement de Paris]. Il y a eu un mouvement de panique, la foule s’est mise à courir. Le cinéaste Louis Daquin m’a d’abord entraîné vers un porche où il y avait déjà trop de monde. Puis je me suis alors mise à courir et le sol s’est dérobé sous moi. Je suis tombée avec d’autres dans les escaliers de la bouche du métro Charonne. Nous étions des dizaines, les uns sur les autres. Les policiers ont arraché les grilles en fonte qui étaient au pied des arbres pour les lancer sur les manifestants avec une volonté de violence totale. C’était atroce, un cauchemar ! J’ai eu tellement peur que j’ai réussi à m’extirper des corps entremêlés et à sauter par-dessus les portes automatiques qui donnaient accès aux quais. L’atmosphère était saturée de gaz lacrymogènes. Avec quelques-uns, nous sommes entrés haletants, hagards dans une rame du métro. Nos vêtements étaient déchirés. Les passagers nous regardaient, ahuris, sans savoir que nous revenions de l’enfer. C’est après que nous avons su qu’il y avait eu neuf morts.

    Ivry Ma Ville Hebdo : Soixante ans plus tard, est-ce important de commémorer cet événement ?

    Marina Vlady :  Oui, c’est très important de rendre hommage aux victimes. Elles étaient venues protester contre la guerre en Algérie et elles ont trouvé la mort. Et puis, il faut continuer à porter un discours de fraternité et solidarité avec les opprimés. J’étais très jeune, naïve et exaltée alors. J’ai pris beaucoup de risques pour arrêter cette guerre épouvantable. Je faisais partie des porteurs de valise qui soutenaient le FLN [Front de Libération Nationale, qui se battait pour l’indépendance de l’Algérie]. J’ai caché chez moi Francis Jeanson, un homme recherché alors par toutes les polices de France. Mais j’ai été très déçue car, après l’indépendance, la démocratie n’a pas été instaurée en Algérie.

    Ivry Ma Ville Hebdo : Militez-vous toujours aujourd’hui ?

    Marina Vlady : Je suis très attentive à la cause des femmes et à la défense du droit à l’avortement. Avec mon mari Léon Schwartzenberg [célèbre cancérologue aujourd’hui disparu], l’abbé Pierre et quelques autres, nous avons été les premiers à nous engager aux côtés du DAL, l’association « Droit au logement » dans les années 90, et je le suis toujours. Je milite aussi pour que le cinéma imagine des rôles intéressants pour les femmes de mon âge car à 84 ans, nous pouvons encore avoir une passionnante vie intellectuelle, sentimentale… !

    Ivry Ma Ville Hebdo : En 1962, vous êtes une actrice en pleine ascension, égérie du cinéma français et italien. Vos engagements ont-ils pu peser sur votre carrière ?

    Marina Vlady : J’ai beaucoup travaillé mais mes engagements ont peut-être freiné certains metteurs en scène. Cependant, en 1963, un an après Charonne, j’ai reçu le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes pour le film franco-italien « L'Ape Regina » de Marco Ferreri, maladroitement traduit en français par « Le lit conjugal ». En italien, « Ape regina » signifie « La Reine des abeilles ».

    SOURCE : https://www.ivry94.fr/23-6182/fiche/marina-vlady-parle-du-choc-de-charonne.htm

     

      

    La beauté slave dans tout son éclat… 

    Ne pas oublier le massacre de Charonne

     

    Quel parcours que celui de cette très jolie femme ! Déjà actrice à onze ans. 80 films, une carrière internationale avec les plus grands noms du septième art : Orson Welles, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, John Huston. 

    Le théâtre, avec une évidente prédilection pour le répertoire russe et son cher Tchekhov. La télévision, la chanson, les disques… L'écriture, avec à ce jour neuf livres. 

    Féminine jusqu'au bout des ongles… et féministe. Militante de gauche (la vraie), liée par d'indéfectibles amitiés, celles notamment du couple Bernard Paul-Françoise Arnoul ou de Montand-Signoret auprès desquels elle livra de multiples combats. Contre les injustices de toutes formes, elle se trouve parmi les manifestants anti-OAS en ce jour de honte de février 1962 au métro Charonne. Contre la guerre en Algérie, mai 68 à la Sorbonne et à l'Odéon, pour la cause des sans-logis, des sans-papiers, des exclus, par ses  positions vis-à-vis de l'avortement. 

    Une vie bien remplie pour cette jeune femme de quatre-vingt-quatre printemps dont le nom s'est définitivement inscrit dans l'anthologie du septième art.

     

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

     

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne » 

    Votre dernier livre paru, 24 images secondes, est consacré à votre carrière d'artiste. Or, beaucoup de vos lecteurs, les gens qui ont pu vous entendre à la radio, sont très frappés par l'importance que vous accordez au drame du métro Charonne où neuf manifestants ont été tués par la police. Vous dites que vous y étiez, que s'est-il passé pour vous ce 8 février 1962 ? 

    Marina Vlady. Lorsque la police a chargé sur le boulevard Voltaire que nous occupions entièrement, nous avons dû refluer en courant, et c'est là qu'une grande partie de la manifestation est descendue dans les escaliers du métro sans même s'en être rendu compte. J'ai été moi-même littéralement portée. Je ne touchais pas les marches. Comme j'étais jeune et du genre costaud, j'ai réussi à passer. J'ai dû involontairement piétiner des gens. C'est le souvenir terrible que j'en ai gardé. On a été deux ou trois à pouvoir courir et sauter par-dessus les grilles. Un métro arrivait sur le quai, on s'y est engouffré au moment où les CRS lançaient des grenades lacrymogènes. Nous étions complètement haletants, hagards, les voyageurs assis tranquillement ne comprenaient rien. Quand nous avons appris le lendemain qu'il y avait des morts, la trouille rétrospective a été encore plus forte. Dans ces situations, il y a toujours quelque chose de drôle dont on se souvient : lors de la charge, Louis Daquin, le cinéaste, avait voulu m'entraîner sous une porte cochère, mais je ne l'avais pas suivi car je savais d'expérience que c'était le meilleur moyen de se faire tabasser. 

    Vous vous êtes rendu compte que c'était grave ? 

    Marina Vlady. Oui, parce que j'ai senti qu'on recevait des grilles. Ce sont les gens qui étaient bloqués par la mêlée des corps qui les ont reçues. C'était pourtant une manifestation relativement pacifiste. Il y avait des gens qui défilaient pour la première fois. Ils étaient révoltés par l'OAS, par ses crimes, ses attentats. Il y avait de tout, pas seulement des militants communistes, des militants comme moi. 

    À vous entendre, vous aviez déjà une pratique des manifestations ? 

    Marina Vlady. Oui, j'avais déjà beaucoup manifesté en Italie avec toute la troupe de Giuseppe De Santis. Dans l'équipe, il y avait toutes les tendances de gauche dont beaucoup de communistes. À Charonne, j'avais vingt-quatre ans, mais lors des manifestations à Rome contre la condamnation à mort des Rosenberg, qui ont été électrocutés en 1953, j'avais quinze ans. Mon père, un Russe de tendance anarchiste, pour qui comptaient beaucoup la liberté, l'égalité et la fraternité, s'est engagé en France, en 1915, comme pilote pour défendre la République. On a beaucoup parlé politique avec lui jusqu'à sa mort, alors que j'avais treize ans. C'est quelqu'un qui m'a vraiment éduquée avec ce sentiment de défendre les faibles, les opprimés. J'ai été marquée par ce romantisme. Le souvenir que j'ai des manifestations à Rome, c'est que nous étions très jeunes, très idéalistes, comme nous l'avons été d'ailleurs pendant la guerre d'Algérie. 

    À propos de Charonne, vous dites que vous y étiez venue avec les Jeunesses communistes ? 

    Marina Vlady. C'est pour situer la façon dont cela s'est enclenché. J'avais un beau-frère communiste, Yann Le Masson, et c'est par lui que nous savions ce qui se passait réellement en Algérie. Puis j'ai eu accès à la Question d'Henri Alleg. Son livre a été très important, il a certainement entraîné beaucoup d'engagements contre la guerre. Je viens de le relire, après avoir rencontré Alleg, il y a deux ou trois ans. 

    Quel effet vous a fait cette relecture quarante ans et quelques années après ? 

    Marina Vlady. Sans mentir, j'ai eu la même réaction de dégoût pour ce qui a été commis et de révolte contre la torture. J'irais de même dans la rue, aujourd'hui, gueuler pour dire que cette situation et ce mensonge étaient insupportables, comme l'était ce qui a été fait aux Algériens noyés dans la Seine le 17 octobre 1961. 

    Est-ce une question d'histoire à connaître ou avez-vous l'impression d'une chose toujours présente ? 

    Marina Vlady. On vit dans un monde qui est aussi brutal, aussi injuste, épouvantablement violent, criminel, qu'il y a cinquante ou cent ans. Pour une raison qui tient sans doute à la mort de Léon Schwartzenberg, je viens de relire Primo Levi. Il dit qu'il faut en parler parce que cela peut toujours recommencer. On n'en est plus au crime à l'échelle industrielle comme l'ont fait les nazis mais il existe des horreurs de tous côtés. 

    Vous avez sans doute entendu parler de cet appel qui exige des autorités de la République qu'elles reconnaissent et condamnent le crime d'État qu'a été la torture pendant la guerre d'Algérie ? 

    Marina Vlady. Combien d'années a-t-il fallu pour admettre que l'État français, la police française ont déporté les juifs sous l'Occupation ? Peut-être faudra-t-il encore attendre cinquante ans, en 2012, pour avouer les horreurs de la guerre d'Algérie. C'est très important à mes yeux de le reconnaître parce que nous avons beaucoup d'Algériens qui vivent sur le sol français ou de Français d'origine algérienne. Pour eux il est important que les choses soient tirées au clair. C'est important pour les harkis eux-mêmes, pour les pieds-noirs, tous ceux qui ont eu à souffrir de cette guerre et qui en souffrent encore. C'est le seul moyen de ramener la paix dans les coeurs en disant : « Oui, on a fait telle et telle chose et nous n'aurions pas dû le faire. » Il ne s'agit pas de repentance ou de pardon mais d'une façon de dire : « Nous avons compris ce que nous avons fait et ainsi nous prenons l'engagement de ne pas recommencer. » 

    De votre action contre la guerre d'Algérie, vous dites que cela était un peu fou, jusqu'à l'inconscience du danger d'avoir hébergé Francis Jeanson, le responsable du réseau d'aide au FLN à votre domicile. 

    Marina Vlady. J'étais une très jeune actrice. Nous rêvions, nous étions un peu naïfs, mais nous étions outrés, nous jugions cette guerre dégueulasse, et j'ai ainsi hébergé Francis Jeanson qui était recherché par toutes les polices. Lui, il a pris des risques énormes. 

    Votre engagement était-il lié à certains milieux du cinéma à l'époque ? 

    Marina Vlady. Il est indiscutable qu'au niveau des techniciens, des metteurs en scène, moins à celui des acteurs, le monde du cinéma était alors politisé. On avait une conscience politique même si le mot est aujourd'hui mal aimé, malmené, et que moi-même je ne l'emploie plus, je lui préfère celui de conscience citoyenne. 

    Gisèle Halimi, connue pour son combat féministe, dit que, pour elle, son engagement contre la guerre d'Algérie a été fondateur à l'échelle de sa vie. 

    Marina Vlady. Si je fais un retour en arrière, je m'aperçois que je n'ai jamais cessé de m'engager, de manifester. Après les Rosenberg, l'Algérie, il y a eu le Vietnam. Ma révolte aura été permanente. Quel rapport d'ailleurs entre Charonne et les sans-- papiers, entre Charonne et le droit au logement ? Simplement, il s'agit dans tous les cas d'une injustice insupportable, d'une violence faite à des enfants. On était à Charonne parce qu'une petite fille, Delphine Renard, avait été défigurée par un attentat de l'OAS. Il y a eu une réaction de l'âme, du coeur. J'ai presque toujours réagi par indignation. Vous savez, les femmes qui avortaient toutes seules le samedi soir dans leur cuisine, c'était aussi une violence, une humiliation. J'ai signé dans cet esprit le manifeste des 343 salopes pour le droit des femmes à l'avortement. 

    Cette volonté d'en découdre a-t-elle marqué votre carrière d'actrice, d'artiste ? 

    Marina Vlady. Tout se mélange dans la vie. Je ne devais parler, dans ce livre, que de ma carrière dans le cinéma et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire l'impasse sur ma vie personnelle, ma vie de femme, de mère, d'amante, d'actrice, de militante aussi. Tout s'imbrique dans ce 24 images secondes, à l'image de la vie qui va tellement vite. Dans le métier, j'ai fait pas mal d'efforts pour faire aussi des films engagés, pour ne pas rester dans un rôle stéréotypé comme celui tenu dans la Princesse de Clèves, un film magique, mais dont je voulais sortir pour entrer par exemple dans un film comme Une fille dans la vitrine de Luciano Emmer qui décrit la vie des mineurs, un chef-d'oeuvre ; j'ai choisi Avant le déluge plutôt que le Blé en herbe parce que, dans le premier cas, c'est un film sur la réalité, la guerre froide qu'on pressentait. 

    Vous considériez-vous comme ce que l'on appelle une femme libre ? 

    Marina Vlady. Je le crois. J'ai toujours été responsable de moi-même. J'ai dû travailler à l'âge de huit ans. Mon père était ouvrier. J'ai élevé seule trois enfants, j'ai dû avorter, je sais ce que c'est. 

    Vous écrivez : « Notre génération est en train de disparaître, avons-nous semé assez de petits cailloux blancs pour que d'autres suivent notre trace. » 

    Marina Vlady. Eh oui ! Notre désir de changer la société, par exemple, notre dernier combat ensemble avec Léon, pour les sans-papiers, ont-ils encore un avenir ? 

    Pour en revenir, en conclusion, à Charonne, le choc de février 1962 est-il, pour vous, encore déterminant aujourd'hui ? 

    Marina Vlady. Je me sens très fatiguée et pas très en état de militer depuis la mort de Léon, mais exceptionnellement j'ai accepté de faire partie du comité Charonne. 

    Entretien réalisé par 

    Charles Silvestre 

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    08/02/2022

    60 ans déjà ! CHARONNE 

    Contre la liberté de manifester et la démocratie. 

    parce qu'ils criaient 

    "Halte à la Guerre d’Algérie", "Non aux crimes de l’OAS". 

    9 militants de la CGT, dont 8 membres du P.C.F., 

    trouvent la mort au métro Charonne, victimes,

    sous de Gaulle, 

    de la violence injustifiée et brutale de la police 

    aux ordres de Papon, Préfet de Police 

    et du Ministre de l'Intérieur Roger Frey ! 

    le 8 fevrier 1962 est gravé à jamais dans les mémoires 

    des "vrais" Républicains 

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    Ils s'appelaient :

    Jean-Pierre BERNARD, Dessinateur aux PTT, 30 ans,

    Fanny DEWERPE, Sténodactylographe, 30 ans,

    Daniel FERY, Employé de Presse, 15 ans,

    Anne GODEAU, agent d’exploitation aux PTT,

    Édouard LEMARCHAND, Employé de Presse, 40 ans,

    Suzanne MARTORELL, Employée de Presse, 40 ans,

    Hippolyte PINA, 58 ans, Maurice POCHARD,

    Raymond WINTGENS, imprimeur typographe, 44 ans. militant du Syndicat

    du Livre Parisien CGT.

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    Un témoignage bouleversant 

    Celui de Marina VLADY, une comédienne

    adorable, engagée, que nous n'oublions pas

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    Comédienne, ayant participé à la manifestation 

    25 mars 2011

    par Comité Charonne

     
    Extrait du livre "DU CŒUR AU VENTRE" (éd. Fayard) 

    de Marina VLADY 

    "Ce soir, grande manifestation. La rue donne de la voix ! Indignés par les attentats de l’OAS, les gens sont sortis de leur torpeur habituelle. Plusieurs avec excitation vivent leur premier mouvement de foule. Je marche au coude à coude avec des ménagères, des peintres barbus, des Algériens endimanchés pour l’occasion. Quelques cinéastes communistes qui vont et qui viennent parmi nous, exaltés par cette ferveur populaire. Les reporters de radio (en 1962 très peu de téléviseurs) interviewent fiévreusement les manifestants. J’ai bourré mon bonnet de journaux froissés, suivant en cela les conseils de mes copains de bagarre italiens, ça amortit les coups sur la tête. J’en ai ainsi évité à Rome, au cours des grandes marches en faveur des ROSENBERG. Une jubilation enfantine gagne nos rangs. Nous sommes forts, car solidaires, unis par nos bras entrelacés, mais également par notre lutte contre la barbarie et accessoirement l’ordre public représenté ici par les flics que l’on n’appelait pas encore CRS ! Une foule compacte, révoltée par la violence aveugle des derniers jours, emplit le boulevard Voltaire. Nous scandons des "OAS ASSASSINS !" à pleine gorge, nous exigeons que "cessent les lâches attentats qui frappent les innocents". 

    Lorsqu’à quelques dizaines de mètres, nous voyons progresser vers nous un mur d’hommes casqués, armés de longues matraques, bouclier brandi en avant, les premiers rangs deviennent subitement muets, ralentissent, puis s’arrêtent. Le silence gagne de proche en proche. Tout se fige, comme se tait la nature avant l’orage. Durant quelques secondes on ne perçoit plus que les bruits lointains de la ville. Après quoi retentit un ordre pareil à un aboiement, et les policiers se mettent en branle. 

    De toutes parts s’élèvent des cris : "Ils n’oseront pas ..Ils arrivent.. Ils vont nous massacrer. Foutons le camp…" Les femmes se mettent à courir, perdant leurs chaussures, bousculées par des hommes qui se fraient de force un chemin vers l’arrière. Certains font face. Déjà les coups pleuvent. On entend hurler. Une main puissante me saisit soudain par le bras. C’est le cinéaste Louis DAQUIN, qui m’entraîne vers un porche où il y a déjà beaucoup trop de gens. Je sais par expérience qu’il ne faut jamais se laisser coincer dans un lieu clos. Je m’arrache donc de son étreinte et fais quelques enjambées, lorsque le sol se dérobe sous mes pieds. 

    Happée par le vide, je tombe dans une bouche de métro, soudée à tous ceux qui m’entourent. Mue par un instinct de conservation, je me débats aussitôt. Comme un nageur qui cherche à sortir la tête de l’eau après avoir été surpris par une grosse lame, je remonte à la surface en prenant appui sur ceux qui étouffent au dessous de moi. Les hurlements redoublent. Des grilles d’arbres en fonte sont descellées et jetées par les flics sur cette multitude affolée. 

    Hors d’haleine, à moitié déshabillée, je rampe vers le couloir du métro Charonne sur un tas de corps entremêlés. La peur est si intense que je parviens, après une course folle, à escalader et à franchir les grilles qui interdisent l’accès au quai. Nous sommes quelques uns à nous retrouver hagards, les yeux fous, dans une première rame accessible. Déjà les forces de police ont envahi le quai. Des gaz lacrymogènes saturent l’atmosphère. Les dernières images, terribles, nous hantent : des gens matraqués, à genou, toussant et pleurant sous les coups ! Dans la voiture les passagers nous regardent ahuris. Ils n’ont pas la moindre idée de l’enfer dont nous venons de réchapper. Sans un mot nous ressortons à la station suivante. Tout est calme. Nous allons dans un premier café et commandons un cognac." 

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    8 février 1962 Métro Charonne, «massacre d'État» 

    pour l'Algérie française 

    Le 8 février 1962, une manifestation est organisée à Paris par les syndicats et les partis de gauche français dont la CGT et le PCF. Ils protestent «contre le fascisme» et «pour la paix en Algérie». L’affrontement contre les forces de l’ordre fait neuf morts dans le métro Charonne. Selon le Temps d'Algérie, l'historien Alain Dewerpe, fils d’une des victimes, qualifie cet événement de «massacre d’État». 

    55 ans après, aucun jugement ni aucune reconnaissance de l'Etat français. Pour ce sinistre anniversaire, un rassemblement est organisé le 8 février par les syndicats et les partis politiques qui exigent «la vérité et la justice». Bertrand Delanoë, maire de Paris, est aussi présent à l’entrée de la station de métro Charonne. 

    Cinq semaines avant la fin de la guerre d’Algérie, l’OAS — Organisation de l’Armée Secrète dirigée par des ultras de l’Algérie Française — commet plusieurs attentats sur le sol français. Sont visées des personnalités contre la guerre d’Algérie comme André Malraux. Révolté, un collectif syndical appelle à des «manifestations populaires immédiates» sur les lieux des attentats. 

    Malgré l’interdiction du préfet de police Maurice Papon, le rassemblement a lieu. La sociologue Maryse Tripier, lycéenne à l'époque, explique: 

    «Nous savions bien que la manifestation était interdite, mais on y allait avec l'idée de se faire taper dessus comme d'habitude, pas avec l'idée de mourir 

    Boulevard Voltaire, direction place de la Nation, le cortège est bloqué par un cordon de forces de l’ordre. Les premiers affrontements ont lieu et dans la précipitation, les manifestants s’engouffrent dans la station de métro Charonne. Les forces de l’ordre les poursuivent à coup de matraque et jettent des grilles sur la foule entassée dans la descente d’escalier, rapporte le quotidien algérien L'Expression. 

    «Des grilles d'arbres en fonte sont descellées et jetées par les flics sur cette multitude affolée», écrit de son côté la comédienne Marina Vlady. 

    Roland Florian, militant de gauche, témoigne: 

    «J'affirme avoir vu un de mes voisins recevoir une grille sur la tête. Cela a fait un bruit mat, puis la tête de l'homme s'est renversée sur le côté, ses yeux se sont révulsés et son corps s'est laissé aller au gré du mouvement, glissant.» 

    Neuf personnes y trouvent la mort, dont une après plusieurs mois de coma, et des centaines sont blessées. L’historien Olivier Le Cour Grandmaison explique la volonté répressive du gouvernement de l’époque par une hypothèse politique : « Le pouvoir n'avait pas intérêt à ce que le Parti communiste fasse démonstration de sa force.» Pourtant, le 13 février suivant, «un million de Parisiens ont fait de grandioses obsèques aux martyrs de la liberté», titre l’Humanité. 

    Aujourd’hui, seule la mairie de Paris reconnaît l’implication de l’État français dans cette tragédie en inaugurant en 2007 la place du 8 février 1962. Une date qui à l’instar du meurtrier 17 octobre 1961 est ignorée par l’État français qui refuse de reconnaître toute responsabilité dans les crimes commis. 

      Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

    Dans cette vidéo du 8 février 1982 concernant la Commémoration du 20e anniversaire de la manifestation de Charonne, vous allez pouvoir entendre Marina Vlady qui participait à la manifestation et raconte comment elle a pu s'engouffrer dans le métro.
    Vous verrez aussi : 

    - Une Photo de Delphine Renard visage ensanglanté après l’attentat chez MALRAUX. 

    - Photos de la manifestation visages encerclés de manifestants qui mourront. 

     

    Et pour terminer

    voici ce qu'il s'est passé

    le 8 février 2022


     

    Marina Vlady : « Le choc de Charonne »

     

    Commémoration du 60e

    anniversaire du massacre au Métro de Charonne

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

     

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

     

     

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

     

    Ce soir 8 février 2022 commémoration du 60e anniversaire du massacre au Métro de Charonne

    Communication consécutive

     à la commémoration de « Charonne »

    Plaisir et fierté, ce mardi 8 février en début de soirée, à me trouver au côté successivement, du maître de la cérémonie commémorative (Henri Cukierman, président du Comité Vérité et Justice pour Charonne), de Delphine Renard, de François Vauglin (maire du 11e arrondissement de Paris), de Fabien Roussel (député, secrétaire national du Parti communiste), de Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT). 

    Émotion à l’écoute de Delphine Renard qualifiant si opportunément de "Justes" les neuf morts de Charonne et bénissant leur mémoire. 

    Émotion au moment d’intervenir face à un auditoire aussi massif dans lequel je reconnais outre un nombre important d’adhérents franciliens de l’association au nom de laquelle je suis appelé à prendre la parole, des amis tels que représentants de la FNACA de Paris, président de l’Espace Guerre d’Algérie (EGAL), auteure de la bande dessinée "Charonne - Bou Kadir", historien auteur de "Nostalgérie. L'interminable histoire de l'OAS". 

    Même sentiment en entendant l’implacable réquisitoire contre les autorités de l’époque prononcé par l’estimable maire de l’arrondissement, le discours de campagne du candidat Fabien Roussel et celui, sans complaisance, du responsable de la CGT à qui l’on a dû le rappel des noms et qualités des neuf "Justes de Charonne". 

     

    =============

     

    Communication de l’ANPROMEVO

     le 8 février 2022 à 18h00

     au Métro Charonne 

    La République, ce n’est pas la police aux ordres d’un préfet tel que Maurice Papon : c’en est même l’opposé ! La République, ce n’est pas un homme politique prétendant haut et fort l’incarner et exprimant sur son visage sa haine féroce de la police : c’en est même la caricature ! 

    La République, elle est ici, représentée physiquement par ses victimes, leurs descendants, leurs amis. 

    Oui, la République française a fait des victimes, en nombre, en masse, il y a une soixantaine d’années, en Algérie comme en France. Des victimes désormais reconnues pour la plupart d’entre elles. Mais d’autres restent occultées : celles de la police parisienne le 8 février 1962 et de l’OAS. Une police et une organisation qui, ici, à Charonne, ont semblé se confondre et s’unir dans un même élan de sauvagerie homicide. 

    Des victimes, disais-je, passées par pertes et profits, réduites au silence par des autorités qui, au sein de l’Armée, ont organisé ou couvert la destruction par un certain 2e bureau des archives militaires traitant de l’OAS, par des ministres qui, hier, ont couvert de distinctions honorifiques le torse des tueurs de l’OAS et qui, aujourd’hui, accordent leur sympathie compassionnelle aux anciens complices de ces criminels. 

    La République doit reconnaître ses propres faiblesses, ses erreurs, ses fautes, ses forfaits : ce sont son devoir, sa dignité, son honneur. 

    Elle doit dénoncer le double discours d’un Roger Frey qui, au lendemain du 8 février 1962, imputait la responsabilité des morts de Charonne aux manifestants eux-mêmes et qui, le 10 mars suivant, dans une allocution télévisée au journal de 20h00, dénonçait la « folie sanguinaire » de l’OAS, cherchant à « s’emparer du pouvoir par des méthodes que le régime hitlérien n’aurait certes pas désavouées », et en fustigeant les membres, qualifiés de « fascistes » et de « revenants de la collaboration » 

    Sachons gré au préfet de police Didier Lallement de sa contribution significative à la vérité, ce matin même, au cimetière du Père-Lachaise. 

    Pour conclure sur une note familiale (c’est tendance !), sur une note apaisée, sur une note d’espérance, je voudrais rapprocher deux déclarations distantes de soixante ans : 

    - celle de mon père, le jour de son accès au poste de commissaire central du Grand Alger : « L’horizon commence à blanchir et bientôt, je l’espère, luira sur l’Algérie l’aube de la paix. Je voudrais, de toute mon âme, être le Central de la pacification, la vraie cette fois, celle des esprits. Je rêve d’une Alger où les hommes s’entraiment enfin, sans plus être séparés par des races, des religions ou des mers. » ; 

    - celle à Amboise, il y a trois jours, de l’actuel ambassadeur d’Algérie, M. Antar Daoud, appelant à faire de la Méditerranée un « lac de paix partagée et non un lac de division ». 

    Vive la République ici présente, et surtout vive la paix civile, vive la paix des mémoires. 

     

    Jean-François Gavoury 

     

     


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    Lettre ouverte au Président Macron

    sur la « question algérienne »

     

     

    Lettre ouverte au Président Macron sur la « question algérienne »

    Pr Seddik LARKECHE

    Intellectuel franco-algérien, spécialiste du risque Algérie et des relations franco-algériennes, il est professeur des universités et enseigne l’épistémologie du risque.

     

    Le Président Macron reconnait la responsabilité de l'état français durant la colonisation en Algérie mais la limite à certains groupes ciblés (les harkis) et à quelques personnes (Maurice Audin, Ali Boumendjel), une contradiction flagrante s’impose, celle de sélectionner les victimes parmi les victimes, le contraire d’une mémoire juste qu'il semble vouloir ardemment défendre.

    Monsieur Le Président de la République,

    Je vous écris à nouveau après mes deux dernières correspondances, la première en 2017 à l’occasion de la sortie de mon ouvrage « Le poison français, lettre au Président de la République française » (1), la seconde en 2022 lors de la sortie de mes deux ouvrages « Du poison algérien au génie d’une nation, lettre au Président de la République algérienne » (2), « Réponses d’un franco-algérien au Président Macron et à Benjamin Stora » (3).

    Vous avez eu la courtoisie de me répondre et je tiens à vous en remercier. Je respecte la fonction que vous occupez et la personne que vous êtes, c’est pourquoi je suis contraint aussi de vous exprimer mes divergences profondes sur votre rapport à l’Algérie, moi qui suis fier d’être algérien et français.

    Votre dernière visite fin août 2022 en Algérie a suscité de nombreuses critiques dans les deux pays contrairement aux discours officiels. A mon niveau, je souhaiterai vous alerter à nouveau sur deux thèmes sensibles que vous avez abordées durant ce séjour comme les visas ou la question mémorielle.

    Sur la question des visas, votre volonté d’ouvrir les frontières françaises à une immigration sélective est une impasse car discriminante de facto et surtout vide l’Algérie de ses compétences que le pays finance au prix fort et dont la France récolte les fruits quasi gratuitement. Ces diplômés algériens que l’Algérie n’a pas su canaliser faute d’un projet véritable de développement. Cette orientation est perçue comme un outrage à tous les autres algériens qui sont cantonnés à ne pouvoir visiter décemment leurs familles, aux scientifiques qui ne peuvent plus collaborer correctement avec leurs homologues français, aux acteurs économiques qui ne peuvent nouer de véritables partenariats et aux citoyens algériens qui ne peuvent plus visiter la France.

    Sur la question mémorielle, vous avez confirmé durant ce voyage l’idée d’une Reconnaissance sans repentance avec la volonté de confronter les archives permettant à certains d’espérer disposer d’une longueur d’avance dans ce rapport de force inégale. Comme si les archives algériennes risquaient de révéler le « pot aux roses » d’éventuels collaborations coupables de certains hauts dignitaires du régime algérien lui permettant de maintenir une inertie mémorielle.

    Or, la réalité historique est connue et qualifiée sur le principal de cette tragédie coloniale, il suffit de relire le réputé mais colonialiste A. De Tocqueville :

    « Nous avons réduit les établissements charitables, laissé tomber les écoles, dispersé les séminaires. Autour de nous les lumières se sont éteintes, (…) nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. » A. De Tocqueville, Rapport sur l’Algérie (1847).

    Mais aussi le talentueux sociologue Pierre Bourdieu :

    « La situation coloniale et la guerre ont soumis la société algérienne à une véritable déculturation. Les regroupements de la population, l’exode rural et les atrocités de la guerre ont précipité en l’aggravant le mouvement de désagrégation culturelle en même temps qu’ils l’ont étendu aux régions relativement épargnées jusque-là (…). Expérience catastrophique de chirurgie sociale, la guerre a fait table rase d’une civilisation dont on ne pourra plus parler qu’au passé » P. BOURDIEU (1958).

    Vous le savez, Monsieur Le Président, il ne faut pas se tromper, la question des archives est l’arbre qui cache la forêt car les archives françaises les plus compromettantes ont été nettoyées depuis longtemps par la France coloniale. Les autorités françaises de l’époque étaient trop ingénieuses pour laisser intact l’intégralité des traces de ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’elle a commise en Algérie.

    Ouvrir les archives restantes au grand jour en invitant les historiens algériens et français peut être malgré tout bienvenue mais à plusieurs conditions : la première, l’élargir aux autres spécialistes étrangers et les acteurs qui disposent d’une expertise du sujet soit en tant qu’acteur et/ou victimes ayant vécu les évènements soit en tant qu’observateur de ce thème qui par nature est transversal. Sinon, le risque fort d’avoir une commission archive mixte composée de « copains » des deux côtés de la méditerranée ne pouvant chercher ce qu’il reste d’une manière efficiente est fort probable. Ce « copinage » nous renverra inéluctablement à la case départ avec ce constat tragique, l’impossibilité de reconnaître la pleine responsabilité française durant cette barbarie coloniale. Le sujet est trop grave pour le limiter à quelques historiens souvent fortement politisés.

    Sur cette reconnaissance de responsabilité que vous admettez mais que vous limitez à certains groupes ciblés (les harkis) et à quelques personnes (Maurice Audin, Ali Boumendjel), une contradiction flagrante s’impose, celle de sélectionner les victimes parmi les victimes où l’Etat français est responsable, le contraire d’une mémoire juste que vous semblez vouloir ardemment défendre. Précisément dans votre dernier interview, paru dans le journal Le Point du 12 janvier 2023, vous affirmez :

    « Je n’ai pas à demander pardon ce n’est pas le sujet, le mot romprait tous les liens. Je ne demande pas pardon à l’Algérie et j’explique pourquoi. Le seul pardon collectif que j’ai demandé, c’est aux harkis. Parce qu’une parole avait été donnée par la république qu’elle avait trahie plusieurs fois. Celle de les protéger, de les accueillir. Là oui. J’ai demandé pardon, aussi à la famille de Maurice Audin et aux petits enfants d’Ali Boumendjel car, à travers ces destins singuliers, une responsabilité, de certains gouvernements, d’un système et, à travers eux, de la France était manifeste. Une faute chaque fois spécifique et indiscutable. Pour le reste, c’est un chemin ». 

    Votre pourquoi est intenable pour les français et algériens épris de justice, que dites-vous à ces centaines de milliers de victimes algériennes et à leurs descendants qui ont été massacrés, violés, déplacés, clochardisés durant cette colonisation française. Peut-on les oublier, nier et continuer à les exclure du statut de victime pour ne pas daigner leur demander pardon. Cette obstination française, terre des droits de l’homme est intenable et ne peut qu’avoir des effets pervers sur le vivre ensemble.

    Pour illustrer la contradiction de vos explications espérant dédouaner la responsabilité française de ses massacres en Algérie, je vous donnerai un seul exemple relaté par une historienne française, Claire Mauss Copeaux. Elle confirme dans son ouvrage (4) que l’armée française en 1956 a massacré près d’un tiers de la population du village de Beni Oudjehane (Wilaya de Jijel). Ce Massacre commis le 11 mai 1956, par une unité de l'armée française, le 4e bataillon de chasseurs à pied (4e BCP), au cours de la guerre d'Algérie, a ainsi massacré 79 villageois tous des civils parmi les 300 habitants.

    La responsabilité de l’armée française et donc de l’Etat français sur ce massacre est indiscutable, c’est pourquoi votre démonstration pour ne pas demander pardon aux autres victimes et encore moins réparer ne peut perdurer. Vos explications, permettez-moi Mr Le Président s’écroulent par la contradiction qu’elles portent, celle de traiter d’une manière discriminante les victimes. Certains et pas d’autres sont éligibles aux statuts de victimes parmi les victimes où l’état français est responsable. D’autres véritables victimes sont exclues du pardon sur des critères incompréhensibles alors que les crimes subis sont avérés d’une rare violence, indiscutables et de la pleine responsabilité de l’Etat français.

    Vous le savez, la colonisation française en Algérie était fondée sur le poison du racisme. Si nous opérons aujourd’hui une nouvelle discrimination sur les personnes éligibles aux statuts de victimes parmi les victimes incontestables dont la responsabilité incombe à l’Etat français, c’est le chemin tragique vers une impossible réconciliation pour une mémoire juste.

    La question qui me hante aujourd’hui : « Comment pouvez-vous en tant que Président de la République française ayant l’objectif de réconcilier les mémoires, ne pas demander pardon à ces populations victimes alors que vous l’accorder d’une manière discrétionnaire à certains, sinon à fracturer les mémoires alors que votre objectif affiché est inverse ».

    Des milliers d’autres exemples peuvent être présentés, ce n’est pas l’objet de cet article mais je suis convaincu que la commission d’historiens que vous souhaitez mettre en place avec le Président Tebboune ne pourra faire le déni des massacres et crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie.

    La question de fond aujourd’hui est de savoir si la France acceptera l’idée de responsabilité des tragédies qu’elle a opérées en Algérie de 1830 à 1962.

    Monsieur Le Président, vous connaissez l’ignominie française en Algérie, traduite par des massacres de civils qui se sont étalés sur près de cent-trente années, des enfumades lors de la conquête, aux massacres successifs de villages entiers. Entre 600 et 800 villages ont été détruits au napalm durant cette tragédie coloniale. L’utilisation par la France des gaz sarin et vx était courante en Algérie avec une torture à grande échelle et une clochardisation massive de la population indigène. 

    La violence était inouïe à l’encontre des indigènes algériens, la torture à grande échelle et les exécutions sommaires étaient très proches des pratiques nazies. Tous ces actes criminels successifs à l’encontre des populations civiles algériennes étaient des violations caractérisées des droits de la personne et constituent aujourd’hui des crimes contre l’humanité incontestables et imprescriptibles.

    La France sait qu’elle a perdu son âme en Algérie en impliquant son armée dans les plus sales besognes. Ces militaires devaient terroriser pour que ces indigènes ne puissent à jamais relever la tête. Plus ils massacraient, plus ils avaient de chance de gravir les échelons. Le poison racisme est le socle fondateur de tout colonialisme. Sous couvert d’une mission civilisatrice, le colonisateur s’octroie par la force et en bonne conscience le droit de massacrer, torturer et spolier les territoires des colonisés. Bien sûr que durant cette colonisation, quelques effets positifs ont été opérés mais ils étaient accessoires au regard de la souffrance qu’a subi dans sa grande majorité le peuple algérien. La colonisation française de l’Algérie a reposé sur l’exploitation de tout un peuple, les algériens, considérés comme des êtres inférieurs de par leur appartenance à la religion musulmane.

    Cette question de la responsabilité est d’abord d’ordre juridique et politique. La responsabilité de la France coloniale en Algérie est incontestable et ne peut rester lettre morte. Ses nombreux crimes dont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ne peuvent plus être niés, c’est pourquoi la réparation politique et financière des préjudices subis, environnementaux et humains est inéluctable et le reste ne sera que superflu, manigance et tentative de manipulation politique.

    La France sait qu’elle ne pourra y échapper et devra comme les autres nations civilisées avec leurs anciennes colonies (Italie, Allemagne, Australie) se comporter d’une manière responsable.

    Sur la nature de cette réparation, la France devra suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques comme l’Italie qui, en 2008, a indemnisé la Lybie à hauteur de 3.4 milliards d’euros pour l’avoir colonisé de 1911 à 1942, mais aussi : l’Angleterre avec le Kenya, les Etats-Unis et le Canada avec les amérindiens ou encore l’Australie avec les aborigènes. L’Allemagne a accepté, depuis 2015, le principe de responsabilité et de réparation de ses crimes coloniaux avec les Namibiens mais butte sur le montant de l’indemnisation. Avec le risque pour l’Allemagne d’une action en justice devant la Cour Pénale Internationale du gouvernement Namibien, avec l’assistance d’un groupe d’avocats britanniques et la demande de 30 milliards de dollars de réparations pour le génocide des Ovahéréro et des Nama.

    La France elle-même s’est faite indemnisée de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteurs de plusieurs milliards d’euros d’aujourd’hui permettant de tourner définitivement leur histoire tragique. Au même titre, l’Algérie indépendante doit pouvoir être réparée des crimes contre l’humanité et dommages qu’elle a subi de 1830 à 1962.

    Il faut noter également que la France elle-même a reconnu sa responsabilité dans d’autres circonstances (1995, sur la déportation des juifs) et récemment à l’égard des conditions de vie et d’accueil des rapatriés d'Algérie après les accords d'Évian de 1962. D’une manière juste, une loi a été récemment promulguée le 23 février 2022 et publiée au journal officiel du 25 février 2022. Cette loi ouvre droit à réparation à une partie des harkis et à leurs familles et une commission nationale de reconnaissance et de réparation est créée. Selon le gouvernement,

    50000 personnes pourraient bénéficier de cette indemnisation, pour un montant d'environ 310 millions d’euros sur six ans.

    La question qui s’impose, pourquoi la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis n’est-elle pas appliquée aux indigènes algériens qui ont été massacrés par dizaines de milliers par la puissance coloniale française et où la responsabilité de l’Etat français est totale sans équivoque.

    Ce traitement différencié à l’égard des victimes algériennes où la France tente de se disculper de ses responsabilités relatives à des crimes de guerre et contre l’humanité en Algérie est la principale contradiction de la position française sur cette question mémorielle.

    La France rejette depuis toujours l’idée de crimes contre l’humanité en Algérie alors qu’elle sait qu’elle a commis en Algérie des actes criminels et barbares certaines fois de grande ampleur à l’encontre de nombreuses populations civiles. Cet état de faits confirme les nombreux crimes contre l’humanité en Algérie où on a programmé le massacre de populations cibles pour qu’elles soient délibérément excluent de la communauté nationale.

    Sur cette question, Vous aviez eu le courage d’affirmer en 2017, les crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie avec la nécessité de présenter des excuses pour ensuite reculer dans vos positions pour affirmer que vos propos avaient été sortis de leurs contextes.

    Votre ambassadeur de France en Algérie durant la période 2017-2020, Xavier Driencourt, est même allez jusqu’à travestir vos propos dans son dernier ouvrage en écrivant de « crime contre l’humain » pour ne pas assumer la formulation crimes contre l’humanité. Cet ex ambassadeur, diplomate chevronné révèle actuellement sa véritable nature en stigmatisant l’Algérie d’une manière indécente en affirmant dans différentes tribunes que l’Algérie s’effondre et que les algériens en responsabilités sont souvent des manipulateurs, assoiffés par le rapport de force, les intérêts personnels et qu’il faut réagir pour inverser le rapport de force au risque d’une faillite de la France. La dérive insultante à l’égard de l’Algérie de cet ex ambassadeur que vous avez nommé prouve deux choses : la première, le poison français à l’égard de l’Algérie est toujours aussi omniprésent de surcroît émanent d’un diplomate expérimenté en contradiction avec vos discours d’apaisement et de rapprochement. La deuxième, comment l’Algérie a-t-elle pu valider la présence sur son territoire à deux reprises ce type de personnage qui tente de l’humilier d’une manière grossière prouvant le malaise profond. Il est urgent d’agir.

    Les algériens savent ce qu’ils ont subis dans leurs chairs et leurs âmes c’est pourquoi ils sont très sereins face à cette question, patients, convaincus que le tribunal de l’histoire leur donnera principalement raison.

    Nous ne pouvons plus nous détourner de l’enjeu principal relatif à la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français et par voie de conséquence la réparation des crimes commis en Algérie. La facture de la reconnaissance intégrale de toutes les victimes et de la réparation des préjudices subis est le prix à payer pour l’apaisement définitif des mémoires.

    La réparation est évaluée par les experts à près de 100 milliards d’euros et la France le sait et c’est peut-être le principal obstacle à une véritable réconciliation alors qu’elle constitue la solution juste pour sortir de ce démon colonial.

    Cette réparation doit commencer par le nettoyage des sites nucléaires utilisés par la France en Algérie mais aussi les sites chimiques comme B2 Namous et l’indemnisation des populations victimes. Le simple cout de nettoyage des sites nucléaires et chimiques peut être évalué à ce jour à près de 2 milliards d’euros. Pour les victimes algériennes, la loi Morin est inefficiente pour ces populations, c’est pourquoi elle doit être revue en profondeur. La commission d’experts mise en place sous la gouvernance de l’ex Président Hollande est restée lettre morte comme si la pollution du sol à grande échelle par la France en Algérie avec des déchets hautement radio-actifs n’était pas une priorité.

    Cette question de la réparation place à nouveau au cœur de cette problématique mémorielle, l’enjeu des responsabilités qui sont principalement françaises comme le confirment Tocqueville, Bourdieu et tous les autres analystes non politisés du fait colonial français en Algérie.

    Et ce ne sont pas les conseillers politiques Stora, Kepel, Daoud, Sansal et les autres dans leurs stratégies coupables de neutralisation de la revendication d’une mémoire digne des chouada qui arriveront à étouffer les revendications légitimes de reconnaissance des responsabilités et de réparation des crimes de cette tragédie coloniale française en Algérie. Le caractère imprescriptible des crimes français en Algérie continuera à hanter et à exploser sous différentes formes dans la mémoire collective française où le poison du racisme continuera à progresser parce-que nous n’avons pas eu le courage de nous asseoir au seuil de notre histoire commune tragique. Les propos insultants de Xavier Driencourt à l’égard de l’Algérie constituent la plus triste illustration des enjeux actuels.

    Il est urgent de franchir enfin un pallier, celui de substituer le concept de Reconnaissance sans Repentance par Reconnaissance et Réparation. Les algériens n’ont pas besoin d’argent mais simplement besoin d’une dignité retrouvée et d’être considérés enfin comme les principales victimes de cette tragédie coloniale et aujourd’hui comme des égaux.

    Les français ne sont également pas responsables des décisions politiques de l’Etat français colonial qui ordonnait de massacrer en grande masse. C’est ce même Etat français qui doit assumer aujourd’hui les dégâts opérés avec une classe politique qui ne peut plus se dédouaner. Tout le reste n’est que roublardise, balourdise et manipulation politique.

    Au nom de la mémoire de ses chouada, l’Algérie doit aussi de son côté se ressaisir, elle qui n’a pu et su produire son rapport sur cette question mémorielle. L’Algérie doit désormais exiger une reconnaissance intégrale des responsabilités françaises durant la tragédie coloniale y compris par une loi criminalisant le fait colonial, une demande officielle de réparation des victimes algériennes et la prise en charge totale du nettoyage des sols pollués lors des essais nucléaires et chimiques. Ces demandes ne seront efficientes que si l’Algérie se donne les moyens de porter sa véritable histoire loin de toutes instrumentalisations politiques y compris à l’encontre de l’ex puissance coloniale. Mais aussi en impulsant un grand projet pour les prochaines années portées par une grande majorité de la population où le socle premier sera la richesse du capital humain algérien intégrant aussi sa diaspora couplée d’un renforcement notable des libertés individuelles.

    Aujourd’hui, la question n’est plus historique ou politique mais philosophique, comment peut-on cohabiter, se respecter avec une mémoire édulcorée et fracturée car l’autre, l’algérien, l’ex colonisé, l’ex bougnoule est toujours un peu indigène dans le regard de l’ex puissance coloniale.

    La condescendance de certains experts historiens ou journalistes complices devenus pour certains vos conseillers freinent les avancées indispensables dans l’apaisement des mémoires. Ils ont l’indécence de proposer de lâcher des miettes par petits pas pour tenter de préserver l’essentiel, le déni d’une responsabilité principale de la barbarie coloniale française en Algérie.

    Cette voie est sans issue car l’enjeu principal pour une véritable réconciliation juste est désormais la pleine reconnaissance et la réparation intégrale des préjudices subis, humains et environnementaux.

    Pour conclure, Monsieur Le Président, je pense que vous êtes sincère dans la démarche de réconciliation mais que vous vous trompez sur la méthode qui fait émerger des contradictions profondes. La question qui s’impose, que restera-t-il de votre politique sur l’Algérie et tous ces discours à la fin de votre second mandat. Je ne le sais pas mais je suis convaincu que vous pouvez marquer l’histoire si vous passez un palier celui de la reconnaissance et de la réparation pour toutes les victimes.

    Dans le contraire, la politique des petits pas sera me semble-t’il inefficiente dans l’objectif de mémoire juste et on risquera de ne retenir de vos deux mandatures sur l’Algérie que les contradictions et les points négatifs en l’occurrence l’absence exclusif de pardon aux seules victimes algériennes.

    Je suis bien-sûr toujours à votre disposition pour en discuter si vous le souhaitez et je vous prie de croire, Monsieur Le Président de la République, à l’expression de ma plus haute considération.

    Pr Seddik LARKECHE

    Intellectuel franco-algérien, spécialiste du risque Algérie et des relations franco-algériennes, il est professeur des universités et enseigne l’épistémologie du risque.

    1.  Le Poison Français, lettre au Président de la république, préface R. Dumas, Editions ENA, Paris, Décembre 2017.

    2. Du poison algérien au génie d’une nation, lettre au Président de la République algérienne, préface de Louisa Ighilahriz, Editions ENA, Paris, Décembre 2021.

    3.  Réponses d’un franco algérien au Président Macron et à Benjamin Stora, Editions Ena, Décembre 2021.

    4.  La source : mémoires d’un massacre : Oudjehane, 11 Mai 1956, de Claire Mauss-Copeaux. Editions Payot 2013.

    SOURCE : Lettre ouverte au Président Macron sur la «question algérienne» | Le Club (mediapart.fr)


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    "Un homme sans titre"

    de Xavier Le Clerc : un père

    en ombre et lumière

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc sorti en septembre chez Gallimard • © France 3 Normandie

    Xavier Le Clerc sera présent au festival "Le goût des autres" le 21 janvier au Havre. Une rencontre autour du thème "Écrire leur vie". En effet, dans son dernier livre "Un homme sans titre" il dresse le portrait tout en sensibilité et dignité de son père né en Kabylie et arrivé en France en 1962, où il passera plus de 20 ans, simple ouvrier, à la SMN à côté de Caen.

    C'est à la fois un livre intime et universel, un hommage au père, l'histoire de deux pays à jamais entremêlés, d'immigrés destinés aux plus durs labeurs, et l'émancipation d'un fils grâce à l'éducation et à la lecture. "Un homme sans titre" est tout sauf un roman à l'eau de rose...


    Mohand-Saïd Aït-Taleb, l'homme sans titre

    Mohand-Saïd Aît-Taleb, c'est lui, cet homme sans titre, qui naît en Algérie et plus précisément en Kabylie en 1937. Il connaît alors une enfance d'une extrême pauvreté, sans aucune éducation, comme c'était le cas de beaucoup d'enfants des villages kabyles de l'époque. Xavier Le Clerc s'est plongé dans les récits d'un de ses illustres compatriotes, Albert Camus, qui en 1939 avait sillonné la Kabylie pour ensuite témoigner, choqué, dans l'Alger Républicain, de ces enfants "aux mains décharnées tendues à travers des haillons".

     

    Orphelin de père à 13 ans, le père de Xavier Le Clerc enterre sa mère le jour de l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962. On ne vivait pas vieux à cette époque-là en Kabylie. Mohand-Saïd a alors 25 ans et va quitter cette toute jeune Algérie indépendante où le travail manque. À partir de cette époque, la France va proposer des contrats de travail à des Algériens, prêts à accepter n'importe quel emploi, aussi pénible soit-il. Mohand-Saïd quitte pour la première fois son pays en direction de la lointaine Normandie dont il ignorait sûrement jusqu'alors l'existence...

    Son seul titre : sa carte de la SMN

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    La carte d'ouvrier à la SMN du père de Xavier Le Clerc • © France 3 Normandie

    Seul, ne parlant pas le français, déraciné, les premières années à Caen du père de Xavier Le Clerc ressemblent à celles de tous ces employés immigrés venus chercher un gagne-pain, souvent pour envoyer quelques économies au pays, dans l'espoir d'y retourner un jour. Il travaille alors sur des chantiers et en 1968 rentre à la SMN, Société Métallurgique de Normandie, dont les hauts fourneaux surplombent Colombelles en banlieue caennaise. On est encore dans les 30 Glorieuses et c'est le plus important site industriel de la région. 6000 hommes travaillent alors pour produire de l'acier. Mohand-Saïd y restera ouvrier jusqu'à sa fermeture en 1992. Cette carte d'immatriculation, il la gardera toute sa vie, fièrement dans son portefeuille. 

    Mohand-SaÏd ressemblait à un acteur italo-américain avec ses mâchoires anguleuses, ses yeux verts et ses cheveux soyeux

    Xavier Le Clerc évoquant son père 

    C'était avant que son front ne soit marqué, comme au fer rouge, par une poutre métallique, qui lui laissa pour toujours une cavité profonde.

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    Dans les fumées de la SMN • © INA

    Le mythe du retour au pays

    Le père de Xavier Le Clerc se mariera sans amour avec sa cousine de 16 ans, au bled, en Algérie. Une fois en France, elle lui donnera 9 enfants dont le petit Xavier en 1979, il s'appelle alors encore Hamid. Dans son livre, il raconte : "Yema [sa mère] je ne l'ai jamais connu le ventre plat. Je ne me rappelle pas non plus l'avoir vue un seul instant, se reposer, toujours à cuisiner, nettoyer, étendre le linge, acheter de la viande et des légumes à crédit ou accoucher une énième fois". Chaque été, la famille rentre en Algérie, au bled, et éblouit tout le village avec des cadeaux de pacotille qui donnent l'illusion d'une vie de rêve de l'autre côté de la Méditerranée. La réalité est tout autre et le voyage est sans retour.

    Après quelques années dans un baraquement insalubre, héritage des Américains après le débarquement, dans une zone proche du bidonville; la famille Aït-Taleb se voit relogée dans un HLM à Hérouville-Saint-Clair. S'y côtoient plus de quarante nationalités. C'est là que Xavier Le Clerc, alors Hamid, va développer son amour des livres et des mots.

    Notre père avait accompli son devoir : toujours poli, muet et solide. Il avait reçu l'indifférence que l'on réserve aux cailloux, pas même l'écoute que l'on prête aux grincements de graviers.

    Extrait de "Un homme sans titre"

     de Xavier Le Clerc 

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    Xavier Le Clerc de retour à Hérouville-St-Clair 30 ans après • © France 3 Normandie 

    Une émancipation radicale

    Il n'y avait pas de livres chez Xavier Le Clerc. C'est grâce à la bibliothèque, la maison de quartier, l'école, qu'il va se construire. Il est notamment soutenu par sa formidable professeur de français, Sylvie Milliard. En la retrouvant 30 ans après, il avoue : "je lui dois beaucoup l'art de la concision, chaque mot en trop, on supprime, et la simplicité aussi !". Cette passion pour les mots et son goût des études vont lui ouvrir les portes d'une possible ascension sociale. Mais, cela va aussi lui donner envie de briser les traditions familiales et religieuses. Ayant avoué son attirance pour les hommes, il est rejeté et même menacé par sa famille. Il rejoint alors Paris pour reprendre des études à la Sorbonne en Sociologie et coupe totalement avec la Normandie.

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    Hamid AÏt-Taleb est devenu Xavier Le Clerc • © France 3 Normandie

    De Hamid Ait-Taleb à Xavier Le Clerc

    Quelques années plus tard, Hamid Aït-Taleb décide de changer de nom pour enfin parvenir à décrocher des entretiens professionnels. En effet, une semaine après avoir choisi de s'appeler Xavier Le Clerc, il obtient un emploi de chasseur de têtes dans le luxe. Il poursuivra une belle carrière dans cette industrie. Xavier Le Clerc se défend de tout reniement de ses origines : "Aït-Taleb, ça veut dire un clerc, donc Le Clerc, ça me paraissait une évidence... ça m'a permis de mieux comprendre l'autre, y compris ceux qui discriminent".

    Le prénom Xavier signifie maison neuve en basque. La nouvelle maison m'a abrité depuis contre bien des intempéries du racisme.

    Xavier Le Clerc - extrait de "Un homme sans titre" 

    Xavier Le Clerc publie un premier roman en 2008 sous le nom d'Hamid AÏt-Taleb : "De grâce" chez JC Lattès, puis en 2021 "Cent vingt francs " chez Gallimard, cette fois-ci sous son nouveau nom Xavier Le Clerc. Dans ce dernier, il évoquait la figure de son arrière-grand-père kabyle, mort pour la France à Verdun en 1917. Lorsque son père meurt en 2020, Xavier Le Clerc ressent le besoin d'écrire sur ce père qui, comme il l'écrit, ne possédait que des "titres de transport et de résidence".
    Il redonne vie à ce père taiseux et peu affectueux avec ses enfants, mais qui a donné toute sa vie pour qu'ils aient un toit et à manger. Un homme terrorisé toute sa vie par les chiens, les couteaux et les prises électriques, ayant dû lutter enfant avec des chiens pour une gamelle et ayant connu la torture en Algérie.

    Au travers d'un récit extrêmement touchant et d'une très belle écriture, Xavier Le Clerc rend tous ses titres de noblesse à cet imparfait père-courage.

    "Un homme sans titre" de Xavier Le Clerc : un père en ombre et lumière

    Xavier Leclerc, auteur de "Un homme sans titre" • © France 3 Normandie

    Xavier Leclerc sera présent au Havre pour la 12 édition du Festival "Le Goût des autres", mêlant littérature et musique. Il participera avec Sabyl Ghoussoub, l'auteur de Beyrouth-sur-Seine (Stock) à un débat à la librairie La Galerne autour du thème "Écrire leur vie" le samedi 21 janvier à 14 h 30.

    Le thème de cette 12 édition est "la bande", du 19 au 22 janvier, et le Havre va voir défiler une sacrée bande d'écrivains avec entre autres : Brigitte Giraud, prix Goncourt 2022, Laurent Gaudé, Giuliano da Empoli, auteur du "Mage du Kremlin", Véronique Ovaldé, Amélie Nothomb, Philippe Claudel…

    Côté musique : Grand corps malade, Ben Mazué, Ronan Luce..

    Mais aussi des films, du théâtre, des lectures... bref, il y en a pour tous les goûts!

    SOURCE : https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/calvados/herouville-saint-clair/un-homme-sans-titre-de-xavier-le-clerc-un-pere-en-ombre-et-lumiere-2696370.html

     

     " Un homme sans titre " de Xavier Le Clerc

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    "Sommes-nous revenus d'Algérie"

    Les Appelés du contingent témoignent

     

          "Sommes-nous revenus d'Algérie" Les Appelés du contingent témoignent                

    "Sommes-nous revenus d'Algérie" Les Appelés du contingent témoignent

                                         "Sommes-nous revenus d'Algérie" Les Appelés du contingent témoignent                                                       

     

                                                                                                      

    Parce qu'ils n'avaient pas le choix, ils sont partis en Algérie entre 1954 et 1962 pour "faire leur service militaire". Ils étaient les "appelés du contingent". Ils partaient pour "pacifier". Ils ont fait la guerre. En ce soixantième anniversaire de la paix et de l'indépendance de l'Algérie, une poignée de ces hommes témoignent de ce qu'ils ont vu, de ce qu'ils ont vécu : une guerre où l'on mourait, une guerre où les civils ont payé le prix fort, une guerre où ils ont vu la torture. Une guerre qui les a marqués à jamais. Ils se sont tus pendant plus d'un demi-siècle. Ils disent leur vérité avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle s'éteigne avec eux. Ce film, ils l'ont attendu toute leur vie.

             

     


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  • Guerre d’Algérie : les écologistes veulent  une esplanade du 19-mars-1962 à Lyon, l’opposition crie à la division

     

    Guerre d’Algérie : les écologistes veulent

    une esplanade du 19-mars-1962 à Lyon,

    l’opposition crie à la division

    La future esplanade

    du 19-mars-1962 - LyonMag 

    Tout le monde connait cet endroit : les grandes marches des Berges du Rhône où l’on s’assoit l’été pour boire un verre entre amis. En face le Grand Hôtel-Dieu, derrière la Guillotière.

    Il se trouve que cette esplanade n’a pas de nom. Et les élus écologistes de Lyon entendent y remédier.

    A l’occasion du conseil du 3e arrondissement mardi dernier, l’exécutif a souhaité la dénommer esplanade du 19-mars-1962. Soit la date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie et qui correspond désormais à la journée nationale du souvenir à la mémoire des victimes du conflit entre la France et le pays du Maghreb.

    Thierry Ricard n’est pas souvent présent aux conseils. Mais cette semaine, l’opposant membre du groupe Droite centre et indépendants a tenu à prendre longuement la parole pour dénoncer cette délibération "qui n’est pas anodine et qui a une forte valeur symbolique".

    "Je sais qu’elle sera adoptée, vous avez la majorité. Il n’en demeure pas moins que parfois, il ne faut pas jouer avec le feu", a prévenu l’élu, qui s’est lancé dans un grand cours d’histoire.

    Selon Thierry Ricard, "il aurait été plus simple de dénommer l’esplanade des Accords d’Evian, pour inciter les citoyens à voir à quoi ils correspondaient. Car ces accords n’ont pas arrêté les morts, (Oui vous aussi n'occultez pas la terroriste et criminelle OAS... Michel Dandelot) il faut se souvenir du drame terrible dans l’année qui a suivi avec le massacre des harkis. (…) Vous auriez été plus inspirés de l’appeler esplanade de l’Amitié entre la France et l’Algérie. (…) La constitution française spécifie que la République française est une et indivisible. Notre groupe pense que cette dénomination est un facteur possible de division. (…) Vous prenez de lourdes responsabilités".

    "C’est comme nier l’Holocauste" 

    La maire du 3e Véronique Dubois-Bertrand a repris la parole pour évoquer son histoire personnelle autour de cette "guerre cruelle qui fait encore souffrir" : "Je la vis par mon père qui a été lieutenant d’une harka, il a dû laisser des harkis en Algérie. Je connais bien le problème. Pour autant il me semble important que cette date soit écrite car les jeunes ne savent pas que c’est une date importante. C’est un rappel de l’histoire pour que ces choses-là ne se reproduisent pas. (…) C’est comme nier l’Holocauste…Nier ce qu’il s’est passé en Algérie, ce n’est pas possible".

    "Ca se retournera peut-être contre l’exercice-même de votre mandat", a conclu Thierry Ricard, pas convaincu.

    L’échange se terminera par un lunaire "Merci, ou plutôt pas merci" de Michaël Maire, l’adjoint qui présentait la délibération et donc vexé que la dénomination proposée soit contestée avec des arguments.

    A noter que des membres de la majorité se sont abstenus sur ce vote, qui passera ensuite au conseil municipal pour être définitivement validé.

    La réalité, c’est probablement que rares sont ceux qui connaîtront le nom de cette esplanade, quel qu’il soit, et que tout le monde continuera à évoquer les Berges du Rhône. D’ailleurs, qui sait aujourd’hui que le quai devant cet espace se nomme quai Marie Sklodowska Curie ?

    SOURCE : Guerre d’Algérie : les écologistes veulent une esplanade du 19-mars-1962 à Lyon, l’opposition crie à la division (lyonmag.com)

     

     

    L'amitié France-Algérie en danger

    Guerre d’Algérie : les écologistes veulent  une esplanade du 19-mars-1962 à Lyon, l’opposition crie à la division

    Jean Riboulet 

    Artiste-peintre et poète (site: aj.riboulet.free.fr)

    L’information ci-après est peu réjouissante. Elle est même grave et peut générer des risques énormes pour les relations entre l’Algérie et la France... : la nomination le vendredi 30 décembre 2022 de José Gonzales.

    A l’assemblée nationale, le Rassemblement National prend la vice-présidence du groupe d’amitié France-Algérie : lettre au député de la 5ème circonscription de Seine-Maritime. 

    Monsieur le député,

    Tous mes vœux pour 2023 avec l’espoir que nos dirigeants actuels se décident enfin à satisfaire les demandes des citoyens de notre Pays et aussi à les écouter et non ignorer les situations dégradées d’un très grand nombre.

    Ainsi, comme le titre de ma lettre l’indique, ce qui va suivre démontre que l’année 2023 commence mal avec une triste ambiance nationale, grèves, retour des gilets jaunes, contestation des syndicats et des gens qui travaillent dans tous les domaines y compris dans l’espace médical. Des manifestations s’annoncent suite à des décisions autoritaires comme le 49-3 utilisé à tout vent avec le dernier souffle impétueux du report de l’âge de la retraite. Le Moyen Âge réapparait.

    En plus, même si elles sont légales et règlementaires, des décisions sont prises et n’en demeurent pas moins une ignominie insupportable. L’information ci-après est peu réjouissante. Elle est même grave et peut générer des risques énormes pour les relations entre l’Algérie et la France : la nomination le vendredi 30 décembre 2022 de José Gonzales comme vice-président du groupe d’Amitié France-Algérie de l’Assemblée Nationale. Il faut réagir, contester, abolir cette nomination, c’est ce qu’un citoyen vous demande, faites entendre sa voix et celles de nombreux autres. A l’avenir il faut éviter ce qui vient d’arriver. Cela montre que, depuis longtemps la Constitution est caduque comme les règlements des Chambres (Assemblée Nationale et Sénat). Il y a lieu de modifier les règles de fonctionnement en demandant les avis et les choix des citoyens de notre République par voie de référendum, de pétition et autres.

    José Gonzales, qui est cet élu ? Membre du Rassemblement National, voilà une première anomalie de cette nomination, parti qui a succédé au Front National partisan violent de l’Algérie Française que lui-même exigeait ! Né à Oran en 1943 il est député de la 10ème conscription des Bouches du Rhône. Il est toujours un partisan nostalgique de cette Algérie Française, « nostalgérien » comme l’exprime Benjamin Stora. Aussi défenseur de l’O.A.S., il ose affirmer, comme l’indique le journal L’INDÉPENDANT dans son édition du 2 janvier 2023, « je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ». Alors pourquoi le député RN fait-il polémique ? Tout simplement parce que ses propos ne passent pas du tout comme le dit Mathilde Panot, présidente des insoumis à l’Assemblée Nationale : « Cette nomination est une honte et une insulte ! ». Malgré cela il ose ajouter : « Je ne pense pas qu’il y ait eu des crimes en Algérie dans l’Armée Française ». Il oublie les aveux du général Aussaresses en l’année 2000.

    L’OAS innocente ! C’est oublier, entre autres, l’attentat le 7 février 1962 contre le domicile d’André Malraux, à l’époque ministre des affaires culturelles, qui a provoqué la mutilation d’une fillette de 4 ans, Delphine Renard, qui a perdu la vue (voir le site " herodote.net", le media de l’Histoire). Cet individu, élu de la République, ne voit aucun crime dans la colonisation et ses conséquences ! Comme le relate le journal DIA, "Dernières Infos d’Algérie" le 31 décembre 2022, il ne cache pas sa nostalgie pour l’Algérie Française. « J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis » en essuyant même une larme devant les députés... Il affirme alors que la France n’est responsable d’aucun crime en Algérie et qu’Emmanuel Macron a commis une grave erreur en parlant de crime contre l’humanité. Tous ceux qui ont été envoyés faire la guerre en Algérie (participer aux "opérations de maintien de l’ordre", termes officiels de l’époque) et nous sommes nombreux, peuvent dire le contraire de l’affirmation du député. Espérons qu’il ait regardé la chaine parlementaire à 20 h 30 du lundi 2 au jeudi 5 janvier sur cette guerre, on y voit les crimes !!!

    Voilà pourquoi je suis heurté par la nomination d’un tel personnage. Comme ancien appelé pendant presque 30 mois de service militaire (deux ans et demi de ma vie !) j’ai été obligé d’aller combattre une population, des enfants, des personnes âgées, des femmes et des hommes, RÉSISTANTS comme mes parents pendant la seconde guerre mondiale. Pendant cette guerre d’Algérie un nombre important d’algériens ont été tués, nombreux sont ceux qui ont été mis dans des camps de regroupement entourés de barbelés comme celui où je me suis retrouvé à la "base 901 à Bordj Tahar" en Petite Kabylie. Des actes terribles ont été commis, villages bombardés et détruits au napalm, viols, assassinats et corvées de bois…, des Algériens ont été tués y compris par des jeunes hommes comme moi-même. J’y ai vu les terribles souffrances de ce peuple et pourtant, jusqu’à aujourd’hui, l’État français, le nôtre, s’est tu.

    Le Président de la République a reçu le rapport de Benjamin Stora "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie" n’est disponible que sur internet au format PDF (1,18 M.O.). Quand sera-t-il édité en format papier ? De plus les archives militaires ne sont pas encore totalement dévoilées ! Enfin l’auteur rapporte un extrait de la lettre du Président Macron pour justifier la demande de ce rapport : « Je souhaite m’inscrire dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algérien… ». Et il laisse nommer José Gonzalès vice-président du groupe d’amitié France-Algérie !

    Comme le dit Hamid F. dans Observ/Algérie « cette nomination est un véritable pied de nez à la réconciliation… ».

    Malheureusement, on ne pourra pas stopper les démarches du R.N. et de Gonzales qui mettront en cause l’amitié franco-algérienne. Les 89 députés de l’extrême droite vont certainement démolir les espérances.

    Avec l’espérance d’une intervention de votre part avec une information auprès des électeurs de votre circonscription, ce qui est indispensable en cette période, recevez l’expression de mes cordiales salutations.

    Je me permets de transposer ce courrier sous forme de billet sur mon blog du journal Mediapart, ainsi qu’à Mme Mathilde Pannot et Jean-Paul Lecoq tous deux députés.

    SOURCE : L'amitié France-Algérie en danger | Le Club (mediapart.fr)


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    France-Algérie : Emmanuel Macron prépare

    une visite d’Etat pour le président Tebboune

    France-Algérie : Emmanuel Macron prépare une visite d’Etat pour le président Tebboune

    Jacques Witt/SIPA 

    C’est une nouvelle main tendue d’Emmanuel Macron à l’Algérie. Le chef de l’Etat veut inviter tout prochainement le président algérien à Paris pour une visite d’Etat.

    La visite du président Tebboune

    pourrait avoir lieu début mars

    La visite d’Etat, c’est le degré maximal en matière protocolaire. Cela veut dire des haltes à l’assemblée nationale, au sénat, à la mairie de Paris, des déplacements en région, un programme pour la conjointe. Bref, le tapis rouge déroulé pour Abdelmadjid Tebboune. La visite n’est pas encore officielle ; mais le Quai d’Orsay s’active en coulisse et a déjà prévenu plusieurs de nos institutions qu’elles auraient de la visite. La date prévue pour cet événement a d’abord été le 19 mars prochain, date symbolique s’il en est. Le 19 mars, c’est le jour du cessez-le feu en 1962. Mais le problème de cette date, c’est que les harkis comme les pieds noirs estiment que les violences se sont déclenchées à partir de l’arrêt officiel des hostilités, donc que c’est un mauvais symbole. Cela explique peut-être pourquoi le calendrier est en train d’être ajusté, sans doute à début mars, selon un conseiller de l’exécutif joint hier. En tout cas, Emmanuel Macron ne s’économise pas sur le sujet…

    Le président français est allé en août à Alger. En octobre, il a envoyé sur place une quinzaine de ministres avec Elisabeth Borne. C’est vraiment du volontarisme diplomatique. Le chef de l’Etat veut arriver à réconcilier les mémoires. Vaste défi. Il a lancé l’idée avec son homologue d’une commission mixte d’historiens. L’initiative qui a pris beaucoup de temps commence à prendre forme. Il cherche depuis 2017 le bon équilibre. Il s’est parfois pris les pieds dans le tapis, souvenez-vous sur la question de la colonisation, « crime comme l’humanité ». Cette semaine, le chef de l’Etat publie un entretien fleuve dans le magazine Le Point pour revenir sur la relation complexe, tendue, ambigüe entre nos deux pays.

    Emmanuel Macron s’exprime

     dans Le Point au sujet de l’Algérie

    Il estime que ce sujet mémoriel n’est pas que diplomatique. Il énumère dans son interview toutes les catégories de population impactées en France par ces conflits de mémoire : « les Algériens vivant en France, les Français de l’immigration ayant un parent algérien, les harkis, leurs enfants, les rapatriés et leurs familles, ceux qui se sont battus sur le sol algérien. On dépasse les 10 millions de personnes ». De quoi justifier un tel déploiement d’énergie diplomatique.

    Marcelo Wesfreid

    SOURCE : France Algérie : Emmanuel Macron prépare une visite d'Etat pour le président Tebboune (radioclassique.fr)

     

    L’article précise :

    « La date prévue pour cet événement a d’abord été le 19 mars prochain, date symbolique s’il en est. Le 19 mars, c’est le jour du cessez-le-feu en 1962. Mais le problème de cette date, c’est que les harkis comme les pieds-noirs estiment que les violences se sont déclenchées à partir de l’arrêt officiel des hostilités, donc que c’est un mauvais symbole ». 

    Qui a déclenché des violences après le 19 mars 1962 ? Cela aussi il faut le dire et l’écrire, surtout le reconnaître et le condamner : l’OAS cette organisation terroriste et criminelle responsable de 2700 victimes avant et après le 19 mars jusqu’aux mois de juin - juillet 1962, de Français et d’Algériens, en France et en Algérie.

    Que le président Tebboune quand il viendra en France n'oublie pas qu'en Algérie tous les Algériens n'approuvent pas sa politique, il en est de même du président Macron en France, sa popularité est devenue très basse.

    Michel Dandelot

    Le 5 juillet 1962 à Oran ils occultent l'OAS

    Le 5 juillet 1962 à Oran ils occultent l'OAS

     

    Le 5 juillet 1962 à Oran

     

    Le 5 juillet 1962 à Oran ils occultent l'OAS

    A Oran

    Ils occultent l'OAS

     

    Par Anne Guérin-Castell 

     

     

    Le 5 juillet à Oran… Tous ceux qui avancent cette date avec la litanie des morts et disparus de ce jour-là oublient de dire la politique de terreur sanglante que menait depuis des mois l'OAS toute puissante dans cette ville, les descentes nocturnes et armées dans les quartiers habités par des Algériens, les snipers pieds-noirs qui depuis le haut de plusieurs immeubles tiraient sur toute personne tentant de sortir ou de rentrer dans le quartier Mdina J'dida (appelé «quartier nègre » !) , la bombe placée dans le même quartier qui a tué de nombreuses personnes et, alors que tout le monde accourait pour porter secours aux victimes, l'explosion d'une seconde bombe  avec un intervalle de temps calculé pour faire un carnage, l'intimidation ciblée des quelques «Européens» favorables à l'indépendance de l'Algérie, les pressions exercées sur les autres pour qu'ils se joignent aux expéditions meurtrières.
    Oran, fief des plus extrémistes et obtus membres de l'OAS, tel celui qui, des années après, déclarait fièrement qu'il n'avait tué personne de sa main mais qu'il en avait fait tuer beaucoup, Oran était devenue une ville de sang bien avant ce funeste 5 juillet, la mort avait été semée dans ses rues par ceux qui aujourd'hui s'accrochent à une histoire falsifiée qu'ils ont transmise à leurs descendants et qui, après la reconnaissance de la responsabilité de l'État dans la mort de Maurice Audin se lamentent pitoyablement : «Et nous, et nous ?»
    Est-ce trop leur demander que d'avoir au moins la pudeur de ravaler leurs larmes et le courage de regarder en face le mal auquel ils ont participé, ne serait-ce que par leur silence, ou qui a été fait en leur nom, au prétexte de les protéger ?
    Ah, disent-ils aujourd'hui, comme on les aimait, les arabes (ça leur arracherait les tripes de dire les Algériens), comme on était proches ! Ah, que je l'aimais, ma fatma, c'est elle qui m'a élevée (sans se rendre compte de ce que peut avoir de choquant l'utilisation de ce nom «fatma» donné indifféremment à toute femme algérienne) !
    Ce n'est pas l'État français qui est responsable de ce qui s'est passé le 5 juillet à Oran, c'est l'OAS et tous ceux qui ont soutenu ces assassins, implicitement ou explicitement, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui aujourd'hui se lamentent.
     

    Anne Guérin-Castel

     


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    Le but caché de l’interview

    sur l’Algérie commandée

    par Emmanuel Macron

     

    Le but caché de l’interview  sur l’Algérie commandée  par Emmanuel Macron

    Monsieur Macron vous ne convaincrez jamais tous les Français que vous prenez pour des moins que rien... vous ne faites que de la com...

    Le président Emmanuel Macron s’est longuement confié au Point dans une interview parue ce mercredi. Dans cet entretien réservé aux abonnés du magazine de droite, le président français s’est épanché sur les thématiques de la colonisation, de la repentance et de l’immigration. Mais il a aussi voulu insister sur l’avenir des relations complexes entre la France et son ancienne colonie. Pour cela, Emmanuel Macron dit «espérer que le président Tebboune pourra venir en 2023 en France» dans le but de poursuivre le «travail d’amitié» initié à la suite et sa visite en Algérie en août 2022.

    Tous les médias français en général ont titré sur le fait qu’Emmanuel Macron «ne va pas demander pardon à l’Algérie». Même si les articles sont construits sur la base de la dépêche de l’AFP, il n’en demeure pas moins que cette unanimité pose question. Dans tous les cas, elle donne dans le même temps un éclairage sur les vrais objectifs de cet entretien : le choix, loin d’être anodin, du timing et de l’intervieweur vise clairement à frapper un grand coup médiatique au moment où se profile une contestation sociale qui risque de déboucher sur un embrasement généralisé de la France.

    Cette énième déclaration du président Macron ne surprend pas, compte tenu de sa versatilité légendaire même sur des sujets aussi banals que le temps qu’il fait. Il a été, un matin de novembre 2018, capable de rendre hommage au maréchal Pétain, puis d’encenser dans la foulée Guy Moquet, avant d’aller, dans l’après-midi même, se recueillir sur la tombe du général De Gaulle au cimetière de Colombey-les-Deux-Églises. C’est dire.

    Emmanuel Macron a admis que «prendre la parole sur l’Algérie est potentiellement périlleux mais indispensable». Oui, indispensable vu le contexte et le scénario noir que l’on voit poindre à l’horizon. La menace de voir ce quinquennat virer au chaos comme l’a été le premier est palpable. Le spectre d’une révolte similaire à celle déclenchée en octobre 2018 par les Gilets jaunes n’est pas éloigné avec, cette fois-ci, la possible agglomération de l’ensemble des acteurs sociaux, syndicats, associations diverses et même des commerçants et des petits entrepreneurs.

    Force est bien de déduire que cet entretien n’est que la suite logique des attaques des journaux Le Monde et Libération jumelées à celles de l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt. Il était prévisible, la ficelle étant un peu grosse, que les déclarations de l’ancien diplomate rappelé à la demande des autorités algériennes, dont l’amitié avec le clan de l’ancien président algérien défunt, avec certains oligarques aujourd’hui sous les verrous et quelques journalistes qui avaient le code secret de la porte dérobée de l’ambassade de France à Alger, c’est une évidence donc que ses déclarations – qui relèvent de la voyance à prix discount – sur «l’effondrement de l’Algérie» ne sont en réalité que la première étape d’une opération de diversion visant à éclipser la grogne sociale de plus en plus en ébullition.

    Une telle sortie du président Macron ne vise-t-elle pas, par ailleurs, à satisfaire le parti de la droite, les Républicains, dont les rênes sont désormais entre les mains des plus hostiles à tout débat sur la repentance, ceux qui ont toujours loué et vanté les «bienfaits» de la colonisation mais qui feignent oublier les crimes commis et les souffrances de tout un peuple. N’est-ce pas là, également, le meilleur moyen d’amener les quatre-vingt-neuf élus de l’extrême droite à voter la réforme des retraites, vu que toutes les grandes lois votées à l’occasion de ce second mandat l’ont été par la grâce de l’article 49/3 de la Constitution qui permet le passage en force de tous les textes soumis sans l’avis du Parlement ? (Pas moins de dix 49/3 ont déjà été utilisés, et ce n'est pas tout…

    Oui l’histoire de ne pas demander pardon à l’Algérie ce n’est que de la com… Que de la com… bon marché… D’ailleurs personne ne demande des « Pardons »  ni en France ni en Algérie. Mais des reconnaissances et des condamnations : 

    Ce sont des crimes d’état  : du 8 Mai 1945 à Sétif / Guelma / Khératta les massacres qui ont fait plus de 40.000 victimes, du 17 octobre 1961 au Pont Saint-Michel à Paris où plusieurs centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés dans la Seine, assassinés par la police, du 8 février 1962 au Métro Charonne à Paris où 9 militants pacifiques ont été assassinés par le Police.

    Ce sont des crimes de guerre  : avec l’utilisation des gaz VX et Sarin, avec l’utilisation du napalm (600 à 800 villages ont été rasés : des Oradour-sur-Glane algériens !!!)
    Ce sont des crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements qui ont fait des centaines de milliers de morts)… Alors Monsieur le Président, avant d'infantiliser les Français et les prendre pour des "moins que rien", la parole de la France dans ce domaine aurait un autre poids si vous aviez fait les gestes symboliques nécessaires de reconnaissance et de condamnation de ces crimes commis au nom de notre pays... Bien sûr vous avez reconnu quelques crimes, mais trop souvent en mentant, en déformant, en occultant... car vous voulez surtout ne pas vous mettre à dos la droite et l'extrême droite... et si cette dernière parvenait au pouvoir en 2027 vous en seriez le premier responsable.

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    Courriel de Jean-François Gavoury président

    de l’ANPROMEVO

    concernant la mort de Joseph Biraud

    ancien chef de commandos

    de l'OAS en Oranie, condamné

    à mort par contumace

     

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    « Un membre de l'ANPROMEVO vient de m'adresser une coupure de presse sous la forme des deux fichiers ci-joints.

    Grâce à cet  adhérent et à "Charlie Hebdo", j'apprends la mort à Bonifacio, le 25 décembre, à l'âge de 93 ans, de Jean, Joseph Biraud, ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace.

    L'incinération a eu lieu le 28 décembre au crématorium d'Ajaccio.

    Cet individu s'était illustré le 1er novembre 2011, devant la stèle du cimetière de Marignane dédiée à l'OAS, en décorant Jean-François Collin, alors président de l'Adimad, "au nom de l'Etat français", de la médaille de chevalier de la Légion d'honneur.

    J'avais dû surmonter bien des obstacles pour tenter d'obtenir que cette nomination d'origine sarkozyenne soit rapportée. Tel a été le cas par décret signé de François Hollande au lendemain du Jour de l'An 2013 : mesure contestée par le récipiendaire devant le Conseil d'Etat, heureusement sans succès !

    Biraud sera parti sans savoir que José Gonzalez allait participer à la gouvernance du groupe d'amitié France-Algérie de l'Assemblée nationale » !

    Jean-François Gavoury

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    Reprenons les archives de 2011 à 2013 figurant sur mon blog.

    Michel Dandelot

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    Un ancien de l'OAS décoré de la Légion d'honneur : un article de La Provence.com  

    2 Novembre 2011

    Entouré de nostalgiques de l'Algérie française, Jean-François Collin a officiellement reçu hier, au cimetière, la distinction lors d'une cérémonie devant la stèle des fusillés de l'OAS. 

     

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace


    J-F Collin a reçu, hier, la Légion d'honneur, des mains d'un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean".

    Si par miracle tu réussis à l'obtenir, cela rendrait fou de rage les Gavoury". C'est cet argument de son ami Jean-Pierre Carrio, président de l'Union des parachutistes de Hyères, qui a convaincu Jean-François Collin d'accepter d'engager les démarches pour obtenir la Légion d'honneur; lui qui prétend avoir jeté à la figure des juges "ses autres décorations et son béret rouge", lui l'ardent défenseur de l'Algérie française, l'ancien conseiller municipal FN à Hyères et président de "l'Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française" (ADIMAD).

    Lui qui a obtenu, finalement, le grade de chevalier de la Légion d'honneur, pour ses états de service dans l'armée, en tant que mutilé de guerre. Cette distinction honorifique, qu'il "ne portera jamais, tant qu'un gaulliste ou un ami du FLN sera à l'Élysée", il l'a reçue officiellement, hier, des mains d'un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean", lui-même, officier de la légion d'honneur, figure de l'OAS pendant la guerre d'Algérie et exilé, un temps, en Amérique Latine pour échapper à la justice française. Dans un lieu symbolique pour l'occasion : le cimetière Laurent-Imbert où a été réinstallée la stèle en hommage aux fusillés de l'organisation de l'armée secrète (OAS).

    "Triste époque" 

    Ils étaient nombreux, au milieu des drapeaux, des bérets rouges et de la bannière "N'oublie jamais l'Algérie" - flanquée de blasons monarchistes et d'une fleur de lys - à assister à cette cérémonie : plus de 150 personnes, rose rouge ou blanche à la main, venues saluer la mémoire de ces "soldats qui ont donné leur vie pour défendre leur sol, ces morts glorieux, comme l'a scandé Jean-Pierre Papadacci (ADIMAD), crachant son fiel sur la république actuelle : "Triste époque. D'une triste république, car les traîtres et les porteurs de valises sont encensés et les patriotes vilipendés, alors qu'ils ont donné leur vie pour leur patrie."

    Pas de Marseillaise, mais la sonnerie aux morts, et le chant des Africains repris en choeur par toute l'assemblée, après la succession de dépôts de gerbes. La Légion d'honneur ? "Une croix dédiée à tous les combattants de l'OAS fusillés par le plus grand traître de l'Histoire de France", a déclaré le récipiendaire. Jean-François Collin, qui s'est senti davantage honoré par Napoléon Bonaparte -qui a institué ce premier ordre national français en 1802 - que par le président de la République.

    Jean-François Gavoury : "une provocation" 

    Des honneurs pour les uns, qui ont un goût d’offense pour d’autres, notamment l’un des principaux opposant à la stèle, Jean-François Gavoury, fils du commissaire central d’Alger, assassiné par l’OAS, et qualifié, hier, par Jean-Pierre Papadacci de "misérable". Pour J.F. Gavoury, ce qui s’est déroulé, hier, à Marignane est un "simulacre de cérémonie qui constitue une véritable provocation à l’égard non seulement de l’ordre mais aussi des autorités administratives et juridictionnelles."
    Et soulève des interrogations: "Comment admettre qu’une blessure de guerre justifie une distinction honorifique, alors que c’est cette même blessure dont le traitement au Val de Grâce a été l’occasion pour Jean-François Collin de préparer et diriger un attentat (manqué, mais meurtrier) contre Yves Le Tac ?", s’interroge Jean-François Gavoury. Quant aux déclarations du récipiendaire à l’encontre de la République, elles "justifieraient, à elles seules, la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire".

    "Une insulte à la mémoire des victimes

     de la guerre d’Algérie et à la République" 

    Dans un communiqué cinglant, l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis, (ANPNPA "dénonce l’attribution de la Légion d’honneur à Jean-François Collin." Elle rappelle que "M. Collin, en qualité de président de l’ADIMAD, a comme objectif la réhabilitation des assassins de l’OAS qui tant en France qu’en Algérie sont responsables de nombreux attentats contre la République et ses représentants.
    "M. Collin et son association, nostalgiques de la colonisation en Algérie, tentent d’exploiter, cultivant la haine et les rancœurs, les drames humains vécus par les Pieds Noirs et les harkis pendant la guerre d’Algérie et leur exode massif dû en grande partie aux exactions de l’OAS dans les derniers mois précédant l’indépendance. La distinction dont va bénéficier M. Collin est une insulte à la mémoire de toutes les victimes de la guerre d’Algérie, de toutes les victimes de l’OAS comme le commissaire Gavoury en Algérie, les victimes d’attentats en France, une insulte à la République elle-même ; l’ADIMAD glorifiant les auteurs de la tentative d’assassinat au Petit Clamart du Général De Gaulle alors président de la République."

    Narjasse KERBOUA et Julien DANIELIDES

    Additif à l'article concernant l'attribution de la Légion d'honneur à l'ancien OAS paru dans La Provence.com  

    2 Novembre 2011

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    Légion d'honneur attribuée à l'ancien OAS : le préfet interpellé

    Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (ANPROMEVO), a écrit au préfet Hugues Parant, mais aussi au sous-préfet d'Istres Roger Reuter et au maire de Marignane Eric Le Disses, après la remise de la médaille de la Légion d'honneur à Jean-François Collin hier au cimetière de Marignane.

    Dans ce courrier, Jean-François Gavoury s'étonne que l'élu et les représentants de l'Etat "pourtant prévenus du déroulement de cette manifestation", ne se soient pas opposés à la tenue de cette cérémonie "contestable à maints égards (qui avait) pour objet, d'une part, l'exaltation des crimes et attentats terroristes commis par l'OAS, en Algérie et en France, en 1961-1962 et, d'autre part, la remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur au président d'une association d'anciens détenus de cette organisation séditieuse".

    Jean-François Gavoury interpelle également le général Jean-Louis Georgelin, Grand Chancelier de la Légion d'honneur, qui a selon lui "l'ardente obligation de prêter son concours à la mise en oeuvre d'une procédure disciplinaire à l'encontre de celui qui a été consacré hier comme récipiendaire."

    J.D.

    Monsieur le Président de la République comment pouvez-vous, sans réagir, vous laissez outrager, injurier, diffamer ? A la fin de l'article vous pourrez visionner la plus honteuse des cérémonies  

    8 Novembre 2011

    Le 1er novembre 2011, jour de la Toussaint, au cimetière Saint-Laurent Imbert de Marignane (Bouches-du-Rhône), un ancien responsable de l’organisation terroriste et criminelle (OAS) Jean-François Collin a reçu la Légion d’honneur suite à votre décret du 5 mai 2011 : 

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    Celui qui l’a décoré est lui aussi un ancien membre de l’OAS, condamné à mort par contumace pour ses agissements au sein de cette organisation séditieuse et meurtrière. 

    Comment ? Monsieur le Président de la République pouvez-vous accepter de vous laisser outrager, injurier, diffamer !!! puisque ce malhonnête récipiendaire a dit pour vous « qu’il aurait honte de devoir remercier le paltoquet qui vibrionne à l'Elysée » ajoutant qu’il ne porterait pas cette distinction tant qu’il y aurait des gaullistes au pouvoir ?

    Cet ancien responsable OAS a précisé qu’il dédiait sa Croix de la Légion d'honneur à tous les combattants de l'Organisation armée secrète qui sont morts les armes à la main ou ont été fusillés par le plus grand traître de l'Histoire de France ? 

    Comme vous l’aurez compris, Monsieur le Président de la République, pour le dénommé Collin «le plus grand traître de l’Histoire de France, il s’agit du général de Gaulle » 

    Avant d’être agrafée au revers de la veste du récipiendaire, la médaille de la Légion d’honneur était exposée sur un coussin comportant les portraits de quatre membres d’une organisation terroriste, condamnés à mort et exécutés à raison d’assassinats et attentats dirigés notamment contre les représentants des institutions et contre le chef de l’État lui-même. 

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

     

    Comme vous pourrez le lire dans l’article de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon, ci-dessous, Jean-François Collin a déclaré en juillet 2010 son intention  de voter pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2012 .

    « Nous étions tous des résistants », aime-t-il à répéter, ajoutant parfois « je suis désolé pour certaines des familles de victimes mais nous avions affaire à des traîtres. »

    LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DE TOULON ECRIT :

     Courriel de Jean-François Gavoury président de l’ANPROMEVO concernant la mort de Joseph Biraud ancien chef de commandos de l'OAS en Oranie, condamné à mort par contumace

    Jean-François Collin, ancien conseiller municipal FN de la ville de Hyères, est né à Alger, le 26 juin 1939. Appelé en novembre 1959, il a servi chez les paras avant de déserter et de suivre les généraux putschistes.

    D’après l’ouvrage de Georges Fleury, Histoire secrète de l’OAS (Grasset, 2002, pages 566 et 567), Jean-François Collin a été l’instigateur de la tentative d’assassinat sur son lit d’hôpital à Paris le 18 février 1962 du gaulliste Yves Le Tac, président du Mouvement pour la communauté, alors hospitalisé au Val-de-Grâce après avoir été grièvement blessé par l’OAS lors de trois tentatives d’assassinat à Alger les 3, 10 et 17 octobre 1961.

    Jean-François Collin déploie une activité inlassable en faveur de l’association qu’il préside, inaugurant plaques et stèles commémoratives en l’honneur et à la gloire des quatre fusillés de l’OAS – Marignane, Perpignan ... – organisant des événements plus ou moins médiatiques, comme à Darney en hommage au colonel Argoud.

    Des promesses de Nicolas Sarkozy ...

    Il en a fait des promesses, pendant la campagne présidentielle de 2007 ! En avril, raconte Agathe Logeart, « devant une soixantaine de représentants d’associations de pieds-noirs réunis dans son QG de campagne, rue d’Enghien, à Paris. Il y avait là des modérés, qui se laissaient volontiers séduire, mais aussi, bien plus coriaces, des ultras et des anciens de l’OAS, comme Jean-François Collin » La délégation comprenait deux représentants de l’ADIMAD : Jean-François Collin et Philippe de Massey.

    Et elle poursuit : « Déjà peu enclin à se laisser amadouer par un héritier de ces gaullistes toujours perçus comme les fossoyeurs de l’Algérie française, Collin garde un souvenir exaspéré de ce rendez-vous. Il raconte que, à un représentant d’association qui s’étonnait d’avoir reçu une réponse très sèche à un courrier adressé à Nicolas Sarkozy, le candidat avait répondu : « Vous ne croyez tout de même pas que je lis toutes les lettres que l’on m’envoie, ni que j’y réponds moi-même ? » Après, raconte toujours Collin, « Sarkozy a enlevé ses chaussures, et s’est gratté les mollets avec ses doigts de pied. A quelques-uns, on s’est regardés, et on s’est dit qu’on n’avait pas grand-chose à attendre d’un type pareil. »

    ... à l’attribution de la Légion d’honneur

    Jean-François Collin n’avait-il vraiment rien à attendre ? ou bien l’attente avait-elle été trop longue à son goût ? Toujours est-il qu’en juillet 2010 il déclarait à Agathe Logeart son intention de voter pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2012.

     

     

    POUR NOTRE INFORMATION LA CEREMONIE

    DE LA HONTE EN VIDEO

     

    Exclusion de la Légion d’honneur de J.-F. Collin - Recours devant le Conseil d'État – Communiqué de Jean-François Gavoury 

    Paris, 26 avril 2013.

    En page 13 du n° 166 (mars-avril 2013) de La Lettre de Veritas, est reproduite la teneur d‘une requête adressée au grand chancelier de la Légion d’honneur par Mme Anne Cazal, directrice de la publication de cet "organe du combat des Français d’Algérie" et déléguée générale de Veritas ("Comité pour le rétablissement de la vérité historique sur l’Algérie Française").

    Ce courrier a pour objet d’obtenir le réexamen, par le Conseil de l’Ordre, de l’avis sur lequel s’est appuyé le décret du Président de la République en date du 2 janvier 2013 aux termes duquel Jean-François Collin a été exclu de la Légion d’honneur.

     Lettre à M. le Grand Chancelier

    Monsieur le Grand Chancelier,

    Par l'intermédiaire de votre Directeur de Cabinet, le Général Laporte Many, vous avez bien voulu répondre à ma lettre de protestation sur les raisons et conditions de l'exclusion de l'Ordre de M. Jean-François Collin, Chevalier de la Légion d'Honneur, et je vous en remercie.

    Pour ce qui est des raisons de l'exclusion, en ayant pris connaissance, je constate que M. Collin a été exclu pour avoir exprimé son opinion personnelle sur le premier Président de la cinquième République et sur le Président de celle-ci en 2011, ce qui prouve indéniablement que le manquement à l'honneur que vous lui reprochez n'est, en fait, comme je l'avais pressenti et vous l'avais écrit, qu'un délit d'opinion.

    En effet, Monsieur le Grand Chancelier, malgré tout le respect que je vous dois, et que je vous accorde volontiers, ainsi qu'à tous les membres du Conseil de l'Ordre de la Légion d'Honneur, il me semble que la sanction infligée à M. Collin est disproportionnée au regard de la faute commise, simple expression d'une opinion personnelle, et que, de plus, la procédure disciplinaire n'a pas été respectée puisque M. Collin n'a pas été appelé à faire valoir sa défense auprès du Conseil de l'Ordre, comme il se doit !

    En effet, la radiation définitive, dite exclusion, est bien la sanction ultime en cas d'actes déshonorants tel le crime de sang, l'emprisonnement de plus d'un an, la déchéance de la nationalité française... Il me semble, en toute justice, que la faute commise par M. Collin : avoir exprimé son opinion personnelle sur deux Présidents de la République, pouvait entraîner un blâme, ou, au pire, une suspension, mais pas la sanction extrême.

    Monsieur Collin a exprimé son opinion sur le Président De Gaulle, sans proférer aucune insulte, mais en qualifiant celui-ci de « traître », évoquant ainsi une page d'Histoire vécue. Il me semble que M. Duhamel l'avait déjà fait dans une édition spéciale de la revue Historia, précisant que, sans hésitation, il s'agissait du plus grand traître de l'Histoire et, que je sache, il n'a pas été frappé d'exclusion à la suite de cette affirmation...

    Quand (sic !) au Président Sarkozy - car c'est bien de lui qu'il s'agissait en 2011 - M. Collin a prononcé le mot « paltoquet », ce qui signifie en termes familiers « homme grossier » (Littré)... Quel est le Français de bonne foi qui n'a pas partagé cette opinion lors du « Casse-toi, pauvre cou ! » dont le Président Sarkozy a gratifié publiquement un quidam?

    Monsieur Collin, lui, n'a commis que l'énoncé d'une opinion personnelle, certes, dans un moment inopportun, où, submergés par l'émotion, certains peuvent perdre le fil de leur discours, et tous les jours, nos dirigeants ou hommes politiques en donnent des exemples... Encourent-ils pour cela l'exclusion de la Légion d'Honneur ? Je n'en crois rien.

    Par contre, Monsieur le Grand Chancelier, je suis certaine que vous êtes un grand soldat, doublé d'un homme d'honneur. A ce titre, je vous serais reconnaissante de bien vouloir prendre connaissance de la brochure jointe, dédiée à M. Jean-François Collin, victime d'une injustice qui, pour nous, Français d'Algérie, est flagrante et blessante.

    En souhaitant de tout coeur, qu'après lecture, le Conseil de l'Ordre décide de réviser la sanction extrême qui frappe injustement M. Collin,

    Je vous prie d'agréer, Monsieur le Grand Chancelier, l'expression de ma respectueuse considération.

    Anne CAZAL

    Française d'Algérie

    Descendante d'un officier d'ordonnance du Maréchal Bugeaud

    PS. Je viens d'apprendre qu'un recours en annulation du décret d'exclusion a été introduit auprès du Conseil d'Etat.

    P.J. LA RESISTANCE FRANÇAISE EN ALGERIE

    Le propos est rédigé sur un ton obséquieux qui tranche avec celui, injurieux, utilisé par Jean-Pierre Papadacci dans sa correspondance de janvier 2013 au général Georgelin, dont une copie avait été insérée dans l’édition précédente (n° 165, janvier-février 2013) de La Lettre de Veritas.

     

    LETTRE OUVERTE AU GENERAL GEORGELIN

    Monsieur,

    J'avais déjà peu considération pour l'officier qui, ayant fait principalement carrière dans les écoles, les états-majors, les cabinets de toutes sortes et peut-être même les loges, avait atteint le plus haut grade et la plus haute fonction de l'armée française.

    J'avais ressenti de la honte lorsque, faisant fi de toute modestie et de toute dignité, vous aviez accepté de devenir le premier grand chancelier, d'origine militaire, dépourvu de tout titre de guerre.

    Je pensais avoir tout vu mais je me trompais. A l'arrivisme et à l'outrecuidance, qui vous caractérisent, vous avez ajouté l'infamie d'une décision : l'exclusion d'un français exemplaire, de l'Ordre de la Légion d'Honneur.

    Je vous tiens pour l'unique responsable de cette sanction injuste et partisane. Vous êtes responsable car, en décidant de saisir le conseil de l'ordre, vous avez obéi immédiatement à la délation d'un Gavoury qui vous sommait par communiqué de presse d'ouvrir une procédure disciplinaire. Vous êtes responsable car vous avez qualifié des propos libres et incontestables (déjà maintes fois tenus et écrits contre De gaulle Charles par de nombreuses personnalités appartenant à l'ordre, sans entrainer aucune sanction) en un acte contraire à l'honneur et vous avez choisi la sanction la plus grave envers un patriote irréprochable, OFFICIER décoré et blessé au combat.

    Vous êtes responsable car vous n'avez pas eu pour Jean-François Collin, l'indulgence qui fut accordée à un ancien président de la république et à un ancien premier ministre, pourtant tous deux repris de justice. Vous avez attendu un an avant de rendre publique votre sanction infamante sans avoir eu la correction d'en informer auparavant le premier intéressé.

    Bien que général, vous vous êtes dispensé d'une tradition et d'un vieil usage de l'armée qui demande que toute sanction soit notifiée à l'intéressé mais aussi clairement motivée. Et vous y avez ajouté la maladresse, pour ne pas dire la perfidie, de faire coïncider l'exclusion de Jean-François Collin avec l'annonce d'un wagon de promotions de « favoris » du pouvoir comprenant, entre autres , l'imam marocain de Bordeaux et une avocate qui s'était illustrée dans la défense des terroristes du FLN.

    Certes votre sanction inique et sans appel, dans la droite ligne des tribunaux militaires d'exception gaullistes qui firent exécuter, emprisonner, limoger, dégrader et déchoir les Patriotes Résistants de l'Algérie Française, restera sans effet sur un HOMME qui a toujours fait passer l'HONNEUR avant les honneurs. Mais, elle constitue néanmoins une PROVOCATION et un véritable OUTRAGE envers les français d'Algérie et tous les patriotes qui cultivent encore une haute idée de la PATRIE et de L'HONNEUR.

    Une telle décision, qui révèle parfaitement au grand jour, votre conception sordide et courtisane de l'HONNEUR, ne pouvait rester sans riposte c'est pourquoi je tiens à vous exprimer, par la présente mon indignation doublée de mon plus profond mépris.

    Veuillez agréer, monsieur, les salutations françaises que m'impose la courtoisie.

    Jean-Pierre PAPADACCI 

    Un élément retient plus particulièrement l’attention dans l’intervention de Mme Cazal : il consiste en l’indication, en post-criptum de dernière minute, d’un recours devant le Conseil d’Etat introduit à la suite de la notification à M. Collin de la mesure d’exclusion le concernant.

    Rappelons, pour l’anecdote, que la haute juridiction administrative a déjà eu à connaître d’une action (infructueuse) engagée par Jean-François Collin, au nom de l’Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (Adimad). Par arrêt du 14 novembre 2011, la section du contentieux du Conseil d’État a constaté que la stèle dont l’association avait obtenu l’installation à Marignane, manifestant une prise de position politique et procédant à l'apologie de faits criminels, n’avait pas sa place dans un cimetière et était par ailleurs de nature à entraîner des troubles à l'ordre public. C’est sur ce site, objet de polémiques et contestations, que, quelques jours plus tôt (1er novembre 2011), M. Collin s’était vu remettre sa décoration par un ancien factieux. Ce dernier, délégué par le grand chancelier, s’était lui-même exposé à des sanctions disciplinaires en détournant les paroles prévues à l‘intention du récipiendaire en application de l’article R 56 du code de la légion d’honneur. Il avait en effet déclaré : « Au nom de l’État français et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous fais chevalier de la Légion d'honneur.» 

     


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    Dans la revue Le Lien, n° 73, décembre 2022, on peut lire en pages 66 à 68, une analyse rédigée par Françoise Nordmann du livre L’énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger écrit par Xavier Driencourt.

    Analyse rédigée par Françoise Nordmann du livre "L’énigme algérienne". Chroniques d’une ambassade à Alger écrit par Xavier Driencourt.

    Françoise Nordmann


    Le Lien, revue publiée par l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, est inscrite au catalogue international des Périodiques. On peut la consulter à la Bibliothèque Nationale de France et à La Contemporaine, bibliothèque à Nanterre. On peut également la consulter sur le site de l’association : https://max-marchand-mouloud-feraoun.fr

    Analyse rédigée par Françoise Nordmann du livre "L’énigme algérienne". Chroniques d’une ambassade à Alger écrit par Xavier Driencourt.

    Xavier Driencourt, mars 2022 L’énigme

    algérienne Chroniques d’une ambassade

    à Alger 2008-2012 ; 2017-2020.

    Éditions de l’Observatoire

    Pour être ambassadeur on n’en est pas moins homme.

    Le chroniqueur se montre particulièrement sensible au respect vis-à-vis des hôtes algériens et à la délicatesse des visiteurs officiels français de passage en Algérie, observateur souvent critique, parfois agréablement surpris, comme devant le comportement « libre, franc et ferme », du jeune Président français en visite le 6 décembre 2017, celui-ci manifestant même, selon lui, de la « gentillesse » à l’égard du président Bouteflika. Il notait, lors de sa première mission, l’intérêt qu’avait présenté la « rondeur » plaisante d’un Jean-Pierre Raffarin accordée à celle de son interlocuteur, Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie. Le tout est apprécié d’abord en tant que servant (ou risquant de desservir) l’apaisement des relations et la sérénité des échanges et des négociations à l’ordre du jour : précisément sa seconde mission commandée par le Président Macron. Mais on sent chez Xavier Driencourt une qualité humaine personnelle qui le porte à ce genre d’observation critique.

    Cependant de curieuses formulations et généralisations pourraient bien troubler le lecteur et faire penser à de certains retours de refoulé (refoulé d’amertume ? refoulé de Français mal aimé ou accommodé à une sauce trop particulière ?) : des gouvernants qui « n’entendent que le rapport de force » ? La corruption dans la société d’accueil, présentée comme endémique mais surtout contrastant ici avec le silence sur les fonctionnaires français implicitement exempts de ces maux : même de ceux que favoriserait le contexte ? On serait donc, côté français, dépourvu de motivation d’intérêt ? Et par ailleurs seul le personnel français échapperait aux changements de cap et d’attitude décidés en haut lieu, tandis que leurs homologues algériens seraient manipulés ? Cette dissymétrie ne peut être, se dit le lecteur, qu’un improbable reflet de la réalité. Mais le même lecteur admet que le livre est censé se focaliser sur « l’énigme algérienne ».

    Reste donc le mot « énigme ». Lisant avec intérêt et attention cette chronique fort instructive, précise, concrète, qui donne au lecteur le plaisir de se croire invité en ces lieux rarement ouverts et dans le secret des dieux, on ne sera pas forcément porté à le trouver pertinent, ce mot d’énigme : il est somme toute question d’une complexité liée à des forces constamment en tension, à des alliances à géométrie variable, à une labilité propre au système puissamment armé de longue date pour défendre sa survie. Sans états d’âme. Avec les mêmes problèmes de fluctuation mondiale, d’alliances, la même nécessité de mentir, d’afficher, de se contredire que les autres, de faire avec les personnalités émergentes du moment. Mais peut-être quelque malignité ou nocivité spécifique. Du reste, comment s’y retrouver tout à fait quand on croit « parler la même langue » dans une société polyglotte et qui maîtrise la vôtre ?

    N’est-ce pas plutôt la discipline diplomatique et la défense des intérêts français, politiques et économiques si constamment liés à la politique algérienne qui impriment à la chronique une grande discrétion et des ambiguïtés ou de ‘discrètes’ contradictions sur la question de la démocratie ou de la dictature en Algérie ? L’ambassadeur en poste « découvre »-t-il vraiment par exemple, en cours de mission, « la montée en puissance de l’armée » au prétexte qu’elle passerait alors de « derrière » au « devant » de la scène à la mort du président Bouteflika ? Naïveté qu’on peine à croire entière étant donné que les deux missions algériennes se sont accomplies en des temps où tout déplacement d’étranger en Algérie se faisait obligatoirement sous escorte militaire et qu’on suppose à un High Missionner un minimum de connaissance historique de l’Algérie indépendante. Pour le présent, d’ailleurs, Xavier Driencourt fait plusieurs fois état d’une fréquentation de la société civile certes circonscrite à certains milieux mais tout de même étendue. Il y compte bien des amis et son expérience globale du terrain aura compté dans sa désignation pour un second mandat. Kamel Daoud, Boualem Sansal ou Ali Dilem ne sont-ils pas de la réception réservée à la résidence des Oliviers pour l’accueil du Président Macron en 2017 ?

    Finalement le seul chapitre où la sensibilité propre de l’ambassadeur s’émeuve littéralement et tout à fait librement, est celui où il peut évoquer les figures de religieux dévoués à ce pays, son propre attachement à des êtres et des lieux et paysages avec lesquels il se sent en accord profond. Certainement délivré de la solitude de sa fonction et peut-être même libre de dire son véritable attachement à ce beau pays. Il s’intitule Église algérienne, Église d’Algérie. Quant à ses convictions, elles sont clairement celles que lui insuffle son ordre de mission, auquel il paraît loyalement et sincèrement dévoué.

    On apprend beaucoup ici sur le métier d’ambassadeur et Xavier Driencourt nous offre le plaisir d’un voyage en Algérie dans des sphères éloignées de la plupart d’entre nous, avec la petite satisfaction d’observer que la vie n’y est pas si facile, et – plus sérieusement dit - tout le loisir de réfléchir aux graves et vraies questions que nous posent nos destins liés de façon encore inextricable.

    Françoise Savarin Nordmann 

     

    MON ALGERIE A MOI... FRANCOISE SAVARIN NORDMANN

     


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    Algérie – France :

     Xavier Driencourt déclenche

    la polémique

      Algérie – France :  Xavier Driencourt déclenche la polémique

    Une tribune de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, publiée dans le Figaro, suscite polémique et interrogations. Par son contenu, le texte constitue une autre épreuve pour la relation entre Alger et Paris.

    Xavier Driencourt a été ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, entre 2008 et 2012, puis de 2017 à 2020.

    Sa mise à la retraite l’a libéré du devoir de réserve et il s’exprime régulièrement tant sur la situation interne de l’Algérie, que sur la relation de celle-ci avec son pays.

    « Effondrement de l’Algérie » 

    Mais dans sa dernière tribune, Xavier Driencourt n’a pas fait que rompre avec le langage mesuré et prudent de la diplomatie. En prophétisant sur l’« effondrement » de l’Algérie, il est allé loin autant dans l’analyse que par la rhétorique.

    Si la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères algériens n’ont pas réagi officiellement, plusieurs réactions ont été suscitées chez certaines personnalités et médias.

    La réplique de Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, peut même s’apparenter à une réaction officielle de l’Algérie vu la qualité de deuxième personnage de l’Etat que lui confère sa fonction de président du Sénat. Elle a été du reste reprise par l’agence officielle APS.

    Goudjil a dénoncé les « porte-voix des résidus de la colonisation française » dans sa réponse « aux déclarations faites par l’un de ceux qui ont exercé des responsabilités représentatives et diplomatiques de leur pays en Algérie ».

    « Ces porte-voix sont toujours nostalgiques de leur sinistre passé et tentent désespérément de nous donner des leçons, en remettant en cause les démarches entreprises par l’Algérie », a ajouté le président du conseil de la nation.

    Dans sa tribune, Xavier Driencourt a mis en garde que l’Algérie risque d’entraîner la France dans son « effondrement », faisant le parallèle avec la chute de la IVe République à Alger en 1958.

    Dans sa réaction, Salah Goudjil a rappelé la lutte et le combat du peuple algérien qui « a contribué au cours de sa glorieuse Révolution au renversement de six gouvernements des autorités coloniales et à la chute de la IVe République ».

    « L’Algérie distingue entre les résidus

    de la colonisation et le peuple français » 

    Néanmoins, indique Goudjil, « l’Algérie qui a fait par le passé la distinction entre la colonisation française et le peuple français, fait aujourd’hui la distinction entre les résidus de la colonisation et le peuple français, partant de sa foi ferme et inébranlable ».

    L’autre réaction notable est venue de Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et ex-ambassadeur d’Algérie en Espagne. Dans une tribune publiée sur TSA ce mardi, il l’accuse de réactiver le « discours sur la supposée menace que représente l’Algérie et les algériens pour la stabilité de l’Occident ».

    Abdelaziz Rahabi estime que cette tribune est « une parfaite reproduction des analyses de cercles plus au moins officieux des années quatre-vingt-dix qui prédisaient avec une insistance répétée un effondrement de l’Algérie ».

    Abdelouahab Benzaim, ancien sénateur FLN, a adressé un message à Xavier Driencourt pour lui rappeler le passé colonial « peu honorable » de la France en Algérie. « Il ne faut pas oublier, et avant de parler du présent, nous vous rappelons une partie du passé qui n’est pas honorable et qui a été l’œuvre de vos ancêtres », écrit l’ancien sénateur dans un texte publié sur les réseaux sociaux.

    S’adressant à la France, Benzaim assène : « Vous êtes la cause des malheurs, des problèmes et des maladies dont vous prétendez que nous souffrons ». Benzaim a rappelé aussi le « lourd tribut par les émigrés algériens partis travailler dans des conditions difficiles en France ».

     Xavier Driencourt « a plus dévoilé sa véritable nature et ce qu’il pense des Algériens et de l’Algérie que développé une analyse objective de la situation actuelle du pays », écrit le quotidien El Watan dans un commentaire.

    « Provocation flagrante », titre pour sa part le quotidien arabophone El Khabar en une de son édition de ce mardi, estimant que « Xavier Driencourt a perdu la boussole ».

    Dans sa tribune, Xavier Driencourt a accablé le pouvoir algérien de tous les maux possibles : « système militaire », « brutal », « formé aux méthodes de l’ex-URSS », «affairiste», « obsédé par le maintien de ses privilèges et de sa rente », « indifférent aux difficultés du peuple algérien»…

    Il a écrit « 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession, partir et fuir » et que « à ce rythme-là, peu de gens resteront en Algérie ».

    Cette tribune, qui est aussi un réquisitoire à l’égard de la politique algérienne d’Emmanuel Macron à qui il reproche d’avoir fait des concessions à Alger sur la mémoire et les visas, même si, paradoxalement, il lui rend hommage pour ses déclarations faites en septembre 2021, survient dans un contexte de reprises des relations entre l’Algérie et la France.

    « Notre aveuglement est une erreur historique : croire à Paris qu’en allant à Alger, en cédant aux Algériens sur les dossiers qui leurs sont chers, mémoire et visas, nous les gagnerons à notre cause et les amènerons vers plus de coopération est un leurre », estime Xavier Driencourt qui prédit une nouvelle crise entre les deux pays : « A l’aube d’une élection présidentielle algérienne, 2024 verra inéluctablement une nouvelle crise tant le discours anti-français est le levain d’une campagne électorale réussie. »

    Après plusieurs mois d’une grave brouille provoquée justement par les propos controversés du président français à l’égard de l’Algérie, les relations entre les deux pays se sont mises à se réchauffer.

    Emmanuel Macron a effectué en août une visite en Algérie qualifiée de « très réussie », suivie quelques semaines plus tard d’un déplacement de sa Première ministre Elisabeth Borne, accompagnée quasiment de la moitié de son gouvernement.

    Fin décembre, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé dans une interview au Figaro qu’il effectuera une visite en France au courant de l’année 2023, réaffirmant la « complicité » et l’« amitié réciproque » qu’il entretient avec son homologue français.

    La tribune rappelle combien la relation franco-algérienne, pour être complexe et particulière, est sujette à des épreuves en tout genre.

    SOURCE : Algérie – France : Xavier Driencourt déclenche la polémique (tsa-algerie.com) 

    Goudjil: "les porte-voix

    des résidus de la colonisation française sont

    toujours nostalgiques de leur sinistre passé"

      Algérie – France :  Xavier Driencourt déclenche la polémique

    ALGER  : Le président du Conseil de la nation, M. Salah Goudjil a répondu, mardi à Alger, aux porte-voix des résidus de la colonisation française qui "sont toujours nostalgiques de leur sinistre passé", appelant "au resserrement des rangs pour faire front uni face aux ennemis du pays qui nourrissent une haine viscérale envers les réalisations de l'Algérie nouvelle sous la conduite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune". 

    S'exprimant en marge d'une plénière consacrée au vote du projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, M. Goudjil a répondu "aux porte-voix des résidus de la colonisation française notamment aux déclarations faites par l'un de ceux qui ont exercé des responsabilités représentatives et diplomatiques de leur pays en Algérie", affirmant à cet effet que l'Algérie "qui a fait par le passé la distinction entre la colonisation française et le peuple français, fait aujourd'hui la distinction entre les résidus de la colonisation et le peuple français, partant de sa foi ferme et inébranlable".

    Il a également rappelé aux auteurs de ces déclarations, la lutte et le combat du peuple algérien qui "a contribué au cours de sa Glorieuse Révolution au renversement de six (6) gouvernements des autorités coloniales et à la chute de la IVe République", ajoutant que ces porte-voix de la colonisation "sont toujours nostalgiques de leur sinistre passé et tentent désespérément de nous donner des leçons, en remettant en cause les démarches entreprises par l'Algérie".

    Dans ce sillage, M. Goudjil a appelé à "une plus grande vigilance et au resserrement des rangs pour faire front uni face aux ennemis du pays qui nourrissent une haine viscérale envers les réalisations de l'Algérie nouvelle sous la conduite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune".

    Le président du Conseil de la nation a enfin tenu à souligner "les positions fermes et immuables de la politique étrangère de l'Algérie et son soutien aux justes causes de par le monde, notamment de la Palestine et du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique".

    SOURCE : Goudjil: "les porte-voix des résidus de la colonisation française sont toujours nostalgiques de leur sinistre passé" (aps.dz)


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    À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier

    Driencourt : Une contribution de « l’ami »

    de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite 

     

     À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite

    Alors que pour les spécialistes de l’opinion, la situation en France ne tient qu’à un fil et ne manque qu’une étincelle pour embraser le pays en raison d’un marasme social à tordre le coup, Xavier Driencourt, ex-Ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020, lui va jusqu’à voir la chute de l’Algérie qui entrainerait celle de la France.

    Une sorte de projection psychologique qui fait qu’une personne chagrinée pour une raison ou autre se cherche un coupable à un problème de façon pas assez mûre. Dans une contribution parue avant-hier, au journal français le « Figaro », le diplomate fait fi de toute bonne conduite diplomatique et s’érige en analyste en reprenant le discours et le lexique de l’extrême droite. Avec sa fougue acérée, il remet, dans ce qui s’apparente beaucoup plus à une diatribe contre l’Algérie, qu’à une analyse en bonne et due forme, en cause tout ce qui a été fait durant ces trois dernières années, allant jusqu’à comparer l’Algérie d’aujourd’hui à celle de l’ancien système sous l’oligarchie. « L’Algérie nouvelle, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraine la France dans sa chute. L’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent et elle verra inéluctablement en 2024 une nouvelle crise » écrit-t-il dans son texte. Il faut être ainsi frappé de cécité pour ne pas se rendre compte du chemin parcouru par l’Algérie depuis le mouvement populaire pacifique de 2019 ayant précipité la chute des oligarques, serviteurs de pays étrangers. Une Algérie qui se projette désormais dans l’avenir par une stratégie, une vision et une démarche qui semblent embarrasser voire effrayer, cet ex-diplomate en Afrique, qui va à contre sens, de la démarche d’apaisement affichée par son président Emmanuel Macron et le président Abdelmadjid Tebboune. De Paris, qui est le théâtre de colère sociale et de manifestations contre la cherté de la vie ect.., le diplomate n’a de regards que vers Alger, alors que le pays connait une vie économique en pleine croissance de l’avis même des institutions internationales, un front social apaisé, et une institution militaire davantage professionnelle et assurant ses missions constitutionnelles..
    L’ex-ambassadeur dans ses attaques contre l’Algérie, ses institutions et son peuple se place dans le camp de l’extrême droite, usant de son lexique, estimant que son pays, la France a cédé sur nombre de points notamment sur «la mémoire et les visas», citant même « l’immigration », sujets favoris, des nostalgiques de « l’Algérie Française » et des lobbies français, torpillant toute relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie. « Mais pourquoi diable, se précipiter à Alger.. » a-t-il écrit, à l’adresse des responsables d’institutions françaises, des propos qui en disent long sur la haine que porte le diplomate français pour l’Algérie, pourtant du temps où il devait quitter son poste à Alger, il a eu à verser, lors d’une réception, de « chaudes larmes », lui qui ne cessait de répéter qu’il est « l’ami de l’Algérie » , alors qu’il ne l’était point, non pas depuis, hier, mais pour bon nombre d’Algériennes et Algériens, bien avant…
    Mais que faut-t-il, attendre de cet ex-diplomate qui ne quitte jamais le confort de son bureau pour aller découvrir, un pays et son peuple? Car c’est sur les réseaux sociaux et des écrits de facebokeurs des plus désœuvrés qu’Il se contente de se forger une opinion voire affirmer des vérités et même jusqu’à dégager une lecture prospective sur l’Algérie, alors que celle-ci a ses exigences. Il est bien loin de ses autres collègues ambassadeurs, accrédités ici ou ailleurs, dont nombreux sont les diplomates étrangers en Algérie, qui vont à la rencontre d’un pays et son peuple, à travers des déplacements, pour tisser des liens avec la population, pour ne citer que comme la diplomate américaine, Elizabeth Moore Aubin, ou encore l’ambassadrice des Pays Bas, Janna Van Der Veldi, qui, a fait le voyage, mars 2021, Alger-Oran par train, dans une ambiance agréable et des conditions confortables, postant ses photos et remerciant, dans un message, le personnel de la Société nationale publique SNTF. S’il est ainsi loin de ses « homologues » diplomates, c’est parce qu’il est le porte-voix, d’une France, celle des nostalgiques de « l’Algérie française », qui soixante-ans, depuis l’indépendance du pays, en 1962, après une Guerre de libération armée, ils ne se sont jamais remis de la défaite de la France coloniale, en Algérie. Le refoulé revient au galop, chez Xavier Driencourt et ses semblables, notamment quand l’ex-colonie française revient en force depuis ces dernières années.
    Brahim Oubellil

    SOURCE : À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite | (lecourrier-dalgerie.com) 


    Driencourt et Le Figaro, nostalgiques

    d’un temps révolu à jamais

     À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite

    Encore une violente diatribe sur l’Algérie. Chassez le naturel, il revient au galop ! Encore une fois, des nostalgiques de l’Algérie française ne trouvent apparemment pas de quoi occuper leurs longues journées de retraités que de s’attaquer à notre pays.

    Alors que pour les spécialistes de l’opinion, la situation en France ne tient qu’à un fil et ne manque qu’une étincelle pour embraser le pays en raison d’un marasme social à tordre le coup, Xavier Driencourt, ex-Ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020, lui va jusqu’à voir la chute de l’Algérie qui entrainerait celle de la France.

    Une sorte de projection psychologique qui fait qu’une personne chagrinée pour une raison ou autre se cherche un coupable à un problème de façon pas assez mûre. Dans une contribution parue avant-hier, au journal français le « Figaro », le diplomate fait fi de toute bonne conduite diplomatique et s’érige en analyste en reprenant le discours et le lexique de l’extrême droite. Avec sa fougue acérée, il remet, dans ce qui s’apparente beaucoup plus à une diatribe contre l’Algérie, qu’à une analyse en bonne et due forme, en cause tout ce qui a été fait durant ces trois dernières années, allant jusqu’à comparer l’Algérie d’aujourd’hui à celle de l’ancien système sous l’oligarchie. « L’Algérie nouvelle, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraine la France dans sa chute. L’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent et elle verra inéluctablement en 2024 une nouvelle crise » écrit-t-il dans son texte. Il faut être ainsi frappé de cécité pour ne pas se rendre compte du chemin parcouru par l’Algérie depuis le mouvement populaire pacifique de 2019 ayant précipité la chute des oligarques, serviteurs de pays étrangers. Une Algérie qui se projette désormais dans l’avenir par une stratégie, une vision et une démarche qui semblent embarrasser voire effrayer, cet ex-diplomate en Afrique, qui va à contre sens, de la démarche d’apaisement affichée par son président Emmanuel Macron et le président Abdelmadjid Tebboune. De Paris, qui est le théâtre de colère sociale et de manifestations contre la cherté de la vie ect.., le diplomate n’a de regards que vers Alger, alors que le pays connait une vie économique en pleine croissance de l’avis même des institutions internationales, un front social apaisé, et une institution militaire davantage professionnelle et assurant ses missions constitutionnelles..
    L’ex-ambassadeur dans ses attaques contre l’Algérie, ses institutions et son peuple se place dans le camp de l’extrême droite, usant de son lexique, estimant que son pays, la France a cédé sur nombre de points notamment sur «la mémoire et les visas», citant même « l’immigration », sujets favoris, des nostalgiques de « l’Algérie Française » et des lobbies français, torpillant toute relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie. « Mais pourquoi diable, se précipiter à Alger.. » a-t-il écrit, à l’adresse des responsables d’institutions françaises, des propos qui en disent long sur la haine que porte le diplomate français pour l’Algérie, pourtant du temps où il devait quitter son poste à Alger, il a eu à verser, lors d’une réception, de « chaudes larmes », lui qui ne cessait de répéter qu’il est « l’ami de l’Algérie » , alors qu’il ne l’était point, non pas depuis, hier, mais pour bon nombre d’Algériennes et Algériens, bien avant…
    Mais que faut-t-il, attendre de cet ex-diplomate qui ne quitte jamais le confort de son bureau pour aller découvrir, un pays et son peuple? Car c’est sur les réseaux sociaux et des écrits de facebokeurs des plus désœuvrés qu’Il se contente de se forger une opinion voire affirmer des vérités et même jusqu’à dégager une lecture prospective sur l’Algérie, alors que celle-ci a ses exigences. Il est bien loin de ses autres collègues ambassadeurs, accrédités ici ou ailleurs, dont nombreux sont les diplomates étrangers en Algérie, qui vont à la rencontre d’un pays et son peuple, à travers des déplacements, pour tisser des liens avec la population, pour ne citer que comme la diplomate américaine, Elizabeth Moore Aubin, ou encore l’ambassadrice des Pays Bas, Janna Van Der Veldi, qui, a fait le voyage, mars 2021, Alger-Oran par train, dans une ambiance agréable et des conditions confortables, postant ses photos et remerciant, dans un message, le personnel de la Société nationale publique SNTF. S’il est ainsi loin de ses « homologues » diplomates, c’est parce qu’il est le porte-voix, d’une France, celle des nostalgiques de « l’Algérie française », qui soixante-ans, depuis l’indépendance du pays, en 1962, après une Guerre de libération armée, ils ne se sont jamais remis de la défaite de la France coloniale, en Algérie. Le refoulé revient au galop, chez Xavier Driencourt et ses semblables, notamment quand l’ex-colonie française revient en force depuis ces dernières années.

    SOURCE : À quoi joue l’ex-diplomate français Xavier Driencourt : Une contribution de « l’ami » de l’Algérie avec un ton de l’extrême droite | (lecourrier-dalgerie.com) 

     


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    Article mis en ligne en 2020... mais une vidéo a été ajoutée

     

    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Bonnes feuilles :

    « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

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    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Des soldats français en opération de « nettoyage » en Algérie dans la région de l'Aurès procèdent à l'arrestation de « suspects » le 3 novembre 1954, au début de la guerre d'Algérie. AFP

     

    De 1954 à 1962 plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Avec « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial » (éditions La Découverte) l’historienne Raphaëlle Branche livre une enquête fouillée sur le silence qui a marqué et entouré la guerre d’Algérie. Alors que Paris et Alger ont récemment initié un dialogue sur la mémoire franco-algérienne, nous vous proposons de lire quelques extraits choisis de cet ouvrage inédit mêlant archives et témoignages récents. 

    […]

    Nombre de familles françaises sont habitées par les traces de cette guerre qui ne fut officiellement reconnue comme telle qu’en 1999. Ceux qui l’ont faite sont des pères, des maris ou des frères, envoyés de l’autre côté de la Méditerranée quand ils avaient vingt ans. Souvent résumées à des silences ou à de très rares récits, les traces de leur expérience là-bas ont été un des éléments constitutifs de leurs familles, au gré des décennies qui nous séparent de cet événement majeur de l’histoire française contemporaine. Comprendre ce qui s’est joué dans les familles et comment la guerre a été vécue puis racontée et transmise, c’est éclairer d’une manière inédite la place de cette guerre dans la société française.

    Pour saisir ce qui a pu se dire dans les familles françaises depuis les années 1950, il faut partir du fait que les familles sont des lieux de relations et d’attachements. Cette dimension est fondamentale pour saisir ce qui est dit comme ce qui est tu en leur sein.

    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Photo prise en 1956 pendant la guerre d’Algérie de rappelés n’ayant pas encore revêtu l’uniforme militaire qui attendent à la gare de Lyon à Paris leur départ pour Toulon ou Marseille où ils embarqueront pour l’Algérie en guerre. UPI/AFP

     

    Elle est aussi prise dans le temps : on n’est pas père de la même manière en 1960, en 1980 ou, a fortiori, en 2000 ; on n’attend pas la même chose d’un enfant non plus. Parce qu’elles sont des espaces fondamentaux de transmission de valeurs et de récits et qu’elles contribuent à l’identité de chacun de ses membres comme à l’existence du collectif familial, les familles sont un chaînon essentiel pour saisir le poids de l’expérience algérienne en France. L’étude de ces transmissions familiales éclaire aussi les mutations des familles françaises des années 1930 à nos jours. Ce qui est transmis renvoie en effet autant au contenu de la transmission qu’à ses conditions. Non seulement on ne raconte pas tout à ses enfants (ou à sa femme, ses parents, ses frères et sœurs), mais on ne fait pas le même récit selon les périodes de sa vie ou les moments historiques traversés.

    Faire l’histoire d’un silence

    Pourquoi les anciens appelés ont-ils peu raconté à leurs proches, notamment à leurs enfants ? Pourquoi les familles découvrent-elles tardivement l’importance de cette expérience ? Parfois après le décès des hommes eux-mêmes ? Si les vécus de cette guerre de plus de sept ans sont marqués du sceau de l’extrême diversité, l’impression de silence est ce qui domine.

    Quels que soient l’endroit, le moment, le grade en Algérie, quels que soient l’origine sociale, le niveau de diplôme, le métier, les hommes qui ont participé à ce conflit sont décrits comme ayant peu transmis, au moins jusqu’aux années 2000. Dès lors, les explications de cette faible transmission sont sans doute moins à chercher dans le détail des expériences combattantes que dans les conditions ayant ou non permis sa possibilité, dès la guerre puis pendant des décennies. Plutôt que de se pencher exclusivement sur ce qui s’est passé en Algérie, l’analyse doit alors considérer ce qui a formé le premier espace pour dire (ou non) l’expérience : leurs familles. En effet, les silences des hommes ne sont pas solitaires : ce sont des silences familiaux, au sein d’une société française longtemps oublieuse de son passé algérien.

    Ces « structures de silence » sont historiques. D’une part, elles renvoient à des contextes sociaux, politiques, culturels qui pénètrent les familles et les conditionnent en partie. Des normes existent, dans la société française, sur ce qu’il est possible, désirable ou pas de dire et d’entendre sur la guerre d’Algérie. Ces normes ont varié dans le temps. D’autre part, les structures de silence renvoient à des situations de communication internes aux familles (il n’est pas toujours possible de parler) qui, elles aussi, sont prises dans le temps. Ainsi, la valeur attribuée à la parole d’un père ou à la question d’un enfant a connu d’importants changements dans la seconde moitié du XXe siècle. Ces changements ont, en retour, influencé les transmissions de l’expérience algérienne dans les familles.

    Mémoires d’autres conflits

    Si une telle étude n’a jamais été menée, d’autres conflits ont pu donner lieu à ce genre de questionnements. Il faut toutefois les lire avec prudence quand on réfléchit à la guerre d’Algérie tant les contextes sont différents, qu’il s’agisse des conflits, des sociétés ou encore des familles.

    Prenons par exemple la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, étudiées soit du côté des familles des victimes juives, soit du côté des soldats allemands ou autrichiens. Dans les deux cas, il a fallu articuler une transmission dans le cadre familial avec un événement historique perçu comme exceptionnel par les sociétés qui l’avaient vécu. Dans les deux cas, les travaux ont montré que dominait une perception familiale de l’expérience comme ayant été une expérience de victimes avec une marge d’action réduite.

    La situation est peu comparable avec la France. Non seulement la guerre d’Algérie n’a pas été perçue comme hors normes, mais, pour beaucoup de Français, ce conflit lointain et peu meurtrier n’a pas été appréhendé comme une guerre pendant longtemps. Reste qu’on peut trouver dans ces travaux matière à réflexion, en particulier sur le silence comme modalité de la communication dans les familles. Car il y a bien eu, en Algérie, des expériences dont les anciens appelés ont pu considérer qu’elles ne pouvaient être dites ou qu’elles ne pourraient être entendues.

    […]

    Plus pertinente est la comparaison avec la situation rencontrée par les combattants soviétiques en Afghanistan puis à leur retour. Cette guerre perdue mobilisa pendant près de dix ans tous les conscrits pour des opérations aux contours mal définis, qui furent cachées à l’opinion publique nationale. Là-bas, les soldats firent l’expérience de violences spécifiques ignorant les lois de la guerre. L’analyse des récits qu’ils firent à leur retour en Union soviétique révèle l’importance d’une violence sans retenue, justifiée par les impératifs de la guerre de contre-insurrection et devenue incompréhensible et largement inaudible après la défaite. Cela n’empêcha pas ces anciens combattants de lutter pour leur reconnaissance et leurs mères de s’organiser afin de les soutenir, dans un monde qui avait largement disparu puisque l’empire soviétique sombra quelques années plus tard.

    Une révision radicale des valeurs

    Cette disparition d’un monde dépasse le cadre d’une guerre perdue, voire d’une défaite fondatrice. Les Français ont été du mauvais côté de l’histoire. Non seulement la guerre fut menée au mépris souvent des lois de la guerre, mais son échec signifia la fin d’un projet politique global justifiant la place de la France dans le monde et la vision que les Français avaient d’eux-mêmes.

    Après 1962, la société fut exposée à une transvaluation, une révision radicale des valeurs.

    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Le Général de Gaulle s’adresse le 12 décembre 1960, à la foule venue l’écouter à Akbou en Algérie. Les Nations unies s’apprêtent à adopter la résolution reconnaissant le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance. Staff/AFP

     

    L’expérience qu’avaient eue les soldats en Algérie les rattachait à ce monde officiellement disparu. Or nul ne sait ce que sont devenues ces représentations coloniales et impériales dans la France d’après 1962.

    Nul ne sait où sont passées les idées de progrès, de modernité et d’émancipation dont la France se voulait porteuse même en faisant la guerre en Algérie.

    Nul ne sait ce que sont devenues les justifications de la loi du plus fort et de l’usage de la force appliquée sur des peuples considérés comme inférieurs. Ont-elles disparu aussi rapidement que l’on descend un drapeau de son mât ? Sont-elles, au contraire, revenues en France avec les soldats ? La comparaison avec la guerre soviétique en Afghanistan indique des pistes fécondes sur ces questions reliant expérience de la guerre, conditions familiales et sociales au retour et contexte historique. Mais les travaux existants ne suivent pas ces liens au-delà du retour.

    Porter le regard sur plusieurs décennies permet en tout cas de percevoir le poids des configurations familiales sur les récits produits et d’identifier les facteurs de changement, au sein des familles ou dans la société.

    Enquêter

    Les proches constituent le premier cercle dans lequel se réinscrit le soldat à son retour. Ils attestent qu’il est bien le même ou, au contraire, qu’il a changé. Ces enjeux sont d’ailleurs présents dès la guerre elle-même et les premières narrations faites pendant le conflit. Pour le jeune appelé, parler signifie non seulement rendre publique une expérience ou un ressenti, mais aussi s’exposer aux remarques et aux questions, voire aux désaccords.

    Bonnes feuilles :  « Papa qu’as-tu fait en Algérie ? »

    Une femme voilée et son enfant passent dans une rue d’Alger sous le regard d’un soldat français pendant la guerre d’Algérie le 12 décembre 1960. AFP

     

    C’est pourquoi l’étude de la transmission doit dépasser les paroles explicites. C’est plus largement tout ce qu’on transmet que je tente de saisir en analysant les mots et les gestes, en cherchant à revenir aux choix qui ont été faits (changer de métier, déménager, quitter sa fiancée, avoir des enfants…), en interrogeant leurs liens avec la guerre. Les appelés ont rapporté des photos ainsi que des objets, témoignages discrets d’un vécu qu’on souhaite partager même si c’est à la marge. Ils sont revenus avec des goûts et des dégoûts nouveaux : la musique, les paysages, les couleurs…

    Ils ont gardé aussi au fond d’eux-mêmes des maladies ressurgissant à intervalles réguliers, tel le paludisme, ou des cauchemars traversant la nuit, indices pour leurs proches de zones d’ombre travaillant en sourdine.

    Objets, sensibilités à fleur de peau ou goûts nouveaux : autant de supports pour raconter et interroger. Autant de supports pour banaliser ou, au contraire, sacraliser : dans les deux cas, figer une relation au passé sans qu’elle soit toujours nettement identifiée par les proches, que ce soit parce qu’« il ne fallait pas en parler » ou parce que « ça avait toujours été là, on ne savait pas pourquoi ».

    […]

    En effet, en entrant dans l’intimité de ces familles diverses aussi bien socialement que culturellement, géographiquement ou encore politiquement, on ne plonge pas dans la répétition infinie des petites différences. Des processus récurrents émergent bien. Sans écraser les singularités, ces histoires individuelles appartiennent bien à une expérience collective.

    SOURCE : https://theconversation.com/bonnes-feuilles-papa-quas-tu-fait-en-algerie-145057


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  • Jean-François Gavoury à propos

    de l'assassinat de son père, commissaire

    de police à Alger, par l'OAS

    Jean-François Gavoury à propos de l'assassinat de son père, commissaire de police à Alger, par l'OAS

    Roger Gavoury père de Jean-François Gavoury

     

    Alors que, dans le sud de la France, l'extrême droite rend hommage aux assassins de l'OAS, Jean-François Gavoury raconte l'assassinat de son père Roger en 1961 par un commando de l'OAS impliquant Roger Degueldre, Albert Dovecar et Claude Piegts. Il s'insurge contre ces hommages et raconte l'affaire de Marignane, où il a combattu avec succès la réalisation d'une stèle commanditée par le maire Front National. A Perpignan, l'histoire se répète... 

     

     

     

    Et J-F. Gavoury se trouve ce samedi à Alençon pour honorer, lors d'une cérémonie devenue rituelle, à 11h00, le souvenir d'Alfred Locussol.

    L'occasion pour l'ANPROMEVO de porter son traditionnel message de voeux. 


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     Un député d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française élu vice-président du groupe d’amitié France-Algérie !

     

    Un député d’extrême droite

    nostalgique de l’Algérie

    française élu vice-président

    du groupe d’amitié France-

    Algérie ! 

     Un député d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française élu vice-président du groupe d’amitié France-Algérie !

    Lors du renouvellement du groupe d’amitié France-Algérie pour la seizième législature de l’Assemblée nationale, le député d’extrême droite José Gonzalez appartenant au Rassemblement National (RN), qui avait tenu comme doyen d’âge à l’ouverture de la législature des propos nostalgiques de l’Algérie française et négationnistes des crimes commis par l’organisation terroriste de l’OAS, a été désigné le 30 décembre 2022 à la vice-présidence de ce groupe.

    Nous exprimons notre ferme protestation vis-à-vis de cette décision qui compromet l’amélioration des rapports entre la France et l’Algérie. Et nous nous adressons aux autres parlementaires membres de ce groupe pour qu’ils adoptent une qualification claire du caractère terroriste et criminel de l’OAS et reviennent sur cette désignation.

     Un député d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française élu vice-président du groupe d’amitié France-Algérie !

    Association Josette et Maurice Audin (AJMA), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), SOS Racisme, Association des amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons, Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO), Agir contre le colonialisme aujourd’hui (ACCA), Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNLA), Coup de Soleil, Association Histoire coloniale et postcoloniale. 

    SOURCE : Un député d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française élu vice-président du groupe d’amitié France-Algérie ! - MRAP 

     


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    Nouveau témoignage sur la torture pendant la sale

    guerre d'Algérie

    « Je dédie la vidéo à la fin de cet article à mon camarade Henri Pouillot qui a été témoin de l’usage de la torture à la Villa Sézini qu’il appelle Suzini, mais avant je tiens à vous présenter un article de mon blog qui met en valeur  mon camarade Henri que je salue ».

    Michel Dandelot

     

    Article mis en ligne en  janvier 2019

    Plusieurs sites de la fachosphère commencent également à se déchaîner. Dans les colonnes du Figaro, Jean Sevillia, essayiste proche des milieux identitaires est le parfait colonialiste qui ne peut contribuer à comprendre l’histoire. Ces propos sont injurieux pour l’ensemble. Quel zèle et quelle malhonnêteté ? Comment peut-il définir les enfumades des populations du Dahra ? Les essais nucléaires du Sahara ? Les villages rasés au napalm ? Les corps brûlés dans des fours à chaux qui nous rappellent les fours crématoires ? Les camps d'internement ? etc...

    A ce sujet Henri Pouillot écrira donc «Notre génération d'anciens combattants a un impérieux besoin que les crimes contre l'humanité (tortures, viols, crevettes Bigeard, corvées de bois, camps d'internements - pudiquement appelés alors camps de regroupement -, essais nucléaires...), crimes de guerre (les 600 à 800 villages rasés au napalm, l'utilisation du gaz VX et Sarin...), crimes d'Etat (les massacres de Sétif/Guelma/Kherrata en mai 1945, massacres du 17 octobre 1961 à Paris, 8 février 1962 au métro Charonne à Paris...), commis au nom de la France soient reconnus comme tels et condamnés et qu'ils ne soient plus considérés comme ayant été les responsables de leur exécution». 

    Henri Pouillot à l’honneur

     dans la Presse algérienne

     

    AU CENTRE DES « GRANDS DÉBATS »

    INITIÉS PAR MACRON

    La guerre d'Algérie s'impose en France

    Henri Pouillot à l’honneur dans la Presse algérienne

    Des crimes qui dépassent l'horreur

    Soyez fiers de vos décorations pour avoir tué des pauvres gens qui mourraient pour leur indépendance...

    La question des crimes contre l'humanité durant la colonisation se greffe au «grand débat national» initié par le président Macron. La France est sur un chaudron actuellement. Le mouvement de contestation des «Gilets jaunes», qui portait des revendications sociales et salariales a pris une tournure politique. Le gouvernement français est depuis, dans une tourmente inédite, proche de la déflagration. Un grand débat national «sans tabou» a été lancé par le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, pour tenter de désamorcer cette crise.Une opportunité saisie par le militant anticolonialiste Henri Pouillot pour adresser une missive au locataire de l'Elysée, en sa qualité de témoin des exactions commises par l'armée coloniale française pendant la guerre d'Algérie. «Témoin de la guerre de libération de l'Algérie comme appelé, affecté à la villa Sésini (de juin 1961 à mars 1962), j'ai eu l'occasion de constater de très nombreuses exactions commises dans cette période par l'armée française (en particulier la torture), des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre, des crimes d'Etat commis au nom de la France», a écrit Henri Pouillot qui milite ardemment pour la reconnaissance de ces crimes par la France officielle. Son message a été publié sur son blog il y a tout juste une semaine. Il y a trois mois, «vous avez enfin, au nom de la France, condamné le système institutionnalisé de la torture dans cette période dans 'l'affaire Maurice Audin''», a-t-il souligné. Le 11 juin 1957 Maurice Audin, jeune mathématicien de 25 ans, aux faux traits de Rimbaud, sera arrêté. Totalement engagé pour l'indépendance de l'Algérie jusqu'à en mourir. Il sera torturé puis assassiné par l'armée française qui fera disparaître son corps. Le 13 septembre 2018, le président français se rend au domicile de sa veuve pour lui remettre une déclaration reconnaissant que son époux est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Un assassinat pour lequel il demandera «pardon» à Josette Audin. La Guerre d'Algérie dans tous ses états. La Guerre d'Algérie dans ce qu'elle recèle en elle de plus atroce, de dramatique et d'inhumain. L'ancien appelé affecté à la sinistre villa Susini, haut lieu de la torture en Algérie, témoin vivant des atrocités commises par l'armée coloniale, est submergé d'images insoutenables. Un besoin irrésistible de s'en soulager le taraude. «Notre génération d'anciens combattants a un impérieux besoin que les crimes contre l'humanité (tortures, viols, crevettes Bigeard, corvées de bois, camps d'internements - pudiquement appelés alors camps de regroupement -, essais nucléaires...), crimes de guerre (les 600 à 800 villages rasés au napalm, l'utilisation du gaz VX et Sarin...), crimes d'Etat (les massacres de Sétif/Guelma/Kherrata en mai 1945, massacres du 17 octobre 1961 à Paris, 8 février 1962 au métro Charonne à Paris...), commis au nom de la France soient reconnus comme tels et condamnés et qu'ils ne soient plus considérés comme ayant été les responsables de leur exécution», dira Henri Pouillot. «Quelle crédibilité la France peut-elle avoir au plan international pour donner des leçons de droits de l'homme tant qu'elle n'a, ni reconnu ni condamné, ces pratiques», s'est-il interrogé, rappelant au président Macron sa promesse de prendre des «actes forts sur cette période de notre histoire», le 5 mai 2017. Les enfumades, la torture, les bombardements au napalm, les exécutions sommaires... n'ont pas droit de cité. Ils remueraient le couteau dans la plaie et mettraient le doigt sur des atrocités que la mémoire sélective française a temporairement évacuées. La France officielle finira-t-elle par assumer son histoire ? Celle qui l'a liée pendant plus de 130 années à l'Algérie : son ex-colonie. Le débat sera sans conteste passionné et le sillon tracé sera probablement encore long à parcourir pour une reconnaissance des massacres et des crimes commis par la France coloniale tant il ravive des plaies demeurées béantes. Des femmes et des hommes ont, envers et contre tous, décidé de porter la question au coeur de la société française tout en interpellant le plus haut sommet de la République. Henri Pouillot en fait partie.

     La guerre d'Algérie, LE BASTION 18 :

    au-delà de la souffrance physique

    Documentaire historique qui traite de l'usage de la torture pendent la colonisation française en Algérie. Le documentaire évoque en particulier la question des DOP (dispositif opérationnel de protection) créé par l'armée coloniale française après la "succès" de la bataille d'Alger ; les DOP étaient des centres de torture implantés à travers l'Algérie , le BASTION 18 était le DOP de la ville de Tlemcen à l'ouest du pays. Abdesslam Tabet Aoul en est un survivant , il raconte avec beaucoup d'émotion , la torture qu'il a subi ainsi que celle infligée à ses camarades de cellule en 1959. 

     

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    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes,

    tous les antifascistes, à tous ceux qui

    luttent pour les droits humains une belle

    et bonne année 2023 ! 

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 ! 

     

     

     

    L’année 2022 s’achève…

    Cette année a été celle de la réélection de Macron grâce au Front Républicain qui a préféré voter pour faire barrage à l’extrême droite malgré un programme détestable. Front Républicain que le macronisme n’a pas voulu mettre en œuvre lors des élections législatives qui ont suivi provoquant l’entrée de 89 députés du (F)RN à l’Assemblée Nationale.
    Ce pouvoir, minoritaire n’a cessé depuis de gouverner grâce au 49.3 ! et s’apprête à continuer en 2023 !

    Le MRAP participera aux débats de société, chaque fois qu’ils porteront sur des thèmes le concernant, et en tout premier lieu, celui sur l’immigration. Pour le MRAP, le migrant n’est pas un ennemi, nous devons l’accueillir dignement, spécialement lorsqu’il a migré contraint et forcé par la guerre, la répression, la misère ou le dérèglement climatique.
    La timide régularisation, pour un temps bref, de quelques travailleurs sans-papiers, ne pourra pas nous satisfaire (même si nous prendrons tout ce qui pourra améliorer la condition ne serait-ce que de quelques-uns et pour quelque temps), c’est plus largement la régularisation de tous les sans-papiers, sur une durée longue que nous exigeons ! C’est l’autorisation de travailler, dès le dépôt de la demande d’accès au statut de réfugié qui seule peut permettre une vie digne à ces migrants qui arrivent le plus souvent sur nos côtes, contraints et forcés, après des épreuves terribles. Le MRAP souhaite que 2023 voit une vraie avancée de la situation de tous les migrants

    2023 sera aussi le 40 anniversaire de « la marche contre le racisme et pour l’Égalité », marche dont le MRAP a été partie prenante, et qu’il compte bien célébrer dignement, dans l’unité la plus large ! Le MRAP souhaite plus de fraternité, d’égalité et moins de préjugés d’un autre âge !
    Le MRAP poursuivra son combat pour une société apaisée, une société où les « quartiers » n’auront plus peur de la police. Pour cela, il faut une police mieux formée, moins prompte à faire usage de ses armes, une police qui ne tue pas 12 personnes pour « refus d’obtempérer ». Il faut que 2023 voit enfin « s’ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein de la police et la gendarmerie », comme nous l’avions dit dans une tribune collective en 2020 déjà !
    Le MRAP poursuivra inlassablement sa lutte contre les idées d’Extrême-Droite et combattra toutes les insultes racistes, que ce soit à la télévision ou dans l’hémicycle !

    Cette année restera aussi marquée par l’agression inconcevable de l’Ukraine par Poutine, la mort de Masha Amini en Iran et la révolte/révolution qui s’ensuit, la poursuite de la politique de nettoyage ethnique et de colonisation de la Palestine par l’État israélien, qui vient d’expulser l’avocat Franco-Palestinien Salah Hamouri, mais aussi l’élection de Lula au Brésil et la défaite de Trump aux États-Unis.
    En France, alors que les Kurdes qui s’apprêtaient à commémorer le 10
    anniversaire de l’assassinat de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, survenu dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013, un nouvel attentat terroriste vient de se produire devant le siège du CDK-F (Conseil Démocratique Kurde en France) qui a visé en particulier Emine Kara, l’une des initiatrices de « Jin Jiyan Azari » et Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique. Cet attentat a été commis par un terroriste raciste multi-récidiviste. Il faut que la justice fasse toute la lumière sur les trop nombreuses coïncidences qui entourent ce passage à l’acte, en particulier sur le rôle joué par les nombreuses forces qui détestent les Kurdes, en Syrie, en Turquie et en Iran. Le MRAP exige la levée du secret défense qui bloque toutes les investigations, en particulier sur le crime de décembre 2013. Il faut que l’État français mette vraiment les Kurdes sous protection et retire de la liste des organisations terroristes le PKK, qui a combattu au côté de la France en Syrie, comme nous l’avons demandé dans la tribune collective parue le 29 décembre !

    Pour lutter plus efficacement contre le racisme et les idées d’Extrême-Droite, le MRAP a besoin de vous : vous pouvez l’aider en rejoignant un de ses comités locaux ou en faisant un don (eh oui, l’argent reste le nerf de la guerre !).
    Nous comptons sur vous dans tous les rendez-vous qui se profilent.

    Et comme il reste quand même un peu de place pour le bonheur, le MRAP vous souhaite à tous une bonne année de 2023, pleine d’espoirs, d’avancées, de paix partout dans le monde. À vous tous, le MRAP souhaite une bonne santé et la réussite de vos projets.

    François Sauterey, co président du MRAP,
    janvier 2023.
     

    Le 31 mars 2022, le MRAP a rendu hommage à Camille Blanc à Evian

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

     

    Ici, il y a 60 ans se terminait une page sombre de notre histoire : la fin de la guerre d’Algérie.
    A l’époque, le mot guerre n’était pas prononcé, le pouvoir l’appelait : « opération de maintien de l’ordre ».
    Aujourd’hui, cette expression a une résonance étrange du fait des « opérations spéciales » qui se déroulent en Ukraine.

    Camille Blanc, militant de la SFIO, fût de ceux qui œuvrèrent, pour trouver à cette guerre, une issue pacifique. Né en 1912, résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale et membre du Comité de libération, il fût élu Maire d’Evian en 1945 ; poste qu’il conserva jusqu’à son assassinat en 1961.

    Il n’a pas été le seul à s’engager, puisque bien d’autres ont œuvré, chacun à leur manière, pour obtenir, in fine, l’indépendance de l’Algérie.
    C’est ici, dans l’ancien hôtel « Beau Rivage », qui appartenait à la famille de Camille Blanc, que ce dernier avait proposé d’accueillir les négociateurs d’un cessez-le-feu.
    Ces négociations allaient aboutir, un an après son assassinat, le 19 mars 1962. Cessez-le-feu dont nous avons commémoré le 60ème anniversaire il y a une dizaine de jours.

    Mais parlons dates.
    18 mars 1962 : signature des Accords d’Evian,
    19 mars 1962 : cessez-le-feu proclamé en Algérie,
    1er juillet 1962 : référendum d’autodétermination du Peuple algérien,
    5 juillet 1962 : Indépendance de l’Algérie.

    Ici, à Evian, Camille Blanc fût sauvagement assassiné par l’OAS le 31 mars 1961.
    L’OAS - Organisation de l’Armée Secrète- qui ne lui pardonnait pas d’avoir tenté d’apporter sa pierre à la construction de cette Paix !

    Cette « guerre », celle qui ne disait jamais son nom, s’est aussi déroulée sur le territoire métropolitain.
    Les militants pacifistes ou indépendantistes ont subi une répression féroce, allant jusqu’à l’enlèvement le 11 juin 1957, la torture et l’assassinat à Alger, de Maurice Audin, un mathématicien de 25 ans, communiste, engagé auprès des Algériens.
    De nombreuses « ratonnades », meurtres et assassinats de F.M.A. c’est-à-dire de Français Musulman d’Algérie - comme on les appelait alors- ont eu lieu en France.

    A Metz, en juillet 1961, après l’échec du « putsch des Généraux » à Alger le 21 avril 1961, des « paras » - des militaires parachutistes - rapatriés en France, ont été quasiment encouragés à commettre de véritables exactions. A minima, la hiérarchie, à cette époque, a fermé les yeux.
    A Paris, le 17 octobre de la même année, eu lieu le massacre où plusieurs centaines d’Algériens ont été tuées jusque dans la cour de la Préfecture de Police de Paris. Pire encore, jetés dans la Seine, parfois vivants, parfois ligotés.
    Ces « meurtres » ont été rendus possibles par Maurice Papon, Préfet de sinistre mémoire, avec l’accord, vraisemblablement de Roger Frey son Ministre de l’Intérieur, et de Michel Debré, alors Premier Ministre.

    Ces massacres ont été « invisibilisés » par le drame du 8 février 1962 au Métro Charonne.
    Ces jours-là, la population française se mobilisait massivement pour la Paix, contre les attentats de l’OAS et contre l’envoi de jeunes hommes qui faisaient leur service militaire obligatoire, les « conscrits ».

    Un attentat de l’OAS contre le ministre André Malraux a fait une victime collatérale, Delphine Renard, fillette de 4 ans qui jouait dans sa chambre. Elle en perdit la vue. En réaction, une manifestation a été organisée à Paris le 8 février 1962. Cette manifestation, sans surprise, fût interdite par la Préfecture, mais maintenue par les organisateurs.
    La police a chargé avec une rare violence au métro Charonne. Une fois encore cette répression a été ordonnée par le même trio : Maurice Papon, Roger Frey, Michel Debré.
    Le bilan sera de 9 morts et plusieurs centaines de blessés.

    L’enterrement de ces victimes rassembla une foule énorme, une foule gigantesque que certains évaluèrent à près de un million.

    Mais la raison l’emporta.
    La raison l’emporte toujours.
    Grace à eux, qui eurent le courage de se mobiliser, comme Camille Blanc, les négociations s’accélérèrent.
    La Paix arriva, enfin presque.

    Tout n’était pas encore terminé. En Algérie, l’OAS a tué encore après le 19 mars 1962, des centaines d’Algériens, semant la terreur et forçant les « Européens d’Algérie » à partir, en mettant en œuvre le slogan « La valise ou le cercueil », pratiquant par la suite une politique dite de la terre brûlée : « Ils auront peut-être l’Algérie, mais tout y sera détruit ».
    La France a rapatrié une partie, mais une partie seulement, des « supplétifs ». C’est-à-dire ces Harkis, qui avaient rejoint les rangs de l’armée française, parfois volontairement, parfois contraints et forcés.
    Pour ceux qui choisir de rester ou furent purement et simplement abandonnés par les autorités françaises, ils eurent à subir « la vengeance des vainqueurs ».
    Quant à ceux qui furent ramené en France, ce fût pour être parqués dans des camps, comme celui de Rivesaltes.

    Là encore, nous sommes tentés de faire le triste rapprochement avec la manière dont la France mais également les États-Unis d’Amérique ont traité leurs « aides » en Afghanistan.

    Durant cette période particulière, le MRAP, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, a pris toute sa place dans ce combat pour la Paix et, bien évidemment, contre toutes formes de racisme. C’est son objet.
    Le MRAP avec d’autres a participé à des blocages de trains de conscrits en partance pour l’Algérie.
    Dès le 15 octobre, le MRAP avait dénoncé la fameuse « circulaire Papon » qui instaurait un « couvre-feu » pour les FMA, couvre-feu qui devait provoquer la manifestation du 17 octobre 1961.

    Le 18 octobre 1961, soit dès le lendemain, il faut rappeler que le MRAP, avec le PSU, parti politique de gauche de l’époque, ont été les seuls à dénoncer, avec force, le massacre de la nuit précédente.

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

    Aujourd’hui que dire ?
    Cette période sombre et trouble a laissé comme une onde qui se propage à travers le temps et l’espace.
    Les années passent, laissant de brûlantes traces de ressentiments.
    Passent les jours, passent les années, les traumas que font naître la haine, le racisme, l’esprit de vengeance demeurent.
    Les réflexes anti-arabes sont toujours là.

    Bien sûr, on n’entend plus, ces injures ignobles, « bicot », « melon », « crouille », ces mots horribles qui désignaient d’une manière si méprisante, les « Arabes » d’alors.
    Le racisme, cette bête immonde, nous le savons bien, est encore là, sous nos yeux.
    Et tue encore et toujours, comme à Ychoux, département des Landes, et comme Adama.

    On ne compte plus les tags, les graffs qui salissent les mosquées de France ; les agressions contre des passants qui ont, pour leur malheur, « la mauvaise couleur de peau ».

    Faut-il intervenir dans le débat politique de ces prochaines élections ?
    Sans être des juges, en restant des citoyens, force est de constater que plusieurs candidats ou candidates n’hésitent pas à caresser les racistes dans le sens du vent, voire de souffler sur les braises de la haine.

    Au sein du MRAP, nous sommes persuadés que le racisme, qui inclus aussi cette haine anti-arabe, mais aussi anti-noire, provient directement de notre passé colonial ; de notre incapacité à regarder notre Histoire dans les yeux.

    Certes, des avancées ont été faites, notamment avec l’accès aux archives relatives à ces périodes. Pour autant, certaines des dites archives sont encore protégées par le « Secret Défense ».

    Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’était engagé sur le « libre accès » à ces données historiques ; données fondamentales pour tous les « chercheurs », mais aussi pour la Recherche avec un grand R.

    Il reste encore de ces « verrous » qu’il faut faire sauter pour comprendre notre commune histoire, la petite comme la grande. Puisque cette histoire, c’est la notre.

    Après que le Président François Hollande ait fait un premier pas essentiel, le Président Macron a établi la responsabilité du seul Préfet de Police Papon. Le MRAP continue d’exiger la reconnaissance par le gouvernement du crime d’État commis ce 17 octobre 1961.

    Le racisme est toujours là, celui qui gangrène tout, jusqu’à cette campagne électorale. Le MRAP le combat, comme il a toujours combattu toutes les formes de racisme.

    Il est temps de construire une mémoire partagée,
    Une mémoire apaisée
    Une mémoire qui confronte nos histoires,
    Une mémoire pour l’Amitié entre les Peuples.

    Mais pour cela il nous faut des outils.

    Le MRAP est engagé dans la construction d’un grand Musée National de l’Histoire du Colonialisme, engagé dans cette bataille au long court.
    Déjà nous avons le soutien de nombreux historiens, de sociologues, de politiques de tous les horizons.
    L’idée progresse.
    Nous espérons que ce Musée verra bientôt le jour.

    Nos rêves sont faits pour être réalisés.
    Le MRAP l’a déjà construit sur le papier.
    Le MRAP, cette ONG, est une vielle dame, une organisation désormais ancienne, née en 1949.


    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

     

    Nos Pères fondateurs n’imaginaient sans doute pas que 70 ans après, leur combat, notre combat serait d’une telle actualité.
    Jeunesse de ce Pays, de tous les Pays,
    Il est temps de se lever.
    Ce combat contre le racisme, sous toutes ses formes, mérite notre engagement à tous.
    Camille Blanc, assurément, s’en serait revendiqué.

    François Sauterey, co-président du MRAP,
    A Evian, le 31 mars 2022

    SOURCE  31 mars, le MRAP rend hommage à Camille Blanc à Evian - MRAP 

     

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

    En guise de conclusion et de signature

    Moi aussi j'ai été pris en photo à ce même endroit

    C'était en juillet 2014

    Le MRAP souhaite à tous les antiracistes, tous les antifascistes, à tous ceux qui luttent pour les droits humains une belle et bonne année 2023 !

    Je vous propose de (re) lire mon article où figure cette photo :

    http://www.micheldandelot1.com/c-etait-le-31-mars-1961-le-maire-d-evian-etait-assassine-par-l-oas-alg-a115222294 


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